dimanche 8 janvier 2012

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Aqmi, l’extension des franchisés de la terreur

ANALYSEDivisée en légères unités mobiles, l’organisation échappe aux opérations menées par les Occidentaux et les pays du Sahel.

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Par THOMAS HOFNUNG
Avec le retrait annoncé de l’Otan d’Afghanistan, le Sahel pourrait bien devenir l’un des principaux fronts du jihad international, selon les spécialistes du terrorisme. Malgré le renforcement de la coopération régionale et l’activisme des Occidentaux, rien ne semble pouvoir arrêter la montée en puissance d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi).
Où en est le dossier des otages ?
Les islamistes d’Aqmi détiennent actuellement six otages français. Quatre d’entre eux ont été enlevés en septembre 2010 à Arlit, une localité du Nord-Niger où Areva exploite des mines d’uranium depuis plus de quarante ans. Deux ressortissants africains et l’épouse française d’un salarié d’Areva, toujours prisonnier, ont été libérés en février dernier. Les négociations pour leur libération ont provoqué de fortes tensions franco-françaises, deux équipes ayant été mises en concurrence par Paris (Libération du 9 décembre).
En novembre, deux autres Français - Philippe Verdon et Serge Lazarevic - ont été capturés au Mali, à Hombori (Sud). Présentés un temps comme proches des milieux du mercenariat, ils semblent en réalité s’être rendus dans la zone pour affaires. Leur rapt a été revendiqué par Aqmi plusieurs jours après les faits. Les deux hommes, comme d’autres avant eux, ont probablement été enlevés par des «sous-traitants» qui les ont remis aux islamistes contre argent. Dans cette région déshéritée, les prises d’otages sont devenues un véritable business, et de nombreux groupes jouent les «rabatteurs» pour le compte d’Aqmi. Les terroristes détiennent, par ailleurs, d’autres ressortissants occidentaux, dont trois ont été enlevés au Mali, à Tombouctou, juste après le rapt de Verdon et Lazarevic.
Quel impact de la guerre en Libye ?
De l’avis des experts, Aqmi a profité de la chute du colonel Kadhafi. Tout d’abord en renforçant ses capacités militaires : durant le conflit, les arsenaux du défunt guide libyen ont été ouverts à tous les vents, notamment dans le sud du pays. La question est de savoir si Aqmi a mis la main sur des missiles portatifs sol-air, type SA-7, et si l’organisation sait s’en servir. La menace qu’elle fait peser s’en trouverait décuplée, notamment aux abords des aéroports de la région.
Par ailleurs, des milliers de soldats de fortune, à la solde jadis du dirigeant libyen, se sont retrouvés orphelins et désœuvrés depuis sa mort. Nombre d’entre eux ont regagné leur pays d’origine. C’est le cas au Mali, où les autorités locales font état du retour d’unités entières de combattants touaregs, dans la région de Kidal (Nord). Ont-ils pu être recrutés par Aqmi ? Les avis sont partagés sur la nature de leurs relations. Certains experts évoquent le rejet du rigorisme des islamistes par les Touaregs, d’autres assurent qu’ils sont susceptibles de se vendre aux plus offrants. Le bloc touareg n’est pas monolithique.
Comment lutter contre Aqmi ?
Ni les pays situés en première ligne ni les Occidentaux n’ont trouvé la parade. Quelques centaines d’activistes - environ 500 personnes selon des sources concordantes - sont parvenus, à coups de prises d’otages, à faire d’une large partie du Sahel une zone interdite aux Occidentaux. Pour tenter d’enrayer cette menace, les pays concernés (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie) ont mis en place un état-major commun à Tamanrasset (sud de l’Algérie). Une coquille vide, selon plusieurs sources : certains accusent l’Algérie - première puissance militaire de la région - de ne pas s’impliquer assez, d’autres le Mali de ne pas jouer le jeu, voire de double jeu… Epaulés par la France et les Etats-Unis, les Mauritaniens ont frappé à plusieurs reprises des positions d’Aqmi. Le Niger du président Mahamadou Issoufou est un allié jugé fiable par les Occidentaux. Paris a décidé de l’aider militairement en lui livrant trois hélicoptères Gazelle remis à neuf, une vingtaine de véhicules blindés légers et des jeeps.
Mais pour l’heure rien n’y fait : malgré leurs satellites espions et des systèmes d’écoutes ultraperfectionnés, les Occidentaux n’obtiennent pas plus de résultats. Pour déjouer cette surveillance, Aqmi fonctionne en petits groupes de 20 à 30 activistes, très mobiles, et a recours à des moyens de communication très rudimentaires, type Cibi. Pour se prémunir contre toute attaque, elle a séparé ses otages en plusieurs groupes. Selon plusieurs sources, les hommes d’Aqmi se sentent suffisamment à l’aise pour faire leurs emplettes à Tombouctou, au vu et au su de tous.

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