TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
vendredi 27 mars 2009
Interview]M. Nicolas Sarkozy, Président de la République française: " Votre pays est pour nous un partenaire stratégique dans la durée ",
Ecrit par Réalisée par Saïdou Daoura (Sahel Dimanche du 27 mars 2009),
Excellence M. le Président, vous entamez à partir du vendredi 27 mars 2009, une visite officielle et de travail au Niger. Quelle signification donnezvous à cette visite ?
Ma visite à Niamey vise à marquer toute l'importance que j'accorde à la relation entre la France et le Niger. Votre pays est pour nous un partenaire stratégique dans la durée. C'est de ce partenariat que je viens discuter avec le Président Tandja. J'ai déjà eu l'occasion d'avoir des entretiens téléphoniques avec le Président Tandja, mais rien ne remplace les contacts directs. Bien sûr, de telles relations reposent également sur un maillage d'échanges et de rencontres, comme c'est le cas entre le Niger et la France. Je note d'ailleurs, pour m'en réjouir, que ces échanges sont de plus en plus nombreux et de plus en plus diversifiés: milieu des affaires, élus, universitaires, chercheurs, responsables d'associations, journalistes, etc. De nos jours, les relations entre les deux pays ne se réduisent pas à des relations entre deux Etats, même si ces dernières sont essentielles. Plusieurs des ministres, des parlementaires et des chefs d'entreprises qui m'accompagnent dans ce déplacement sont déjà venus au Niger ou ont des contacts réguliers avec leurs homologues nigériens.
Ce voyage offre l'occasion d'illustrer et de renforcer la densité et la pluralité des échanges. Au Niger, la France a des intérêts, elle les assume et elle les promeut, en toute transparence. Mais, en l'occurrence, nos intérêts se rejoignent, comme l'illustre l'accord si important qui vient d'être signé, le 5 janvier dernier, entre l'Etat du Niger et AREVA. Par ailleurs, nos deux pays ont un intérêt commun à la stabilité, qui repose sur une combinaison de paix, de développement et de démocratie.
La sécurité dans l'espace sahélo-saharien correspond aussi à une préoccupation croissante, qui vaut pour les pays de la région, mais aussi pour les pays partenaires comme le nôtre. Le Niger représente pour la France un partenaire de coeur et de raison, avec lequel la France construit un partenariat stratégique rénové. Comme de telles évolutions ne sauraient se concevoir sans la chaleur des relations humaines, j'ai tenu à établir ce contact personnel et à inviter ceux qui m'accompagnent à poursuivre dans ce sens, au-delà de tout le réseau d'échanges qui est déjà à l'oeuvre dans la relation entre nos deux pays. Ma visite représente donc à la fois un acte de reconnaissance, un signe d'espoir et une invitation à l'action..
La France et le Niger entretiennent des relations d'amitié et de coopération très fructueuses depuis de longues dates. Peut-on savoir, aujourd'hui, si la France, 1er partenaire bilatéral du Niger, garde la même considération pour ce pays ?
Comme vous le rappelez justement, le Niger et la France entretiennent depuis longtemps des relations d'amitié et de coopération, j'ajouterai et de confiance et de respect. Cette qualité de relation s'est marquée à travers des actes, et notamment à travers nos engagements venus accompagner les efforts considérables déployés par le Niger en matière de démocratie, mais aussi de développement, car la démocratie et le développement sont étroitement liés. Les sentiments qui m'animent à l'égard de votre pays sont fondés sur la considération et le respect que l'on doit à un pays ami, à son premier responsable et à toutes les populations.
Il n'y a pas de "petit pays" aujourd'hui et, en tout état de cause, ce ne saurait être le cas d'un pays deux fois plus vaste que la France, riche de ses diversités dans une position de carrefour du continent, traversé par des routes millénaires, riche de ses ressources naturelles, celles du sous-sol et son fleuve, riche d'une population jeune et en croissance. Mon voyage dans votre pays, qui correspond à une promesse tenue, illustre, s'il en était besoin, le souhait que j'ai d'honorer les partenaires et amis de la France, qui partagent avec nous les valeurs de paix, de développement, de stabilité et de démocratie et qui en sont les promoteurs à la fois chez eux et sur la scène internationale.
Un tel voyage est aussi l'occasion de tirer parti de l'expérience et du savoir du Président Tandja, qui est un homme de grande expérience, et de prendre la mesure des évolutions en cours dans un pays exposé aux contraintes de la nature, de surcroît dans un environnement géostratégique à risques. Pour moi, la "considération" est une forme de reconnaissance, de respect et de politesse dans l'action..
Excellence, quelle est votre appréciation sur l'évolution du Niger ces dernières années ?
Le Niger, depuis son indépendance, a traversé bien des expériences en matière politique. Il en est à sa cinquième République, comme la France, mais en beaucoup moins de temps. Il a connu des épreuves qui l'ont marqué, mais aussi renforcé puisqu'elles l'ont amené à faire des choix délibérés qui sont pour nous fondamentaux comme la démocratie ou le renforcement de l'Etat de droit. Je dois dire que le Chef de l'Etat, le Président Tandja, a beaucoup donné de lui même pour redonner aux institutions de l'Etat, affaiblies par de longues périodes d'instabilité, tout leur poids et toute leur crédibilité.
C'est lui qui a redonné à la démocratie ses lettres de noblesse dans le pays. Les élections, en 1999 et en 2004, y ont eu lieu dans la transparence et sans contestation. Une alliance de partis a permis de former des gouvernements et a apporté 10 années de stabilité et de confiance retrouvées. Les droits de l'opposition sont reconnus, la société civile prend son essor et s'exprime, les associations de droits de l'Homme trouvent peu à peu leur place et les média sont très actifs dans toute leur diversité.
La concertation existe entre les forces politiques, notamment au sein du Conseil National de Dialogue Politique que je tiens à venir saluer durant mon séjour à Niamey : il a un rôle et tient une place singulière qui me paraissent mériter l'intérêt et il est véritablement opérationnel puisque ses travaux, qui désamorcent les conflits, aboutissent à des prises de décisions importantes par consensus. Je saluerai également les efforts du Niger afin de souscrire à l'Initiative pour la Transparence des Industries Extractives.
Il s'agit là d'un choix et aussi de mesures qui vont dans le sens de la bonne gouvernance que nous soutenons au niveau international. Le Niger se développe, des permis de recherche et d'exploitation sont accordés, des investissements importants sont programmés. Le rétablissement de la pleine sécurité dans le nord, que nous appelons de nos voeux, permettra davantage de prospections et de ressources pour toutes les populations de ce pays. Il est essentiel que ce secteur, qui est appelé à jouer un rôle vital pour le Niger, soit bien balisé et que les richesses du pays bénéficient d'abord aux populations. Il est important que les règles du jeu économique soient connues, suivies et respectées par tous.
Excellence, le monde vit actuellement une des pires crises financières de notre époque. Les pays riches ont pris des mesures draconiennes pour y faire face, mais on a l'impression que les pays pauvres sont ignorés dans les plans de sauvetage…
Cette impression est trompeuse car les pays pauvres ne sont pas ignorés dans les réponses à la crise. Nous sommes très attentifs à la situation de pays pauvres et particulièrement aux demandes de nos partenaires africains. Au sein du G20, la France fait partie des principaux défenseurs des intérêts des pays les plus pauvres. Après avoir plaidé, avec succès, pour que la Commission de l'UA soit invitée au sommet de Londres, la France a notamment organisé une réunion de concertation avec les plus hautes autorités financières et économiques de la Zone franc le 23 février à Paris.
Les participants ont appelé les institutions financières internationales à accroître leurs moyens en faveur de l'Afrique en augmentant les ressources disponibles pour fournir une assistance financière aux pays membres et en adaptant leurs instruments de prêt dans le sens d'une plus grande flexibilité et d'une meilleure prise en compte des spécificités des économies les plus fragiles. C'est la position que je défendrai au sein du G20 sous deux angles. Celui d'une forte augmentation des ressources du FMI et celui de la mobilisation accrue des moyens.
Les instruments de prêt du FMI doivent être adaptés pour mieux répondre aux besoins des pays pauvres. C'est pourquoi je plaiderai en faveur d'une augmentation d'accès à la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC). J'entends également plaider pour l'assouplissement et l'accélération des décaissements de la Banque mondiale et des banques multilatérales de développement. Les besoins identifiés concernent notamment les aides budgétaires, l'aide aux investissements en matière d'infrastructures.
Je tiens à souligner que l'augmentation des ressources du FMI et la mobilisation accrue des moyens des banques de développement représenteront au total un effort nettement supérieur au 0,7% du total des plans de relance réclamés par certains. L'Afrique ne doit pas être la victime des fautes et des impasses du capitalisme des pays développés. Répondre avec l'Afrique aux défis de la crise économique n'est pas seulement une question de solidarité ou de justice. Elle est aussi pleinement une question d'intérêts communs.
Croire que l'on peut résoudre la crise actuelle sans s'occuper de la situation des pays africains ne relèverait pas seulement d'une aberration morale, mais aussi d'une dangereuse illusion : le maintien de notre prospérité ne peut se nourrir d'un nouvel approfondissement des inégalités. Par ailleurs, l'Afrique connaîtra sans doute une croissance de l'ordre de 3 à 4% cette année. Aussi modeste soit cette dernière au regard des performances passées et surtout de la croissance démographique toujours forte, elle représentera, avec celle de l'Asie, la seule croissance positive en 2009. Il importe pour nous tous que ce moteur de croissance mondiale reste allumé. L'Afrique peut contribuer au redémarrage global de l'économie mondiale.
Quel est le message de la France à l'endroit du Niger, et au-delà, à tous les peuples qui croient aux valeurs universelles des droits de l'Homme ?
Mon message est double. Je tiens tout d'abord à réaffirmer très clairement l'attachement de la France et mon attachement personnel à l'universalité des droits de l'Homme. Cela semble peut-être évident, mais il est important de le faire face à la permanence d'un discours consistant à atténuer la portée des droits de l'Homme au nom d'un relativisme culturel. On oppose ainsi l'individualisme supposé des Occidentaux à une solidarité communautaire ou à des valeurs collectives afin de réduire la portée des droits reconnus à chaque individu.
Je conviens évidemment qu'il existe dans le monde une très grande diversité culturelle à la défense de laquelle la France est attachée, mais elle ne saurait diminuer l'aspiration profonde de tout être humain à la même dignité, à la liberté et à la possibilité d'exprimer individuellement son opinion. Je souhaite ensuite souligner que la défense et la promotion de ces droits est nécessairement collective. Aucun pays ne peut prétendre les défendre seul. Ce serait présomptueux et inefficace. Nous devons agir collectivement dans les enceintes internationales pour préserver l'universalité de ces droits.
La France a besoin du Niger pour y parvenir et le Niger a besoin de la France. Je considère d'ailleurs que le Niger a déjà apporté une importante contribution à travers notre communauté de langue et de valeurs qu'est la francophonie, qui a vu le jour au Niger en 1970 avec la création de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique, à l'initiative d'un illustre nigérien.
Le Président Nicolas Sarkozy répond à la presse indépendante nigérienne
Vendredi, 27 Mars 2009 13:37
Dans le cadre de sa visite au Niger, M. Nicolas Sarkozy, Président de la République française a bien voulu répondre aux questions de la presse indépendante du Niger. Il a parlé des relations tendues, un moment, entre le Niger et la France,
de la lutte contre le terrorisme dans le Sahara avec les activités de Al Qaïda, de la notion « réseaux françafricains », de l’immigration choisie, de la bonne santé du franc CFA malgré la crise financière, des élections à venir au Niger et bien sûr des intérêts énergétiques de la France au Niger,du fait que l’uranium produit au Niger alimente les centrales nucléaires françaises.
Réponses de Nicolas Sarkozy aux questions de LIBERATION-NIGER, ALTERNATIVE, LE REPUBLICAIN et LA ROUE DE L’HISTOIRE.
1 - Depuis quelques années, les relations entre la France et le Niger sont tendues du fait de l’implication présumée de votre pays dans la résurgence de la rébellion armée au Nord. On se rappelle que trois Français, deux journalistes et un réalisateur, avaient été emprisonnés, les programmes de RFI suspendus à deux reprises, MSF France fermée, et deux responsables d’AREVA expulsés du Niger. Votre visite est-elle destinée à redorer le blason de la France ?
Les relations entre la France et le Niger ne s’analysent pas en termes de blason, doré ou pas. Ma visite vise à marquer l’importance particulière que j’attache à la relation avec le Niger. Je pense que nous sommes à une nouvelle étape d’un partenariat entre nos deux pays qui s’inscrit dans la durée.
AREVA vient de s’engager pour plusieurs décennies dans un nouveau projet qui va permettre au Niger de doubler sa capacité de production d'uranium. Les investissements envisagés sont considérables et auront un impact sur l’ensemble de l’économie nigérienne. Ces nouvelles activités doivent aussi contribuer au développement des infrastructures et de la production énergétique.
Il est naturel que le gouvernement français encourage et accompagne ces projets qui doivent bénéficier au Niger et à la France.
Pour répondre à la première partie de votre question, je ne vais pas chercher à nier qu’il y a eu ces dernières années entre nos deux pays des incompréhensions et des irritants. Tous les exemples que vous citez sont cependant de nature très différente et ne concernent largement pas tous les relations entre Etats.
MSF, par exemple, est une ONG. Cette organisation est par définition « non gouvernementale ». Elle est très attachée à son indépendance, et ses responsables n’ont pas souhaité que la question de leur activité au Niger soit évoquée à un niveau politique entre les deux Etats.
La question de RFI a fait l’objet de toute l’attention des autorités françaises. Vous aurez noté que, depuis l'automne dernier, bien des choses ont changé. Les malentendus semblent dissipés et la station a su retrouver toute sa place. Par ailleurs, la justice nigérienne a poursuivi sereinement son activité et le correspondant a retrouvé sa liberté.
Les autres exemples que vous citez ont aussi un rapport avec la situation dans le Nord du Niger et la perception de ce que serait la position française sur le sujet.
La position du gouvernement français est très claire et j’ai déjà eu l’occasion de le dire au Président Tandja.
Le Niger est une démocratie vivante dans laquelle il existe de nombreux canaux pour faire valoir son point de vue ou ses revendications sans avoir besoin de poser des mines. Il n'est pas acceptable que des individus ou des groupes prétendent défendre par les armes des idées ou des revendications qu'ils peuvent promouvoir par la voie des urnes. D'ailleurs, l'année 2009 va être riche en élections au Niger et permettra à tout un chacun de défendre ses idées par la voie du suffrage.
2 - Aujourd’hui, on constate un regain d’insécurité dans le Sahara, avec les activités de Al Qaida au Maghreb qui a notamment revendiqué l’enlèvement de deux diplomates de l’ONU et de leur chauffeur nigérien, et de quatre touristes européens. Quel peut être l’apport de la France pour aider les pays du Sahara à combattre cette insécurité grandissante ?
Ces enlèvements sont inacceptables. Ils sont le signe, comme vous le soulignez, d’un regain d’insécurité préoccupant.
L'espace sahélo-saharien connaît un accroissement considérable et inquiétant de toutes les formes de trafics. Les gouvernements de la région auraient intérêt à coopérer entre eux, d'abord en matière d'échange d'informations, en termes de communication et bien évidemment au plan opérationnel.
Dans le développement de tels trafics, au-delà des pays où ils se déroulent et qui sont donc gravement affectés, tous les pays du monde sont ou peuvent être potentiellement touchés, à travers leurs ressortissants et à travers leurs intérêts.
Il est donc impératif que toutes les formes de la coopération internationale soient mobilisées en la matière.
C’est dans ce but que nous avons organisé en novembre dernier, à Niamey, avec nos partenaires nigériens, un grand séminaire régional consacré à la lutte contre tous les trafics et contre le terrorisme, qui associait tous les acteurs de terrain concernés de la dizaine de pays représentés.
Plus largement, la coopération française, qu'elle soit tournée vers la coopération militaire et plus globalement de sécurité, ou qu'elle vienne en appui au renforcement des capacités institutionnelles (décentralisation ou justice par exemple), contribue à consolider ce qui représente le cœur des besoins : le renforcement des capacités de souveraineté de l'Etat. Ce renforcement doit naturellement se combiner avec toutes les actions que nous conduisons pour accompagner les efforts de développement.
Ce travail en profondeur de la consolidation des moyens de souveraineté sera poursuivi et ajusté en fonction des besoins nouveaux qui apparaissent, compte tenu des modes, eux-mêmes nouveaux, de développement des trafics.
Il est évident que la place et l'ampleur prises par les trafics de drogue notamment, constituent un facteur de déstabilisation, et donc de risque majeur. Les interactions entre ces trafics, qui brassent des sommes colossales, et toutes les formes de terrorisme, souvent associées à la montée du fondamentalisme, créent une nouvelle donne dangereuse pour les Etats, et à laquelle il faut faire face en commun.
3 - Plusieurs pays africains francophones sont secoués actuellement par des crises politico-militaires. C’est le cas de Madagascar, du Tchad, de la Guinée Conakry…
Ces crises ont-elles un lien avec les activités des réseaux françafricains?
La notion des « réseaux françafricains » relève clairement du fantasme. De quoi parle-t-on vraiment ?
Soit vous considérez que les réseaux que vous mentionnez traduisent une relation étroite et privilégiée que la France et les Français garderaient avec l’Afrique, et dans ce cas vous faites partie vous-même de ces réseaux.
Soit vous soupçonnez qu’il existerait une sorte d’organisation secrète, chargée de mener à bien un vaste complot et vous êtes alors dans le domaine de la science-fiction.
Conjointement à cette vision irréaliste, la France n’est pas derrière tous les événements de votre continent : elle n’est pas responsable de la longue maladie du Président Conté. Elle n’arme pas la rébellion tchadienne, elle n’a pas envoyé de manifestants place du 13 mai à Madagascar.
Pour son inventeur, le Président Houphouët–Boigny, ce concept de « Françafrique » faisait référence à l’amitié et à la proximité, pas à une quelconque signification négative telle que vous lui donnez aujourd’hui. En raison du manque de transparence qui a pu exister dans les relations entre la France et l’Afrique, ce concept est devenu pour beaucoup synonyme d’un soi disant complot permanent contre l’Afrique et qui serait responsable de tous ses malheurs et de tous ses échecs.
Cette perception irréaliste ne changera que si chacun de nous, Français et Africains, le souhaitons. C’est mon cas. Je souhaite que la France et l’Afrique puissent entretenir des relations équilibrées et décomplexées. Cinquante ans après les indépendances, ce souhait me semble raisonnable.
Pour sortir des fantasmes et des procès d’intention, il faut être clair et transparent sur ce que sont les intérêts et les objectifs de la France en Afrique. C’est ce que j’ai fait en décrivant l'année dernière, devant le Parlement sud-africain, les intérêts de sécurité, les intérêts économiques et les intérêts stratégiques de la France en Afrique.
Car en Afrique, comme sur tous les continents, la France a des intérêts qui n’ont rien d’inavouable.
Chacun sait par exemple que la France a des intérêts énergétiques au Niger, du seul fait que l’uranium produit au Niger alimente les centrales nucléaires françaises.
La France souhaite pouvoir continuer à participer à l’exploitation de l’uranium, nigérien mais elle souhaite le faire en toute transparence. C’est pour le souligner que j’ai décidé de rencontrer lors de mon séjour les acteurs publics et la société civile impliqués dans l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives.
Chacun doit savoir ce que les activités d’AREVA au Niger rapportent au budget nigérien afin de pouvoir en suivre l’usage, de pouvoir s’assurer que le Niger reçoit une juste rémunération pour ses ressources et de pouvoir comparer avec la manière dont d’autres intervenants opèrent.
C’est dans le même souci de transparence que j’ai souhaité engager la renégociation des accords de défense avec nos partenaires africains. Le premier accord renégocié vient d’être signé. Cet accord et les suivants seront soumis à la ratification du Parlement et seront publiés.
Pour en revenir aux crises. Il est vrai que la démocratie a été fragilisée dans plusieurs pays francophones d’Afrique et c’est un motif d’inquiétude. J’espère sincèrement que les prochaines élections au Niger viendront démontrer que la tendance profonde est plutôt au renforcement et à la consolidation de la démocratie dans l’espace francophone.
4 - La politique de l’immigration choisie prônée par la France n’est-elle pas contraire aux principes des Droits de l’Homme dont votre pays est pourtant le berceau de la Déclaration universelle ?
La France est une terre d’immigration et d’asile depuis un siècle et demi. Cette immigration est une composante importante de notre identité nationale et républicaine car il s’est toujours agi d’une immigration intégratrice.
Toutes les démocraties modernes ont mis en place une politique de régulation des flux migratoires, y compris en Afrique. La France doit assumer pleinement ce choix pour réussir le pari de l’intégration.
La France s’est prononcée pour une immigration légale, pleinement consentie, adaptée à notre capacité d’accueil en termes de logement et d’emploi pour pouvoir accueillir les migrants dans les meilleures conditions en termes de dignité, de sécurité, d’éducation, de soins et de protection du travail.
Cette immigration doit également être consentie par les pays de départ des migrants qui n’ont pas intérêt non plus à voir partir les éléments les plus dynamiques ou les mieux formés.
La gestion des flux migratoires doit être concertée entre pays de départ et pays d’arrivée. C’est l’objet des accords que nous négocions avec différents pays d’Afrique.
Rien de ce que je viens de vous expliquer ne porte atteinte aux droits de l’Homme. Prétendre que la mise en place d’une gestion concertée des flux migratoires constituerait une violation des droits de l’Homme tout simplement faux.
Je sais que la question de l’immigration est très sensible dans les pays d’Afrique francophone en raison des liens particuliers qui nous lient et de notre familiarité réciproque. Certains revendiquent même sur cette base une sorte de « droit à la France » ou de discrimination positive francophone.
Les dernières dispositions relatives au regroupement familial prévoient la mise en place de tests de langue française dans les pays source qui, naturellement, favorisent les ressortissants des pays francophones.
5 - Quel impact la crise économique et financière internationale peut-elle avoir d’une part sur l’aide publique au développement de la France, et d’autre part sur l’avenir du Franc CFA arrimé à l’Euro.
Sur la première partie de votre question : la France entend maintenir ses objectifs en dépit des contraintes financières auxquelles nous faisons face. Il ne s’agit pas seulement de l’aide publique au développement mais de tous les engagements financiers publics. Je me suis engagé l’année dernière au doublement des engagements de l’Agence Française de Développement en Afrique pour les porter à 10 milliards d’euros sur 2008-2012. La réalisation de ce montant passera notamment par la mise en œuvre de l’« initiative pour le soutien à la croissance en Afrique » qui entre en vitesse de croisière cette année. Cette initiative se distingue à la fois par son ampleur et son caractère novateur, puisqu’elle s’appuie sur des instruments de partage de risque que sont les garanties et le capital risque. Ces deux instruments sont parfaitement adaptés pour soulager les difficultés de financement des PME africaines dans le contexte actuel de défaillance des marchés. Près de 1900 PME africaines devraient, à terme, bénéficier de cette initiative, pour une cible de 300 000 emplois.
Sur la deuxième partie de votre question, relative au Franc CFA, je tiens à rappeler que, depuis sa création en 1945, cette monnaie a fait la preuve de sa solidité et de sa stabilité face aux crises internationales, régionales et nationales qui n’ont pas manqué.
C’est d’ailleurs souvent dans les périodes de crise économique et financière que le système du FCFA démontre le mieux ses avantages. La centralisation des réserves crée une solidarité entre les Etats de l’UEMOA et leur permet de faire face collectivement aux chocs exogènes qui peuvent affecter différemment l’un ou l’autre des membres de l’Union. La parité fixe avec l’euro offre également une stabilité du change très appréciée par les investisseurs. Enfin, la garantie de la convertibilité illimitée par le Trésor français permet le libre transfert des capitaux, ce qui réduit les contraintes de financement externe.
Je voudrais d’ailleurs souligner la bonne santé financière de la zone UEMOA et sa résistance à la crise internationale qui est plutôt meilleure que celle du reste de l’Afrique.
En effet, en dépit d’un contexte international très défavorable, la zone a vu ses réserves de change progresser encore en 2008 : elles représentent près de 5,5 mois d’importations quand d’autres pays africains sont confrontés déjà à un risque de pénurie de devises.
Le Franc CFA a, par ailleurs, protégé les consommateurs et je sais que cette question est très sensible au Niger où la société civile s’est fortement mobilisée dans le passé contre la vie chère.
En 2008, la zone UEMOA a enregistré un taux d’inflation moyen de 7,3 % suite à la flambée des prix du pétrole et des produits alimentaires importés. Ce taux est élevé mais il reste très en deçà de l’inflation à deux chiffres enregistrée par d’autres pays de la sous-région qui ont d’autres monnaies. Sur ce plan, la force du FCFA, lié à l’euro, a constitué un bouclier protecteur contre l’inflation importée qui touche toujours les plus pauvres.
Dans cette période de forte instabilité sur les marchés internationaux, je suis persuadé que le rattachement du FCFA à l’euro et la mutualisation des réserves de change sont une chance pour les pays de l’UEMOA.
En tout état de cause, ce n’est pas à la France, dont le rôle dans la gouvernance des institutions de la Zone franc est clairement délimité, de dicter aux Etats de la Zone franc la conduite de leur politique monétaire.
Le FCFA est la monnaie des Etats de la Zone franc, placée sous leur entière responsabilité. La question de l’avenir du Franc CFA relève d’abord, et surtout, de la responsabilité des Etats africains membres de la zone.
27 mars 2009
Publié le 27 mars 2008
Source : Libération
Sarkozy termine au Niger sa mini-tournée africaine
AFP
27.03.2009, 10h35
Le président français Nicolas Sarkozy s'est rendu vendredi au Niger, un des pays les plus pauvres du monde mais d'une importance stratégique par ses réserves d'uranium, avec l'ambition d'en faire un modèle des liens franco-africains "rénovés" qu'il souhaite imposer.
Après Kinshasa et Brazzaville jeudi, M. Sarkozy est arrivé vendredi en milieu de journée à Niamey pour une visite de quelques heures, troisième et dernière étape de sa mini-tournée africaine.
Il a déjeuné avec son homologue nigérien Mamadou Tandja. Le contrat que vient de signer le groupe français Areva pour l'exploitation à partir de 2012 de la mine géante d'uranium d'Imouraren, dans le nord du pays, devait constituer le point principal des entretiens.
Présent au Niger depuis plus de quarante ans, le numéro un mondial du nucléaire civil nourrit de nombreuses critiques, notamment des ONG qui dénoncent les effets "catastrophiques" de ses activités sur l'environnement, la santé et les populations locales, l'accusant de "piller" les richesses du pays.
Dans ce pays qui fournit plus du tiers du combustible brûlé dans les centrales nucléaires françaises, M. Sarkozy veut casser l'image d'une France "prédatrice".
"Au Niger, la France a des intérêts, elle les assume, elle les promeut, mais en toute transparence", a-t-il assuré dans un entretien accordé au journal nigérien Le Sahel.
Accompagné de la PDG d'Areva Anne Lauvergeon, Nicolas Sarkozy devait participer dans l'après-midi à une réunion de la section locale de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).
"Chacun doit savoir ce que les activités d'Areva au Niger rapportent au budget nigérien", a estimé le président français dans d'autres déclarations à la presse nigérienne.
Les investissements annoncés par Areva à Imouraren, d'un montant initial de 1,2 milliard d'euros, "auront un impact sur l'ensemble de l'économie nigérienne", a-t-il assuré.
Ce contrat a donné lieu a une sévère bataille entre Areva et le gouvernement de Niamey, qui a fait jouer la concurrence pour arracher au groupe français une hausse de 50% du prix d'achat de son uranium.
Nicolas Sarkozy veut également profiter de son court séjour au Niger pour apporter son soutien à Mamadou Tandja, à quelques mois de ce qui doit être, selon la Constitution, son deuxième et dernier quinquennat à la tête du pays.
"C'est lui qui a redonné à la démocratie ses lettres de noblesse dans le pays", a estimé le président français, qui voulait saluer la "stabilité retrouvée" du Niger en rencontrant les chefs de partis réunis au sein du Centre national du dialogue politique (CNDP).
Estimant que "le Niger est une démocratie vivante", il a jugé "pas acceptable" le recours aux armes par les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ).
Nicolas Sarkozy a affiché son intention de faire du Niger un exemple de la relation franco-africaine "rénovée", débarrassée des "pesanteurs du passé" et des "soupçons" qu'il a défendue jeudi à Brazzaville.
Le secrétaire national de l'association Survie, Fabrice Tarrit, n'y a vu lui que la manifestation d'une "Françafrique décomplexée", où "les intérêts économiques de grandes entreprises françaises (priment) sur les questions de démocratie et de droits de l'Homme".
Le président français avait toutefois quitté vendredi matin Brazzaville dans un climat de consensus, ayant satisfait à la fois le pouvoir du président Denis Sassou Nguesso et l'opposition.
Auparavant, à Kinshasa, Nicolas Sarkozy avait tenté de désamorcer la tension née de ses déclarations suggérant un partage "de l'espace" et des "richesses" minières entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda voisin.
AFP
Source le parisien
RFI Revue de presse afrique du 27 mars 2009/Sarko-Niger
« Nicolas Sarkozy a fait ses suggestions pour la région».
Le journaliste fait la comparaison avec Brazzaville un peu plus tard. Là, Denis Sassou Nguesso était à Maya Maya, pour l'accueillir, bien qu'il soit encore en deuil de la perte de sa fille Edith Lucie Bongo Ondimba.
Il y a aussi les envoyés spéciaux de la presse française. Le Figaro explique que « Nicolas Sarkozy a fait ses suggestions pour la région ». N'oublions pas de préciser que la souveraineté du Congo est inaliénable. Sarko, l'Africain, a réussi ainsi à apaiser la susceptibilité congolaise, troublée par le partage de l'espace et des richesses évoqué au début de l'année.
« Sarkozy plaide pour un bon voisinage », titre Le Figaro. A Brazzaville, raconte encore le journal, Nicolas Sarkozy a également développé l'idée d'une relation franco-africaine « renouvelée ».
Autre information à noter ce matin dans la presse française : alors que le Chef de l'Etat est aujourd'hui au Niger, en compagnie d'Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, qui a signé un contrat hier à Kinshasa pour l'exploitation de mines d'uranium... Libération rapporte qu'une plainte a été déposée devant la justice à Paris, par une association touareg et une ONG allemande. L'un des dirigeants d'Areva aurait tenu publiquement des propos plutôt musclés vis à vis des Touaregs, estimant par exemple que l'Etat du Niger doit obtenir les moyens de les mater. Affaire à suivre, notamment le jour de l'audience, le 23 juin.
Le FPN annonce des avancées vers la paix dans le nord du Niger
Afrique de l'Ouest - Niger
Tripoli, Libye - Le président du Front patriotique nigérien (FPN), une faction issue de la scission du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ), Aklou Sidi Sidi, a annoncé jeudi à Tripoli, que les pourparlers engagés depuis deux mois avec les autorités libyennes ont abouti à l'ébauche d'un document-cadre de négociation comportant les conditions d'une paix définitive et durable au Niger.
Le FPN est le deuxième mouvement dissident du MNJ, dirigé par Agli Alambo, après l'annonce de la formation en juin 2008, d'un mouvement baptisé Front des forces de redressement (FFR).
S'exprimant au cours d'une conférence de presse en présence des différents responsables du mouvement, M. Sidi a indiqué que le cadre de négociation comporte aussi un programme détaillé d'exécution de la dynamique de paix, allant du cessez-le-feu immédiat à la remise des armes.
Il a ajouté que le FPN représente la majorité des combattants du MNJ, soulignant sa disponibilité et son engagement pour la mise en oeuvre du processus de paix au Niger.
M. Sidi a réitéré toute la confiance de son mouvement au guide Mouammar Kadhafi, président en exercice de l'Union africaine (UA), haut médiateur permanent de la paix dans l'espace de la Communauté des Etats sahélo- sahariens (CEN-SAD) et Amghar de Kel Tamajakh (titre honorifique chez les touaregs).
Il a déclaré que le FPN a désigné la Libye comme principal médiateur de ce conflit «qui doit trouver sa solution dans un cadre africain et dans l'espace CEN-SAD».
A une question relative aux conditions préalables pour que son mouvement signe la paix avec le gouvernement nigérien, M. Sidi a cité une amnistie générale, la libération de tous les détenus touaregs impliqués dans la rébellion et estimés à 200 personnes, la levée de la mise en garde dans le pays, le cessez-le-feu et la réinsertion dans leurs corps d'origine de l'armée nigérienne de tous les déserteurs.
Dans une déclaration faite à la PANA à l'issue de cette conférence de presse, le président du FPN a indiqué que rien ne vaut la paix au Sahara, affirmant que la paix dans le Sahara doit impliquer tous les pays de la sous- région, notamment le Mali, le Niger, l'Algérie, la Libye, le Tchad et le Burkina Faso.
Il a invité les autorités de ces pays à faire preuve de volonté politique à ce propos, soutenant que toutes les populations et les combattants rebelles touaregs du nord du Niger aspirent tous à une paix juste et durable.
M. Sidi a exhorté le MNJ à s'inscrire dans la dynamique de paix actuellement en cours.
Tripoli - 26/03/2009
Pana
Le nucléaire ne rapporterait pas
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Jeudi 26 Mars 2009 Par Gaël VAILLANT
LeJDD.fr
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Fleuron de l'industrie française, le nucléaire, incarné par Areva, est-il rentable sur le long terme? A cette question, le réseau "Sortir du nucléaire", soutenu par plusieurs personnalités politiques de l'opposition, répond par la négative. Une position qui interpelle au moment où Nicolas Sarkozy est en visite officielle au Niger, où Areva va exploiter la plus grande mine d'uranium du monde.
Le réseau d'associations ''Sortir du nucléaire'' dénonce les zones d'ombres d'Areva. (Reuters)Le réseau d'associations ''Sortir du nucléaire'' dénonce les zones d'ombres d'Areva. (Reuters)
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Mauvaise presse pour Areva?
"Areva, c'est la World Company des Guignols", a lancé mardi Olivier Besancenot lors d'une conférence de presse sur l'implantation africaine du géant français de l'énergie. Un sujet d'actualité puisque Nicolas Sarkozy va défendre, ce vendredi, en personne, les affaires d'Areva au Niger. L'entreprise compte y créer la plus grande mine d'uranium au monde. Stéphane Lhomme, du réseau "Sortir du nucléaire", a voulu pointer le "problème" en présence de tous ses "amis" politiques, à l'exception de José Bové, excusé. Aux côtés du leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Corinne Lepage (Cap 21), Cécile Duflot, Hélène Flautre (Verts), et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ont tous répondu présent pour défendre - malgré leurs différences politiques - une même conviction: la France prend un retard considérable en termes d'énergie et sa forte position actuelle sur le marché du nucléaire ne constituerait en rien un gage sur l'avenir.
Au-delà du thème de la "Françafrique", les intervenants ont porté le débat sur le plan économique. "Beaucoup avancent comme argument la rentabilité du nucléaire, mais aucun spécialiste, même partisan de ce type d'énergie, ne peut argumenter une telle position", prétend Stéphane Lhomme. Selon lui, le nombre de centrales a baissé de 465 à 435 en deux ans. Malgré le lancement par Areva de l'EPR, représentant la nouvelle génération de réacteurs, le nombre d'anciens sites qui ferment pour cause de vétusté, est supérieur à celui des inaugurations de centrales.
Aucune étude officielle sur le nucléaire français
Plus généralement, le représentant du réseau "Sortir du nucléaire" critique un manque de transparence d'une entreprise qui ne dévoile pas ses chiffres au prétexte du secret-défense. Pour Corinne Lepage, le gouvernement français néglige l'impact économique sur le long terme. "Opter pour le nucléaire est un choix défendable. Mais qu'on l'argumente, qu'on l'étaye... avec chiffres à l'appui!", s'emporte la présidente de la formation centriste Cap21. "Je suis prête à me convertir au nucléaire si une commission indépendante expose à l'Assemblée nationale le bien-fondé économique et écologique de cette énergie", renchérit-elle, affirmant qu'aucun bilan sur la politique nucléaire du pays n'a été envisagé par l'Etat à ce jour.
Au-delà de ce manque de données chiffrées, Corinne Lepage et Jean-Luc Mélenchon soulignent une réalité indéfectible: ce secteur énergétique ne peut pas garantir l'indépendance énergétique de la France comme l'affirme le chef de l'Etat. En effet, Areva importe une partie - et bientôt l'essentiel - de son uranium des mines nigériennes. Selon eux, "c'est la preuve" de la dépendance française, "soumise de surcroît aux aléas politiques propres au Niger". Autrement dit, le conflit entre les autorités de Niamey et les peuples nomades - les Touaregs en particulier - aura une incidence sur le commerce de l'uranium.
Stéphane Lhomme, de ''Sortir du nucléaire'', a toujours été soutenu par Olivier Besancenot. (Maxppp)Stéphane Lhomme, de ''Sortir du nucléaire'', a toujours été soutenu par Olivier Besancenot. (Maxppp)
Solution durable
Après avoir déversé leur flot de critiques, les opposants politiques, invités à la conférence de presse du réseau "Sortir du nucléaire", ont pensé à évoquer des solutions "écolo-économiques". Ils préconisent tous un investissement massif dans les énergies renouvelables, comme l'ont déjà fait nos voisins européens, le Japon ou les Etats-Unis. Barack Obama n'a d'ailleurs pas réservé un seul centime au nucléaire dans ses deux plans de relance. "Les Américains l'ont bien compris: le nucléaire ne rapporte pas sur le long terme", insiste Corinne Lepage.
Pour Jean-Luc Mélenchon, il faut "rompre avec notre modèle capitaliste qui privilégie le productivisme". Un argument repris par Olivier Besancenot, qui dénonce "un commerce énergétiques partagée entre quelques multinationales qui se foutent de l'équilibre budgétaire de la France". Construire des réacteurs EPR ou des immenses mines d'uranium coûte en effet plus cher, pour le contribuable, que le développement des énergies éolienne ou solaire. Une constatation balayée par Nicolas Sarkozy, qui a réitéré le 6 février dernier que le nucléaire, s'il coûtait cher, garantissait l'indépendance énergétique. Un argument implacable qui évite tout débat.
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Réactions à l'article
* vendredi 27 mars - 14h40
Par ibanakal
Uranuim contre touaregs c'est surtout ça l'enjeu et les avions militaires français qui bombardent les nomades du nord niger !!!
* vendredi 27 mars - 12h01
Par poipoi 43
Je n'ai, pas plus que tous les manifestants de ce meeting, aucun élément d'information pour me prononcer avec pertinence sur ce sujet. Mais voir Mme Lepage aux côtés de Mr Besancenot, simplement pour bénéficier de quelques lignes dans les médias et donner l'impression( ou l'illusion) d'exister politiquement !
Dur, dur ce métier.....
* vendredi 27 mars - 11h53
Par valmont
L'indépendance énergétique signifie que l'état français maîtrise davantage sa production et son approvisionnement que ses voisins...
Alors bien sûr la matière première d'une centrale nucléaire c'est l'uranium et qu'il y a donc toujours une dépendance mais elle est nettement plus faible que pour le pétrole/gaz... on dépend tous de quelqu'un d'autre quoi que l'on fasse, qui que 'on soit. A méditer !
* vendredi 27 mars - 10h41
Par marre_journalistes
dans cet article "Barack Obama n'a d'ailleurs pas réservé un seul centime au nucléaire dans ses deux plans de relance"
et voici ce qu'a dit Mr Obama "Il est peu probable que nous pouvons atteindre nos objectifs climatiques ambitieux si nous éliminons l'énergie nucléaire comme option"
(source : http://ipsnouvelles.be/news.php?idnews=10104)
Messieurs les journalistes faites votre travail !
* vendredi 27 mars - 08h12
Par Megaceros
Il n'est pas étonnant que les opposants au nucléaire nous en démontre non seulement la nocivité mais aussi le non-sens économique. Bien sûr, la défense du nucléaire étant assurée par, outre le pouvoir, les industriels du nucléaire et les producteurs d'électricité, leurs arguments seront jugés irrecevables. Il faut effectivement un arbitre impartial mais doucement avec les commissions.
* jeudi 26 mars - 23h25
Par Par par_ici_la_sorti
Il faudra encore une grande catastrophe nucléaire pour qu'on cesse de promouvoir l'énergie nucléaire... Ah, mais on indemnisera les victimes irradiés si elles vivent encore assez longtemps, pour se donner bonne conscience ! Lamentable
* jeudi 26 mars - 23h15
Par par_ici_la_sortie
C'est vraiment une mentalité d'égoïste: La France par le biais d' Areva, va polluer le Niger, le continent Africain, mais ce n'est pas grave, peu importe, ce n'est pas chez nous, et puis comme la pollution s'arrête aux frontières Françaises, pas de soucis!! La mondialisation n'est jamais vue sous un plan écologique et humain, seul le profit immédiat compte pour ces "grands" de ce monde. €€€
Tournée africaine: Nicolas Sarkozy enrichit l'uranium controversé d'Areva
Mine d'uranium à Arlit, au Niger, exploitée par Areva/Pierre Verdy AFP/Archives
NUCLEAIRE - A l'occasion du voyage présidentiel au Niger, les pratiques de l'entreprise suscitent une salve de critiques...
Areva au Niger. Un Etat dans l’Etat. Quarante ans de présence sur le sol aride de ce pays d’Afrique de l’Ouest, deuxième employeur national après l’administration, près de 20% des dépenses de santé... Une passerelle de la Françafrique de Foccart jusqu’aux cimes du CAC 40, des enjeux sociaux, économiques, politiques, environnementaux, et une question forcément délicate pour Nicolas Sarkozy, en visite au Niger ce vendredi, accompagné d’Anne Lauvergeon, PDG d’Areva, venue défendre les pratiques de son entreprise.
Au menu des discussions, «le jackpot», comme disent les ingénieurs d’Areva : l’exploitation du gisement d’Imouraren, qui recèle la moitié des réserves du pays, et dont la production est estimée à 5000 tonnes/an pendant environ 35 ans. Un accord historique pour son exploitation a été signé le 5 janvier 2009, entre le ministre des Mines et de l’Energie, Mohamed Abdoulahi, et la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, à Niamey. Il est intervenu après des mois de tractations et l’intervention de Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises pour rassurer le président nigérien Mamadou Tandja, qui accusait Areva de soutenir la rébellion touareg dans le nord du pays.
«Des dommages environnementaux dramatiques»
Le gisement d’Imouraren s’ajoute à celui à ciel ouvert d'Arlit et à la mine souterraine d'Akokan, tous deux dans le Nord du pays. Il sera ouvert en 2012, créera 1.400 emplois et hissera immédiatement le Niger au deuxième rang des pays producteurs d’uranium dans le monde. Areva détiendra 66,65% de la nouvelle société exploitante du yellow cake, contre 33,35% pour l’Etat du Niger.
Le «jackpot» d’Areva est le cauchemar des ONG. Des organisations nigériennes ont rappelé ce jeudi le groupe français à ses obligations: «Des dispositions ne sont toujours pas prises par rapport à la préservation de l'environnement, ce qui nuit gravement à la santé des populations et des travailleurs des mines. Les populations des zones minières sont préoccupées par le phénomène de radiation et de la pollution des nappes d'eau».
Depuis 2005, la critique en France se fait également de plus en plus sévère. «L’exploitation de l’uranium cause des dommages dramatiques (contaminations, assèchement des nappes phréatiques), et met en danger la santé des mineurs, explique Stéphane Lhomme, du Réseau Sortir du nucléaire. D’immenses quantités de CO2 sont émises lors des opérations d’extraction, de transformation et de transport de l’uranium.»
La question des expropriations
Stéphane Lhomme, qui a réuni plusieurs acteurs politiques de l’opposition mardi dernier (Olivier Besancenot du NPA, Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche, Corinne Lepage de Cap21, Cécile Duflot pour les Verts), double la critique environnementale d’une dénonciation sociale: «Sur le plan économique, le Niger reste l’un des pays les plus pauvres du monde: 45 ans d’exploitation de l’uranium par Areva (auparavant Cogéma), n’ont rien apporté de bon aux populations du Niger, en particulier aux Touaregs, qui sont chassés au profit des activités d’Areva».
Areva se défend de ces expropriations: «Le site se trouve en plein centre d'un désert ‘‘plat’’, sans aucun relief, explique son porte-parole, Yves Dufour, au JDD. Cette immense superficie n'est pas habitée. Et le droit foncier n'étant pas abouti au Niger, peu de personnes possèdent un terrain dans les deux tiers nord du pays.»
Un nouvel accord en RDC
Quant à la visite de Nicolas Sarkozy, Areva confie «qu’elle n'influe en rien sur ces affaires (...). L'entrevue entre les deux chefs d'Etat sera donc une rencontre d'amitié, dans le cadre de relations diplomatiques. Rien de plus.»
Ce jeudi après-midi, Anne Lauvergeon a signé un accord portant sur la recherche et l'exploitation de futures mines d'uranium en République démocratique du Congo (RDC) à l’occasion de la venue de Nicolas Sarkozy. «Un partenariat gagnant-gagnant de valorisation des ressources minières du pays», précise Areva dans un communiqué.
M.Gr.
Sarkozy à Niamey pour consacrer le nouvel accord Areva-Niger
27-03-2009 - 10:36
Reuters
par Yann Le Guernigou
NIAMEY, 27 mars (Reuters) - Nicolas Sarkozy devait arriver vendredi au Niger, un des pays les plus pauvres de la planète mais d'un caractère stratégique pour la France et son géant du nucléaire, Areva CEPFi.PA , dont il est le premier fournisseur d'uranium.
En provenance de Brazzaville, le président français doit être accueilli par son homologue nigérien Mamadou Tandja pour cette dernière étape sahélienne d'une tournée africaine de deux jours entamée jeudi matin à Kinshasa.
Cette visite est directement liée à l'accord signé début janvier après d'âpres négociations par Areva, qui va investir 1,2 milliard d'euros pour exploiter le deuxième gisement d'uranium au monde, à Imouraren dans le nord du pays.
Le gouvernement de Niamey détiendra un tiers de cette mine, qui devrait produire 5.000 tonnes d'uranium par an à partir de 2012.
Nicolas Sarkozy, qui a décidé récemment de doter la France d'une deuxième centrale nucléaire de nouvelle génération (EPR) après celle en cours de construction à Flamanville, dans la Manche, a déclaré à la presse nigérienne que l'accord sur Imouraren marquait "une nouvelle étape" dans les relations entre Paris et Niamey.
La visite du chef de l'Etat a été condamnée par les anti-nucléaires français, qui ont accusé cette semaine Areva, qui exploite des gisements depuis un demi-siècle dans le nord du Niger, de contaminer les villages touaregs et les réserves d'eau de la région.
JUSTE RÉMUNÉRATION
Une association touareg et une ONG allemande de défense des droits de l'homme ont d'autre part intenté des poursuites contre le groupe français et un de ses représentants locaux pour provocation à la discrimination, à la haine et à la violence raciales.
Conformément à sa volonté affichée de refondation des relations entre la France et l'Afrique, Nicolas Sarkozy a souligné la transparence qui a entouré, selon lui, la signature du contrat d'Imouraren.
Au cours de son séjour de quelques heures, il participera, en compagnie de la présidence du directoire d'Areva Anne Lauvergeon, à une réunion du comité nigérien de l'Initiative internationale pour la transparence des industries extractives (ITIE).
"Chacun doit savoir ce que les activités d'Areva au Niger rapportent au budget nigérien afin de pouvoir s'assurer que le Niger reçoit une juste rémunération pour ses ressources", a-t-il dit à la presse nigérienne, ajoutant que cela permettrait aussi "de pouvoir comparer avec la manière dont d'autres intervenants opèrent".
"Les investissements importants d'Areva peuvent contribuer à régler deux des gros goulots d'étranglement de l'économie nigérienne qui sont l'enclavement et le manque d'électricité", a-t-on encore déclaré de source française.
Dans son interview à des journaux locaux, le président français a par ailleurs condamné sans appel les agissements du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ), un groupe rebelle touareg actif depuis début 2007 et qui réclame un partage plus équitable des ressources du nord du pays.
"Le Niger est une démocratie vivante dans laquelle il existe de nombreux canaux pour faire valoir son point de vue ou ses revendications sans avoir besoin de poser des mines. Il n'est pas acceptable que des individus ou des groupes prétendent défendre par les armes des idées ou des revendications qu'ils peuvent promouvoir par la voie des urnes", a-t-il dit.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)
((Service Informations générales. Tél 01 49 49 53 68. paris.newsroom@reuters.com. Reuters Messaging : yann.leguernigou.reuters.com@reuters.net))
Sarkozy quitte Brazzaville dans un climat de consensus pour le Niger
Romandie News
BRAZZAVILLE - Après sa visite éclair en RD Congo puis au Congo-Brazzaville, le président français Nicolas Sarkozy est parti vendredi au Niger où il deviat être question des mines d'uranium exploitées par le groupe Areva et de l'insécurité grandissante dans la région.
Le président français a quitté Brazzaville dans un climat de consensus, ayant satisfait le pouvoir comme l'opposition dans un pays longtemps symbole de la "Françafrique".
Accueilli en grande pompe par Denis Sassou Nguesso, Nicolas Sarkozy a parlé d'une d'une relation franco-africaine "rénovée", débarrassée des "pesanteurs du passé" et des "soupçons".
Le pouvoir en a profité pour promettre d'organiser ce qu'il refusait jusque là: un dialogue national sur l'organisation des prochaines élections présidentielles.
L'opposition a applaudi. "M. Sarkozy n'est pas venu pour donner des instructions avec une idée paternaliste de la France d'hier. Il est venu pour nous écouter, pour nous aider à nous parler (ndlr: pouvoir et opposition)", s'est notamment félicité le représentant première formation de l'opposition, Pascal Tsaty Mabiala. Il s'est dit "satisfait" de la visite du président français.
Auparavant, à Kinshasa, Nicolas Sarkozy avait tenté de désamorcer la tension née de ses déclarations suggérant un partage "de l'espace" et des "richesses" minières entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda voisin.
Au Niger, dernière étape de cette mini-tournée africaine, le président Français avait un programme chargé, avec les dossiers des groupes rebelles, les élections présidentielles et surtout celui de l'exploitation de l'uranium.
Le numéro un mondial du nucléaire, le Français Areva, vient de signer un contrat pour l'exploitation de la mine géante d'Imouraren, dans le nord du pays, mais de nombreuses voix se sont élevées pour dire que la France ne redistribue pas assez au Niger les bénéfices qu'elle tire de l'extraction.
Pour casser l'image d'une France "prédatrice", le chef de l'Etat participera, avec la PDG du groupe français Anne Lauvergeon, à une réunion de la section locale de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).
Sur le plan politique, le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis 10 ans, arrive au bout de son mandat. Des proches du président veulent changer la Constitution pour lui permettre de rester alors que l'opposition réclame son départ.
A un carrefour stratégique de l'Afrique, le Niger est aussi engagé dans un processus de paix entre le pouvoir et les rebelles touaregs dans le nord tandis que la zone frontière avec le Mali est le théâtre d'enlèvements d'étrangers.
(©AFP / 27 mars 2009 12h08)
Romandie News
Niger : des ONG interpellent Areva
AFP - 26/03/2009
jeudi 26 mars 2009
Des organisations nigériennes ont appelé Areva à prendre des dispositions pour préserver l’environnement et la santé des riverains des mines d’uranium que la société française exploite depuis 40 ans dans le nord du Niger. "Des dispositions ne sont toujours pas prises par rapport à la préservation de l’environnement, ce qui nuit gravement à la santé des populations et des travailleurs des mines", a dénoncé dans un communiqué le Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB).
"Les populations des zones minières sont préoccupées par le phénomène de radiation et de la pollution des nappes d’eau", poursuit le réseau à la veille d’une visite du président français Nicolas Sarkozy à Niamey. Au Niger, troisième producteur mondial d’uranium, Areva exploite deux gisements, l’un à ciel ouvert à Arlit et l’autre souterrain à Akokan, près d’Arlit. Ils ont produit plus de 100.000 tonnes d’uranium depuis le début de leur mise en valeur. Une vive polémique oppose depuis des années Areva à plusieurs ONG, nigériennes et françaises, qui accusent le groupe de "négligences" en matière de protection sanitaire et environnementale.
Niger : Des prisonniers pour faits de rébellion libérés
Le Républicain Niger-26-03-09
jeudi 26 mars 2009
On n’a pas encore de chiffre exact. Mais ils sont nombreux à avoir été libérés en début de semaine. Repartis dans plusieurs prisons du pays après avoir été arrêtés dans le cadre de la rébellion armée qui sévit dans le Nord du pays depuis février 2007, ils sont nombreux les détenus qui ont recouvré la liberté.
Cette libération collective intervient dans la perspective des négociations de paix entre le gouvernement nigérien et les factions rebelles.
D’ores et déjà, les représentants de celles-ci sont à Tripoli, siège des négociations. Ils seront rejoints par des officiels nigériens composés de ministres et d’officiers des Forces de défense et de sécurité.
Les négociations s’ouvriront dans les jours à venir. La paix est vraiment en marche au Niger. Visiblement, le président Tandja entend laisser un pays en paix à son successeur.
jeudi 26 mars 2009
Déclaration du Front Patriotique Nigérien (FPN)-26-03-09
jeudi 26 mars 2009
DECLARATION (rendue publique devant la presse internationale)
La partie septentrionale de notre pays le Niger, connaît depuis deux ans une situation de conflit armé préjudiciable à la vie de la nation et au tissu socio économique des populations.
Cette situation de guerre favorise le développement des réseaux mafieux aux conséquences incalculables et dramatiques qui font de la partie nord du Niger un no man’s land incompatible avec le bien être et le développement socio économique.
En effet, les populations de la zone nord, meurtries par ce conflit, aspirent aujourd’hui plus que jamais à un retour sincère de la paix, de la sécurité et de la relance du développement social et économique.
Compte tenu de cet état de fait, nous combattants de la lutte armée, réunis au sein du front patriotique Nigérien (FPN), déclarons avoir engagé depuis deux mois déjà des pourparlers avec les autorités Libyennes dans le but de donner une chance à l’amorce d’une dynamique de paix au Niger.
Ces pourparlers ont abouti à l’ébauche d’un document cadre de négociation comportant les conditions du retour d’une paix définitive et durable au Niger ainsi qu’un programme détaillé d’exécution, allant du cessez le feu immédiat à la cérémonie officielle de remise d’armes.
Nous profitons de cette occasion pour :
- 1/ Réitérer toute notre confiance au guide de la révolution libyenne son excellence Mouammar El Kadhafi, président de l’union Africaine, responsable du règlement des conflits dans l’espace CEN – SAD et Amghar des Kel Tamajakh.
- 2/ Réaffirmer toute notre disponibilité et notre engagement quant à la mise en oeuvre du processus de paix dans notre pays.
- 3/ Proclamer solennellement que le FPN désigne la Grande Jamahiriya arabe libyenne comme médiateur principal dans le règlement de ce conflit qui doit trouver sa solution dans un cadre africain et particulièrement dans l’espace Cen-Sad.
Fait à Tripoli le 26 Mars 2009,le Front Patriotique Nigérien (FPN)
Areva défend son action au Niger
Propos recueillis par Gaël VAILLANT
leJDD.fr
No Comment
Depuis neuf mois, le réseau Sortir du nucléaire dénonce, en France, les dégâts causés par la mise en exploitation du gisement d'Imouraren au Niger, dans la région d'Arlit. Yves Dufour, porte-parole de la mine d'Areva, a répondu, pour leJDD.fr, aux militants anti-nucléaire, estimant que les populations locales bénéficient des investissement du géant français de l'énergie.
Anne Lauvergeon, patronne d'Areva, sera avec Nicolas Sarkozy vendredi au Niger.
Stéphane Lhomme du réseau Sortir du nucléaire a affirmé mardi, lors d'une conférence de presse en présence de plusieurs personnalités politiques, que la mise en exploitation du gisement d'Imouraren avait entraîné l'expropriation des populations locales au bénéfice d'Areva...
Avant de contrer cet argument, il faut replacer la mine dans son contexte géographique. Le site se trouve en plein centre d'un désert ‘plat', sans aucun relief. Cette immense superficie n'est pas habitée. Et le droit foncier n'étant pas abouti au Niger - même si l'Etat est en train de mener une réflexion de fond sur le sujet -, peu de personne possède un terrain dans les deux tiers nord du pays. Si les populations locales, majoritairement nomades, n'ont quasiment pas de biens fonciers, elles défendent en revanche des zones de pâturages, qui se situent au niveau des oueds [des cours d'eau très irréguliers qui sont alimentés par de rares et fortes précipitations]. Un sujet sur lequel nous avons beaucoup travaillé. Nous avons organisé plusieurs journées d'audience publique et nous avons réussi à délimiter une surface d'exploitation qui ne risque pas de gêner les éleveurs.
Mais une mine demandant beaucoup d'eau, le site d'Areva ne risque-t-il pas de fragiliser les pâturages en pompant leur source d'approvisionnement?
L'eau sera de toute évidence le principal enjeu écologique du XXIe siècle. Et les géologues d'Areva travaillent depuis plus de 40 ans pour minimiser l'impact de l'industrie sur l'environnement. Mais affirmer que nous allons assécher la région d'Arlit n'a pas de sens. Les nappes phréatiques de ce bassin sédimentaire sont alimentées par les oueds. Techniquement, les eaux qui s'écoulent de la surface se retrouvent dans des aquifères [couches souterraines suffisamment poreuses pour emmagasiner des liquides]. Lorsqu'on creusera le gisement d'Imouraren, nous toucherons cinq aquifères seulement, la région en comportant des centaines. Par ailleurs, nous utiliserons, pendant les 35 ans prévus par le contrat d'exploitation du gisement d'Imouraren, près de trois millions de mètres cubes d'eau. Pour information, nos spécialistes ont estimé que l'intégralité du bassin comptait près de huit milliards de mètres cubes d'eau... Certes, nos détracteurs ont raison sur un point: les nappes phréatiques que nous exploitons sont dites fossiles, c'est-à-dire qu'elle vont mettre 200 ans à se recharger. Mais c'est pour ça que nous poussons les autorités nigériennes et la communauté internationale à lancer un plan pour la gestion régionale de l'eau sur le long terme.
Au-delà de la critique écologique, le réseau Sortir du nucléaire accuse votre entreprise de faire le jeu des autorités nigériennes en isolant politiquement les Touaregs...
Nous avons travaillé avec les populations nomades, qui ne sont pas forcément des Touaregs d'ailleurs, bien avant le début de la ‘rébellion' qui s'oppose à Niamey. Le conflit n'est pas bon tant pour l'économie locale que pour l'exploitation des richesses. Ainsi, Areva a investi d'importantes sommes sur place pour que les nomades ou semi-sédentaires tirent eux aussi bénéfices des exploitations minières. Avant tout, le site d'Imouraren a permis de créer près de 1400 emplois, du simple minier au chimiste. 90% de ces postes, y compris ceux à responsabilité, sont occupés par des Nigériens. Il faut ajouter à ce chiffre la masse d'emplois supplémentaires des entreprises sous-traitantes, soit plus de 5000 personnes concernées. En plus de créer de l'embauche, Areva a aussi développé la formation. Nous soutenons toujours l'Ecole des mines de l'Aïr, qui permet aux Nigériens de suivre une formation supérieure de qualité. Nous avons également conclu des partenariats avec des associations touarègues qui, sur place, proposent des "écoles nomades". Mais cet accès à l'Education pour les populations locales reste limité car, au-delà du secondaire, il faut placer son enfant en ville. Une différence culturelle que ne peut pas accepter une partie des Touaregs. Et Areva ne peut pas éduquer tout le Niger...
Beaucoup critiquent l'investissement de Nicolas Sarkozy, qui lors de son voyage officiel en Afrique, va faire un détour par Niamey pour soutenir, selon vos détracteurs, le contrat d'Areva au Niger. La venue du président était-elle essentielle à la mise en exploitation du gisement d'Imouraren?
Areva est partenaire économique de l'Etat nigérien depuis quarante ans. Donc non, la visite du président de la République n'influe en rien sur ces affaires. Il faut savoir que la convention minière autorisant la mise en exploitation a été signée en janvier dernier, et que deux conseils d'administration du site d'Imouraren ont eu lieu depuis début mars. En revanche, c'est à cause de la présence d'une grande entreprise française qui investit beaucoup dans son pays que Mamadou Tandja [le président nigérien] a émis le désir de rencontrer Nicolas Sarkozy en compagnie d'Anne Lauvergeon [P-DG d'Areva]. L'entrevue entre les deux chefs d'Etat sera donc une rencontre d'amitié, dans le cadre de relations diplomatiques. Rien de plus.
JDD.fr
Nicolas Sarkozy en visite en Afrique
© France 3
Nicolas Sarkozy a entamé jeudi à Kinshasa une tournée éclair en Afrique, qui le mène ensuite à Brazzaville et Niamey
Il a notamment salué la "décision courageuse" de la République démocratique du Congo (RDC) d'avoir invité le Rwanda à une opération militaire conjointe pour pacifier l'est et appelé à un "nouvel élan" de la coopération régionale.
Nicolas Sarkozy espère apporter sa pierre au règlement du conflit qui ravage l'est du pays.
En République démocratique du Congo, le président français désire également dissiper, auprès de son homologue Joseph Kabila et devant le Parlement, le malentendu suscité par une initiative de paix malheureuse qui a irrité Kinshasa en janvier. Le président français avait alors suggéré un "partage des richesses" entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, suscitant un tollé à Kinshasa qui y avait vu une tentative d'amputer son territoire. Aujourd'hui, il n'est plus question que de coopérations "pratiques" et non plus d'une exploitation conjointe des ressources minières du Kivu.
Nicolas Sarkozy a aussi pour ambition de montrer que la page de la "Françafrique" a été tournée et de jeter les bases d'un nouveau modèle de relations franco-africaines.
Après son passage à Kinshasa, direction Brazzaville pour Nicolas Sarkozy. "Le président se rendant à Kinshasa, il eût été malvenu et inamical de tourner le dos à Brazzaville", a-t-on fait remarquer à l'Elysée. Une visite délicate, Paris devant éviter qu'elle passe pour un soutien déguisé au président Denis Sassou Nguesso, après les contestations des derniers scrutins. Le président congolais est par ailleurs accusé par des ONG d'avoir acquis des propriétés immobilières en France en détournant de l'argent public.
Après une nuit à Brazzaville, Nicolas Sarkozy se rend vendredi au Niger, où il doit être question de démocratie, à quelques mois de la fin prévue du dernier mandat du président Mamadou Tandja, et surtout d'uranium. Le numéro un mondial du nucléaire, le français Areva, vient de signer un contrat pour exploiter la mine géante d'Imouraren. "L'idée est de montrer que, si la France a des intérêts économiques au Niger, ils bénéficient le plus possible au développement du pays et de sa population", proclame l'Elysée.
Plusieurs partis de gauche ont dénoncé mardi les conditions de l'exploitation de l'uranium au Niger par Areva, avant la visite du président français à Niamey. "L'exploitation est une catastrophe sanitaire, environnementale et pour les droits des peuples (...) Areva pollue l'eau, contamine les terres des Touaregs, laisse des dépôts d'extraction dangereux sans confinement, et le suivi sanitaire de ses salariés est très insuffisant", alors que le Niger reste un des pays les plus pauvres du monde, a accusé la députée européenne des Verts Hélène Flautre.
Dans un rapport publié en 2005, plusieurs ONG ont mis en cause les "négligences" du groupe nucléaire au Niger en matière de protection sanitaire et environnementale.
Par ailleurs, plusieurs ONG ont dénoncé mercredi une "Françafrique décomplexée", très éloignée des discours présidentiels sur une "rupture" avec les pratiques du passé. Les 12 ONG de la plateforme citoyenne France-Afrique, notamment, ont demandé un contrôle parlementaire de la politique française en Afrique et regrettent que les modalités de la réforme de la coopération militaire "restent floues".
Ces ONG, parmi lesquelles le Comité catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD-Terre solidaire), Oxfam France-Agir Ici et le Secours Catholique-Caritas, se sont montrées particulièrement sévères concernant l'escale de Nicolas Sarkozy au Congo-Brazzaville.
Sarkozy au Niger pour assister à la signature de la convention avec Areva
par JA08, le 26 Mars 2009 à 13:43
Le Réseau "Sortir du nucléaire" a invité plusieurs personnalités politiques et de la société civile à s’exprimer, lors d’une Conférence de presse, juste avant le déplacement de M. Sarkozy au Niger fin mars. A cette occasion, M. Sarkozy doit assister à la signature de la convention entre le gouvernement du Niger et le groupe Areva pour l’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren, au nord du Niger.
L’objectif est d’extraire environ 5000 tonnes par an, ce qui en ferait la première mine d’uranium du monde. La société Areva a annoncé la création d’une société mixte dont elle détiendra plus de 66 % du capital contre seulement 33% pour le Niger lequel reste donc sous domination néocoloniale.
D’ailleurs, sur le plan économique, le Niger reste l’un des pays les plus pauvres du monde : 45 ans d’exploitation de l’uranium par Areva (auparavant Cogéma) n’ont rien apporté de bon aux populations du Niger, en particulier aux Touaregs, habitants traditionnels des régions du Nord du Niger, qui en sont chassés au profit des activités d’Areva.
Sur le plan environnemental, l’exploitation de l’uranium cause des dommages dramatiques (contaminations, assèchement des nappes phréatiques), et met en danger la santé des mineurs et des populations locales. De plus, d’immenses quantités de co2 sont émises lors des opérations d’extraction, de transformation et de transport de l’uranium.
A ce sujet, le Réseau "Sortir du nucléaire fait la lumière sur la surprenante "route de l’uranium", lequel est transféré du Niger vers la France par camions (1600 km à travers l’Afrique), bateaux, trains, en passant par Cotonou (Bénin) puis Nantes, Narbonne, Tricastin... Notons enfin que, du fait de l’importation del’uranium (le combustible des centrales), le nucléaire ne contribue pas à l’indépendance énergétique de la France.
HNS info
La politique africaine de Nicolas Sarkozy tarde à rompre avec une certaine opacité
Philippe Bernard-Le Monde-25-03-09
jeudi 26 mars 2009
En apparence, "l’Afrique de Papa" a eu raison de Nicolas Sarkozy. Trois ans après le discours de Cotonou (Bénin), où le candidat à l’Elysée avait promis l’avènement d’"une relation nouvelle (...), équilibrée, débarrassée des scories du passé", le président, qui s’envole jeudi 26 mars pour son quatrième voyage en Afrique noire, n’agite plus la bannière de la "rupture" avec la tradition d’opacité des relations africaines de la France postcoloniale.
Dès juillet 2007, le Gabon, dont le chef de l’Etat a été installé par le général de Gaulle en 1967, avait eu le privilège de son premier déplacement. Aujourd’hui, le Congo de Denis Sassou Nguesso, autre président contesté mais ami de la France, s’apprête à recevoir l’onction élyséenne à quelques semaines de l’élection présidentielle. Et l’uranium sera au coeur de l’escale prévue, vendredi, au Niger, où le groupe Areva vient de signer un contrat important.
Symbole de ce renoncement à l’aggiornamento annoncé, Robert Bourgi, l’héritier des réseaux gaullistes de Jacques Foccart, a mis son entregent au service de M. Sarkozy et de la préservation des amitiés et des secrets les moins avouables de la vieille Françafrique.
Amitiés ? Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, assume : "Nous n’avons pas vocation à nous brouiller avec ceux qui sont historiquement nos amis et nous ont rendus de grands services." Les pièces maîtresses de la présence française en Afrique - les présidents Omar Bongo du Gabon, Paul Biya du Cameroun, Blaise Compaoré du Burkina-Faso ou Denis Sassou Nguesso du Congo - peuvent donc toujours compter sur le soutien de Paris.
La manière dont la France a volé au secours du président tchadien Idriss Déby, menacé par des rebelles en février 2008, sans exiger la moindre démocratisation de son régime, illustre la même logique. De même que le silence de Paris sur la répression sanglante des émeutes qui, au même moment, enflammaient la jeunesse camerounaise révoltée par l’instauration de fait d’une présidence à vie par Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Depuis les indépendances, le marché n’a guère changé : le soutien presque aveugle de la France, en échange du maintien d’une influence économique, politique et diplomatique, en particulier à l’ONU.
Fil rouge de la politique africaine de Nicolas Sarkozy, la "diplomatie de la réconciliation" est pourtant loin de se réduire aux manoeuvres florentines de M. Bourgi. Tandis que celui-ci rassure les maîtres de l’ancien "pré carré" français, la cellule diplomatique de l’Elysée représente, quant à elle, la tendance moderniste, favorable à une "refondation" de la politique africaine.
C’est la cellule élyséenne qui est chargée de déminer les dossiers lourds, tels que les contentieux judiciaires avec le Rwanda et l’Angola ou le dégel avec la Côte d’Ivoire. "Pour peser, la France doit parler avec tout le monde, et elle le peut, plus que d’autres pays", plaide Claude Guéant.
Ce sont aussi les diplomates de la cellule qui inspirèrent le discours prononcé par M. Sarkozy en février 2008 au Cap (Afrique du Sud) annonçant la renégociation de tous les accords de défense. Tournée vers l’avenir, cette parole était destinée à compenser les dégâts causés par le discours de Dakar (Sénégal), en juillet 2007, où M. Sarkozy, inspiré par son conseiller spécial, Henri Guaino, avait décrété que "l’homme africain n’(était) pas entré dans l’Histoire".
Quant au discret mais tout-puissant secrétaire général de l’Elysée, il traite de ce qui fait sans doute le coeur de l’intérêt de Nicolas Sarkozy pour l’Afrique : la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la France et la recherche de nouveaux débouchés pour l’industrie nucléaire. Les pays concernés (Angola et Nigeria pour le pétrole, Afrique du Sud pour le nucléaire) se trouvent hors des anciennes colonies, ce qui suppose de construire des rapports "décomplexés", débarrassés des vieilles passions postcoloniales.
Cette prise en compte en haut lieu des intérêts économiques, bousculés par l’offensive chinoise et le retour des Etats-Unis, suppose à la fois de banaliser les relations hors de l’Afrique francophone, et de se rappeler au bon souvenir des vieux amis. "Quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises", aurait glissé M. Sarkozy, fin 2007, au président togolais Faure Gnassingbé (élu avec le soutien de la France) qui hésitait à concéder le port de Lomé au groupe Bolloré, selon Le Canard enchaîné. "Avec Sarkozy, on est sorti du paternalisme, se félicite Anthony Bouthelier, le président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN). Les Africains n’ont que faire qu’on leur répète "on vous aime". Ils préfèrent qu’on fasse du business avec eux."
Ainsi se dessine un partage des rôles au sein de l’exécutif qui fait coexister la préservation des vestiges du "pré carré" francophone, avec la recherche, hors de ce champ, de relations au service de la paix et de l’économie française. A sa manière, Alain Joyandet, voyageur de commerce de la Françafrique sarkozienne, vend la mèche en reconnaissant un double langage : "Celui qui n’aurait pas deux fers au feu dans le monde où nous vivons serait bien imprudent."
Philippe Bernard
jeudi 26 mars 2009
En apparence, "l’Afrique de Papa" a eu raison de Nicolas Sarkozy. Trois ans après le discours de Cotonou (Bénin), où le candidat à l’Elysée avait promis l’avènement d’"une relation nouvelle (...), équilibrée, débarrassée des scories du passé", le président, qui s’envole jeudi 26 mars pour son quatrième voyage en Afrique noire, n’agite plus la bannière de la "rupture" avec la tradition d’opacité des relations africaines de la France postcoloniale.
Dès juillet 2007, le Gabon, dont le chef de l’Etat a été installé par le général de Gaulle en 1967, avait eu le privilège de son premier déplacement. Aujourd’hui, le Congo de Denis Sassou Nguesso, autre président contesté mais ami de la France, s’apprête à recevoir l’onction élyséenne à quelques semaines de l’élection présidentielle. Et l’uranium sera au coeur de l’escale prévue, vendredi, au Niger, où le groupe Areva vient de signer un contrat important.
Symbole de ce renoncement à l’aggiornamento annoncé, Robert Bourgi, l’héritier des réseaux gaullistes de Jacques Foccart, a mis son entregent au service de M. Sarkozy et de la préservation des amitiés et des secrets les moins avouables de la vieille Françafrique.
Amitiés ? Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, assume : "Nous n’avons pas vocation à nous brouiller avec ceux qui sont historiquement nos amis et nous ont rendus de grands services." Les pièces maîtresses de la présence française en Afrique - les présidents Omar Bongo du Gabon, Paul Biya du Cameroun, Blaise Compaoré du Burkina-Faso ou Denis Sassou Nguesso du Congo - peuvent donc toujours compter sur le soutien de Paris.
La manière dont la France a volé au secours du président tchadien Idriss Déby, menacé par des rebelles en février 2008, sans exiger la moindre démocratisation de son régime, illustre la même logique. De même que le silence de Paris sur la répression sanglante des émeutes qui, au même moment, enflammaient la jeunesse camerounaise révoltée par l’instauration de fait d’une présidence à vie par Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Depuis les indépendances, le marché n’a guère changé : le soutien presque aveugle de la France, en échange du maintien d’une influence économique, politique et diplomatique, en particulier à l’ONU.
Fil rouge de la politique africaine de Nicolas Sarkozy, la "diplomatie de la réconciliation" est pourtant loin de se réduire aux manoeuvres florentines de M. Bourgi. Tandis que celui-ci rassure les maîtres de l’ancien "pré carré" français, la cellule diplomatique de l’Elysée représente, quant à elle, la tendance moderniste, favorable à une "refondation" de la politique africaine.
C’est la cellule élyséenne qui est chargée de déminer les dossiers lourds, tels que les contentieux judiciaires avec le Rwanda et l’Angola ou le dégel avec la Côte d’Ivoire. "Pour peser, la France doit parler avec tout le monde, et elle le peut, plus que d’autres pays", plaide Claude Guéant.
Ce sont aussi les diplomates de la cellule qui inspirèrent le discours prononcé par M. Sarkozy en février 2008 au Cap (Afrique du Sud) annonçant la renégociation de tous les accords de défense. Tournée vers l’avenir, cette parole était destinée à compenser les dégâts causés par le discours de Dakar (Sénégal), en juillet 2007, où M. Sarkozy, inspiré par son conseiller spécial, Henri Guaino, avait décrété que "l’homme africain n’(était) pas entré dans l’Histoire".
Quant au discret mais tout-puissant secrétaire général de l’Elysée, il traite de ce qui fait sans doute le coeur de l’intérêt de Nicolas Sarkozy pour l’Afrique : la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la France et la recherche de nouveaux débouchés pour l’industrie nucléaire. Les pays concernés (Angola et Nigeria pour le pétrole, Afrique du Sud pour le nucléaire) se trouvent hors des anciennes colonies, ce qui suppose de construire des rapports "décomplexés", débarrassés des vieilles passions postcoloniales.
Cette prise en compte en haut lieu des intérêts économiques, bousculés par l’offensive chinoise et le retour des Etats-Unis, suppose à la fois de banaliser les relations hors de l’Afrique francophone, et de se rappeler au bon souvenir des vieux amis. "Quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises", aurait glissé M. Sarkozy, fin 2007, au président togolais Faure Gnassingbé (élu avec le soutien de la France) qui hésitait à concéder le port de Lomé au groupe Bolloré, selon Le Canard enchaîné. "Avec Sarkozy, on est sorti du paternalisme, se félicite Anthony Bouthelier, le président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN). Les Africains n’ont que faire qu’on leur répète "on vous aime". Ils préfèrent qu’on fasse du business avec eux."
Ainsi se dessine un partage des rôles au sein de l’exécutif qui fait coexister la préservation des vestiges du "pré carré" francophone, avec la recherche, hors de ce champ, de relations au service de la paix et de l’économie française. A sa manière, Alain Joyandet, voyageur de commerce de la Françafrique sarkozienne, vend la mèche en reconnaissant un double langage : "Celui qui n’aurait pas deux fers au feu dans le monde où nous vivons serait bien imprudent."
Philippe Bernard
mercredi 25 mars 2009
Sarkozy au Niger/ «Je veux être partout le président des droits de l'Homme»
Mercredi 25 mars 2009
Nicolas Sarkozy va rencontrer à Niamey le Président du Niger Tandja Mamadou.
Monsieur le Président, Monsieur Sarkozy, connaissez vous le sens réel de ces mots : « les droits de l’homme » ?
Vous allez d’ici peu serrer la main d’un Président en exercice qui a les mains tâchées du sang de civils Touareg.
Monsieur Sarkozy, le président Tandja dans le cadre de la « mise en garde » au nord du pays, a donné tout pouvoir à son armée pour régler les « problèmes liés à l’insécurité ».
Cette insécurité porte un nom : Mouvement des Nigériens pour la Justice.
Monsieur Sarkozy, ce président, Monsieur Tandja, a laissé et laisse encore commettre à son armée des exactions sur des civils.
Un grand nombre de civils touareg ont été exécutés, mutilés, torturés, dans l’indifférence totale des responsables politiques que vous allez rencontrer.
Monsieur Sarkozy, lorsque vous signez des contrats, avec Areva, pour l’extraction de l’uranium, cela ce fait sur le dos d’un peuple, le peuple Touareg qui n’est nullement partie prenante dans ces projets.
Monsieur Sarkozy, vous et AREVA êtes des recéleurs, car ces terres achetées à Tandja ne lui appartiennent pas. Ces terres appartiennent aux nomades Touareg.
Monsieur Sarkozy, en tant que Président de la République Française, vous portez aussi une part de responsabilité sur tous ces crimes qui ont été commis. Vous savez très bien Monsieur Sarkozy que « l’armée française » conseille, forme, encadre les forces armées nigérienne.
Monsieur Sarkozy le sang de ces civils touareg, découpés en morceaux, éclaboussent aussi la France.
Monsieur Sarkozy, jamais, ni vous, ni votre gouvernement, n’avez osés montrer du doigt ces actes ignobles qui se sont déroulés aux yeux de tous, au grand jour.
Monsieur Sarkozy, vous êtes resté sourd à l’appel de nombreuses associations et mouvements politiques français qui vous ont interpelé en temps opportun.
Pour en finir, merci de demander à votre charmant hôte, Tandja, comment se portent tous les prisonniers suite à la « mise en garde ».
Pour rappel des centaines de Touareg ont été arrêtés et incarcérés sans aucun motif si ce n’est qu’ils pouvaient avoir éventuellement de la sympathie pour les rebelles.
Monsieur Sarkozy merci de faire honneur à cette France que vous dites « tant aimer » en réaffirmant que vous voulez être «partout le président des droits de l’homme ».
Prouvez le, c’est le moment où jamais.
Cordialement
Pellet Jean-Marc
Un ami du peuple Touareg
NB : au cas ou vous auriez perdu la liste des victimes connues à ce jour, je vous la redonne, ainsi qu’un témoignage sur une conseillère municipale emprisonnée.
Témoignage sur la valeur morale de Hadijita Mohamed, dite Dijou.
Le témoignage ci-dessous est fait sur la personne de Hadijita Mohamed, conseillère municipale de la mairie de Dabaga au titre du village d’Elmeki sous les couleurs du parti R.D.P. Cette femme est loin d’être inconnue dans la zone d’Elméki vu son courage, son audace et surtout ses ambitions dans toutes les luttes où il faut défendre les intérêts de la communauté. Elle parle à haute voix où les hommes sont contraints à parler tout bas. Le conseil municipal de Dabaga ne dira pas le contraire. Elle est présente dans toutes les structures de son village et son dynamisme est remarquable. Malheureusement comme on a coutume de le dire, les héros ont souvent la vie courte ou finissent mal. Dans cette logique, elle a été victime de la colère des militaires avec quatre de ses camarades. Torturés à mort l’un d’eux (Mamadou Hamed) est décédé. Elle (Dijou) croupit actuellement au P.C d’Agadez (prison d’Agadez), ignorant ce qu’on lui reproche, avec beaucoup d’autres personnes arrêtées par les militaires dans le cadre de la « mise en garde » qui semble avoir comme objectif l’extermination d’une ethnie ou le pillage de leurs biens. Pour conclure j’invite toutes les organisations nationales et internationales luttant dans le domaine des droits de l’homme à assister ces centaines de citoyens privés arbitrairement de liberté, comme le Niger prétend être état de droit ayant ratifié tout ce qui en est relatif.
Un habitant d’Agadez
liste des touareg assassinés par les FAN :
1Sidi Mohamed Imolan dit Kalakoua- 2Abtchaw Kounfi- 3Aoussouk Kounfi- 4Idrissa Takho-Ouidane- 5Aghalo Moughamad- 6Maghmoud Moughamad 7Ghousmane Ewadane- 8Moughmoud Tagho- 9Aghmad Hitane- 10Zeyda ag Badi 11Ahmadu ag Moussa- 12Ghoumour ag Ahmad- 13Mohamed ag Akarfa- 14Ismaghil ag Akam- 15Rhissa ag Attaher- 16Bikim ag Ilyas- 17Akloua ag Hama- 18Oumra Lahcen- 19Adam Abarchi- 20Ghoumour Assaleh- 21Mohamed Atchawar- 22Manik Kané- 23Almoctar Bachir- 24Hamad Moussa- 25Liman Houdane- 26Toukane Assale- 27Mohamed Rhissa Imolane- 28Ikizaba Attoulel- 29Mouhmoud Alain- 30Aboubacar- 31Mohamed Almoctar (Guinadan)- 32Abdousalam Amadou Zamanka- 33Hadda Baregha- 34Mahmoud Alanne- 35Kouzaba Attolal- 36Oumama Iyadane- 37 Ibrahim Ghissa- 38Boulla Lachi- 39Hamadi Ghoumour- 40Idrissa- 41Lolo- 42Sidi Koummado- 43Inana Krima- 44Akassa Abdourahamane- 45Ilyass Abdourahamane- 46Abbi Ghabdoula- 47Badame Ghabdoula- 48Soulimane Tchahama- 49Madouwane Aoughamet- 50Inanane Ag Karimoune- 51Silimane Amine- 52Ghoumour Amine- 53Aghali Biki- 54Elweli Biki- 55Elhaji Tchibra- 56Silimane Abdalla- 57Adam Alhou- 58Silimana Biki- 59Elweli Indilou- 60Tangadako Indilo- 61Silimane Rabdoula- 62Mamadou Ahmed- 63Mohamed Daouel-
Source occitan touareg
Sarkozy en Afrique, acte 2
Vincent Hugeux, L’Express- 25/03/2009
mercredi 25 mars 2009
Ce périple est à Nicolas Sarkozy ce que le rendez-vous de septembre est à l’aspirant
bachelier recalé en juin et muni d’un billet d’excuse : une session de rattrapage. Le
président français a, en juillet 2007,loupé son voyage inaugural africain, dont l’épisode subsaharien fut d’ailleurs éclipsé par une escale libyenne.
Du discours de Dakar (Sénégal), passé à la postérité pour ses stéréotypes, à l’épilogue gabonais, vaine concession à l’ombrageux Omar Bongo, vétéran d’une Françafrique exténuée, cette virée eut pour effet de brouiller le message de" rupture" d’avec les travers de la Chiraquie.
L’excuse du candidat Nicolas ? A peine recevable : il n’avait guère potassé une matière qui ne l’intéresse guère, avant de livrer à Dakar la copie d’un autre, sa "plume" Henri Guaino. Depuis lors, l’Elysée a révisé ses classiques.
Pour preuve, en février 2008, l’oral du Cap (Afrique du Sud), où Sarkozy se fit l’avocat d’un partenariat "décomplexé" et brossa un tableau lucide du devenir du dispositif militaire français sur le continent. Tel est l’enjeu véritable de cette excursion éclair - trois pays en 36 heures chrono : confirmer l’inflexion. Pour ce faire, Paris n’a pas choisi les options les plus aisées.
Kinshasa
En République démocratique du Congo, l’hôte de Joseph Kabila se devra d’apaiser la fièvre patriotique dopée par sa"nouvelle approche" du conflit du Kivu (est), telle qu’esquissée le 16 janvier. Nicolas Sarkozy avait alors prôné un "partage de l’espace et des richesses" -minières- entre l’ex-Zaïre et son voisin rwandais. Il vantera donc, devant le Parlement, les vertus de l’intangibilité des frontières et des dividendes de la paix.
Brazzaville
En traversant le fleuve Congo, Sarko honore la promesse faite à son ami Denis Sassou Nguesso, "oublié" de la tournée 2007. Et candidat dès juillet à un nouveau mandat. Exercice de haute-voltige : il s’agit d’épauler mezza voce un allié loyal, aux prises avec une opposition aussi pugnace que divisée. On causera donc business et transparence. Ce qui, à Brazza, revient à parler de corde dans la maison du pendu.
Niamey
La brève halte nigérienne, sur le chemin du retour, relève du service après-vente. Elle solennise l’octroi récent au géant de l’atome Areva du permis d’exploiter le colossal gisement d’uranium d’Imouraren. Feu vert arraché au prix fort, et en dépit du forcing chinois. Sans doute sera-t-il aussi question de rébellion touareg et de Constitution. Le président, Mamadou Tandja, songerait à retoucher la loi fondamentale pour briguer en décembre un troisième mandat...
Sarko l’Africain laisserait-il cette fois dans son sillage un sans-faute qu’il ne pourrait abolir cette évidence : faute d’avoir d’emblée rénové le lien avec l’ex-empire colonial, fut-ce au prix de fâcheries passagères, la France le dépoussière à reculons. En clair, elle subit plus qu’elle n’ orchestre un changement d’ère hâté par l’irruption de nouveaux acteurs, la Chine en tête, et l’essor, parfois brouillon, des sociétés civiles.
Les palinodies tricolores ont retardé dans les palais africains une prise de conscience impérative. Témoin, la riposte outrée de Bongo ou de Sassou aux procédures en cours quant au patrimoine immobilier détenu dans l’Hexagone. Il leur faudra bien admettre que sur les bords de la Seine, la presse est libre. Que l’indépendance de la justice n’y est pas toujours un vain concept. Et que les citoyens électeurs, français comme africains, ne se contentent plus d’incantations sur la saine gouvernance ou l’déal démocratique.
Précédentes chroniques africaines
La précédente tournée africaine de Nicolas Sarkozy, en juillet 2007, avait déjà fait l’objet de chroniques de LEXPRESS.fr que vous pouvez retrouver ici :
- - Les coulisses du départ
- - Sarkozy en Libye, Kadhafi en "guest star"
- - En Libye, l’homme qui en dit trop
- - Sorcellerie (discours de Dakar)
- - Un Bongo millésimé
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