Pourquoi Erdogan massacre-t-il les kurdes de Turquie ?
La création d’un Etat kurde est une vieille histoire, et une vieille promesse. Si nous nous en tenons au XXème siècle, il y eut d’abord la conférence de la paix à Paris en 1919 avec une frontière proposée par la délégation kurde (couvrant essentiellement des morceaux de territoires turcs et iraniens et empiétant légèrement en Irak et en Syrie). Ensuite une nouvelle limite, bien plus restreinte, a été proposée lors du Traité de Sèvres en 1920 (ne couvrant qu’une partie du territoire turc). Enfin une troisième limite bien plus large (empiétant largement en Turquie et en Iran, englobant l’actuel Kurdistan irakien mais aussi les régions pétrolifères de Mossoul et Kirkuk) a été proposée lors de la 1ère conférence des Nations Unies, à San Francisco, en 1945. (carte jointe, zones de peuplement kurde http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/kurdes )
Un Etat kurde a existé, en 1945, sa création a été proclamée en Iran, il a été baptisé République de Mahabad et n’a existé que 10 mois, écrasé puis suivi d’une répression féroce, ses dirigeants ont été pendus et le Ministre de la Défense, Mustafa Barzani s’est réfugié en URSS avec « ses » combattants.
Actuellement, après le retour de Barzani dans le Kurdistan irakien et la création d’une région autonome possédant un parlement à Erbil et votant ses propres lois, on peut penser qu’il n’y aura pas de retour en arrière dans cette partie de l’Irak. Depuis cette création il est patent que les indépendantistes kurdes de Turquie sont soutenus par les kurdes irakiens et trouvent refuge dans cette région.
En matière de nombre, il convient de bien mesurer qu’il y a environ 34 millions de kurdes qui se répartissent entre la Turquie (19 millions), l’Irak (6 millions), l’Iran (8,5 millions) et la Syrie (1 million).
En 2008 les USA ont lâché les kurdes irakiens et ont donné leur autorisation pour que l’armée turque (Etat membre de l’OTAN) entre dans cette partie de l’Irak, en dehors de tout mandat de l’ONU, pour y poursuivre les rebelles du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). Cette occupation a continué jusqu’à maintenant mais la donne s’est inversée suite à deux événements, d’une part la mise au grand jour des trafics de pétrole entre l’Etat Islamiste et la Turquie, d’autre part le soutien militaire apporté par la Turquie à cet E.I. qui embarrasse autant l’OTAN que l’Union Européenne, puisqu’on ne sait plus qui est qui, qui est déplacé de guerre, qui est combattant replié en Occident, et où vont les quelques milliards d’euros dégagés par l’exploitation de ces « migrants ».
Devant ces deux « dérapages » l’ours russe a décidé d’intervenir, suite à la demande officielle de l’Etat syrien, pour mettre de l’ordre là ou l’Occident n’apportait que du désordre, là encore en dehors de tout mandat de l’ONU.
Pour intervenir le Président Poutine a négocié avec son homologue Syrien une stratégie, à savoir diviser encore plus la rébellion, déjà mal en point avec ses propres dissensions internes. Avec l’accord des iraniens il a été décidé de rallier les kurdes syrien en leur promettant (avec l’accord du Président Assad, qui probablement n’avait pas d’autre choix) une large autonomie, voire un véritable Etat, et de réactiver le « Kurdistan rouge » d’Azerbaïdjan, limitrophe du Haut Karabakh, avec le soutien de l’Arménie. La Turquie a impérativement besoin des ressources de l’Azerbaïdjan depuis que le projet de gazoduc prévu en provenance de la Russie a été abandonné. Un tel gazoduc ne peut que passer par la Géorgie et continuer via la Mer Noire ou bien passer par l’Arménie, ce qui n’est pas joué !
Le résultat a été visible et sans appel ; la Turquie a eu beau abattre un avion russe dans l’espace aérien syrien, ce que la prétendue coalition occidentale faite de bric et de broc n’a pas réussi en plusieurs mois, les russes et l’armée syrienne, soutenus par les rebelles kurdes, l’ont fait en quelques semaines. Daesh est en pleine débandade, les terroristes modérés d’Al Nosra, si chers à Fabius, ne savent plus où se cacher, les rebelles kurdes gagnent du terrain et il y a un début d’incendie dans le Nagorny Karabakh.
Il semble donc que le problème kurde soit redevenu un problème brûlant pour la Turquie du « sultan » qui a recommencé à envoyer son armée pacifier l’est de son propre pays, tuant des civils, mais l’Etat turc va-t-il pouvoir résister longtemps aux velléités d’autonomie des 19 millions de kurdes vivant (et disséminés) dans ce pays et dont leur frange active (le PKK) est structurée comme un véritable mouvement de résistance, possède des armes, et est approvisionnée désormais par les « pays amis de la Syrie ».
Erdogan est dos au mur et sa bêtise doublée de sa lâcheté le feront soit commettre l’irréparable en utilisant des armes chimiques contre le peuple kurde de Turquie (il fournit déjà ce type d’armes à Daesh) soit poussera l’armée turque à le destituer pour que ce pays redevienne respectable sur la scène internationale.
Pour le moment rien n’est joué, le seul élément visible et lourd de sens est le fait que les familles des militaires américains (officiellement présents au nom de l’OTAN) ont quitté l’est de la Turquie.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-erdogan-massacre-t-il-les-179850
Un Etat kurde a existé, en 1945, sa création a été proclamée en Iran, il a été baptisé République de Mahabad et n’a existé que 10 mois, écrasé puis suivi d’une répression féroce, ses dirigeants ont été pendus et le Ministre de la Défense, Mustafa Barzani s’est réfugié en URSS avec « ses » combattants.
Actuellement, après le retour de Barzani dans le Kurdistan irakien et la création d’une région autonome possédant un parlement à Erbil et votant ses propres lois, on peut penser qu’il n’y aura pas de retour en arrière dans cette partie de l’Irak. Depuis cette création il est patent que les indépendantistes kurdes de Turquie sont soutenus par les kurdes irakiens et trouvent refuge dans cette région.
En 2008 les USA ont lâché les kurdes irakiens et ont donné leur autorisation pour que l’armée turque (Etat membre de l’OTAN) entre dans cette partie de l’Irak, en dehors de tout mandat de l’ONU, pour y poursuivre les rebelles du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). Cette occupation a continué jusqu’à maintenant mais la donne s’est inversée suite à deux événements, d’une part la mise au grand jour des trafics de pétrole entre l’Etat Islamiste et la Turquie, d’autre part le soutien militaire apporté par la Turquie à cet E.I. qui embarrasse autant l’OTAN que l’Union Européenne, puisqu’on ne sait plus qui est qui, qui est déplacé de guerre, qui est combattant replié en Occident, et où vont les quelques milliards d’euros dégagés par l’exploitation de ces « migrants ».
Devant ces deux « dérapages » l’ours russe a décidé d’intervenir, suite à la demande officielle de l’Etat syrien, pour mettre de l’ordre là ou l’Occident n’apportait que du désordre, là encore en dehors de tout mandat de l’ONU.
Pour intervenir le Président Poutine a négocié avec son homologue Syrien une stratégie, à savoir diviser encore plus la rébellion, déjà mal en point avec ses propres dissensions internes. Avec l’accord des iraniens il a été décidé de rallier les kurdes syrien en leur promettant (avec l’accord du Président Assad, qui probablement n’avait pas d’autre choix) une large autonomie, voire un véritable Etat, et de réactiver le « Kurdistan rouge » d’Azerbaïdjan, limitrophe du Haut Karabakh, avec le soutien de l’Arménie. La Turquie a impérativement besoin des ressources de l’Azerbaïdjan depuis que le projet de gazoduc prévu en provenance de la Russie a été abandonné. Un tel gazoduc ne peut que passer par la Géorgie et continuer via la Mer Noire ou bien passer par l’Arménie, ce qui n’est pas joué !
Le résultat a été visible et sans appel ; la Turquie a eu beau abattre un avion russe dans l’espace aérien syrien, ce que la prétendue coalition occidentale faite de bric et de broc n’a pas réussi en plusieurs mois, les russes et l’armée syrienne, soutenus par les rebelles kurdes, l’ont fait en quelques semaines. Daesh est en pleine débandade, les terroristes modérés d’Al Nosra, si chers à Fabius, ne savent plus où se cacher, les rebelles kurdes gagnent du terrain et il y a un début d’incendie dans le Nagorny Karabakh.
Il semble donc que le problème kurde soit redevenu un problème brûlant pour la Turquie du « sultan » qui a recommencé à envoyer son armée pacifier l’est de son propre pays, tuant des civils, mais l’Etat turc va-t-il pouvoir résister longtemps aux velléités d’autonomie des 19 millions de kurdes vivant (et disséminés) dans ce pays et dont leur frange active (le PKK) est structurée comme un véritable mouvement de résistance, possède des armes, et est approvisionnée désormais par les « pays amis de la Syrie ».
Erdogan est dos au mur et sa bêtise doublée de sa lâcheté le feront soit commettre l’irréparable en utilisant des armes chimiques contre le peuple kurde de Turquie (il fournit déjà ce type d’armes à Daesh) soit poussera l’armée turque à le destituer pour que ce pays redevienne respectable sur la scène internationale.
Pour le moment rien n’est joué, le seul élément visible et lourd de sens est le fait que les familles des militaires américains (officiellement présents au nom de l’OTAN) ont quitté l’est de la Turquie.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-erdogan-massacre-t-il-les-179850