jeudi 15 mai 2014

Cannes 2014 : le réalisateur de Timbuktu fond en larmes

Le réalisateur de <i>Timbuktu</i>, Abderrahmane Sissako, n'a pu retenir ses larmes devant les journalistes.
Le long métrage a reçu un accueil aussi chaleureux qu'inattendu sur la Croisette. Son réalisateur, Abderrahmane Sissako, n'a pu contenir son émotion devant les journalistes, qui l'ont vivement applaudi.
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«Les raisons de faire un film sont toujours multiples», affirmeAbderrahmane Sissako. Les raisons de l'aimer également. Le réalisateur mauritanien a surpris les spectateurs cannois, mardi, avec Timbuktu, un film au regard juste et aux acteurs touchants. Mercredi, l'équipe s'est prêté au jeu de la conférence de presse. Exercice pas si facile pour de nombreux acteurs qui tiennent leur premier rôle dans le film, et un moment délicat pour le réalisateur lui-même, qui s'est laissé submerger par l'émotion.
Parmi les multiples motivations du film, une en particulier a pris le dessus: la lapidation à mort d'un couple non marié, survenue quelques mois auparavant. «Ce n'est pas pour ça que j'ai fait le film, mais parce qu'on n'en n'a pas parlé», lâche le réalisateur. Un silence insupportable à une époque où «un nouveau téléphone portable qui sort, c'est tout la presse qui va en parler», et une preuve, pour lui, que l'on «devient indifférent à l'horreur». Il décide de faire un film pour «raconter un peu aux gens ce qui se passe là-bas».
En résulte un long métrage où la gravité et la violence des scènes laisse de la place à l'humour et la dérision. Interrogé sur ce point, Abderrahmane Sissako rappelle que «dans une personne, il y a le mal, mais aussi le bien». «Je pense que c'est bien de se dire que le djihadiste est un peu comme nous, que celui qui maltraite peut douter.» Une phrase lourde de sens pour le réalisateur. Soudain, au moment d'évoquer «l'humanité» du juge qui condamne à mort mais exprime sa peine, la voix d'Abderrahmane Sissako s'étrangle. Ce qui est d'abord pris comme un temps de réflexion se révèle être un moment d'intense émotion que le cinéaste ne parvient pas à surmonter.

Applaudissements chaleureux

Dans la salle, la surprise laisse place au soutien. «Il est très beau votre film», entend-on depuis l'assistance. «C'est très beau.» L'actrice Toulou Kiki ne tarde pas à verser une larme elle aussi. Devant l'impuissance de l'équipe du film, les journalistes se mettent à applaudir chaudement les acteurs et leur réalisateur.
Abderrahmane Sissako reprend tant bien que mal ses esprits. Il évoque la culture qui s'exprime dans le film à travers une phrase: «Ce que je n'ai pas dit, tu le sais déjà.» «C'est une belle phrase pour dire je t'aime», souligne celui qui fait du cinéma comme il parle le français: «avec un accent». Et de rappeler que «l'accent, c'est l'éducation, c'est la pudeur». Une pudeur qui l'a poussé à «éviter de montrer l'horreur», parce que «c'est facile, et dangereux à la fois». Cette cohérence du bien et du mal séduit les journalistes. Reste à savoir s'il en sera de même pour le jury.

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