samedi 20 décembre 2008

Mystérieuse visite canadienne impromptue


Radio-Canada.ca avec Globe and Mail et National Post-19-12-08

vendredi 19 décembre 2008

Les diplomates canadiens Robert Fowler et Louis Guay, portés disparus en fin de semaine au Niger, ont visité une mine d’or appartenant à des entreprises canadiennes et au gouvernement du Niger, dans les heures qui ont précédé leur disparition, et ce, sans s’être annoncés.

La minière canadienne Semafo, basée à Montréal, a confirmé au cours des dernières heures que les deux hommes se sont présentés à la mine de Samara dimanche vers 10 h 30, heure locale. Ils ont visité les lieux et mangé avec des expatriés canadiens sur place.

Le porte-parole de la compagnie, Jean-Paul Blais, a déclaré au Globe and Mail qu’ils ont quitté les lieux sans encombre cinq heures plus tard. « C’était comme une visite protocolaire, et nous l’avons gérée comme telle », a indiqué M. Blais, selon qui la mine de Samara est située à environ deux heures et demie de route de Niamey. La mine de Samira appartient à Semafo (40 %) à la minière canadienne Etruscan (40 %) et au gouvernement du Niger (20 %).

Le véhicule des diplomates a été découvert dans la nuit de dimanche à lundi près de Karma, dans la région de Tillabéri, à environ 40 kilomètres de la capitale, Niamey. Les autorités nigériennes ont retrouvé trois téléphones, un appareil photo et un blouson à l’intérieur. On est sans nouvelles des diplomates et de leur chauffeur depuis.

Selon Semafo, MM. Fowler et Guay n’ont pas formellement annoncé leur visite. Le président-directeur général de la minière, Benoît LaSalle, a déclaré au National Post que Louis Guay l’a appelé il y a plusieurs semaines pour lui demander la permission de visiter la mine.

« Louis m’a appelé, m’a dit qu’il allait là-bas pour une mission de l’ONU et qu’il avait entendu que la mine était un succès canadien et qu’il voulait en faire rapport à son retour au Canada ». M. LaSalle dit avoir demandé à M. Guay de lui présenter une requête écrite à ce sujet.

Le président-directeur général de Semafo dit ne pas avoir entendu parler du sujet à nouveau jusqu’à ce que des diplomates canadiens appellent directement à la mine de Samara, il y a deux semaines, pour demander une autorisation de visite. Les diplomates se sont alors fait dire de donner un préavis de 24 heures.

L’avis n’a jamais été donné : « Ce fut un peu un choc et une surprise de les voir se présenter, mais si vous avez des gars du gouvernement canadien qui arrivent, vous ouvrez les portes », a-t-il déclaré au Post. Le quotidien croit que l’intérêt de M. Fowler pour la mine de Samara s’explique par le fait qu’il a travaillé pendant trois ans pour une minière vancouvéroise, et qu’il avait été intéressé à ce titre à exploiter un gisement d’or en République dominicaine.

Une mission tenue secrète

Ce nouveau rebondissement est intrigant dans la mesure où les Nations unies ont confirmé plus tôt cette semaine que MM. Fowler et Guay étaient en mission officielle au Niger.

On ne sait pas exactement quel est le lien entre cette mission et la visite à la mine d’or.

Selon l’ONU, MM. Fowler et Guay se trouvaient au Niger afin de déterminer la possibilité que des pourparlers de paix aient lieu entre le gouvernement du président Mamadou Tandja et les rebelles touaregs. Ces derniers ont repris leur lutte armée contre le gouvernement au début de 2007, dans le nord du pays, après des années d’accalmie. La disparition des diplomates est survenue à 1000 kilomètres de la zone de conflit.

Un porte-parole de l’ONU, Farhan Kaq, a déclaré jeudi que la mission des diplomates n’a pas été officiellement annoncée aux médias après qu’elle eut été décidée, en juillet, parce qu’elle était sensible et qu’elle revêtait un caractère exploratoire. M. Fowler est officiellement l’envoyé spécial de l’ONU pour les armes illicites au Niger et pour les questions relatives aux touaregs. M. Guay lui servait d’adjoint.

M. Kaq a aussi affirmé que le gouvernement du Niger avait été informé de la visite des diplomates et de leur mission. Le porte-parole de l’ONU soutient que le gouvernement du Niger avait accepté cette mission, mais a refusé de commenter lorsqu’on lui a demandé s’il avait des objections quant à certaines parties du plan de travail de M. Fowler.

Plus tôt cette semaine, le ministre nigérien de la Communication, Mohamed Ben Omar a dit regretter que M. Fowler n’ait pas prévenu les autorités, ni la représentation locale des Nations unies de son déplacement. Il a soutenu que M. Fowler était au Niger depuis jeudi dernier, après avoir sollicité une invitation pour assister aux festivités du cinquantenaire de la République du Niger qui se déroulent à Tillabéri.

Un « commissaire de guerre » du Front des forces de redressement (FFR), un groupe rebelle touareg dissident, a revendiqué l’enlèvement de M. Fowler mardi, mais l’information a aussitôt été démentie par le président du groupe. Aux yeux de l’ONU et d’Ottawa, les diplomates canadiens demeurent donc officiellement disparus et non kidnappés.

Le FFR est un groupe dissident du principal mouvement rebelle touareg, le Mouvement nigérien pour la justice. Les rebelles touaregs, qui ont repris leur lutte contre le gouvernement dans le nord du pays depuis bientôt deux ans, réclament une meilleure répartition des richesses, particulièrement en ce qui concerne l’extraction de l’uranium.

Radio-Canada.ca avec Globe and Mail et National Post

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