Londres a décidé d’évacuer une partie du personnel de son ambassade à Tripoli, où d’autres chancelleries occidentales ont réduit leurs effectifs en raison de risques sécuritaires aggravés par l’une des pires crises politiques dans le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi.
Deux attentats à l’explosif ayant visé vendredi deux commissariats à Benghazi (est) ont encore témoigné de l’insécurité croissante en Libye où les autorités, qui peinent à mettre sur pied des forces de sécurité efficaces, sont engagées dans un bras de fer avec des milices armées.
«Compte tenu des implications sécuritaires liées à l’incertitude politique actuelle, l’ambassade britannique évacue temporairement une petite partie de son personnel, essentiellement ceux travaillant en soutien aux ministères affectés par les récents développements», a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.
Les autorités américaines ont pris une mesure similaire mercredi, affirmant que la sécurité dans la capitale s’était détériorée à la suite du siège imposé à deux ministères par des groupes armés.
Des miliciens cernent depuis plus de dix jours les ministères des Affaires étrangères et de la Justice, réclamant au départ une loi bannissant de la vie politique les anciens responsables et collaborateurs du régime Kadhafi.
Mais après l’adoption de cette loi controversée par le Congrès général libyen (CGN), la plus haute autorité du pays, les miliciens ont annoncé qu’ils réclamaient aussi le départ du chef du gouvernement Ali Zeidan, accusé de complaisance envers les anciens kadhafistes.
Selon une source diplomatique occidentale à Tripoli, l’ambassade de Grande-Bretagne avait déjà réduit ses effectifs après l’attentat à la voiture piégée du 23 avril contre l’ambassade de France à Tripoli qui avait blessé deux Français.
L’ambassadeur britannique en Libye Michael Aron a toutefois précisé que l’ambassade resterait ouverte y compris pour les services consulaire et de visa.
L’ambassade de France visée en avril
Le centre culturel britannique a annoncé quant à lui sur sa page Facebook qu’il fermait ses portes jusqu’au 16 mai «en raison de la situation d’incertitude à Tripoli».
Après l’attentat d’avril, l’ambassade de France avait réduit ses effectifs mais continue à fonctionner dans le même bâtiment, très endommagé, tandis que l’école française à Tripoli a été fermée jusqu’à ce que la sécurité autour du bâtiment soit assurée, selon la direction de l’établissement.
De son côté, l’ambassade d’Allemagne a fermé ses portes et son personnel réduit a été placé dans un complexe sécurisé de la capitale libyenne, selon une source occidentale.
En janvier, Londres avait fait état d’une «menace potentielle» contre l’ambassade, après avoir été le premier pays occidental à appeler ses ressortissants à quitter Benghazi en raison d’une «menace spécifique et imminente» contre les Occidentaux.
L’appel avait été relayé par l’Allemagne, les Pays-Bas et la France.
Mercredi, Ali Zeidan a annoncé un prochain remaniement ministériel pour tenter de sortir le pays de la crise, après le coup de force des miliciens à Tripoli.
Dans un communiqué conjoint publié le même jour, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont appelé «les Libyens à cesser les protestations armées et le recours à la violence».
Les pick-up équipés de mitrailleuses et de canons anti-aériens qui cernaient les ministères ont disparu mercredi mais des protestataires étaient toujours sur place vendredi, selon un journaliste de l’AFP.
Parallèlement, des dizaines de manifestants se sont rassemblés dans l’après-midi dans le centre de la capitale pour défendre la «légitimité» du gouvernement.
«Non au départ du gouvernement sous la menace des armes», lisait-on notamment sur les pancartes brandies par les manifestants.