dimanche 7 mars 2010

Crimes politiques et économiques Le dilemme du CSRD


Crimes politiques et économiques Le dilemme du CSRD
Écrit par Le Canard Libéré N° 205 du 05 mars 2010
Samedi, 06 Mars 2010 20:27



La requête devient de plus en plus insistante. Une large frange de l’opinion tient à ce que les auteurs, coauteurs et complices de la remise en cause de l’ordre constitutionnel rendent gorge pour leur forfait. Elle veut voir les Tazartchistes et les refondateurs traduits devant les tribunaux pour crime politique. Si la junte Salou et ses compagnons d’arme donnent une suite à cette requête, il va falloir faire des places dans les prisons du pays qui sont déjà bondés. Car de nombreux politiciens seront pris dans la nasse, pour avoir joué un rôle actif dans l’avènement de la défunte 6e République. Cette tâche aura certes le mérite d’assainir la classe politique mais elle sera aussi inévitablement perçue comme un règlement de comptes politiques, une chasse aux sorcières. cette requête, le ver resterait toujours dans le fruit. Et tôt ou tard, quand la démocratie sera remise sur les rails, il reprendra sa sale besogne. Celle consistant à créer les conditions pour bloquer de nouveau le système. C’est un dilemme face auquel le CSRD se trouve aujourd’hui confronté. Face à ce dilemme, le décryptage des actes posés jusqu’ici par la junte permet de croire qu’il n’y aura pas de poursuite judiciaire par rapport aux crimes politiques. Le Colonel Pelé a lâché les tous premiers jours du putsch que Tandja ne sera pas jugé. Même si par la suite, les putschistes évitent soigneusement de se prononcer sur la question, on s’imagine aisément qu’il leur sera très délicat de traduire Baba Tandja pour haute trahison.

Et pour cause, des chefs militaires qui ont été des collaborateurs directs du président déchu à un moment ou un autre siègent au sein du CSRD et du gouvernement. Ceux-ci peuvent constituer un obstacle à l’aboutissement d’une telle entreprise. Or si Tandja qui est le pilier du Tazartché et de la refondation n’est pas jugé, il serait difficile d’inquiéter les membres de son gouvernement qui sont toujours détenus. Il serait davantage encore difficile de s’en prendre aux autres acteurs politiques et sociaux qui avaient fait la promotion du Tazartché. Les partisans des sanctions risquent donc d’être déçus et se demanderont alors, pourquoi un coup d’Etat ?

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