jeudi 6 juin 2013

Mali: après les affrontements d'Anéfis, le MNLA et l'armée attendent les pourparlers de Ouagadougou

MALI - 
Article publié le : jeudi 06 juin 2013 à 16:59 - Dernière modification le : jeudi 06 juin 2013 à 19:36


Manifestation à Gao, le 30 mai 2013. Les participants exigeaient de la France et de la transition malienne qu'elles récupèrent la ville de Kidal, laissée aux mains du MNLA par l'armée française lors de la reconquête du début d'année.
Manifestation à Gao, le 30 mai 2013. Les participants exigeaient de la France et de la transition malienne qu'elles récupèrent la ville de Kidal, laissée aux mains du MNLA par l'armée française lors de la reconquête du début d'année.
REUTERS/Stringer

Par RFI
Au nord du Mali, vingt-quatre heures après des accrochages entre l'armée et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) dans le village d'Anéfis, à environ 110 kilomètres au sud-ouest de Kidal, la situation est calme. Alors que s'ouvrent, vendredi 7 juin, les premières discussions entre Bamako et les groupes du nord, les deux camps ne devraient visiblement pas bouger.



Une sorte de statu quo précaire règne à Anéfis. Depuis mercredi midi, la bourgade est aux mains de l'armée malienne. Ce jeudi 6 juin, dans la matinée, l'état-major a une nouvelle fois indiqué que ses soldats consolidaient leurs positions.
Après un repli express, les combattants du MNLA sont désormais à 20 kilomètres à l'est du village, au niveau de la piste qui mène à Kidal. En principe, cette situation désormais stabilisée ne devrait pas évoluer, car la communauté internationale a multiplié les contacts pour que les deux camps calment le jeu, à moins de vingt-quatre heures de l'ouverture de négociations à Ouagadougou.
« Le MNLA, mais aussi Bamako, doivent s’abstenir de tout acte ou propos pouvant mettre à mal le processus de paix », affirme un diplomate proche de la médiation. Car l'avancée de l'armée malienne vers Anéfis, décidée par le président par intérim Dioncounda Traoré, a froissé les différents partenaires du Mali, et notamment Paris.

Au moment des combats, paradoxalement, François Hollande s'apprêtait à recevoir un prix pour la paix dans les locaux de l'Unesco à Paris. Le chef de l'Etat français a rappelé la position officielle de la France : « Il ne devait y avoir qu'une seule armée au Mali », estime-t-il.
Mais en coulisses, le président Hollande a visiblement demandé aux officiels maliens de retenir leurs troupes et d'arrêter les discours guerriers.
Ce mercredi, en début d'après-midi, un cadre de l'état-major malien affirmait à RFI que « la guerre est la seule solution pour tenir les élections à Kidal ». Deux heures plus tard, le même colonel indiquait : « Notre priorité, vous savez, c'est le dialogue. »

La diplomatie parallèle a également fonctionné à plein régime à Ouagadougou et Kidal, pour appeler le MNLA a quitter Anéfis, à ne pas répliquer aux attaques de l'armée, et à rester concentré sur les négociations.
Afin d'éviter l'étincelle de trop, et donc un embrassement entre l'armée et le MNLA, la France a envoyé, mercredi soir, un groupe de 15 soldats à Anéfis. Ce « détachement de liaison » est là pour appuyer les soldats maliens en cas de problème, et faire remonter les informations rapidement vers la France.
Officieusement, cela permet à Paris d'avoir un œil sur les deux camps et de s'assurer que la situation ne dégénère pas.
Faire monter les enchères avant les négociations
Bamako a sans aucun doute fait monter l'armée à Anéfis pour mettre la pression sur le MNLA, pour arriver en position de force à la table des négociations - ces dernières doivent commencer, vendredi, à Ouagadougou sous l’égide de la médiation burkinabè et aboutir à un dialogue direct entre Bamako et groupes touareg en vue d’un compromis sur Kidal – et peut-être pousser ainsi le mouvement touareg à la faute, en le forçant à contre-attaquer. Piège dans lequel les combattants ne sont pas tombés hier à Anéfis puisqu'ils ont reculé.
Par ailleurs, le week-end dernier, les autorités maliennes ont multiplié les déclarations guerrières, suite aux événements de Kidal où le MNLA a multiplié les arrestations d'hommes et de femmes au teint noir. Le mouvement azawadien affirmait être à la recherche d'espions de l'armée malienne. La médiation burkinabé a « déploré » ces événements et de son côté, le gouvernement malien a parlé « d'épuration raciale » et ajouté que « la présence de l'armée à Kidal pour les élections n'était pas négociable ».
C'est dans ce climat tendu que doivent donc s'ouvrir les premières discussions de demain à Ouagadougou entre Bamako et des groupes du nord du Mali qui se sont en quelque sorte associés pour être plus efficaces.
En effet, la commission de négociation de l'Azawad regroupe, désormais, des éléments du MNLA et Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), un mouvement tout récent dirigé par les Intallas, la famille régnante de Kidal.
En revanche, le mouvement arabe de l'azawad (MAA), n'est pas encore représenté car le MNLA estime que ce groupe est trop proche du MUJAO.
Un accord-cadre ambitieux
Demain donc, encadrée par la médiation, cette commission du nord doit rencontrer le négociateur de l’Etat malien, Tiébilé Dramé. Les discussions doivent officiellement durer 4 jours et permettre la signature d'un accord-cadre, lundi.
Cet accord serait appliqué en deux temps. Dans un premier temps, imposer, aux mouvements du nord, un cessez le feu et cantonner les combattants pour permettre un déploiement efficace de la force onusienne et de l'administration malienne afin d'organiser le scrutin présidentiel à Kidal, prévu le 28 juillet. Bien évidemment, le MNLA refuse toute présence de l'armée malienne dans son fief.
Et dans un deuxième temps - seconde phase de l'accord - Bamako s'engagerait, une fois le nouveau président malien élu, à négocier sur les problèmes de fond, notamment sur le statut de l'Azawad et sur les projets de décentralisation et de développement pour le nord Mali.
Si les derniers événements d'Anéfis ont envenimé les relations, les deux camps restent cependant et apparemment ouverts au dialogue.
 
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