lundi 8 mars 2010

Lomé Faure Gnassingbé réélu, Fabre appelle à manifester

© Jean-Claude Abalo pour J.A.


06/03/2010 22:20:24 | La rédaction web de Jeune Afrique | Par : Jean-Claude Abalo, à Lomé Faure Gnassingbé réélu, Fabre appelle à manifester
Le président sortant Faure Gnassingbé est reconduit

Selon les résultats annoncés par la Ceni pour la présidentielle du 4 mars, le président sortant Faure Gnassingbé est reconduit. Mais le candidat de l'UFC, Jean-Pierre Fabre, arrivé deuxième, conteste cette victoire et appelle à multiplier les manifestations.


Mise à jour le 8 mars 2010 à 08h03

Le président sortant Faure Essozimna Gnassingbé, candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT), a remporté la présidentielle du 4 mars au Togo, selon les résultats rendus publics samedi soir vers 22 heures par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Il a obtenu 1 243 044 voix sur 2 040 546 suffrages exprimés, soit 60,92 % des voix. Son principal challenger, Jean-Pierre Fabre de l’Union des forces de changement (UFC), soutenu par le Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) est crédité de 692 584 voix, soit 33,94 % des suffrages exprimés. Le taux de participation est faible, ce qui n'est pas une surprise. Il s'élève à 64,68 % pour 2 119 829 votants. Les bulletins nuls comptabilisés jusqu'à présent sont au nombre de 119 283. Le scrutin a été qualifié de "libre" par la mission de la Cédéao (Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest), qui a toutefois relevé des "insuffisances" concernant la fiabilité et l'authentification des bulletins de vote.

"Je ne reconnais pas la prétendue victoire de Faure"

Jean-Pierre Fabre a fait savoir qu'il ne reconnaissait pas "la prétendue victoire de Faure Gnassingbé". Le candidat de l'UFC affirme avoir remporté l'élection avec 55 à 60% des voix. Dès samedi soir, il a pris la tête d'une manifestation dans le centre-ville. Celle-ci a été dispersée à coup de gaz lacrymogènes près de la Place de l’indépendance. Le candidat de l'UFC a été blessé au dos tandis que Kofi Yamgnane, qui était avec lui, a été blessé au tibia. Ils ont dû trouver refuge au siège de l’UFC.

Dimanche, un scénario similaire s'est déroulé dans le quartier de Bè. Devant le siège de l'UFC, où quelques centaines de jeunes étaient réunis, Jean-Pierre Fabre a de nouveau mis en garde. "Nous allons multiplier les manifestations. Nous n'allons pas nous laisser faire", a-t-il affirmé. "Je conteste absolument les chiffres publiés car la procédure utilisée par la Céni est illégale" a-t-il ajouté.

Dans l'après-midi, une manifestation de quelques centaines de personnes a été organisée dans le quartier. Des escouades de gendarmes casqués et armés de matraques l'ont très imédiatement dispersée, en utilisant des grenades lacrymogènes. "Vous êtes témoins de la brutalité et de la sauvagerie dont les Togolais sont victimes sous le régime RPT (parti au pouvoir) depuis des décennies", a lancé Jean-Pierre Fabre, qui faisait partie du cortège, à des journalistes.

Par ailleurs, quelques membres du Mouvement citoyen pour l’alternance (MCA) ont été appréhendés et plusieurs autres auraient pris le maquis, selon des sources familiales. Deux collaborateurs du candidat Agbéyomé Kodjo, de l'Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts), ont été arrêtés dans la matinée de samedi par la gendarmerie. Selon une source proche de la Force de sécurité Élection présidentielle (Fosep), ils étaient en possession de « tracts invitant la population à l’insurrection ». Dans le document incriminé, Kodjo dénoncerait une stratégie de fraude qu’aurait mise en place la Ceni pour avantager « un parti », en l’occurrence le RPT.

Faure Gnassingbé ne s'est pas encore exprimé publiquement, mais le RPT s'est félicité de son élection, assurant qu'il était porté par une "dynamique populaire".

L'UFC a annoncé que l'opposition manifesterait "tous les jours" par la voix de son vice-président, Patrick Lawson. Dans un communiqué, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté les Togolais à faire preuve de calme et de retenue (avec la rédaction web de Jeune Afrique).

Aucun commentaire: