jeudi 18 mars 2010

Réunion d’Alger : ATT évite l’affrontement avec Bouteflika


Chahana Takiou-22 Septembre, 18/03/2010
Réunion d’Alger : ATT évite l’affrontement avec Bouteflika
jeudi 18 mars 2010

Les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, du Mali, du Niger, de la Libye, de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Tchad se sont réunis à Alger, le 16 mars 2010, pour examiner la situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne. En répondant à l’invitation d’Alger, trois semaines après que Boutéflika eût rappelé son ambassadeur au Mali, suite à l’élargissement de quatre terroristes se réclamant d’Aqmi en échange de la libération du français Pierre Camatte, enlevé à Ménaka en novembre 2009, Bamako a fait preuve de pragmatisme.

D’abord, le Mali accepte ainsi de renouer le dialogue politique et diplomatique avec l’Algérie, qui avait rompu les ponts avant de revenir en arrière, pour trouver une porte de sortie honorable à cette brouille entre nos deux Etats. Ensuite, Bamako, qui n’a jamais souhaité un conflit avec un voisin, prouve, si besoin en était, son engagement à lutter contre le terrorisme dans le cadre de la coopération multilatérale. Ce qui est une constante chez ATT, qui a présidé le vendredi 5 mars une réunion du Comité de Défense de la Défense nationale, lequel a adopté un plan d’urgence pour la lutte contre la drogue et le terrorisme dans le Nord-Mali.

En envoyant son ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Moctar Ouane, à Alger pour la rencontre du 16 mars, ATT fait preuve de réalisme politique et évite au Mali un isolement certain dans le cadre de ce combat. Car il a toujours clamé "aucun pays ne peut à lui seul lutter contre le terrorisme". C’est pourquoi il a proposé une conférence des chefs d’Etat de la bande sahélo-saharienne sur la paix, la sécurité et le développement de cette région. La rencontre d’Alger s’inscrit, semble t-il, dans la droite ligne de la réunion ministérielle tenue à Bamako le 11 novembre 2008, et destinée à préparer le forum qu’ATT ne cesse de demander. De l’avis même des Algériens, la réunion préparatoire de Bamako a constitué une étape charnière dans la dynamique sous régionale de concertation.

La rencontre d’Alger se veut, selon les autorités algériennes, une réunion de concertation entre les ministres en charge des Affaires Etrangères. L’objectif est d’actualiser l’analyse situationnelle de la sécurité régionale et d’envisager les voies et moyens de renforcer la coordination et la coopération inter-Etats, dans la perspective de la tenue de la Conférence des Chefs d’Etat de la région. Qui dit mieux ! ATT a donc été bien inspiré de ne pas rater la belle opportunité qu’Alger a offerte au Mali pour s’expliquer encore une fois et convaincre éventuellement ses voisins de la pertinence de ses suggestions. En clair, Alger peut être considérée comme une étape complémentaire vers la tenue prochaine, à Bamako, de la Conférence des Chefs d’Etat de la bande sahélo-saharienne sur la paix et le développement.

Par ce geste, Bamako évite d’affronter Boutéflika, dont le piège était que le Mali boude cette rencontre, occasion de régler pour du bon ses comptes avec son homologue malien. Mais ATT a fait parler la raison au lieu du cœur. Sinon, le Mali aurait été le grand absent de la rencontre et les conséquences auraient été encore plus lourdes à supporter. Comme on le dit très souvent, tout est bien qui finit bien. Ce n’est pas le ministre délégué algérien aux Affaires Africaines et Maghrébines, Abdelkader Messahel, qui dira le contraire, lui qui a déclaré à l’issue des travaux : "Nous sommes parvenus à un plein consensus pour nous attaquer au terrorisme dans la région…"

Chahana Takiou

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