mardi 30 septembre 2008

Elle suscite toujours l’hostilité des Africains : L’Africom opérationnelle le 1er octobre


M. Saâdoune-Le Quotidien d’Oran-30-09-08
mardi 30 septembre 2008

« Après de longs préparatifs,le nouveau commandement américain pour l’Afrique, annoncé en février 2007 par le président Bush, est prévu d’être totalement opérationnel le 1er octobre ».

L’annonce est, depuis hier, sur le site de l’AFRICOM. Dans l’article repris d’un site du gouvernement américain, « America.gov », la secrétaire d’Etat-adjoint à la défense, Theresa Wallen, a affirmé que l’Africom sera l’élément le « plus visible » de l’action des Etats-Unis, pour renforcer les relations avec l’Afrique à travers un « engagement soutenu ».

L’Africom finira pas « faire partie du paysage », a déclaré la responsable américaine en réponse aux critiques concernant la militarisation de la politique extérieure américaine en Afrique et les appréhensions que suscite la mise en place de ce nouveau commandement. Officiellement, l’Africom a pour but d’apporter une assistance aux pays africains en matière de sécurité, mais aussi dans d’autres domaines non militaires.

La nouvelle entité, « de concert avec d’autres agences gouvernementales et des partenaires internationaux, vise à promouvoir un environnement africain sûr et stable en soutien de la politique étrangère américaine », et ainsi prévenir les conflits », lit-on sur le site.

Rien de bien nouveau. Et le fait que les autres segments de l’action diplomatique et économique américaine paraissent passer sous supervision militaire a été un élément supplémentaire d’inquiétude en Afrique.

Cette militarisation de l’ensemble des domaines de la politique extérieure US pour le continent inquiète aux Etats-Unis même. Un rapport de la Cour des comptes américaine (GAO), publié en juillet, relevait que « le département d’Etat et des responsables de l’Agence pour le développement international s’inquiètent qu’Africom prenne la direction de tous les efforts américains en Afrique, et pas seulement des activités du département de la Défense ».

Il est difficile pour les gouvernements africains, et encore moins aux opinions publiques, de voir un quelconque angélisme dans la mise en place de ce commandement militaire. L’argument de la lutte antiterroriste et l’usage abusif qu’en a fait l’administration Bush n’est pas de nature à rassurer.

Contrôler les sources d’énergie

A plus forte raison, quand on observe qu’une présence américaine a la tendance de ramener dans son sillage celle du terrorisme. C’est sans doute la raison qui fait du nord au sud du continent, on préfère des mécanismes purement africains de prévention et de solution des conflits. L’aspect sécuritaire, avec un terrorisme dont le poids est délibérément grossi, sert de paravent à des questions très terre à terre. La percée économique chinoise dans un continent riche en ressources énergétiques est la raison fondamentale de cette volonté américaine d’avoir une présence physique plus grande en Afrique.

L’enjeu économique est, en effet, primordial. 15 % des importations de pétrole des Etats-Unis proviennent de pays africains et elles devraient atteindre 25 % au cours de la prochaine décennie.

Il ne faut pas être un fin stratège pour voir un lien direct entre la mise en place de l’Africom et le but stratégique de contrôler les sources d’approvisionnement énergétique situées sur le continent. Mark Fancher, membre de la Conférence américaine des avocats noirs, se fait l’écho de l’opinion africaine en soulignant que « le commandement africain des Etats-Unis n’est rien d’autre qu’un instrument visant à garantir que l’accès de l’industrie pétrolière américaine aux larges réserves énergétiques de l’Afrique. Si quiconque interfère, nous craignons qu’ils soient étiquetés terroristes et deviennent la cible d’attaques militaires ». L’Africom, c’est un euphémisme, n’a pas suscité d’enthousiasme en Afrique. Les militaires américains n’ont pu trouver de pays acceptant d’accueillir leur quartier général et ils doivent continuer d’opérer à partir de l’Europe. Les longues tournées « d’explication » des officiels américains n’ont donc pas suffit à vaincre les réticences et les oppositions africaines.

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