L’EXPRESSIONDZ.COM (Algérie)
Colloque international : Les anthropologues africains revisitent leur continent
vendredi 3 juillet 2009Le continent noir a beaucoup diversifié la réception des apports, à l’image de la diversité des occupants, il a aussi contribué, à sa manière, en donnant aux autres ce qu’il a de savant relevant de son génie.
Aussi loin que l’on remonte dans le temps, le continent africain a toujours été le terroir de l’humanité. Son histoire est étroitement liée à celle des différents occupants qui se sont succédé sur ses terres. Cette histoire faite de périodes de guerre comme de paix, a brassé dans son giron les différents apports et de part et d’autre, qui ont permis certainement au monde africain d’évoluer. Les apports sont donc réciproques, même si le continent noir a beaucoup diversifié la réception des apports, à l’image de la diversité des occupants, il a aussi contribué, à sa manière, en donnant aux autres ce qu’il a de savant relevant de son génie. C’est dans cette optique que s’est ouvert hier à la salle Laâdi-Flici, (Alger), en présence de Mme la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, et pas moins de 60 experts africains, un colloque intitulé « Anthropologie africaine », organisé dans le cadre du 2e Festival culturel panafricain.
Ce rendez-vous est dédié à ces quatre anthropologues africains novateurs et précurseurs que furent Chikh Anta Diop, Hampaté Ba, Jomo Kenyatta et Mouloud Mammeri. La problématique de la première journée de ce colloque s’appuie sur les axes suivants : « The africain Anthropololist : réflexions », animée par Kojo Opuku Aidoo, « Hampaté Ba l’anthropologue » par Salia Malé, « Mouloud Mammeri et la tradition orale maghrébine : une traversée des signes » par Mourad Yellès, quant à la communication de Mme Diop sur cheikh Anta Diop, elle est présentée par Massamba Lame.
Concernant la deuxième partie, elle s’appuie sur la culture immatérielle africaine dans les axes suivants : « le discours littéraire africain et l’interrogation anthropologique » a été animé par Mukala Kadima Njuzi, J.P. Missié, a donné la réplique dans « Laïcité proclamée et recours au religieux », Badi Dida, assure la communication, à propos des « Origines berbères (Touareg), du système politique de l’Empire des Songhais et Charles Gremont garantit sa communication pour une anthropologie historique de la boucle du Niger. Un corpus inédit de manuscrits arabes. » Pierre Anguier clôture cette première journée avec une communication « Une expérience de collecte de musique en Ahaggar en 2008 ». Aujourd’hui, une génération d’anthropologues africains a succédé à celle des médiateurs fondateurs, formée dans les grandes universités françaises et anglo-saxonnes qui, non seulement a capitalisé au plan des notions au même titre que leurs collègues du Nord, mais a entrepris de revisiter pour les analyser et les adapter, les méthodologies construites pour et par l’anthropologie européenne en vue d’étudier les sociétés africaines. Cet événement africain leur permettra de se rencontrer pour échanger leurs expériences, engager ensemble une réflexion majeure sur l’état et les promesses de l’anthropologie en Afrique, les possibilités de coopération culturelle et scientifique entre les anthropologues des différents Etats africains. Dans cette perspective, ils pourraient décider l’organisation d’un congrès annuel des anthropologues africains qui se tiendrait alternativement dans une capitale africaine. De même, ils pourraient décider la création d’une structure africaine de recherche ouverte et plurielle accessible aux anthropologues du Continent. Dans la lancée, le Colloque des anthropologues africains de juillet 2009 serait avisé de lancer des supports destinés à stimuler la recherche anthropologique, notamment une revue africaine d’anthropologie à résonance continentale. L’anthropologie africaine s’affirme comme une discipline objective ayant pour seule préoccupation l’objectivité en défrichant un terrain aussi riche qu’ancien et contribuant à expliquer ce faisant les évolutions et les situations sociales et culturelles de l’Afrique en elle-même et par rapport à son environnement, assurant la formation des élites africaines appelées à prendre la relève et contribuant à l’essor de la discipline anthropologique à l’échelle internationale. Ainsi, l’analyse anthropologique n’applique plus ses méthodes aux seuls groupements humains restés peu ou prou extérieurs à la culture occidentale mais aussi à des systèmes d’interrelation et d’organisation sociale et écologique appartenant aux sociétés dites développées. Il devient ainsi possible de prendre part à la formation d’une anthropologie comparée susceptible de contribuer à exorciser et à dépasser les démons de l’ethnologie instrumentalisée et évolutionniste qui a longtemps prévalu. Le développement de l’anthropologie en Afrique a, en outre, vocation à s’opposer à la tendance à l’uniformisation culturelle qu’implique la mondialisation en montrant la diversité et la richesse des cultures et des langues africaines.
A l’échelle du continent, le challenge à relever était pour nous de mettre en exergue des faits saillants mis au point par l’anthropologie africaine sur les cultures africaines. A charge pour les futures éditions de cibler des questionnements plus ramassées et de rassembler davantage de compétences africaines dans le domaine. Cette première édition veut fonder une approche continentale dont l’exercice continu et l’acuité s’affirmeraient au fil des rencontres à venir. Il est à souligner que les travaux du colloque seront clôturés par un débat de synthèse, et se poursuivront jusqu’à vendredi prochain.
Idir AMMOUR
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