Attentats terroristes à Agadez chronique d’un Jeudi noir
Une aurore de sang et des larmes.
Le calme revient petit à petit sur Agadez, la cité de l’Aïr et la ville d’Arlit, endeuillées par deux attentats terroristes simultanés le jeudi 23 mai 2013 aux environs de 5 h du matin.
L’attentat d’Agadez a causé la perte de 24 militaires dont un camerounais répondant au nom de Atteba Obara Marcisse et des dégâts matériels importants. Au finish, à Agadez huit terroristes ont été tués, sept armes de type AK47 dont une de marque 103-2 récupérées, trois ceintures d’explosifs fabriquées avec des grenades défensives et des charges de clous et mortiers de calibre 60 mm ont été aussi saisies. Un téléphone cabossé appartenant à l’un des terroristes et contenant un numéro orange a été trouvé sur le lieu. De même qu’une lettre dont Aïr Info s’est procuré copie a été également trouvée sur place.
A Arlit, on déplore la mort d’un ouvrier soustraitant de la Somaïr et d’importants dégâts matériels sur les installations de la société Somaïr. Deux terroristes ont trouvé la mort dans cette opération kamikaze. D’après nos sources, aucun indice probant n’a été trouvé par les enquêteurs sur place sauf le numéro du châssis du véhicule utilisé par les terroristes qui servira certainement comme celui du véhicule de la garnison d’Agadez à remonter la piste du ou des propriétaires. L’attentat d’Agadez restera longtemps gravé dans la mémoire des habitants de l’Aïr. Pour Akly Salihou, ce jour-là a été « le jeudi le plus long et le plus macabre de notre existence ».
«Un jeudi que nous ne voudrions plus jamais revivre», a til confié à Aïr Info. « Je n’oublierai jamais de ma vie cette journée ! J’ai tremblé des heures durant pensant que c’était la fin du monde. Je ne sais pas encore ce qui s’était réellement passé ! », confiait très apeurée Rabi Daré, une habitante d’Agadez, mère de sept enfants. Ce que ces deux habitants ignoraient, c’est que ce jeudi-là et le jour qui suivra, huit terroristes, la plupart des étrangers, s’étaient infiltrés dans la caserne militaire d’Agadez et ont tué 24 militaires nigériens. D’autres dans leur débandade pour chercher une position, D’autres, malades, dans leur dortoir d’élèves sous-officiers. Avec des balles pour certains et des explosifs pour d’autres.
En effet, le jeudi 23, il faisait encore sombre quand une énorme déflagration a retenti et a secoué toute la ville d’Agadez. Des familles entières du quartier Toudou accouraient vers le centre ville pour fuir les détonations et les balles qui sifflaient dans l’air. On entendait les pleurs à fendre l’âme d’enfants tétanisés par le vacarme. Aux cris de « On avance » des militaires répondaient des « Allahou Akbar » distincts des assaillants. Chose émouvante, dans le feu de l’action, des militaires venaient en courant de tous les coins de la ville d’Agadez pour porter assistance à leurs collègues attaqués. A la lumière du jour, le reporter d’Aïr Info arrivé sur place avec le Colonel-major Garba Maikido, Gouverneur d’Agadez, se rendra compte de l’horreur. Un véhicule 4x4 ou plutôt ce qui en restait jonchait les lieux du drame.
Des lambeaux de chair se mélangeaient au cambouis de l’huile moteur du véhicule du kamikaze. Plus loin, un bloc moteur qui semble intact trône au milieu de la scène. Tout autour, des restes humains, du sang et quelques traces de cervelle encore collée à un amas de chevelure. Tout autour, des toitures de bâtiments éraflés témoignent de la puissance de l’explosion. Du kamikaze, il ne restait que des lambeaux de chair à peine reconnaissables. Un cratère béant rempli d’eau mélangé à des matières huileuses donne l’emplacement exact de l’explosion du véhicule. Pendant plus de trente minutes, notre reporter va flâner sur les lieux du drame, ignorant totalement qu’à quelques dizaines de mètres, trois terroristes attendaient le moment propice pour frapper. Pour tuer encore comme si leur macabre boucherie ne les satisfaisait pas.
Mais ce moment propice, ils ne l’auront que le lendemain. C’est à dire le vendredi. Jour saint de l’islam. L’horreur va reprendre et déboucher sur la neutralisation des assaillants retranchés qui ont tué 23 militaires musulmans et ce au nom de l’islam . Oui, le vendredi, quand le dortoir des sous-officiers a été vidé des assaillants, on découvrit deux militaires morts en état de décomposition avancée. Ils ont été tués la veille sous leur lit par les balles des terroristes.
Qui a réellement tué le militaire Tchanga ?
Au cours de l’assaut du vendredi matin, un militaire nigérien répondant au nom de Tchanga est tué d’une balle dans la tête. Les circonstances de sa mort prêtent à plusieurs spéculations à Agadez. D’aucuns disent qu’il a été tué par une balle « amie », c’est à dire par un tir d’un sniper français parce que le militaire se serait pointé sans crier dans le champ de tir des forces spéciales. D’autres sources rapportent que Tchanga aurait été tué par un tir des assaillants. Vrai ou faux? L’histoire nous le dira.
Deux groupes ont revendiqué ces attaques.
Ce vendredi à neuf heures, Le Mujao et le groupe dit Les signataires par le sang ont revendiqué les attentats d’Agadez et d’Arlit pour fustiger disent-ils l’engagement des troupes nigériennes au nord Mali. On saura alors que le terroriste Belmoctar aurait supervisé lui-même les deux attaques. Même si d’après une source digne de foi, c’est son fils un certain Abdoulsalam Oussam, un jeune homme de dixhuit ans qui serait le planificateur du double attentat d’Agadez et d’Arlit. Il aurait dit-on passé par le Niger après la débâcle des jihadistes au nord Mali.
Comment ce drame a-t-il pu arriver ?
D’après nos sources, le service de renseignement a depuis plus d’une quinzaine de jours prévenu qui de droit de l’imminence d’une ou de plusieurs attaques terroristes à Agadez. Mais comble de malheur, rien n’a été fait pour y faire face. Et ce qui ne devait pas arriver arriva. En reconstituant et recoupant les faits des fois anodins mais chargés de sens, Aïr Info est arrivé à la thèse selon laquelle les assaillants ont eu tout le temps de peaufiner leur macabre complot sans y être inquiétés. Et pour preuves ! Ils ont pris leur puce orange portant le numéro 91186389 à Agadez. Ils ont émis plusieurs appels dont le premier fait le 15 mai à partir d’un quartier sis à l’est d’Agadez.
Ce qui explique qu’ils étaient à Agadez une semaine avant l’assaut. Ce même numéro a appelé plusieurs autres contacts tant à Agadez, qu’à l’étranger. Mais ce qui est révoltant, c’est le fait que ce même numéro ait appelé un autre contact orange notamment le N° 91186377 à 5H00, un contact qui se trouve à …..Akokan (Arlit). C'est-à-dire quelques minutes avant l’assaut simultané d’Agadez et d’Arlit. Les kamikazes d’Agadez ont échangé avec ceux d’Arlit pour la coordination de deux assauts. Bon Dieu ! Où étaient les drones ? Le système dit sophistiqué de surveillance des Occidentaux ?
D’après nos investigations, ce même numéro 91186389 a appelé d’autres contacts en Algérie et au Mali. Aucun numéro libyen comme le pense le politique nigérien n’a été appelé. Même s’il s’avère à en croire le président Issoufou qu’ils seraient venus de la Libye, ces assaillants n’ont établi aucun contact téléphonique avec ce pays voisin. D’autres faits vérifiés par Aïr Info attestent que ces assaillants étaient à Agadez depuis longtemps. Ils avaient eu le temps de comprendre tout le système sécuritaire d’Agadez. La veille de l’attaque par exemple, c'est-à-dire le 22 mai, un des kamikazes, celui qui parlait haousa, un bagobiri selon certaines sources, aurait été à plusieurs reprises dans l’enceinte de la compagnie et même ....prié à la mosquée de la caserne.
Pour tromper la vigilance, il portait un survêtement qui laisse croire qu’il est un militaire en transit vers son poste. Une autre source a confirmé à Aïr Info que la veille de l’attaque, un petit groupe de personnes étrangères à première vue s’étaient présentées aux habitants des taudis qui jouxtent l’aéroport d’Agadez. Elles ont alors procédé à une distribution de lait en boîte aux pauvres. Leur interprète, un jeune nigérien qui parle bien arabe, a alors soufflé à l’oreille d’une des habitantes que ces gens lui ont dit qu’ils vont brûler Agadez le lendemain. Pourquoi ni la femme ni le jeune homme n’ont informé de quelque manière que ça soit les forces de sécurité pourtant basées à quelques métres et qui sécurisent l’aéroport ?
Ils auraient eu peur de la réaction des militaires. Voilà un problème qui mérite d’être traité au plus vite à Agadez. Il faut que les rapports entre forces de défense et population se civilisent à Agadez. Si ces deux citoyens n’ont pas porté l’information, c’est à cause du climat de méfiance qui a toujours prévalu entre forces de défense et civils à Agadez.
L’enquête avance à grands pas.
A partir du numéro 91186389 retrouvé sur l’une des dépouilles des assaillants, plusieurs pistes ont été tracées. Des dizaines de contacts de part le monde. Idem pour la plaque d'immatriculation du véhicule 5654 RN8 qui a explosé à Agadez a permis de remonter au propriétaire. Il s’agit d’un nommé Haiballa Baba Ahmed qui a été interpellé. L’interessé, chef de garage dans une compagnie de transport de la place, aurait confirmé avoir acheté et revendu la voiture depuis 2004. Un autre homme répondant au nom de Moulaye Chérif a aussi été interpellé pour les causes de l’enquête grâce à ce numéro de téléphone. A Ingall, un autre présumé coupable a aussi été interpellé. Il s’agit de Sidi Zaydan. Mais la personne qui serait la clé de cette opération serait originaire de Tassara et se prénomme Adayna C. Elle est activement recherchée.
D’autres attaques kamikazes sont à craindre.
D’après certaines sources, d’autres jihadistes seraient encore présents à Agadez. Car après l’assaut de la garnison, quelques uns parmi eux ont pu prendre la fuite. Des habitants du quartier dit « Pays Bas » ont confirmé à Aïr Info avoir vu des hommes habillés en tenue militaire et qui ne parlant aucune langue du Niger demander apeurés qu’on leur donne des vêtements civils. Où est-ce qu’ils se terrent maintenant ? Qui sont leurs soutiens à Agadez ? Quelles seront leurs prochaines cibles ? Les mosquées ou les transports en commun ? Nul ne peut le prédire ! Mais la question la plus urgente est comment faire pour parer à toute éventualité ? C’est pourquoi les leaders de l’ex-rébellion touarègue, touboue et arabe s’étaient réunis autour de leurs élus régionaux et locaux pour sonner le tocsin.
« Il y a péril en la demeure et pour cela la mobilisation de tous est nécessaire », a dit en substance le communiqué de leur rencontre. D’ores et déjà, un comité a été désigné pour rencontrer le Président de la République et lui faire part de la franche disponibilité de ces populations à combattre le dangereux fléau qu’est le terrorisme. Ils savent tous que des précautions doivent être prises au plus vite et ce pas seulement par les forces militaires mais aussi par les citoyens d’Agadez. L’heure est grave ! La gangrène est déjà en nous, pour l’extirper, il faut du temps et aussi et surtout du tact.
Liste de victimes militaires tombeés lors des attentats :
- Adjudant-chef : Maman Sani
- sergent –chef : bachirou salifou
- sergent –chef : salifou boukané
- sergent : Issaka souleymane
- sergent : Mahamadou Nouredine
- sergent : Ousseini Kader
- Elève sous-officier 2ème Année : Halarou Djiboboubacar
- Elève sous-officier 2ème Année : Abdou Ousmane
- Elève sous-officier 2ème Année : Maman salifou
- Elève sous-officier 1ère Année : Atteba Obara Marcisse
- Elève sous-officier 1ère Année : Karimoune Djermakoye
- Caporal : Idé Hamani- 1ère classe : Alzouma Moussa
- 2ème classe : Issoufou Abdou souleymane
- 2ème classe : Ibrahim Moussa Midou
- 2ème classe bachir Ali- 2ème classe : Moussa Massali
- 2ème classe : Ali salifou boubakar
- 2ème classe : Abdoulaye seydou sinka
- 2ème classe Nassirou soumana Abarchi
- 2ème classe : Hassane Issoufou
- 2ème classe : rachid Idi
- 2ème classe : Abdoul rachid Hankaroua
- 2ème classe : Abdoul Aziz seini
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