samedi 20 décembre 2008

AFP 20-12-2008 / Mali : "20 militaires tués" par des rebelles touareg selon la rébellion


AFP 20-12-2008
samedi 20 décembre 2008
BAMAKO (AFP) — "Au moins 20 militaires" maliens ont été tués samedi par des rebelles touareg qui ont attaqué une garnison dans la localité de Nampala, à 500 km au nord-est de Bamako, a affirmé à l’AFP une source proche de la rébellion sans que l’armée confirme ce bilan.

Ces affrontements, dans une zone sahélienne à la frontière avec la Mauritanie, interviennent moins d’une semaine après que le président malien Amadou Toumani Touré eut invité les groupes rebelles touareg à "faire la paix".

Cette attaque a immédiatement été attribuée au groupe de rebelles touareg dirigé par Ibrahim Ag Bahanga, comme la plupart des actions qui ont mis à mal, depuis août 2007, l’accord de paix signé à Alger il y a deux ans.

Une source proche d’Ag Bahanga, interrogée par l’AFP, a ensuite confirmé : "Lors de notre attaque, nous avons pris le dessus parce que nous nous sommes préparés. Il y a eu dans les rangs de l’armée plus de 20 morts. Nous le regrettons, mais c’était eux ou nous. De notre côté, nous avons des blessés".

Une source proche du gouvernement s’est refusée à donner un bilan : "Nous ne confirmons pas", a-t-elle dit.

Mais des sources officielles locales concordantes avaient fait état, dans l’après-midi, de "morts de part et d’autre", annonçant que les rebelles s’étaient enfuis avec des otages.

"A la fin des affrontements, ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a morts, blessés et otages", a déclaré à l’AFP une source administrative à Nampala.

"Les assaillants venus à bord d’une quinzaine de véhicules, sont repartis, sans avoir été arrêtés", a ajouté cette source.

Quelques jours auparavant, la police locale avait signalé la présence "suspecte" de plusieurs véhicules "non loin" de Nampala.

"C’est d’abord avant tout une attaque-surprise. Ils (les rebelles) avaient un avantage certain au début, avant que les soldats maliens ne ripostent", a estimé un conseiller municipal de la zone.

Identifié par les autorités comme le "cerveau" de l’opération, Ibrahim Ag Bahanga aurait reçu l’appui d’autres groupes de rebelles touareg.

Son groupe, qui détenait déjà trois militaires maliens, aurait par cette opération grossi le nombre de ses otages, moyen d’échange ou de pression sur le gouvernement.

En déplacement à Kayes, le président Amadou Toumani Touré a appelé au "calme" et à "l’unité nationale", sur les ondes de la radio publique, avant d’affirmer : "Personne ne pourra diviser le Mali".

Six jours auparavant, il avait lancé un appel à la paix aux groupes rebelles, lors d’un déplacement dans le Nord. "Je suis formé pour faire la guerre, mais je préfère la paix. J’invite mes frères qui sont dans les montagnes (rebelles) à venir faire la paix", avait-il dit.

Selon des analystes, ces hostilités sont l’initiative de "faucons" au sein des groupes rebelles qui accusent le gouvernement de "traîner" dans l’application de l’accord d’Alger de 2006. Cet accord stipule que les Touareg ne doivent plus réclamer l’autonomie de leur région tandis que Bamako doit accélérer le développement des régions du Nord.

Mais Ag Bahanga, le plus radical des chef de groupes rebelles, défiant régulièrement le gouvernement depuis près de 20 ans, demande depuis 2007 que l’armée se retire de Tinzawaten, à la frontière avec l’Algérie.

Le gouvernement a toujours répondu que ses troupes n’en partiraient pas, arguant qu’il s’agit d’un lieu de transit pour le trafic international de drogue, dans lequel il accuse Ag Bahanga d’être impliqué.

Contrairement au Niger, qui n’entend pas discuter avec ses rebelles touareg de l’Aïr, Bamako souhaite une solution négociée à la crise.

Sous l’égide de l’Algérie, les belligérants ont signé un nouvel accord en juillet 2007, mais semblent, depuis, danser un pas en avant vers la paix, deux pas en arrière, dans ces négociations auxquelles ne participent plus, depuis trois mois, le groupe d’Ag Bahanga.

AFP

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