jeudi 21 juillet 2011

Niger - Sceller la paix avec les ex-rebelles touareg pour affronter Aqmi

Jeudi, 21 Juillet 2011 10:32


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Pour les autorités nigériennes et les anciens rebelles touareg, le temps est venu de sceller la paix dans le nord du pays, riche en uranium, où les ex-combattants veulent désormais être associés au combat contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
"Le danger qui nous menace aujourd'hui, ce n'est ni la rébellion, ni la pauvreté, ni le banditisme armé, mais c'est Aqmi", affirmait Rhissa Ag Boula, figure emblématique des rébellions touareg de 1991-1995 et 2007-2009, lors d'un "forum de la paix" la semaine dernière dans la capitale régionale Agadez.
En quelques années, les jihadistes ont plongé dans la tourmente le nord nigérien - et toute la bande sahélienne - à coup de rapts, essentiellement d'Occidentaux. Aqmi retient toujours quatre Français enlevés en septembre 2010 dans la cité minière d'Arlit.
Elu président en mars, Mahamadou Issoufou s'est donné pour priorités la lutte contre Aqmi et l'insécurité en général, et le développement, notamment de la vaste zone nord.
Signal fort, il a nommé Premier ministre Brigi Rafini, un Touareg d'Iférouane, d'où est partie la deuxième révolte des Touareg qui exigeaient une "juste répartition" des revenus de l'uranium.
Car la paix a du mal à s'installer malgré la cessation des hostilités obtenue en 2009 sous les auspices du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi: des rebelles se sont mués en bandits, mettant en lumière un désarmement et une réinsertion bâclés.
En s'adressant à ses "frères" lors du forum d'Agadez, M. Rafini a demandé à ceux qui en détiennent encore de déposer les armes, et promis un "programme de développement".
"Les cycles de rébellion, de banditisme armé doivent cesser et laisser place à la liberté et la paix", lançait-il.
Depuis peu, la donne a changé. Maintenant que la plupart des chefs ex-rebelles sont aux responsabilités dans la zone à la suite des élections locales de janvier, "la paix est possible", affirme à l'AFP un ministre.
Fraîchement élu à la tête de la région d'Agadez, Mohamed Anako, autre figure de proue de la rébellion, estime qu'"il n'y a plus de raison de reprendre les armes contre l'Etat" puisque "la décentralisation, qui est la revendication fondamentale, est en train d'être effective".
Mais pour d'autres l'accès à l'administration ne suffit pas.
Après une "caravane de la paix" à travers les localités du nord, Kaocen Maïga, autre ex-leader rebelle, indique que les populations touareg "ont affirmé qu'il n'y aura pas de sécurité durable tant que les autochtones ne sont pas associés".
Parmi les voeux: intégration dans la police ou la gendarmerie, ou création d'unités spéciales composées essentiellement d'anciens rebelles.
Selon un policier, une collaboration est d'autant plus nécessaire entre les anciens adversaires que les habitants "refusent de fournir des renseignements à l'armée à cause des dérapages dont ils ont été victimes durant le conflit".
"Les ex-combattants ont une maîtrise du terrain et des tactiques de guérilla d'Aqmi", fait encore valoir Kaocen Maïga.
Et il met en garde: les anciens rebelles restent un "grenier" pour les "terroristes". "Si on ne les utilise pas pour sécuriser la zone, Aqmi les recrutera", confirme un ex-gouverneur d'Agadez.
Pour le maire de la ville, Rhissa Feltou, autre ex-rebelle, le conflit en Libye voisine rend la question plus urgente: "même les jeunes désoeuvrés de retour de Libye sont des proies faciles pour les islamistes".
Ex-officier qui se rallia à la rébellion, le capitaine Mohamed Adjidar s'inquiète, lui, des "plus de 3.000 Touareg nigériens et maliens" qui combattraient aux côtés des forces loyales à Kadhafi. "Si le camp Kadhafi est mis en déroute, ils reviendront avec armes et bagages".

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