vendredi 7 juin 2013

NDLR/Comme quoi la France aura toujours besoin des Touareg et des Arabes,pas sûre qu'il y'ai alliance cette foi ci..vu la finalité et la trahison dans l' Azawad/Al-Qaida passe du Mali en Libye

Terrorisme2013-06-07

Essam Mohamed à Tripoli et Jemal Oumar à Nouakchott ont contribué à cet article pour Magharebia – 07/06/2013

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Depuis la libération du Nord-Mali par les forces françaises et africaines, certains observateurs se posent la même question : où sont partis les combattants d'al-Qaida ?
Une série d'incidents meurtriers montre que les terroristes et les islamistes armés chassés du Nord-Mali ont trouvé un nouveau refuge dans le désert du Sud libyen et dans la région montagneuse du Djebel Chaambi entre l'Algérie et la Tunisie.
Après que les combattants d'al-Qaida aient été évincés du Mali, ils ont "frappé le ventre mou des pays de la coalition, le Niger, via le lieu présentant le système de sécurité le plus fragile au Maghreb, le Sud de la Libye", a expliqué le spécialiste du terrorisme Abdul Hamid Ansari.
"Cela augure de nouvelles agitations et une nouvelle insécurité en Afrique du Nord et dans la région du Sahel", a-t-il ajouté. Contraints de fuir le Nord-Mali, les éléments d'al-Qaida sont partis dans le désert libyen pour renflouer leurs rangs et se regrouper, a indiqué le quotidien algérien Ennahar le mois dernier. La révolution qui a renversé Mouammar Kadhafi a permis aux brigades d'al-Qaida et à leurs alliés de trouver un refuge sûr dans un pays nouvellement instable, a poursuivi le journal.
Et elles ont frappé à nouveau.
Le 23 mai, l'ancien émir d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) Mokhtar Belmokhtar (alias "Laaouar") et sa brigade des "Signataires par le sang" ont monté un double attentat suicide à la voiture piégée qui a tué au moins vingt personnes au Niger.
Les attaques contre une caserne de l'armée à Agadez et une mine d'uranium exploitée par la France à Arlit étaient destinées à venger la mort en février du terroriste Abdelhamid Abou Zeid abattu par l'armée française au Mali.
Moins d'une semaine après ces attaques au Niger, le Président Mahamadou Issoufou a apporté une nouvelle pierre à la revendication de Belmokhtar.
Ce n'était pas seulement al-Qaida, a déclaré le chef de l'État. C'était al-Qaida en Libye.
"Je vous assure que l'attaque dans le nord de notre pays est venue du Sud de la Libye, qui constitue une menace importante pour la sécurité dans la bande sahélo-saharienne", a déclaré Issoufou le 28 mai lors des funérailles des victimes de l'attentat suicide d'Agadez.
Issoufou a décrit la partie méridionale de la Libye comme un terreau pour ceux qui cherchent à déstabiliser la sécurité au Sahel et au Sahara. Il a averti qu'al-Qaida planifiait une autre attaque à partir de ses bastions dans le Sud libyen, dirigée contre la République du Tchad.
Au lendemain du discours d'Issoufou concernant la connexion AQMI-Libye, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a également mis en garde les pays africains contre l'influence grandissante des militants islamistes dans le désert libyen. Il a appelé du Niger à des efforts concertés de la part de la Tunisie, de l'Algérie, du Tchad, du Mali et de l'Égypte pour répondre à cette menace.
Le problème dans le Sud de la Libye hante aujourd'hui l'ensemble du Sahel, mettent en garde les observateurs. Les pays du Maghreb ont en effet toutes les raisons de craindre que la situation très volatile en Libye ne puisse se propager.
"Le Sud de la Libye est devenu un terreau pour les groupes terroristes les plus durs", explique Hassan Ag Midal, blogueur et journaliste touareg originaire du nord du Niger, qui suit les groupes de militants au Sahel.
Il est parfaitement naturel que ces extrémistes armés s'installent dans le Sud libyen, explique-t-il à Magharebia, "parce que cette région leur offre presque les mêmes conditions que le Nord-Mali".
"La région compte en effet de grands nombres de réfugiés touaregs, la même composition sociale et ethnique, notamment dans les villes d'Ubari et de Sabha, et des populations souffrant de la pauvreté et du sous-développement", ajoute-t-il.
Vient s'y ajouter le manque de sécurité.
Ag Midal ajoute : "L'armée libyenne n'impose pas son contrôle sur cette région, et les frontières avec le Niger sont très étendues et difficiles à surveiller en permanence."
"Le Sud de la Libye est comme un continent ouvert, un lieu où l'on trouve tout", explique Mohamed Oumar Gharsallah, universitaire libyen et ancien diplomate à Nouakchott.
"L'absence d'une autorité centrale pose un problème non seulement dans le Sud, mais dans l'ensemble du pays. Les stocks d'armes ont été pillés, et l'armée a été démantelée et a totalement disparu, après avoir été la sixième plus importante dans le monde arabe", ajoute-t-il.
Outre les terroristes, "on y trouve aussi des trafiquants de drogue, de marchandises et de carburant, ainsi que des tribus et des groupes militants", souligne-t-il.
Et si al-Qaida cherche des recrues, le Sud de la Libye est un autre endroit où "les jeunes ordinaires peuvent être mobilisés dans des batailles qui s'inscrivent dans le cadre de manœuvres internationales".
"La région souffre d'un problème de développement, pas d'un problème d'Islam", a ajouté ce diplomate libyen. "Les échecs des régimes politiques à assurer le développement local, l'inflexibilité des systèmes politiques et le déni des situations locales n'ont fait qu'exacerber ce problème."
L'organisation terroriste dispose d'un plan pour ses forces dans le désert libyen. Selon l'analyste mauritanien Mohamed Ould Zein, "al-Qaida s'attache aujourd'hui à mener des attaques en représailles contre les pays qui ont contribué directement à leur expulsion du Nord-Mali, comme le Niger et le Tchad."
"Mais la prochaine cible qui sera visée seront les États qui ont indirectement soutenu la guerre au Mali", met-il en garde.
C'est-à-dire le Maghreb.
L'attention de la Libye se tourne vers le Sud
À la suite des propos tenus par le Président nigérien et le ministre français des Affaires étrangères concernant les mouvements d'al-Qaida, la Libye a dévoilé dimanche 2 juin de nouvelles mesures destinées à renforcer la sécurité dans le sud et le sud-ouest.
Le Premier ministre Ali Zidan a ainsi déclaré aux journalistes que le gouvernement avait décidé d'une approche en deux volets.
"Le premier consiste à maintenir l'ordre dans les villes, notamment Ghat, Ubari, Murzuq, Wadi al-Shatie, Sabha et Koufra. Le second a trait à la protection et au contrôle de la frontière et vise à ne permettre aucune infiltration par des éléments suspects", a-t-il précisé.
Soldats et thwars bénéficieront de primes pour travailler dans cette région désertique, a-t-il expliqué. Au vu des conditions de vie difficiles et des températures inhospitalières dans cette région sud, les personnels de la police et de l'armée pourront également prétendre à des augmentations de salaire.
"Nous espérons atteindre les objectifs promis concernant le Sud et les dispositifs de sécurité", a ajouté Zidan. "J'en appelle à toutes les parties, au premier rang desquelles les révolutionnaires... pour qu'elles coopèrent."
L'Union européenne enverra une équipe chargée d'aider à la protection de la frontière, a-t-il précisé.
"Il s'agira de consultants civils", a-t-il assuré aux députés.
Pour souligner l'opportunité de ce nouveau plan de sécurité, Zidan a présenté les détails d'une importante arrestation.
"Les responsables de la sécurité à Jaghbub, près de la frontière égyptienne, ont intercepté un groupe qui tentait de faire passer clandestinement dix missiles MILAN et cinquante missiles Grad à Qaryat al-Majouri. Ils tentaient de faire entrer ces missiles en Égypte, mais ces armes ont été saisies et les membres du groupe ont été arrêtés", a-t-il expliqué.
"Chacun doit savoir que le gouvernement accorde une attention spéciale au contrôle de la frontière, et que l'arrêt des trafics est une partie essentielle de la sécurité", a ajouté Zidan.
Le nouveau ministre de l'Intérieur Mohammed al-Sheikh a présenté cette semaine au Congrès général national (CGN) un nouveau plan de sécurité. Cette stratégie vient compléter le travail effectué par son prédécesseur, en maintenant certaines des agences de sécurité existantes, pour éviter un vide potentiel. Une doctrine nationale de sécurité sera promue pour minimiser le régionalisme.
Ses propositions appellent également à la restauration de la confiance perdue entre le peuple et les instances de sécurité.
Mais les stratégistes du gouvernement ont du pain sur la planche.
"Le problème est que le Sud a été divisé en trois parties", a expliqué à Magharebia Ali Lemrabet, un habitant de Sabha.
"La première attend encore le retour de Kadhafi et ne s'intéresse pas au pays ; la deuxième, qui a soutenu la révolution, espère des jours meilleurs et a donc fermé ses portes, attendant maintenant que les changements se produisent. La troisième a sauté sur l'occasion dès le départ, parce qu'ils sont comme des voleurs", a-t-il expliqué.

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