mercredi 8 août 2012


Al Qaida au Sahara et au Sahel. Contribution à la compréhension d’une menace complexe

À l’initiative d’une entité terroriste islamiste algérienne, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat-GSPC (intégré dans la nébuleuse Al Qaida en 2007 sous l’appellation Al Qaida dans les pays du Maghreb islamique-AQMI), les violences se multiplièrent dans l’espace saharo-sahélien à partir de 2003.
Alors que les centres de pouvoir se trouvent au nord, le déplacement au sud du pays qui donna naissance à cette organisation criminelle – et hors de ses frontières – semble a priori surprenant.
Pourtant, l’analyse géopolitique montre combien ce choix est, hélas, judicieux. En premier lieu, il s’inscrit dans un espace géographique propice, véritable sanctuaire dédié aux activités illégales. Ensuite, une partie de la population locale peut apporter, directement ou indirectement, une précieuse assistance. En outre, il existe de multiples contentieux qui entretiennent de profonds ressentiments aisément manipulables. Enfin, la région suscite les convoitises de nombreux acteurs extérieurs, étatiques ou non, ce qui accroît la valeur des enjeux et multiplie les manœuvres.
AU CŒUR D’UN IMMENSE DÉSERT.
L’ESPACE géographique où sévit AQMI s’insère dans un espace gigantesque : le Sahara couvre 8 000 000 km2, auxquels il convient d’ajouter les 3 000 000 km2 du Sahel. Ces contrées, comparables en cela à des étendues maritimes, se montrent difficilement contrôlables.
AQMI en utilise une partie car la configuration du terrain lui offre de multiples avantages : les conditions de vie très difficiles écartent la plupart des hommes, il existe de nombreux axes de communication hormis les routes transsahariennes répertoriées et des ressources importantes se trouvent dans la région.
Un relief accidenté
Contrairement à un lieu commun répandu, les dunes n’occupent que 20% du territoire du Sahara. La majeure partie de ce désert se compose de plateaux profondément entaillés et percés de multiples grottes, ainsi que de massifs montagneux – cristallins ou volcaniques – aux altitudes certes relativement modestes (le point culminant, l’Emi Koussi, au Tchad, s’élève à 3 415 mètres, tandis que plusieurs sommets du Hoggar avoisinent les 3 000 mètres) mais aux formes déchiquetées. Le Sahel comprend de vastes étendues sableuses parsemées de reliefs gréseux peu vigoureux, mais découpés et troués par l’érosion.
La région saharo-sahélienne est donc propice au camouflage de petits groupes mobiles, offre aux populations qui la parcourent une multitude de refuges (canyons, grottes, rochers en surplomb) et fournit des sites de repli quasiment inexpugnables. Or, l’une des règles de la guerre dans le désert stipule que « la rébellion doit avoir une base inattaquable, un lieu à l’abri non seulement d’une attaque mais de la crainte d’une attaque».
La reconnaissance aérienne devient aléatoire et l’accès aux colonnes motorisées s’avère impossible. Ces avantages tendent à étayer l’information selon laquelle AQMI aurait son sanctuaire dans la région montagneuse du Timétrine, au nord-ouest de l’Adrar des Ifoghas, au Mali. Cela gêne considérablement le repérage d’unités armées mobiles réduites et/ou d’otage(s), ainsi que toute action militaire. D’autant que le contrôle des points hauts offre d’excellents postes d’observation d’où détecter toute colonne gouvernementale en mouvement. Bref, il paraît très difficile de réussir une opération surprise, terrestre et/ou héliportée.
Plus généralement, l’administration, la surveillance et le contrôle de ces contrées excèdent les possibilités des États pauvres et instables dont elles font juridiquement partie. Cependant, la volonté politique revêt une part plus importante qu’il n’est souvent admis. En effet, les contraintes géographiques (obstacles du relief, absence d’eau, par exemple) restreignent les points de passage des frontières et le contrôle de ces derniers n’est pas hors de portée, si l’on veut s’en donner ou si l’on en reçoit les moyens.
Une immense zone aride
Le Sahara (“pays aux teintes fauves“ c’est-à-dire le territoire stérile) est un désert chaud (donc sans hiver froid) qui reçoit moins de 150 millimètres d’eau par an en moyenne. Mais ses plateaux et ses montagnes sont relativement plus arrosés, ce qui permet à des groupes peu nombreux de disposer localement des quantités d’eau nécessaires pour survivre.
Le Sahel reçoit de 150 à 600 millimètres de pluies par an, mais l’irrégularité domine : selon les mois d’une même année (il y a une saison des pluies, l’été, mais, même à ce moment-là, les précipitations ne sont pas uniformes), ainsi que d’une année sur l’autre. Dans les deux régions, des nappes souterraines sont connues et utilisées depuis fort longtemps.
Il en résulte des conditions de vie très difficiles. L’accès à l’eau ainsi qu’aux pâturages qu’elle fait pousser se trouve au cœur des accords et des conflits qui trament la vie des populations de l’espace saharo-sahélien. Les relations entre les groupes s’en trouvent particulièrement compliquées et fluctuantes. Dans cet environnement inhospitalier, les oasis, espaces de vie et d’échanges, constituent des points d’appui stratégiques essentiels, d’une valeur comparable à celle des îles dans les immensités maritimes. Leur contrôle revêt donc une importance cruciale. La “cure salée“, grande transhumance annuelle des troupeaux à la fin des pluies (septembre) vers des pâturages verdoyants et des réserves d’eau naturellement salées, est vitale. Aussi, toute entrave génère des affrontements, comme ceux, récurrents, qui surviennent dans le nord du Niger lorsque l’accès s’en trouve limité, voire interdit, autour des sites uranifères. De même, lors des grandes sécheresses de 1973-1974 et 1983-1984, des troubles éclatèrent. Ces calamités naturelles furent utilisées par les dirigeants du Mali et du Niger pour obtenir une aide internationale accrue qui, semble-t-il, fut intégralement (?) détournée. Les Touaregs accusèrent même les gouvernements malien et nigérien de tenter de les éliminer en les affamant. Bref, les populations de cette zone pratiquent en permanence des stratégies de survie pour contrer leur constante vulnérabilité. Elles constituent un vivier potentiel pour toutes sortes d’instrumentalisations.
Un espace de communication
Les cartes montrent l’enclavement du Mali et du Niger. Mais, depuis des temps immémoriaux, un axe est-ouest relie l’océan Atlantique et la mer Rouge, ce qui fait du Sahel un véritable couloir entre l’océan Atlantique et l’océan Indien, tandis que des axes nord-sud joignent l’Afrique tropicale et la mer Méditerranée, assurant donc des liaisons avec l’Europe. La métaphore maritime appliquée au Sahara trouve ici tout son sens : il s’agit bien d’un espace qui, tout à la fois, sépare et unit, dont le Sahel constitue le “rivage“ méridional.
Hormis les grandes routes transsahariennes (largement investies par les marchands arabes venus d’Algérie durant la colonisation française) et les pistes cartographiées (plusieurs milliers de kilomètres rendus praticables à la circulation automobile à partir de l’Entre-Deux-Guerres), il existe de nombreux parcours repérés uniquement par les tribus vivant dans le désert. Les nomades ont une connaissance intime de la zone dans laquelle ils déplacent leur campement et des fragments de pistes qui la traversent. Parmi un grand nombre de possibilités, seuls sont utilisés les tracés jugés, à un moment donné et en fonction du contexte local ou régional, les plus pratiques et les plus sûrs. Ce qui signifie qu’il en existe beaucoup d’autres disponibles pour des usages exigeant la plus grande discrétion. De plus, chaque groupe ne connaît, ne contrôle et n’exploite qu’un segment du trajet, ce qui entretient la fragmentation territoriale et complique encore l’éventuel relevé des parcours. Les déplacements et les trafics s’en trouvent très difficilement contrôlables, notamment aux confins Algérie-Libye-Niger-Mali, où opère et stationne AQMI.
Dans les années 1990, la zone devint la frontière migratoire de fait du Maghreb et de l’Europe. En effet, dans l’espace saharo-sahélien circulent des migrants venus de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Des réseaux extrêmement complexes drainent ces flux humains, dont l’immense majorité des acteurs ne quittent pas le continent africain, contrairement à une idée reçue.
Les États, comme les groupes mafieux, participent à ce mouvement, qui constitue une ressource tant pour les populations locales et les représentants des “autorités“ que pour les organisations criminelles.
Un espace de ressources
Le Sahara et le Sahel recèlent un certain nombre de richesses, ce qui permet d’y (sur)vivre.
En premier lieu, des ressources naturelles : l’eau, qui, savamment utilisée, permet l’élevage nomade ou sédentaire (chameaux, vaches, chèvres, moutons, ânes), ainsi que des cultures dans les oasis (dattes). Les nomades, tout autant que les sédentaires, connaissent et utilisent avec une grande rationalité les arbres et les herbes (en particulier les plantes médicinales) que ces milieux naturels rudes mettent parcimonieusement à leur disposition. Le sous-sol contient du sel (Mali, Niger), des phosphates, des minerais divers (fer en Mauritanie, or au Mali, cassitérite, cuivre et étain au Niger, par exemple), du charbon (Niger), de l’uranium (Mali, Niger) et des hydrocarbures (Algérie, Mauritanie, Mali, Niger). Certains gisements demeurent inexploités. Un consortium mené par des entreprises allemandes envisage même une production massive d’électricité solaire (projet Desertec). Les pistes, reliant des régions aux ressources complémentaires, servent depuis toujours au commerce sur toutes les distances (intra-sahariennes et transsahariennes), et de support à toutes sortes de trafics. L’attrait des paysages et d’un mode de vie très particulier avait suscité une forme spécifique de tourisme, certes marginale au regard des séjours de masse organisés sur certaines zones littorales, mais rémunératrice pour une partie des populations locales. L’insécurité actuelle a tari cette source de revenus, ce qui mécontente les fractions concernées, à moins qu’elles ne reçoivent des compensations, licites ou illicites.
Bref, de l’élevage des chameaux ou de la culture des dattes à l’exploitation minière en passant par les diverses formes d’échanges, les multiples trafics ou l’organisation de méharées (voire le controversé rallye Paris-Dakar entre 1979 et 2008), l’espace saharo-sahélien représente un enjeu économique pour de nombreux acteurs. Observons, d’une part, l’exemple des activités extractives : leur exploitation intéresse, notamment, l’État producteur, l’État ou les États consommateurs, les entreprises multinationales, une main-d’œuvre recrutée sur place (dans un périmètre plus ou moins vaste, selon des procédures très variables) et/ou venue d’autres régions du pays, les commerçants et autres prestataires de services, les groupes d’origine de ceux qui exercent ces activités. Prenons, d’autre part, le cas du trafic de cocaïne : l’on y trouve, entre autres, les cartels latino-américains, les mafias italiennes, nigérianes et ghanéennes, des membres de la diaspora syro-libanaise, certaines fractions de tribus maures, arabes et touarègues du Sahara, des ressortissants des diasporas africaines en Europe, des éléments appartenant à toutes les strates des appareils étatiques.
Mais des anomalies existent, suscitant ressentiment et tensions : les régions agricoles du sud constituent depuis longtemps la zone “utile“ des actuels États de la bande sahélienne, ce qui contribue à limiter l’intérêt des gouvernements pour les régions dépourvues et peu peuplées du nord . Compte tenu de l’impossibilité d’augmenter les disponibilités hydrauliques et alimentaires, l’accroissement démographique des populations de la frange saharo-sahélienne engendre ou aggrave des pénuries. Les ressources limitées et aléatoires des Touaregs privent ceux-ci de toute possibilité de dégager des surplus leur permettant d’accumuler des capitaux, donc d’investir et de bâtir une économie plus efficace.
L’échange est en permanence inégal entre les Touaregs et les marchands du sud (Mali, Niger), au détriment des premiers. La rente des matières premières fait l’objet d’une redistribution insuffisante ou inexistante en direction des populations locales. Les trafics et les activités terroristes accréditent les discours visant à criminaliser tout ou partie des habitants de la région.
Surtout que ces derniers ne sont pas réellement intégrés dans les États dont ils sont les ressortissants.
LE DOMAINE DES TOUAREGS
La superposition des cartes montre clairement que la zone d’action d’AQMI recouvre approximativement celle peuplée par les Touaregs.
Les Touaregs Berbères en partie “négrifiés“, les Touaregs occupent le Sahara central, où ils commencèrent à s’infiltrer à partir du Xe siècle. Ils voisinent les Maures, à l’ouest et les Toubous, à l’est. Nomades en cours de sédentarisation forcée, ils se distinguent par une forte tradition guerrière et une organisation sociale complexe. Répartis en tribus elles-mêmes regroupées en grandes fédérations, ils connaissent une forte différenciation de statut, mais assortie d’une grande mobilité, ce qui n’empêche toutefois pas l’existence d’une hiérarchie, notamment entre les tribus aristocratiques et les tribus de dépendants.
De multiples dissensions entre chefferies, des rivalités de pouvoir au sein des fédérations, et l’existence de larges marges autonomes à la périphérie des zones d’influence de chaque fédération, entretiennent parmi les Touaregs un état de division endémique. Ils se distinguent également des groupes contigus par la liberté plus grande dont bénéficient les femmes. Ils ont élaboré, au fil des siècles, un mode de fonctionnement économique adapté aux conditions de vie précaires du milieu désertique.
Éleveurs, chasseurs et artisans (cuir, bois, métal) nomades, ils récoltent également du sel et du minerai de cuivre au cœur de leur domaine. Ils recourent aussi, directement ou indirectement, aux activités sédentaires (culture, élevage) et relient par le commerce caravanier des régions aux ressources complémentaires. Le tout fluctue en fonction des variations climatiques et des aléas politiques.
Il s’agit d’une population à la fois peu considérée et mal contrôlée par les États qui l’englobent. Les défaillances, volontaires et involontaires, de ces derniers expliquent que les Touaregs demeurent fidèles à leurs formes traditionnelles d’allégeance, celles du système tribal. Seul ce dernier régule efficacement et dans l’ensemble de ses dimensions (politique, économique, sociale, culturelle) la vie précaire de ces groupes. Mais il est incompatible avec l’acceptation de l’autorité étatique, ce qui explique en partie ce que les dirigeants maliens ou nigériens appellent le “problème touareg“. En outre, ces nomades entretiennent depuis toujours avec les sédentaires des relations complexes qui combinent conflictualité et complémentarité. Au-delà des rivalités pour l’eau et les pâturages, il convient de considérer les échanges de biens et de services, indispensables à la survie des deux catégories : viande et/ou sel contre céréales, herbe contre fumure des parcelles lors du pacage après les récoltes, par exemple. Il n’existe pas d’incompatibilité radicale entre les deux modes de vie, lesquels, parfois, s’interpénètrent dans des systèmes hybrides d’agro-pastoralisme. Mais il survient ponctuellement une concurrence pour l’accès aux ressources vitales.
Les difficultés économiques et sociales fournissent un argument (un prétexte ?) pour présenter le recours à des activités illicites comme une stratégie de survie et donc tenter de rendre ces dernières acceptables sinon légitimes.
Une terre musulmane
AQMI agit dans une zone de culture musulmane. Les Touaregs pratiquent un islam sunnite modéré, rattaché à l’école malékite, largement ouvert au soufisme (confréries Tidjanyia et Kadryia) et plus ou moins mâtiné d’animisme. Cela les rendit toujours suspects aux yeux des musulmans arabes du Maghreb, qui en prirent parfois prétexte pour mener des opérations militaires de prédation ou de conquête sous couvert de “guerre sainte“ (djihad). La plupart d’entre eux ignorent la langue arabe, ce qui limite le nombre de lecteurs du Coran et accroit le prestige de ces derniers, comme le montra l’importance de Tombouctou. Le village fondé par les Touaregs devint une ville phare de l’enseignement et de la diffusion de l’islam en Afrique subsaharienne. Les collections de manuscrits (en arabe et en peul) rassemblées par les riches familles de la ville étaient réputées dès le XIVe siècle. Les tombeaux de marabouts y font l’objet de pèlerinages depuis des siècles.
Cette modération et ces pratiques étrangères à l’islam des origines rendent a priori la population touarègue allergique au salafisme professé par AQMI. Mais il faut compter avec l’influence de la Sanoussiya, cette confrérie d’inspiration wahhabite créée en Cyrénaïque en 1835 par Mohammad Ibn Ali al-Sanoussi (1787-1859). Son influence s’étendit le long des pistes caravanières, atteignant le Sahara central pendant la Première Guerre mondiale. Dans cet espace, la Sanoussiya incarna la résistance à la colonisation européenne et mena, durant la Première Guerre mondiale, la guérilla contre les Italiens, les Français et les Anglais. Les auteurs de l’assassinat du Père Charles de Foucauld, le 1er décembre 1916, appartenaient à la Sanoussiya. Celle-ci laissa l’empreinte, encore perceptible de nos jours, d’une tradition rigoriste dans le Hoggar, l’Aïr et le Damergou. De plus, la colonisation engendra une multiplication des contacts avec les Arabes musulmans du Maghreb, ce qui accrut progressivement l’emprise d’un islam plus exigeant.
Depuis les années 1960, le prosélytisme wahhabite, au moyen de la construction de mosquées, de l’envoi d’imams et de l’octroi de bourses pour suivre des études théologiques en Arabie Saoudite, fait qu’une partie de la jeunesse, désœuvrée et sans perspectives, peut se trouver séduite. Au total, le discours d’AQMI ne tombe probablement pas dans des oreilles unanimement hostiles.
L’insécurité permanente
Les cartes des frontières le montrent à l’envi : le domaine saharien à coup sûr, voire le domaine sahélien dans certains cas, est périphérique pour tous les États, à l’exception de la Mauritanie. Cela tient largement à l’absence endémique de sécurité dans ces régions, mais, en retour, cela entretient, voire amplifie l’insécurité.
Les aléas hydrauliques font planer en permanence les spectres du manque d’eau et, par voie de conséquence, de la pénurie alimentaire. Les rivalités – traditionnelles ou conjoncturelles – entre les différentes fractions de la population suscitent de multiples affrontements, que la diffusion massive d’armes légères du type AK-47 (notamment par M. Kadhafi tout au long de sa dictature, entre 1969 et 2011) rend de plus en plus meurtriers. La sédentarisation forcée, assortie de discrimination (ou de ce qui est ressenti comme telle) et de précarisation, que mènent les gouvernements, entretient un vif mécontentement, source de troubles. De plus, l’émigration (dès les années 1950 sur les chantiers de grands travaux en Afrique du Nord, puis à partir de la sécheresse de 1973) a généré, particulièrement en Algérie et en Libye, une diaspora touarègue, celle des ishumar, qui parsème le Maghreb de noyaux offrant des opportunités pour la création de réseaux affiliés à AQMI.
L’espace saharo-sahélien ressort comme celui de la marginalisation, de la paupérisation et de la rébellion. Faute tout autant de moyens que de réelle volonté politique, les États ne parviennent pas à y établir leur autorité et à y faire régner la loi et l’ordre. Ajoutons la scissiparité des mouvements armés, processus camouflant, en partie au moins, des rivalités pour contrôler des territoires et des routes utilisés pour la contrebande et/ou pour bénéficier des programmes accompagnant les accords de pacification. Cela ne signifie pas pour autant l’anarchie : il existe dans cette zone de multiples régulations an-étatiques. En sus des règles tribales traditionnelles, s’appliquent les normes spécifiques aux réseaux omniprésents : commerciaux, mafieux, miliciens, terroristes, notamment. Nous nous trouvons en présence d’une “zone grise“ de plusieurs millions de kilomètres carrés, régie selon ses propres “lois“.
Cette fragmentation et cette instabilité obèrent toute politique publique unificatrice.
DES PROJETS ANTAGONISTES
Le destin de l’espace saharo-sahélien dans lequel évolue AQMI est appréhendé de manière contradictoire par les acteurs locaux, ce qui offre aux djihadistes un vaste champ de manœuvre politique.
L’identité touarègue
La culture riche et originale portée par la langue tamasheq, le farouche esprit d’indépendance encore entretenu par une partie d’entre eux, le rapport fusionnel au désert et leurs qualités guerrières fondent l’identité des Touaregs. Mais leurs querelles intestines, profondément ancrées dans leur passé et qu’il n’est souvent nul besoin d’instrumentaliser de l’extérieur, les ont empêché jusqu’à nos jours de s’affirmer comme nation. Ils ne constituèrent jamais un État unitaire et, jusqu’à ce jour, ils s’avèrent incapables de dégager un projet politique commun, un “vouloir vivre ensemble“ transcendant leurs divisions. Ces dernières facilitèrent, durant la période coloniale, et facilitent, aujourd’hui encore, les manipulations, comme celle des Lamhar et des Imghad (dépendants) par le gouvernement du Mali pour affaiblir les Ifoghas (aristocrates), fer de lance des révoltes dans la région de Kidal.
En dépit de leur valeur au combat, les Touaregs se trouvèrent longtemps exclus des armées “nationales“ du Mali et du Niger. Aujourd’hui, ces dernières en incorporent un petit nombre, mais dans le cadre de programmes de pacification et non sans susciter des sentiments mitigés parmi les autres militaires qui les ont parfois combattus durant des années. Ceci ne favorise guère leur sentiment d’appartenance, donc leur identification et leur allégeance à la nation malienne ou à la nation nigérienne.
Dès les années 1960, les gouvernements contestèrent, voire nièrent les spécificités des Touaregs, d’où la frustration de ceux-ci et leurs révoltes, assorties d’une revendication d’indépendance ou d’autonomie, à partir de 1974. La structure hiérarchique de leur société, déjà ébranlée par la colonisation, entra en contradiction avec les idéologies socialisantes en vogue après les indépendances, par exemple au Mali sous la présidence de Modibo Keita (1960-1968). Elle se pervertit dans les dérives consécutives aux démocratisations introduites dans les années 1990 : l’intégration d’une partie des notables touaregs dans le système parlementaire créa de nouvelles rentes de situation et suscita de nouvelles insatisfactions. Ignorant la propriété privée, les Touaregs ne détinrent jamais de titres garantissant la possession des terrains qu’ils parcouraient, ce qui entraîna des spoliations durant la période coloniale, puis après l’indépendance. Les terres réputées inexploitées devinrent propriété de l’État.
Autre obstacle à l’osmose nationale : en tant que descendant des razzieurs d’esclaves, tout Touareg, même s’il a la peau foncée, s’estime supérieur à un Noir. Or, il se retrouve (ou estime se retrouver) en situation de citoyen de seconde zone, ce qu’il supporte d’autant plus mal que les programmes de sédentarisation plus ou moins forcés que l’on tente de lui imposer l’humilient profondément. De son point de vue, cette déchéance morale et sociale résulte, pour partie au moins, d’une trahison dont se serait rendue coupable la France lors de la décolonisation. Selon la logique du système tribal, la soumission et le paiement du tribut obligeaient la France à protéger les Touaregs, ce qu’elle fit partiellement durant la période coloniale : respect de leur mode de vie (même s’il était soigneusement encadré), soins médicaux, aide alimentaire en cas de disette. Mais le processus de décolonisation ne s’accompagna d’aucune garantie de pérennisation de cette assistance. Il en résulta un sentiment d’abandon qui explique peut-être pourquoi les Touaregs semblent éprouver aussi peu de scrupules que possible à s’en prendre à des ressortissants ou à des intérêts français, ou à laisser faire. Or, le programme d’AQMI dénonce et cible explicitement la France. Une convergence ou une passivité complice s’avèrent donc possibles en dehors de toute proximité idéologique.
Les Noirs, entre crainte et ressentiment
Dans la mémoire collective des populations noires, domine une image négative et conflictuelle des Touaregs. Oubliant un peu vite la part très active qu’y prit l’empire Songhaï (VIIe-XVIe siècles), elles leur reprochent la pratique de l’esclavage et la participation à la traite négrière vers le monde musulman avant la période coloniale. Les Noirs considèrent, à tort ou à raison, comme du racisme à leur égard le sentiment de supériorité nourri chez les Touaregs par leur passé de razzieurs.
Ignorant la dureté de la conquête française et du contrôle auquel les nomades furent soumis, les Noirs jugent, parce que les Touaregs purent conserver leur mode de vie moyennant l’abandon de la traite esclavagiste, que ceux-ci surent s’assurer un sort meilleur que le leur durant la colonisation. De même, parlant de “trahison“, ils soulignent l’absence des Touaregs durant les luttes menées pour l’indépendance, voire leur engagement au service de la France. Celle-ci, en effet, les favorisa dans les années 1950 pour pallier la défection d’une partie des recrues arabes, ralliées au Front de libération nationale-FLN algérien. Les chefs tribaux craignaient de perdre leurs prérogatives et la liberté de déplacement. Les unités méharistes touarègues bloquèrent efficacement la wilaya 7, par exemple.
Elles-mêmes démunies, les populations noires estiment trop importants les modestes efforts faits depuis l’indépendance en faveur d’hommes et de femmes dont elles dénoncent l’“ingratitude“ à l’occasion de chacun de leurs soulèvements. Elles ressentent de la frustration lorsque, dans le cadre des accords de réconciliation, des postes sont attribués à des Touaregs qui, déjà sous-scolarisés à l’époque coloniale (à l’exception des aristocrates Kel Ansar du Goundam, ils refusèrent d’envoyer leurs enfants à l’école française, ce qui explique le manque dramatique de cadres parmi eux lors de l’accession à l’indépendance et depuis), demeurent aujourd’hui moins qualifiés ou pas qualifiés du tout. Elles passent en revanche sous silence le fait qu’une meilleure qualification leur permet d’accéder plus aisément à des emplois, comme le montre l’embauche de nombreux Haoussa et Djerma de préférence aux Touaregs sur les sites miniers du nord du Mali, par exemple. Bref, les populations noires n’éprouvent guère de sentiment de proximité avec les habitants du Nord. La notion de destin commun, indispensable composante du sentiment d’appartenance nationale, fait nettement défaut.
Dans ces conditions, les dirigeants maliens ou nigériens peuvent compter sur l’indifférence, voire l’antipathie de la majorité noire vis-à-vis de la minorité touarègue. Ils ne risquent guère d’être contredits lorsqu’ils imputent à cette dernière des activités criminelles de droit commun et/ou un soutien à AQMI. Cela autorise des politiques discriminatoires et répressives, tout comme cela contribue à entretenir les préjugés négatifs à l’encontre des Touaregs. L’incompréhension, les tensions, les mécanismes d’exclusion et d’affrontements semblent avoir encore de l’avenir… pour le plus grand bénéfice d’AQMI.
L’héritage colonial
Dans la mesure où les limites et les découpages des possessions africaines découlèrent des intérêts des métropoles et des traités (notamment : Berlin, 1885 ; convention franco-anglaise sur le Sahara et le Soudan, 1899 ; Entente cordiale France-Grande-Bretagne, 1904 ; accord franco-allemand sur le Maroc, 1911) ou des rapports de force établis entre elles, l’administration coloniale légua des frontières inadaptées à l’ensemble des États de l’Afrique contemporaine. Afin d’éviter l’embrasement généralisé du continent, l’Organisation de l’unité africaine se rallia, par la résolution du Caire (juillet 1964), au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Les signataires s’engagèrent à « respecter les frontières existant au moment où les États [avaient] accédé à l’indépendance nationale ». Cette décision paraissait d’autant plus nécessaire que la “guerre des sables“, qui venait d’opposer l’Algérie au Maroc (octobre-novembre 1963), portait précisément sur un litige frontalier né du partage colonial et faisait prendre conscience du caractère hautement belligène de toute tentative de redécoupage.
Pour les États de la zone saharo-sahélienne, outre l’éloignement des centres de décision (situés très au sud du Sahara), l’héritage comportait, entre autres inconvénients, des frontières qui entravaient le mode de vie nomade et ignoraient la répartition spatiale des ethnies. Il résulte de tout cela qu’il n’existe pas d’État touareg. Plus grave, les États nés de l’indépendance sont dirigés par des non-Touaregs et, nous l’avons vu plus haut, ne placent pas les (ex-)nomades du Nord au cœur de leurs priorités. Cela entretient une immense frustration.
D’autant que la France avait conçu, dans les années 1950, le projet d’une Organisation commune des régions sahariennes-OCRS. L’Assemblée nationale créa celle-ci par une loi adoptée le 10 janvier 1957. Cette instance, destinée à définir et conduire une politique commune à l’ensemble du “Sahara français“, devait englober les départements sahariens d’Algérie (des Oasis et de Saoura, créés en août 1957), les régions saharo-sahéliennes du Soudan (devenu le Mali, en 1960), du Niger et du Tchad. Dès février 1959, le champ fut restreint aux seuls départements algériens car le statut d’autonomie des territoires d’Afrique subsaharienne adopté en 1956 interdisait d’interférer dans l’administration de leur bande saharo-sahélienne. L’entreprise fut rejetée par le FLN qui, conformément à la ligne définie au Congrès de la Soummam, en août 1956, refusait toute amputation du territoire de l’Algérie indépendante pour laquelle il combattait. Cette dernière devait recouvrir l’ensemble des territoires de l’Algérie coloniale. Les militaires français souhaitaient conserver les hydrocarbures, les centres d’essais nucléaire d’In Ekker et balistique d’Hammaguir. Toutefois, pour ne pas compromettre les pourparlers de paix, de Gaulle abandonna publiquement le projet, lors de sa conférence de presse du 5 septembre 1961 : « il n’y a pas un seul Algérien, je le sais, qui ne pense que le Sahara doit faire partie de l’Algérie, et [...] il n’y aurait pas un seul gouvernement algérien, quelle que soit son orientation par rapport à la France, qui ne doive revendiquer sans relâche la souveraineté algérienne sur le Sahara ».
Tandis que certains Touaregs approchaient – en vain – le FLN pour lutter en commun pour leurs indépendances respectives, les (des ?) chefs des grandes fédérations avaient écrit, en 1960, au Président de la République française une lettre destinée à demander un statut politique au sein de l’OCRS : « Puisque vous quittez le pays touareg, rendez-nous notre bien tel que vous nous l’avez arraché [...] Nous ne voulons pas que les Noirs ni les Arabes nous dirigent […] Puisque l’indépendance s’annonce et que vous la donnez, alors nous les Touaregs nous voulons nous diriger nous-mêmes et rassembler notre société tout entière là où elle se trouve, dans notre pays. Nous voulons que notre pays soit un seul pays ». Mais leur appel demeura sans écho. L’OCRS constitue encore, aujourd’hui, la référence nourrissant l’espérance d’un État touareg. Elle alimente aussi, de la part des Noirs, les procès d’intention sécessionniste au profit de la France. L’exil s’imposa comme l’une des réponses à ceux qui souffraient ou estimaient souffrir d’une intolérable discrimination. Ils donnèrent ainsi naissance à une diaspora peu nombreuse mais active, restée très liée à son territoire et à sa communauté d’origine. Eux aussi peuvent, le cas échéant, épauler les djihadistes.
Le califat saharo-sahélien envisagé par AQMI peut séduire certains Touaregs, comme moyen de réaliser leur rêve d’émancipation vis-à-vis d’une domination rejetée. Mais le mode de vie salafiste leur conviendrait-il et, surtout (?) les acteurs extérieurs laisseraient-ils faire ?
LA FOIRE AUX CONVOITISES
L’espace saharo-sahélien apparaît comme particulièrement convoité, tant par des États que par des entités non-étatiques, légales ou non.
Les États riverains
La Mauritanie, le Mali et le Niger veulent mieux contrôler leur espace saharo-sahélien. Il s’agit tout à la fois pour eux d’affirmer leur souveraineté sur l’ensemble de leur territoire national, d’assurer leur sécurité et de tirer parti des ressources naturelles (hydrocarbures, minerais : l’uranium, localisé dans le nord du pays, assure 90% des recettes du Niger à l’exportation, par exemple). Mais les moyens leur font cruellement défaut, particulièrement aux deux derniers. Même s’il manque les preuves formelles, ce dénuement étaye l’hypothèse d’un pacte – tacite ou formalisé – de non-agression conclu par Bamako et/ou Niamey avec AQMI. La France et les États-Unis combattent ce penchant en fournissant une aide. Mais alors une autre tentation risque de se faire jour : celle de la rente stratégique. Les États peuvent chercher à entretenir la situation, afin de continuer à en percevoir les dividendes. Ajoutons que ces trois États, qui eurent à pâtir des menées libyennes auprès des populations sahariennes, se méfient également des ambitions régionales de l’Algérie, ce qui obère la coopération antiterroriste, au grand dam de Paris et de Washington.
Le Maroc, outre la rivalité de puissance au Maghreb qui l’oppose, depuis 1962, à l’Algérie, surveille très étroitement les 266 000 km2 du Sahara occidental (ex-colonie espagnole du Rio de Oro et de Saguia el-Hamra). Annexé de fait entre 1976 et 1979, ce territoire, dont l’indépendance est revendiquée par le Front Polisario (soutenu par Alger), connaît un calme précaire depuis le cessez-le-feu négocié par l’ONU en 1991. Selon des sources invérifiables, une coopération opérationnelle existerait entre les (des ?) indépendantistes sahraouis et AQMI qui, par ailleurs, tente de s’implanter dans le royaume chérifien. Mais la monarchie marocaine n’a-t-elle pas intérêt à discréditer les Sahraouis tout en percevant sa part de la rente stratégique assurée par sa participation à la lutte contre le terrorisme ? Cela jette la suspicion sur l’enlèvement de trois coopérants européens, le 23 octobre 2011, dans le camp de réfugiés sahraouis d’Hassi Rabuni (près de Tindouf, en Algérie). En effet, comment ne pas s’interroger sur la coïncidence qui fait qu’un groupe inconnu, le “Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest“-MUJAO, présenté comme une dissidence d’AQMI, agisse précisément là où se trouve le siège du gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique. Rabat entretient depuis l’indépendance (1956) de très étroites relations avec la France et les États-Unis, notamment en matière de défense et de sécurité. Cela contribue à entretenir la méfiance d’Alger à son encontre et ne facilite pas la coordination régionale des actions contre AQMI.
Pour les mêmes raisons que le Niger, le Mali ou la Mauritanie, l’Algérie, berceau d’AQMI, entend mieux contrôler la partie saharienne de son territoire. La caste qui accapare le pouvoir et les richesses du pays depuis l’accession à l’indépendance (1962) cherche en priorité à perdurer, ce qui constitue sa principale motivation pour mener une lutte impitoyable contre ceux qui veulent la renverser. C’est parce qu’il s’agit de l’assurance-vie de cette faction qu’Alger peut être considéré comme un partenaire fiable dans la lutte contre le terrorisme par les États-Unis et l’Union européenne. Cela importe d’autant plus que le pays joue un rôle essentiel puisqu’il se situe géographiquement en position intermédiaire entre les cibles occidentales et le sanctuaire saharo-sahélien d’Al Qaida. À cela s’ajoute la volonté d’affirmer sa prépondérance régionale. Tout comme l’implication dans la question touarègue, la présence d’une filiale de la SONATRACH, la compagnie pétrolière nationale, dans la prospection au sud du Sahara s’inscrit dans cette logique. Notons que des liens historiques se nouèrent avec le Mali durant la guerre d’indépendance (1954-1962). En 1958, après la mise en place par la France de barrages efficaces aux frontières du Maroc et de la Tunisie, le Sahara devint une zone de transit essentielle pour les renforts et le ravitaillement de l’armée de libération nationale-ALN. La wilaya 7 ou “wilaya des sables“, sous le commandement d’Abdelaziz Bouteflika (basé à Gao), couvrait l’Adrar des Ifoghas, le Hoggar et l’oasis de Tindouf à partir de Tessalit, Kidal et Gao. Cela crée un contexte a priori favorable à une action concertée, en particulier pour contrôler les turbulences touarègues. Mais cela peut également jouer en faveur d’AQMI : ses membres n’ont-ils pas réactivé des itinéraires et des filières hérités de la guerre d’indépendance ? Cela rendrait encore plus nécessaire une coordination de l’action antiterroriste des États confinant la bande saharo-sahélienne. Or, ce n’est guère le cas, Alger, soutenu semble-t-il par Washington, voulant en assurer la direction, alors que le Mali et le Niger préfèrent un pilotage français. Le rapprochement s’avère donc laborieux. Il fallut attendre avril 2010 pour la mise en place d’un Comité opérationnel conjoint (Mauritanie, Mali, Niger, Algérie), basé à Tamanrasset, et septembre de la même année pour le lancement d’un Comité central du renseignement des pays saharo-sahéliens, sis à Alger.
La Libye du colonel Kadhafi (1969-2011) nourrissait également des ambitions régionales. Elle joua sur tous les registres : politique, avec le panafricanisme étayant le projet de création d’ États-Unis d’Afrique, économique avec des investissements (y compris dans la prospection pétrolière dans la bande sahélienne) et une aide au développement. Sans oublier la dimension militaire : malencontreusement dépourvue d’hommes, elle recruta des mercenaires dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne et recourut à tout l’arsenal de la stratégie indirecte, du terrorisme au soutien à diverses rébellions. Notamment, Kadhafi usa, non sans sinuosités, de la carte du soutien actif aux divers soulèvements touaregs (en septembre 1980, le premier congrès des mouvements de résistance touaregs se tint à Homs et Kadhafi parlait de la Libye comme de la “patrie d’origine“ des Touaregs). Sur le terrain politique, il lança dans les années 1990 le projet d’États-Unis du Sahara, qui recoupait les limites de l’OCRS, mais aussi de la zone d’influence de la Sanoussiya. Pour flou qu’il fût, le projet saharien du tyran de Tripoli le posa en rival régional de l’Algérie. Celle-ci, en toute discrétion et avec l’accord tacite des puissances occidentales semble-t-il, contra systématiquement et brutalement ses entreprises. Alger ne veut, en effet, à aucun prix d’un État touareg, par crainte d’un réveil de la revendication d’indépendance des Berbères en Kabylie. Confrontée dans les années 1990 à une guérilla islamiste, Tripoli avait très durement réprimé les noyaux se réclamant d’Al Qaida et demeura en alerte constante. La guerre civile (février à octobre 2011) puis l’effondrement de la dictature permirent la résurgence de groupes armés islamistes (notamment autour de l’ancien djihadiste Abdelhakim Belhaj) dont la modération affichée demandera confirmation dans un proche avenir. De plus, les affrontements qui marquèrent les derniers mois de la dictature, se soldèrent par le pillage de multiples dépôts d’armes de toutes sortes qui ont pris diverses directions, notamment celle de la bande saharo-sahélienne. Ainsi, les milliers (?) de mercenaires recrutés par le dictateur aux abois revinrent très bien équipés dans leurs pays d’origine. Première conséquence observable, une “rébellion touarègue“ s’est rallumée, en janvier 2012, au Mali et le pouvoir en place à Bamako semble débordé. Certains observateurs craignent qu’il ne s’agisse que du signe avant-coureur d’un embrasement généralisé.
Le Soudan se trouve soumis à un régime islamiste, qui offrit l’hospitalité à Ben Laden entre 1992 et 1996. Il serait étonnant qu’il n’en reste pas quelques traces, notamment sous forme de cellules plus ou moins dormantes, susceptibles de relayer AQMI. D’autant que le rôle joué par les États-Unis (en dépit d’une coopération antiterroriste présentée comme efficace) et l’Arabie Saoudite, voire Israël, dans les conflits locaux qui le déstabilisent (Darfour, Sud) peut l’inciter à fermer les yeux sur les menées d’Al Qaida, sinon y prêter la main.
Souvent cité, notamment comme base de départ de plusieurs enlèvements, le Burkina-Faso intrigue. L’activisme régional de son président, Blaise Compaoré, amène à lui attribuer, à tort ou à raison, une part de responsabilité dans tous les foyers d’agitation ou de conflit de son voisinage. Soucieux de préserver le calme chez ses propres Touaregs, il encourage les négociations des gouvernements du Mali et du Niger avec leurs minorités du nord. Le jeu pour le moins ambigu et les relations pour le moins éclectiques du conseiller (d’origine mauritanienne) du président, Moustafa Ould Liman Chaafi, entretiennent la suspicion au sujet d’un accord tacite de non-agression entre Ouagadougou et AQMI.
Les États lointains
Plusieurs pays extérieurs à la région se trouvent impliqués dans la zone saharo-sahélienne : la France, les États-Unis et la Chine. Tous trois détiennent dans cet espace des intérêts économiques (accès aux matières premières, recherche de débouchés commerciaux, ventes d’armements) et stratégiques (garantie de points d’appui et/ou lutte antiterroriste). Les deux premiers interviennent donc très activement dans la lutte contre AQMI.
Ancienne puissance coloniale, la France poursuit une politique de coopération remontant, avec des hauts et des bas, aux indépendances, proclamées en 1960. Ses intérêts demeurent considérables. Le Niger assure un tiers de son approvisionnement en uranium. Le fer de Mauritanie, l’étain et l’or du Mali, demain peut-être les hydrocarbures du sud saharien, sont autant de ressources qui ne laissent pas Paris indifférent et font l’objet d’une âpre concurrence avec les États-Unis et la Chine, notamment. Les bases de Libreville et de N’Djamena forment, non loin du sanctuaire d’AQMI, les deux premiers maillons d’un dispositif militaire qui se prolonge à Djibouti et Abou Dhabi. La veille de l’inauguration de cette dernière installation (26 mai 2009), le Président de la République déclarait : « Avec cette base, notre première au Moyen-Orient, la France montre [...] qu’elle est prête à prendre toutes ses responsabilités pour garantir la stabilité de cette région essentielle pour l’équilibre du monde ». Hormis l’Iran, parmi les menaces pesant sur cet équilibre, figure Al Qaida… dont AQMI est une composante. Moustapha Setmeriem Nasser, alias Abou Mossab Al Souri, idéologue d’Al Qaida, déclarait en 2005 : « il est de notre droit légitime de frapper la France car nous sommes en guerre contre ce pays ». Et il invoquait le soutien à Israël (y compris l’aide à l’accession à l’arme nucléaire décidée par Guy Mollet), l’inscription du Hamas et du Djihad islamique sur la liste des organisations terroristes, la politique menée à l’encontre de la Syrie, la participation aux intervention en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan, la présence militaire dans des pays musulmans d’Afrique, l’appartenance à l’OTAN et l’interdiction du port du voile islamique. D’autres documents ajoutent le passé colonial et le soutien de Paris à l’interruption du processus électoral algérien qui empêcha l’accession au pouvoir du Front islamique du salut-FIS, en décembre 1991. Mais l’action de la France dans la région saharo-sahélienne se heurte à la méfiance de l’Algérie. Celle-ci, d’une part, instrumentalise, pour des raisons de politique intérieure, la thématique du néocolonialisme afin de se forger une légitimité “nationale“, discréditer les adversaires de la faction au pouvoir et tenter de rallier une partie des sympathisants de l’islamisme. D’autre part, les dirigeants algériens veulent écarter la France de la zone sahélienne pour affirmer dans la région leur puissance à la place de la sienne. Quant à Paris, certains analystes lui prêtent le projet de constituer avec le Mali et le Niger, peut-être le Maroc et la Tunisie, un “bloc contre-hégémonique“ face à l’axe Washington-Alger.
Depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis ont jeté leur dévolu sur le continent africain. Puissance mondiale, ils se devaient d’y affirmer leur présence et ce d’autant plus que leur rival chinois s’y implantait en force. En vertu de l’African Growth and Opportunity Act-AGOA, ils dispensent une aide économique régionale spécifique depuis 2000. Ils seraient désormais parmi les (sinon les) principaux pourvoyeurs d’aide internationale en zone de peuplement touareg. En quête de matières premières et de diversification de leurs approvisionnements en hydrocarbures, les Américains multiplient leurs investissements, par exemple en Algérie, pivot du North African Partnership for Economic Opportunity conclu en 2009. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la montée en puissance de leur lutte contre le terrorisme, couplée à la lutte antidrogue, ils augmentent de manière significative leur coopération et leur présence militaires en Algérie et en Afrique subsaharienne. Dès 2002, ils formèrent laPan Sahel Initiative avec la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad. En 2005, ils mirent en place la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative avec l’Algérie, le Burkina-Faso, la Libye, le Maroc, la Tunisie, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Sénégal. Parallèlement, ils lancèrent l’exercice annuel Flintlock. En 2007, ils ont créé au sein de leurs forces armées un commandement militaire régional spécial, l’AFRICOM. Ils sont notamment présents en Algérie (base de Tamanrasset), en Mauritanie (base de Nema), au Niger (base d’Agadez) et, surtout, au Mali, où ils utilisent, dans la plus grande discrétion, l’ancienne base française de Tessalit, idéalement située à équidistance de la Méditerranée, au Nord, de l’Atlantique, à l’ouest et du Golfe de Guinée, au sud. Toutefois, les revers essuyés en Irak et en Afghanistan, ainsi que la réduction du format de leur armée, les incitent à sous-traiter le combat contre AQMI. L’efficacité du procédé suscite la polémique.
Dernière venue et privilégiant la carte de la séduction (soft power), la Chine, quant à elle, s’active à la construction d’infrastructures, comme les ponts sur le Niger à Bamako ou à Niamey. Afin de couvrir une partie de ses énormes besoins en matières premières, elle se livre également à une intense activité de prospection (hydrocarbures, minerais) au Mali et au Niger, ce qui ne peut manquer de l’impliquer dans la question touarègue et d’engendrer des rivalités avec la France. Par exemple, depuis 2007, elle exploite une partie de l’uranium du Niger (gisement d’Azelik). En butte à la révolte d’une partie de la minorité ouïgoure, population turcophone musulmane (sur)vivant au Xinjiang, elle est également visée par Al Qaida. N’oublions pas la forte proportion d’Ouïghours capturés par les Américains parmi les djihadistes à l’entraînement dans les camps que les talibans avaient autorisé Ben Laden à ouvrir en Afghanistan avant le 11 septembre 2001. Le champ des déstabilisations s’ouvre à l’infini.
Les acteurs illégaux
D’Al Qaida aux mafias, les entités illégales pullulent dans l’espace saharo-sahélien.
Celle qui joue le rôle le plus préoccupant est AQMI, dernier avatar de la tendance salafiste djihadiste qui existait au sein du FIS dés sa création en Algérie, en 1989. Ses membres se rattachent à la mouvance extrémiste qui considère que le pouvoir se conquiert exclusivement par les armes et que la loi de Dieu n’est instaurée que par la guerre sainte, considérée comme une obligation absolue (le “sixième pilier de l’islam“, avec la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, le paiement de l’aumône, le jeûne du Ramadan, et le pèlerinage à La Mecque). Après l’interruption du processus électoral par l’armée algérienne, en décembre 1991, ils rejoignirent le Groupe islamique armé-GIA. Des dissensions internes amenèrent à la formation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat-GSPC, en septembre 1998. Le rapprochement avec Al Qaida date de cette époque et aboutit, le 11 septembre 2006, à une déclaration officielle d’allégeance, sous l’impulsion d’Abdelmalek Droukdel, qui mena le processus à son terme logique : la transformation, le 24 janvier 2007, du GSPC en Al Qaida dans les pays du Maghreb islamique. Le groupe n’entend plus se limiter à prendre le pouvoir en Algérie : il a décidé de participer au djihad mondial. Les premières opérations dans la zone Sahara-Sahel (où se trouvent plusieurs katibas : sud de l’Algérie et du Maroc, est de la Mauritanie, nord du Mali et nord du Niger) remontent à 2003 : en février et mars, plusieurs prises d’otages permirent la capture de 32 touristes étrangers. Leur libération contre rançon procura au GSPC un trésor de guerre estimé à 5 millions de dollars. Une somme largement suffisante pour acheter des complicités ainsi que pour s’équiper en armes légères, en véhicules tous terrains, en systèmes de communications et de guidage performants. Entre 2003 et 2010, les rapts auraient permis au groupe terroriste d’accumuler 70 millions d’euros. Or, ils ne constitueraient pas sa ressource principale. La nomination, en mars 2009, d’un nouvel émir des katibas sahéliennes en la personne de Yahia Djaoudi (installé dans l’ancien bagne militaire français sis au cœur du bassin de Taoudeni, « triangle de l’or noir », partagé entre la Mauritanie, le Mali et l’Algérie), considéré comme le principal stratège d’AQMI depuis septembre 2006, marquerait un tournant. Al Qaida ferait évoluer la fonction dévolue à l’espace saharo-sahélien : dépassant son rôle de refuge et de zone de banditisme destiné à financer AQMI, il deviendrait une forteresse de la “guerre sainte“, vouée à accueillir, à regrouper et à entraîner les djihadistes du Maghreb et des pays subsahariens limitrophes. Cela permettrait de créer ce qui aurait été l’un des objectifs de Ben Laden dès 2001 : un “nouvel Afghanistan“ aux portes de l’Europe, une “base“ à partir de laquelle préparer l’assaut contre le littoral maghrébin et… le sud de l’Europe.
Mais les rangs d’AQMI (quelques centaines de combattants ?) ne comptent pas seulement des assassins se parant d’un idéal. On y trouve également de vulgaires voyous, gens de sac et de corde fort à l’aise dans un espace saharo-sahélien qui grouille de trafiquants en tous genres et de toutes envergures. Ils font argent de tout : produits de consommation courante (en profitant des différences de prix), véhicules, cigarettes, vrais ou faux médicaments, armes (notamment légères), drogue, émigrants clandestins. Connaissant seuls les tracés, les Touaregs (dont certains anciens combattants ont été intégrés – à des fins de réinsertion – dans les services des douanes, avec les conséquences que l’on peut imaginer) n’agissent pas seulement pour leur compte : ils sont les intermédiaires obligés de tous les réseaux désireux de transiter par cet espace. Ainsi en va-t-il, notamment, pour les narcotrafiquants de Colombie et du Mexique (cocaïne arrivant par la Guinée-Bissau et le Sénégal ou dans le nord du Mali par “Air Cocaïne“), du Moyen-Orient (héroïne d’Afghanistan arrivant par la mer Rouge) et du Maghreb (cannabis du Maroc), pour lesquels la route transsaharienne est la plus sûre et la moins coûteuse. Nous sommes en présence d’une criminalisation économique évoluant (ou susceptible d’évoluer) en criminalité politico-religieuse : complicités politiques, policières et militaires dans les États concernés, narco-guérilla de certains Touaregs et narco-terrorisme d’AQMI.
DU NOYAU AUX MÉTASTASES
Tout concourt à faire de l’espace saharo-sahélien la plus vaste zone d’instabilité et de non-droit de la planète : la géographie, la paupérisation persistante sinon organisée des Touaregs, les convoitises étrangères, l’extrémisme politico-religieux et les mafias. L’ampleur de la tâche à accomplir en vue d’une sécurisation est à la mesure de l’espace concerné : immense. Et rien ne permet de penser, en l’état actuel des choses, que la communauté internationale parviendra à autre chose qu’un endiguement partiel. Les pays du sud de la zone figurent parmi les plus pauvres du monde et ne brillent pas par la qualité de leur gouvernance, en dépit de quelques progrès récents. Les pays du Maghreb, (un peu) plus riches, ne sont pas mieux gouvernés et les problèmes qu’ils ont à résoudre sont énormes, comme l’a montré le mouvement de contestation déclenché à l’automne 2010 et qui n’est peut-être pas terminé. En outre, certains s’opposent pour la prépondérance régionale. Quant aux États non-africains impliqués, ils ne peuvent tout faire et ils parent au plus pressé : accéder aux ressources naturelles dont ils ont besoin, tout en déployant des pare-feu pour contenir l’expansion et la jonction des factions armées. Toutefois, et c’est le plus préoccupant, tandis que l’incertitude plane sur l’avenir de la Libye et du Soudan, voire de l’Algérie et du Maroc, on observe la montée en puissance de deux groupes armés connectés à Al Qaida : les Shebabs en Somalie (qui, le 15 février 2012, ont fait publiquement allégeance à Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al Qaida) et Boko Haram au Nigeria.
T.E. Lawrence, expert en guerre du désert s’il en fut, écrivait : « “Celui qui commande sur mer jouit d’une grande liberté et peut prendre de la guerre aussi peu ou autant qu’il le désire“ : celui qui commande dans le désert dispose des mêmes avantages. Des patrouilles de méharistes aussi autonomes que des navires pouvaient croiser en toute sécurité sur la frontière de la zone ennemie, tout juste hors de vue des postes de l’adversaire le long des terres cultivées, et se livrer à des incursions dans ses lignes là où cela semblait le plus opportun, le plus facile ou le plus profitable, avec une constante possibilité de retraite derrière elles dans un élément qui restait hors de portée des Turcs ». L’analogie avec l’affrontement en cours aujourd’hui est frappante. Et méditons cette autre remarque, applicable aux Touaregs : « la répartition des coups de main ne fut pas orthodoxe. Il était impossible de mêler ou de combiner plusieurs tribus car l’antipathie et la méfiance les divisaient. Pour la même raison, on ne pouvait pas employer des hommes d’une tribu dans le territoire d’une autre, [...d'où] l’adhésion au principe de la plus large distribution des forces afin de permettre le plus grand nombre de coups de main en même temps, et on ajoutait la fluidité à la vitesse en employant un district le lundi, un autre le mardi et un autre le mercredi. Cela renforçait la mobilité naturelle de l’armée arabe, lui donnant des avantages sans prix dans la poursuite, un groupe se renforçant par de nouvelles recrues dans chaque nouvelle zone tribale, ce qui lui permettait de conserver son énergie initiale ». L’hypothèse de l’instauration d’un califat salafiste-djihadiste dans l’espace saharo-sahélien mérite peut-être qu’on l’examine sérieusement, ce qui devrait inciter les stratèges gouvernementaux à réfléchir intensément à la solution de l’équation touarègue avant que celle-ci ne se résolve… au profit d’Al Qaida.
Patrice Gourdin, Docteur en histoire, professeur agrégé de l’Université, Patrice Gourdin enseigne les relations internationales et la géopolitique auprès des élèves-officiers de l’Ecole de l’Air. Auteur de Géopolitiques, manuel pratique, Paris, 2010, Choiseul, 736 pages, (Manuscrit clos le 25 février 2012)

Exclusif : Comment le général Ould Abdelaziz a refusé le diktat algérien - Temoust.org

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Au pays de l’Azawad meurtri - Temoust.org

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Mali: Ban recommande des "sanctions ciblées" contre les islamistes du Nord

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Mali: Ban recommande des "sanctions ciblées" contre les islamistes du Nord
NEW YORK (Nations unies), 8 août 2012 (AFP) - Le secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon a recommandé mercredi au Conseil de sécurité de prendre des
"sanctions ciblées" contre les islamistes du nord du Mali.
"J'encourage le Conseil de sécurité à envisager sérieusement l'imposition
de sanctions ciblées, financières et d'interdiction de voyage, contre les
individus et groupes au Mali qui sont impliqués dans des activités
terroristes, dans l'extrémisme religieux ou des activités criminelles", a-t-il
déclaré devant le Conseil.
La situation dans le nord du Mali "demeure instable et imprévisible", a
noté M. Ban, qui s'exprimait lors d'un débat au Conseil sur la situation dans
ce pays d'Afrique de l'Ouest. "Avec l'afflux de djihadistes régionaux et
internationaux, on peut craindre que le Nord ne soit en train de devenir un
refuge pour des éléments terroristes et criminels", a-t-il ajouté.
Il s'est également dit "extrêmement inquiet au sujet d'informations
concernant des groupes armés qui commettent de graves violations des droits de
l'homme dans le Nord, dont des exécutions sommaires de civils, des viols et
des tortures".
"Depuis le début de cette crise, la situation n'a cessé de dégénérer", a
déploré M. Ban.
Le patron de l'ONU a estimé "qu'à Bamako, des progrès limités avaient été
faits pour restaurer l'ordre constitutionnel" depuis le putsch perpétré le 22
mars. Ce coup d'Etat a accéléré la partition du Mali dont les autorités de
transition, mises en place après le retrait des putschistes du pouvoir, sont
incapables de mettre fin à l'occupation du nord du pays.
M. Ban a aussi souligné l'absence d'un "début de dialogue significatif"
entre le gouvernement malien et les groupes du nord du pays.
Evoquant la visite dans le Nord du ministre burkinabè des Affaires
étrangères, Djibrill Bassolé, dont le pays conduit une médiation panafricaine,
il a indiqué que celui-ci avait demandé aux dirigeants d'Ansar Dine qu'il a
rencontrés "qu'ils coupent tout lien avec des mouvements terroristes avant que
des négociations de paix puissent commencer".
Ansar Dine est l'un des groupes qui contrôlent le nord du pays.
Source: AFP

Professeur Kalilou Ouattara à propos de la crise du Nord : « Il faut proclamer la République fédérale du Mali avec deux entités distinctes… ».

 
 

La crise que connait le Nord de notre pays suscite à la fois exaspération et inhalation. Plusieurs réflexions et propositions pour la résolution de cette crise, les unes aussi particulières que les autres, ont été menées et formulées. Celles du Professeur Kalilou Ouattara, chef du service Urologie du Centre Hospitalier Universitaire du Point-G et non moins coordinateur de la lutte contre la fistule en Afrique, sont atypiques. Diamétralement opposé à ceux que nous avons l’habitude de vous proposez dans nos colonnes, cet entretien sort des sentiers battus et certains arguments avancés peuvent heurter le bon sens et choquer profondément. L’homme aborde des sujets très sensibles et s’attaque incessamment contre les populations et associations du Nord. Aussi, paradoxalement, les réflexions menées (n’engageant que sa propre opinion) peuvent ouvrir d’autres débats et perspectives autant suicidaires que réalistes à long terme. Monsieur Ouattara propose la proclamation de la république fédérale du Mali avec deux entités distinctes dont la République autonome du Nord-Mali et la République autonome du Sud-Mali. Lisez plutôt…

Qu’en est-il Professeur du Mali actuel selon vous ?
Pr Kalilou Ouattara : En effet, le Mali actuel, est une bombe à retardement, un cadeau empoisonné que la France a offert aux ‘’Maliens’’, sanction à l’opposition des rois maliens à la pénétration française. Après que la puissance coloniale est détruit ce qui restait de l’empire du Mali, (qui s’étendait jusqu’à l’océan atlantique, empire que nous maliens n’avons pas su hélas préservé à l’instar de la France elle-même, de la Grèce, de l’Allemagne, de la Russie, de l’Inde, de la Chine) ; l’Afrique Occidentale Française (AOF) a été créé sur les ruines des royaumes maliens. Cette AOF aussi, faute de mauvaise gestion, nous a conduit dans cette portion congrue qu’est l’actuel territoire du soi-disant Mali, sans accès à la mer, et à une structure artificielle et d’association de deux entités diamétralement opposées sur tous les plans : géographique, culturel, social, économique, émotionnel, avec une grande partie des ressortissants du nord qui en réalité n’ont jamais accepté d’être administrés à partir de Bamako, et qui devant cette impuissance n’ont cessé de mettre en œuvre  des stratégies de conquête de ce pouvoir domicilié au sud, ce qui semble leur avoir réussir. ‘’Le nordiste’’ a un complexe de supériorité naturel par rapport aux sudistes. Ce complexe nourrit un sectarisme qui a causé de nombreuses ségrégations raciales et connues par tous les maliens. Ce complexe est plus exacerbé chez les Touaregs pour qui tous les noirs en fait sont des esclaves même s’ils sont musulmans. Attitude qui, d’ailleurs en fait, fait peur aux Sonrhaïs ce qui explique que tous, se sont refugiés au sud délaissant le nord du Mali leur ‘’patrie’’. Une autre particularité réside dans le fait qu’il est rare de trouver des cadres du Nord qui exercent dans les services de l’Etat au nord. Les cadres nordistes refusent catégoriquement d’aller servir chez eux. Allez y voir, combien d’entre eux qui ont les moyens, Dieu seul sait qu’ils sont nombreux, ont pu faire des  réalisations au Nord, construire par exemple ?
Pourquoi un tel acharnement, plus ou moins, géographique ?
Prof Ouattara : Analysons la situation de l’administration malienne. Elle est quasi dominée par les nordistes plus particulièrement les sonrhaïs. Les nordistes ne valent pas 1/10 de la population malienne cependant 30 % des postes dans l’administration leur revient. D’ailleurs eux-mêmes disent que cela s’explique par le fait qu’ils sont, eux, des’’ cadres’’ sous – entendant que ce sont eux qui doivent gouverner. Les sudistes sont quoi alors ? Des cancres évidemment. Dans cette tache, ils ont toujours bénéficié de la complicité des différents gouvernements et l’apogée a été atteint sous ATT qui a contribué à exacerber les choses par son favoritisme pour les nordistes lors des nominations dans les institutions de l’état : ministères, gouvernorats, préfectures, directions,  projets juteux, ambassades, douanes, et même dans les recrutements dans l’armée, et surtout l’octroi des marchés publics, etc. Les nordistes sont dans les rouages de l’état et dans la majorité des cas ils ne vivent que de l’argent public, tandis que les sudistes sont au soleil. Faites une analyse, vous verrez que tous les arguments que j’avance sont  vérifiables. Faisons l’audit des sommes d’argent qui étaient destinées à être déversées au Nord durant tout ce temps. Elles ont servi à enrichir illicitement les dignitaires du Nord. Faites un peu l’audit des propriétaires d’immeubles de l’ACI 2000. Curieusement Gao n’a pas été construit, Tombouctou non plus, encore moins Kidal. Faites l’audit des actionnaires des grandes sociétés du Mali, la vérité blesse mais c’est bien d’appeler le chat par son nom. Tout le monde garde la langue de bois, personne n’ose le dire. Toute vérité n’est pas bonne à dire mais celle là il est grand temps qu’on la dise.
Pourquoi l’utilisation répétée du vocable ‘’Nordiste’’ dans vos propos ?
Prof Ouattara : J’utilise le vocable de ‘’Nordiste’’ parce que ces derniers temps, ce sont eux- mêmes qui se sont individualisés dans le pays avec la création de nombreuses associations comme : le Collectif des Ressortissants du Nord (COREN), Association des ressortissants du Nord, Association des femmes ressortissantes du Nord, Association des jeunes ressortissants du Nord… ils se succèdent tous les jours à la télévision nationale comme si nous autres n’avons rien perdu dans la crise. Y a-t-il l’association des ressortissants du sud  à Tombouctou ou à Gao. De toutes les manières au sud les nordistes ne s’intègrent pas aux sudistes. Si cette intégration existe, elle est de façade sinon les nordistes vivent entre eux. Il y en a qui vivent au sud plusieurs années mais ne peuvent même pas placer  une seule phrase  en ‘’ bambara’’ hors au nord les sudistes s’y intègrent agréablement. Cela dit, n’est-il pas temps que les sudistes prennent conscience de leur situation dont ils ignorent la réalité. Qui à son avenir plus incertain aujourd’hui : les nordistes ou les sudistes ? Bien sûr ce sont les sudistes qui risquent de ramasser à la longue les pots cassés.
Vos impressions sur l’imposition de la charia au Nord ?
Prof Ouattara : les nordistes sont nés et ont grandit dans la charia que Tombouctou a incarné depuis belle lurette. Cela dit, la triste réalité est que les ressortissants du Nord  n’ont rien à perdre, si le Mali restait longtemps dans cette situation. Beaucoup d’entre eux, voir tous au fond du cœur approuvent la situation actuelle et beaucoup d’entre eux en réalité sont en contact permanent avec les ‘’ nouvelles autorités ‘’ du nord avec lesquelles ils collaborent d’ailleurs. Beaucoup disent d’eux que ce sont les medias qui dramatisent la situation au nord alors qu’en réalité rien d’alarmant là- bas. La situation va durer puisque nous continuons à nourrir les touaregs sécessionnistes soi-disant que nous amenons de l’aide à des populations sinistrées. Ces tristes réalités sont au Mali depuis l’indépendance de la république. Tous les présidents maliens n’ont t-ils pas mener leur guerre contre la rébellion. Cela dit plusieurs maliens parlent du nord ne sachant pas en réalité qu’est ce que c’est que le nord du Mali.
Qu’est ce que le Nord Mali alors selon vous ?
Prof Ouattara : Le nord mali est une entité différente du sud Mali sur tous les plans. Il y a une frontière naturelle entre le nord et le sud Mali, c’est la marre de Gossi, une vérité que les gens honnêtes vont approuver.
Je ne vais pas me permettre de vous le cacher mais c’est un leurre de penser qu’à partir de Bamako on peut appréhender les problèmes du nord et gérer le nord. Depuis l’indépendance, c’est cette stratégie qui est menée et qui n’a jamais aboutit à quelque chose de concrets. Ceux qui devaient développer le nord ont démissionné et sont tous couchés à Bamako. Exemple un député, un ministre, un premier ministre, Dieu seul sait combien les nordistes en ont eu, qui facilement a acquis une parcelle au sud et qui y a construit un building climatisé et n’a plus de quoi faire avec le nord sa vraie ‘’patrie’’. Ils ne savent même plus où se trouve, Tombouctou ou Gao. Qui va aller développer le nord du Mali si ce n’est en premier lieu les nordistes eux-mêmes dont les cadres refusent catégoriquement d’aller servir chez eux.
Que proposez-vous pour une sortie de crise rapide et durable ?
Prof Ouattara : Disons d’emblée que nous ne voulons pas de solution militaire car nous ne voulons pas que le Mali devienne la Somalie ou l’Afghanistan où les occidentaux et autres partenaires tels que l’Union Africaine et la CEDEAO, malgré leurs moyens, n’ont pas pu mettre à genoux leurs adversaires. En commençant une guerre de nos jours, personne ne sait comment les choses vont évoluer et quelle en sera l’issue. La solution pour une sortie de crise et d’une façon honorable et durable est simple. Il faut tout simplement dire la vérité et admettre la réalité sur le terrain. Cette réalité et cette vérité est que depuis le départ des français, les nordistes surtout les Touareg et les sonrhaïs n’ont jamais accepté d’être administrés à partir du sud et que du fond de leur cœur ils nourrissent tous une velléité de sécession, quand bien même les sonrhaïs ne font pas trop confiance aux touaregs qui ne se gênent pas à aller chercher des armes et qui font planer le spectre d’une société esclavagiste au nord par rapport à la population noire. La réalité est que dans le passé, il y a eu l’empire songhaï qui s’étendait plus vers l’actuel Niger et le Nigeria que vers le sud. La vraie vérité est qu’un gouverneur français était à Kidal et que les différents gouvernements maliens ont petit à petit bradé le nord et reconnu que les régions du nord devraient bénéficier d’un ‘’ statut particulier ‘’. Cette réalité remonte depuis 1990 où le Mot Azawad est reconnu par les autorités du Mali (lire le livre blanc sur le problème du nord, les accords d’Alger). La réalité est que l’état malien a accepté de démilitariser le nord du Mali et sans oublier bien entendu l’attitude combien naïve d’ATT vis-à-vis de Kadhafi.
Sans oublier que les Touaregs et autres bandits armés d’Ansardine, militairement dans les faits, détiennent le nord et sont entrain de consolider leur position et qu’ils ont un allié virtuel  de taille la France, sans oublier certains pays voisins et lointains du Mali (le Pakistan, le Qatar et l’Arabie Saoudite). N’oublions pas que le chef d’Ansardine a été longtemps Ambassadeur du Mali en Arabie. Il est en mission commandée pour venir détruire Tombouctou, pour que ce dernier un jour ne prétende à devenir un lieu de pèlerinage, or qui dit pèlerinage dit mobilisation d’épargne au profit de qui ?   2 300 000 (deux millions trois cent mille francs CFA par personne). Ajouter à cela qu’en réalité au fond du cœur la majorité des sonrhaïs  courageux et honnêtes  aspirent à une autonomie poussée, voir une indépendance du nord. En tout cas, n’approuvent pas que les problèmes du nord soient gérés à partir de Bamako. J’approuve cette position et je suis convaincu que le nord du Mali n’est pas le sud du Mali et que chaque entité doit impérativement être gérer par ces propres institutions autonomes domiciliés chez soi.
Qu’insinuez-vous, explicitement, par cette réflexion ?
Prof Ouattara : Il est temps de cesser la langue de bois, de voir les choses dans leur réalité. Il est temps de crever l’accès ‘‘Mali’’. Cela dit, considérant tout ce qui a été révélé en haut et ayant prit acte de la réalité des évènements que connaît notre pays depuis longtemps et de la situation qui prévaut aujourd’hui, je suis convaincu que la solution idoine, durable, honnête, juste, qui permet de gérer tous les autres problèmes sous-jacents et ceux qui vont surgir en amont est la proclamation de la république fédérale du Mali avec deux entités distinctes qui seront : la République  autonome du nord-mali et la République autonome du sud-mali. Aussi, la République du nord ne sera pas une République ni des touaregs, ni des sonrhaïs mais celle de toutes les communautés. Cette démarche mettra chacune des communautés du nord ou du sud devant leurs responsabilités. Elle tuera en chacun l’assentiment de domination d’une partie par l’autre, ainsi que les suspicions mutuelles. Les problèmes de développement de  chaque entité seront mieux appréhendés et mieux gérés. Sans doute que les problèmes du nord du Mali seront mieux gérés par des structures administratives solides domiciliées directement au nord et non à partir de Bamako à savoir une présidence, une assemblée, un gouvernement et d’autres institutions autonomes de la République. Cette démarche exclura d’emblée la solution militaire qui n’arrange personne. Un tel scénario va booster la coopération entre les deux républiques. Elle ouvrira une nouvelle ère de coopération fructueuse entre le nord et le sud Mali qui seront en réalité complémentaires dans les faits.
Cette réflexion ne serait-elle pas une élucubration d’esprit à votre avis ?
Prof Ouattara : Cela n’est point une élucubration d’esprit. Ce scénario met les uns et les autres devant leurs responsabilités. Nous n’aurons pas à inventer les modalités et politiques, administratives et économiques des Républiques autonomes et de la République Fédérale. Il suffira de s’inspirer des modèles de ceux qui ont franchit le pas avant nous pour résoudre les mêmes contradictions et problèmes similaires aux nôtres. Cela dit que certains ne pensent pas qu’ils sont plus patriotes que moi car je saurai leur démontrer le contraire.
Propos recueillis  par
Dognoumé DIARRA et
Idrissa KANTAO
Source : Le Flambeau
Maliactu du 8 août 2012

Le MNLA fera face aux islamistes et leurs acolytes
Rencontre des dirigeants du MNLA à Ouagadougou les 23 et 24 juillet 2012
mercredi 8 août 2012
par Tamilla
Les 23 et 24 juillet 2012, le MNLA a rassemblé à Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso, ses responsables politiques et militaires, les membres du Conseil transitoire de l’État de l’Azawad (CTEA) ainsi que des représentants de la société civile (cadres, représentantes de femmes, etc.). La rencontre est rendue possible par les autorités du pays hôte ainsi que la facilitation du Gouvernement fédéral suisse.
Cette rencontre avait deux objectifs, le premier étant de permettre au MNLA de revoir son organisation interne, de se restructurer et de s’adapter à la nouvelle situation et dans l’Azawad et aux attentes de la communauté internationale. Le deuxième objectif est de permettre la formation d’une commission d’élaboration de plateformes politiques en vue des négociations avec la CEDEAO, la communauté internationale, et aussi avec le Mali.


Aussi, lors de cette rencontre le MNLA a réitéré son objectif principal à savoir l’indépendance de l’Azawad. Et encore une fois, il a dit toute son hostilité aux groupes islamistes qui sévissent dans l’Azawad avec le soutien de certains États. Il ne cesse de dire depuis des mois qu’il n’a ni le même objectif ni la même philosophie que ces groupes qu’il qualifie d’islamo-narco-trafiquants.

Malgré son importance, cette rencontre n’a pas intéressé les médias ni la communauté internationale qui prétend vouloir amener la paix dans l’Azawad. L’État algérien, par exemple, montre de plus de plus son jeu qui consiste à appuyer les groupes islamistes afin d’évincer le MNLA de l’Azawad. Après avoir invité des membres du MUJAO et d’Ansar-Dine à plusieurs reprises à Alger, certainement pour élaborer des stratégies d’action, les Algériens s’affichent aux côtés de ces groupes dans l’Azawad : alors qu’ils ne se sont jamais intéressés aux populations de l’Azawad, depuis le 27 juin les Algériens se mettent à faire de l’humanitaire dans l’Azawad et plus précisément dans les villes sous contrôle du MUJAO et d’Ansar-Dine. Ainsi les Algériens mobilisent des véhicules chargés d’aide humanitaire (mais aussi d’armes) accompagnés par des officiers du DRS et se rendent à Gao et Kidal. L’aide humanitaire est confiée bien entendu aux groupes islamistes qui la distribuent à la population en contre partie de leur adhésion à ces groupes. Officiellement, c’est le Croissant rouge algérien qui achemine cette aide humanitaire : il faut dire que ce ne sont pas les idées qui manqueraient aux services algériens pour accomplir leurs sales besognes !

Cette situation ne choque personne : ni les médias, ni la communauté internationale. Ces partenaires de l’État algérien ne sont que ceux qui ont détruit des monuments historiques à Tombouctou et ceux qui appliquent la Chari’a dans l’Azawad, ce qui a pourtant scandalisé ces médias et cette communauté internationale !

Par ailleurs, il est clair aujourd’hui que le MNLA n’a seulement rien à voir avec les groupes islamistes mais ces derniers l’ont pris comme cible. Pourquoi alors la communauté internationale n’aide-t-elle pas le MNLA à combattre ces groupes terroristes ? Pourquoi cette communauté internationale ne veut toujours pas avoir le MNLA comme interlocuteur ? A moins que cette communauté, et à sa tête la France, ne soit pas intéressée par la paix dans l’Azawad ! A moins que c’est l’indépendance de l’Azawad qui pose plus problème à ces derniers ! En effet, un État amazigh qui, par ailleurs, remettra en cause la géopolitique de la région, ne peut être toléré ! Et, partant, c’est la liberté d’un peuple, le peuple touareg, qui ne peut être tolérée ! Elle est tellement dérangeante pour beaucoup et divers intérêts qu’il faut absolument l’empêcher… Mais pour cela, il faudra arriver à bout de la détermination du MNLA, à bout de la détermination de tous les Touaregs qui ne peuvent plus de plus de cinquante ans de colonialisme barbare du Mali, il faudra aussi arriver à bout de la détermination de tous les Amazighs (Berbères) qui vivent cette hostilité aux Touaregs et à l’Azawad comme un mépris à l’ensemble des Amazighs, ces derniers se battront aux côtés des Touaregs jusqu’au bout.


Nous publions ci-après la synthèse des travaux de la rencontre de Ouagadougou.


La Rédaction. 



Synthèse des travaux de la rencontre du MNLA à Ouagadougou du 23 au 25 juillet 2012.


- Extraits du discours de M. Bilal Ag Acherif, Président du MNLA, à l’occasion de la rencontre Ouagadougou (23-24 juillet 2012) :
Après avoir chaleureusement remercié les autorités burkinabés et le gouvernement fédéral suisse, M. Ag Acherif est revenu succinctement sur les évènements survenus à Gao le 27 juin 2012 au cours desquels leMouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a été sauvagement attaqué par le Mouvement pour l’unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), un groupe formé de narco-terroristes appuyé par d’autres groupes islamo-terroristes, tous bénéficiant d’appuis extérieurs avérés. Afin d’éviter une confrontation aux conséquences dramatiques pour les populations civiles de Gao, utilisées comme boucliers par les terroristes, le MNLA a choisi volontairement de se retirer de ses positions des environs immédiats de la ville. Tout comme les autres positions qu’il tenait tant à Tombouctou que dans d’autres localités. Ces évènements dramatiques (le MNLA y a perdu des combattants dont deux officiers supérieurs) représentent la preuve manifeste de l’absence de tout lien entre le mouvement et les groupes isalmo-narco-terroristes. En dépit des déclarations sans équivoque des responsables du MNLA, certains États et médias continuent d’entretenir l’amalgame entre notre mouvement et ces groupes qui ont germé dans le sillage de notre légitime combat pour la liberté et la dignité, combat conduit bien avant l’indépendance du Soudan Français, devenu Mali en 1960.

A présent, il est indispensable que la communauté internationale puisse pouvoir dissocier notre mouvement des groupes terroristes et autres factions aux objectifs inavoués. Le MNLA n’est pas une organisation terroriste et ne partage absolument rien avec les groupes terroristes qui ont pignon sur rue dans l’Azawad depuis bientôt une douzaine d’années et dont les collisions avec l’État malien sont avérées. Accoler le nom du MNLA à ces groupes reste une confusion qui relève de la volonté de nuisance au combat du peuple de l’Azawad. Le MNLA est un mouvement dont les objectifs sont clairs et maintes fois réitérés ; ses revendications sont légitimes, alors que les groupes terroristes et narco-trafiquants n’en n’ont pas. HormisAnsar-Dine qui revendique l’application de la Chari’a au Mali, aucun des trois groupes n’a déclaré la guerre au Mali. A l’inverse du MNLA, aucun d’entre eux n’a exprimé explicitement des revendications légitimes. Pourtant, ce sont de tels groupes qui bénéficient de l’écoute des médias et font l’objet d’attentions particulières de certains États qui les reçoivent ou leur envoient des mici domini. Les actes de compréhension posés par certains Etats à l’endroit de ces groupes terroristes depuis leur apparition fulgurante dans le conflit opposant l’Azawad et le Mali sont troublants et laissent croire que le discours de la communauté internationale sur la lutte anti terroriste ne traduit nullement une volonté politique réelle de circonscrire le terrorisme ainsi que les comportements mafieux et illicites dans la sous région…

Dès lors, il parait tout à fait compréhensible que le MNLA ait décidé de ne pas combattre tout seul le terrorisme dans la zone tant que certains préalables ne sont pas remplis. Le MNLA considère qu’affronter militairement les groupes terroristes est à sa portée. En revanche, il estime qu’il ne pourrait le faire tant que, en amont, ne sont pas résolues les interférences politiques toxiques de certains États dans la prolifération et la montée en puissance des groupes islamo-narco-terroristes. Cet aspect est de la seule responsabilité des grandes puissances qui manifesteraient ainsi leur ferme volonté de combattre le terrorisme sur le territoire de l’Azawad pour le grand bien commun de la sous région et du monde libre.

De ce point de vue, la déclaration d’indépendance de l’Azawad ne devrait en aucun cas représenter un obstacle à la coopération entre le MNLA et la communauté internationale.



- Relevé des principales décisions :
- Réaffirmation de l’absence de tout lien avec des groupes islamistes et/ou narco-terroristes ;
- Le MNLA rappelle que le régime politique défini pour l’Azawad est celui de l’État de droit avec une stricte séparation de la religion et de l’État ;
- Mise en place de la commission d’approfondissement de la plate-forme politique de règlement du conflit opposant l’Azawad au Mali ;
- Le chargé de communication du MNLA assure la diffusion des communiqués du mouvement après validation du comité de validation ;
- Rappel à l’ordre de quelques responsables du mouvement qui ont pris des positions publiques s’écartant de la ligne directrice définie par le MNLA à savoir l’indépendance de l’Azawad ;
- (Re)mobilisation des forces combattantes ;
- Campagnes d’information et de sensibilisation des communautés.



- Questions à l’étude :
- Séparation organique entre les instances du MNLA et le Conseil transitoire de l’État de l’Azawad (CTEA) : la configuration actuelle fait que les membres des différentes instances du MNLA sont aussi membres de l’exécutif de l’Azawad. Cette situation rend impossible un minimum de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion de la vie du mouvement et du CTEA ;
- Restructuration du CTEA afin de l’adapter au nouveau contexte et le rendre plus opérationnel ;
- Organisation dans les meilleurs délais d’un congrès général de l’Azawad.


Le MNLA profite de cette occasion pour renouveler ses remerciements au Président du Burkina-Faso, au Gouvernement burkinabé ainsi qu’à la facilitation du Gouvernement fédéral suisse.
Il associe à ces remerciements toutes les femmes et hommes épris de paix et de justice qui ont toujours apporté leur appui et leur sympathie au peuple de l’Azawad.


Le MNLA

Mali: Le déclin de « l’Etat nation » est bien consommé

par Attaye Ag Mohamed, vendredi 3 août 2012, 01:11 ·
Dans la vie, il y’a toujours des indices qui indiquent la fin. Il est certes important de savoir regardé en avant, mais le passé selon ce que l’on en a fait  aura toujours ses répercutions.
Face à chaque situation, une solution appropriée s’impose d’office.
Ce qui se passe actuellement à Bamako, ce sont les symptômes clairs du « clientélisme politique »,exprimant la manifestation des séquelles de la « carence extrême de patriotisme » qui sait emparer du quotidien de ce peuple durant des décennies.
Les termes comme ; démocratie, nation, citoyenneté, justice, solidarité, unité… ne furent que tonalités de baril vide. La naissance encore en pleine fertilité des partis politiques ou plutôt « clan de pèche d’intérêts » ne furent aussi qu’investissement. Le respect des principes de la loi fondamentale du pays ne fut fonction que des « sentiments » à l’égard des dirigeants qui en réalité ne sont élus que par le phénomène de « culte de personnalité ».
Le changement qui fut toujours prétexte de « renversement des régimes » ou plutôt du« séjours de chanceux du moment »  ne semble être que test de passation.
Savoir reconnaitre la responsabilité historique, savoir faire preuve de sacrifice comme savoir adapter les actions aux circonstances sont aussi des atouts essentiels à la pérennité du principe de « l’Etat-nation ».
Les mascarades démocratiques et institutionnelles par l’usage de personnalités selon leurs appartenances ethniques ou communautaire pour des fins politiques ont des limites.

Si les MNLA ne contrôlent plus les villes de l’Azawad depuis quelques semaines, l’autorité malienne n’y est depuis plus de 3 mois et semble afficher moins « d’indices de possibilité de récupération »que le MNLA. L’avenir nous édifiera ou « Wait and See » comme disent les anglo-saxons.

Mais qu’en dire lorsque le premier ministre malien se réjouit du dessus pris par les extrémistes et le déclare comme un acquis de son gouvernement ?
Les puissances, les organisations sous-régionales et internationales ne sauraient demeurer aveugles.
Le MNLA aurait sans aucun obstacle pu atteindre  Bamako ; renversé la junte et logé Bilal Ag Acheriff à Koulouba. Mais comme le slogan « nation malienne » n’est que chant, cela aurait été encore plus inadmissible car c’est un targui.
Très normal, puisque celui là n’accepterait pas être un « instrument » de mascarade démocratique et institutionnelle bien qu’il n’est pas encore exclu de voir un targui nommé président de transition par consensus ;  un qui répondrait au critère. Le « Consensus », l’autre attraction de « business politique » à la malienne.

Les limites frontalières physiques azawadienne et maliennes sont toutes naturellement fixées, le fossé socio-culturel assez approfondi, le "chant" de l’unité nationale et de l’indivisibilité du Mali a atteint"l’état d’ivresse".

L’ennemi qui occupe les villes azawadiennes est commun à toute la sous-région pour dire que Bamako joue encore à un jeu dangereux.
Hilary Clinton a déjà avertit le président Macky SALL et autres voisins frontaliers du Mali afin qu'ils préservent leurs limites car Kayes comme Sikasso semble déjà minés.

La séparation est déjà consommé surtout lorsque composé avec le diable et le satan semble rester la seule puissance de négociation du Mali.
La haine en politique, c’est comme l’erreur lors d’une opération chirurgicale, c’est sans doute fatal.

                                                                                                                                                                       A suivre...

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Réunion des MAE des pays du champ à Niamey: feuille de route pour une solution politique au Mali

Djilali BENYOUB,Liberte Algerie
Les ministres des Affaires étrangères des pays du champ, réunis, avant-hier, dans la capitale nigérienne, ont réitéré leurs option et soutien à une solution politique à la crise malienne. 
Dans leur déclaration finale, les diplomates des pays du champ directement impliqués dans cette complexe crise ont esquissé une feuille de route et ont appelé les autorités maliennes et les Maliens à y adhérer. Outre les MAE des pays du champ, Algérie, Mali, Niger et Mauritanie, étaient également invités à cette rencontre le MAE du Tchad, le secrétaire général du MAE de la Libye, le directeur du département de l’Ouest au MAE du Nigeria, ainsi que les deux mécanismes de renseignement africain et des pays du champ, le Caert et l’UFL.
L’UFL et le Cemoc, le mécanisme militaire des pays du champ, ont fait état dans leurs communications de l’évolution de la menace dans la sous-région et des mesures et stratégies adoptées pour combattre le terrorisme et le crime transnational. Situation qui n’est pas sans lien direct avec celle qui prévaut au Mali induite par le conflit libyen et dont les conséquences ont déteint sur tous les pays de la région.
Nécessité de la mobilisation
À la lumière des analyses présentées par les experts lors des différentes rencontres et sommets, les ministres ont insisté sur la nécessité de la mobilisation et la détermination des pays du champ à poursuivre la lutte contre cette menace qui s’est gravement développée à la faveur de la crise que connaît le Mali.
Un désordre institutionnel depuis le coup d’État de mars dernier, une rébellion au Nord, une armée désarticulée ; tous les ingrédients pour renforcer les groupes islamistes armés qui ont été les premiers bénéficiaires de la crise libyenne. Excluant toute intervention militaire comme suggérée avec insistance, notamment par la France, les MAE réunis à Niamey prônent une solution politique intimement liée à un programme de développement parallèlement à la lutte contre le terrorisme et le crime transnational. Une réunion en ce sens, partenariat dans les domaines de la sécurité et le développement, dont la date reste à déterminer, est déjà prévue au Niger.
L’option militaire écartée
Assurant le Mali de leur soutien, les MAE estiment que la solution passe naturellement par le principe intangible de l’unité territoriale du Mali, la mise en place de nouvelles autorités fortes et représentatives à même de s’engager dans la recherche de cette solution, notamment par le dialogue avec les groupes armés favorables à cette option.
De son côté, l’administration doit se déployer sur tout le territoire avec le retour des forces armées restructurées pour assurer la sécurité.
Reste la question du terrorisme qui requiert, selon les ministres et conformément à la résolution de la 327e session du Conseil des chefs d’État du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine tenue à la mi-juillet à Addis-Abeba, une intervention militaire pour l’éradiquer.
La question fait consensus pour les pays de la sous-région. Ils ont convenu enfin de tenir la prochaine réunion des pays du champ à Alger. Les MAE devraient, d’un commun accord, en fixer la date.


Une organisation internationale s’inquiète d'une intervention militaire au Mali

2012-08-07
Le Mali sombrera dans le chaos si les puissances mondiales devaient intervenir militairement, affirme un panel d'experts.
Par Bakari Gueye pour Magharebia à Nouakchott – 07/08/12
[AFP/Ahmed Ouoba] Alors que certains négociateurs internationaux insistent sur la nécessité de trouver une solution diplomatique à la crise qui s'intensifie dans le nord du Mali, d'autres semblent ne pas exclure l'option militaire.
[AFP/Ahmed Ouoba] Alors que certains négociateurs internationaux insistent sur la nécessité de trouver une solution diplomatique à la crise qui s'intensifie dans le nord du Mali, d'autres semblent ne pas exclure l'option militaire.
Alors que les appels à une intervention militaire dans le Mali ne cessent de s'amplifier, un nouveau rapport publié par une agence spécialisée sur les crises internationales s'inquiète du fait qu'une telle initiative puisse se révéler fatale.
Une action militaire "pourrait plonger l’Etat, déjà au bord de l’effondrement, dans le chaos", analyse l'ICG dans ce document publié le 18 juillet.
Cette organisation basée à Bruxelles invite "les principaux acteurs de la crise malienne, les organisations régionales et la communauté internationale à privilégier une solution politique plutôt que militaire."
"Une intervention armée dans les conditions politiques et sécuritaires actuelles ferait plus de mal que de bien", explique cette étude. "Il est urgent de restaurer les fondations politiques, institutionnelles et sécuritaires de l’Etat pour donner une chance à un retour du nord dans le giron de la république."
En visite à Alger les 15 et 16 juillet, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, n’a pas exclu "l’option militaire".
Mais pour Gilles Yabi, directeur du projet Afrique de l’Ouest de l'ICG, "les acteurs armés et non armés du sud et du nord doivent engager des négociations en vue de trouver une solution politique à la crise".
"L’amélioration des relations entre le pouvoir central à Bamako et la périphérie doit se traduire par une réforme radicale du mode de gouvernance du nord, qui a reposé au cours des dernières années sur un maillage lâche de relations personnelles et clientélistes ", estime-t-il.
"La présence d’al-Qaida au Maghreb islamique fait craindre la transformation de cette partie du Sahel en un refuge pour les terroristes", explique Sidati Ould Cheikh, spécialiste en terrorisme .
Mais "ces perspectives sombres ne justifient cependant pas des décisions hâtives et des actions prématurées", ajoute-t-il. "Tous les acteurs doivent être conscients, compte tenu de la fragilité du pays et de l’état de ses forces armées, qu’une intervention militaire ferait du Mali un nouveau front de la guerre contre le terrorisme et compromettrait les chances d’une cohabitation pacifique entre les communautés."
Selon Ba Mamadou, professeur en sciences politiques : "Le Mali, ses voisins et les acteurs occidentaux et multilatéraux doivent promouvoir le dialogue entre les Maliens et isoler les mouvements terroristes étrangers."
"Ils peuvent contribuer à remettre sur pied l’Etat à travers le soutien à un gouvernement d’union nationale, une assistance immédiate à la réorganisation de l’armée ainsi qu’une augmentation de l’aide humanitaire à la zone sahélo-saharienne, afin d’éviter l’effondrement de l’économie", poursuit-il. "Les Etats qui en ont les moyens doivent aider les gouvernements de la région dans leur lutte contre les groupes terroristes, notamment en matière de renseignement."
"Lutter contre la radicalisation et régler par le dialogue les conflits qui traversent la société malienne est fondamental pour espérer une sortie de crise", déclare Comfort Ero, directrice du programme Afrique de l'International Crisis Group.
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

ANSARDINE 2


MALI - 
Article publié le : mardi 07 août 2012 - Dernière modification le : mercredi 08 août 2012

Mali : le médiateur de la Cédéao a rencontré le leader d'Ansar Dine

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et médiateur de la Cédéao Djibrill Bassolé à Ouagadougou, le 15 avril 2012.
Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et médiateur de la Cédéao Djibrill Bassolé à Ouagadougou, le 15 avril 2012.
Photo AFP / Ahmed Ouoba

Par RFI
Alors que Bamako est toujours dans l'attente d'un gouvernement d'union nationale apparemment bien difficile à former, la Cédéao a tenté un grand coup diplomatique. Le médiateur Djibril Bassolé s'est rendu avec un conseiller dans les villes de Gao et de Kidal, et a ainsi rencontré en tête à tête Iyad Ag Ghali, ce mardi 7 août 2012. Si le dialogue se fait avec ce dernier, leader d'Ansar Dine, il semble bien plus compliqué avec le Mujao. Retour sur cette journée de discussions.

C'est dans un avion militaire du Burkina Faso que Djibril Bassolé, ministre des Affaires étrangères burkinabè et médiateur de la Cédéao a effectué son périple. Au petit matin, lorsqu’il arrive à Gao, la ville est quadrillée par les forces du Mujao.
Il met l'accent sur le symbole de sa présence : rencontre des habitants, visite en trombe à l'hôpital, rencontre de la société civile, avant de filer à Kidal sans prendre une minute pour discuter avec les cadres du Mujao venus l'accueillir à l'aéroport.
Dans une ville désertée, les djihadistes tiennent la population à l'écart de la rencontre entre le médiateur et Iyad Ag Ghali.
Dialogue proscrit avec le Mujao ?
Le face à face entre les deux hommes dure une heure, au cours de laquelle le leader d'Ansar Dine réaffirme sa volonté d'instaurer la charia dans le nord du Mali. Puis il admet qu'il soutient la médiation et déclare devant les rares journalistes présents : « Nous sommes contents, Allah va aider chacun à trouver le chemin qu'il veut. »
Des propos ambigus qui laisse planer le doute sur la position de ce stratège toujours lié à Aqmi, alors que la Cédéao lui demande justement, depuis des semaines, de prendre ses distances avec les terroristes.
Le médiateur quitte ensuite Kidal et repasse en express à Gao mais ne rencontre toujours pas les leaders du Mujao. Djibril Bassolé, venu présenter des modalités de négociations, n'a visiblement pas eu les mêmes consignes à appliquer selon les interlocuteurs. Si le dialogue semble possible avec Ansar Dine il est visiblement proscrit avec le Mujao.
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mardi 7 août 2012


Une passation de pouvoir historique en Libye

Le Monde.fr avec AFP | 
Près d'un mois après le premier scrutin libre dans le pays, le CNT va remettre, mercredi 8 août, le pouvoir au Congrès général national.
Près d’un mois après le premier scrutin libre dans le pays, le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, va remettre, mercredi 8 août, le pouvoir au doyen des 200 membres du Congrès général national (CGN) élus. Une cérémonie symbolique qui marquera la première transition pacifique du pouvoir dans l’histoire moderne du pays En pleine période de ramadan, la passation, qui devrait s’étendre sur deux heures, est programmée dans la soirée. Elle se déroulera dans une luxueuse salle de conférence d’un hôtel de la capitale libyenne, où siégera désormais le CGN. Une pièce a été aménagée spécialement au deuxième étage de l’établissement pour accueillir les débats de l’assemblée, qui devrait entamer officiellement ses travaux samedi ou dimanche, selon un membre du CNT.La cérémonie de transfert de pouvoir devrait être entourée de mesures de sécurité exceptionnelles, après une escalade de la violence dans plusieurs régions ces derniers jours. Lundi, le CNT avait indiqué que trois hommes soupçonnés de préparer des attentats à la bombe avaient été tués au cours d’une opération des forces de l’ordre près de Tripoli, au lendemain de l’explosion d’une voiture piégée dans le centre de la capitale.La résidence du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Misrata, dans l’Ouest, a été par ailleurs la cible d’une attaque à l’arme lourde perpétrée par des inconnus, tandis que sept membres du Croissant-Rouge iranien ont été enlevés mardi dernier à Benghazi, dans l’Est, où ils sont détenus et interrogés par une milice locale.
RÉUNION INFORMELLE
Les membres du CGN, qui ont commencé à converger vers la capitale Tripoli, ont tenu lundi soir une réunion informelle au cours de laquelle ils se sont mis d’accord sur la nécessité d’élire un président et deux vice-présidents de l’assemblée d’ici une semaine, a indiqué Salah Jaouda, un élu indépendant de Benghazi. Au cours de cette rencontre, plusieurs noms ont été proposés pour la présidence de l’assemblée, notamment ceux d’éminents opposants à l’ancien régime kadhafiste, tels que Mohamed Al-Megarief ou Idriss Abou Fayed, selon un autre élu, Hussein Al-Ansari.Le Congrès général national est issu des élections historiques du 7 juillet, qui avaient été saluées par la communauté internationale. L’Alliance des forces nationales, une coalition de plus de 40 petits partis libéraux menée par des architectes de la révolte de 2011 contre le colonel Kadhafi, détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques. Le Parti de la justice et de la construction, issu des Frères musulmans, est la deuxième formation politique du Congrès avec 17 sièges. Les 120 sièges restants ont été attribués à des candidats indépendants aux allégeances et convictions encore floues mais qui sont très courtisés par les partis.
Le Congrès général devra par ailleurs nommer un nouveau gouvernement qui prendra officiellement le relais du CNT. Ce dernier sera vraisemblablement dissout lors de la première session de l’assemblée. Le CGN aura également pour mission de conduire le pays vers la tenue d’élections sur la base d’une nouvelle Constitution. M. Jaouda a écarté que celui-ci soit désigné avant la fête de l’Aïd Al-Fitr qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan, prévue dans deux semaines : “C’est prématuré d’en discuter maintenant.”
http://www.lemonde.fr/libye/article/2012/08/07/une-passation-de-pouvoir-historique-en-libye_1743383_1496980.html
Nord-Mali: le chef d`Ansar Dine soutient la médiation burkinabè
Publié le mardi 7 aout 2012   |  AFP




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Le chef d'Ansar Dine, l'un des groupes
islamistes armés contrôlant le nord du Mali, a déclaré mardi qu'il "soutient"
et "accepte" la médiation du président burkinabè Blaise Compaoré dans la crise
malienne, après avoir reçu un émissaire de Ouagadougou.
"On est contents. On soutient, on accepte la médiation du président
Compaoré. C'est ce qu'on a confirmé tout de suite au ministre", a lancé Iyad
Ag Ghaly, un touareg, devant des journalistes à Kidal, grande ville du
nord-est du Mali, après un entretien avec le chef de la diplomatie burkinabè
Djibrill Bassolé.
"Inch' Allah (si Dieu le veut) on va faire ce chemin ensemble. Allah va
aider chacun à trouver ce qu'il veut", a-t-il seulement ajouté.
A Kidal, fief d'Ansar Dine (Défenseurs de la religion, en arabe), M.
Bassolé s'est entretenu, en tête-à-tête puis en réunion élargie, avec Iyad Ag
Ghaly.
L'émissaire de M. Compaoré est reparti ensuite pour Gao, autre ville du
Nord malien qui est tenue par les islamistes du Mouvement pour l'unicité et le
jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), où il avait rencontré dans la matinée des
responsables communautaires.
Il doit rentrer mardi soir à Ouagadougou après cette première visite d'une
journée dans la région depuis sa chute aux mains d'Ansar Dine et du Mujao,
alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont commencé à y appliquer
la charia (loi islamique).
Le président burkinabè a été chargé par la Communauté économique des Etats
d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) de conduire la médiation pour trouver une issue
à la crise qui a éclaté fin mars au Mali.