MISRATA (Libye) (AFP) - 08.05.2011 20:27
D'intenses combats ont repris dimanche sur trois fronts près de Misrata, ville rebelle de l'Ouest libyen assiégée par les forces gouvernementales, cible de bombardements des troupes loyalistes, alors que les insurgés attendant des armes de l'Italie.
D'intenses combats ont repris dimanche sur trois fronts près de Misrata, ville rebelle de l'Ouest libyen assiégée par les forces gouvernementales, cible de bombardements des troupes loyalistes, alors que les insurgés attendant des armes de l'Italie.
A partir de la mi-journée, les combats se sont déroulés sur trois fronts aux alentours de Misrata, grande ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli, Shintan à l'est, l'académie militaire et la route de l'aéroport au sud et Bourgueya à l'ouest, selon un correspondant de l'AFP.
La ville a été pour la première fois en une semaine la cible de bombardements intenses aux obus de mortier et de roquettes Grad en réplique aux attaques des rebelles.
Les rebelles ont indiqué avoir renforcé leur contrôle à Bourgueya et la bataille se concentrait dans le secteur de l'aéroport.
"Nous préparons le terrain pour avancer et conquérir l'aéroport, cela peut arriver à tout moment", explique Omar Salem, 48 ans, commandant en charge des opérations. "Nous avons attendu près de deux semaines pour expulser l'armée de Kadhafi des environs de la ville pour empêcher qu'ils continuent de la bombarder", a-t-il ajouté.
"L'armée est positionnée à l'aéroport et des dépôts de munition se trouvent dans le Marché tunisien, à 5 km au sud. Nous avons besoin que l'Otan les bombarde", affirme un autre commandant, Ahmad Bassem.
La principale entrave à leurs tentatives de couper cette ligne de ravitaillement sont les franc-tireurs", explique pour sa part Moustafa Ahmad.
Dans le port, les dépôts de carburant étaient toujours en flammes après un bombardement samedi matin. Une roquette Grad s'était abattue sur l'un des réservoirs de gasoil près du port, et l'incendie s'est propagé aux dépôts voisins.
Par crainte de pénurie, des queues se formaient devant les stations-service.
Les forces loyalistes "ont détruit seulement les réservoirs qui étaient pleins", a déclaré Ahmed Montasser, un combattant rebelle. "Quelqu'un a signalé les coordonnées exactes des réservoirs à détruire", a-t-il ajouté, dénonçant la présence d'une "cinquième colonne" pro-Kadhafi dans la ville.
"Si cette attaque délibérée de la zone du port se poursuit nous pourrions nous retrouver dans une très mauvaise situation en terme d'approvisionnement en eau et en nourriture", a indiqué Saddoun al-Misrati, un porte-parole des rebelles à Benghazi (Est), à des journalistes ajoutant que les stocks actuels permettront de tenir "un mois encore à peu près".
Seul un bateau d'aide humanitaire par semaine arrive désormais à Misrata, depuis le début des bombardements du port il y a deux semaines, a-t-il ajouté.
Selon lui, des sources médicales à Misrata ont établi un bilan de 828 personnes tuées à la date de mercredi, mais plus de 200 ont disparu et sont probablement mortes.
Il a ajouté que les armes légères des rebelles à Misrata face aux chars et à l'artillerie des pro-Kadhafi étaient insuffisantes. "Nous voulons des armes qui changent la donne, quelque chose pour modifier l'équilibre", a-t-il ajouté.
Le vice-président du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, Abdel Hafiz Ghoga, a affirmé samedi soir que l'Italie allait fournir des armes à la rébellion: "Nous allons les recevoir très bientôt". A Rome, des sources au ministère des Affaires étrangères ont précisé que l'Italie allait fournir "du matériel d'auto-défense" aux rebelles.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, un hélicoptère pro-Kadhafi a lancé au moins 26 mines, pourvues de parachutes, qui ont atterri sur l'entrée et les quais du port, selon le correspondant de l'AFP. Les rebelles ont fait exploser la plupart d'entre elles.
L'Otan avait confirmé samedi qu'un hélicoptère avait violé la zone d'exclusion aérienne jeudi, sans pour autant expliquer pourquoi ses forces chargées de faire respecter cette zone n'étaient pas intervenues.
Dans l'ouest de Tripoli, deux fortes explosions ont par ailleurs retenti dimanche après-midi après un survol de la capitale libyenne par des avions de l'Otan, a indiqué un témoin à l'AFP. Il n'était pas possible dans l'immédiat de préciser quelles cibles étaient visées.
Le conflit libyen a déjà fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo. Et plus d'un demi-million de personnes, essentiellement des travailleurs étrangers, ont fui le pays depuis la mi-février.
Certains ont tenté de le faire par bateau. La petite île italienne de Lampedusa a accueilli dimanche 1.300 nouveaux réfugiés de Libye, après en avoir reçu près de 850 samedi. L'une de leurs embarcations s'est échouée dans la nuit, mais tous ses passagers ont pu être secourus.
© 2011 AF
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