dimanche 23 novembre 2008

« Quartier libre », Mon Amiral !



Thomas FORTUNE, Président de l’Internationale Touarègue-23-11-08

« Quartier libre », Mon Amiral !
dimanche 23 novembre 2008



« Quartier libre » Mon Amiral !

L’amiral Larima
Larima quoi
La rime à rien
L’amiral Larima
L’amiral Rien
(J. Prévert)

Voilà ce que nous ont tout de suite inspiré les propos de l’Amiral d’Arbonneau, Directeur chez AREVA, tenus le 21 octobre dernier lors d’une rencontre organisée par le MEDEF autour de la question de la sécurité économique. Ces propos ont été révélés par le Canard Enchaîné.

Ils qualifient les Touareg « d’illusion » et « de rebelles à mater » et demandent l’aide de la France pour « repousser ces arrogants hommes bleus » afin « de pouvoir creuser leur terre ».

Ceux-ci viennent après ceux que la présidente du directoire Anne Lauvergeon aurait tenus à Bordeaux, en aparté, en s’adressant à quelques valeureux enturbannées, lors de la rencontre éco-citoyenne du 7 décembre 2007 organisée par la mairie à l’Athénée Municipale : « … Je suis là pour répondre à des besoins collectifs en énergie des pays développés. Le nucléaire n’est pas la solution mais il n’y a pas de solution sans nucléaire. Pour que le progrès avance, il faut que les pauvres paient ; c’est dommage mais c’est comme ça ».

AREVA et anti-AREVA Niger vont-ils réussir à trouver un terrain d’entente sur terres touarègues ? En effet, les propos de l’Amiral ressemblent curieusement à ceux tenus par un certain Nouhou Arzika, l’un des chefs de file des "anti-Areva" au Niger, qui veut aussi croire à la fin des hostilités en souhaitant que "Areva et la France soutiennent" le Niger pour mater la rébellion touareg (AFP14/01/08). Ces propos, non encore prescrits, n’avaient pas vocation à rester dans la sphère privée puisque que l’on peut retrouver les commentaires de la rencontre du MEDEF sur tribune.fr ou sur le blog de Philippe Madelin.

Le comportement de l’Amiral ne pourrait-il pas relever de la loi du 29 juillet 1881 portant sur le délit d’incitation à la haine raciale, délit passible de 5 ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Pour moins que cela, une grossière poupée vaudou à son effigie, le Président de la République a poursuivi de jeunes amusants créateurs.

Tout d’abord la première démonstration consistant à prouver que l’incitation concerne un groupe particulier, dans le cas les Touareg, n’a pas besoin d’être faite.

L’accessibilité de la rencontre aux médias amène à penser que le contenu de la rencontre n’avait pas vocation à rester dans la sphère privée.

La volonté délibérée de l’auteur d’incitation à la haine nous semble établie dans le contexte actuel du Niger qu’il soit économique (avec les enjeux miniers, territoriaux et de perspectives de développement des Touareg et de leurs zones de mouvance) ou politique (avec l’escalade de la violence de l’armée nigérienne envers les populations civiles). Effectivement au-delà des mots, il faudra rechercher quelle a été l’intention de M. d’Arbonneau quand il a employé ses mots ? Cette intention est attachée à la personnalité de l’Amiral.

Diplômé de l’Ecole Navale, il a effectué sa carrière dans la Marine Nationale. Ancien vice-Amiral d’Escadre, ancien commandant de la FOST (force océanique stratégique) et des forces sous-marines, en 2005, il devient Directeur de la protection des personnes et des patrimoines chez Areva. Ainsi de par son cursus, M. d’Arbonneau est un homme averti quant au poids des mots et leurs conséquences. Aussi le manque de diligence d’une personne aussi avisée que lui de la situation actuelle au Niger, relève d’un comportement volontairement fautif.

Dans un article du Sahel (quotidien nigérien) en date du 10/09/2007, M. D’Arbonneau a déclaré « qu’Areva aspire à travailler dans le pays qui l’accueille sans s’ingérer dans les affaires intérieures » Aujourd’hui dans ses propos c’est bien d’ingérence dont il s’agit ; l’impact de ces déclarations peut ressembler à un aval de taille (venant d’un dirigeant d’une entreprise nationale) donné aux autorités nigériennes à continuer leurs exactions envers les populations civiles touarègues.

La liberté d’expression et d’opinion consacrée tant par la loi du 29 juillet 1881, qu’au niveau communautaire par l’article 10§2 de la CEDH ne peut couvrir les propos de M. d’Arbonneau appelant à « mater les rebelles touareg » ou en qualifiant les Touareg « d’illusions » dans un contexte dramatique où il n’est pas fait de différence entre rebelles et population civile.

D’ailleurs M. d’Arbonneau ne fait lui même pas la différence car il voudrait que l’on chasse ces « arrogants hommes bleus » pour « pouvoir creuser leur terre » ; actuellement ces Touareg qui occupent effectivement leur terre ancestrale (il est agréable qu’il soit convenu qu’il s’agisse de terres touarègues) ne sont certainement pas des rebelles ; pour des raisons de guerre ils s’en trouvent déplacés et pourraient ne jamais revenir en raison de son occupation arbitraire et autoritaire, et de pollutions radio actives irréversibles.

Aussi Mr d’Arbonneau a délibérément voulu troubler l’ordre public. CQFD.

M. d’Arbonneau, « La guerre serait un bienfait des dieux si elle ne tuait que les professionnels » (traité de civilité puérile et honnête - J. Prévert). On pourrait par analogie avoir le même discours « honnête » vis-à-vis des certaines industries polluantes.

Faut-il une fois encore mettre ces propos et comportements sur le compte des « erreurs », « maladresses » et maintenant fautes de la société nationale et de ses dirigeants qui tentent assez maladroitement de s’aventurer sur les terres d’une humanité (visible) dont ils semblent s’être éloignés, hypnotisés par la danse du dieu invisible de l’atome qui leur ferait perdre toute lucidité ?

« J’ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l’oiseau sur la tête
Alors on ne salue plus a demandé le commandant
Non on ne salue plus a répondu l’oiseau
Ah bon excusez-moi je croyais qu’on saluait a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper a dit l’oiseau ».
Quartier libre
Jacques Prévert.

Bordeaux, le 23 novembre 2008.

Thomas FORTUNE, Président de l’Internationale Touarègue

L’association l’Internationale Touarègue, créée en février 2008 à Bordeaux, a pour objet la contribution à la connaissance du pays Touareg, l’aide à la sauvegarde du mode de vie des populations touarègues, d’œuvrer pour le respect des droits des peuples autochtones conformément à la déclaration des Nations Unies du 13 septembre 2007.

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