jeudi 5 mai 2011

Création d'un fonds de soutien aux insurgés libyens

ROME (Reuters) - Le "groupe de contact" sur la Libye s'est entendu jeudi sur la création d'un mécanisme de soutien financier aux insurgés en lutte contre le régime de Mouammar Kadhafi.
Les ministres des Affaires étrangères de plus d'une vingtaine de pays, dont la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l'Italie ou encore le Qatar, ainsi que des représentants des Nations unies, de la Ligue arabe et de l'Union africaine se sont réunis à Rome alors que la situation sur le terrain semble plongée dans une impasse.
Le Conseil national de transition (CNT) formé par les insurgés réclame l'octroi de prêts pour un montant de deux à trois milliards de dollars afin de couvrir ses besoins en nourriture et en médicaments, d'assurer le fonctionnement des services essentiels dans les zones qu'il contrôle et de verser les salaires.
Cette requête avait jusqu'à présent été examinée avec prudence dans les chancelleries occidentales, notamment en raison d'obstacles juridiques que la réunion de Rome visait à contourner.
Selon des extraits de son discours, Franco Frattini, le chef de la diplomatie italienne, a déclaré qu'un fonds baptisé Mécanisme financier provisoire serait créé afin de transférer de l'argent au CNT, basé à Benghazi, dans l'est de la Libye, et dont les combattants sont moins bien équipés que les forces loyalistes.
Hillary Clinton a salué la création de ce fonds. La secrétaire d'Etat américaine a en outre annoncé que les Etats-Unis allaient adopter une loi permettant de puiser dans les avoirs de Mouammar Kadhafi et de son régime gelés sur le territoire américain.
Ces fonds, a-t-elle souligné, seront disponibles "pour aider le peuple libyen", sans préciser s'ils seraient transférés au CNT ou à des organisations humanitaires.
Les Etats-Unis ont gelé 30 milliards de dollars d'avoirs libyens.
ÉVACUATIONS DE MISRATA
Plus généralement, le soutien financier aux insurgés butait sur les conditions d'utilisation des fonds gelés à l'étranger et sur la possibilité pour les insurgés de vendre du pétrole libyen malgré les sanctions de l'Onu frappant la Libye.
Le CNT aurait en outre obtenu à Rome d'être officiellement reconnu par les Pays-Bas, le Danemark et l'Espagne, selon un porte-parole des insurgés présent en Italie, Mahmoud Chammam. Les Pays-Bas ont par la suite démenti.
L'administration formée par les insurgés n'est jusqu'à présent reconnue que par la France, l'Italie et le Qatar.
Même si les questions militaires ne doivent pas être évoquées à Rome, le groupe de contact devrait réitérer son soutien à la mission sous commandement de l'Otan chargée de mettre en oeuvre depuis mi-mars la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu sur la protection des civils en Libye.
L'inquiétude est particulièrement forte pour les habitants des poches de résistance au régime de Mouammar Kadhafi dans l'ouest du pays, notamment dans les villes de Misrata et Zentane.
D'après un porte-parole des insurgés, les forces libyennes ont tiré jeudi une cinquantaine de missiles Grad sur Zentane. On ignore si ces tirs ont fait des victimes.
La communauté internationale tente par ailleurs d'évacuer des habitants et des ressortissants étrangers de Misrata, ville portuaire assiégée dans l'Ouest.
Parti en plein chaos, avec des bombardements et des coups de feu de tireurs embusqués fidèles à Mouammar Kadhafi, un navire transportant 1.138 personnes évacuées de Misrata est arrivé jeudi matin à Benghazi, a annoncé l'Organisation internationale pour les migrations.
Au total, 13.000 personnes ont pu être secourues via 13 rotations maritimes depuis le début de ces opérations d'évacuation.
Bertrand Boucey pour le service français, édité par Henri-Pierre André

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