dimanche 21 décembre 2008
Le visible et l’invisible dans le champ des études sur les migrations
Résumé
Ces journées d’étude s’adressent aux doctorants en sciences humaines et sociales ayant pour point commun de travailler sur les problématiques migratoires. Co-organisées par MIGRINTER et l’Université Paris Ouest La Défense, elles se dérouleront les 14, 15 et 16 avril 2009 à Poitiers et portertont sur la thématique du « visible et de l’invisible » dans le champ des études sur les migrations.
Le couple visible / invisible se présente comme une manière originale d’aborder les questions migratoires, de l’échelle globale à l’échelle locale. Le champ lexical du visible est composé d’un ensemble de notions telles que images, imaginaires, discours ou représentations dans les études en sciences sociales et humaines. La visibilité d’un objet varie selon les contextes et les interactions. L’invisible est par définition ce qui échappe à la vue, et au-delà, ce qui est imperceptible. La lisibilité recoupe à la fois du visible et de l’invisible ; il s’agit d’une négociation entre des signes et des symboles. Le visible est généralement employé comme la métonymie du " perceptible ", désignant ce qui est perçu par la vue, sans toutefois exclure les réalités abstraites ou mentales rendues sensibles.
La dichotomie entre visible et invisible n’est pas étanche ni exclusive. Les deux notions s’entrecoupent, révélant des modes de production multiples. La dialectique du visible et de l’invisible s’applique à l’étude des migrations à différentes échelles, demeurant en tension entre temporalités et spatialités. Des sans-papiers aux élites migrantes, la visibilité varie selon les acteurs, les espaces, le temps et les politiques. Le couple visible/invisible peut également adopter des significations très précises, à l’instar des invisibles économiques.
Ces journées d’études permettront aussi de questionner la position du chercheur. Participant à la construction des représentations sociales comme des décisions politiques, il a une responsabilité dans le choix de ses positionnements méthodologiques et théoriques. L’exploration des faces cachées des mobilités peut poser des problèmes éthiques : quelle part le chercheur doit-il prendre dans le décryptage du visible et de l’invisible ? Envisager les mobilités internationales à travers le prisme du visible et de l’invisible nécessite un aperçu des évolutions conceptuelles et de nouveaux outils méthodologiques.
La promotion de cette démarche ne négligera pas d’insister tant sur les pratiques de recherche que sur les résultats diffusés. Les journées d’étude sont envisagées comme un lieu d’échange sur le visible et l’invisible en vue d’ouvrir une refléxion à partir de communications de doctorants. A la croisée d’approches structuralistes et phénoménologiques, l’enjeu du thème du visible et de l’invisible dans le champ des études sur les migrations permet d’interroger un ensemble de pratiques, de méthodes et de théories des sciences humaines et sociales, tout en permettant une approche pluridisciplinaire.
Trois axes sont proposés à la réflexion.
- A. Visibilité et invisibilité : champs, réseaux et politiques migratoires
- Comment les politiques interagissent-elles sur la visibilité et l’invisibilité des circulations migratoires ?
- Champs migratoires, réseaux et diasporas : des visibilités variables ?
La notion de champ migratoire permet d’aborder les espaces pratiqués par des migrants sous des angles et à des échelles de visibilités variés. Les réseaux de migration et les réseaux sociaux sont questionnés en terme de liens et de noeuds. La diaspora apparaît comme une forme singulière de réseau. En ouvrant la réflexion sur les liens géographiques et sociaux, les notions de champs migratoires, de réseaux et de diasporas amènent à interroger le rôle des acteurs et des espaces dans la négociation du visible et de l’invisible.
- Pratiques de mobilités visibles et déplacements invisibles : acteurs, espaces et politiques ?
Nous proposons d’analyser la visibilité et l’invisibilité des pratiques de mobilité à diverses échelles spatio-temporelles. L’étude des flux de différentes natures permet d’établir un certain nombre de typologies. De nouvelles formes de déplacement (itinérance, transmigration), de nouvelles dynamiques résidentielles (bi-résidence, remise en question de l’opposition nomade/sédentaire) amènent à questionner les structures sociales et familiales. Les formes ou les raisons de certains déplacements sont parfois difficiles à appréhender du fait de leur labilité.
- B. Entre visibilité et invisibilité : migrations et dynamiques urbaines
- Comment sont mis en scène les symboles de l’identité et de l’altérité des individus et des groupes immigrés en ville ?
Les politiques urbaines multiculturelles tentent de mettre en valeur ces symboles affichés à des fins touristiques et commerciales. Les jeux d’acteurs entre immigrés, travailleurs sociaux et aménageurs sont au cœur de ces mises en scène. L’identité est-elle le seul facteur de lisibilité des quartiers à majorité immigrée ? Comment les municipalités gèrent-elles la diversité des populations urbaines migrantes et d’origine immigrée ?
- Quels sont les modes de production de l’espace urbain par les immigrés et les migrants ? Quelles formes d’ancrage et de mobilité sont expérimentées dans l’espace urbain ?
Des navettes aux migrations internationales, les mobilités ne s’analysent plus sans prendre en compte la ville. Comment les pratiques de mobilité s’ancrent-elles dans la ville ? Comment s’y différencient-elles à travers des stratégies de mise en scène, de dissimulation ? De l’insertion urbaine à la production et à l’appropriation de territoires, quels rôles jouent les migrants ?
C. Appréhender visible et invisible : méthodes et place du chercheur
- Comment les chercheurs en sciences humaines et sociales appréhendent-ils le visible et l’invisible ?
La recherche sur les migrations et les mobilités est soumise à la difficulté de saisir un objet en perpétuel mouvement. Qu’il s’agisse des itinéraires de migrants clandestins ou de la nature des politiques migratoires, ces objets semblent se dérober aux yeux des chercheurs. Nous souhaitons amorcer une réflexion sur les méthodes adéquates à l’étude de ces phénomènes à travers des expériences de terrain et des méthodologies d’enquête. Outre les difficultés pratiques d’enquête d’appréhension du visible et l’invisible par le chercheur, se pose la question de l’interprétation.
- Quelles places pour les notions de visible et d’invisible dans les théories et les approches des migrations internationales ?
Nous proposons une réflexion épistémologique et pratique sur le rôle du chercheur dans la description et l’explication de processus socio-spatiaux rendus visibles. Nous souhaitons approfondir ces acceptions de visible et d’invisible. Comment restituer ce qui est invisible et quelles positions éthiques doivent être envisagées dans l’appréhension de l’invisible ? Quel équilibre adopter dans la représentation et la restitution scientifique du visible et de l’invisible ? La parole du chercheur est questionnée. Elle a parfois le pouvoir de rendre visible ou de dissimuler. Ce sont ces expériences limites, ces terrains sensibles, que nous explorons dans le champ des études sur les migrations. Ce dernier axe de réflexion nous invite à repenser nos approches des migrations et des mobilités.
Résumé et proposition de communication
Les propositions de communication devront être envoyées selon le formulaire " Proposition de communication " joint à l’appel pour le 20 JANVIER 2009 au plus tard à l’adresse journees.visibles@gmail.com
Elles comporteront nom, prénom, affiliation, principales publications ou communications du doctorant ainsi qu’un résumé d’une page maximum, en Times New Roman 12, interligne 1,5 (avec l’indication de l’axe dans lequel s’intègre le résumé, A, B ou C).
Les réponses seront données autour du 10 FEVRIER 2009 par le comité scientifique composé de W. Berthomière (MIGRINTER), O. Bronnikova (MIGRINTER), A-L Counilh (MIGRINTER) L. Endelstein (MIGRINTER), Ph. Gervais-Lambony (Univ. Paris Ouest Nanterre La Défense), M. Hovanessian (CNRS, URMIS), A-F. Hoyaux (Univ. Michel-de-Montaigne Bordeaux 3), S. Mekdjian (Univ. Paris Ouest Nanterre La Défense), Y. Scioldo-Zürcher (MIGRINTER), Ph. Venier (MIGRINTER)
Valorisation
Ces journées d’étude seront suivies par la publication d’une sélection de textes issus des communications dans la revue électronique du laboratoire de MIGRINTER : E-Migrinter, dans un numéro spécial portant sur la problématique du visible et de l’invisible.
Financement
Le déplacement et l’hébergement à Poitiers seront pris en charge sous demande des intervenants acceptés à présenter une communication et sous réserve d’acceptation du dossier. Les demandes de financement devront comporter le lieu de départ pour un déplacement en train et seront à préciser au moment de l’envoi de la proposition de communication à l’adresse journees.visibles@gmail.com
Lieu
* Poitiers (86000) (Migrinter, MSHS, 99 avenue du Recteur Pineau)
Date
* mardi 20 janvier 2009
Contact
* S. Belouin, O. Bronnikova, A-L Counilh, S. Mekdjian
courriel : journees [point] visibles (at) gmail [point] com
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