TRIPOLI (AFP)
La France, premier pays à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) de Libye, organe représentatif de la rébellion basé à Benghazi, a déclaré vendredi "persona non grata 14 ex-diplomates libyens", leur donnant "de 24 à 48 heures" pour quitter le pays.
La Russie et la Chine ont par ailleurs déclaré de leur côté unir leurs efforts pour obtenir un "cessez-le-feu" en Libye, répétant leur opposition de principe à toute ingérence et a fortiori à une intervention terrestre.
Près de trois mois après le début du conflit lancé le 15 février par une révolte contre le pouvoir autoritaire de M. Kadhafi et l’intervention militaire internationale le 19 mars, les combats entre insurgés et pro-Kadhafi semblent marquer le pas notamment dans la région stratégique de Misrata (ouest).
"La France a déclaré persona non grata 14 ex-diplomates libyens en poste en France.Suivant les cas, les intéressés disposent d’un délai de 24 ou 48 heures pour quitter le territoire national", a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay Bernard Valero.
Paris leur reproche "des comportements et activités non compatibles avec les résolutions de l’ONU pertinentes et notamment la 1973 et contraires à la protection des populations civiles libyennes", a précisé le ministère, interrogé par l’AFP.
Ces 14 diplomates ont été nommés par le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, que Paris ne considère plus légitime.
La Russie et la Chine demandent de leur côté un "cessez-le-feu" en Libye.
"Nous avons convenu de coordonner nos efforts pour permettre la stabilisation de la situation et empêcher des développements incontrôlables" en Libye, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à l’issue d’entretiens avec son homologue chinois Yang Jiechi.
Moscou et Pékin partagent l’opinion selon laquelle "chaque peuple doit déterminer lui même son destin, sans ingérence", a-t-il souligné au cours d’une conférence de presse commune.
Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini avait estimé jeudi "réaliste" qu’il puisse intervenir "d’ici quelques semaines".
Dans l’attente d’une solution politique ou militaire au conflit, le Groupe de contact sur la Libye a de son côté mis en place jeudi un "fonds spécial" pour le CNT, qui sera alimenté par des dons et des prêts notamment arabes, puis en partie par les avoirs libyens gelés aux Etats-Unis et en Europe.
Mais le régime libyen s’est insurgé vendredi contre le plan d’aide international aux rebelles qui prévoit l’utilisation de ses fonds gelés et a répété que Mouammar Kadhafi n’avait aucune intention de quitter le pouvoir, au lendemain de la réunion du Groupe de contact à Rome.
Le fonds, sous supervision internationale, sera "opérationnel dans les prochaines semaines", a indiqué le chef de la diplomatie française Alain Juppé.Le Koweït a déjà promis 180 millions de dollars, le Qatar 400 à 500 millions.
Il servira "en premier lieu à payer les salaires, acheter des médicaments et des vivres, et pour des frais médicaux", ainsi que pour la reconstruction, a expliqué le Premier ministre du Qatar Hamad Ben Jassem Al-Thani.
"La Libye est toujours, selon le droit international, un Etat souverain, et toute utilisation des fonds gelés est comme de la piraterie en haute mer", a répliqué le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaïm lors d’une conférence de presse à Tripoli.
Les fonds gelés de M. Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, et de ses proches sont estimés à 60 milliards de dollars dans le monde, dont plus de la moitié aux Etats-Unis.
Malgré l’intervention d’une coalition internationale le 19 mars sous mandat de l’ONU pour mettre fin à la répression sanglante puis la prise des commandes par l’Otan, la situation militaire semble bloquée sur le terrain avec des risques d’aggravation de la crise humanitaire
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