En sommet au Tchad, le Sahel veut avancer vers la maîtrise de l'eau
De Ali ABBA KAYA (AFP)
N'DJAMENA — Les dirigeants de neuf pays africains réunis en sommet à N'Djamena se sont engagés jeudi à avancer vers "la maîtrise de l'eau au Sahel", cruciale dans cette région exposée à l'insécurité alimentaire et où beaucoup vivent de l'agriculture.
Ce 15e sommet du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss) a notamment lancé officiellement les activités en vue de la mise en place d'une coalition mondiale pour la maîtrise de l'eau dans le Sahel.
"Considérant que la maîtrise de l'eau est le socle du développement, nous chefs d'Etat déclarons valider le processus devant aboutir à la mise en place de la coalition mondiale pour l'eau au Sahel" a affirmé le président Mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, à la clôture des travaux. La création de la coalition devrait intervenir dans les prochains mois, même si aucun calendrier n'a été fixé.
"Les décisions et résolutions issues de nos assises visent le développement durable par la maîtrise de l'eau. Nous avons décidé d'offrir de l'eau potable aux populations sahéliennes (...) de rendre notre agriculture moins dépendante de la pluie" a indiqué le président tchadien Idriss Deby Itno.
Dans le communiqué final, les chefs d'Etats ont aussi "décidé de ramener la périodicité des conférences des chefs d'Etats tous les deux ans au lieu de trois (...) Les cotisations des Etats ont été augmentés de 20%", preuve de l'importance accordée à l'organisation.
"Notre devoir est donc de rendre le Cilss efficient et efficace. Cela appelle les états membres à honorer leurs engagements financiers. Je sais que nos économies subissent les conséquences de la crise financière internationale, mais pour ne pas être toujours dépendants des bailleurs, nous devons nous assumer. Nous devons montrer que notre sous-région a les moyens de sa politique" a exhorté M. Deby.
"Nous sommes arrivés à N'Djaména divisés sur l'objet de cette conférence. Grâce au compromis, nous repartons sur un consensus total" a déclaré le président Sénégalais Abdoulaye Wade soulignant qu'"aucune action solitaire ne peut être viable".
La famine et l'insécurité alimentaire dans la bande sahélienne ont été au centre des débats.
"Près de deux millions de personnes auraient besoin d'une assistance alimentaire ou non alimentaire au cours de l'année 2010. Les besoins en céréales sont estimés à 80.000 tonnes", selon une note d'information sur la sécurité alimentaire du Cilss publiée courant mars.
Avec environ 2,7 millions de personnes considérées comme vulnérables à l'insécurité alimentaire, selon ce texte, la situation s'annonce aussi "très critique" au Niger, qui forme le Cilss avec le Tchad, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie, le Sénégal, le Burkina Faso, le Mali et le Cap-Vert.
"La situation actuelle n'est pas inhabituelle au Sahel. Elle nous rappelle que malgré nos efforts concertés, notre zone reste vulnérable aux aléas climatiques", avait souligné le secrétaire exécutif du Cilss, Alhousseïni Bretaudeau, le 18 mars.
L'agriculture pluviale occupe 78% de la main-d'oeuvre de la zone, d'après les chiffres du Cilss. Face à leur pluviométrie faible et étendue sur une courte période de l'année, avec des précipitations mal distribuées, les pays sahéliens ont tenté diverses options: retenues d'eau, bassins de rétention, voire des pluies provoquées... Mais ces interventions, souvent non coordonnées, ont eu "des succès mitigés", selon un rapport technique régional publié en 2006.
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