mardi 16 septembre 2008

Le sort des populations autochtones du Nord Ouest Argentine et du Nord Niger face à l’essor fulgurant de l’uranium


Invitation réunion conjointe : collectifs "Malgré tout" et "Areva ne fera pas la loi au Niger"

A l’occasion de la naissance du Collectif "D’un plateau à l’autre, du Larzac à la Quebrada (Argentine) l’uranium contre la vie", initié par M. Miguel Benasayag, les deux collectifs vous convient à une réunion, le 22 Septembre 2008, sur le thème :

De véritables catastrophes humaines, sociales et environnementales perdurent ou s’annoncent pour les populations autochtones
Ces deux derniers mois, au moins deux demandes d’exploration d’uranium ont été déposées pour les sites de Juella et de Yacoraite, deux vallées affluentes de la vallée principale parcourue par le Río Grande qui traverse Tilcara, village situé dans la célèbre « Quebrada » de Humahuaca (Province de Jujuy, terre de l’Inca). A l’instar du drame que connaissent depuis 40 ans les populations du Nord Niger où les territoires sont sacrifiés sur l’autel du profit et au mépris des droits humains les plus fondamentaux, les indiens Quechuas et Aimaras de la province de Jujuy se voient menacés dans leur existence par de nouveaux projets de mine d’uranium à ciel ouvert, dont les désastres écologiques, sociaux et culturels irréversibles ne sont plus à démontrer mais reste à dénoncer.

L'exploitation de l'uranium au Niger est synonyme de pollutions multiples, d'expulsions des populations de leurs territoires ancestraux, de désarticulation de leur mode de vie (autosuffisance historique), d'épuisement irréversible des nappes d'eau... Les indiens Quechuas et Aimaras de Juyuy risquent de connaître le même sort.

Des territoires spoliés, pollués et pillés de leurs ressources en eau
La Cordillère des Andes subit une véritable invasion des industries extractives, notamment celle de l’uranium qui connaît une ascension mondiale fulgurante. Ainsi, en Argentine, après les ravages des lobbies du soja OGM qui ont déboisé des centaines de milliers d’hectares de terre, expulsé des dizaines de milliers paysans, les populations autochtones assistent au retour dévastateur des mines d’uranium à ciel ouvert. Ces populations se voient menacées par les incidences directes et immédiates sur les équilibres écologiques et culturels fragiles, tant sur le haut plateau de la Puna, que dans les vallées.

Dans la province de Jujuy (plateau de la Puna) de nombreux projets d’exploration et d’exploitation de mines d’uranium à ciel ouvert resurgissent, notamment ceux des deux exploitants Aguilar et Pirquita. Si les populations du Nord Niger sont asphyxiées tant par un conflit armé que par les effets pervers de l'exploitation uranifère, les communautés paysannes et indigènes de la province Jujuy subissent le même sort et trouvent pour seul refuge les bidonvilles et les quartiers suburbains où elles mènent une existence des plus indécentes.

Cette reprise d’activité accélérée au Nord Ouest d’Argentine et la concentration des projets miniers auront des conséquences à moyen et long terme sur les ressources en eau de la région de Quebrada et Puna, avec les risques de contamination chimique de l’eau et son épuisement irréversible (la seule mine de Pirquita consomme 70 000 m3 par jour). D’ores et déjà l’‘ex’- lagune de Guayatayoc, sur la Puna Argentine est totalement asséchée et de nombreux villages sont privés d’eau faisant les frais du pillage par les sociétés extractives. Il en va de même pour la célèbre vallée “Quebrada” de Humahuaca, un site pourtant déclaré en 2002 Patrimoine Naturel et Culturel de l’UNESCO.

Quel sort pour les populations autochtones ?
Qu’elles soient dans l’Aïr (Nord Niger) ou sur les plateaux de la cordillère des Andes, les populations autochtones payent l’uranium au prix fort, celui de leur devenir, du devenir de leurs enfants et de leur mode de vie. Dans ces deux cas, l’épuisement des ressources uranifères très attractives pour les multinationales, s’accompagnant inéluctablement de l’épuisement des ressources en eau et d’une destruction de l’écosystème, signeront l’arrêt de mort de toute activité agropastorale et par la même de toute vie humaine.

La manne financière de l’industrie uranifère est à ce jour un indicateur de fausse croissance et de destruction de modes de vie ancestraux.

Des actions locales à soutenir
Face à ces menaces, un groupe informel d’habitants dits « autoconvoqués », tentent de se mobiliser sur place. Ce groupe a été initié par M. Roger Moreau, un français établi à Tilcara et adopté par les indiens Quechuas de la région depuis 1985. Après avoir mené pendant dix ans (1971 et 1982) le combat sur le Larzac pour repousser le projet de camp militaire, Roger Moreau mobilise les paysans locaux pour un nouveau combat contre le projet de mine d’uranium à ciel ouvert à trente kilomètres en amont de Tilcara.

A l'heure où le nucléaire est largement présenté et médiatisé comme ressource énergétique alternative et propre, les problèmes de fond qui remettent en cause l’existence même des populations autochtones tant en Argentine qu’au Niger, doivent être sans cesse mis en lumière et dénoncés, en France et partout ailleurs.

Les collectifs ‘Areva ne fera pas la loi au Niger’ et ‘Malgré tout’, souhaitent mobiliser toutes les énergies afin de dénoncer ces faits, soutenir ces populations menacées et favoriser la solidarité Sud/Sud

Le Collectif d’un plateau à l’autre, du Larzac à la Quebrada (Argentine) ‘l’uranium contre la vie’, tend à ériger un pont entre les deux continents (Afrique/ Amérique Latine) afin de permettre à ces populations vulnérables de conjurer leurs souffrances et de pallier à leur isolement face aux multinationales.

A tous ceux qui veulent s’informer, soutenir ou participer à ce combat contre la fatalité, rendez-vous :

Lundi 22 septembre 2008, à 20h00,
au Siège d' %Attac France
66-72 rue Marceau - 93100 Montreuil
www.malgretout.org
Inscription: arevaneferapaslaloi@gmail.com


NOUVELLES DES POPULATIONS DU NORD DU NIGER


Bulletin d'information de Targuinca n°3


L’ONU a nommé un médiateur pour tenter d’ouvrir des négociations entre le MNJ et le gouvernement nigérien (1). Cependant la situation des populations touaregs du Nord du Niger perdure : misère extrême, oppression, de nouvelles arrestations arbitraires chaque semaine, exactions envers les civils.

A Agadez, le couvre-feu est imposé à 19 heures. Un habitant de la ville nous a récemment expliqué que, si les gens parlaient trop fort ou faisaient de la musique dans les maisons, les soldats en patrouille entraient pour les réprimander. La vie quotidienne en est rendue d’autant plus difficile que de nombreux Touaregs d’Agadez ont accueilli des membres de leur famille déplacés, dont beaucoup d’enfants : les maisons sont surpeuplées, les bidonvilles grossissent, et il est très difficile de nourrir tout le monde, les sources de revenus se raréfiant du fait de l'état de mise en garde.

Il semble par ailleurs que les soldats des Forces Armées Nigériennes (FAN) répriment plus la population touareg d’Agadez que celle d’Arlit.


Les habitants d’Arlit (plus de 100 000 personnes) souffrent d’une grave pénurie d’eau. D’après un message, daté du 6 septembre, envoyé par la Coordination de la Société Civile d’Arlit (2), la population manque d’eau potable. Certains quartiers de la ville sont totalement privés d’eau depuis plusieurs jours. Dans les quartiers résidentiels, il faut attendre tard dans la nuit pour pouvoir remplir quelques récipients. Les réservoirs de la ville sont la propriété des sociétés minières qui se servent en priorité pour alimenter leurs cités et les usines d’extraction d’uranium. La population d’Arlit ne reçoit que le surplus. Or le réseau de distribution, construit il y a 40 ans et peu ou pas entretenu, est vétuste et présente de nombreuses fuites ; et, d’autre part, le nombre des habitants d’Arlit s’est considérablement accru ces derniers mois avec l’arrivée des déplacés. Cette situation risque d’avoir des conséquences dramatiques, notamment pour les enfants. La Coordination de la Société Civile d’Arlit a lancé un appel au Président de la République du Niger et au chef du gouvernement pour que les populations victimes soient secourues et a demandé que le réseau de distribution d’eau soit réparé en urgence et étendu.

La population d’Arlit n’est malheureusement pas au bout de ses peines ; une étude faite par le spécialiste en hydraulique français Alain Joseph démontre que le pompage des nappes fossiles, donc non renouvelables, par les usines d’extraction d’uranium assèchera totalement le Nord du Niger d’ici 20 à 40 ans et rendra cette région impropre à toute vie. Les pompages, pratiqués depuis une quarantaine d’années par le groupe français AREVA dans la région d’Arlit et d’Akokan, ont déjà épuisé à 70% la nappe fossile au Nord du Tarat ; et les ventes de concessions par le gouvernement nigérien se multiplient…

Sur les plus de 300 jardins que comptent les oasis d'Iferouane, Tin Telloust et Ebourkoum, seule une poignée ont pu continuer à produire durant l'année de conflit qui vient de s'écouler. Faute de ravitaillement en carburant, les jardiniers entament leur deuxième année de "chômage technique", sans compensation d'aucune forme, évidemment. En effet, l'armée rationne drastiquement les ventes de carburants pour éviter qu'il ne tombent, au cours des transports vers la brousse, entre les mains des rebelles. Le prix du sac d'oignon, le principal produit de ces jardins de l'Aïr, a chuté (de 29$ à 3$ !), ne permettant plus aux jardiniers encore en activité de rentrer dans leurs frais. (3)
Selon le Comité d'aide aux populations d'Iférouane (CAPI), environ 2000 personnes déplacées par le conflit se sont réfugiées dans les villes d'Arlit et d'Agadez. Les écoles de brousse sont désertées ou purement et simplement fermées. Les écoles en ville sont saturées. Cette situation est dramatique dans une région où déjà, en tant normal, l'accès des enfants à l'éducation est très insuffisant.

Des familles touaregs du Niger ( plus de 600 personnes), originaires d’Agadez, Arlit, Tchirozérine et Iférouane, réfugiées à la frontière algérienne, à In Gezam, nous ont sollicité pour une aide d’urgence. Ces familles manquent de tout et NOUS AVONS BESOIN DE VOTRE SOUTIEN POUR LEUR APPORTER UNE RÉPONSE CONCRÈTE ; 66% de vos dons sont déductibles d’impôt.
Si vous pouvez contribuer à cette collecte de fonds en faveur des réfugiés d'In Guezam, demandez-nous le dossier de demande de subvention rédigé dans le cadre de notre adhésion au Collectif Tchinaghen : pour le recevoir, écrivez à targuinca@free.fr

Plusieurs associations françaises envoient à leurs délégués sur place de l’argent qu’ils remettent aux responsables locaux touaregs pour acheter de la nourriture, des couvertures et des médicaments qui sont ensuite distribués aux plus nécessiteux. L’UNICEF a fourni des bâches en plastique aux déplacés qui restent en brousse. Une entreprise d’Iférouane, DKO, a donné à chaque famille d’Iférouane déplacée dans les bidonvilles d’Agadez ou d’Arlit 50 kg de mil, 50 kg de riz et 5000 FCFA.

ONG, initiatives privées, inspirées par des convictions religieuses ou humanitaires, essaient de poser des « rustines » pour résoudre un gigantesque problème humain. Quand verrons-nous un début de solution prenant en compte les causes réelles de cette situation intolérable pour toute une ethnie ? Il ne s’agit pas ici d’une prise de position politique mais d’un souci de transparence de l’information et d’une inquiétude bien légitime pour le simple droit à l’existence de centaines de millers de personnes.

(1) L’express, n°2982 semaine du 28 Août au 3 Septembre 2008. Page 20, INDISCRETS.
(2) Déclaration conjointe sur la situation de l’alimentation en eau potable de la ville d’Arlit de la Coordination de la Société Civile d’Arlit et du Collectif pour la Défense du Droit à l’Énergie (CODDAE)
(3) Cf IRIN : Food needs grow as conflict continues


Posté par Anne_Simone à 11:11

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