TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne.
Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
L’opération « Barkhane », un « permis de tuer au Sahel »
Par Le monde- Date: 22 Avril 201618 réactions
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Depuis l’intervention française au Mali, le ministère de la défense se félicite régulièrement de la « mise hors de combat » de présumés terroristes. L’armée française administre la peine de mort, alors que la France l’a abolie en 1981 et que sa diplomatie promeut l’abolition partout à travers le monde. Ce curieux paradoxe vient de l’absence de réflexion sur la manière de lutter contre le terrorisme. La France a épousé la conception américaine de lutte contre le terrorisme, la fameuse war on terror, sans en mesurer les conséquences et surtout sans en constater la tragique inefficacité.
Il suffit pour s’en convaincre de regarder dans quel état se trouvent l’Afghanistan et l’Irak pour comprendre combien cette stratégie est un échec. Un échec total. Le Mali ne fait pas exception à la règle. Dix-huit mois après le début de l’intervention française, la situation sécuritaire dans le Nord est des plus précaires malgré la présence militaire internationale, et la situation à Bamako aussi dégradée qu’à la veille de la chute du président Amadou Toumani Touré.
Au Mali, une paix incertaine dans un Nord fragmenté Je fais pourtant partie de ceux qui considèrent que l’intervention était une décision politique courageuse du président Hollande. Malheureusement, la victoire militaire s’est transformée en défaite politique par absence de réflexion sur les causes du terrorisme, doublée d’un déni troublant des réalités politiques maliennes. Vengeance contre légitime défense La lutte contre le terrorisme ne peut se limiter à l’élimination de chefs présumés. Exécuter sans aucune forme de procès de présumés terroristes, c’est tuer au nom de nos valeurs, ce que, justement, nous reprochons à nos adversaires.
Certains avancent la légitime défense. C’est oublier qu’elle est définie en droit français : la riposte doit intervenir au moment de l’agression, sinon c’est une vengeance. Et c’est ainsi qu’elle est perçue par les populations locales, car exécuter un présumé chef terroriste, c’est avant tout tuer un père, un mari, un fils ou un frère. Je n’oublie pas pour autant les victimes du terrorisme, mais, dans un Etat de droit, il revient à la justice de faire la lumière et de sanctionner.
Promouvoir l’Etat de droit de manière crédible comporte une exigence non négociable : l’exemplarité. Cette stratégie de la loi du Talion masque le fond du problème : pourquoi ces mouvements terroristes s’enracinent-ils dans certaines régions et pas dans d’autres ? Pour ce qui est du nord du Mali la réponse est assez simple, même si la solution l’est bien moins.
La défaillance de l’Etat dans le Nord et sa présence prédatrice voire meurtrière (l’armée malienne s’est livrée à des exactions à plusieurs reprises depuis l’indépendance, y compris récemment) ont laissé un espace à des groupes armés qui remplissent aussi des fonctions sociales au-delà de la terreur qu’ils exercent sur les populations. Les populations du nord du Mali ne goûtent guère à la philosophie de vie imposée par les groupes terroristes, mais elles n’apprécient pas plus la présence de l’Etat malien telle qu’elles l’ont toujours connue.
Cet Etat malien post-indépendance n’a jamais été une bénédiction pour ces populations. Alors, quand elles tombent sous le joug des groupes terroristes, elles font ce qu’elles ont toujours fait depuis des décennies : elles s’adaptent. Elles ne font que passer d’une situation précaire à une autre. Ces groupes terroristes cherchent aussi à se faire accepter, ils achètent des denrées à des prix élevés, transportent les personnes malades dans les plus proches dispensaires ou font régner l’ordre. Des témoignages confirment la sécurité qui régnait à Gao sous l’empire de ces groupes, ce qui, bien évidemment, n’excuse en rien les violences commises par ceux-ci — encore que la diplomatie française ne semble pas s’émouvoir pour les mêmes violences quand elles sont commises par l’Arabie saoudite… Question de pouvoir d’achat ?
La responsabilité des autorités maliennes Les populations du Nord se sont, en outre, complètement détournées de la vie politique et de son système représentatif tels que les conférences nationales du début des années 1990 les ont imposés. La démocratie tant vantée par l’Occident se trouve déclinée localement au profit d’intérêts particuliers, dans une logique de prédation, à l’image de ce qui se passe à Bamako. La démocratie est perçue comme permettant à une minorité de s’enrichir en toute impunité avec la bénédiction de la communauté internationale, dont l’hypocrisie confine à la complicité. C’est cette perception qu’il convient d’intégrer pour comprendre qu’un contingent militaire et des milliards d’euros annoncés lors de conférences internationales ne convainquent plus personne sur le terrain. Lire aussi : Au Mali, les djihadistes multiplient les attaques Comme je l’ai souligné, la solution n’est pas simple. Commençons d’abord par une ambition fondée sur l’exigence de vérité.
Les autorités maliennes sont les premières responsables de cet énorme gâchis. Arrêtons de nous voiler la face, soyons exigeants dans le partenariat avec le Mali. Ne nous contentons pas de faux-semblants, sans quoi les mêmes causes produiront les mêmes effets. J’ai souvent entendu dire que toutes les vérités n’étaient pas bonnes à dire. La force d’une vérité n’est pas d’être tue mais d’être dite, avec le respect que l’on doit à chacun. C’est sur ce terrain que la France est attendue.
Laurent Bigot est un ancien diplomate français devenu consultant indépendant.
Bidonville rasé à Tamanrasset : des Touareg à la rue et sans espoir d'être relogés
Les autorités algériennes ont récemment fait raser un quartier d’habitations illicites occupées par plusieurs dizaines de familles touareg à Tamanrasset, dans l’extrême sud algérien. Ces familles dorment aujourd’hui dans la rue, et crient à l’injustice.
Ce bidonville appelé "al-Qamar" a été rasé jeudi 7 avril. Dans une ambiance tendue. Des heurts entre les forces de l’ordre et les occupants ont fait plusieurs blessés.
Le bidonville à été rasé à coups de pelleteuses par les autorités le 7 avril dernier. Photo transmise par notre Observateur.
Au lendemain de cette opération, des dizaines de familles ont organisé un sit-in de deux jours devant le siège du gouvernorat - la Wilaya - pour réclamer des logements sociaux.
Des familles en sit-in devant le siège du gouvernorat de Tamanrasset, le 9 avril 2016.Photo Twitter.
Notre observateur Ahmed K. logeait dans ce bidonville de Tamanrasset.
La Wilaya de Tamanrasset avait rendu publique cette décision il y a plus d’un mois. Nous avons constitué un comité de quartier et nous nous sommes rendus au siège de la wilaya pour négocier avec le wali [le gouverneur]. Mais ce dernier n’a pas voulu nous recevoir.
Des familles en sit-in devant le siège du gouvernorat de Tamanrasset.
Les maisons ont commencé à pousser dans cette zone en 2007 et le bidonville s’est petit à petit agrandi jusqu’à ce qu’il atteigne plus de 600 habitations. Elles abritaient des familles nombreuses, souvent constituées de plus de10 personnes. Les familles étaient originaires de plusieurs villes du Sud, notamment Tiguenaouine, Illizi et Tine-Zaouatine.
Mais d’autres familles sont originaires de Tamanrasset même. J’ai un ami qui a déposé un dossier pour un logement social en 1992 et, à ce jour, il n’a rien obtenu.
Aujourd’hui, beaucoup de familles dorment encore sur place, dans des tentes de fortune fabriquées avec des bouts de tissu.
Un habitant fabrique une tente de fortune au milieu du quartier rasé. Image transmise par notre Observateur.
Cette famille a installé une tente sur les décombres de son ancienne maison. Photo transmise par notre Observateur.
Un député du Rassemblement national démocratique, parti proche du pouvoir,, Baba Ali Mohamed, a promis dans une déclaration de soutenir ces familles expulsées. Il a toutefois prévenu qu’il luttera sans relâche contre les "trafiquants de l’immobilier".
"Parmi les occupants de ce bidonville, certaines personnes malintentionnées ont construit des maisons et des locaux pour les vendre alors qu’ils avaient déjà un domicile ailleurs dans la ville", indique notre Observateur.
En 2014, l’Office de la promotion et de la gestion immobilière(OPGI) de Tamanrasset, avait annoncé la construction de près de 6000 logements sociaux.
De nombreux protestataires accusent l’administration d'accorder ces logements par népotisme.
Pour en savoir davantage sur les conditions dans lesquelles ils sont attribués, nous avons contacté le bureau du Wali de Tamanrasset. Nous publierons sa réponse dès qu’elle nous parviendra.
Les services de la wilaya ont annoncé qu’ils continueraient à sévir contre les bidonvilles. Ils ont annoncé la destruction de trois autres quartiers de constructions illicites d’ici fin avril.
Des jeunes et des femmes Touaregs dénoncent des arrestations effectuées par la force française Barkhane. Ils se sont introduits et ont saccagé des installations sécuritaires à l’aéroport de Kidal. Ambeyri Ag Rissa est un leader de la Coordination des Mouvements de l’Azawad à Kidal
Deux civils tués lors d'une manifestation à Kidal — Mali
Deux civils tués lors d'une manifestation à Kidal — Mali
Philippe Desmazes AFP | Des soldats français en patrouille dans la région de Tombouctou au Mali en juin 2015
Christopher Magnier | 21 Avril, 2016, 23:00
Selon, notamment, une source au sein de la Mission de l'ONU (Minusma) l'AFP est en mesure de dire qu'un civil au moins a été tué ce lundi dans une manifestation à Kidal, dans le nord-est du Mali. Selon un militaire guinéen de la Minusma joint par l'AFP, " Les manifestants demandaient la libération de trois Touaregs arrêtés par les Français de l'opération Barkhane, accusés d'être complices des terroristes qui ont récemment posé des mines ayant tué trois militaires français ".
Depuis que trois soldats français ont été tués par une bombe artisanale, la semaine dernière, la force française Barkhane procède à de nombreuses arrestations dans la région de Kidal. Cependant, le secrétaire général des Nations unies a lancé un appel aux responsables locaux de Kidal et aux représentants de la Coordination des mouvements de l'Azawad, à coopérer pour apaiser les tensions et à faire preuve de retenue. Une commission d'enquête vient d'être mise en place dans ce sens, son travail est en cours. Ses conclusions devraient permettre d'identifier la provenance des tirs, à en croire la mission onusienne.
Un élu de la ville a affirmé que les dégâts causés à l'aéroport lors des violences de lundi ont été "considérables".
L'attaque a ensuite été revendiquée dans un communiqué par le groupe djihadiste Ansar Dine de l'ancien chef rebelle touareg devenu islamiste Iyad Ag-Ghaly, actif dans la région de Kidal. Depuis l'attaque de l'hôtel Radisson Blu en novembre 2015, 2.000 personnes ont été arrêtées dans le pays. La source de sécurité africaine parle d'au moins un civil tué tandis que la CMA, à travers un communiqué, évoque " deux morts et plusieurs blessés dont un cas grave parmi les manifestants ". Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
A la suite de la crise malienne, la question de la bande saharo-sahélienne est revenue sur le devant de la scène africaine. Africa4 remonte le fil chronologique de l'histoire des populations nomades de la zone. La question Touarègue au Niger #2
Questions à… Emmanuel Grégoire, directeur de recherche à l’Institut de recherche et développement (IRD) et spécialiste des Touaregs du Niger. Comment se présente la question touarègue au Niger, de la période coloniale à l’indépendance ?
Lors de la révolte de Kaocen qui embrasa le massif de l’Aïr en 1916-1917, les Touaregs s’opposèrent farouchement à la conquête coloniale qui les dépouillait de leur contrôle sur les espaces sahariens et sahéliens. Une certaine complicité s’instaura ensuite entre eux et les militaires et administrateurs français si bien qu’ils adhérèrent au projet de la France de détacher, via l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS), le Sahara des nouveaux Etats qui émergeaient pour conserver ses richesses et minières et y poursuivre ses essais nucléaires. Les Touaregs voyaient en l’OCRS une opportunité pour retrouver leur autonomie voire à plus long terme leur indépendance. En s’opposant au détachement du Sahara algérien du Nord du pays, le FLN (Front de libération nationale) mit fin à l’OCRS et à cette espérance touarègue qui se transforma en amertume, lors de l’indépendance du Niger et du Mali, qui vit l’arrivée au pouvoir des gens du Sud qu’ils avaient autrefois dominés. Comment expliquer la rébellion des années 1990 ?
Selon ses responsables, elle avait des racines profondes qui se résumaient en quelques mots : «marginalisation politique, pauvreté absolue et persécution». La marginalisation s’expliquait, comme au Mali, par la faible représentation de Touaregs au sein de l’appareil d’État ; la pauvreté absolue renvoyait à l’insuffisance des programmes de développement et des infrastructures en pays touareg, lui qui avait été sévèrement touché par les sécheresses et les famines de 1973-1974 puis de 1984-1985 (pertes de bétail, épidémies, etc.) et avait alors été délaissé par l’Etat accusé d’incurie et ses agents de corruption et de détournement de l’aide ; la persécution faisait référence, d’une part, à l’attitude hostile du régime du général Seyni Kountché qui soupçonnait les Touaregs de vouloir déstabiliser le pays, d’où leur mise sous surveillance après la tentative de coup d’Etat fomentée, en 1976, par quelques-uns d’entre eux et, d’autre part, aux exactions commises par l’armée nigérienne lors des évènements de Tchin-Tabaraden (1985 puis 1990) qui firent des dizaines de victimes touarègues.
La rébellion exigeait un statut d’autonomie pour les zones «revendiquées». Il n’était donc pas question d’indépendance, mais d’un système qui devait permettre aux Touaregs de prendre en mains leur développement et de bénéficier des retombées de la manne financière née de l’exploitation de l’uranium, dont les mines se trouvent sur leur territoire (Arlit). Après une guérilla meurtrière menée par les fronts touaregs contre les Forces armées nigériennes (FAN), des accords de paix furent signés à Niamey (24 avril 1995) puis confirmés à Alger (1997) suite à une reprise des hostilités. La décentralisation qui donna lieu à de nouveaux découpages administratifs et conféra plus de pouvoirs aux régions figurait parmi les principales mesures de ces accords de paix. Pourquoi une nouvelle rébellion en 2007 ?
Les difficultés de la mise en œuvre de la décentralisation se traduisirent, comme au Mali, par une nouvelle rébellion, qui éclata en 2007. Le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) revendiquait, entre autres, une meilleure application des accords de paix, l’instauration d’une véritable démocratie et des mesures économiques pour sortir le Nord du pays du marasme économique. Des combats l’opposèrent aux FAN jusqu’au début de l’année 2009, les affrontements diminuant alors en raison des revers militaires infligés au MNJ par l’armée nigérienne et sous l’effet des pourparlers entamés par la rébellion et le gouvernement nigérien sous l’égide de la Libye. Comment se fait-il que la rébellion touarègue malienne ne se soit pas propagée au Niger comme cela s’est produit en 1991 et 2007 ?
Plusieurs raisons à cela : tout d’abord, la communauté touarègue nigérienne semble avoir compris que la lutte armée ne menait à rien d’autant plus que le MNJ avait été militairement défait en 2009 par les FAN. Le président Issoufou (élu le 11 mars 2011), ensuite, fit de la question touarègue une priorité en s’efforçant de pacifier le nord du pays (organisation de forums de la paix), en y promouvant des opérations de développement et en intégrant les dirigeants des rébellions passées au sein de l’Etat, de son gouvernement (Brigi Rafini, originaire d’Iférouane, est Premier ministre) et des nouvelles entités administratives nées de la décentralisation : des Touaregs accédèrent à des postes de responsabilités locales et prirent ainsi en charge la gestion de leurs régions et leurs communes qui disposent désormais de leur propre budget - le nouveau code minier (2007) attribue 15 % des recettes minières aux régions concernées par l’exploitation de matières premières, ce qui profite aux zones touarègues où se trouvent les sites uranifères. Enfin, l’Etat nigérien est plus fort que l’Etat malien : cela explique en partie qu’AQMI qui a été un puissant facteur de déstabilisation au Mali ne se soit pas installé au Niger et que celui-ci ait été moins touché par les trafics de drogue et d’armes et par là la corruption, autres facteurs déstabilisant au Mali. La question touarègue se pose-t-elle encore au Niger ?
Pour le moment non. L’Etat s’est efforcé de désarmer les Touaregs revenus de Libye après la chute du colonel Kadhafi sous la forme «d’une remise volontaire d’armes» puis de les aider à se réinsérer dans leurs régions d’origine sous la tutelle de la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP). Cette structure soutenue par l’Etat et des bailleurs de fonds étrangers a entrepris une série d’opérations de développement auxquels ils ont été associés. La ruée vers l’or qui touche, depuis 2014, le plateau du Djado et le massif de Aïr jusqu’à la frontière algérienne a simultanément constitué une opportunité inespérée pour offrir du travail et des revenus aux autochtones et à ces «retournés» de Libye, ce qui les éloigne des armes et des jihadistes. Mais, pour combien de temps encore ?
Autre épisode de la série :
- Le retour des goumiers d’Afrique
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Récit
Françafrique 1/3 : Retour sur la présidentielle de 1993 au Niger et l’opération de « facilitation » de la DGSE
Le MondeAfrique publie les bonnes feuilles du livre de Jean-Pierre Bat et Pascal Airault Françafrique. Opérations secrètes et affaires d’Etat.L’occasion de revisiter le travail de l’ombre de la France dans le dossier touareg.
Le 10 novembre 1987 meurt Seyni Kountché, militaire nigérien parvenu au pouvoir en 1974 et qui a dirigé le pays d’une main de fer. Sa mort est synonyme de retour à la vie constitutionnelle. En 1989 est ainsi proclamée la IIe République du Niger.
Ce premier processus de décrispation est rapidement rattrapé par la grande vague de La Baule de 1990 : Mitterrand déclare que l’aide internationale de la France serait assujettie à la démocratisation des régimes africains. Commence dès 1990 une « marche forcée vers un processus démocratique », selon les termes d’un diplomate spécialiste du Niger.
A la fièvre politico-sociale et aux violences de 1990 succède, en 1991, la Conférence nationale souveraine (CNS). Ces états généraux africains doivent garantir la transition politique. La CNS se tient à Niamey du 29 juillet au 3 novembre 1991 : elle abroge la IIe République et redessine les pouvoirs politiques et institutionnels. Les doléances des différents représentants sont compilées dans le « cahier des charges » qui constitue la feuille de route de la CNS, mais que la vox populi rebaptise aussitôt « cahier des surcharges ». En effet, certains aspects se révèlent très délicats à réaliser dans le cadre de la crise économique : refus des programmes d’ajustement structurel, interdiction de réduire le nombre de fonctionnaires et de réduire les salaires.
Transition sur fond de rébellion touareg
Dans ces conditions, le Niger s’engage en 1992 dans une périlleuse année de transition. Son issue est, malgré tout, consacrée à une série de scrutins électoraux qui respectent le calendrier et les principes de la transition : un référendum constitutionnel (26 décembre 1992), des élections législatives (14 février 1993) et présidentielle (27 février et 27 mars 1993).
Pour Michel Lunven, ambassadeur de France à Niamey de 1988 à 1993, la priorité réside dans le respect du processus de transition et la tenue des élections. Il considère qu’au lendemain de la mort de Kountché, la marche vers la démocratisation constitue la principale feuille de route politique du Niger, elle doit primer sur toute autre considération ou problème. L’ambassadeur est conscient de la difficulté autant que de l’importance de ce processus : aussi y engage-t‑il toute son énergie.
Depuis 1990, dans les plis de la transition, émerge la question touareg qui constitue aux yeux de la DGSE la priorité politique du Niger.
Cette attitude est d’autant plus à souligner que Lunven, ancien de la Coopération, a été de 1986 à 1988 collaborateur de Jacques Foccart pour les affaires africaines à Matignon auprès de Chirac. Aussi, qu’elle n’est pas la surprise de l’ambassadeur lorsque en 1992, en plein processus de transition, l’armée nigérienne informe l’attaché de la défense près l’ambassade de France que le feu a été ouvert sur un avion Transall de la DGSE dans le désert du Ténéré, au nord du pays. Que faisait cet avion des services secrets français en pays touareg, à l’insu de l’ambassade ?
Depuis 1990, dans les plis de la transition, émerge la question touareg qui constitue aux yeux de la DGSE la priorité politique du Niger. Après quelques premiers signes de tension et de troubles, la crise éclate réellement le 7 mai 1990 avec l’attaque du poste de Tchin-Tabaraden par des rebelles touareg. L’armée nigérienne réplique par une répression brutale sur l’ensemble de la population touareg : exécutions sommaires, arrestations arbitraires, tortures et exactions de toutes formes s’abattent sur les populations du Nord.
Au lendemain de cette répression, la presse française dénonce les abus et les crimes de l’armée nigérienne. L’affaire touareg se développe désormais sur un nouveau front : les médias et l’opinion internationale, en premier lieu française.
En 1990, Danielle Mitterrand, l’épouse du président français, se rend au Niger au titre de sa fondation France Libertés. La même année, Bernard Kouchner le célèbre french doctor devenu secrétaire d’Etat à l’action humanitaire et partisan affiché du « devoir d’ingérence », se penche sur le dossier touareg. A cela, il convient d’ajouter qu’en 1991, loin de régler ou d’apaiser la situation, la CNS aggrave le problème touareg.
Dans sa recherche de compromis, la CNS ne parvient pas à tracer les grandes lignes d’une réconciliation nationale. Sans doute pour ménager une armée politiquement affaiblie et en partie méfiante envers la transition, la CNS ne prend aucune mesure de sanction ni aucune punition à l’encontre des responsables de la répression brutale dans le Nord, à la seule exception du capitaine Maliki.
Un chef rebelle touareg nommé Iyad Ag-Ghali
Pour la DGSE, l’affaire touareg recouvre deux dimensions.
La première est intérieure : la mise à l’écart des populations touaregs constitue une faute du processus de transition qui risque de coûter cher à long terme.
La seconde est régionale : à la faveur de cette crise, des Etats voisins risquent de s’immiscer à la frontière saharienne du « pré carré » français en Afrique.
Or, en juin 1990, a également éclaté au Mali une rébellion touareg menée notamment par un certain Iyad Ag-Ghali, leader du Mouvement populaire de l’Azawad (MPA) ; en coulisse, Alger s’est imposé comme un acteur essentiel de la crise malienne.
Si les ambitions algériennes étaient connues au Sahara occidental avec son soutien au Front Polisario, la signature des accords de Tamanrasset entre la rébellion touareg du Mali et le gouvernement de Bamako, le 6 janvier 1991, met en lumière le rôle que revendique Alger dans le Sahara central.
Dans ce contexte régional, Paris entend régler, en toute discrétion et dans les meilleures conditions, le problème touareg au Niger pour empêcher que la situation ne prenne le même tour qu’au Mali. D’autant que le nord du Niger, avec le site d’Arlit, constitue le cœur des réserves d’uranium (yellow cake) sur lequel repose la politique énergétique nucléaire de la France. Pourquoi la DGSE entre-t‑elle en scène ?
Parce que son directeur général, Claude Silberzahn, en poste de 1989 à 1993, fin connaisseur de l’Afrique, a prouvé au président François Mitterrand que son service peut, mieux que toute autre institution de la République, mener avec succès une diplomatie de l’ombre pour désamorcer des crises.
Il vient de le prouver efficacement en réglant le conflit sénégalo-mauritanien qui s’est conclu sous son égide par la signature d’un accord entre les représentants du président Ahmed Taya (Mauritanie) et du président Abdou Diouf (Sénégal). Négocié patiemment dans le plus grand secret à Marne-la-Vallée dans les hôtels de Disneyland, l’accord est rendu public en mars 1992. Fort de ce succès, Claude Silberzahn obtient le feu vert de Mitterrand en personne pour procéder à une opération de négociation secrète au Niger ; le chef de la DGSE rend compte directement à l’Elysée.
Pas une « médiation » mais une « facilitation » de la DGSE
En mai 1992, Claude Silberzahn se rend quatre jours au Niger (Niamey, Zinder et Agadez) : la mission du service ne sera pas une « médiation », mais une « facilitation » entre le gouvernement et les rebelles. L’opération se compose, dans ses grandes lignes, de deux volets : l’un officiel, qui consiste en une « facilitation » du dialogue entre le gouvernement et la rébellion ; l’autre secret, qui consiste à établir un lien avec une délégation rebelle, lui présenter les propositions du service et garantir la sécurité de ses déplacements pour les négociations.
Pour ce second volet, la DGSE organise un pont aérien entre la France et le désert du Ténéré grâce à un Transall du service (GAM 56), et assure la sécurité des télécommunications entre le service et les Touareg grâce à des valises Inmarsat (International Maritime Satellite). Des équipes de la DGSE assurent dans le plus grand secret la navette entre la France et le fief touareg de l’Aïr et du Ténéré.
Mano Dayak apparaît le meilleur interlocuteur pour amener la rébellion touareg à la table des négociations.
Côté gouvernemental, le patron de la DGSE choisit comme interlocuteur le premier ministre de la transition, Amadou Cheiffou. Reste à trouver un interlocuteur côté touareg. Claude Silberzahn choisit de miser sur Mano Dayak. Il est l’un des leaders du Front de libération de l’Aïr et de l’Azawak (FLAA) de Rhissa Ag-Boula, le principal mouvement rebelle, mais il est surtout le chef de la Coordination de la résistance armée (CRA), la plate-forme politique qui réunit les différents mouvements rebelles. Cependant, le profil qui est dressé de Dayak diffère radicalement selon les interlocuteurs français.
Pour la DGSE, il apparaît le meilleur interlocuteur pour amener la rébellion à la table des négociations, tant pour les fonctions qu’il occupe que pour les liens tissés avec le service – et avec Silberzahn en personne. Au contraire, pour le Quai d’Orsay et l’ambassade, la représentativité de Dayak est relative au sein de la rébellion et son extraction non noble, dans une société de castes, lui interdirait toute autorité réelle au sein des dirigeants touaregs. Reste qu’en 1992, le très charismatique Dayak symbolise dans les médias français le mythe de l’« homme bleu ». Cette image ne doit rien au hasard.
Originaire des Ifoghas, Dayak revient au Niger après des études supérieures aux Etats-Unis et en France (où il épouse sa femme Odile), et se consacre à des activités liées au tourisme : après avoir été guide dans le Sahara, il fonde Temet Voyages, une agence touristique qui devient la plus importante d’Agadez. Il se lie avec Thierry Sabine, l’organisateur du Paris-Dakar, et organise les étapes du rallye dans le Sahara. Bref, Dayak est un homme qui maîtrise la communication mieux que quiconque dans les rangs de la rébellion. Aussi lance-t‑il son offensive médiatique en faveur de la rébellion au printemps 1992. La pièce maîtresse en est son livre Touareg, la tragédie, publié le 18 mai 1992 par l’éditeur Jean-Claude Lattès.
Sa sortie est accompagnée d’une importante campagne promotionnelle dans la presse et à la radio ; VSD et RFI – ou Mano Dayak dispose de contacts – figurent au premier rang. Sur les panneaux publicitaires du métro parisien s’étalent les photos d’un Touareg accompagné d’une citation de Dayak : « Un peuple doit-il disparaître pour exister ? »
La DGSE s’empare du dossier Niger
Le 2 juin 1992, au Musée de l’Homme est inaugurée une exposition : « Le drame des Touaregs en images », dont Dayak est l’organisateur. Elle circulera ensuite dans les villes de France. Invité sur les plateaux télévisés pour faire la promotion de son livre et de son exposition, Dayak se fait le porte-parole de la cause touareg. En quelques semaines, à la fin du printemps 1992, Dayak a couvert une surface médiatique francophone sans pareille. Il « existe » mieux qu’aucun autre chef touareg.
Au début de l’été 1992, la DGSE prend complètement en main le dossier Niger avec l’aval de l’Elysée et aux dépens de l’ambassade : le « colonel V » est envoyé à Niamey comme « facilitateur ». C’est à lui que Lunven demande des comptes pour l’avion de la DGSE mitraillé par l’armée nigérienne.
Installé un temps à l’ambassade, il poursuivra sa mission directement au cœur du pays touareg. Dès la fin du mois d’août 1992, une première rencontre est organisée entre les représentants du gouvernement nigérien et ceux du FLAA, à Bussy-Saint-Georges, lieu choisi par la DGSE pour ces rencontres confidentielles.
Le 20 mars 1993, à une semaine du second tour de la présidentielle du 27 mars 1993, au terme de longues négociations, un accord est signé par Albert Wright, le ministre nigérien chargé de la réconciliation nationale, Mano Dayak et le « colonel V » qui signe de son statut de « facilitateur ».
L’accordporte sur la libération de prisonniers touaregs par les autorités nigériennes (dont le nombre s’est avéré très long à établir par la DGSE) en échange de la libération des otages par les rebelles, sous le contrôle de la DGSE.
Après l’élection de Mahamane Ousmane à la présidence de la République, les négociations secrètes se poursuivent à Paris et à Bussy-Saint-Georges. Une trêve de trois mois est conclue entre le gouvernement et le FLAA. Le 11 juin 1993 à minuit, l’entrée en vigueur de la trêve s’accompagne de la levée de l’état de garde – c’est-à-dire de l’état d’urgence militaire proclamé en pays touareg. Une cellule de liaison et de coordination de la DGSE est installée à Arlit à compter du 1er juillet.
Quand la diplomatie s’en mêle
Mais la « facilitation » de la DGSE s’embourbe. A cela, plusieurs facteurs. Le premier réside dans les tensions qui traversent le FLAA : Mano Dayak fonde le Front de libération Temoust (FLT), laissant ainsi le FLAA entre les mains de Rhissa Ag-Boula, connu pour ses connexions avec l’Algérie. Un deuxième facteur résulte d’un malentendu sur l’objet de la mission de la DGSE basée à Arlit :pour le président Ousmane, elle constitue une force de sécurité dans l’Aïr ; pour la DGSE, il n’est question que de faciliter la médiation nigérienne.
Avec le recours à la diplomatie officielle, la gestion de la crise finit par s’élargir aux pays voisins.
Sans conteste, le dernier facteur est le plus déterminant : avec l’installation de la cohabitation Mitterrand-Balladur, Jacques Dewatre remplace à compter du 7 juin 1993 Claude Silberzahn à la tête de la DGSE ; or le nouveau chef des services secrets français ne partage pas les vues de son prédécesseur. La mission de la cellule d’Arlit est prolongée jusqu’au 30 octobre 1993, mais le nouveau chef de la DGSE a pour principal objectif de se débarrasser de l’encombrant dossier nigérien qu’il entend remettre au Quai d’Orsay.
Avec le recours à la diplomatie officielle, la gestion de la crise finit par s’élargir aux pays voisins – ce que voulait éviter initialement la DGSE. La non-reconduction de la mission de « facilitation » et la prise en main de l’affaire par la diplomatie sont vécues, par certains spécialistes, comme une défaite face à l’Algérie dans le Sahara.
Dans ce contexte, la France s’en remet, comme souvent par la suite, a son principal allié dans la zone : le président burkinabé Compaoré, qui s’efforce de reprendre la main face à Alger. Ainsi sont signés, le 9 octobre 1994, les accords de Ouagadougou. La crise touareg est toutefois loin d’avoir été réglée. Mano Dayak, quant à lui, poursuit son combat ; mais la méfiance reste de mise envers son frère ennemi, Rhissa Ag-Boula.
Son aventure s’arrête brutalement le 15 décembre 1995. Ce jour-là, Dayak meurt dans le crash d’un avion Cessna 337 affrété par Niger Air Service, alors qu’il se rendait à Niamey pour y reprendre les négociations avec le président Ousmane. A ses côtés, dans l’appareil, se trouvait Hubert Lassier : journaliste à Paris-Match puis à VSD, lié à la mouvance giscardienne et très proche du mystérieux Victor Chapot (l’influent conseiller de l’ombre de Valéry Giscard d’Estaing), il appartenait au cercle officieux des missi dominici du village franco-africain dont la mission, sans être officielle, n’en était pas moins connue des autorités françaises.
Françafrique. Opérations secrètes et affaires d’Etat, Jean-Pierre Bat et Pascal Airault, éd. Tallandier, 208 pages, 18,50 euros.
Demain, le deuxième volet de la série L’histoire secrète d’un téléphone rouge en plein génocide rwandais
Opération française : Polémique autour des soldats touaregs comme éclaireurs
Par L'Indicateur du Renouveau - Date: 18 Avril 201633 réactions
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Même si le nombre n’est pas connu, les soldats touaregs de l’armée malienne qui servent aux côtés de la force française de Serval à Barkhane font parler d’eux. L’AFP a fait un reportage sur ces hommes qualifiés des chiens de chasse.
Soldats touaregs de l’armée malienne restés fidèles à Bamako, ce sont les éclaireurs de l’opération française Serval : assis à six sur le plateau autour de la mitrailleuse, trois de chaque côté les jambes pendantes, deux à l’avant, ils accompagnent partout, dans le Nord du Mali, les forces françaises et leur servent d’interprètes, de guides, de combattants à l’occasion. Derrière son chèche blanc et ses fausses Ray-Ban, l’adjudant Alo Mazzak Ag Namaka attend que ses hommes aient terminé de faire le thé vert, assis à l’ombre d’un acacia dans la vallée d’Inaïs, au nord-est de Gao. “Avant le coup d’Etat à Bamako cela allait, on tenait face aux terroristes”, dit-il. “Mais ensuite nos ennemis étaient trop nombreux, les armes sont venues de Libye, on ne pouvait plus rien faire. Alors on est partis”. Menés par leur chef, le colonel-major Alaji Ag Gamou (aujourd’hui général de brigade, Ndlr), ils étaient environ 400 à s’être repliés en mars 2012 au Niger voisin après avoir été défaits par les groupes armés, notamment les indépendantistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Ils étaient de retour moins d’un an plus tard, dans le sillage des victoires françaises. Depuis, Paris a compris ce qu’ils pouvaient apporter et chaque unité tricolore est accompagnée dans ses offensives par une vingtaine d’entre eux. Ils savent où il faut aller, se portent à l’avant, observent, reconnaissent, parlent à la population. Pour le colonel Bruno Bert, qui commande depuis près d’une semaine le ratissage de la vallée d’Inaïs, fief du groupe islamiste Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), leur apport est précieux. “Ce sont nos éclaireurs”, dit-il. “Ils ont une connaissance intime du terrain et de la population”.
Des hommes de terrain “Ils nous aident par exemple à trouver les pistes secondaires, moins susceptibles d’être minées. Nous avons nos moyens topographiques, mais rien ne remplace la connaissance humaine. L’autre jour, un homme nous a semblé avoir un comportement suspect. Ils nous ont dit non, c’est normal, c’est une activité agricole”. En milieu d’après-midi les blindés français approchent du village d’Inaïs. Avant d’y pénétrer, ils installent sur trépieds un haut-parleur. Un officier tend à un Touareg une feuille de papier sur laquelle il a écrit : “Les terroristes font votre malheur. Ne les aidez pas ou vous serez complices. Ne gênez pas les opérations en cours. Montrez-nous les caches d’armes”. L’éclaireur prend la feuille, traduit dans le micro d’une voix impérieuse en tamashek, la langue des Touareg. A la tombée du jour, deux autres pick-up arrivent en trombe près d’un poste de commandement français. L’adjudant-chef Aman Ag Nani et ses hommes vont s’installer pour la nuit. On leur apporte des rations de combat, des cartons d’eau minérale. “On connaît tout le Nord du Mali”, dit-il en souriant sous sa grosse moustache. “Dans chaque équipe, il y a un ou deux des nôtres qui est du coin. Nous savons tout. Les gens peuvent mentir et cacher des choses aux Français. Pas à nous”. “Nous servons surtout de guides, mais s’il faut se battre nous sommes là. Nous ne laissons pas notre place. Pourquoi on la laisserait ? Quand quelqu’un est venu t’aider, pourquoi le laisser combattre seul ?” Il verse trois cuillères de sucre dans la théière de fer blanc. Derrière lui le plateau du Land Cruiser déborde : un fût de 500 litres pour le carburant, des bidons d’eau que l’on siphonne au besoin, caisses de munitions, nattes et couvertures pour la nuit, branches de bois mort pour le feu. Il est originaire de Kidal, berceau des Touareg maliens, ville en principe contrôlée par les rebelles du MNLA et une centaine de soldats français. “En fait, ce sont les mêmes terroristes. Ils ont échangé le drapeau d’Ançar Eddine (groupe islamiste armé) ou d’Aqmi contre celui du MNLA”, affirme-t-il. “Ils peuvent tromper les Français, mais pas nous. Nous les connaissons tous, un par un”. Si c’est une évidence que des éléments de l’officier loyaliste sont au service de la force française, il n’en demeure pas moins que des vraies interrogations et débats entourent leurs missions. Et le fait que seuls des militaires touaregs qui ont été choisis pour mener ces genres d’opérations intriguent au sein même de l’armée. D’où la clarification qui s’impose de la part du partenariat est même de rassurer les plus sceptiques. A. M. C. avec AFP