samedi 16 juin 2012



Interview de M. Rhissa Boula, Conseiller spécial du président de la République : «Il faut éviter que ce conflit malien ne se propage dans tout l’espace saharien»
JEUDI, 14 JUIN 2012 10:42 VUES: 5464





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M. RHISSA AG BOULA


Figure emblématique de l’ex-rébellion armée qui a sévi au Niger, M. Rhissa Ag Boula, qui assume actuellement les fonctions de conseiller spécial à la Présidence de la République, pense que l’option de la guerre, qui est de plus en plus envisagée dans la résolution du conflit armé au Nord Mali, n’est pas une bonne chose. Pour lui, il faut plutôt privilégier le dialogue, qui peut permettre de ramener durablement la paix au Mali et même dans toute la bande sahélo-saharienne.

Dans cet entretien à bâtons rompus qu’il nous accordé, il explique pourquoi l’option de la guerre est dangereuse et pourquoi chaque Nigérien doit s’investir dans la construction d’une paix durable et comment chacun doit s’y prendre. Il revient aussi sur les clauses des accords signés entre le gouvernement et l’ex-dissidence armée dont certaines sont toujours en souffrance depuis plus d’une décennie.

Le Niger est exposé à des menaces sécuritaires multiformes liées notamment au conflit armé maliens, la nébuleuse Boko Haram qui sévit sans discernement au Nigéria et l’instabilité qui règne encore en Libye après la chute du régime Khadafi. Quelle est votre lecture de cette situation ?

Ma perception de cette situation, c’est beaucoup dire. Vous n’êtes pas sans savoir que nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention des Nigériens, notamment les plus hautes autorités sur toutes ces menaces, en leur faisant comprendre que cette crise libyenne ne compte pas s’arrêter sur le territoire libyen et qu’elle risque de toucher les pays limitrophes et même de la sous-région. Donc l’histoire nous a donné raison, aujourd’hui nous faisons face à la crise malienne et celle de la Libye n’est même pas terminée, car le pays est dans une instabilité. Dans la crise malienne, nous l’avons dit, il y a trop d’acteurs insaisissables. C’est vraiment une menace dans la mesure où ce pays voisin est complètement déstabilisé, et l’autorité centrale contestée.



Les groupes qui évoluent là-bas sont très mobiles, donc ils peuvent à tout moment s’infiltrer dans les Etats limitrophes. Voilà la menace en tant que telle, mais le Niger fait le maximum pour éviter une contagion ou une déstabilisation. Ces efforts, à mon sens, doivent s’accompagner de la collaboration de la population. J’ai l’habitude de dire que la paix n’est pas l’affaire des forces armées ou des pouvoirs centraux, c’est une dynamique qui concerne tous les Nigériens. Sans paix, on ne peut rien faire, c’est elle qu’il faut mettre au devant de toute chose. Au niveau du Nord, nous insistons beaucoup sur la consolidation de la paix parce que les yeux sont toujours tournés là-bas. Certains pensent que s’il y a menace ou déstabilisation elle ne peut provenir que du Nord. Non ! C’est une erreur de penser comme cela, que la déstabilisation peut simplement venir du Nord. Néanmoins, nous surveillons de près ce qui se passe au Nord. Nous avons fait un certain nombre d’activités et d’actions à l’endroit de la population du nord pour la sensibiliser, la former, afin qu’elle s’éloigne des conflits qui se passent dans les pays voisins et à éviter que ces crises n’arrivent chez nous. Donc, ces mêmes actions doivent être menées dans le Sud et au Centre du pays, pour que les populations de ces zones ne restent pas les bras croisés, attendant que la paix leur vienne du Nord seulement. Il faut que toutes populations et la jeunesse nigérienne participent à la consolidation de celle-ci. Il faut que la paix, l’unité et la fraternité soient dans nos comportements en évitant les frustrations.

Habituellement, quand de conflits pareils surgissent, ceux qui prennent les armes avancent comme argument le délaissement, l’abandon de leurs zones par l’Etat central. Au nord Mali, c’est entre autres arguments qui ont été brandis par les rebelles du MNLA pour justifier leur dissension. Partagez-vous cette idée ?

La question malienne ou celle des revendications posées au Nord du Mali ne se limite pas seulement à un problème d’investissements. C’est une question profonde qui remonte à plus d’une cinquantaine d’années. Il y a certes des revendications légitimes, mais il y a aussi une exagération de certaines de ces revendications. L’exagération, c’est le fait de vouloir se détacher du territoire malien aujourd’hui qui nous inquiète. C’est ce que j’appelle exagération, et c’est le rêve fondamental de mes frères du Mali. Mais il y a bien des revendications légitimes.



Même au Niger, il y a des revendications. Nous avons fait un certain nombre de rébellions, non pas parce que nous sommes des va-t-en guerre ou que nous aimons la guerre. Non, nous n’aimons pas la guerre, mais il y a des revendications légitimes, celles-ci existent mais je dis qu’on doit les poser dans un cadre républicain et dans l’intérêt du Niger. Donc les causes de cette situation sont connues.

Que pensez-vous de l’option militaire qui est de plus en plus envisagée au niveau de la CEDEAO, dans le cadre de règlement de ce conflit malien ?
Moi je prône la paix, c’est pourquoi je souhaite que tous les intervenants dans la résolution de la crise malienne puissent donner la chance au dialogue avant tout recours à la force. En tout cas, c’est ce que je souhaite de tout mon cœur, qu’on ouvre le dialogue sur ce qui peut être négocié. En donnant la chance au dialogue, peut-être qu’on pourra aboutir à des solutions beaucoup plus sereines que la guerre.

Pensez-vous vraiment qu’une solution durable peut être trouvée à partir du dialogue et qu’une paix définitive dans cette sous région sahélienne est possible, avec les menaces sécuritaires multiformes accentuées par le pillage des dépôts d’armes libyens ?

On peut tout trouver à travers les négociations. Dans tous les cas, quelle que soit l’issue de la guerre, on finira toujours par négocier, donc autant donner la chance au dialogue. Qu’on ouvre le dialogue, on verra ce que ça peut donner. Les différents acteurs peuvent s’entendre et discuter. Pour moi, la guerre doit être le dernier recours dans le règlement de ce conflit malien, lorsqu’on aura épuisé toutes les voies pacifiques. Même à ce niveau là, il faut prendre beaucoup de précautions. On ne veut pas que ce conflit, qui est aujourd’hui confiné à l’Azawad du Mali, soit propagé dans tout l’espace saharien. C’est cela qu’il faut éviter, en privilégiant toutes les voies de dialogue. Je pense que vraiment c’est la meilleure solution. Dans tous les cas, il faut dialoguer pour savoir ce que revendiquent ces différents groupes armés. Mais il faut aussi qu’il y ait au niveau de Bamako des institutions stables et légitimes, qu’il y ait une autorité à même d’écouter et d’être écoutée. Les Maliens doivent fournir en premier lieu cet effort.

Quel est le degré d’implication de l’Etat du Niger dans la résolution de ce conflit malien ?

Je crois que le Président de la République du Niger a parlé sur cette question il y a quelques jours. A mon avis, c’est la voie la plus autorisée pour parler au nom du Niger. Il a dit à tous les Nigériens ce que l’Etat du Niger fait sur cette question. Je ne reviens donc pas là-dessus. Mais en ma qualité d’observateur, je vois bien que le Niger s’implique à tous les niveaux, dans le cadre de la CEDEAO notamment, dans la recherche d’une solution à ces crises.

Dans le cadre justement de la recherche d’une solution à cette crise, les autorités vous ont désigné pour prendre part à une amorce de dialogue et cela à travers un comité qui a été déjà mis en place. Qu’en est-il exactement de cette mission confiée à vous ?
Je répète que le président de la République qui est la voie la plus autorisée a dit qu’il y a des négociations. Donc laissons ces négociations se dérouler, donnons la chance à cette facilitation. Il y a des efforts qui sont faits depuis longtemps, on n’est pas là les bras croisés. Nous, notre rôle, c’est d’aider les autorités à créer les conditions d’un dialogue, c’est tout. Des efforts sont faits, des discussions sont en cours, un médiateur de la CEDEAO est à pied d’œuvre. Qu’on ne se précipite pas pour trouver les résultats tout de suite, il faut laisser les discussions évoluer.

Sur le plan national, sous les auspices des plus hautes autorités, vous avez mené un certain nombre d’actions pour faire en sorte que les ex-combattants issus des différents fronts nigériens s’éloignent de ce conflit malien. Avez-vous le sentiment d’être bien compris ?
D’abord, j’ai décidé de mon propre chef d’entreprendre ces actions et je continuerai à les entreprendre, car telle est ma propre conviction. Mais il se trouve que les autorités nationales, le Président de la République en personne, soutient favorablement cette démarche qui met l’accent sur la sensibilisation de la jeunesse nigérienne sur ces crises libyenne et malienne. Donc le Chef de l’Etat s’y est impliqué, nous l’accompagnons, nous sommes avec lui pour que ce travail soit fait, et j’estime qu’il a été bien fait. En plus du président de la République, toutes les institutions à savoir : la Primature, la Haute autorité à la restauration de la paix, les gouverneurs et les élus locaux se sont tous investis dans cette démarche. Je peux dire que toutes les localités du Nord ont été touchées par ces actions. Mais j’ajoute que c’est ma propre conviction, car je sais de quoi je parle. Je rappelle que lors de notre rébellion des années quatre vingt dix, nous n’avons pas demandé l’indépendance d’un territoire ou revendiqué la séparation avec le Niger. Donc, ce n’est pas aujourd’hui qu’on doit le faire. Mais quand même la menace est réelle, en raison de la revendication posée chez notre voisin. Donc on peut dire qu’il y a péril en la demeure. C’est pourquoi nous nous sommes mobilisés pour que cela n’arrive pas chez nous.

Récemment un autre ex combattant qui occupe aujourd’hui des fonctions officielles avait mis en garde la CEDEAO contre tout usage de la force au Nord Mali. Cette apostrophe a été interprétée par certains compatriotes comme une marque de solidarité de sa part vis-à-vis des mouvements armés qui occupent l’Azawad. Partagez-vous cet avis ?

Non, non ! Moi je ne partage pas l’avis de la guerre. Je dis et je le répète, je milite pour la paix pour mon pays, pour le peuple du Mali et pour tout l’espace sahélien. Il faut donner la chance à la paix d’abord. L’appel à la guerre, c’est vraiment pour moi le dernier souci. Je dis bien qu’il faut que tout le monde se concentre sur la paix. Ce n’est pas la peine de faire des déclarations incendiaires ou va-t-en guerre alors qu’on sait très bien qu’on ne veut pas de ce conflit. La guerre va nous causer des dégâts en vies humaines, en destruction de biens et surtout en creusant un fossé énorme en termes de développement. Donc, ce n’est pas la peine qu’on cherche la guerre. Maintenant, s’il y en a certains qui disent que si la CEDEAO ou l’Union Africaine intervient au Mali, les Touaregs du Niger vont aller soutenir leurs frères du Mali, ça je ne crois beaucoup. Je ne veux pas que ce conflit s’étende dans tout l’espace sahélien, il faut tout faire pour l’éviter

L’Etat a pris un certain nombre d’engagements relativement aux accords de paix qu’il a signés avec la Coordination de la résistance armée de l’époque. A ce jour, est-ce qu’il y a des points de ces accords qui n’ont pas eu de satisfaction ? Si non, qu’est-ce que vous faites pour faire avancer les choses ?

Ne remontons pas aux accords de 1995. Rien que le dernier conflit de 2009 a été sanctionné par une ordonnance portant amnistie au profit des ex-combattants, laquelle ordonnance devait passer à l’Assemblée nationale pour adoption. Mais à ce jour encore, cette ordonnance n’est pas passée au parlement. Ceci illustre le retard qu’il y a toujours eu dans l’application des différents accords. Nous montrons quand même toute notre détermination pour sauver ces accords. L’Etat doit aussi appuyer ces démarches par des actes concrets. En 1995, il y a eu un accord de paix, mais il a fallu attendre 11 ans pour que certaines clauses de cet accord soient appliquées. Il a fallu 11 ans pour que le régime de l’époque se mette à bricoler les clauses de la réinsertion. On sait très bien que dans ce pays un programme communément appelé Programme spécial du président de République a été monté et financé à coup de plusieurs milliards de francs CFA. Mais dans ce financement, on a été incapable de prélever un seul milliard pour le consacrer à la réinsertion des ex combattants, qui est pourtant une clause des accords de paix signés par l’Etat du Niger.



On n’a rien fait, il a fallu 11 ans pour que cette clause soit bricolée, en s’appuyant notamment sur le PNUD (le Programme des Nations Unies pour le Développement), la Libye et la France. Ce sont ces genres de situations qui poussent parfois les jeunes à recourir à des solutions extrêmes. Parce que lorsqu’on prend une arme contre son pays, c’est que vraiment on est arrivé à une solution extrême. Je sais de quoi je parle. Sinon, ces accords sont plus ou moins appliqués, mais avec beaucoup d’insuffisances. Dans une des clauses de ces accords, il est dit que le recrutement dans les forces armées devait se faire chaque année par un appel du contingent annuel au niveau de toutes les régions du pays. Mais ce n’est pas le cas, à ce que je sache pour le recrutement militaire, mais ce n’est pas toujours évident dans la région nord. Et lorsque vous dénoncez cela, on vous considère comme un «ethniciste» ou un régionaliste. C’est une réalité. Pourtant, c’est dit dans les accords et c’est même un droit pour les Nigériens d’être recrutés sous les drapeaux. Ça c’est une des faiblesses de ces accords qu’il faut corriger.



Je parlais aussi tantôt de certains comportements de certains de nos frères nigériens qui frustrent, qui mécontentent, qui attentent à l’unité nationale. Des gens ont lancé à un moment donné sur des médias des appels pour aller lyncher des communautés ethniques. Mais l’Etat a réagi timidement. Voilà des choses qu’il faut éviter, on veut la paix. Nous, personne ne peut nous séparer du reste des Nigériens, personne ne nous peut nous séparer de nos cousins Songhays, de nos frères peulhs, de nos frères Kanuris, de nos cousins Djermas. On a pris femme, on a eu des enfants, on a appris les différents langues. Vraiment, il faut qu’on arrête certains comportements pour se consacrer à la construction d’une nation. C’est malheureux que certains Nigériens prennent ce qui arrive au Mali comme un exemple, c’est un malheur ! Il faut que les Nigériens se ressaisissent, en mettant en avant la fraternité et en évitant les mauvais comportements qui ne sont pas de nature à favoriser la construction d’une nation.

NIGERDEPECHES



Le Mali et l'Algérie parlent des réponses à la crise

2012-06-15
Le Mali aurait demandé l'intervention diplomatique de l'Algérie afin d'écarter le risque de partition du pays.
Par Walid Ramzi pour Magharebia à Alger – 15/06/12
[AFP/Nicolas Maeterlinck] Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a rencontré des hauts responsables algériens pour parler de la rébellion touareg.
[AFP/Nicolas Maeterlinck] Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a rencontré des hauts responsables algériens pour parler de la rébellion touareg.
Le Premier ministre malien par intérim Cheick Modibo Diarra a rencontré mercredi 13 juin le Président algérien Abdelaziz Bouteflika à Alger pour s'entretenir de la crise au Sahel.
Les discussions entre Diarra et les officiels algériens ont notamment porté sur la déclaration unilatérale d'un Etat indépendant de l'Azaouad par le Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA), ainsi que sur d'autres sujets.
Le Mali aurait demandé que les autorités algériennes mobilisent leurs efforts de médiation entre Bamako et les Touaregs, et a affiché sa volonté de discuter de toutes les demandes soumises par les rebelles dans le cadre de l'intégrité territoriale du Mali.
Au cours de sa visite de quarante-huit heures, le chef du gouvernement malien a informé les autorités algériennes des derniers développements survenus dans son pays, et des mesures programmées par Bamako pour rétablir son intégrité territoriale.
"En plus d'être un pays voisin, l'Algérie est également une nation amicale et fraternelle, et cela restera toujours le cas", a déclaré Diarra.
"Au vu de ce qui se déroule en ce moment même au Mali, la première initiative que prendra le gouvernement malien sera de communiquer avec ses voisins, ses amis et ses frères pour trouver des solutions efficaces à la crise que nous traversons actuellement", a-t-il expliqué.
A l'issue de ses entretiens à Alger, le Premier ministre malien s'est directement rendu à Paris où il a rencontré le Président malien par intérim pour l'informer des résultats de ces concertations. Le président Traoré suit actuellement un traitement médical dans la capitale française après l'agression dont il a été victime mois dernier de la part de manifestants en colère au Palais présidentiel de Bamako.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a refusé de fournir des détails sur les sujets débattus lors des entretiens entre le Premier ministre malien et les officiels algériens, se contentant de dire que cette visite "entrait dans le cadre des consultations régulières entre les deux pays".
Certains articles parus dans la presse algérienne ont toutefois indiqué que la visite effectuée à Alger par le Premier ministre malien avait pour but de demander à l'Algérie d'assurer la médiation avec les tribus de l'Azaouad, et de savoir comment rétablir les relations avec ceux qui appellent à l'indépendance.
Le quotidien algérien Echorouk a indiqué que le dossier des diplomates enlevés à Gao au mois d'avril dernier avait figuré au menu des discussions. Le journal a cité une source proche des services diplomatiques qui aurait déclaré que le Premier ministre malien aurait fait la promesse que les autorités de son pays feront tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir leur libération.
Le journal a ajouté que le chef du gouvernement malien avait officiellement demandé la médiation de l'Algérie auprès des tribus de l'Azaouad afin d'empêcher l'indépendance de l'Etat séparatiste touareg.
Diarra a fait part de la volonté du Mali de négocier avec les tribus de l'Azaouad concernant leurs demandes et même de débattre de la possibilité d'un partage des pouvoirs, mais dans le cadre de l'intégrité territoriale de son pays.
Pour leur part, les responsables de la force de réserve de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont tenu mardi à Abidjan, en Côte d'Ivoire, leur première réunion avec pour objectif de déterminer comment effectuer le déploiement de forces militaires conjointes au Mali.
Le chef d'état-major de Côte d'Ivoire, le général Soumaila Bakayoko, a fait savoir que les chefs d'Etat et de gouvernements de la CEDEAO avaient menacé d'utiliser la force après que les rebelles eurent pris le contrôle du nord du Mali.
L'Algérie s'oppose toutefois à une intervention militaire au Mali, et le conseiller du Président algérien pour les affaires de sécurité Kamel Rezzag-Bara a récemment appelé à intensifier les efforts de médiation internationaux pour répondre à la situation.
De plus, Amar Belani, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, a confirmé le 8 juin que la position du pays envers le Mali était ferme et que l'Algérie restait inquiète de la stabilité, de la légitimité constitutionnelle et de l'intégrité territoriale du Mali.
"En ce qui concerne les solutions, l'Algérie défend une solution pacifique entre le gouvernement malien et les rebelles du nord", a-t-il ajouté. "Cela ne peut se réaliser que par le dialogue, qui doit se concentrer sur la lutte contre le terrorisme et le crime organisé pour la sécurité de toute la région".
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

Mali : une délégation d'Ansar Eddine va rencontrer Blaise Compaoré
Blaise Compaoré(401) - rencontre(138) - ansar eddine(54) - crise malienne(41)


16/06/2012 à 11h:38 Par AFP


Un islamiste d'Ansar Eddine, le 24 avril 2012 près de Tombouctou. © AFP

Une délégation du groupe islamiste Ansar Eddine, qui contrôle avec d'autres mouvements armés le nord du Mali, est arrivée vendredi à Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a-t-on appris de sources concordantes.

« Six éléments d'Ansar Eddine sont arrivés aujourd'hui (vendredi) pour rencontrer le président », a déclaré à l'AFP une source sécuritaire proche de la présidence burkinabè.

« On ne sait pas quand (la rencontre) aura lieu, c'est le président qui va décider quand il va les recevoir », a-t-elle ajouté.

Un peu plus tôt, Oumar Ag Ahmed, l'un des porte-parole d'Ansar Eddine dans le nord du Mali, avait affirmé à l'AFP : « Nous avons une délégation qui est en route pour Ouagadougou pour rencontrer le médiateur Blaise Compaoré pour parler de la crise ».

Il a précisé que la délégation, dont ne fait pas partie Iyad Ag Ghaly, leader d'Ansar Eddine (Défenseurs de l'islam, en arabe), se trouvait déjà sur le territoire du Burkina Faso et que les entretiens avec M. Compaoré allaient porter sur le rétablissement de « la paix dans le nord du Mali ».

M. Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), avait rencontré le 9 juin une délégation du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) qui fait partie des groupes armés occupant le nord du Mali.

Pas de fusion avec le MNLA

A l'issue de sa rencontre avec le chef de l'Etat burkinabè, la délégation de cette rébellion, qui a unilatéralement proclamé l'indépendance de l'Azawad (nord du Mali), s'était déclarée « disponible » pour des négociations de paix.

Mi-mai, le Burkina avait fait savoir que des consultations, via des émissaires dépêchés dans le Nord malien, avaient démarré avec les groupes armés, dont le MNLA.

Après avoir lancé l'offensive contre l'armée malienne mi-janvier, le MNLA s'est retrouvé ces dernières semaines supplanté sur le terrain par le groupe Ansar Eddine et son allié jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Un projet de fusion entre le MNLA, au départ sécessionniste et laïc, et Ansar Eddine, qui prône la charia (loi islamique) dans tout le Mali, a été suspendu en raison de fortes divergences sur la question de l'application de la charia.

Dans la foulée d'un putsch le 22 mars à Bamako qui a renversé le régime du président Amadou Toumani Touré, l'immense région désertique du nord du Mali est tombée aux mains des mouvements armés qui n'ont rencontré aucune résistance de la part de l'armée malienne en déroute, démoralisée et sous-équipée.

Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Mali : une délégation d'Ansar Eddine va rencontrer Blaise Compaoré | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

Les rebelles touaregs entament les pourparlers au Mali

2012-06-15
Les analystes se disent optimistes quant à la possibilité de voir le dialogue avec les rebelles touaregs déboucher sur une solution à la crise du Mali sans autre bain de sang.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 15/06/12
[Jemal Oumar] Les séparatistes touaregs du MNLA ont rencontré le médiateur de la CEDEAO le 9 juin.
[Jemal Oumar] Les séparatistes touaregs du MNLA ont rencontré le médiateur de la CEDEAO le 9 juin.
Les rebelles touaregs du nord du Mali ont entamé la semaine dernière pour la première fois les négociations avec les médiateurs régionaux, affichant leur volonté d'entamer un dialogue avec la communauté internationale.
Une délégation du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA) conduite par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh a rencontré le Président burkinabé et médiateur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) Blaise Compaoré, samedi 9 juin, pour la première fois à Ouagadougou.
Mais le responsable du bureau de presse du MNLA Bakai Ag Hamad Ahmed a déclaré lors d'un entretien téléphonique avec Magharebia que "le monde doit comprendre que notre volonté d'entamer un dialogue ne signifie en aucune manière revenir sur l'indépendance de l'Etat de l'Azaouad, ni même l'acceptation d'un régime autonome ou fédéral. Plutôt, il s'agit d'éviter d'entrer en conflit avec l'organisation internationale et de lutter contre certains pays de la région favorables à une solution militaire rapide, comme le Niger, par exemple."
"Nous avons fait part de notre vision de ces négociations dans la lettre que notre président a envoyée avec la délégation au Président du Burkina Faso, et parmi les points les plus importants en discussion se trouve notre volonté de respecter les frontières de l'Etat malien, parce que notre volonté n'est pas expansionniste, et nous ne souhaitons pas aller au-delà des frontières de notre région", a expliqué ce responsable du MNLA.
"Nous voulons rassurer le monde sur le fait que nous lutterons contre tous les groupes armés dans notre région, et aiderons à mettre en place la sécurité et la stabilité au Sahel", a ajouté Ag Hamad Ahmed.
Toutefois, ce responsable des rebelles a averti que "si le monde décide de restaurer ce qu'il appelle l'unité du territoire malien, nous nous engagerons dans une confrontation armée pour défendre notre indépendance".
Pour sa part, le Président burkinabé a fait part de sa satisfaction au vu de cette initiative, qui vient compléter l'envoi préalable d'un émissaire dans cet Etat du nord du Mali pour instaurer un dialogue avec les groupes touaregs dissidents.
"Cette initiative ouvrira la voie, fixera les conditions et déterminera les mécanismes par lesquels le dialogue s'amorcera, avec la participation des acteurs les plus importants de la région, notamment l'Algérie et la Mauritanie, dans le but de parvenir à une solution durable à la crise", a ajouté Compaoré.
Le journaliste Makan Koné, président de la Maison de la presse au Mali et directeur du journalNouvelle Libération, a expliqué à Magharebia que "les négociations ne peuvent être considérées comme un échec par suite du refus des Touaregs de renoncer à l'indépendance".
"Mais nous devons être conscients qu'il est impossible de maintenir la situation en l'état, parce que le monde ne se contentera plus d'observer la division de l'Etat malien", a-t-il poursuivi.
"Où est l'Etat de l'Azaouad et quelles sont les conditions adaptées à sa création ?", s'est-il interrogé. "Le MNLA n'avance sur rien."
Le professeur d'université Abu Bakr al-Sedik Ag Hami a expliqué à Magharebia qu'il estime que "le MNLA fait monter les enchères sur ses revendications pour obtenir en fin de compte un régime de type fédéral, précisément ce que souhaite la CEDEAO".
"Les Touaregs ne pourront refuser ce que la CEDEAO propose, dans la mesure où ils ont fait part de leur volonté à négocier", a-t-il expliqué.
"Si ces négociations aboutissent, cela signifiera entrer en guerre, et les Touaregs seront alors en mesure d'occuper une partie plus importante du territoire malien, et ce dernier se retrouvera alors sur la défensive et sera contraint d'accepter l'indépendance", a-t-il conclu.
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

vendredi 15 juin 2012

Mali : le dossier de l’Union africaine est trop léger - Temoust.org

Mali : le dossier de l’Union africaine est trop léger - Temoust.org

Mali : et si la solution n’était pas militaire ? - Temoust.org

Mali : et si la solution n’était pas militaire ? - Temoust.org

http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=26338&title=Non à l'agression des Touaregs de l'Azawad. Pétition

http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=26338&title=Non à l'agression des Touaregs de l'Azawad. Pétition

MALI - 
Article publié le : vendredi 15 juin 2012 - Dernière modification le : vendredi 15 juin 2012

Mali: une réforme de l'armée pour contrer la puissance des groupes armés

Cheick Modibo Diarra, Premier ministre malien.
Cheick Modibo Diarra, Premier ministre malien.
REUTERS/Thierry Gouegnon

Par RFI
Arrivé jeudi à Paris en provenance d'Alger, Cheick Modibo Diarra a passé deux heures avec Dioncounda Traoré, le président par intérim qui se porte bien mais reste à Paris pour se soigner. Lors d'une rencontre avec la diaspora malienne de France, le Premier ministre s'est longuement expliqué sur sa vision du Mali et plus particulièrement sur la situation dans le nord et l'état de l'armée. Il doit rencontrer ce vendredi 15 juin le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Redonner au Mali son intégrité territoriale, c'est la priorité de Cheick Modibo Diarra. Et si le Premier ministre est ouvert pour négocier avec le MNLA et Ansar Dine, l'option militaire reste ouverte pour libérer le nord : « Vous ne croyez pas si bien dire, quand vous dites que l’heure est grave ! Nous sommes en train de travailler, sans arrêt, pour essayer d’aller combattre deux fléaux ! Il s’agit du grand banditisme et il s’agit du terrorisme ! ».
Dès sa prise de fonction, le Premier ministre malien à cherché à connaitre l'état de l'armée, en faisant tester le matériel. Et le bilan n'est pas bon.
« Sur cent obus, quand on tirait, il n’y avait que cinq qui répondaient ! Comment voulez-vous faire face à un ennemi, quand vous avez des armes qui ne fonctionnent pas ? Nous avons en face des ennemis qui sont financés, mais de façon extraordinaire, avec des armes les plus sophistiquées ! ».
Pour contrer la puissance des groupes armés, Cheick Modibo Diarra a donc décidé de financer une réforme de l'armée.
« Aujourd’hui, notre armée est en train d’être équipée, une armée robuste, une armée modèle. Je suis en train de trouver, tous les jours, les voies et moyens, en raclant les fonds de tiroirs de l’Etat ! Et nous allons reconquérir ce pays-là ! ».
Excluant, pour le moment, la présence d'une force militaire coordonnée par les Nations unies au Mali, Cheick Modibo Diarra attend néanmoins de la part de ses soutiens étrangers une aide logistique, technique et financière pour redonner au Mali une armée digne de ce nom.
TAGS: ANSAR DINE - DIONCOUNDA TRAORÉ - MALI - MNLA
FICHE PAYS :

MALI - 
Article publié le : vendredi 15 juin 2012 - Dernière modification le : vendredi 15 juin 2012

Mali: un avion de reconnaissance inquiète les islamistes de Tombouctou

Un membre d'Ansar Dine près de Tombouctou, le 24 avril 2012.
Un membre d'Ansar Dine près de Tombouctou, le 24 avril 2012.
AFP PHOTO / ROMARIC OLLO HIEN

Par RFI
À Tombouctou, les islamistes qui tiennent la ville ont tiré des coups de feu en l'air jeudi matin. Ils répliquaient contre le survol de la ville par un avion. Selon des responsables d'Aqmi, il s'agit d'avions de reconnaissance occidentaux. L'organisation promet de répliquer en cas d'intervention militaire d'une force internationale.

Il était tôt jeudi matin lorsque les habitants de Tombouctou ont entendu des rafales de tirs. Elles étaient dirigées vers le ciel, où un avion survolait depuis plusieurs minutes la ville sainte. L'appareil est reparti sans dommages.
Dans la matinée, Radio Bouctou, la radio locale de la ville aujourd'hui aux mains des salafistes, a diffusé un message pour rassurer les populations. Ce sont les avions qui étaient visés, leur a-t-elle déclaré. Selon plusieurs habitants de Tombouctou, c'est la première fois que les islamistes répliquent à de tels survols. « Depuis un mois, c'est au moins la troisième ou quatrième fois que des avions passent au petit matin. Mais c'est la première fois qu'on a les a vus tirer sur des avions », raconte un habitant.
Pour les hommes d'Aqmi, il n'y a aucun doute : ces avions sont des appareils de reconnaissance au profit d'une force militaire étrangère. Oumar Ould Hamaha est le second du chef d'Aqmi, Moktar Bel Moktar. C'est un un homme important dans la nébuleuse al-Qaïda au Mali.
Pour lui, cette provocation ne restera pas sans réponse. « Nous savons que ce sont des avions espions. Ce sont des avions qui sont en train de photographier. Dites-leur que nous sommes sur le terrain et nous les attendons. On est venu pour défendre l'islam et on va combattre jusqu'au dernier degré », prévient Oumar Ould Hamaha.
La menace s'adresse à la communauté internationale. Elle a déjà fait part de sa disponibilité à soutenir ses partenaires africains dans la mise en place d'une éventuelle intervention armée contre les islamistes au Mali.
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FICHE PAYS :

jeudi 14 juin 2012


MALI / UA / ONU - 
Article publié le : jeudi 14 juin 2012 - Dernière modification le : jeudi 14 juin 2012

Mali: le Conseil de sécurité réservé quant à une intervention militaire

L'Union africaine, par la voix de son président Jean Ping, demande l'envoi de troupes au Mali sous mandat de l'ONU
L'Union africaine, par la voix de son président Jean Ping, demande l'envoi de troupes au Mali sous mandat de l'ONU
Reuters/Joe Penney

Par RFI
L’Union africaine demande au Conseil de sécurité de l'ONU de soutenir une intervention militaire au Mali. Le sujet était discuté ce mercredi 13 juin à New York entre les deux organisations. Mais pour l’instant, le Conseil de sécurité est encore très prudent car il juge que la feuille de route présentée par l'Union africaine et la Cédéao n'est pas assez claire. Une nouvelle réunion est prévue vendredi 15 juin à New York.

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Le Conseil de sécurité a pris quelques distances avec la demande de l’Union africaine d’envoyer des troupes au Mali sous mandat de l’ONU. Les membres du Conseil n’excluent pas une intervention militaire, mais ils jugent que l’UA et la Cédéao n’ont pas présenté une feuille de route suffisamment claire sur leurs intentions.
Le Conseil veut par exemple voir élaborer un plan politique après une éventuelle intervention. Les Etats-Unis ont également suggéré d’appliquer des sanctions avant une opération militaire.
Si des troupes sont envoyées, s’agira-t-il d’une invasion militaire ou plus simplement d’un appui aux forces de sécurité maliennes ? Combien de soldats seront mobilisés au Mali et pour quel coût ? À toutes ces questions, le Conseil de sécurité attend encore des réponses.

Alger, Paris, New York : le dossier malien est sur la table dans de nombreux pays
Avec notre correspondant à Bamako
Dans la capitale algérienne où il achève sa visite [entamée le mardi 12 juin, Ndr], le Premier ministre malien se dit « très satisfait ». Cheik Modibo Diarra était accompagné du ministre malien de la Défense, et la situation dans le nord du Mali a été évoquée. Contre toute atteinte à l’intégrité territoriale de son voisin malien, Alger abat de plus en plus ses cartes pour privilégier une solution sous-régionale, au conflit dans le septentrion malien.
Mais à son arrivée à Paris ce jeudi 14 juin, le Premier ministre malien va très probablement entendre un autre son de cloche : la France soutiendrait volontiers une opération militaires de la Cédéao, sous l’égide de l’ONU, dans le nord du Mali. Ensuite, Cheik Modibo Diarra rencontrera longuement Dioncounda Traoré, le président de la transition malienne, en séjour médical dans la capitale française.
Mais dès vendredi 15 juin, les regards seront tournés vers New York où le dossier Mali sera étudié à la loupe. 
TAGS: CÉDÉAO - MALI - ONU - UNION AFRICAINE
FICHE PAYS :

Non à l'agression des Touaregs de l'Azawad
Pétition pour dénoncer l’alliance internationale contre les Touaregs
mercredi 13 juin 2012
par Masin
Face à l’unanimité d’une communauté internationale qui complote afin de mater la résistance touarègue, Imazighen à travers le monde ainsi que tous ceux qui sont épris de justice et de liberté ne peuvent rester indifférents. Il n’est pas possible de rester spectateur d’une intervention militaire dans l’Azawad sous couvert des Nations Unies. Notamment lorsqu’on sait que cette guerre est totalement injuste ! Ce n’est pas en faisant la guerre aux Touaregs qu’on pourra combattre AQMI.
C’est pourquoi une mobilisation internationale contre cette injustice est plus que nécessaire. Nous publions ci-après une pétition lancée par Tamazgha qui dit "Non à l’intervention militaire dans l’Azawad" et qui plaide pour le respect du droit à l’autodétermination du peuple touareg.


Photo : Ferhat Bouda

Non à l’intervention militaire dans l’Azawad
Pour le respect du droit à l’autodétermination du peuple touareg

Nous, signataires de cette pétition, suivons attentivement les luttes démocratiques et laïques menées par les Touaregs de l’Azawad (ex Nord du Mali). Nous sommes inquiets des évolutions récentes dans l’Azawad et tenons à mettre en garde la communauté internationale, et en particulier la France (membre du Conseil de Sécurité des Nations-Unies) et l’Union Africaine (initiateur du funeste projet d’intervention militaire), quant à une éventuelle intervention militaire dans l’Azawad. Que l’ONU et l’UA apportent la paix et le respect du Droit des peuples à l’autodétermination (Charte des Nations-Unies) !

De l’Azawad

Commençons par un chiffre effarant.
Depuis son indépendance, le Mali a vu sa population doublée (elle est passée de 7 à 14 millions d’habitants) ; tandis que la population de l’Azawad a dramatiquement stagné à 500 000 habitants. Cette donnée froide montre à elle seule, la politique génocidaire de Bamako envers une partie de la population de ce pays.
Les revendications ancestrales d’autodétermination des populations de l’Azawad ont été moult fois démontrées et appuyées par la population de l’Azawad (en 1958 et en 1991 par exemple).
De bonne composition, les Touaregs ont invariablement montré leurs bonnes volontés en vue d’une solution négociée et pacifique, mais rien n’y fit.
La précédente révolte de 1991 s’est conclue en 1993 par l’engagement de l’Etat du Mali à une reconnaissance d’une large autonomie de l’Azawad appuyée par la mise en place d’un plan de développement du Sahel. Ces accords dits d’Alger (1993) n’ont pas été suivis de faits.
Cela fait dix-neuf ans que la situation se dégrade dramatiquement.
Les Touaregs reprirent la lutte armée le 17 janvier dernier, libérèrent l’Azawad et proclamèrent l’indépendance du pays le 6 avril 2012.
Cette proclamation d’indépendance de l’Azawad n’a malheureusement pas été entérinée par la France. Nous le déplorons mais espérons que le gouvernement français issu de la nouvelle majorité présidentielle reconsidère la position de la France.

De la situation et des forces en présence en Azawad.

Que recherchent les Touaregs ?
Les populations locales aspirent à vivre dignement et sans tutelle aucune. Elles veulent prendre en main leur destinée, et leurs dirigeants ont maintes fois affirmé être disposés à des entreprenariats politiques et économiques avec les pays démocratiques, en particulier la France, notre pays. Malheureusement il nous semble que la France se recroqueville sur son passé éculé et colonial.
Quels sont leurs soutiens ?
Ils viennent essentiellement de la communauté berbère dont Tamazgha est l’un des relais les plus importants.
En Afrique du Nord le soutien s’est ouvertement affirmé par de grandes manifestations en Kabylie et à Casablanca. Les Berbères libyens n’ont pas été en reste. En Europe, le gouvernement Catalan est saisi pour la reconnaisse officielle de l’Azawad.
Quels sont les obstacles internes ?
Ils se résument en deux points :
- Les intérêts des narco-trafiquants dont bénéficie la nomenclature de l’armée malienne. - Et depuis peu la menace islamiste et notamment Ansar Dine largement aidée par le pan-jihadisme international.
Quels sont les obstacles externes ?
- Il y a d’abord la nouvelle junte malienne qui rappelle les sombres années staliniennes. - Ensuite, il y a la Cédéao largement influencée par des politiques de type « Françafrique » - Enfin, il y a Alger dont certains milieux rejettent la question d’un Etat berbère voisin.

Qu’a la France à gagner en aidant les Touaregs ?

Tout !
- Politiquement d’abord : elle pourra se repositionner dans la région avec ses valeurs laïques et démocratiques assumées du reste par le peuple et l’élite Touaregs. - Économiquement ensuite : les partenariats ne sauront qu’être fructifiant entre entités libres et stables. Une communauté de valeurs démocratiques et d’intérêts économiques pourra être mise en place.
Aujourd’hui cette région du monde est bloquée faute d’un soutien franc et tranchant de la part de la France. Les Touaregs laïcs et démocrates sont majoritaires en Azawad. Aidons-les à parachever ce premier pays libre, laïc et démocratique de l’Afrique du Nord.

Irrévocablement pour la paix et le droit à l’autodétermination !
Nous sommes tous des Touaregs !

Paris, le 13 juin 2012.




Pour signer la pétition adressez nous, à tamazgha.paris@gmail.com, les éléments suivants :

Nom, prénoms, Profession (fonction), Ville et pays de résidence, éventuellement un numéro de téléphone (facultatif).

Vous pouvez également utiliser le formulaire en ligne ci-dessous.

Inutile de nous communiquer des pseudonymes !


Descriptif :
Non à l’intervention militaire dans l’Azawad Pour le respect du droit à l’autodétermination du peuple touareg

mercredi 13 juin 2012


L’uranium, ciment de la relation franco-nigérienne

Frédéric Powelton-Sahel Intelligence
Parallèlement à la crise au Mali qui a constitué le gros des discussions entre les présidents français et nigérien lors de leur rencontre le 11 juin à Paris, la question de l’exploitation de l’uranium au Niger a également été évoquée par François Hollande et Mahamadou Issoufou.
Le chef d’Etat français a défendu les intérêts d’Areva, prônant même une accélération de l’agenda d’exploitation de la mine géante d’uranium d’Imouraren, bien avant la date fixée initialement à 2014 entre le groupe nucléaire français et le Niger. L’exploitation de l’uranium est une activité essentielle, voire vitale pour les deux parties. Pour le Niger, l’uranium représente 60% des exportations du pays, alors qu’il constitue 40% des approvisionnements de la compagnie française. Actuellement, l’uranium exploité par Areva provient de deux mines dans la région d’Arlit. Mais elles ne seraient exploitables que pour une période estimée entre dix à vingt ans. C’est pour anticiper une pénurie d’approvisionnement, aux répercussions catastrophiques pour son activité, qu’Areva a acquis en 2008 les droits d’exploitation de la mine géante d’Imouraren. L’ampleur de l’investissement que le groupe nucléaire français envisage d’y injecter illustre l’intérêt qu’il porte au projet. Areva compte investir près de 1.5 milliard de dollars dans ce qui serait la deuxième plus grande mine d’uranium du monde, avec une production estimée à 5 000 tonnes par an. L’exploitation de cette mine porterait la production annuelle d’uranium du Niger de 3 000 à 8 000 tonnes, ce qui permettrait de hisser le pays du 6ème au 2ème rang mondial des producteurs, juste après le Kazakhstan.
L’uranium promet donc de rester le ciment de la relation future entre Paris et Niamey, comme cela l’a toujours été avec les prédécesseurs de François Hollande. Cette relation a pourtant été mise à mal au moment de la renégociation des conventions minières. Pour essayer de briser le monopole d’Areva, Niamey avait accordé une centaine de permis de recherches à des compagnies chinoises, canadiennes, indiennes, sud-africaines et anglo-australiennes. Areva s’est alors vu obligée de consentir une hausse de 50% du prix de l’uranium payé au gouvernement nigérien.


Mali – Bilal Ag Achérif (MNLA) : « Ansar Eddine peut obtenir qu’Aqmi quitte l’Azawad »

 Baba Ahmed, envoyé spécial à Gao
L’ex-secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touarègue), Bilal Ag Achérif est depuis le 7 juin président du nouveau Conseil transitoire de l’État de l’Azawad (CTEA). Il s’est fixé au Mali en août 2010, après de nombreux allers et retours entre la région de Kidal et la Libye, où il a obtenu une maîtrise en économie. Âgé de 35 ans, parlant parfaitement l’arabe et l’anglais, l’enfant de l’Adagh (région montagneuse de Kidal) nous a reçu longuement dans son bureau de l’ancien gouvernorat de la ville de Gao. Interview.
Jeune Afrique : Pourquoi le protocole d’accord signé le 26 mai entre le MNLA et Ansar Eddine a-t-il fait long feu ?
Bilal Ag Achérif : Les deux groupes ont signé cet accord dans le but d’officialiser leurs relations car nous avons chassé ensemble l’armée malienne de l’Azawad, nous nous sommes coordonné avant même le 17 janvier [début des attaques de la rébellion, NDLR]. L’accord du 26 mai a été signé pour notre intérêt commun et la sécurité de l’Azawad. Mais on s’est vite rendu compte que certains leaders ne l’ont pas bien compris. Le manque de communication a laissé certains cadres croire que nous étions tombés dans le terrorisme ou le salafisme. Mais le dialogue continue, et l’accord reste d’actualité.
Si les discussions continuent, pourquoi n’y a-t-il pas de membres d’Ansar Eddine dans votre conseil transitoire ?
Ansar Eddine n’a pas voulu participer car, après la signature de l’accord, il y a eu des divergences sur le calendrier des activités. Iyad Ag Ghali [chef d’Ansar Eddine, NDLR], avec qui nous avons défini les axes de notre future Constitution, voulait commencer tout de suite par élaborer son texte. Mais selon nous, cela aurait fait perdre du temps. Il faut d’abord former ce conseil transitoire de l’État de l’Azawad (CTEA), et c’est lui qui mènera les discussions avec les médiateurs, tout en élaborant la Constitution.
Sur quels principes sera basé cette Constitution ?
Notre Constitution sera basée sur le Coran ainsi que sur d’autres principes issus des traités internationaux qui ne vont pas à l’encontre de l’islam.
Elle sera basée sur le Coran tel qu’interprété par l’imam Malick ainsi que sur d’autres principes issus des traités internationaux qui ne vont pas à l’encontre de la religion. Le peuple de l’Azawad est musulman à 100%, et c’est un islam modéré. Les gens ont toujours réglé leurs problèmes chez les imams et les cadis de la ville avant d’aller à la police ou devant la justice du Mali. Nous avons juste officialisé sur le papier la réalité des Azawadiens. Donc nous ne sommes pas laïques ni extrémistes mais modérés. Le mot « laïque » n’a jamais été écrit dans aucun document officiel du MNLA. Ceux qui disent que l’Azawad est laïque ne connaissent pas la réalité du terrain.
Bilal Ag Achérif dans son bureau de Gao, au Nord-Mali.
Bilal Ag Achérif dans son bureau de Gao, au Nord-Mali. © Baba Ahmed, pour J.A.
Des combattants vous ont abandonné pour rejoindre Ansar Eddine. Cela ne risque-t-il pas de vous affaiblir ?
Certains combattants du MNLA ont rejoint Ansar Eddine et vice-versa. D’ailleurs, à Tombouctou, certains de nos hommes qui étaient partis sont revenus le lendemain de la signature de l’accord du 26 mai, grâce au rapprochement entre les deux groupes. Ces mouvements de personnes ne nous font pas peur car Ansar Eddine, le MNLA, le Mujao [Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, NDLR] et le FNLA [Front national de libération de l'Azawad, NDLR] sont tous de l’Azawad et aiment leur patrie.
Combien de combattants appartiennent au MNLA ?
Nous les estimons à 10 000. Ce chiffre comprend les volontaires, ceux qui sont actuellement en formation et les combattants aguerris.
Est-ce que le MNLA est d’accord pour négocier une fédération au sein du Mali ?
Pourquoi ? Le MNLA a chassé le Mali de l’Azawad, que nous considérons désormais comme indépendant. Depuis 50 ans, le Mali n’a pas fait un hôpital digne de son nom ni de routes bitumées, aucune université, donc pourquoi voulez-vous qu’on soit encore avec le Mali ?
Est-ce que vous êtes en contact avec le gouvernement malien ?
Nous n’avons aucun contact direct avec le gouvernement malien, car nous ne sommes pas de la même famille. C’est un conflit régional et international, nous passons par des pays médiateurs.
Quels sont les pays qui vous soutiennent ?
Les pays suivent leurs intérêts. Aujourd’hui, l’intérêt des pays voisins réside dans la sécurité et la stabilité de l’Azawad. Depuis 50 ans, le Mali a échoué sur ces deux plans. Les puissances mondiales comme la France et d’autres ne sont pas contre notre indépendance, et leurs déclarations hostiles ont été dictées par des considérations politiques.
Nous sommes en guerre avec le Mali car ce pays n’a pas encore déclaré le cessez-le-feu demandé par l’ONU.
Est-ce que le MNLA est prêt à combattre Aqmi ?
Nous sommes en guerre avec le Mali car ce pays n’a pas encore déclaré le cessez-le-feu demandé par l’ONU. Notre priorité aujourd’hui, c’est d’avoir une politique claire vis-à-vis du Mali et de la communauté internationale. Ensuite, il s’agira de régler le problème de la sécurité et de la stabilité de l’Azawad. Nous prendrons alors part aux combats régionaux et internationaux, et Aqmi est un problème international.
Votre allié, Ansar Eddine, ne cache pas sa proximité avec Aqmi. Cela ne vous pose-t-il pas un problème ?
Certains combattants d’Aqmi, notamment des jeunes chômeurs, ont été enrôlés par Aqmi. Je pense qu’Ansar Eddine peut obtenir d’Aqmi qu’il quitte l’Azawad, car sa présence nuit à nos intérêts. Ansar Eddine a compris cela. Mais Aqmi ne nous fait pas peur.
Si l’ONU envoie une force militaire au Nord-Mali, est-ce que le MNLA fera appel à Ansar Eddine et Aqmi pour la repousser ?
Le MNLA accepte Ansar Eddine à ses côtés, pas Aqmi. Et si Ansar Eddine fait appel à Aqmi, c’est son problème. Et c’est aussi celui des gens qui ont laissé ce groupe venir s’installer ici, qui lui ont donné de l’argent [sous forme de rançons pour la libération d'otages, NDLR]. C’est comme cela qu’Aqmi est devenu puissant.
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Propos recueillis par Baba Ahmed, envoyé spécial à Gao

Nouvel accrochage entre Touareg et islamistes dans le nord du Mali

Le Monde.fr avec Reuters | 
Des rebelles islamistes de Ançar Eddine, ici près de la ville de Tombouctou, dans le nord du Mali, en avril 2012.
Des échanges de coups de feu ont opposé, mercredi 13 juin, des Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) aux islamistes près de Tombouctou, dans le nord du Mali, ont rapporté des témoins et des habitants.
Un élu local a indiqué que l’accrochage avait eu lieu aux alentours de Tombouctou, sur la route de Goundam, où des islamistes d’Ançar Eddine ont tenté de stopperdes hommes armés du MNLA circulant dans un véhicule. « Il y a eu des échanges de tirs et les blessés ont été transférés à l’hôpital », a déclaré El Hadj Baba Haidara par téléphone à Reuters. « Des rumeurs font état d’un mort dans les rangs du MNLA mais ce n’est pas confirmé », a-t-il ajouté.
TENSIONS ACCRUES
Le porte-parole du MNLA, Attaye Ag Mohamed, a imputé la fusillade au groupe proche d’Al-Qaida, soulignant que l’accrochage avait été bref. « Des membres d’Al-Qaida ont empêché nos véhicules d’entrer dans la ville. C’est un incident mineur », a-t-il dit, sans fournir de bilan détaillé.
D’après un habitant, qui a préféré ne pas être nommé, cet affrontement survient après plusieurs tentatives des combattants d’Ançar Eddine de désarmer les membres du MNLA, dont la principale position est l’aéroport. « Le MNLA ne s’entend pas avec Ançar Eddine (…) Ça fait une semaine que c’est très tendu », a-t-il dit. Le 8 juin, des combattants du MNLA et du groupe islamiste Ançar Eddine s’étaient déjà affrontés à une vingtaine de kilomètres de Kidal.
UN PROJET DE FUSION JAMAIS FINALISÉ
Dans la foulée du coup d’Etat militaire du 22 mars qui a chassé du pouvoir le président Amadou Toumani Touré, le MNLA et les milices islamistes se sont emparés de plusieurs villes du nord du pays, parmi lesquelles Tombouctou, Kidal et Gao.
A la fin du mois de mai, les rebelles touareg et l’organisation islamiste avaient accepté d’unir leurs forces et de créer un Etat islamique indépendant dans le nord du MaliMais le projet de fusion n’a jamais été finalisé en raison notamment d’un différend concernant l’application de la charia, la loi coranique.