lundi 22 février 2010

RFI/A la une : le Niger…



RFI/Revue de presse Afrique
lundi 22 février 2010
A la une : le Niger…

Par Frédéric Couteau Quatre jours après la chute du président Tandja au Niger, les événements continuent de se précipiter, et c’est une avalanche de communiqués et de déclarations en tout genre qui envahit les colonnes de la presse nigérienne. Déclarations du Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques, l’opposition ; du Collectif de défense du droit à l’énergie au Niger, du département d’Etat américain, ou encore de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme…

Pas beaucoup de commentaires politiques pour l’instant, les observateurs nigériens jouent la prudence et préfèrent apparemment prendre leur temps. Toutefois, on trouve quelques informations intéressantes ici ou là. Exemple : sur le site Libération Niger, on apprend qu’après avoir été détenus durant 24 heures, une vingtaines de ministres ont regagné leurs domiciles, « à la grande satisfaction de leurs familles », note le site d’information.

Reste entre les mains des militaires, le Premier ministre Ali Badjo Gamatié. « Avec lui, seraient aussi gardés le ministre d’Etat chargé de la sécurité, la ministre des Affaires étrangères, le ministre des Finances, celui des Mines, de l’Equipement, de la Justice, soit 7 personnalités », précise Libération Niger. « Le président Tandja, son aide de camp, le commandant de sa garde sont également prisonniers, poursuit-il. Tout ce beau monde est éparpillé dans différentes casernes de Niamey. Selon certaines sources, le Maroc et le Sénégal, rappelle le site, seraient prêts à accorder l’asile au président déchu ainsi qu’à sa famille. Niet catégorique de la junte militaire. »

Les militaires « sauveurs » de la République ?
Alors, si la presse nigérienne est encore assez attentiste, les journaux de la sous-région et même au-delà se félicitent de la chute de Tandja. On trouve des commentaires jusqu’au Cameroun. Ainsi, pour Mutations, « l'ivresse du pouvoir doit avoir des effets pervers particulièrement en Afrique. Et Mamadou Tandja n'y a pas échappé qui, se couvrant derrière la "demande populaire" et malgré les réprobations de la classe politique, a entrepris un référendum suicidaire, après avoir mis entre parenthèses les institutions de la République ». Or, relève le quotidien camerounais, « l'inévitable déliquescence d'un pouvoir qui dure, qui ne vit que de s'imposer à son peuple par la force et la corruption, est un terreau au chaos, une proie pour les "aventuriers" en tenue et en armes, qui pourraient bien devenir les "sauveurs" de la République. »

En effet, renchérit L’Observateur au Burkina, « contre vents et marées, Tandja, comme tant d’autres qui nous gouvernent, en est-il venu à violer la loi fondamentale nigérienne pour s’octroyer une rallonge de trois ans afin d’achever ses chantiers, enfantant, au détour d’un référendum factice, cette VIe République qui lui permettrait de régner ad vitam aeternam sur l’or et l’uranium d’Imouraren (…). Mais là s’achève le rêve, constate le quotidien burkinabé, avec le concert macabre improvisé par la Grande Muette ce jeudi 18 février pour mettre fin à la forfaiture. »

L’Union africaine montrée du doigt
Et L’Observateur de s’en prendre par ailleurs à l’Union africaine… « 24 heures après le coup d’Etat, l’organisation panafricaine, note le journal, a condamné la prise du pouvoir par la force, suspendu Niamey et enjoint les nouvelles autorités de débarrasser le plancher au plus vite. Enferrée dans ses principes, l’UA n’avait en fait pas le choix, puisqu’elle a déclaré hors-la-loi les putschs depuis son sommet d’Alger en 1999. » Il n’empêche, s’exclame L’Observateur, « l’Union africaine ne manque pas d’air. (…) Faut pas charrier, fulmine le journal. Avant de faire des imprécations a posteriori, faites d’abord de la prévention a priori, en empêchant tous les tripatouilleurs du continent au désir d’éternité de modifier à leur guise les règles du jeu démocratique pour s’éterniser aux affaires. »

Même analyse pour Le Républicain au Mali pour qui « l’exemple nigérien démontre l’urgence pour l’organisation continentale de revisiter sa doctrine de la gouvernance démocratique. »
Le Pays au Burkina élargit le débat et dénonce « la faiblesse des institutions aux plans national, sous-régional et régional. Les institutions africaines sont impuissantes du fait de l’incurie même des dirigeants dont la plupart prennent la liberté de ne pas honorer leurs propres engagements, affirme le journal. C’est le cas présentement de Madagascar et de la Côte d’Ivoire. Les excès de leurs dirigeants déconcertent l’opinion africaine. Des organisations comme la CEDEAO et l’UA se contentent de professions de foi. Elles peinent à mettre en application leurs propres résolutions. Voilà pourquoi le président Obama exhorte l’Afrique à se doter d’institutions fortes plutôt que d’hommes forts. »

Mamadou part… Moussa revient !Enfin, on reste avec Le Pays qui se félicite du retour sur le devant de la scène de… Moussa Kaka, le correspondant de RFI à Niamey qui avait été embastillé par le président Tandja. « Moussa Kaka reprend du service », constate le journal qui remarque que « s’il y a un Nigérien à applaudir le premier ce coup d’Etat du 18 février dernier, c’est bien lui, et humainement, cela peut se comprendre, tant Mamadou Tandja aura fait preuve d’acharnement à son égard. »

Et sur un plan plus large, Le Pays estime que « l’arrivée de l’armée pourrait marquer le retour de la liberté d’expression au Niger, dont l’espace avait été considérablement réduit par le régime de Mamadou Tandja. En tout état de cause, conclut le quotidien burkinabé, c’est bon signe que le correspondant Moussa Kaka renoue avec les médias internationaux. Mais attendons l’évolution de la situation, avant de juger sur pièce la junte qui, après tout, ne vient que de s’installer. »

Tags thématiques: Niger - Revue de presse - Union africaine

Aucun commentaire: