mercredi 9 septembre 2009

Fowler revient sur son enlèvement


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Fowler revient sur son enlèvement
mardi 8 septembre 2009

Dans une première entrevue accordée depuis sa libération, le 22 avril, le diplomate canadien Robert Fowler affirme que les militants du groupe Al-Qaïda qui l’ont enlevé et détenu pendant plus de quatre mois au Mali ont probablement réussi leur opération grâce à des informations de haut niveau.« Je sais que quelqu’un m’a vendu », déclare-t-il dans une entrevue accordée à Peter Mansbridge, qui sera diffusée mardi soir sur les ondes de CBC. « Ce pourrait être le gouvernement du Niger. Un sympathisant d’Al-Qaïda dans le bureau de l’ONU au Niger. Dans les bureaux de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest. Dans le secrétariat de l’ONU à New York. »

Au moment de son enlèvement, le 14 décembre 2008, M. Fowler était émissaire de l’ONU pour le Niger. Il devait à ce titre étudier les possibilités de parvenir à un accord de paix entre le gouvernement du président Mamadou Tandja et des rebelles touaregs du nord du pays, qui réclament un meilleur partage des ressources.

Son assistant, le diplomate canadien Louis Guay, ainsi que le chauffeur nigérien du groupe ont été enlevés en même temps que lui. M. Fowler raconte que les trois hommes, qui voyageaient sans garde du corps, ont été enlevés par des hommes armés de fusils mitrailleurs AK-47. Ils ont été forcés de monter dans la boîte d’une camionnette et cachés sous une couverture.

Deux des ravisseurs se sont assis sur eux lorsqu’ils ont quitté le site de l’enlèvement, dans la région de Tillabéri, à environ 40 kilomètres de la capitale, Niamey. M. Fowler raconte que M. Guay a été frappé au visage par le fusil d’un ravisseur et que lui-même a subi une fracture vertébrale par compression. C’est lors du trajet en camion, qui a duré 56 heures, que les kidnappeurs ont révélé être membres d’Al-Qaïda.

M. Fowler et ses collègues ont été enlevés après avoir visité une mine d’or appartenant à des entreprises canadiennes et au gouvernement du Niger. Selon Robert Fowler, le gouvernement du Niger, qui était responsable de sa sécurité dans le pays, et du personnel de l’ONU étaient au courant de son itinéraire dans le pays.

Le site de l’enlèvement, près de la rivière Niger, est un site bien connu où les diplomates font régulièrement des pique-niques, affirme le diplomate canadien. « Ce n’était pas considéré quelque peu sécuritaire ; c’était sécuritaire », déclare M. Fowler, lorsque M. Mansbridge l’interroge sur le manque de sécurité entourant ses déplacements au Niger.

Quelques jours après le rapt, le ministre nigérien de la Communication, Mohamed Ben Omar avait pourtant dit regretter que le diplomate canadien n’ait pas prévenu les autorités ni la représentation locale des Nations unies, de son déplacement vers la mine de Samara. M. Fowler dit qu’il est évident que le gouvernement du Niger « haïssait » sa mission.

M. Fowler soutient qu’il était gardé par un groupe d’environ 20 hommes, âgés de 7 à 60 ans, qui connaissaient la valeur de leur prisonnier. M. Fowler dit qu’ils n’ont pas été surpris lorsqu’il a décliné son identité.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) avait aussi revendiqué la capture de quatre otages européens quelques semaines plus tard. Deux d’entre eux ont été libérés en même temps que MM. Fowler et Guay. Un troisième a été libéré à la mi-juillet. Le quatrième, un Britannique, avait été exécuté au début du mois de juin.

Le premier ministre canadien Stephen Harper a indiqué que la libération de MM. Fowler et Guay a été rendue possible grâce à la « négociation ». On ne sait toutefois pas ce que le gouvernement aurait pu accorder aux ravisseurs en échange de la libération des deux prisonniers.


Robert Fowler pense avoir été vendu par une source au sein du gouvernement nigérien ou de l’ONU, explique Martin Bégin.

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