lundi 13 octobre 2008

NOUVELLES DES POPULATIONS DU NORD DU NIGER (Bulletin n°3)


NOUVELLES DES POPULATIONS DU NORD DU NIGER (Bulletin n°3)

Par Targuinca, lundi 13 octobre 2008

Le conflit s'éternise. Les populations civiles souffrent toujours de peur, d’exactions diverses et de misère. Le président Tandja nie toujours l’existence d’une rébellion armée et continue de refuser le dialogue avec le MNJ.

L’opposition gouvernementale est muette ; ceux qui osent élever la voix se font emprisonner. Mais le parti présidentiel se scinde en deux tendances : les fidèles de Mamadou Tandja et ceux de Hama Amadou, l’ex-premier ministre emprisonné, qui demandent sa libération, soutenus par la ligue nigérienne des Droits de l’homme ANDDN.
A grand renfort médiatique, le gouvernement en place prépare l’opinion publique à accepter un renouvellement de la Constitution qui autoriserait l’actuel président à briguer un troisième mandat.

Le 7 octobre 2008, Moussa Kaka, correspondant de Radio France Internationale ( RFI), de Reporters sans frontières et directeur de la radio privée Saraounya, est sorti de la prison où il était incarcéré depuis le 20 septembre 2007. Il était inculpé de « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat » pour avoir eu, dans le cadre de son travail de journaliste, des entretiens téléphoniques avec Aghali Alambo, chef du Mouvement rebelle des Nigériens pour la Justice ( MNJ).
« Je suis très ému car je reviens de très loin, sincèrement à la limite des portes de l’enfer », a-t-il déclaré à la presse. La cour d’appel de Niamey avait ordonné sa mise en liberté provisoire « d’office ».
« Les faits sont requalifiés d’atteinte à l’intégrité du territoire national par entente avec des éléments du MNJ », a précisé l’avocat de Moussa. L’infraction, au départ considérée comme un crime, sera donc jugée comme un délit. Moussa Kaka est renvoyé devant le tribunal correctionnel.

La libération de Moussa Kaka n’est pas pour autant synonyme de libération de la presse. D’après un communiqué du 20 septembre 2008, le CSC (Conseil Supérieur de la Communication), autorité administrative censée être indépendante pour « garantir et assurer la liberté et la protection de la presse », est devenu un instrument de répression au service du pouvoir public : - Radio Sahara FM, émettant à Agadez, est fermée depuis six mois, - la Maison de la Presse est « fermée jusqu’à nouvel ordre » depuis le 30 juin 2008, - Abdoulaye Tiémogo, directeur de publication du « Canard déchaîné », est en exil.

Dans le Nord, les communes attendent toujours en vain l’argent en provenance des rentes minières ; une partie devait leur être redistribuée. Les Chinois qui ont obtenu des permis d’exploitation de gisements d’uranium se sont installés sur quatre ou cinq bases différentes, dont celle d’Azelik, l’ancienne cité du cuivre. Ils emploient plus de deux tiers de main d’œuvre chinoise et à peine un tiers de Nigériens, tous en provenance du Sud. Seuls, quelques cadres seraient issus de la population locale. La compagnie Areva, elle, recrute beaucoup de cadres, mais son principe d’exploitation s’appuie sur le tâcheronnage : les travaux seront répartis entre différentes petites entreprises qui feront jouer la concurrence pour obtenir leurs parts de marché. L’usage de la sous-traitance tire les salaires vers le bas et dégrade les conditions de travail et de sécurité des ouvriers.

La population du Nord du Niger, écartée de parties de plus en plus importantes de son territoire ancestral, se sédentarise majoritairement dans les bidonvilles ; une proportion croissante des habitants choisit de fuir la misère et le conflit, le nombre des réfugiés augmente sans cesse.
Nous avons toujours besoin de soutiens financiers pour aider ceux d’In Guezzam, près de la frontière algérienne.

Source:http://www.targuinca.org/blog/index.php?Rebellion-nord-niger

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