lundi 8 mars 2010

ICRA et Akassa avec les Wodaabe du Niger


Niger : Jean Pierre Valentin sur France Inter depuis un campement Peul
Jean-Pierre Valentin, vice-président d'ICRA, qui est actuellement au Niger dans un campement Peul, interviendra ce lundi soir 8 mars sur France Inter dans l'émission “Allo la Planète” de 23 heures 15 à minuit.
[08 Mars 2010]
ICRA et Akassa avec les Wodaabe du Niger



Depuis 2005, à la suite de séjours fréquents de Jean-Pierre Valentin, Icra et Akassa ONG soutiennent un modeste programme d’appui auprès de familles peules wodaabe dans le centre du Niger

Notre intervention a permis au groupe familial de notre correspondant - Kabo Ana Sefou - d’acheter quelques bêtes pour pérenniser le troupeau, en assurer le croît, et améliorer l’autonomie du clan resserré autour d’un ainé. Les déficits pluviométriques récurrents de ces dernières années, le manque de pâtures, la mobilité entravée, les problèmes politiques, ont grandement défavorisé les pasteurs peuls pourtant toujours remarquablement adaptés au territoire subsaharien. Notre soutien a pour objectif d’aider à passer un cap difficile pour éviter une trop grande paupérisation et la sédentarisation forcée aux marges des villes. Chez nos amis, nous en sommes encore bien loin et la chance de réussir est grande. L’entité familiale est solide, le lignage du clan kabawa auquel elle appartient est ancré dans son terroir et économiquement dynamique malgré les difficultés actuelles.

Avec notre appui, les éleveurs ont au départ acheté quelques jeunes zébus pour compléter leur cheptel bovin, puis un taureau reproducteur de belle race bororodji, récemment - après mon dernier séjour - une vache et son veau. Aussi, à la suite d’une épidémie qui décimait les ânes, notre intervention a non seulement dépanné le groupe de Kabo Ana mais par extension tout le voisinage ; j’ai été agréablement surpris de constater que notre aide avait essaimé et que plusieurs familles proches en avaient profité. L’appui a donc été équitablement réparti par notre ami et ses parents, une belle preuve de sérieux confirmée par les nombreux entretiens menés avec les ardo, les responsables lignagers.

Le nécessaire forage d’un puitsCes derniers, rencontrés à plusieurs reprises, m’ont fait part du souhait de leur communauté de creuser un puits afin de ne plus être systématiquement tributaire une partie de l’année des points d’eau loués relativement chers par leurs propriétaires, bien souvent Touaregs. Pour une durée variable, le droit d’exhaure équivaut à quelques têtes, parfois une ou plusieurs vaches pour une longue période, ou à une somme d’argent.
L’eau est ici à des profondeurs importantes, de 40 à 60 mètres. Les forages sont percés par des puisatiers expérimentés, en général des gens du sud, qui travaillent quatre à cinq mois pour atteindre la nappe. Les ouvriers sont à la charge des éleveurs ; le coût total d’un puits est d’environ 2 millions de francs CFA soit 3 000 €.

Décider de forer un puits n’est pas une mince affaire mais il semble que le lignage de Kabo Ana ait cette envie et ce besoin au vu des difficultés croissantes pour accéder à l’eau en saison froide et surtout en période d’extrême chaleur (avril - juin), quand les puits tarissent et que leur utilisation est réservée en priorité à leurs propriétaires. La possession d’un point d’eau est habituelle de nos jours, même si elle est moins répandue chez les Wodaabe - toujours très mobiles - que chez leurs voisins touaregs ou évidemment sédentaires.
Je crois que nous pouvons avoir confiance en nos partenaires et aux capacités de discernements et de décisions des ardo du clan ; comme me l’a signalé l’un d’eux - ardo Soury - cette demande de soutien financier est causée par leur dénuement actuel. Les Wodaabe acceptent évidemment de participer, et de compléter si nécessaire et si possible pour eux le budget, en fonction de la somme que notre structure pourrait récolter. Ce serait une belle aventure de poursuivre notre collaboration et d’aider ces modestes lignages à creuser leur puits. Ces forages n’entravent en rien le nomadisme de ces pasteurs ; ils viennent après l’impérieuse nécessité des pâturages mais ils restent indispensables à certaines époques de l’année. Le choix de l’endroit serait discuté avec les groupes pastoraux de la zone afin de ne pas bouleverser les équilibres des parcours. Aussi - avec Kabo Ana et l’accord des ardo - nous souhaitons faire intervenir des cadres de l’AREN (Association pour la redynamisation de l’élevage pastoral au Niger) afin de ne surtout pas implanter le point d’eau dans un secteur inapproprié.

L’idéal serait de réunir une belle somme pour cet automne 2010 afin de la leur remettre lors du prochain rassemblement lignager du worso (les Wodaabe sont très dispersés et les regroupements sont organisés annuellement entre septembre et octobre) ; si le défit n’était pas relevé dans les temps, nous pourrions nous donner un an supplémentaire et reporter notre participation en 2011. Si le temps presse, les Peuls sont habitués à gérer la patience et ils attendront sereinement et confiants notre appui…

J’espère que nous réussirons ; l’objectif de notre association Akassa est d’agir avec les peuples oubliés, ce challenge pour améliorer l’accès à l’eau d’un groupe nomade est à notre portée ! Par avance un grand merci aux donateurs de tous horizons.
Jean-Pierre Valentin

Appel à soutien3 donateurs financent par virement mensuel régulier depuis quelques mois ce programme de soutien aux Wodaabe notamment pour le renforcement de leur cheptel.
Le forage d’un puits nécessite un apport plus important encore. Nous comptons sur votre soutien pour aider nos amis peuls. Vous pouvez vous aussi devenir parrain de ce programme.

Pour plus d'informations La présentation complète de notre programme de soutien aux Wodaabe
Le site de l'émission Allo la planète

Aucun commentaire: