mercredi 17 mars 2010

Après l’Afghanistan, le Sahel


L'Expression : 17 Mars 2010
Après l’Afghanistan, le Sahel

L’Algérie ne se satisfait pas d’avoir réussi à réduire sur son territoire le terrorisme. Elle est décidée à le poursuivre au-delà, en aidant les pays où il se «replie». C’est l’objet de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel, qui s’est tenue hier à Alger. C’est également l’objet de la 27e session des ministres arabes de l’Intérieur tenue hier et aujourd’hui à Tunis. Medelci et Messahel à Alger, Zerhouni à Tunis. C’est dire que l’Algérie se dresse de toutes ses forces contre le terrorisme. Elle y met toute son expérience et la force de sa diplomatie. Elle y consacre beaucoup de ses moyens financiers et militaires. Il est clair que tant que subsiste une seule poche de cette criminalité organisée sur le moindre point de la planète, notre pays ne considérera pas sa mission achevée.
S’agissant du terrorisme, qui a installé ses «bases» au Sahel, notre ministre des Affaires étrangères avait, hier, dans son discours d’ouverture devant ses pairs de la région, toutes les raisons pour leur demander une «coopération franche» en mettant en exergue les «vertus de la loyauté».
En effet, on ne peut combattre un fléau qui touche toute une région sans une rigoureuse discipline et une solidarité sans faille de tous les pays concernés.
D’ailleurs et sans être devin, la réunion des pays du Sahel a été motivée par les derniers événements qui ont eu lieu récemment au Mali à l’avantage des groupes terroristes. Ces derniers ont réussi, avec l’aide de la France, à imposer leurs conditions et ont obtenu la libération de leurs acolytes détenus au Mali. Leur contrepartie a été de libérer un agent des renseignements français qu’ils avaient pris en otage.
Bon nombre d’observateurs n’hésitent pas à parler de «coup monté» par les services français.
Leurs arguments se fondent sur les deux déplacements en une dizaine de jours du ministre français des Affaires étrangères au Mali. Le premier voyage s’était soldé par un refus des autorités maliennes de céder au chantage des terroristes, avalisé par l’Etat français. Le second (le 13 février 2010) a dû être certainement plus «persuasif».
Il a même précédé le coup d’Etat au Niger de quatre jours seulement (le 17 février 2010). De là à penser que les autorités maliennes aient été sensibles au risque de «contamination» et aient pu avoir le sentiment d’avoir été entre le marteau et l’enclume, il n’y a qu’un pas que ces mêmes observateurs n’hésitent pas à franchir.
Revigorés d’avoir fait aboutir leurs exigences, les terroristes peuvent échafauder de nouvelles actions surtout si la rançon exigée en même temps que la libération des terroristes leur a été versée. Rien n’a filtré à ce sujet.
Quoi qu’il en soit, les Africains en général et les pays du Sahel en particulier, se doivent de mettre leurs forces en commun et ne compter que sur eux-mêmes pour se défendre contre toutes les formes de menace.
Toute «aide» d’un autre continent a son prix.
C’est d’ailleurs pour ce fameux «prix» que l’Europe a interdit à la Grèce, en pleine déconfiture, de demander l’aide de l’Amérique.
C’est cette discipline que gagneraient à adopter l’Afrique et l’ensemble des pays arabes.
Surtout quand on sait que le terrorisme afghan va bientôt être contraint de se «délocaliser».

Zouhir MEBARKI

Aucun commentaire: