lundi 23 février 2009

Niger, /Al Qaeda revendique sept rapts


Marie-France Cros
Lalibre.be
Bruxelles/Belgique

Mis en ligne le 19/02/2009
Deux diplomates et leur chauffeur disparus depuis décembre et quatre touristes enlevés en janvier seraient entre ses mains. Le Niger a massé son armée en zone touarègue. Il a ainsi dégarni les zones islamistes.

Un enregistrement sonore envoyé mardi à la chaîne satellitaire arabe al Jazeera, revendique, au nom de al Qaeda au Maghreb, l’enlèvement de deux diplomates canadiens et leur chauffeur, et celui de quatre touristes européens.

Robert Fowler, envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Niger, et son collègue Louis Guay avaient disparu le 14 décembre dans la région de Tillabéri - zone du Niger normalement épargnée par l’insécurité - avec leur chauffeur; ils rentraient d’une visite privée dans une mine d’or exploitée par une société canadienne à Samira. Un couple suisse, une septuagénaire allemande et un Britannique, qui faisaient du tourisme à la frontière nigéro-malienne avaient, eux, été enlevés le 22 janvier, alors qu’ils circulaient en convoi, à bord de plusieurs véhicules.

Dégarni

Le directeur du journal indépendant "Le Républicain", Mamane Abou, cité par l’AFP, souligne que Niamey a concentré "80 pc de ses forces armées dans le nord", pour y combattre la rébellion touarègue, qui dérange la juteuse exploitation de l’uranium nigérien pour en réclamer sa part. Le reste du territoire s’est ainsi trouvé "dégarni", "no tamment l’ouest, proche des bases d’al Qaeda".

Al Qaeda au Maghreb est le nom adopté depuis septembre 2006 par les islamistes algériens du Groupe salafiste de prédication et de combat. Depuis quelques années, ce groupe terroriste a ses bases arrières dans le Sahara - théâtre de multiples trafics (biens de consommation, cigarettes, drogue, essence, armes, migrants clandestins en route pour l’Europe ) permettant aux Touaregs de survivre malgré l’abandon dans lequel les gouvernements maliens et nigériens ont historiquement laissé leur région aride.

Zone de contrebande

Des groupes de salafistes rencontrent à l’occasion des Touaregs avec des objectifs de contrebande, ce qui a poussé Bamako et Niamey à les lier idéologiquement entre eux - ce que les Touaregs contestent avec véhémence. Un groupe touareg rebelle malien, l’Alliance démocratique pour le changement, s’est ainsi battu à plusieurs reprises contre al Qaeda au Maghreb. En 2003, des Touaregs avaient servi de médiateurs pour la libération d’une trentaine de touristes européens enlevés par des islamistes algériens.

Alertes islamistes

La décision de Niamey de concentrer ses soldats en zone touarègue est d’autant plus malheureuse que les alertes islamistes n’ont pas manqué au Niger. Niamey s’était d’ailleurs doté, en 2006, d’un Conseil islamique national, organe consultatif de vingt oulémas désignés par leurs pairs et chargés de faire des propositions au gouvernement afin de créer les conditions d’une pratique de l’islam qui cadre avec les valeurs sociales et culturelles du Niger, avait alors déclaré le Premier ministre nigérien.

A plusieurs reprises, au cours de la décennie écoulée, les autorités nigériennes ont dû, en effet, intervenir contre des assaillants intégristes. Ceux-ci sont particulièrement actifs dans l’ouest (où est construit Niamey) et le sud du Niger, régions qui jouxtent le nord du Nigéria, où les Etats fédérés locaux sont administrés depuis le début du siècle par des gouvernements islamistes.

Depuis 2003, les Etats-Unis ont lancé un programme de lutte contre le terrorisme islamiste dans la sous-région sahélienne (Niger, Mali, Tchad, Sénégal, Maroc, Mauritanie, Nigéria, Algérie, Tunisie) comprenant un volet développement : le Niger est un des pays les plus pauvres du monde et plus des deux tiers de ses 14 millions d’habitants vivent avec moins d’un euro/jour.

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