TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
samedi 18 avril 2009
Le PNDS sort ses griffes !
Ecrit par Zak(OPINIONS N° 76 du 14 AVRIL 2009),
Pages vues : 1067
IssoufouOn le disait mort pour les plus méchants, on le disait compromis avec le Président Tandja pour les modérés, enfin on le disait en stand by, pour les analystes de la chose politique en attendant de voir un peu plus. En effet, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya), le principal parti de l’opposition, vient de mettre fin, par une déclaration qui fera date dans l’histoire politique du Niger, à un long suspense sur sa position vis-à-vis de l’entreprise ‘’Tazarché’’, la seule chose à la mode au Niger, ces derniers temps. La déclaration du 12 avril 2009 sera marquée par une pierre blanche, car elle constituera, sans nul doute, le point de départ d’un nouveau combat, comme ce fut le cas avec le FRDD, pour la défense et la restauration de la démocratie, menacée aujourd’hui par le mouvement ‘’Tazarché’’. Mais avant d’analyser en profondeur cette nouvelle donne, ce coup de tonnerre, il serait souhaitable de revenir sur ce que fut la position du parti rose pendant un bon bout de temps, et les raisons qui avaient guidé ce choix.
Le semblant de reflux du PNDS et les rencontres avec Tandja Inaugurées sous les auspices du Président Burkinabé, Blaise Compaoré, les rencontres entre le Président Tandja et le Chef de l’opposition Issoufou Mahamadou se sont régulièrement déroulées tous les mois et ont porté, essentiellement, sur des questions d’intérêt national, à savoi r la bonne gouvernance, la lutte contre l’impunité, la fin de l’exclusion des cadres de l’opposition, la dépolitisation de l’Administration etc.
Bien que dans certains milieux politiques on y décèle la trame d’une conspiration politicienne, ces rencontres périodiques s’inscrivaient tout simplement dans un souci partagé d’assurer la stabilité et la quiétude politiques afin de donner à notre démocratie toutes les chances d’un succès certain. En ce qui concerne Issoufou Mahamadou, le personnage n’a jamais varié ni sur ses principes, ni sur ses convictions qui peuvent se résumer à la démocratie, l’Etat de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité, la lutte contre les inégalités et enfin la lutte contre la dépolitisation de l’Administration.
Voila les thèmes récurrents de ce qui a constitué essentiellement le programme politique du candidat Issoufou aussi bien en 99 qu’en 2004. Lorsqu’il avait commencé à rencontrer le Président Tandja, ce dernier lui fit part des mêmes préoccupations qui lui tenaient tant à coeur, lui aussi. Dès lors, estimant que les valeurs qu’il poursuivait ne le sont que pour le Niger tout entier et non pour lui, Zaki s’était : ‘’Eh bien, allons-y, Monsieur le Président !’’ Autrement dit, en termes plus prosaïques, l’opposition s’en remettait au Président Tandja autant que celui-ci s’engageait à respecter les préoccupations communes.
En retour, Issoufou et ses camarades ont desserré l’étau d’une opposition systématique et dure dans la mesure où ils avaient l’opportunité de s’adresser directement au Président de la République pour toutes questions touchant à la vie nationale. .En plus, ayant fait le diagnostic de sa stratégie de lutte politique pendant le premier quinquennat qui avait largement montré ses limites, le PNDS Tarayya, dès l’entame du second mandat, avait décidé de changer de fusil d’épaule par une nouvelle approche plus directe et plus pragmatique qui rompait radicalement avec les vieilles méthodes de meetings, de déclarations fracassantes par lesquelles le parti se reconnaissait avant.
Ainsi, matérialisant leur maturité politique, Issoufou Mahamadou et ses camarades ont décidé de privilégier le dialogue et la concertation directe avec l’ensemble de la classe politique, ce qui contribua fortement à booster, enraciner et crédibiliser le CNDP, une trouvaille somme toute ingénieuse et originale sur le continent africain. En termes de retombées politiques, le Niger a énormément gagné sur le plan de la stabilité politique et institutionnelle, ce qui a permis d’ailleurs le démarrage de ce que certains ont appelé ‘’les grands chantiers du Président Tandja’’, l’alpha et l’oméga de la légitimité ‘’Tazarché’’ aujourd’hui.
En revanche, cette nouvelle démarche du PNDS ne fut pas sans conséquences, car elle avait semblé dérouter beaucoup de ses militants et sympathisants qui avaient du mal à reconnaître le parti rose dans le brouillard sahélien. Néanmoins, l’on pouvait être sûr d’une chose, c’est que les principes de base qui font l’identité du PNDS restaient intacts : pas une seule fois, il n’a été décidé d’aller à la mangeoire ! Mais ce qui était en jeu, ce qui constituait la source d’inquiétude chez des militants, c’était ce semblant de mansuétude témoignée à l’endroit du pouvoir actuel.
En outre, en privilégiant d’adoucir ses rapports avec le Président de la République, Issoufou Mahamadou estimait, à juste titre, que le Vieux en 2009 ne serait plus un adversaire pour lui, dans la mesure où la constitution du 09 août 99 limite le mandat présidentiel à deux. Tout au plus, serait-il un arbitre pour superviser des élections propres et transparentes qui feraient entrer le Niger, dans le cercle très fermé, des démocraties ayant consacré l’alternance pacifique au pouvoir. Or, comme tout bon joueur, il faut toujours ménager l’arbitre afin de le guider vers l’objectivité et l’impartialité.
Voila succinctement les raisons objectives qui avaient guidé la nouvelle démarche du PNDS. Aujourd’hui, force est de reconnaître qu’à l’épreuve des faits, en dépit de la bonne foi de ses dirigeants, cette option semble avoir montré ses limites, car n’est pas démocrate qui le veut. En substance, n’est pas Konaré, Kérékou, Kuffour ou encore Diouf qui le veut ! La déclaration de la rupture Malgré les sirènes annonciatrices de l’entreprise funeste du ‘’Tazartché’’, malgré la sonnette d’alarme tirée par la Société Civile qui avait pressenti le coup venir, malgré aussi, il faut le dire ici, l’alerte donnée par certains médias indépendants sur les intentions inavouées du Président Tandja, le PNDS Tarayya est resté toujours de marbre, conscient du fait qu’il faut éviter de hurler avec la meute, ou faire un procès d’intentions au Vieux.
Un parti responsable doit toujours analyser en profondeur ses actes et ses décisions, non pas sur la base de rumeurs et autres constats empiriques, mais à la lumière des faits clairement établis provenant des acteurs politiques directs. La principale ligne de conduite du PNDS face à l’entreprise ‘’Tazrché’’.Com @ était pourtant simple à comprendre. En effet, en vertu des assurances données par le Président Tandja à Issoufou Mahamadou, assurances qu’il donnera d’ailleurs à certains de ses confidents et au journal « Le Monde », sur sa volonté de respecter la Constitution, le PNDS ne pouvait, outre mesure, entreprendre des actions tendant à manifester contre les desiderata de certains individus tombés en disgrâce qui voulaient discréditer le Président Tandja, ou également des personnalités angoissés de perdre leur position de rente à la fin du mandat actuel.
Pour le PNDS, il fallait s’en tenir à cette ligne, tant que le Président Tandja restait ferme sur sa position initiale, c’est-à-dire celle de ne jamais triturer la Constitution à quelques fins que ce soient. Cette position avait l’avantage d’être logique et cohérente, car il faut toujours éviter en politique les procès d’intentions, les gens devant être toujours jugés sur leurs actes et leurs paroles. Il y a certes eu des manifestations ‘’spontanées’’ dans les régions pour demander, soit un troisième mandat pour Tandja, soit une prolongation de trois ans ! Mais en démocratie, le droit à la manifestation est reconnu à tous les citoyens, même les plus farfelus ! En dehors des déclarations régionales, le Comité Exécutif National (CEN) du PNDS n’avait pas daigné s’y prononcer.
Il y a eu ensuite la surprenante déclaration du guide libyen en visite au Niger ( Lire d’ailleurs l’article sur cette visite de Khaddafi) qui appelait les Nigériens à garder leur président en considérant la Constitution nigérienne comme ‘’un bout de papier’’. Là aussi, le parti rose ne se prononça pas, les propos du Guide libyen n’engageant que lui-même ! Mais ce qui va véritablement infléchir la position du PNDS, ce sont les propos contradictoires tenus par le Président Tandja lors de la visite ‘’shap shap’’(éclair) du Président Nicolas Sarkozy au Niger, le 29 mars dernier.
En effet, au cours de la conférence de presse animée conjointement par les deux chefs d’Etat, répondant à une question d’un journaliste, le Président Tandja avait tenu un langage qui prouvait, de façon on ne peut plus claire, qu’en réalité, en dépit des ‘’assurances’’ données auparavant, qu’il caressait l’intention de violer la Constitution pour se donner trois ans de bonus supplémentaires : une prolongation comme dans un match de football ! C’étaitlà la ligne rouge, le rubicond qu’il ne fallait point franchir.
Dès cet instant, adieu la respectabilité et autres considérations que le PNDS avait pour le Président Tandja, et se sentit libéré de toutes dettes morales vis-àvis d’un partenaire qui n’aurait pas rempli sa part de contrat. En effet, dans une déclaration fracassante rendue publique le 12 avril 2009, le CEN du PNDS n’a pas fait dans la dentelle pour dénoncer et s’insurger contre l’entreprise tazrché.com @ en pointant directement du doigt le Président de la République, et en battant en brèche les arguments thématiques avancés par les planificateurs de cette funeste entreprise.
Tournant en dérision les ‘’chantiers’’ pour la finition desquels les ‘’tazarchistes’’ demandent trois ans pour le Président Tandja, le CEN du PNDS a littéralement démystifié cette thématique en démontrant que ces ‘’chantiers’,’’ pour l’essentiel tributaires de l’aide publique au développement, sont le minimum qu’on puisse attendre d’un régime démocratique qui a eu dix ans de stabilité’’. Ensuite, concernant l’opération mains propres, comme nous l’avions toujours écrit dans ces colonnes, elle est tout simplement morte faute de volonté politique pour la mener à son terme.
Seuls quelques lampistes, pendant que les gros délinquants se la coulent douce et respirent le même air que vous et moi, en ont font les frais., ce qui tend à faire croire qu’en réalité, elle n’a été déclenchée ni dans le but d’assainir, ni de moraliser la vie publique nationale, mais uniquement pour régler des comptes politiques personnels. Aujourd’hui, à la stupéfaction générale, le débat politique qui devrait s’installer n’est pas celui de la ‘’chantiomanie’’, mais celui d’un bilan réel de dix ans de règne !
En effet, le Président Tandja, en bon démocrate, au crépuscule de sa carrière, devrait plutôt songer à tirer une sorte de bilan de son action menée à la tête de l’Etat une décennie durant, au lieu de ‘’radoter autour de la table’’ pour mendier un bonus ! Il grandirait plutôt par la promotion de la démocratie et le respect de la parole donnée que par la poursuite de soi-disant ‘’chantiers’’ pour lesquels il n’a fait que son travail. A la vérité, on reste stupéfait, dubitatif, perplexe devant cette amnésie de l’histoire politique récente du Niger qui semble avoir frappé le Président Tandja dans sa volonté de gouverner au-dessus de la légalité républicaine.
Nous venons de célébrer tristement le dixième anniversaire de la mort du Général Baré. Au cas où l ’ent reprise ‘’Tazarché’’.com@ échouerait - ce qui est inéluctable -, la fin du règne de Tandja s’écrira en pointillés, et ressemblera fort, comme deux gouttes d’eau, à ce que fut la fin du règne de Oluségun Obasanjo. Elu démocratiquement après une longue période d’exception, et réélu dans les mêmes conditions, Obasanjo avait voulu tricher pour se maintenir au pouvoir, en dépit de la constitution nigériane qui limitait à deux le mandat présidentiel.
Aujourd’hui il est parti sur la pointe des pieds, et personne au Nigeria et en Afrique ne le regrette, bien qu’il fût le symbole de la stabilité politique du Nigeria pendant dix ans ! Evidemment, il ne boxera plus jamais de sa vie aux côtés des Konaré, Diouf, Rawlings, Kuffour ou Kérékou. Mais par contre, l’histoire retiendra qu’il n’est démocrate que par circonstance, et Dieu sait que nous avons peur que Tandja ne le rejoigne sur ce ban.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire