lundi 3 juin 2013

RFI/A la Une: le Niger sous tension



Une vingtaine de détenus qui se mutinent et qui s’évadent de la prison de Niamey, samedi, dont plusieurs terroristes. Plusieurs gardiens tués. Sans doute des complicités extérieures qui ont permis d’introduire au moins une arme… Cela commence à faire beaucoup après les deux attentats-suicide d’il y a 10 jours à Arlit et Agadez. « Le Niger dans la tourmente », s’exclameL’Observateur Paalga à Ouagadougou. « Après les attaques du 23 mai et du 1er juin, pratiquement coup sur coup, y a-t-il des raisons de craindre que le Niger, l’un des pays les plus grands et les plus pauvres d'Afrique et dont le contrôle de l’espace par les autorités n'est pas sûr, tangue à son tour après le Mali ? », s’interroge le quotidien burkinabè. « Toujours est-il que son environnement géographique l’expose fortement, relève le journal : il est entouré non seulement du Nigeria, où sévit Boko Haram, du Mali, des cellules résiduelles d’Aqmi, du Mujao, d’Ansar Dine mais aussi et surtout de l’Algérie de Moktar Belmoctar, des Signataires par le sang, sans oublier la Libye, dont le sud-est devenu un sanctuaire de repli des jihadistes maliens.»
Pour Le Pays au Burkina, les pays de la région doivent se serrer les coudes… « Cette énième attaque vient rappeler aux Etats de la bande sahélo-saharienne qu’il est plus que jamais temps de saisir le taureau par les cornes, en livrant une guerre tous azimuts contre les djihadistes ; ces ennemis de Dieu qui s’ignorent et qui croient avoir reçu du Ciel le droit de vie ou de mort sur les autres. Il faut aider le soldat Issoufou qui, malgré les efforts consentis en matière de lutte contre l’insécurité, n’en est pas moins durement éprouvé par les fous d’Allah. (…) Face à un ennemi commun invisible, seule vaut une synergie d’actions. Tous les pays africains doivent faire leur la lutte contre le terrorisme (…). »
« Alors qu’on croyait en finir avec le terrorisme au Sahel avec la fin de la guerre au Mali, le Niger s’invite dans le débat », déplore La Nouvelle Tribune au Bénin. « On a l’impression que l’opération Serval (menée par la France au Mali) n’a fait que déplacer le péril 'terroriste'. Que les terroristes ont échappé aux bombardements des Rafale et Mirage Français pour se mette à l’abri au Niger, autre terre propice où ils ont commencé à se réorganiser. La guerre contre le terrorisme n’est pas encore gagnée dans le Sahel. » Et La Nouvelle Tribune de s’interroger : «La France et les pays engagés au Mali n’ont-ils pas mesuré cette dimension de la guerre ? Ont-ils pensé aux effets collatéraux ? Depuis que Kadhafi est mort, l’arsenal de guerre du tyran est tombé dans de mauvaises mains, constate encore le quotidien béninois. Et les conséquences risquent d’être désastreuses pour tous les pays de la sous-région. »
La Côte d’Ivoire aussi ?
En effet, l’inquiétude s’étend, notamment en Côte d’Ivoire… « Outre le Niger, d’autres pays qui participent à l’opération de libération du Mali des mains des islamistes seraient dans le viseur des intégristes musulmans, relève le quotidien ivoirien Nord Sud . Initialement, l’on parlait du Tchad ou de la Mauritanie. Mais, bien des sources pensent que les autres pays de la CEDEAO, notamment la Côte d’Ivoire, ne sont pas à l’abri. D’où la prudence conseillée à ses ressortissants par la France. » En effet, récemment, les autorités françaises ont invité leurs ressortissants résidant ou de passage en Côte d’Ivoire à faire preuve d’une vigilance accrue.
« Alerte ! Menace djihadiste à nos portes… », s’exclame L’Intelligent toujours à Abidjan. Depuis les avertissements de la France, « la psychose gagne les populations. Ils sont nombreux les Ivoiriens à avoir reçu des SMS, les mettant en garde contre des attaques terroristes. » Voici l’un de ces messages qui circulent via les téléphones portables : « Les djihadistes islamistes, selon le ministère des Affaires étrangères de France, sont entrés à Abidjan. Evitons de rester dans les rues, les lieux publics. Que Dieu nous garde. Faites circuler le message, c’est très sérieux. »
La rumeur va donc bon train… Et « comme pour corroborer ces allégations, relève encoreL’Intelligent, huit personnes taxées de djihadistes ont été arrêtées récemment à Azaguié (dans le sud du pays). Pour sa part, la force Licorne a aussi testé son dispositif d’évacuation RESEVAC, le 25 mai dernier. Autant de manœuvres et de suspicions, estime le quotidien abidjanais, qui mettent au goût du jour la question de la présence d’extrémistes religieux sur le sol ivoirien. »
La menace est-elle réelle ? Oui, répond L’Intelligent qui cite les récents propos de plusieurs hauts-responsables ivoiriens, notamment Guillaume Soro, le Premier ministre qui déclarait récemment : « Nous suivons avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation au Mali, pays avec lequel nous partageons 532 kilomètres de frontière. En tout état de cause, la problématique sécuritaire régionale exige une coopération entre nos Etats pour endiguer ces fléaux. »

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