Le Mali et l'Algérie parlent des réponses à la crise
2012-06-15
Le Mali aurait demandé l'intervention diplomatique de l'Algérie afin d'écarter le risque de partition du pays.
Par Walid Ramzi pour Magharebia à Alger – 15/06/12
[AFP/Nicolas Maeterlinck] Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a rencontré des hauts responsables algériens pour parler de la rébellion touareg.
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Le Premier ministre malien par intérim Cheick Modibo Diarra a rencontré mercredi 13 juin le Président algérien Abdelaziz Bouteflika à Alger pour s'entretenir de la crise au Sahel.
Les discussions entre Diarra et les officiels algériens ont notamment porté sur la déclaration unilatérale d'un Etat indépendant de l'Azaouad par le Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA), ainsi que sur d'autres sujets.
Le Mali aurait demandé que les autorités algériennes mobilisent leurs efforts de médiation entre Bamako et les Touaregs, et a affiché sa volonté de discuter de toutes les demandes soumises par les rebelles dans le cadre de l'intégrité territoriale du Mali.
Au cours de sa visite de quarante-huit heures, le chef du gouvernement malien a informé les autorités algériennes des derniers développements survenus dans son pays, et des mesures programmées par Bamako pour rétablir son intégrité territoriale.
"En plus d'être un pays voisin, l'Algérie est également une nation amicale et fraternelle, et cela restera toujours le cas", a déclaré Diarra.
"Au vu de ce qui se déroule en ce moment même au Mali, la première initiative que prendra le gouvernement malien sera de communiquer avec ses voisins, ses amis et ses frères pour trouver des solutions efficaces à la crise que nous traversons actuellement", a-t-il expliqué.
A l'issue de ses entretiens à Alger, le Premier ministre malien s'est directement rendu à Paris où il a rencontré le Président malien par intérim pour l'informer des résultats de ces concertations. Le président Traoré suit actuellement un traitement médical dans la capitale française après l'agression dont il a été victime mois dernier de la part de manifestants en colère au Palais présidentiel de Bamako.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a refusé de fournir des détails sur les sujets débattus lors des entretiens entre le Premier ministre malien et les officiels algériens, se contentant de dire que cette visite "entrait dans le cadre des consultations régulières entre les deux pays".
Certains articles parus dans la presse algérienne ont toutefois indiqué que la visite effectuée à Alger par le Premier ministre malien avait pour but de demander à l'Algérie d'assurer la médiation avec les tribus de l'Azaouad, et de savoir comment rétablir les relations avec ceux qui appellent à l'indépendance.
Le quotidien algérien Echorouk a indiqué que le dossier des diplomates enlevés à Gao au mois d'avril dernier avait figuré au menu des discussions. Le journal a cité une source proche des services diplomatiques qui aurait déclaré que le Premier ministre malien aurait fait la promesse que les autorités de son pays feront tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir leur libération.
Le journal a ajouté que le chef du gouvernement malien avait officiellement demandé la médiation de l'Algérie auprès des tribus de l'Azaouad afin d'empêcher l'indépendance de l'Etat séparatiste touareg.
Diarra a fait part de la volonté du Mali de négocier avec les tribus de l'Azaouad concernant leurs demandes et même de débattre de la possibilité d'un partage des pouvoirs, mais dans le cadre de l'intégrité territoriale de son pays.
Pour leur part, les responsables de la force de réserve de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont tenu mardi à Abidjan, en Côte d'Ivoire, leur première réunion avec pour objectif de déterminer comment effectuer le déploiement de forces militaires conjointes au Mali.
Le chef d'état-major de Côte d'Ivoire, le général Soumaila Bakayoko, a fait savoir que les chefs d'Etat et de gouvernements de la CEDEAO avaient menacé d'utiliser la force après que les rebelles eurent pris le contrôle du nord du Mali.
L'Algérie s'oppose toutefois à une intervention militaire au Mali, et le conseiller du Président algérien pour les affaires de sécurité Kamel Rezzag-Bara a récemment appelé à intensifier les efforts de médiation internationaux pour répondre à la situation.
De plus, Amar Belani, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, a confirmé le 8 juin que la position du pays envers le Mali était ferme et que l'Algérie restait inquiète de la stabilité, de la légitimité constitutionnelle et de l'intégrité territoriale du Mali.
"En ce qui concerne les solutions, l'Algérie défend une solution pacifique entre le gouvernement malien et les rebelles du nord", a-t-il ajouté. "Cela ne peut se réaliser que par le dialogue, qui doit se concentrer sur la lutte contre le terrorisme et le crime organisé pour la sécurité de toute la région".
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