Publié le 02-07-11 à 10:57 Modifié à 14:41 par Le Nouvel Observateur avec AFP Réagir
Tandis que le dictateur exhorte l'OTAN à faire marche arrière, les chefs d'états africains prévoient de l'écarter des négociations pour sortir son pays de la crise.
Le colonel Kadhafi menace l'Europe (AFP)
"Le peuple libyen est capable de porter un jour la bataille à la Méditerranée et à l'Europe", a lancé le colonel Kadhafi dans une allocution relayée par haut-parleurs à des milliers de ses partisans rassemblés sur la place Verte à Tripoli vendredi 1e juillet.
"Il pourrait s'en prendre à vos foyers, vos bureaux et vos familles, qui deviendraient descibles militaires légitimes puisque vous avez transformé nos bureaux, nos quartiers-généraux, nos maisons et nos enfants en cibles militaires que vous considérez comme légitimes", a-t-il ajouté à l'adresse des dirigeants européens.
"Tels des criquets ou des abeilles"
"Si nous le décidons, nos sommes capables de nous ruer sur l'Europe tels des criquets ou des abeilles. Nous vous conseillons donc de faire marche arrière avant de subir une catastrophe".
"Je vous conseille de clouer vos avions au sol (...) et d'engager des discussions avec le peuple libyen", a ajouté le Guide en dénonçant le mandat d'arrêt lancé lundi contre lui, l'un de ses fils, Saïf al Islam, et contre son gendre par la Cour Pénale internationale (CPI).
Les partisans de Kadhafi ont agité des drapeaux verts et des portraits du dirigeant libyen, qui a déclaré que l'importante participation à ce rassemblement était tout à fait spontanée et prouvait combien son peuple l'aimait.
Des personnes ont tiré en l'air en signe d'acquiescement et des feux d'artifice ont embrasé le ciel de la capitale à la fin de son discours.
Les Etats-Unis et l'Espagne ont fait fi samedi 2 juillet des menaces d'attaque proférées par Mouammar Kadhafi, promettant au contraire que l'Otan maintiendra la "pression" si le dirigeant libyen ne quitte pas le pouvoir.
Kadhafi écarté par les chefs d'états africains
Les chefs d'états africains réuni en sommet à Malabo ont difficilement adopté vendredi 1e juillet un accord-cadre proposé aux parties libyennes prévoyant notamment que le leader libyen Mouammar Kadhafi devait être écarté des négociations pour sortir son pays de la crise et une "force de maintien de la paix".
"Kadhafi ne doit pas participer au processus de négociation", a affirmé Ramtane Lamamra, Commissaire à la paix et la sécurité de l'Union Africaine, en citant "l'accord-cadre" approuvé par le 17e sommet de l'UA.
Période de transition
Le texte prévoit de "mettre un terme au conflit (...) d'entamer un processus politique qui permettra de répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie".
"La période de transition s'achevera par des élections démocratiques" et implique un transfert de pouvoir à un gouvernement intérimaire", précise le texte qui prévoit le déploiement d'une "force de maintien de la paix".
Le document a été remis vendredi 1e juillet en soirée aux deux parties qui selon le président sud-africain Jacob Zuma l'ont "accueilli chaleureusement". Il n'a pas été possible de joindre aucune des deux parties.
Contre une solution militaire
"Nous sommes à un point où nous pourrons bientôt attaquer le problème et amener la paix et la stabilité en Libye (...) Nous ne sommes pas pour une solution militaire", a précisé Jacob Zuma soulignant à propos de la résolution 1973 de l'ONU: "Elle ne dit pas 'laissez nous bombarder la Libye'. Elle parlait de zone d'exclusion aérienne".
Malgré le satisfecit que se sont accordés les dirigeants de l'UA, des diplomates et des observateurs ont souligné que le "dialogue inclusif", impliquait que "toutes les parties, dontKadhafi, doivent être d'accord et pouvoir participer".
"La montagne a accouché d'une souris", a conclu un diplomate.
Mandat d'arrêt préoccupant pour l'UA
Dans une résolution, l'UA a aussi décidé que "les états membres ne coopéreront pas à l'exécution du mandat d'arrêt" contre Kadhafi. L'UA se dit "préoccupée par la manière dont le procureur de la Cour pénale internationale gère la situation en Libye et "note que le mandat (...) complique sérieusement les efforts visant à trouver une solution politique négociée à la crise".
"Nous sommes contre l'impunité", a affirmé le président de la commission de l'Union Africaine, le Gabonais Jean Ping en attaquant le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo: "On lui dit de lire le droit, pas de faire la politique. Comme l'a dit un dirigeant: 'Ocampo, it's a joke' (Ocampo, c'est une blague)".
Kadhafi entend saisir les armes larguées
A Moscou, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé a affirmé que la France avait informé l'Otan et le Conseil de sécurité de l'ONU de ses livraisons d'armes aux rebelles en Libye.
"Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité" de l'ONU, a estimé le ministre, interrogé sur les critiques russes. Le chef de la diplomatie russe,Sergueï Lavrov, s'est montré, lui, critique au sujet des largages, en dénonçant les différentes "interprétations" de la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force pour protéger la population civile.
Dans une allocution relayée par haut-parleurs à l'adresse de milliers de ses partisans présents sur la Place Verte à Tripoli, Kadhafi a appelé les Libyens à récupérer les armes: "Marchez sur le Djebel et saisissez les armes qui ont été larguées par les Français".
Le colonel Kadhafi, qui parlait d'un lieu tenu secret, a en outre exhorté ses partisans à "marcher sur Misrata et la libérer pouce par pouce, sans recours aux armes (...) Finissez la bataille rapidement".
Le Nouvel Observateur - AFP
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