Alors que le Burkina Faso poursuit sa médiation avec les groupes armés au nord du Mali, les femmes touareg, proches du Mouvement national de libération de l'Azawad, dénoncent les agissements des islamistes d'Ansar Dine.
Une femme touareg à Kidal au Mali, juin 2012 © Stringer/Reuters.
L'AUTEUR
Le groupe islamiste Ansar Dine, qui souhaite appliquer la charia sur l’ensemble du Mali, exercerait une pression sur les femmes touareg, notamment en leur demandant de porter le voile et en leur interdisant d'exercer des activités économiques.
Selon des témoignages, elles auraient été plusieurs dizaines à manifester, mercredi 6 juin, contre la présence du groupe islamiste Ansar Dine (défenseur de l'Islam).
Leur marche s'était déroulée peu après la manifestation des jeunes qui brandissaient des pancartes hostiles à Aqmi et Ansar Dine.
A 49 ans, cette ancienne conseillère nationale Mali et ex-responsable Affaires sociales du MNLA, exilée en Mauritanie, fait figure «d'homme fort de la rébellion touareg» et entend bien militer pour les droits des femmes au Mali.
Dans une vidéo diffusée sur le site du journal du Mali, la militante s'insurge:
Pour Gaëtan Mootoo, chercheur au sein d’Amnesty International et auteur du rapport, «toutes ces règles vestimentaires visent à domestiquer le corps de la femme». Pour échapper à cette forme de charia, les femmes sont de plus en plus nombreuses à quitter les villes du Nord.
Elles s'étaient déjà mobilisées en février 2012, pour dénoncer le massacre d'Aguel'hoc perpétré, selon elles, par le groupe islamiste.
http://www.slateafrique.com/89617/mali-les-femmes-touareg-se-revoltent-contre-les-islamistes-d-ansar-dine
Selon des témoignages, elles auraient été plusieurs dizaines à manifester, mercredi 6 juin, contre la présence du groupe islamiste Ansar Dine (défenseur de l'Islam).
Leur marche s'était déroulée peu après la manifestation des jeunes qui brandissaient des pancartes hostiles à Aqmi et Ansar Dine.
«Elles ont emprunté le même chemin que nous: du rond-point de la ville à l'aéroport, mais elles ont été frappées par des membres du groupe islamiste dans le centre de Kidal. C'est à ce moment-là qu'elles leur ont jeté des pierres pour se défendre. Certaines d'entre elles ont été blessées», raconte un jeune manifestant, qui souhaite que le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui se définit comme une branche laïque, reprenne sa ville et se débarrasse d'Ansar Dine.Pour montrer son soutien envers la population, Moussa Ag Attaher, le chargé de communication du mouvement, a d'ailleurs vivement condamné, dans une déclaration rendue publique le 7 juin 2012, l’agression des femmes touareg par Ansar Dine.
«Avant, jamais les femmes touareg n'avaient été battues»
Nina Wallet Intallou, nouvellement en charge de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille dans le Conseil transitoire instauré par le MNLA, a également dénoncé les agissements du groupe Ansar Dine.A 49 ans, cette ancienne conseillère nationale Mali et ex-responsable Affaires sociales du MNLA, exilée en Mauritanie, fait figure «d'homme fort de la rébellion touareg» et entend bien militer pour les droits des femmes au Mali.
Dans une vidéo diffusée sur le site du journal du Mali, la militante s'insurge:
«Avant, jamais les femmes n'avaient été battues car, dans la culture touareg, lorsqu'une femme est battue pas son mari, ceci entraîne directement le divorce. (...) Nous sommes fatiguées, les femmes sont fatiguées. Elles ne peuvent plus aller dehors. Elles ne peuvent plus travailler. Elles ne peuvent plus se rencontrer et faire la fête entre elles. Ansar Dine se mêle uniquement des affaires des femmes en leur disant de faire ceci et de ne pas faire cela.»Depuis la chute de Kidal, le 30 mars 2012, le groupe islamiste tente en effet d'appliquer la loi islamique. Comme le souligne le rapport d'Amnesty International publié en mai, de nombreux témoignages font état de pressions exercées par des membres du groupe Ansar Dine sur les populations, afin que celles-ci changent de comportement, conformément à leur interprétation de l’islam.
«Ils veulent domestiquer le corps des femmes»
Certaines femmes racontent qu'à Kidal, les filles ne peuvent plus mettre de jupes laissant apparaître leurs jambes. Elles doivent désormais sortir voilées et porter des chaussettes pour cacher leurs pieds.Pour Gaëtan Mootoo, chercheur au sein d’Amnesty International et auteur du rapport, «toutes ces règles vestimentaires visent à domestiquer le corps de la femme». Pour échapper à cette forme de charia, les femmes sont de plus en plus nombreuses à quitter les villes du Nord.
«On a eu des réactions de personnes qui ne voulaient pas se voiler et qui avaient décidé de ne plus sortir de leur maison pour ne pas adopter les principes d'Ansar Dine. Ces femmes-là essayent de partir de la région pour aller vers Bamako (la capitale)», observe Assatou Kondé, de l’ONG Amnesty International.En plus de porter le voile, certaines femmes ont dû cesser leurs activités économiques. Un désastre pour l'économie dans la région.
«Les femmes ont un rôle déterminant, elles ont des charges importantes, En l'absence des hommes, c'est elles qui doivent gérer le foyer et subvenir à ses besoins. Si on leur interdit de faire du commerce, cela va avoir des conséquences dramatiques sur la famille», analyse Nadia Belalimat, anthropologue au Centre international de recherche sur l'environnement et de développement (CIRED).Si aujourd'hui, ces femmes manifestent, c'est autant pour la défense de leurs droits que pour sensibiliser la population aux pratiques d'Ansar Dine.
Elles s'étaient déjà mobilisées en février 2012, pour dénoncer le massacre d'Aguel'hoc perpétré, selon elles, par le groupe islamiste.
«En milieu touareg, les femmes savent s'imposer»
Ce n'est pas la première fois que les femmes touareg s'engagent politiquement, elles ont toujours joué un rôle clé dans la rébellion.«Elles sensibilisent. Elles créent des assemblées de concertation entre elles et avec les responsables de la rébellion pour faire le point sur situation sur le terrain et/ou sur la conclusion d’un accord de paix. Elles participent financièrement pour apporter des provisions aux combattants sur le terrain. Au sein du Bureau politique du MNLA, il y a des femmes et très actives d’ailleurs», souligne le porte-parole du MNLA, Hama Ag Sid'Ahmed.Avant de conclure:
«C’est le rôle de notre mouvement de leur donner toute la place qui leur revient, mais elles doivent surtout s’imposer et je pense qu’en milieu touareg, elles savent le faire.»Stéphanie Plasse
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