lundi 8 février 2010

Crise nigérienne...Médiateur : mission terminée ?


MAWDO (Le Canard Libéré N° 203 du 08 février 2010)
lundi 8 février 2010
Qu’est ce qui a pu bien se passer pour que le Président Tandja Mamadou se décide subitement de sortir de ses gongs à l’occasion de l’escale technique du Président Sénégalais Abdoulaye Wade ? Il est certes coutumier des formules choques, mais celle du mouton égorgé, même si on est dans un pays sahélien a surpris plus d’un téléspectateur et pourtant.

L’escale technique du Président Sénégalais Abdoulaye Wade a été mise à profit par le Président Tandja Mamadou pour exprimer sans ambages devant la presse, sans position quant aux négociations en cours entre l’opposition et le pouvoir. Même si cette position était connue d’avance du fait qu’elle est véhiculée par les faucons et les thuriféraires du régime on avait toujours cru que dans la répartition des rôles, le Président de la République devait garder la main, et, au besoin lâcher du leste même si son camp en souffrirait. C’est cela le principe des négociations : Qui peu le plus, peu les moins. Mais en décrétant devant Abdoulaye Wade fraîchement venu d’Addis Abeba, où les putchistes et autres tripatauyeurs des Constitutions sont logées à la même enseigne et traite comme tel (même si au Niger on a éviter de tripatauyage) et à la veille de la reprise des négociations inter nigériennes, Tandja Mamadou a voulu être logique et constant avec lui-même. Nulle personne, nulle influence ne peu le sortir du chemin de la refondation entrepris depuis la date historique du 4 Août 2009. Le nouveau Président en exercice de l’Union Africaine le Malawite Monsieur Bingu Wa Mutharika qui dès sa prise de fonction a menacé de suspendre le Niger de l’Union Africaine, si les négociations en cours devaient échouer, n’a qua bien se tenir : Tandja et la 6ème République ne reculeront pas. Mais à regarder de près, Tandja Mamadou n’a véritablement pas des raisons de reculer et cela pour au moins trois (3) raisons :

1) Absence d’impact visible de l’isolement " diplomatique ".Pour l’instant, en dehors des USA qui n’ont qu’un chargé d’affaires toutes les missions diplomatiques accréditées à Niamey fonctionnent normalement, la présentation des voeux du nouvel an a été une illustration parfaite de cet état de fait. Les pays et les Institutions continuent d’aider le Niger dans différents domaines. La Banque Islamique de Développement (BID) vient de financer à hauteur d’un milliard cinq cent millions, la construction d’une faculté pour filles de l’université islamique du Niger cérémonie présidée par le Chef de l’Etat. La France de Sarkozy vient de recevoir en grande pompe le nouvel ambassadeur du Niger Son Excellence Monsieur Aderahamane Assane Mayaki.

2) Le paiement du salaire à terme échu.

Ce qui peut être le Talon d’archile de la 6ème République et sans conteste le paiement régulier des salaires. Or, le salaire même s’il n’est pas un facteur du développement économique est tout de même assuré aussi bien pour les fonctionnaires, les contractuels que pour les auxiliaires. D’une manière générale, les intérêts des travailleurs sont sauvegardés..

3) L’absence d’agitation politique.
Si au tout début de la crise politique l’opposition avait une capacité incroyable de mobilisation des citoyens, aujourd’hui l’élan et la ferveur des militants ne sont plus les mêmes. Pire, l’absence des principaux leaders a dérouté les militants les plus engagés. Craintive et désorganisée n’eut été la société civile et la presse privée, notre opposition aurait passé dans la trappe de l’histoire. Le pouvoir sans grands efforts, avec juste de menaces d’arrestation a pu contenir les velléités de son opposition. Comme on le voit pour l’instant, tout semble aller comme sur des roulettes pour le Président Tandja. Le temps semble être son allié. Plus on avance, plus l’opposition va se fragiliser et la communauté internationale quelque qu’en soit sa volonté de soutenir la CFDR si rien ne bouge, si tout est calme, elle ne pourra pas justifier le maintien pour une longue durée les sanctions contre les autorités de Niamey.

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