jeudi 21 janvier 2010

Niger-Les syndicats contre le retour à une longue pause-déjeuner


Niger-Les syndicats contre le retour à une longue pause-déjeuner
mercredi 20 janvier 2010 17h23 NIAMEY, 20 janvier (Reuters) -

Le gouvernement nigérien a remis en vigueur mercredi dans l'administration publique la traditionnelle pause-déjeuner de deux heures et demie, abandonnée en 2007 au profit d'une journée de travail plus courte avec un arrêt d'une demi-heure seulement à la mi-journée.
Ils travailleront désormais de 07h30, heure locale, jusqu'à 18h30, contre l'horaire expérimental précédent de 07H30 à 16h30, soit une demi-heure de moins, une disposition qui suscite l'hostilité des syndicats qui y voient un moyen de rogner sur les salaires.

Selon eux, il s'agit de réduire les coûts à la suite de la diminution de l'aide internationale au pays sahélien pour protester contre la réforme constitutionnelle imposée en 2009 par le président Mamamadou Tandja pour prolonger et étendre son pouvoir.

"La raison cachée, c'est que le gouvernement sait qu'il éprouve de vrais problèmes pour payer les salaires en raison des difficultés financières entraînées par la crise politique. Il veut tailler dans le secteur public", a affirmé Sidibe Issoufou, chef de Confédération démocratique des travailleurs nigériens (CDTN).

Tandja, qui avait épinglé la semaine dernière une paresse et un absentéisme répandus dans la fonction publique, a tenté de rassurer mardi les fonctionnaires en affirmant que la réforme n'aurait pas d'impact sur leur salaires, "auxquels ils ont droit".

"Mais, en échange, l'Etat demande à être servi honnêtement", a-t-il souligné. Quelques jours plus tôt, il avait cependant prévenu que les travailleurs devraient faire des "sacrifices" pour l'Etat.

(Abdoulaye Massalatchi, version française Marc Delteil)

Mauritanie: résultats "encourageants" pour le dialogue avec les jihadistes détenus


20/01/2010 18:50
NOUAKCHOTT, 20 jan 2010 (AFP) - Mauritanie: résultats "encourageants" pour le dialogue avec les jihadistes détenus


Les contacts établis à la prison centrale de Nouakchott entre les présumés jihadistes détenus et des théologiens musulmans mandatés par le gouvernement mauritanien donnent des résultats "encourageants", a affirmé mercredi le président de la commission chargée de ce dialogue.

"Les résultats des premiers contacts dans le cadre du dialogue sont encourageants, très satisfaisants", a affirmé Mohamed Moctar Ould M'Balla, président et porte-parole de la commission qui conduit les débats depuis lundi dans la prison.

Soixante-sept hommes soupçonnés d'être impliqués dans des actes terroristes y sont détenus en instance de jugement, parmi lesquels les Mauritaniens poursuivis pour les assassinats de quatre touristes français en décembre 2007 à Aleg (sud) et d'un Américain en juin 2009 à Nouakchott.

La commission - comprenant un conseiller à la présidence, des fonctionnaires aux ministères des Affaires islamiques, de la Justice ou de l'Intérieur, ainsi que divers théologiens et imams de mosquée - a délégué cinq oulémas pour un dialogue spirituel avec les prisonniers. Ces échanges sont menés à travers des conférences-débats sur différents thèmes.

"J'en suis sûr, ces résultats seront favorables et profitables à tous", a affirmé M. Ould M'Balla, ajoutant que le dialogue se poursuivait avec les prisonniers.

La commission n'entend pas "incriminer qui que ce soit (parmi les prisonniers), ce sera le rôle de la justice", a assuré ce conseiller à la présidence. Il s'agit plutôt, selon lui, "de convaincre et d'apporter les éclaircissements spirituels et le message théologiques qui permettent à tous d'aller sur le bon chemin".

"Rares sont les pays qui ont pris cette voie associant le dialogue idéologique aux solutions sécuritaires. Notre pays l'adopte après mûres réflexions et je pense que cela est très positif et pourra faire école", a-t-il déclaré.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué ces dernières années une série d'actions meurtrières en Mauritanie. Aqmi retient actuellement en otages trois Espagnols et deux Italiens enlevés en Mauritanie en novembre et décembre

Libye : Premier festival culturel et touristique à Tripoli en avril 2010


Actu'CasafreeChroniques Actualité Afrique : Libye : Premier festival culturel et touristique à Tripoli en avril 2010
La capitale libyenne, Tripoli, aura son "premier festival culturel et touristique" à la mi-avril prochain, a annoncé le secrétaire de la section locale de l'Association libyenne pour le développement du tourisme, M. Charif Jouili.


Cette manifestation a pour objectif de promouvoir le patrimoine culturel libyen et particulièrement les sites de Tripoli et les réalisations accomplies dans la ville, a indiqué M. Charif dans des déclarations à la presse.

Il s'agit d'une contribution qui se veut effective et efficace à la promotion du tourisme, a-t-il ajouté.

Le programme du festival, organisé avec la participation des établissements hôteliers et touristiques de la ville, comprend notamment des concours culturels et des expositions d'arts plastiques, d'articles d'artisanat et de costumes traditionnels.

De vastes chantiers de reconstruction et de restructuration sont, depuis quelque temps, en cours dans la capitale libyenne.

Les autorités de la ville entendent ainsi procéder à la mise à niveau des quartiers anarchiques qui se sont installés dans le secteur urbain sous l'embargo international imposé à la Libye durant les années quatre-vingt-dix et à la réhabilitation de la médina pour la rétablir dans sa qualité de site culturel et touristique pour les visiteurs nationaux et étrangers.

MAP

La Libye envoie des aides humanitaires à Haïti


La Libye envoie des aides humanitaires à Haïti

Actualités - Société .Société - Un avion cargo libyen chargé d'aides humanitaires a quitté lundi soir l'aéroport de Maatigua, banlieue est de Tripoli en direction de Haïti et cela en vue d'alléger les souffrances des populations de ce pays à cause du tremblement de terre destructeur qui l'a frappé mardi dernier.

Des sources du Fonds libyen des aides et de développement dépendant du Comité populaire général libyen ont indiqué que ces aides offertes par le Fonds et la Fondation Kadhafi pour le développement (FKD) comportent des médicaments, équipements, installations et du matériel de secours diversifiés en adéquation aux besoins des populations dans de tels catastrophes naturelles.

Les mêmes sources ont indiqué que cette cargaison est accompagnée par un équipe de secouristes et une autre équipe médicale en vue d'octroyer l'aide médicale nécessaire aux victimes.

Un séisme de plus de 7 degrés sur l'échelle de Richter a frappé, mardi dernier, Haïti et a fait plusieurs milliers de victimes dont 70.000 cadavres ont été enterrés jusqu'à présent dans des fosses communes, 250.000 blessés et 1,5 million de sans-abri, selon les autorités du pays qui ont décrété un deuil national de 30 jours, rappelle-t-on.

Cependant des estimations établies par les Nations unies indiquent que le nombre de morts pourrait atteindre 200.000, alors que 43 équipes internationales sont à l'?uvre, mobilisant 1.739 sauveteurs et 161 chiens.

Tripoli - Pana 20/01/2010

mercredi 20 janvier 2010

Confidentiel Paris et Alger en froid


Confidentiel Paris et Alger en froid
Le Figaro
20/01/2010 | Mise à jour : 08:22 | Commentaires 45 | Ajouter à ma sélection
La visite à Alger de Bernard Kouchner, prévue cette semaine, a été annulée par le gouvernement algérien. Le ministre des Affaires étrangères devait rencontrer son homologue, Mourad Medelci, pour renouer les fils d’un dialogue difficile, depuis le report sine die du voyage en France d’Abdelaziz Bouteflika, programmé pour le second semestre 2009. Le nouveau refroidissement fait suite à la reprise par Paris de la liste noire américaine qui classe l’Algérie et treize autres nations parmi les pays dangereux en matière de terrorisme. Depuis quelques jours, les ressortissants algériens peuvent être sujets à des contrôles spécifiques dans les aéroports hexagonaux.
» Retrouvez tous les confidentiels du Figaro

Sanglantes violences religieuses au Nigeria


Sanglantes violences religieuses au Nigeria
Au moins trois cents personnes ont péri dans les combats
Afrik.com

Le bilan est lourd : près de trois cents personnes ont été tuées dans des affrontements entre chrétiens et musulmans qui se déroulent depuis ce week-end, à Jos et dans sa périphérie, au centre du Nigeria. Les combats ne sont pas prêts de s’arrêter. Mercredi encore, les violences meurtrières perduraient malgré le renforcement des militaires dans cette zone.

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mercredi 20 janvier 2010 / par Stéphanie Plasse
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C’est un véritable carnage. Depuis le week-end dernier, des heurts entre chrétiens et musulmans ont causé la mort de près de trois cents personnes à Jos, une localité située au centre du Nigeria. Des affrontements qui semblaient perdurer, mercredi, comme en témoigne un habitant du centre ville de la capitale de l’Etat du Plateau. « Les attaques se poursuivent dans les quartiers sud de la ville à Kuru Karama, Bisiji, Sabongidan et Kanar », a expliqué Idris Sarki à l’AFP. « Le quartier d’où je viens a été saccagé. Tous les habitants qui ont eu la chance de pouvoir le faire sont partis, mais beaucoup ont été tués », a-t-il ajouté. Pour éviter que la situation ne dégénère davantage, la présence de militaires dans cette zone a été renforcée. « C’est calme depuis la nuit dernière, de mon balcon je peux voir davantage de soldats patrouiller qu’hier, il y a eu des renforts », a expliqué à l’AFP Bashiru Mohammed.

Ces attaques entre chrétiens et musulmans ont commencé à faire rage après la construction d’une mosquée dans Nassarawa Gwon, un quartier de Jos, ville frontière entre le nord musulman et le sud chrétien et animiste. Selon un dernier bilan établi mardi par différentes sources, ces affrontements aurait fait 288 morts et au moins 800 blessés, dont 90 graves, d’après l’imam de la mosquée centrale, Balarabe Dawud. Pour l’instant, aucune confirmation officielle n’a été faite de ces bilans.

Abuja sur le qui-vive
Les morts s’accumulent malgré la mise en place d’un couvre-feu nuit et jour décrété par le gouvernement du Plateau déstabilisé par ces nouvelles violences intercommunautaires. « C’est une crise de trop et le gouvernement fédéral estime qu’elle est totalement inacceptable, réactionnaire et susceptible de menacer davantage l’unité de notre pays », a déclaré le vice-président fédéral, Goodluck Jonathan, dans un communiqué mardi soir.

Abuja « est déterminé à trouver une solution permanente à la crise » à Jos, a souligné M. Jonathan, qui remplace le président Umaru Yar’adua soigné en Arabie saoudite depuis fin novembre. Des soldats ont d’ailleurs été dépêchés à Jos, « en concertation avec la police » et les chefs de la sécurité.

La crainte de débordements

Une mesure qui inquiète l’organisation de défense des droits de l’Homme Human rights watch (HRW). L’ONG qui craint des débordements, a exhorté mercredi les forces nigérianes à faire preuve de modération et a dénoncé « l’impunité qui encourage ce cycle de violences ».

HRW estime que plus de 13.500 personnes ont été tuées dans des violences entre communautés depuis la fin du régime militaire en 1999 au Nigeria. Ce pays est régulièrement secoué par des vagues de violences entre chrétiens et musulmans. En novembre 2008 déjà, des centaines de personnes avaient péri en deux jours dans des affrontements similaires dans cette ville. La secte islamiste Boko Haram avait mené en juillet dernier un soulèvement dans l’Etat de Borno et fait au moins 800 tués.

Lire aussi :

Révélation : des liens étroits entre la secte Boko Haram et Al-Qaida Maghreb
Nigeria : la flambée islamiste éteinte dans un bain de sang
Le Nigeria à l’épreuve de la violence islamiste

mardi 19 janvier 2010

Un roman d'amour en pays touareg



Un roman d'amour en pays touareg
Publié le samedi 16 janvier 2010 à 06h00


Une fois à la retraite, Roland Ducrocq a remis son jean et a repris la fac. Il sort ces jours-ci son deuxième roman, inspiré par le désert.
De retour d'un trek de 17 jours dans le désert nigérian, Roland Ducrocq signe son deuxième roman, « Le mystère de la dame de sable ». Une intrigue amoureuse en pays touareg qui se fait déclaration d'amour aux hommes bleus.

AMANDINE SELLIER > amandine.sellier@nordeclair.fr
Quatre ans après son premier roman, De la lavande pour Noël, Roland Ducrocq signe une nouvelle histoire, Le mystère de la dame de sable. C'est de retour d'un trek de 17 jours dans le grand désert du Niger que ce Mouvallois, retraité d'une multinationale de l'industrie chimique et grand amateur de randonnée, s'est remis à l'écriture. Une promesse faite au guide touareg de ce voyage, qui a donné son nom à l'un des personnages du roman, Isaka.
« Nous discutions avec le guide et il nous disait avec tristesse comment le nomadisme était en train de mourir, notamment à cause de l'exploitation d'uranium enrichi par Aréva sur leur territoire », raconte ce passionné du désert et du peuple touareg. « C'est une ethnie que j'admire. L'élégance de ces hommes me passionne », dit-il. Poussé par son amie médecin humanitaire, qui avait lu son premier roman et qui dévoile au Touareg les talents d'écriture de son ami, Roland Ducrocq fera la promesse d'écrire un livre. « Il regrettait que jamais personne n'ait écrit de roman d'amour dans le désert. Il m'a simplement dit "tu pourrais écrire pour moi ?" » Deux ans plus tard, le roman est publié chez Publibook (aujourd'hui filiale du groupe Petit futé) qui avait édité son premier ouvrage.


« Je ne m'y suis pas mis tout de suite. En rentrant du Niger, j'étais encore en train de courir les salons du livre en France pour le premier roman. Je m'étais aussi remis à la peinture », raconte celui qui, l'heure de la retraite sonnée, s'était inscrit à la fac pour reprendre des d'études d'histoire de l'art.
Le héros du Mystère de la dame de sable, William Rialt, est d'ailleurs professeur d'histoire de l'art à l'université de Stanford. Au cours d'un périple dans le désert, une mystérieuse femme vient visiter ses nuits... Il l'appelle la princesse de Tamaya, référence à une légende que l'auteur à découvert dans l'oasis de Timia.
Un roman court et intriguant, à l'écriture simple. « Je l'ai d'abord écrit pour les Touaregs, et je voulais que l'écriture soit accessible. » Le romancier a d'ailleurs tout de suite appelé son ami au Niger pour lui annoncer la parution du roman. Ce dernier souhaiterait même le faire venir au pays pour une séance de dédicaces !
Nul doute que celui qui a déjà parcouru 9 déserts à pied en une dizaine d'années reviendra sur ces terres qui le passionnent. En attendant, il retournera à la rencontre des lecteurs dans les salons du livre de France. On le retrouvera très certainement au salon du livre de Bondues en mars. Une belle rencontre à faire.w Le livre sera bientôt mis en rayon à la Fnac, au Furet et chez Majuscule à Tourcoing, où des séances de dédicaces doivent être programmées.
www.publibook.com

Musiques du monde et mondialisation


Musiques du monde et mondialisation
Par Marc Zisman | QOBUZ | SUR SCÈNE | 19 janvier 2010 TinariwenA partir du 12 février, la Cité de la Musique à Paris proposera un passionnant cycle consacré aux musiques du monde à l’heure de la mondialisation.

Face aux logiques normalisantes de la mondialisation, des peuples tentent de résister en défendant leur singularité et leur identité. Les musiciens qui se font les porte-voix de ces traditions menacées empruntent pourtant volontiers leurs instruments et leurs rythmes au blues et au rock. C’est sur ce mouvement que le cycle Terres de résistance zoomera du 12 février au 18 mars à la Cité de la Musique à Paris.

Vendredi 12 février, ce sont d’abord les musiques des Touaregs qui résonneront à la Villette avec, les Maliens de Tartit et de Tinariwen. Dans le Sahara, les riffs de guitare et les claquements de mains allient politique et poésie. Les ishumar, appellation dérivée du français « chômeurs », appartiennent à cette génération de Touaregs que la répression politique et la sécheresse de 1973 ont exilée en Libye ou en Algérie. C’est depuis cet exil que rejaillit chez eux la conscience d’une identité touareg à défendre. Le groupe de femmes Tartit est issu du peuple nomade des kel tamasheq. Venues de la région de Tombouctou, elles se sont « réunies » (c’est ce que signifie tartit) dans un camp de réfugiés durant la rébellion des Touaregs contre le gouvernement malien. Accompagnées de leurs griots au tehardent et à l’imzad (sortes de guitare et de violon), elles chantent leur vie, leur tradition et jouent des tindé (percussions). Lorsque la guitare électrique fait irruption dans les campements, la musique traditionnelle se métamorphose, comme la société touareg elle-même. Le groupe Tinariwen, figure emblématique de la résistance des musiciens combattants, est l’initiateur de ce style al guitara. Dans leur sillage, ces vingt dernières années, au Niger et au Mali, d’autres groupes sont apparus, créant une musique inédite, clandestine et brûlante, entre rythmes traditionnels, blues, folk et rock’n’roll.

Le lendemain, samedi 13 février, à 15h00, l’Amphithéâtre accueillera un grand forum Musiques du monde à l’heure de la mondialisation. La table ronde sera animée par Denis-Constant Martin (sociologue) et réunira Laurent Aubert et Julien Mallet (ethnomusicologues) et Nadia Belalimat (anthropologue). A 17H30, la voix de Damily succèdera au débat. Le contexte de mondialisation actuel oblige à penser la complexité d’un paradoxe : l’imposition de normes à l’échelle planétaire – la globalisation – conduit à une certaine uniformisation, pourtant, la mondialisation n’est pas homogénéisation. Grâce au développement des moyens de communication, elle permet aussi une diversification. Ces problématiques seront abordées à partir de diverses musiques à travers le monde et notamment à travers le tsapiky de Madagascar, une « jeune musique » prise dans le tourbillon de multiples influences, s’inscrivant dans des processus locaux aussi bien que mondiaux, dans des contextes cérémoniels aussi bien que marchands. Ce concert permettra d’en découvrir une de ses figures emblématiques, le guitariste virtuose Damily, considéré comme maître du genre en ville comme à la campagne dans la région de Tuléar, au sud-ouest de Madagascar.

Samedi 13 toujours, mais à 20h00, ce sont comme deux visages de la musique navajo qu’offrent The Jones Benally Family et le groupe Black Fire : les musiciens sont pratiquement les mêmes, mais ils revêtent tour à tour le masque de la tradition, avec ses chants et danses, ou celui de la révolte, aux rythmes du punk rock. En écho, depuis l’autre bout du monde, le chant rituel et le didgeridoo des aborigènes australiens cèdent la place au rock militant du Nabarlek Band. L’histoire des Navajos est d’abord celle d’une déportation. En 1864, neuf mille d’entre eux furent envoyés à pied dans la réserve de Fort Sumner, au Nouveau-Mexique. Ce fut ce qu’ils appellent la « longue marche ». Malgré les privations et les conflits qui les opposèrent au gouvernement des États-Unis, ils ont conservé leur culture, leur spiritualité et leur habitat traditionnel. C’est leur revendication identitaire que Black Fire défend. L’histoire du Nabarlek Band, en Australie, a quelque chose de semblable. Issus d’une petite communauté d’Arnhem Land (cette région qui fut déclarée réserve aborigène en 1931), les musiciens ont produit leur premier album à Melbourne, en l’accompagnant d’un slogan : « le groupe garage qui n’a jamais eu de garage ».

Son nom, qui lui fut donné par un lama, signifie : « Déesse de la mélodie et du chant ». Yungchen Lhamo, qui se produira dimanche 14 février à 16h30, a fui son pays, à pied, en 1989. Depuis son premier album, Tibetan Prayer, et au fil de ses fascinants spectacles a cappella, elle s’est imposée comme la grande voix tibétaine. Née dans un camp de travail près de Lhassa pendant l’occupation chinoise, elle a commencé à travailler dans une fabrique de tapis à l’âge de cinq ans. Le chant tibétain avait été banni par la Révolution culturelle. C’est dans ce contexte de répression que Yungchen reçut de sa grand-mère l’enseignement d’un art vocal religieux, qu’elle a emporté avec elle lors de sa dangereuse traversée de l’Himalaya, pour émigrer en Inde, où le dalaï-lama encourage son talent. « Quand j’ai quitté le Tibet, confie-t-elle, j’ai tout perdu, sauf ma voix… » De fait, en renonçant à tout accompagnement pour ses concerts, elle se concentre sur cette voix nue qui, de façon bouleversante, évoque les traditionnels thèmes tibétains du pèlerinage spirituel ou de l’harmonie avec la nature.

Née dans un petit village de la République de Touva, en Sibérie méridionale, Sainkho Namtchylak, présente à la Cité de la Musique mardi 16 février à 20h, ressemble à une rock star hantée par les esprits. Mêlant le classique, le jazz et la musique ethnique, elle s’est inventé une voix à nulle autre pareille. Elle transporte les traditions chamaniques locales, transfigurées, sur les scènes du monde entier. Les relations de Touva avec le grand voisin russe ont oscillé entre l’indépendance et la soumission. C’est la Russie qui y fait interdire le chamanisme en 1931, et la petite république autonome doit intégrer l’Union soviétique en 1944. Aujourd’hui, elle est en principe souveraine, tout en faisant partie de la fédération de Russie. Dans ces contrées dépeuplées et ces plaines sans fin le long du fleuve Ienisseï a fleuri la tradition du chant diphonique, le khöömii, accompagnant les pratiques des chamanes. Petite-fille de nomades et fille d’instituteurs, Sainkho a pourtant d’abord étudié le chant au collège, près de son village natal, puis à Moscou. Parallèlement, elle s’initie aux différentes techniques vocales des chants lamanistes et chamaniques de Sibérie. En 1988, elle rejoint l’ensemble Tri-O, un groupe de jazz expérimental. Elle s’installe en Europe, participe à des créations chorégraphiques
théâtrales et cinématographiques. Son disque Out Of Tuva, enregistré entre 1989 et 1993, est considéré comme un chef-d’œuvre de l’ethno-pop.

Le site officiel de la Cité de la Musique

Niger, un homme à la caméra


Ulysse Mag - Le magazine du voyage
Niger, un homme à la caméra
En couverture Descendre le fleuve Niger en pirogue de sa source jusqu’à la mer : ce voyage initiatique de Jean Rouch a été le départ de son œuvre de cinéaste. Zoom avant.


Le Niger

Photogramme du film La Bataille sur le grand fleuve © DR
“J‘ ai découvert le fleuve Niger qui est une merveille. […] Tellement hors du temps, hors de l’espace que j’ai eu le coup de foudre.” C’est ainsi que Jean Rouch se remémore sa première rencontre, dans les années 1940, avec le troisième plus grand fleuve du continent africain, après le Nil et le Congo. C’est ce fleuve qui a vu les premiers mouvements de caméra du grand ethnocinéaste. Celui que Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Eric Rohmer ont reconnu comme le précurseur de la Nouvelle Vague, celui dont l’originalité créatrice leur a ouvert une voie pour réinventer le cinéma.
Tout commence au… XVIIIe siècle par la passion de Mungo Park. Il est écossais, chirurgien et voyageur insatiable. Il rêve de descendre le Niger depuis sa source jusqu’à la mer. Il est entêté et cherchera — au prix de sa vie — à explorer l’énigmatique fleuve dont, à ce moment-là, on ne connaît même pas la source (en Guinée, à 800 mètres d’altitude dans le Fouta-Djalon). Mungo Park est mort en 1806 dans les rapides de Boussa. Cent cinquante ans après, Jean Rouch et deux compagnons, Pierre Ponty et Jean Sauvy, reprennent le flambeau. Pour le compte de l’Agence France Presse, durant neuf mois, ils envoient des chroniques de leur voyage en pirogue depuis les sources cachées du Niger dans la forêt tropicale à son majestueux delta du golfe de Guinée.

La descente débute par une phrase de Soro, montagnard kouranko, à Jean Rouch. Au détour d’un sentier de la montagne guinéenne, Soro indique : “Ça c’est la source Tembiko”. Il a désigné le point de départ du fleuve. Dans le livre Alors le Blanc et le Noir seront amis, Jean Rouch décrit ce moment avec une intense émotion : “Sous nos pieds naissait ce fleuve extravagant qui, tournant carrément le dos à l’océan [Atlantique] si proche, s’enfonçait de toute sa jeune force vers le nord. Abandonné bientôt par la forêt puis, après Bamako, par la savane, il s’égare dans la plaine de Ségou, découvre l’issue du labyrinthe du lac Débo, et, se dirigeant toujours vers le nord-est, indifférent à la disparition des derniers arbres rabougris, s’en va, tout seul, affronter le désert, risquer sa vie à Tombouctou dans les sables de la mort, pour enfin consentir, après Tosaye, à retourner vers le sud, descendre vers Gao, retrouver une nouvelle jeunesse dans l’archipel de Tillabéry, essayer dans les zigzags rageurs du W de prolonger l’aventure, puis après les derniers sursauts des rapides de Boussa, épuisé, au milieu de la grande forêt retrouvée, se jeter dans la mer par un delta de plusieurs centaines de kilomètres de large : 4 200 km d’eau courante et qui suintait lentement du flanc de la montagne, à nos pieds…”

La source, Tembiko, donnera son nom à la pirogue Tembiko IV, trente mètres de long, qui est la dernière des quatre embarcations nécessaires à l’équipée pour atteindre le but du voyage : Bouroutou, port marin du golfe de Guinée. Le Tembiko I, premier vaisseau (de fortune), construit avec des montagnards du haut Niger débutants en savoir-faire fluvial, se présentait comme un radeau dont la charpente en bouse de vache était fortifiée de paniers d’osier et recouverte d’une bâche ficelée de lianes. Le deuxième et le troisième étaient un peu plus élaborés mais n’ont pas survécu aux rapides. C’est dire si le voyage, entre ciel, eau et tumultes n’a pas été de tout repos ! Alors pourquoi, à partir de Tombouctou ne pas avoir profité du confort d’un bon vieux bateau à aubes ? C’est la question posée maintes fois à Jean Rouch par les matelots. La réponse est donnée par la passion de toute une vie : il ne s’agissait pas tant de connaître les courants du Niger que de rencontrer les peuples qui le fréquentent depuis toujours. Eux qui connaissent le génie du tonnerre, le génie du fleuve, le génie de l’eau, eux qui racontent les merveilleuses aventures de Faran Maka Boté, ce héros mythique qui bourrait sa pipe de quarante hippopotames, eux, les Songhay, les Sorko, les Sarkawa qui ont permis à Jean Rouch, caméra à l’épaule, d’entrer dans le monde des esprits, de la magie, de la possession. Et de faire, durant quarante ans, des films qui prennent le cœur à vif et qui évoquent quelques-unes des mille et une manières d’exister sur Terre. Mort en 2004, Jean Rouch est enterré au bord du Niger. Il a été l’initiateur d’écoles de cinéma dans le monde entier. Dénommés les Ateliers Varan, elles accueillent des apprentis-cinéastes qui filment leur pays, leur réalité. En octobre 2009, au musée du Quai-Branly, à Paris, les ateliers Varan de Kaboul ont montré les films d’une réalisatrice et de deux réalisateurs afghans. On y voit des enfants et des adultes tenter de vivre. Du fleuve Niger à Kaboul et d’humain à humain, les images inspirées savent faire un pont.

Jouer Bach chez les Touaregs ? « De l'adrénaline pure ! »



Jouer Bach chez les Touaregs ? « De l'adrénaline pure ! »
Par Nathalie Krafft | Journaliste | 19/01/2010 | 11H25


(De Tombouctou) En dépit de l'appréhension suscitée par l'enlèvement d'un Français au Mali, le Festival au désert a tenu sa 10e édition près de Tombouctou en janvier. Pas tout à fait au même endroit, et pas tout à fait de la même manière. S'était notamment infiltré au milieu de ce « Woodstock touareg » un vilain petit canard, le violoniste classique Jean-Marc Phillips Varjabédian.


En plein désert, à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou, musiciens touaregs, maliens, africains et occidentaux se donnent depuis dix ans rendez-vous pour trois jours de musique sous les regards impavides des chameaux et la clarté opalescente des étoiles.

Fin novembre, l'enlèvement du Français Pierre Camatte à Menaka, interprété comme une aggravation de la menace terroriste dans la région, a bien failli faire renoncer les organisateurs et le gouvernement malien.


En rouge sur la carte du ministère français des Affaires étrangères, la zone où devait se tenir le festival et qui était « formellement déconseillée » aux touristes.

Cela n'a pas fait peur au violoniste Jean-Marc Phillips Varjabédian. Ce garçon sérieux, bardé de prix et formé au Conservatoire supérieur de Paris par Gérard Poulet, à Cremone par Salvatore Accardo et à la Juillard School de New York par Doroty Delay, ne s'est plus contenté, à 44 ans, de poursuivre une carrière toute tracée de violoniste virtuose.

Un public qui ne fait pas silence
Membre depuis quinze ans du Trio Wanderer, partenaire privilégié de l'accordéoniste Richard Galliano, directeur et fondateur de l'ensemble à cordes Prometheus 21, membre de l'ensemble « Quai numéro 5 » et, « last not least », soliste, Jean-Marc Phillips Varjabédian fait 120 concerts par an !

Aller vers des publics nouveaux et faire l'expérience d'autres pratiques musicales, est -donc ? - pour lui aujourd'hui une nourriture nécessaire. Presque une question de survie, artistique bien entendu.

Je l'ai rencontré l'après-midi précédant son passage sur scène, alors qu'il était depuis trois jours sur le site du festival, acclimatant son violon aux très grandes variations thermiques, s'acclimatant à la vie singulière du désert, ajustant sa sonorité au plein air.

Et se faisant à l'idée que ce public-là, définitivement, n'allait pas l'écouter dans un silence figé…

« Pour moi, c'est un gros challenge sur le plan émotionnel. Ne pas se sentir à sa place, cela peut vite être déstabilisant. Mais je m'accroche à la gentillesse des gens et à leur ouverture d'esprit.

C'est vrai que jouer Jean-Sébastien Bach au milieu d'un festival touareg, c'est un peu gonflé, mais c'est une belle expérience » (voir la vidéo)





Cette expérience-là, les organisateurs ont tout fait pour qu'elle ait lieu. Mais pour cela, il fallait garantir la sécurité du public et des musiciens. Rapprocher le site du festival de Tombouctou s'est trouvé être la meilleure solution.

Conséquence directe, si seuls auparavant les Occidentaux acquittaient le prix d'entrée, les Africains ont payé pour la première fois leur écot : la proximité de la ville rendait possible la venue d'un public plus large, et donc de subsides plus importants.

Il n'empêche : nous étions bien toujours au pays des Touaregs, là où les hommes se voilent avec leurs turbans et dansent avec les étoffes de leurs robes, comme les plus improbables des Salomé, tandis que les femmes dévoilent leurs visages.

Les mythiques « hommes bleus » ont leur festival depuis dix ans

Idole des jeunes Touaregs et star dans les pays anglo-saxons, le groupe Tinariwen, à l'origine de la création du festival, s'est produit le premier soir. C'est le deuxième groupe qu'on voit dans ce montage. (Voir la vidéo)




De leur rencontre à Angers avec le groupe Lojo était née l'envie de se retrouver une fois par an dans le désert, pour jouer entre amis musiciens. Des retrouvailles ancrées dans la tradition touareg : de tout temps, à chaque fin de transhumance, les « hommes bleus » se donnent rendez-vous pour faire la fête tout en échangeant les dernières nouvelles.

Ces mythiques « hommes bleus », qui représentent quelque 6% de la population malienne, forment la majorité du public du festival. Un festival qui leur appartient.

Jean-Marc Phillips a mesuré très vite cette dimension et il lui a fallu calmer les appréhensions qui l'ont saisi : comment le public allait-il réagir à l'écoute de la « Chaconne » de Jean-Sébastien Bach, en ignorant tout de la musique classique, du violon « occidental » et de Bach bien sûr ? Comment l'instrument allait-il « sonner » sur cette scène ouverte » ?

Le soir du samedi 9 janvier, vers 20h45, il s'est lancé… (Voir la vidéo)




Quelques dizaines de minutes plus tard, le temps de reprendre ses esprits, Jean-Marc Phillips réagit :

« C'est l'expérience du siècle ! J'ai senti une poussée d'adrénaline dans la “Chaconne”. Au moment où la musique devient de plus en plus tendue, j'ai senti la foule qui se tendait aussi, des cris, des applaudissements. Ils n'avaient jamais entendu du Bach, et ils ont tout compris. » (Voir la vidéo)





Tout pour faire mentir James Joyce, découragé par le sable (« Rien n'y pousse. Tout s'y efface ») : dans le sable de Tombouctou, Jean-Sébastien Bach semble avoir pris racine. Mêmes les plus vaches des chameaux vous le diront.
Jean-Marc Phillips en concert
► 20 janvier, mélodies anglaises de Haydn et Beethoven avec le baryton Wolfgang Holzmair (Trio Wanderer), Paris, Opera Comique

► Fin janvier, dans le cadre de la Folle Journée en hommage à Chopin, le Trio Wanderer jouera le « Trio opus 8 pour violon, violoncelle et piano » de Chopin les 22 janvier à Challans, 23 janvier à Saumur et à Laval, 24 janvier à Saint-Nazaire et à La Roche-sur-Yon, 28, 29 et 30 janvier à Nantes

► 13 mars, « Double concerto pour violon, violoncelle et orchestre » de Brahms (Jean-Marc et Xavier Phillips) avec l'Orchestre de Lille, le Nouveau Siècle, Lille

► 10 avril, « Concerto pour violon » de Khatchaturian, avec l'Orchestre Colonne, Salle Pleyel, Paris

En disque
► Quai numéro 5 éd. Universal - label Decca noir - sortie le 1er février

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"La spécificité de la langue kabyle" par Ferhat MEHENNI


Kabyl.com - 14/01/10
"La spécificité de la langue kabyle" par Ferhat MEHENNI
Communication donnée aux « Jeudis de la langue »
mardi 19 janvier 2010
Montréal le, jeudi 14 janvier 2010

La linguistique n’est pas ma spécialité. Toutefois, pour les nécessités de mon combat, j’ai eu à en fréquenter quelques arcanes, depuis les années soixante-dix. Comme chez la plupart des militants kabyles dits « berbéristes » ayant cheminé le long du fleuve amazigh, mes connaissances, approximatives ou approfondies dans ce domaine, m’avaient apprêté davantage à défendre le postulat de l’unité de la langue amazighe qu’à le remettre en cause. Le conflit vertical qui nous opposait au pouvoir algérien empêchait un débat horizontal, entre nous, sur ce sujet. Aujourd’hui que le combat pour l’autonomie de la Kabylie nous a ouvert les yeux sur une tout autre réalité, nous avons pour devoir de lever tous les obstacles idéologiques qui se dressent encore sur le chemin de la liberté du peuple kabyle, à commencer par ces idées sur la langue, reçues en héritage de nos aînés et dont n’ont pu s’affranchir nos devanciers sur la scène politique.

Pour avoir été un militant berbériste depuis ma tendre jeunesse, j’ai, moi aussi, ma part de responsabilité dans cette confusion des genres par laquelle nous avons tous entretenu notre propre auto-dévalorisation en tant que peuple. Que nul ne se sente visé par ces propos, c’est, avant tout, mon autocritique que je formule. Mais, « que celui qui n’a jamais péché lance la première pierre ! »

Depuis environ 60 ans, les élites kabyles sont prisonnières d’une erreur d’appréciation sur notre langue, ayant nourri dans nos propres consciences un double déni :

1) Ayant cru en l’unité de la langue amazighe, nous avons soustrait au kabyle le droit à un statut de langue à part entière. Le kabyle a été, ainsi, rabaissé au rang de dialecte, de « patois », c’est-à-dire, de sous-langue.

2) Puisqu’il n’y a qu‘une seule langue, la langue amazighe, il n’y aurait donc qu’un seul peuple et une seule nation amazighe. Ceci est d’autant plus insidieux que le bon sens admet volontiers que là où il y a patois, nécessairement, il n’y a pas de peuple. La logique équationnelle établit tacitement que langue=peuple, dialecte=ethnie. La conséquence de ce raisonnement sous forme de jeu de quilles, en a été le ravalement du peuple kabyle au rang de simple « ethnie » berbère.

Quand bien même l’existence d’une langue commune n’entrainerait pas automatiquement celle d’un seul et même peuple, nous avons longtemps cru que le destin des Amazighs était un et indissociable. Nous avons même ignoré le fait que les Arabes, avec une seule et même langue, forment plusieurs peuples, nations et plusieurs États sans que cela ne les chagrine outre mesure. Chez les Amazighs, tout en étant identitairement et linguistiquement fort distincts, ils sont nombreux à s’entêter à nous projeter comme un seul peuple avec une seule langue. Il est des phantasmes à la peau dure !

Maintenant que nous savons que même une langue « amazighe » commune n’invalide pas l’existence d’un peuple kabyle parmi les Amazighs, voyons en quoi consiste la spécificité de sa langue.

Le kabyle est une langue

Il est pour le moins choquant de se retrouver devant des interlocuteurs auxquels vous devriez faire la preuve ou la démonstration de votre existence. Pour survivre, leurs catégories idéologiques et politiques sont tenues de vous tuer. Ces promoteurs ne réalisent pas que leurs idées sont révolues, qu’elles incarnent un passé inapte à garantir l’avenir et que leurs catégories jouent à des prolongations qu’elles n’ont pas méritées. Alors, tordons-leur le cou.

1) En linguistique, la parenté n’est pas l’identité

La parenté du kabyle avec les autres « idiomes » amazighs n’est plus à démontrer. Mais la parenté n’est pas l’identité. Tout comme chez les humains, les frères et sœurs linguistiques sont des individus, chacun avec sa propre identité. Autrement, nous serions dans le cas des enfants siamois dont l’un doit survivre au détriment de l’autre. Dire que le touareg est la même chose que le chleuh, que celui-ci est la même langue que le mozabite ou le kabyle est un grossier mensonge qui ne résiste même pas à la pratique quotidienne. Il y a deux ou trois ans, j’ai vu une émission sur Berbère-TV dans laquelle une journaliste kabyle est allée au Gourara interviewer des artisans bijoutiers. Notre kabyle posait des questions que les Gourari ne comprenaient pas, mais qui, devant le micro tendu, se sentaient en devoir de répondre… nécessairement à côté. La journaliste qui ne comprenait pas les réponses avait une série de questions qu’elle continuait de poser sans se soucier de ce que ses interlocuteurs disaient. Un beau dialogue de sourds pourtant tout empreint de bonne volonté de part et d’autre. Ce qui nous amène à notre deuxième thèse.

2) La langue amazighe n’existe pas, il existe une famille de langues amazighes.

Il était admis que tamazight est une langue qui regroupe tous les parlers qui lui sont apparentés dont le kabyle. Si tel était le cas, a) nous ne serions pas devant des situations aussi absurdes que celle que je viens de décrire b) où est-elle ? Sommes-nous devant le cas du latin ou celui du vieux grec qui sont encore enseignés dans les écoles en tant que langues mortes ? Non ! Nous sommes plutôt devant le cas des langues germaniques ou celui des langues slaves. Elles se ressemblent entre elles sans qu’il y ait de langue étalon comme dans le cas des langues latines. Ainsi, quand on connait le danois, l’allemand, l’anglais ou le néerlandais, on est frappé par leurs saisissantes ressemblances, mais nulle ne se confond avec l’autre, avec sa sœur. Si, un jour, une langue amazighe unique a dû exister, nous n’en avons pas encore la preuve. Pour le moment, nous assistons à l’absence d’intercompréhension linguistique naturelle entre le mozabite et le touareg, le kabyle et le chleuh… Mais peut-on en créer une qui soit une langue standard entre Amazighs ?

3) Une langue artificielle est possible en tant que mort-née

Croire que la solution est dans la création volontariste d’une langue commune aux Berbères est une autre absurdité. Bien sûr que matériellement cela est possible, mais elle serait la langue de qui ? Dans « Algérie : la question kabyle », j’avais déjà évoqué l’impasse dans laquelle nous nous mettrions en essayant de créer une langue commune sur la base de celles qui existent. Dix langues berbères auront à donner chacune 10 % pour la bâtir. Au bout du compte, nous aurions comme résultat une langue étrangère à 90 % pour chacun de nous. Dans le même registre, nous pouvons méditer sur l’infortune de l’espéranto qui, au lieu de devenir la langue internationale pour toute l’humanité, arrive à peine, quarante ans après sa création, à n’avoir que quelques milliers de pratiquants. Par ailleurs, pourquoi faut-il créer une langue commune lorsque la nature et l’Histoire nous ont si bien dotés de langues aussi belles que les nôtres ? Qui a le courage de tuer sa langue pour une autre qu’il ne connait même pas ? En ce qui me concerne, ma langue, le kabyle est si vital pour moi que je n’accepterais pour rien au monde de la changer contre une autre. Pourquoi ?

4) Le kabyle est une langue et non une « variante » du berbère

Le kabyle est la langue du peuple kabyle au même titre que le touareg est celle du peuple touareg ; le néerlandais celle du peuple flamand. Le réduire à une simple « variante » de la langue berbère est une insulte envers nous-mêmes et envers l’humanité. C’est un racisme linguistique. Utiliser la notion de « variante » d’une langue, pour en caractériser une autre, est juste une manière d’éviter de blesser ses interlocuteurs. On use diplomatiquement du mot « variante » là ou les vocables « patois », « dialecte » et autres « sabirs » susciteraient de vives réactions d’indignation et de révolte. Mais, pour revenir au kabyle, que ses détracteurs dévalorisent à souhait, connaissez-vous un patois de dix millions de locuteurs ? Un non-sens !

Sans vouloir faire violence à la linguistique que certes je ne maîtrise pas autant qu’un linguiste, ma fréquentation du monde amazigh m’a montré que le kabyle ne se confond avec aucune autre langue amazighe. En dehors de quelques mots qui sont communs dans toute famille de langues, la langue kabyle a une morphologie, une grammaire et une lexicologie distinctes de ses sœurs. La Kabylie lui a donné son cachet et le peuple kabyle son âme, à nulle autre pareille.

Conclusion

Pour aller de l’avant vers son destin de liberté, le peuple kabyle a besoin de réhabiliter sa langue et son identité. Il ne s’agit pas pour nous de l’éloigner des autres amazighs, mais de cesser de le confondre avec eux, par respect pour chacun d’entre eux et pour lui-même. Mon intervention vise à larguer les amarres de mon peuple en nous souhaitant bon vent ! Le laisser là où il est, c’est le condamner à une mort certaine.

Pour que le peuple kabyle accède enfin à une nouvelle vie officielle, le détour par la linguistique pour en briser les obstacles était pour moi une nécessité.

Ferhat MEHENNI

Montréal, le 14 janvier 2010

Touareg du Mali : du conflit local à l’enjeu transnational


L’Algérie continue de s’impliquer dans sa profondeur stratégique
Touareg du Mali : du conflit local à l’enjeu transnational
19-01-2010
Par Louisa Aït Hamadouche
La Tribune Online

Le nord du Mali est secoué par un conflit entre Bamako et une guérilla touareg qui a augmenté en intensité depuis 2006. Mais le conflit date de l’indépendance du pays. Anne Saint-Girons rappelle que ce soit face au colonialisme français ou aux Etats indépendants malien et nigérien, les «hommes bleus» du Ténéré ont régulièrement pris les armes contre ceux qu’ils estiment être des envahisseurs et des oppresseurs. En 1914, les Touareg maliens sont les premiers à se révolter et à utiliser les armes contre l’administration coloniale française, considérée comme un asservissement. Les Touareg réclament «l’Organisation commune des régions sahariennes» (OCRS) correspondant à l’espace occupé et l’organisation d’un État. La France s’y opposa.

Le conflit au MaliAprès l’indépendance, l’administration et l’armée maliennes occupent les postes laissés par les administrateurs français, sans effacer l’impression d’oppression. Dès 1959, les Touareg se révoltent, et ne déposent les armes qu’en 1964. Les combats cessent, mais pas l’hostilité.
Très vite un fossé se creuse avec la région de Kidal qui reste une zone dangereuse, interdite aux touristes et fortement militarisée. D’ailleurs, Gao, ville mythique, capitale des Askias (chef religieux) au XVIe siècle est la septième région du Mali mais aussi comme le point de départ du conflit qui frappe la partie septentrionale de ce pays. L’ensemble de la région du Nord est traversé, depuis l’accession du Mali à l’indépendance, par des rébellions armées (1962-1964) que les différents gouvernements ont essayé d’enrayer en vain par la répression. Le mot «Touareg» est lui-même révélateur. Il s’agit d’un surnom venu de la langue arabe, les nomades se nommant entre eux «Kel Tamasheq» (littéralement, ceux qui ont pour langue le berbère tamasheq). Rappelons que le Nord-Mali correspond à l’espace géographique des trois régions économiques et administratives de Tombouctou, Gao et Kidal, soit près des deux tiers du territoire national avec environ 10% de la population du Mali. Au Mali-Nord, les populations blanches nomades du Sahara (Touareg et Maures) cohabitent avec les populations noires d’agriculteurs et d’éleveurs. Les nomades s’opposent à l’autorité centralisée des Etats qui personnifient des frontières intangibles, en totale contradiction avec leur mode de vie et leur culture. Le conflit s’est aggravé avec l’accumulation des frustrations nées de discriminations entre populations noires et nord-africaines et entre sédentaires et nomades.
Cet aspect relatif aux relations entre l’autorité centrale et les forces locales est mis en avant par Baba Dembélé et Boubacar Bâ qui étudient les conflits fonciers pastoraux et le manque de décentralisation. Pour eux, si les communes et les élus sont connus, leur rôle et leurs responsabilités dans le
développement local sont encore largement ignorés, surtout quand il s’agit de la sécurisation de l’accès au foncier rural et aux ressources naturelles locales. Concernant cet important élément de la vie économique et des distributions des richesses, les responsables locaux sont jugés, au mieux impuissants, au pire, complices des spoliations. Les deux chercheurs estiment que «la politisation excessive des élus locaux et les promesses électorales répétées et non tenues ont fortement contribué à la décrédibilisation de la décentralisation». Un exemple est donné à travers la région de Saré Seyni, où la taxation de la transhumance est particulièrement mal vécue par les éleveurs, car considérée comme le symbole d’une augmentation inacceptable des coûts de la transhumance qui les conduit chaque année du Delta vers les pâturages du Mema, au Nord. En fait, les communes sont perçues comme de nouveaux
prédateurs par les éleveurs qui versent dans l’incivilité.
Pour Awanekkinnan, l’insécurité latente dans le Nord a fini par créer des conflits entre ethnies du Mali et plus seulement entre rebelles touareg et militaires du gouvernement. Celui-ci annonce, d’ailleurs, sporadiquement avoir tué ou arrêté des membres d’une milice rebelle anti-touareg. Ce type de groupe s’est multiplié. Un exemple.
«Les fils de la terre», constitués d’une centaine de Peulhs et de Songhaïs, deux des autres ethnies représentées dans le Nord-Mali Ce groupe est dirigé par un ancien officier de l’armée et attaque régulièrement les Touareg.

Ramifications régionales du conflitLe conflit dans le nord du Mali dépasse les frontières de ce pays pour une multitude de raisons. Premièrement, la population touareg se trouve disséminée sur cinq Etats aux politiques différentes et aux relations changeantes. La communauté touareg compterait entre 1 à 1,5 million d’âmes éparpillées sur un territoire de quelque 2 million de kilomètres carrés occupés. Le Niger compte 7 à 800 000 Touareg, le Mali en abrite pour sa part près de 600 000, l’Algérie, 50 000 et la Libye 30 000. Aussi toute tension survenant au Mali -ou au Niger- a-t-elle des répercussions immédiates dans le pays voisin. Ce territoire reste extrêmement difficile à contrôler en raison de son immensité, des conditions de vie, de ses frontières passoires, de la facilité de mobilité, etc. De juteux trafics de cigarettes, de drogues, d’armes transitent par cette zone et alimentent l’instabilité.
Deuxièmement, les populations se déplacent. A partir de 1972, la sécheresse persistante qui s’installe dans le nord du Mali décime les troupeaux, source principale de subsistance des populations nomades. Appauvries, elles cherchent refuge dans les pays voisins, notamment l’Algérie et la Libye.
En Libye, les jeunes sont enrôlés dans la Légion islamique et reçoivent une formation militaire et idéologique. Mais la sécheresse n’est pas l’unique cause de ce regain de violence. Les analystes évoquent, en effet, deux autres raisons : le retour des jeunes exilés formés en Libye, qui avaient appris le métier des armes, et l’expulsion par l’Algérie d’environ 20 000 réfugiés. Certains de ces jeunes formeront les mouvements qui déclenchent les hostilités en juin 1990.
Pour des raisons évidentes, les combats font peur aux habitants de la région du Nord. La solution se trouve, parfois, dans la fuite vers les pays voisins. Le Burkina Faso en fait partie. Selon Lassina Fabrice Sanou du quotidien burkinabé le Pays, des civils touareg du Mali cherchent refuge au Burkina Faso. Ils seraient devenus indésirables dans leur pays, parce que des membres de leur communauté ont pris le maquis contre le régime en place. Bon nombre ont opté pour l’exil vers les pays voisins.
Entre mai et juin 2008, 900 réfugiés touareg sont ainsi arrivés au Burkina Faso, parmi lesquels 300 personnes –hommes, femmes et enfants– ont été logées dans un stade de la capitale, tandis que les autres sont restés à Djibo, près de la frontière avec le Mali. Selon l’un des réfugiés, Mohamed Alher Ag Abou, il y aurait même parmi eux des Nigériens, mais qui ne se sont pas encore déclarés comme tels.
Le Niger connaît une situation analogue à celle du Mali. Les réfugiés ont dû abandonner tous leurs biens, et surtout leurs troupeaux, pour se réfugier au Burkina Faso.

Le terrorisme dans l’équationLe troisième aspect de la régionalisation du conflit est d’ordre sécuritaire. L’ensemble des experts remarquent que la longue marginalisation du Ténéré des Kel Tamasheq est remise en cause par l’apparition d’enjeux géopolitiques nouveaux, à savoir la présence d’El Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et de l’armée américaine. Les responsables de l’Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement ont nié toute participation avec le groupe terroriste du GSPC et ont tenu à dénoncer «ceux qui ont tenté en vain de porter atteinte à leur intégrité morale en prétendant que les combattants touareg collaboraient avec des éléments du GSPC et ceux qui ont essayé d’utiliser la résistance armée touareg pour combattre les salafistes». Une manière, selon le mouvement, de se «débarrasser des uns et des autres».
D’ailleurs, des représentants du gouvernement malien et le mouvement touareg de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, ainsi que la médiation algérienne ont tenu en juillet 2009 une réunion à Bamako. C’était la première visite officielle des ex-rebelles touareg dans la capitale malienne. L’Alliance s’est engagée à coopérer avec le gouvernement malien en matière de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Les trois parties ont décidé de mettre en place une série de mesures destinées à renforcer le processus de paix dans le nord du Mali. Parmi les mesures décidées : la création d’unités spéciales de sécurité dans le nord du Mali.
Selon Awanekkinnan, les dirigeants de l’Alliance démocratique du 23 mai 2006 envisagent d’internationaliser leur conflit auprès des Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne et divers organismes mondiaux.
En se basant sur le droit international, le mouvement de l’Azawad voudrait soumettre un dossier comportant une demande d’appui de la communauté internationale à la revendication d’un «statut particulier» pour les territoires touareg, seul mécanisme, à leurs yeux, à garantir aux populations locales «la préservation de leur identité et d’assurer leur survie et leur développement socio-économique».

L’Algérie : priorité aux négociationsEn tant que peuple autochtone du Sahara, les Kel Tamacheq comptent également bénéficier de la reconnaissance internationale concernant leur liberté de circulation transfrontalière afin de pouvoir maintenir leurs liens ancestraux avec tous leurs territoires répartis entre plusieurs Etats (Mali, Niger, Libye, Algérie, Mauritanie, Burkina Faso) et leur garantir un «accès équitable aux ressources de leur terre et de leurs territoires». Un premier pas symbolique a été franchi avec le Conseil mondial amazigh (CMA), dont le président, Belkacem Lounes, a effectué une visite en 2008 dans la région touareg au nord du Mali pour rencontrer les dirigeants de l’Alliance démocratique. L’instabilité dans la région du Sahel a toujours constitué une préoccupation majeure pour l’Algérie. Les autorités algériennes ont toujours redouté des connexions entre les mouvements terroristes de l’ex-GSPC et les rebelles touareg. L’autre préoccupation de l’Algérie vient de la Libye. Considérant cette région comme sa zone d’influence, la Libye n’hésite pas à multiplier les initiatives différemment accueillies. L’une de ses initiatives a consisté à dépêcher, en 2008, une délégation de la Ligue populaire et sociale des tribus du Grand Sahara en vue d’une médiation de réconciliation entre les autorités du Mali et du Niger avec les rebellions touareg au nord de ces deux pays. Comme le souligne Youssouf Bâ, cette initiative mobilise des instruments de médiation fondés sur les rapports sociaux, culturels et civilisationnels. Ainsi la mission était-elle composée de chefs de tribus et notables de 15 pays issus de pays arabes et africains. Quoi qu’il en soit, l’Algérie a toujours posé deux conditions : premièrement, que les objectifs des Touareg ne soient pas liés à une revendication autonomiste ou sécessionniste ; deuxièmement, que les deux parties acceptent la médiation. A ce propos, Hassan Fagaga, le chef des Touareg qui avait, publiquement, exigé une large autonomie pour la région de Kidal, avait fait machine arrière et accepté la condition algérienne en 2006. Réunis à Alger, des dirigeants de l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC), réunissant différents groupes d’ex-rebelles touareg, ont appelé Bamako à appliquer strictement l’accord d’Alger, estimant que ses engagements n’ont pas été totalement tenus. Les participants ont demandé à l’Algérie d’intervenir auprès du gouvernement malien, tout en plaçant le gouvernement algérien devant ses responsabilités comme «garant de l’application de l’accord». Le mouvement de résistance note que seuls le désarmement et leur intégration dans l’administration ont été réalisés parmi tous les points exigés dans l’accord. D’autre part, le mouvement affirme que les combattants ont décidé de se retirer en dehors des zones habitées afin d’éviter les risques encourus par les populations civiles. Rappelons que l’accord d’Alger de juillet 2006 a été signé entre le gouvernement du Mali et l’ADC. Il prévoit, notamment, le développement des régions déshéritées du Nord malien, en grande partie désertique. Signé après l’insurrection de 2006, cet accord a fait suite à un dialogue entre les deux parties engagé avec l’appui de l’Algérie. Dès 2007, l’Algérie et le Mali ont mobilisé 1,15 milliard de F CFA (1,75 million d’euros) pour un fonds spécial dans le cadre de l’accord de paix signé, en 2006 à Alger, et prévoyant le développement des trois régions du nord du Mali (Tombouctou, Gao et Kidal). Le Mali a débloqué 650 millions de F CFA et l’Algérie 500 millions de F CFA. Cet accord faisait suite à l’insurrection commencée en mai 2006 après l’attaque des garnisons de Kidal et Ménaka par «l’Alliance démocratique pour le changement du 23 mai» (ADC). Sans prendre l’ampleur des crises précédentes, la médiation algérienne débouche, le 4 juillet 2006, sur les Accords d’Alger. Mais après un cessez-le-feu d’une année, des attaques et des enlèvements ont repris… Un nouvel accord d’arrêt du conflit est en gestation en juillet 2008. Toujours sous l’égide de l’Algérie, les deux parties en conflit avaient signé, en 1992, un «pacte national» prévoyant, notamment, des «mesures économiques et sociales» en faveur des populations touareg un volet de rattrapage de développement et un statut particulier (autonomie) pour la région de l’Azawad (Nord-Mali), le désarmement des combattants touareg et leur «intégration» dans les différents corps de sécurité et de l’administration de l’Etat. Mais, en 1994, la situation se détériore à nouveau et le Mouvement patriotique Ganda Koye (MPGK) voit le jour. Le MPGK réunit essentiellement des populations sédentaires du nord. Des négociations interethniques aboutissent à la signature des «accords de Bourem» en janvier 1995. Les différentes négociations débouchent, en 1996, sur la cérémonie de la «flamme de la Paix de Tombouctou» au cours de laquelle 3 000 armes sont brûlées pour marquer la volonté de tous les Maliens de vivre en paix. Les MFUA et le MPGK annoncent leur dissolution.

L. A. H.

Maurice Freund (Point Afrique) : « le tourisme comme arme pour la paix est plus que jamais d’actualité »


Trek Magazine - 19/01/10 Anthony Nicolazzi
Maurice Freund (Point Afrique) : « le tourisme comme arme pour la paix est plus que jamais d’actualité »
mardi 19 janvier 2010

[Le président de Point-Afrique, Maurice Freund, s’adresse directement à ses clients et aux voyageurs saharo-sahéliens dans la dernière newsletter de la coopérative, suite à plusieurs voyages effectués cet automne et cet hiver en Afrique. L’occasion de revenir sur les perspectives face aux prises d’otages et au développement du néo-fondamentalisme islamique.

Mali / Gao « Un ami de très longue date a fini, en mai 2009, par rejoindre A.Q.M.I (la branche maghrébine de Al Qaida). Nous nous devions de lever le pied et d’annuler Gao pour la saison 2009/2010. J’en souffre quotidiennement et un sentiment d’amertume m’habite. Une grande partie de la population devient complice de cette nouvelle gangrène. Nous avons perdu la bataille de Gao. Donc, évitons le nord pour le moment, et concentrons nos efforts sur le pays Dogon et le Massina. »

Mauritanie / Atar « Depuis quelques semaines, le gouvernement a sérieusement repris en main la sécurisation du pays. Si toutes les zones ne sont pas sans danger, la région de l’Adrar a été totalement revisitée. Tous les guides autorisés ont suivi des stages de formation pour en faire en quelque sorte des « agents auxiliaires » de la sécurité. Tous les guides ont été pourvus de balises Argos avec des fréquences adaptées. Les autorités connaissent tous nos lieux de campement, qui ont été repositionnés. En-dehors de la région de l’Adrar, les risques d’enlèvement ne sont pas exclus. Si le risque zéro n’existe nulle part, les efforts accomplis permettent d’être serein. »

Niger / Agadez « Depuis le 15 octobre, les « rebelles » ont déposé les armes.(…) La sécurité a été au cœur de toutes nos discussions. Sous réserve que nous puissions en garantir la sécurité, nous promettons de faire une série de quatre vols Marseille - Agadez. Nous proposons donc ces vols à nos abonnés à un prix de 250 euros hors taxes A/R (taxes : 97 euros). Les visas seront faits directement à Agadez.

Folie ou problème de conscience ? « C’est la question que je me pose de manière permanente ! Je sais que Point-Afrique sera condamné si nous nous exposons au moindre problème d’enlèvement. Depuis quelques mois, je me suis plus préoccupé de problèmes de sécurité que du fonctionnement même de mon entreprise. En toute honnêteté, à l’exception du nord Gao, les conditions de sécurité me paraissent acquises (sous réserve de ne pas faire n’importe quoi). Les populations locales mesurent les dangers de la gangrène A.Q.M.I... et sont nos alliées pour lutter contre ces déviations. Nous sommes leur espoir et, j’en ai la profonde conviction, leur dernier rempart avant que tout ne bascule. Je fréquente l’Afrique depuis plus de trente ans. Rien n’est perdu et la situation peut encore revenir à la normalité, à condition de ne pas lâcher. Oui, le tourisme comme arme pour la paix est plus que jamais une réalité. Demain, si nous levons le pied, toutes ces régions « s’afghaniseront » et deviendront le lit d’un terrorisme que nous ne saurons plus endiguer. Ce ne sont pas les quelques militaires américains - si imbus d’eux-mêmes dans les environs de Gao - qui rétabliront la paix. Les populations locales ne les supportent plus et les jeunes, un à un, rejoindront dans les montagnes les camps d’entraînement d’AQMI. Demain, le terrorisme sera à nos portes, et il sera trop tard. Faisons barrage à cette haine qui gronde. Nous avons fait tout ce qui était en notre possible pour vous assurer, dans ces zones surveillées, le maximum de sécurité.

CFDR Cordination des Forces pour la Démocratie et la République : DECLARATION DU 17 JANVIER 2010


Dimanche, 17 Janvier 2010 20:20


La crise politique survenue au Niger suite à la décision de Monsieur Mamadou Tandja de rester au pouvoir par la force a fait l’objet, on se souvient, d’un des points les plus importants de l’ordre du jour du sommet des chefs d’Etat des pays membres de la CEDEAO, tenu le 17 octobre 2009 à Abuja. Ce sommet a désigné le Général Abdulsalami Abubakar comme médiateur de la CEDEAO pour le Niger en vue d’instaurer un dialogue politique pour créer les conditions d’une sortie de crise consensuelle.
Ce Dialogue a débuté le 21 décembre 2009. Pendant les quelques rares séances plénières qui ont eu lieu, la délégation de la CFDR à ce dialogue a fait preuve de sérieux et de disponibilité. En revanche, la délégation du pouvoir a créé toutes sortes d’écueils, imposant au Médiateur de recourir à des suspensions répétées et des réunions restreintes. Les difficultés à fixer un ordre du jour consensuel ont fini par imposer au Médiateur de demander aux deux parties de faire, par écrit, leurs propositions de sortie de crise. Cette décision fut judicieuse, car elle permettait d’aller à l’essentiel tout en gagnant du temps.
Ainsi les deux parties déposèrent-elles leurs documents de propositions de sortie de crise, le samedi 26 décembre 2009.
Le document de la CFDR fait d’abord un rappel des faits survenus en 2009 qui démontre que le référendum du 4 août 2009 n’est rien moins qu’un coup de force institutionnel et que toutes les institutions qui en sont issues sont, par conséquent, illégales. Il démontre que la sixième République est juridiquement inexistante et que seule la constitution de la cinquième République existe légalement. Or la raison d’être de la CFDR est de lutter pour le retour à l’ordre constitutionnel normal, c’est-à-dire en l’espèce, forcément à la cinquième République. Mais le document poursuit en disant que malgré cela, le sens des responsabilités commande à la CFDR une approche consensuelle de sortie de crise, qui ne soit pas nécessairement ce qu’elle aurait voulu, si légitime soit-il.
Dans sa deuxième partie le document de la CFDR décline ses propositions de sortie de crise basées sur le principe de la mise en place d’un pouvoir consensuel de Transition dont le préalable est la fin de la sixième République et de toutes les institutions illégales qui la constituent. Ainsi doivent être mises en place des institutions consensuelles regroupant tous les Nigériens et dont les deux principales missions seraient de rédiger une nouvelle constitution consensuelle et d’organiser des élections présidentielles, législatives et locales inclusives. A travers ces propositions, la CFDR entend faire en sorte que, tout en conférant à la loi son autorité et au droit sa suprématie, notre pays renoue, au moyen d’un compromis absolument nécessaire, avec sa tradition d’institutions consensuelles et crédibles, gage de sa stabilité et de son développement.
Le mardi 29 décembre 2009, le Médiateur a convoqué une réunion restreinte des deux délégations. A cette occasion il les a informées du fait qu’il n’a pas encore achevé son document de synthèse, qu’il ne pourra, par conséquent, distribuer qu’à son retour du Nigeria, au début du mois de janvier 2010. Toutefois leur a-t-il demandé de bien vouloir envisager le principe d’un pouvoir de transition et les a convié à réfléchir, avant son retour, sur la durée de la Transition ainsi que des institutions qui en constitueront l’architecture.
A son retour d’Abuja il a demandé et obtenu le lundi 11janvier 2010, une audience auprès de Monsieur Tandja afin de s’assurer de son accord quant à ses propositions. Celui-ci n’a pas usé de circonvolutions pour lui dire qu’il ne consentira aucune concession et que rien ne peut s’envisager en dehors de la sixième République et de ses institutions.
Monsieur Tandja reprendra les mêmes propos, le mardi 12 janvier, dans son message des vœux aux institutions de la République. Il saisira d’ailleurs l’occasion pour demander aux citoyens de s’attacher la ceinture et de faire face avec « détermination » aux défis liés à la « refondation », eu égard aux difficultés financières en perspective. Il a, manifestement, oublié les assurances qu’il donnait aux citoyens, il n’y a pas si longtemps, selon lesquelles il dispose d’importantes quantités d’argent pour faire face à toutes les éventualités. Son porte-parole n’avait-il pas annoncé, à ce sujet, que le pays deviendra, sous trois (3) ans, rien moins que le Dubaï de l’Afrique ?
Le discours de Monsieur Tandja du 13 janvier, devant le corps diplomatique, est de la même veine patriotique, assorti de surcroît, de menaces à l’égard de ceux qui « s’ingèrent » dans les affaires intérieures du pays. Il semble que l’isolement diplomatique grave dans lequel il a confiné le pays ne lui suffit pas !
La cause est, donc, entendue. Cela n’est pas une surprise. Mamadou Tandja et ses zélateurs n’ont jamais fait mystère de leur hostilité au dialogue et de leur intention de ne lui donner aucune chance de réussir. Mais qu’il le dise, sans détour, au Médiateur et qu’il le répète, à l’occasion d’une cérémonie aussi solennelle, comporte l’avantage de la clarté.
Cela n’a, toutefois, pas empêché le Médiateur d’appeler, le jeudi 14 janvier les représentants des deux délégations, pour leur remettre le document de ses propositions de sortie de crise. Il leur a fait part de son intention de quitter le Niger pour quelques jours et leur a demandé de lui faire parvenir leurs observations respectives avant le 26 janvier, tout en
promettant que le dialogue reprendra, éventuellement, le 3 février prochain.
Mais, dans la mesure où ces propositions du Médiateur sont articulées autour de l’idée d’un gouvernement intérimaire d’union nationale et d’un pouvoir de transition, en vue d’organiser des élections générales à une date à déterminer au cours du Dialogue, postulant de fait la fin de la sixième République, l’on n’a pas besoin d’être devin pour savoir ce qu’en pense Monsieur Tandja.
La CFDR, comme à son habitude, enverra au Médiateur ses propositions, après une réflexion responsable. Toutefois, elle considère que les Nigériens ne doivent se faire aucune illusion quant à l’issue de ce Dialogue, qui n’a, en vérité, jamais eu lieu.
C’est pourquoi la CFDR demande à ses militants et à tous les démocrates de se préparer pour une lutte résolue et déterminée, afin de faire échec au projet de Monsieur Tandja d’exposer les Nigériens à la détresse et aux souffrances, juste pour que lui et les siens continuent, tels des sangsues, à parasiter notre pays.
Dans son discours des vœux aux institutions de la République, Monsieur Tandja a fait un aveu de taille, car plus que quiconque, lui, sait ce qu’il en coûtera au pays de se priver des concours financiers de ses principaux partenaires. En effet c’est une enveloppe de près de mille milliards de francs, sur les cinq années à venir, qui sera compromise. Or, elle représente l’essentiel des investissements publics de l’Etat, dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des infrastructures routières et hydrauliques, du développement rural et de la lutte contre la pauvreté. Certaines rubriques de sa composante « appui budgétaire » sont, même, destinées à payer des salaires.
Par ailleurs, la CFDR réaffirme à tous ses militants et à tous les Nigériens que son objectif unique pour lequel elle se bat est de restaurer la démocratie. Jamais, elle ne transigera cet objectif, pour quelque motif que ce soit ; surtout pas, le motif du pouvoir pour le pouvoir. Du reste, bien des partis composant la CFDR étaient au pouvoir, dans des positions notables pour certains, quand ils l’avaient quitté, au nom de la Démocratie.
La CFDR prend à témoin l’opinion nationale et internationale du fait, qu’outre d’avoir été l’unique responsable de la crise dans laquelle il a engagé notre pays, Mamadou Tandja, par son obstination, son autisme et le peu de souci qu’il a pour la paix et la stabilité du pays, est l’unique responsable de l’échec du Dialogue voulu par la communauté internationale et soutenu par la grande majorité des Nigériens.
Au lendemain de l’Accord historique que viennent de signer les acteurs guinéens, sous l’égide de la médiation de la CEDEAO, comment ne pas rendre hommage au Général Sékouba Konaté, âgé seulement de 45 ans, pour son patriotisme et son sens élevé de l’honneur et plaindre Mamadou Tandja, qui, à 72 ans et après 10 années de pouvoir acquis démocratiquement, est déterminé à s’accrocher, même au risque du pire.
La CFDR exhorte tous les Nigériens à une grande mobilisation en vue de mettre fin à cette aventure dangereuse, aux desseins funestes.
Enfin la CFDR exprime sa compassion au peuple frère d’Haïti endeuillé par le tremblement de terre du 12 janvier 2010 et lance par la même occasion un appel à la solidarité à l’ensemble du peuple nigérien en ces circonstances particulièrement difficiles.

Vive la CFDR
Vive la Démocratie
Vive le Niger

Niamey le 17 janvier 2010

lundi 18 janvier 2010

Terrorisme : dans le piège d'Al-Qaïda



Dans la vieille ville de Sanaa, au Yémen
© AFP


18/01/2010 15:14:52 |Jeune Afrique |
Par : Patrick Seale Terrorisme : dans le piège d'Al-Qaïda


Afghanistan, Pakistan, Irak et, maintenant, Yémen et Somalie... la guerre contre les djihadistes ne cesse de s’étendre. Or non seulement elle est inefficace, mais elle fait le jeu des extrémistes.


La guerre de Barack Obama contre Al-Qaïda prend des proportions impressionnantes. Entamée en Afghanistan, elle s’est d’abord propagée aux régions tribales du Pakistan puis, plus récemment, au Yémen et en Somalie, avec quelques incursions en Afrique subsaharienne. Ces territoires ont plusieurs caractéristiques communes : ils sont musulmans, tribaux et pauvres. Alourdies par une logistique encombrante, les armées occidentales sont désavantagées par rapport aux combattants tribaux, plus légèrement armés et qui se fondent facilement dans la population civile.

Comme l’a montré la tentative d’attentat d’un jeune Nigérian contre un avion de ligne américain, le 25 décembre dernier, Al-Qaïda constitue toujours une menace pour les États-Unis. Il est tout aussi évident que Barack Obama doit faire la guerre à ces extrémistes. L’opinion américaine et son devoir de chef des armées l’exigent.

Mais cela est plus facile à dire qu’à faire. Pour de nombreux experts, la stratégie d’Al-Qaïda consiste, justement, à provoquer les Occidentaux pour qu’ils attaquent les pays musulmans, à commettre contre eux des actes terroristes pour les entraîner dans des guerres qu’ils ne peuvent pas gagner. Si cette analyse est exacte, le 11 septembre 2001 aura été un énorme piège – le plus grand de tous, puisqu’il a poussé les États-Unis à intervenir en Afghanistan, puis en Irak. Ces campagnes catastrophiques, leur coût matériel et humain, ont mené les États-Unis à une faillite financière et morale. Loin d’affaiblir Al-Qaïda, chaque raid meurtrier sur un village exacerbe le sentiment antiaméricain et incite de nouvelles recrues à rejoindre les rangs de cette organisation, surtout quand il y a des victimes civiles, ce qui est toujours le cas.

On peut se demander, dans ces conditions, si l’emploi de la force est le meilleur moyen de triompher d’un ennemi dangereux, si les chances de victoire passent par le déploiement de troupes supplémentaires en Afghanistan, par des opérations des forces spéciales américaines et par des tirs de missiles. Ne devrait-on pas privilégier d’autres solutions, économiques et politiques, pour isoler et neutraliser les combattants d’Al-Qaïda, dont le nombre – quelques centaines seulement, estiment les spécialistes – est en augmentation ?

Islam et codes tribaux
Dans de telles guerres, deux facteurs jouent un rôle mobilisateur et contribuent à faire basculer des hommes dans l’extrémisme. D’abord, la conviction qu’ils doivent défendre l’islam contre l’agression d’« infidèles ». Ensuite, leur obéissance à un code tribal qui exige, entre autres, de se venger de toute attaque extérieure. En Afghanistan, au Pakistan, au Yémen et en Somalie, les traditions restent très prégnantes. La loyauté à la tribu ou au clan prime le sentiment national. Chercher à imposer un modèle de société occidental à de tels pays par la force des armes est donc voué à l’échec.

Sur la chaîne de télévision Al-Jazira, Abou Bakr al-Kourbi, le ministre yéménite des Affaires étrangères, a fait savoir sans ambages que son pays ne voulait pas d’une intervention étrangère, mais qu’il avait besoin d’aide économique et de matériel militaire. Les attaques aériennes américaines déstabilisent et discréditent le gouvernement yéménite en le faisant passer pour un larbin de Washington. Elles produisent le même effet au Pakistan.

Selon Gregory Johnsen, spécialiste du Yémen à l’université américaine de Princeton, « les frappes militaires doivent intervenir à la fin du processus, lorsque Al-Qaïda aura été isolé, coupé de la population, et que sa rhétorique aura été discréditée, et non pas au début du processus, alors que ses membres sont toujours perçus comme des personnes pieuses qui défendent leur foi. » Il faut, prévient Johnsen, se garder d’assimiler tout musulman rigoriste à un membre d’Al-Qaïda. « Si l’on veut élargir la guerre et prendre toutes ces personnes pour cible en les mettant dans le même sac, on s’expose à une guerre interminable, car on sera obligé de se battre contre beaucoup trop de monde, au Yémen. » Avant de passer à l’offensive, conclut l’analyste, il faut que les États-Unis définissent le plus précisément possible qui appartient à Al-Qaïda, et cela au sens le plus étroit du terme. Son idée fondamentale est que l’approche militaire doit s’accompagner d’une aide au développement, puisque ce sont la pauvreté, le chômage, la corruption des gouvernements et le désespoir généralisé qui poussent les jeunes à prendre les armes contre les États-Unis et leurs alliés.

Privilégier l'issue politique
Des conférences internationales doivent se tenir à Londres, le 28 janvier, pour examiner la situation de l’Afghanistan et du Yémen. La lutte contre le terrorisme sera sans nul doute au cœur des débats. Il serait peut-être plus sage de donner la priorité à une issue politique à ces conflits. En Afghanistan et au Yémen, la médiation d’influents voisins ou de personnalités respectées, comme Lakhdar Brahimi, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, pourrait aider à aboutir à un cessez-le-feu, ce qui créerait les conditions pour aplanir les différends.

La guerre du président Obama contre Al-Qaïda monte en puissance, entraînant chaque jour un peu plus les États-Unis dans un bourbier. En Afghanistan comme au Yémen, il faut une thérapie politique de choc, pas un choc des armes. Obama doit changer de toute urgence l’image des États-Unis dans le monde musulman pour qu’elle ne soit plus celle d’un ennemi, mais celle d’un partenaire. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il y a un an, c’est exactement ce qu’il avait essayé de faire. Mais comme George W. Bush avant lui, il est tombé dans le piège d’Al-Qaïda.

Guinée Conakry: Vers l’organisation d’élections libres



© apanews.net
Blaise Compaoré entre Sekouba Konaté en tenue (le président par intérim) et Dadis Camara (le président déchu)


Guinée Conakry: Vers l’organisation d’élections libres
Par Luidor Nono - 18/01/2010
Après des jours d’intenses tractations, le Capitaine Dadis Camara accepte de rester en exil au Burkina Faso



C’est la conclusion à laquelle sont parvenues les parties en présence impliquées dans la crise guinéenne, dont le paroxysme avait été la tentative d’assassinat de Dadis Camara. Le chef de la junte blessé par balle à la tête avait été évacué vers le Maroc où il avait reçu des soins adéquats. Ces derniers temps son retour sur la scène internationale avait réveillé les démons de l’instabilité politique à Conakry. Le médiateur Blaise Compaoré du Burkina Faso avait alors repris les rênes des négociations entre les différentes forces en présence à Ouagadougou.

Dadis Camara a été débarqué à Ouagadougou pour y poursuivre sa convalescence. Pendant ce temps le Président intérimaire Sekouba Konaté y a été dépêché. Autour d’une table, ils ont discuté. La communauté internationale souhaitait ardemment le maintien en exil au Burkina de Dadis Camara. Ce qui a été obtenu. Par ailleurs le Président par intérim a été chargé d’organiser dans les six mois à venir des élections libres. Elles auraient dû se tenir en ce mois de janvier 2010 si le pays avait été stable.

Vers un retour à la paix ?
Dans six mois donc, les Guinéens devraient être convoqués pour élire un nouveau président. Le Chef de la junte déchu affirme dans une allocution avoir signé cette sortie de crise en pleine confiance tout en restant disponible pour apporter sa contribution aux acteurs de la transition. Son maintien en exil fait ainsi échec à une partie de ses lieutenants qui souhaitaient son retour en terre guinéenne. Acteur de premier plan de la transition, le Président Konaté continue son mandat. Il doit désormais procéder la plus rapidement possible à la nomination d’un Premier ministre de la transition. En effet, l’accord de Ouagadougou prévoit la création d'un conseil national de transition et la mise en place d'un gouvernement d'union dirigé par un Premier ministre, président du Conseil des ministres, issu des Forces vives (opposition, syndicats et société civile) et l'organisation d'élections «dans six mois».

Les Force vives qui ne se sont pas toujours entendus sur un nom commun, redoutaient depuis quelques jours la proximité de Dadis Camara. La tension était montée d’un cran dans les rues de Conakry lorsqu’un collectif de militaire avait réclamé à la télévision guinéenne le retour du Capitaine déchu.

Le terrorisme à la Une de la presse mauritanienne


L'actualité
Le terrorisme à la Une de la presse mauritanienne
Date : 17/01/2010 à 13:27:55

Nouakchott (PANA via Mauritanie-web)- La presse parue à Nouakchott cette semaine a consacré le plus gros de ses titres au terrorisme islamiste qui frappe ce pays et toute la sous région sahélo-saharienne, avec, récemment, des rapts d'occidentaux en Mauritanie et au Mali, suivis d'une mini tournée dans la sous région du ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini.

Le quotidien « Biladi » du mercredi 13 janvier annonce à la « une imminente ouverture de dialogue entre pouvoir et islamistes ». Ainsi, rapporte le même organe « le président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait décidé d'explorer une autre voie que celle de la répression » dans le traitement du dossier des extrémistes islamistes et prévoit « un dialogue avec les détenus salafistes » présumés, membres de la nébuleuse Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) à laquelle sont attribués les derniers rapts.

Le même organe semble remettre en question l'idée de la présence, au Nord Mali, des 3 espagnols victimes de rapt le 29 novembre dernier, s'interrogeant : «Et si les otages espagnols se trouvaient encore en Mauritanie », à la faveur de « certaines sources algériennes qui continuent d'évoquer l'hypothèse que les otages espagnols soient présents en territoire mauritanien ».

Pour sa part, le quotidien « Rénovateur » du mercredi 13 janvier pose la question de savoir « s'il faut négocier avec les salafistes » et remarque au passage que « le pouvoir n'exclut pas le dialogue», expliquant toutefois que, « face à la menace dangereuse du terrorisme » qui frappe la Mauritanie depuis prés de 5 ans, le président de la République « prend conscience que toutes les guerres dans le monde (menées par les grandes puissances occidentales) n'ont pu stopper le phénomène ».

D'où l'obligation de « tâter le terrain de la négociation avec les cellules dormantes».

Parlant de la position des autorités religieuses, le «Rénovateur » ajoute qu'elles sont pour "le pardon, si les salafistes renoncent au fanatisme et à la violence ».

Le quotidien « l'Authentique » du jeudi 14 janvier publie les témoignages d'anciennes victimes de rapts sous la manchette «Comment Al Qaida traite ses otages », s'inspirant d'un article paru dans le quotidien espagnol « El Pais».

Le premier tableau brossé sur la vie de ces «prisonniers d'un genre bien particulier, fait ressortir un environnement fait de « chaleur et fraîcheur, scorpions et serpents, parfois de manque cruel de nourriture", non sans mettre un nom sur certains visages d'otages, tels Gabriel Barko (d'origine suisse), Alicia et Albert Roki (espagnols), Edwin Dear (anglais), etc
Chronologie du Nigeria (1960-2010)
L EXPRESS.fr
Par Catherine Gouëset, publié le 15/01/2010 à 10:00 - mis à jour le 15/01/2010


1960 : ancienne colonie britannique, le Nigeria accède à l'indépendance.
1966 : un coup d'Etat impose au pouvoir le général Ironsi, un Ibo ; son assassinat quelques mois plus tard déclenche des émeutes interethniques.
1967-1970 : guerre du Biafra déclenchée par la sécession des Ibo de l'est du pays. La guerre fait plus d'un million de morts.
1973-1985 : succession de coups d'Etats militaires.
1985 : dictature du général Ibrahim Babangida.
1993 : annulation par l'armée de l'élection présidentielle remportée en juin par Moshood Abiola. En novembre, le général Sani Abacha prend le pouvoir et interdit l'opposition.
1994 : Moshood Abiola est arrêté.
1995 : l'écrivain Ken Saro-Wiwa qui milite contre l'exploitation pétrolière dans le Delta du Niger destructrice de l'habitat de la population Ogoni, est exécuté, avec huit autres responsables ogoni au terme d'un procès inique. Le Nigeria est exclu du Commonwealth.
1998 : Moshood Abiola meurt en prison.
1999 : retour à la démocratie ; Olusegun Obasanjo est élu président.
Octobre 2000 : l'adoption de la charia, la loi islamique, dans plusieurs états du nord, entraîne des émeutes entre chrétiens et musulmans qui font plusieurs centaines de victimes.
Septembre 2001 : des affrontements intercommunautaires dans le centre du pays font plusieurs centaines de morts.
Janvier 2002 : l'explosion d'un dépôt de munitions à Lagos, la capitale, fait plus de 600 morts et des milliers de disparus.
Novembre 2002 : des affrontements entre chrétiens et musulmans font près de 220 morts à Kaduna (nord)
Avril 2003 : Olusegun Obasanjo est réélu avec 61% des suffrages. L'opposition et les observateurs mettent en doute la régularité du scrutin. Son parti remporte les législatives.
Mai 2004 : l'attaque, par des miliciens chrétiens d'un village d'agriculteurs musulmans situé à l'ouest de la capitale Abuja entraîne des affrontements qui causent la mort de 630 personnes.
Septembre-octobre 2004 : un mouvement rebelle du Delta du Niger menace l'Etat d'une guerre totale.
Juin 2006 : accord entre le Nigeria et le Cameroun et sur la souveraineté de la péninsule de Bakassi. En octobre 2002, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye avait attribué au Cameroun la souveraineté sur cette péninsule riche en pétrole.
Octobre 2006 : les installations du groupe anglo-néerlandais Shell dont le Delta du Niger font l'objet d'attaques et de prises d'otages par les mouvements rebelles.
Avril 2007 : Umaru Yar'Adua, candidat du parti au pouvoir (Parti démocratique du Peuple, PDP) remporte l'élection présidentielle. les élections présidentielle et législatives ont lieu dans un climat de violence (au moins 200 morts).

2008
Juin : le président Yar'Adua annonce que le groupe pétrolier Shell quittera le pays Ogoni, dans la région du delta du Niger, d'ici à la fin de l'année.
Août 2008 : le Nigeria remet la péninsule de Bakassi au Cameroun, conformément à l'accord conclu en juin 2006.
Septembre : une opération militaire contre le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (Mend) provoque un regain de violence dans la région.
Novembre : des violences interconfessionnelles engendrées par la contestation d'une élection locale font au moins 200 morts dans la ville de Jos, dans le centre du pays.

2009
Mai : l'armée et la police lancent une vaste offensive contre les groupes rebelles du delta. Le Mend déclare une guerre totale.
Ouverture du procès contre Shell, dans le cadre de la mort par pendaison en 1995 de l'activiste Ken Saro-Wiwa devant la cour fédérale américaine de New York.
Juin : publication d'un rapport d'Amnesty International selon lequel la pollution du delta du Niger a privé des dizaines de millions de personnes de leur droit le plus élémentaire à la nourriture, l'eau et la santé.
Juillet : la libération d'un des chefs du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, Henry Okah est suivie d'une trêve.
L'attaque d'un poste de police dans l'Etat de Bauchi, au nord du pays, par des islamistes, appelés Boko Haram en langue haoussa, provoque des affrontements avec les forces de l'ordre, qui s'étendent aux Etats voisins. Plus de 600 personnes sont tuées en cinq jours de combats.
Août : le gouvernement propose une amnistie aux insurgés du Delta du Niger qui déposeraient les armes.
Novembre : le chef de l'Etat Umaru Yar'Adua quitte le pays pour être hospitalisé d'urgence en Arabie saoudite. Son absence prolongée inquiète le pays.

2010
Janvier : la Haute Cour fédérale ordonne au vice-président Goodluck Jonathan d'exercer les pouvoirs du president Umaru Yar'Adua, hospitalisé depuis le 23 novembre en Arabie saoudite, jusqu'à son retour.