lundi 8 mars 2010

Quel avenir pour notre Afrique mère ?


africatime / Cheikh Tijani Gueye CRIDEM 05/03/2010
Quel avenir pour notre Afrique mère ?
dimanche 7 mars 2010

Berceau de l’humanité, comme l’atteste la paléontologie, l’Afrique est aussi l’un des foyers de civilisation, dont le rayonnement et l’influence universelle étaient perceptibles à travers les vestiges vivaces de l’histoire humaine.

En effet l’Afrique fut connue par sa savane verdoyante où passait des milliers de troupeaux (de vaches, de chèvres, de moutons gras), les longues pirogues par centaines tirant carpes et Cyprinidés en abondance ; les greniers remplies de mil de toute sorte de variétés. Tout cela est devenu un souvenir d’un passé jugé maintenant « glorieux ».

Aujourd’hui quand on parle de l’Afrique, on pense au premier plan à la guerre, aux pandémies, aux génocides, aux conflits interethniques et religieux ou de crime contre l’humanité… des coups d’Etats etc.

L’Afrique reste le continent où l’ignorance est le plus développé (plus 66% du total mondial), où la pauvreté et la famine anéantit des milliers de personnes, où les maladies de toute sorte ravagent par des centaines et des milliers de jeunes et enfants, où la sécheresse gagne de plus en plus de terrain détruisant les forces-vives.

Point d’eaux, les puits ont taris, hommes et jeunes valides ont pris le chemin des grands centres urbains de l’étranger pour ne laisser que femmes, enfants et vieillards à la campagne. Nos économies sont soumises aux contraintes des ajustements successifs et à une conjoncture internationale défavorable, au point que nous sommes devenues dans une très large mesure des sociétés qui exportent ce qu’elles produisent et importent ce qu’elles consomment.

Cette situation est autant plus grave que les exportations sont constituées en grande partie de denrées agricoles et de matières premières et les importations de produits industriels. Ainsi nos économiques restent obéissantes à des termes de l’échange c’est-à-dire à la loi de l’échange inégal .

Certains experts ont fait remarquer que ce n’est qu’après l’indépendance que les problèmes de chômage ont pris une réelle ampleur en soulignant que nos gouvernements n’étaient pas tenus de conserver ce système qui à sa manière contribue à produire des chômeurs. Nos Etats ont été installés de l’extérieur, ce qui explique qu’ils ne soient pas toujours fonctionnels par rapport aux structures sociales préexistantes.

De la sorte, nos sociétés ont été désarticulées et pour ainsi dire vidées de leur substance. Après plusieurs siècles d’esclavage, de pillage de ses ressources naturelles et humaines, notre Afrique souffre encore de nos jours d’un impérialisme insolant de ses anciens colonisateurs. L’occident a toujours une main mise sur le continent africain. Elle influe sur nos politiques, sur nos économies, pire elle bouscule même nos mœurs.

Voila ce qui en résulte : nos gouvernants sont corrompus, manipulés, constitués de tortionnaires et de dictateurs. On assiste aujourd’hui à des coups d’Etats injustifiés à l’image de la Mauritanie, de la Guinée, des parlements dissouts, des constitutions modifiées pour briguer de nouveaux mandats présidentiels. Une telle réalité n’est pas l’apanage d’un seul pays comme le Niger, d’autres l’ont bien tenté et même réussi avant Mamadou Tandja.

Tout ce chaos reste en grande partie sous l’impulsion de nos « impérialistes », il n’y a pas un seul coup d’Etat fait en Afrique sans que ces occidentaux n’en soient au courant au moins une semaine en avance en l’occurrence la France surtout dans les pays dits francophones.

Combien de coups d’Etat ont été enregistré quelques jours après une visite d’un « missionnaire » ou d’un haut responsable de l’armée étrangère. Une coïncidence ? Non je ne pense pas vraiment. Ils instiguent des coups de force pour des intérêts soit économiques soit géostratégiques. En parallèle de tout ce désordre qu’ils foutent chez nous, ils font semblant de contribuer à un prétendu « développement durable en Afrique ».

Or ce concept au bout de leurs lèvres n’en est qu’un alibi, un mot d’ordre de plus. Aujourd’hui l’échec de la banque mondiale et le FMI en est une belle illustration, les peuples africains continuent dans leur grande majorité à s’accroupir dans un paupérisme sans précédent. Cet échec se traduit par l’immigration massive des jeunes à la quête des conditions de vie meilleure. Toutefois la réponse de l’occident fut sanglante.

Lorsqu’elle avait besoin d’une main-d’œuvre forte avant l’ère des nouvelles technologies, elle avait exploitée nos hommes les plus virils, aujourd’hui n’ayant plus besoin d’une main-d’œuvre forte (remplacée par la machine) elle prône pour une immigration choisie. Assujettie de cette situation macabre l’Afrique se lamente de la fuite de ses cerveaux, souffrant aujourd’hui d’une « véritable hémorragie cérébrale collective », puisque la diaspora africaine reste piégée dans le logiciel d’un tel système.

Vu sous cet angle l’histoire de l’Afrique apparait comme absurde et aléatoire. Elle n’est qu’une triste répétition de guerres qu’on croyait être les dernières, d’horreurs vécues en attendant les prochaines, des désordres incessants et permanents. Les haches de guerres ne sont pas jusqu’ici enterrées à l’instar de la Côte-D’ivoire qui risque de renouer avec les vieux démons. Rien ne semble allez en Afrique, on dirait que les africains ne veulent pas allez de l’avant, qu’ils ne vivent pas mais qu’ils survivent, qu’ils ne réfléchissent pas mais qu’ils dorment.

La vie en Afrique tient en si peu de choses, il suffit d’un rien ou d’un non rien pour que les choses basculent. Parce que l’histoire de l’Afrique reste pour l’essentiel à une humeur, un rimeur, une fureur ou une tumeur.

Derrière ce tableau cynique et assez désolant de notre Afrique, on assiste à la disparition de toutes ses productions splendides au point que le président français Mr Sarkozy, a eu l’audace de nier l’histoire de l’Afrique, il fallait réunir tous les historiens compétents pour répondre aux simples mots de Sarkozy alors que matériellement il n’y a plus justement de réponse possible. L’inconstance des chaos est la seule chose constante en Afrique.

Mon Dieu, l’histoire de l’Afrique se réduirait –elle seulement à ces spectacles pathétiques et désespérants ou y a-t-il quelque chose qui charrie en dessous, un espoir pour les jeunes et futures générations ? Il est clair qu’un flot d’ancres coulera pour répondre à cette épineuse question vue ce chaos apparent.

Cheikh Tijani Gueye ,Etudiant-chercheur à la Sorbonne, paris5 chgeye@yahoo.fr

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