lundi 1 mars 2010

Première représailles algérienne après la libération par le mali des 4 terroristes d’AQMI : L’Algérie se retire de l’Accord d’Alger


Maliweb / Saouti Labass Haidara L’Indépendant, 01/03/2010

Première représailles algérienne après la libération par le mali des 4 terroristes d’AQMI : L’Algérie se retire de l’Accord d’Alger
lundi 1er mars 2010


La première représaille algérienne à la libération par le Mali des quatre terroristes d’Al Qaïda pour sauver de l’exécution le Français Pierre Camatte vient de tomber : l’Algérie se retire de l’Accord dit d’Alger dont elle a été le concepteur et dont elle était, jusque-là, le facilitateur. Par cette décision qui se matérialisera dès demain mardi avec le départ du Mali de ses deux représentants au sein du Comité de suivi dudit Accord, l’Algérie espère que l’ex " Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC)" co-signataire du document avec le gouvernement malien se sentant dépouillée de la garantie qu’elle constituait, en tirera les conséquences en se retirant elle aussi de l’Accord et en reprenant les armes contre Bamako. Si cette stratégie ne fonctionne pas - Alger ayant échoué en janvier dernier dans une tentative grotesque de réactiver et de réarmer l’ADC pour " bouter AQMI hors du territoire malien " - il n’est pas à exclure que notre voisin du nord crée une armée de mercenaires pour déstabiliser le nord-Mali. Plus que jamais la vigilance est de rigueur.

a nouvelle nous vient d’une source officielle généralement crédible : par courrier adressé à son homologue malien, en fin de semaine dernière, le gouvernement algérien l’informe de son retrait de l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006. Ce retrait devrait être effectif avec le départ du Mali, dès demain mardi 2 mars, de ses représentants au sein du comité de suivi de la mise en œuvre dudit Accord.

Si elle se confirmait - ce qui paraît hautement probable - cette décision du gouvernement algérien ne constituerait pas une surprise. Comme nous l’écrivions dans un article récent (L’indépendant n°2406 du lundi 22 février 2010) les relations entre l’Algérie et le Mali n’ont cessé de se dégrader au cours des dernières années.

Officiellement, le rôle d’intermédiation du Mali dans la libération des otages occidentaux est au cœur de cette dégradation, ainsi qu’une certaine presse algérienne se charge de le rappeler, chaque fois que l’occasion s’y prête, par ses attaques injurieuses contre ATT. Celui-ci est non seulement accusé de pactiser avec le diable, en l’occurrence AQMI mais plus grave si l’on ose écrire, de couvrir un réseau de narcotrafiquants arabes entrés en collusion avec le même groupe terroriste.

Mais il ne s’agit là que d’un faux-fuyant, l’Algérie elle-même n’ayant démontré une compétence particulière à combattre le terrorisme à l’intérieur de ses frontières ni une volonté affirmée à coopérer avec ses voisins pour l’extirper de la bande sahélo-saharienne. Pour rappel, les nombreuses réunions d’Etats-Majors qui se sont tenues à Alger, Tamanrasset, Bamako et Nouakchott et les magnifiques résolutions qui les ont sanctionnées n’ont servi à rien à cause du manque total d’intérêt de la partie algérienne à les appliquer. En un mot, tous les crimes et péchés dont la presse aux ordres du palais des pins accable ATT sont reprochables mille fois à Bouteflika lui-même.

Le vrai motif du contentieux algéro-malien - qu’Alger préfère garder soigneusement sous le boisseau pour le moment - réside dans l’amélioration des relations entre le Maroc - son ennemi juré - et le Mali au double plan diplomatique (dossier du Sahara occidental) et économique (présence renforcée de grands groupes marocains au Mali).

Face à ce qu’elle considère comme un renversement d’alliance à son détriment, l’Algérie va s’évertuer à faire payer le prix fort au Mali et son retrait de l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006, qu’elle a elle-même conçu et dont elle était le facilitateur, n’est que la première d’une série de représailles destinées à déstabiliser le Nord Mali. Cette décision ne vise ni plus ni moins qu’à inciter les ex-membres de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC) à quitter de nouveau les rangs de l’armée malienne pour reprendre les armes contre leur pays.

On se rappelle qu’il y a tout juste un mois, une tentative ourdie par l’Algérie de réactiver l’ADC contre Bamako au motif de la non-application des dispositions de l’Accord d’Alger et surtout de " la concession d’une partie du territoire (malien) aux groupes terroristes et l’absence totale de toute volonté des autorités pour libérer le pays de la présence de ces groupes criminels " a platement échoué. En fait de " congrès de l’ADC à Alger " lequel a été initié, financé et conduit de bout en bout par les services spéciaux algériens, il n’y avait que trois individus ayant entretenu un vague rapport avec cette structure. Tous les autres dirigeants ont dénoncé la machination algérienne qui vise à rallumer le brasier au nord Mali.

En franchissant le pas du retrait de l’Accord d’Alger, Bouteflika ou le petit groupe mafieux qui gouverne en son nom espère réussir cette fois-ci ce qu’il n’a pu en janvier dernier. Privés de la garantie algérienne dans l’application de l’Accord d’Alger, certains dirigeants de l’ex-ADC peuvent paniquer, considérer que tout est perdu et recourir aux armes. C’est tout l’objectif recherché par ce retrait. A défaut d’y parvenir, Alger ne reculerait pas devant le recrutement de mercenaires pour faire le boulot à la place des ex-membres de l’ADC. L’avertissement vient de El Watan : " Il est à craindre que dans un avenir très proche, en raison de la passivité du Mali (NDLR : dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues) des puissances extra-régionales feront le ménage à sa place. Ce qui expose toute la région au sort de l’Afghanistan, de l’Irak ou, au mieux, de la Somalie"

En fait de " puissances extra-régionales " c’est l’Algérie elle-même qui constitue le principal danger pour la paix, la sécurité et la stabilité du Nord Mali.

Saouti Labass HAIDARA

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