mercredi 18 novembre 2009

Hama Amadou ex premier ministre du Niger:« Tandja veut me tuer »


« Tandja veut me tuer »
Politique
Mercredi, 18 Novembre 2009 12:07


Je trouve simplement que le Niger est sous un régime de dictature à la suite d’un coup d’Etat perpétré par un ancien lieutenant-colonel à la retraite et quand tout état de cause, comme tous les coups d’Etat, celui-ci plus que les autres est encore plus inacceptable dans la mesure où le peuple a fait confiance à cet homme par 2 fois. Et la reconnaissance de cette confiance, c’est la trahir au moment où il fallait partir et présenter ses remerciements à ce peuple. Je trouve que le Niger est dans une situation politique très particulière, inédite dans le monde, une situation politique qui inévitablement va évoluer vers une catastrophe dont la nature et l’ampleur dépendront du peuple nigérien lui-même.
Question : Excellence, dans le cadre de la résolution de cette crise, le médiateur désigné par la CEDEAO a invité les deux parties pour les entendre. Vous avez assisté à cette rencontre, qu’est-ce qu’il faut retenir de cette rencontre ?



H.A. : Nous sommes venus à Abuja dans le cadre de cette médiation à l’invitation de la CEDEAO et du médiateur, le général Abdul Salami Abubakar ancien président de la République fédérale du Nigéria. Nous sommes venus présenter notre analyse de la situation qui prévaut au Niger, notre vision des perspectives qui s’annoncent sombres pour notre pays, et la nécessité d’y remédier très rapidement afin d’éviter que le Niger ne plonge dans un abîme sans fond. Nous avons d’abord administré la preuve que contrairement à toutes les allégations de M Tandja Mamadou, il a bel et bien commis un parjure, il a violé son serment, il a violé la constitution, il a trahit le peuple nigérien, il a commis un acte de honte trahison passible de la Haute cour de justice. Ceux qui s’évertuent a expliquer qu’il n’y a pas de violation, ne comprennent rien du tout au droit constitutionnel ou sont d’une mauvaise foi qui défie l’imagination. Le monde entier est conscient, malgré toutes les gesticulations dont ils font preuve, qu’au Niger la constitution a bel et bien été violée, que le serment coranique de M. Tandja Mamadou a été violé par celui-ci et quand tout état de cause il est difficile de faire confiance à un partenaire qui est capable de violer la constitution de son propre pays. Parce que dans un pays, l’ordonnancement juridique place la constitution de la République au dessus de toutes les lois et règlements et au dessus des individus et du système. Parce que c’est lui qui donne le pouvoir, c’est lui qui définit les conditions dans lesquelles le pouvoir est exercé. Si la loi fondamentale peut être piétinée par ceux qu’elle a créé, il est évident qu’un tel partenaire ne peut être fiable. Dans ces conditions c’est le Niger qui sera victime de tout ce qui ce passe. De la part de ceux qui se sont arrogés illégalement le pouvoir de l’Etat, non pas par les moyens démocratiques qui l’ont porté au pouvoir mais par des moyens frauduleux, des moyens qui frisent un défi contre Dieu. Parce que celui qui viole son serment coranique ne défie pas seulement les hommes, il défie Dieu. Aucun être humain, quelque soit sa taille et son poids, quelques soient ses prétentions ne peut se comparer à Dieu, il faut faire preuve d’humilité, et savoir que dans un pays, quelque soit le nombre de sa population, aucun individu ne peut prétendre qu’en dehors de lui, il n’existe aucun autre concitoyen capable de faire ce qu’il est entrain de faire ou de faire mieux que lui. Nous avons entendu des propos de ce genre où Tandja prétend qu’il est au-delà des nigériens, le plus grand président du monde plaçant ainsi derrière lui, les Obama et tous ceux qui gouvernent les plus grandes puissances de cette planète. C’est vous dire que la situation doit inquiéter les nigériens. Ce qui veut dire que les nigériens doivent s’attendre, dans les jours à venir, à des perspectives extrêmement difficiles pour leur quotidien.


Q. : Quand on parle de médiation, on parle forcement de négociations et de concessions. Au niveau de la CFDR quelles peuvent être les concessions que vous pouvez faire pour qu’on sorte de la crise ?

H. A : Entendons-nous bien. Est-ce que en tant que citoyen nigérien, vous êtes d’accord qu’on concède l’assassinat de la démocratie, qu’on fasse l’économie de la démocratie au Niger et qu’on passe ? La démocratie ne peut être concédée. Vous êtes d’accord que nous concédions la violation de la constitution afin que après Tandja un autre citoyen nigérien ne se dise que puisque ça a marché avec Tandja, nous allons faire la même chose ? Sur les principes démocratiques, sur les acquis démocratiques, même si nous le voulons nous ne pouvons pas faire de concession et nous ne demandons rien d’autre, en ce qui nous concerne, que la restauration de la démocratie et le respect des règles démocratiques qui passent par l’état de droit. C’est-à-dire le respect du droit, et que les gouvernants gouvernent sous l’empire de la loi, et non sous l’empire de leurs seules lubies.



Q. : Pendant que cette médiation a été initiée par la CEDEAO, la justice du Niger a lancé contre vous et le chef de file de l’opposition, deux mandats d’arrêt internationaux. Pour votre cas c’est la deuxième fois que vous faites l’objet d’un tel traitement. Comment avezvous réagi en apprenant la nouvelle ?
H.A : Ces mandats d’arrêt internationaux, au Niger on dit c’est du « Wassan- Kara ». Quand un pays ne peut même pas exécuter ses propres mandats internationaux, comment voulez vous que les autres pays qui vous regardent les exécutent. C’est à dire que ce sont des mandats qui font rire le monde entier. Quand on prétend que l’ancien Premier ministre du Niger en 2008 et 2009 a blanchi cent cinquante milliards (150.milliards) de francs CFA pendant qu’il était en prison, on fait rire même les vaches ! Au Niger, cent cinquante milliards, quelle est l’activité illégale qui peut vous procurer une telle somme ? Pendant que j’étais en prison, est-ce que j’ai volé les armes des gardes pour les vendre ? J’ai vendu de la drogue ? J’ai mené quelle activité illégale qui peut me procurer une telle somme ? Parce que nous sommes bien d’accord, que je ne pouvais pas détourner 150 milliards pendant que j’étais en prison. Ce sont des dossiers qui ne peuvent convaincre aucun homme sensé en dehors du territoire du Niger. Il suffit simplement d’écouter les éléments à partir desquels des dossiers de mandat d’arrêt international a été lancé, pour en rigoler. J ‘ai honte pour mon pays, et tout le monde comprend que ces mandats d’arrêt internationaux, n’ont d’autres objectifs que de se débarrasser des dirigeants politiques nigériens, capables de remplacer Tandja Mamadou, demain s’il y a des élections libres et démocratiques. Donc ces 150 milliards, je dis bien milliards, représentent à peu prés 75 tonnes de papier. Est-ce qu’on peut les cacher sous un lit ? Est-ce qu’on peut les mettre sous son matelas ? Il faut au moins 2 camions TLM pour les transporter. Si j’ai blanchi 150 milliards en un an, je suis donc un génie et les nigériens doivent rapidement faire partir Tandja pour me prendre, parce que je sais fabriquer de l’argent. 150 milliards en un an et en prison, mais si je suis libre hors de la prison je peux faire des milliards encore plus nombreux. Cela vous donne une idée de ce qui se passe. Le premier mandat n’est pas terminé, on lance un second mandat d’arrêt international pour blanchiment ou on prétend que des Etats souverains ont participé avec nous, en complicité, au blanchiment de l’argent qu’ils nous ont donné. Peut-on accuser ses propres voisins, de blanchiment d’argent ? Les banques qu’on prétend avoir été les moyens du blanchiment, doivent être citées. On dit une banque au Luxembourg, une autre en Suisse, mais c’est vague. Chaque banque a un nom dans le monde et je suis soucieux d’entendre les noms de ces banques, puisque je suis encore libre, afin de les voir pour prendre mon argent ! Ou en tout cas qu’elles sachent que le gouvernement nigérien les accusent de blanchiment. Je pense que ce sont encore d’autres problèmes plus graves pour le Niger, puisque la guerre avec les institutions bancaires internationales ne peu pas être gagnée. Donc accuser des banques internationales de blanchiment d’argent, dans le monde d’aujourd’hui c’est extrêmement grave.


Pour se débarrasser des opposants, voyez bien qu’ils n’ont pas hésité à monter des dossiers aussi honteux qui dégradent l’image du Niger, et transforment le Niger en République - pas bananière puisque nous n’avons pas de banane - mais en République « acacière » puisqu’on a des acacias, c’est très grave ce qui est entrain de se faire. J’ai honte pour mon pays, j’ai honte pour ceux qui prétendent agir pour l’intérêt du Niger, mais on est entrain de compromettre l’intérêt du Niger de manière très grave, de manière extrêmement pitoyable et ceux qui sont entrain de poser des actes de ce genre doivent savoir que le temps arrive au bout de tous les errements, arrive au bout de toutes les perversions et le temps un jour, leur permettra de se rendre compte qu’ils ont fait du mal au Niger.



Q. : Contrairement à la deuxième personnalité contre laquelle un mandat d’arrêt international a été lancé, vous avez décidé de ne pas rentrer au pays. Peut-t-on savoir pourquoi ?


H.A. : La raison est simple : Tandja veut me tuer. Tandja ne veut pas arrêter, Tandja cherche un moyen pour me mettre la main dessus, pour me tuer, comme ils ont déjà tué un certain nombre de gens que je ne veux pas citer. Je sais que c’est tout ça là, c’est du faux, mais on va dire que c’est du faux, et ils vont venir pour montrer qu’ils sont courageux. Je suis audacieux mais pas téméraire. Je sais à qui j’ai à faire, je ne vais pas aller me lancer dans un piège aussi élémentaire. Quand il a fallu aller au Niger, j’ai été. Personne ne peut m’accuser d’être un peureux, lui-même Tandja ne peut pas m’accuserd’être un peureux, parce qu’il sait qu’aux moments les plus difficiles que nous avons vécu ensemble, il ne m’a jamais vu trembler, il le sait.



Q. : La CEDEAO a pris des sanctions contre le Niger. A l’annonce de ces sanctions, vous, les trois personnalités notamment Mahamadou Issoufou, Mahamane Ousmane et vous, avez été accusés à la base de ses sanctions et même à la base de toute la pression que la communauté internationale est en train de mettre aujourd’hui sur notre pays, pour un retour à l’ordre constitutionnel, quelle est votre réaction après tout cela ?

H.A : A la suite de ces propos, les nigériens devraient s’inquiéter : comment de simples individus qui ne représentent rien d’après les propres propos de M. Tandja, peuvent-ils pendant que l’Etat entier du Niger avec ses gouvernants, ses institutions, son drapeau sont là, que des simples individus qui ne représentent rien, puissent amener la communauté internationale – parce que vous parlez de la CEDEAO, de l’Union européenne… de grandes institutions qui nous dépassent dix millions de fois -, que nous nous puissions les amener à prendre des mesures et que eux Etat du Niger et avec toutes les institutions et avec le plus grand président du monde, ne soient pas capables d’empêcher cela, vous devrez vous inquiéter. Ça veut dire que vous avez des incompétents à la tête de l’Etat du Niger, et que ceux qui sont capables de faire bouger la communauté internationale ont été chassés. Je suis très content que Tandja reconnaisse que je suis capable de faire bouger la communauté internationale. Mais soyons rairaisonnables, la communauté internationale, ce n’est pas des instruments avec lesquels des simples individus peuvent s’amuser. Ce sont partout des grands responsables du monde à qui on ne peut pas raconter des histoires, à qui la « fiction du peuple m’a dit de rester », ne peut pas marcher, parce que les peuples, ils en ont. Ils savent comment agissent les peuples, ils savent quelles sont les procédures par lesquelles les peuples se prononcent. Avant qu’il ne fasse son faux référendum, Tandja a rencontré le peuple où, dans quelle salle, ou bien sur quel territoire ? Il ne l’a vu nulle part et il veut faire croire à ces gens là que le peuple lui a dit de rester et que c’est pour cela qu’il reste. C’est ridicule. Il suffit de lire simplement les différents traités internationaux auxquels le Niger a souscrit, sur la démocratie, la gouvernance, aucun pays aujourd’hui ne peut s’isoler et croire qu’il peut faire ce qu’il veut chez lui surtout quand il n’a rien dans les caisses. Nous avons entendu des blasphèmes des gens qui viennent à la télévision nationale insulter des institutions internationales pour dire que, ce que l’Union européenne donne n’est rien du tout. Moi j’ai été premier ministre du Niger, je sais le poids que représente l’aide de l’Union européenne dans le budget du Niger, et s’ils ne le reconnaissent pas,ils le reconnaîtrons bientôt. Ils prétendent qu’ils vont remplacer l’Union européenne par la Chine ou bien je ne sais pas par un autre pays mais le monde est une unité, aucun pays ne peut se permettre de défier tout le reste du monde. Le croire, est une ineptie politique c’est une sorte d’aveuglement, de quelqu’un qui a trop bu, et qu’il ne sait pas ce qu’il est entrain de raconter. Le Niger est trop petit pour défier le monde entier ; même les Etats Unis ne peuvent pas le faire, parce que tout pays qui le fait doit assumer les conséquences. Mais là ce qui est entrain de se passer, le pays le plus pauvre du monde, avec les institutions les plus fragiles du monde, avec les moyens des plus dérisoires, prétend damer le pion au reste du monde entier. S’il n’y a pas de la folie quelque part dans ce raisonnement, il faut quand même reconnaître qu’il y a une absence totale de bon sens dans se qui s’envisage. Le Niger doit s’inquiéter et les nigériens doivent s’inquiéter plus que n’importe qui.


Q. : Excellence, quand envisagez-vous le retour au Niger ?

H.A : Je pense que je pourrais revenir bientôt, parce qu’un tel régime, quelque soit sa capacité à corrompre, la corruption a une limite, parce qu’on veut bien être corrompu pour pouvoir continuer de vivre, mais quand la corruption est une pilule amère qu’on vous donne pour mourir, je crois que beaucoup de gens n’avaleront plus cette pilule, donc je suis conscient et je sais que Dieu veille sur le Niger et qu’il fera en sorte de nous débarrasser du système monstrueux, politiquement innommable qui est aujourd’hui entrain de faire du tort au Niger et qui se prétend le pouvoir en place à Niamey.



Q. : Est-ce que vous avez un message particulier pour les militants de votre parti le Modem FA Lumana et l’ensemble des nigériens ?
H.A : J’ai plutôt un message à l’endroit du peuple du Niger. Avant d’aller à Koutoukalé, je disais, que le lit de la dictature est rembourré avec la soie de la lâcheté des hommes. Les nigériens ne doivent pas accepter que Tandja continue de faire honte au Niger dans le monde entier. Cette honte elle touchera leurs enfants, elle touchera les générations à venir et elle les affectera très bientôt. Les nigériens doivent savoir que leur liberté est beaucoup plus importante que tout ce qu’ils peuvent gagner, leur souveraineté ne peut pas être spoliée par un homme. La liberté et la souveraineté du peuple font la grandeur et la fierté du peuple. Un peuple qui accepte de subir une dictature aussi honteuse sans réagir est un peuple qui a le droit de mourir sous le pied du dictateur. Je sais que le peuple nigérien est trop fier, trop orgueilleux pour accepter qu’un individu qu’il a créé – parce que c’est le peuple nigérien qui a créé Tandja – le fasse mourir sous ses bottes. Je demande aux nigériens de réagir.


Transcrit par L’ACTUALITE. Propos recueillis par Radio Anfani
18 novembre 2009
Publié le 17 novembre 2009
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