vendredi 12 mars 2010

Libération d’otages d’Aqmi au Mali


Le Républicain du 12 Mars 2010.
Libération d’otages d’Aqmi au Mali
Alicia Gamez a regagné les siens, le mercredi 10 mars après trois mois de captivité dans le vaste désert malien. Elle est la seule femme parmi les trois Espagnols membres de l’ONG Barcelona Accio Solidaria qui ont été faits otages par Aqmi. Les deux hommes devraient encore attendre une prochaine magnanimité d’Aqmi. En plus des compagnons d’Alicia, il y a également le couple italien de la désormais célébrissime Philomène Kaboré, l’épouse de Segio Cicala. De son côté, Madrid affirme qu’aucune rançon n’a été versée. Mais le 21 février dernier, le quotidien espagnol El Mundo avait affirmé le contraire : selon lui, l’Espagne aurait accepté de verser 5 millions de dollars à AQMI pour la libération de ses trois otages. Le quotidien indiquait à l’époque avoir eu confirmation de cette information par un membre du gouvernement.

On ne sait pas ce qui se passera pour les otages encore en détention, mais l’apparition soudaine du Burkina Faso de Blaise Compaoré introduit une nouvelle donne. « C’est grâce aux efforts du Burkina Faso qu’on a pu obtenir ce résultat », selon une source diplomatique à Bamako qui a parlé à l’AFP.

Cependant le fait suscite de nombreuses interrogations. Selon le quotidien algérien La Tribune “L’Espagne semble avoir pris le ‘bon’ exemple de la France pour libérer son otage”. Et d’interpréter la libération d’Alicia Gamez comme un geste de bonne volonté de la part d’AQMI, en réponse au versement de la rançon.

Selon le journal, Al-Qaïda attendrait désormais de voir ses autres exigences satisfaites - à savoir la libération de plusieurs combattants islamistes écroués en Mauritanie - avant de libérer les deux autres otages espagnols ainsi qu’un couple d’Italiens enlevé le 18 décembre.

En la matière, la Mauritanie a rappelé, via son Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, qu’elle ne négocie pas avec les terroristes. Ni échange de prisonniers, ni rançon.

L’Espagne a donc dû trouver d’autres canaux de négociation, ceux du Mali étant grillés du fait d’avoir libéré quatre salafistes en échange de l’otage français et ainsi provoqué la colère de Nouakchott et Alger.

Le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero s’est donc tourné vers le Burkina Faso, son président, Blaise Compaoré étant déjà intervenu dans la libération, en avril 2009, des Canadiens Robert Fowler et Louis Guay enlevés en décembre 2008 au Niger, puis transférés au Mali. La libération des otages canadiens était en partie l’œuvre du président du Faso qui reçut la visite des otages libérés en route pour leur pays.

Selon plusieurs sources, Ouagadougou a envoyé des émissaires dans le Nord du Mali pour négocier avec les terroristes, parmi lesquels Moustafa Ould Liman Chafi, d’origine mauritanienne et qui connaît bien la région.

La presse mauritanienne surnomme ce personnage sulfureux, soupçonné d’être à l’origine de plusieurs coups d’États ratés dans son pays et au Sénégal, le “conseiller pour la déstabilisation des pays africains”. C’est lui qui aurait obtenu de l’un des chefs algériens d’AQMI la libération d’Alicia Gamez, la plus fragile des trois otages espagnols, rapporte « leJDD.fr ».

En plus de son rôle récent dans les libérations d’otages, Compaoré est le médiateur attitré des crises de l’Afrique de l’Ouest. En terrain connu non pas seulement en Côte d’Ivoire ou en Guinée, le Président burkinabé est en train de se frayer un chemin dans le vaste désert sahélo-saharien, laissant son homologue malien dans le vent.

B. Daou

Le Républicain du 12 Mars 2010.

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