DERNIÈRE LIGNE DROITE AVANT LES NÉGOCIATIONS AVEC LE GOUVERNEMENT MALIEN Des touaregs de l'Azawad attendus en Algérie
Les concertations entre différents groupes touaregs en vue des négociations avec le gouvernement du Mali sont entamées et se poursuivent actuellement en vue de la rencontre d'Alger sur laquelle les différentes parties reposent un grand espoir.
Nous apprenons, de source locale, que des concertations sont en cours dans la ville de Kidal, au nord du Mali, entre les cadres et membres du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et ses courants politiques.
Quant au Haut conseil pour l'Unité de l'Azawad (HCUA), il tiendrait sa rencontre mi-mai dans la même région, ajoute notre source.
Les premiers responsables de ce mouvement préparent également activement la rencontre d'Alger et travaillent activement sur une feuille de route politique qui prendrait en compte les préoccupations du moment, selon des responsables de l'aile politique de ce mouvement.
Nous apprenons également, de sources locales, que le MNLA et le HCUA tiennent respectivement des rencontres à Kidal (Adrar des Iforas) en cette fin avril.
Autrement dit, il s'agit de rencontres entre membres d'un même mouvement et la tenue, après, de rencontres entre différents mouvements, le tout en vue de la rencontre d'Alger qui prépare des négociations entre les mouvements touaregs et le gouvernement malien.
Ces rencontres se tiennent dans une situation tendue à Kidal, car il y a seulement quelques jours dans cette ville, une voiture de la Minusma (Mission des Nations Unies au Mali) a sauté sur mine et plusieurs soldats des Nations unies ont été blessés gravement, nous dira une source locale.
«La population de la capitale de l'Adrar des Iforas a peur qu'il y ait des attentats terroristes pour perturber ces rencontres», indique cette source.
Ces concertations ont pour but d'unifier les rangs en vue des négociations et de fixer des revendications dans lesquelles se reconnaîtront tous les touaregs du Mali, est-il précisé par cette source.
«Il s'agit également d'évaluer la situation et de faire dans l'autocritique pour avancer et tenter de trouver des solutions aux querelles internes qui minent chaque organisation, en particulier le MNLA», selon notre source.
«Ce dernier risque un éclatement s'il ne trouve pas lors de cette rencontre de Kidal une nouvelle cohésion militaire et politique, cohésion qu'il avait perdue depuis la signature de l'accord bâclé de Ouagadougou en juin 2013», selon un des cadres du Mouvement national de libération de l'Azawad.
Des commissions techniques mobilisées Des commissions techniques travaillent déjà depuis plusieurs jours pour présenter un projet aux assemblées présentes dans la ville de Kidal, avec débats critiques sur la représentativité des mouvements au niveau politique et militaire pour dépasser les divergences.
«Il s'agit de s'entendre sur un repère, sur un cap politique plus cohérent qui permette à ceux qui sont sur le terrain de se retrouver et de coordonner leurs efforts en vue d'arriver à une solution à même de garantir les droits légitimes des touaregs de ce pays», nous explique ce cadre du MNLA.
«Cela est plus que nécessaire aussi pour les pays impliqués dans ce processus pour permettre à ces derniers de réfléchir aux solutions. Ce qui n'est pas le cas actuellement», ajoute notre source.
«Il y a une grande déception des sympathisants. Il faut être en mesure de corriger les erreurs. Je ne pense pas que toutes les solutions soient trouvées aux querelles internes qui sont devenues profondes lors de cette rencontre de Kidal. Il y aurait plus du technique que du politique. Ce qui serait une grosse erreur de la part des Mouvements. Il ne faut pas perdre de vue le fait que le MNLA est constitué et est assis sur des courants militaires et politiques autonomes. Chaque courant veut que ses priorités soient prises en compte, et dans le cas contraire, il pourrait faire défection. Ce qui n'est pas une bonne chose pour l'existence militaire et politique de ce mouvement», est-il encore expliqué par ce cadre du MNLA. Il s'agit pour les mouvements présents à Kidal d'entamer une réflexion sur les futures négociations.
«Cela signifie qu'il faut commencer à travailler sérieusement sur un projet de revendications cohérent. Un projet politique qui pourrait être revu et corrigé lors de la prochaine rencontre prévue en Algérie», ajoute-t-il.
Des responsables politiques touaregs se rencontrent en Algérie Certains responsables politiques des mouvements touaregs ont séjourné en Algérie début avril pour aborder toutes ces questions difficiles avec les autorités algériennes, nous confie cette source.
Il s'agit de préparer d'autres rencontres en Algérie également entre des représentants des Mouvements du nord malien avec pour but de travailler et de valider un document politique qui serait la base des futures négociations avec le gouvernement malien, avons-nous appris auprès de ce cadre du mouvement national de libération de l'Azawad.
«Ce projet de revendications va se préparer avec l'ensemble des représentants des Mouvements dans les prochaines semaines. Il s'agit d'amener les mouvements de parler d'une seule voix pour permettre d'élaborer un document commun de revendications. Ce qui n'est pas le cas en ce moment», ajoute-t-il.
«Le ministère algérien des Affaires étrangères aura un grand rôle à jouer. D'ailleurs, c'est le souhait exprimé au ministre algérien des Affaires étrangères par les ministres du Sahel qui s'étaient réunis à Alger récemment d'aider ces mouvements à fusionner et surtout de les assister pour leur permettre d'avoir une plateforme commune de revendications politiques et sécuritaires. Si cela se réalise, on pourra aller vers les négociations dans quelques mois avec le gouvernement malien. Pour cela, les mouvements doivent se préparer très sérieusement à ces négociations avec le pouvoir malien pour tenter de faire ressortir les souhaits réels des populations qui sont restées trop longtemps dans l'asphyxie», note-t-il, en recommandant de trouver des responsables politiques et militaires touaregs expérimentés pour représenter les mouvements et éviter des dissensions et des éclatements plus profonds.
«On peut dire aujourd'hui que les futures négociations politiques sont suspendues aux conclusions qui sortiront des prochaines rencontres prévues en Algérie entre représentants des mouvements», lance-t-il.
Il s'agit, estiment des cadres de mouvements touaregs, de «la dernière ligne droite» avant l'ouverture de ce dialogue entre mouvements de l'Azawad et le gouvernement malien. Le nouveau ministre malien de la Réconciliation, Zahabi, et le nouveau «Monsieur dialogue» désigné récemment par le président malien ne cessent de dire «haut et fort» tous les deux qu'ils attendent ce qui pourrait sortir des prochaines rencontres en Algérie pour décider d'un calendrier et des conditions pour engager des négociations directes avec les mouvements touaregs.
«Pour éviter toute impasse à ces futures négociations avec l'aide de la médiation en cours, la communauté internationale officielle très impliquée au Sahel et en particulier au Mali doit jouer pleinement et concrètement son rôle auprès des parties en conflit (en particulier la France, les USA et l’ONU)», dira ce cadre du MNLA, ajoutant qu'«il y a une grande opportunité pour le président malien IBK et pour la communauté internationale officielle et les pays de la région de trouver une vraie solution politique, une solution définitive à l'équation touarègue».
M. A.
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