jeudi 9 août 2012


Les hommes du Mujao : des trafiquants guidés par l’appât du gain ?

Le maire de Gao en convient : aujourd’hui, le problème ce n’est pas le Mujao mais tous ces jeunes recrutés et grassement payés par le mouvement islamiste. Ce sont eux qui terrorisent les populations civiles. Concrètement, cela passe par l’application de la charia. Les hommes du mouvement islamiste ont décidé d’appliquer la charia comme il l’avait promis. Un jeune homme accusé de vol a eu la main droite coupée à Ansongo, à 60 km de Gao.
Selon un journaliste local, en quelques semaines, des individus sans envergure, petits commerçants ou chômeurs sont devenus des hommes puissants qui font la loi sur la ville. C’est le cas du commissaire islamiste. C’est lui qui, au soir de dimanche 5 août, s’est rendu dans les locaux de radio Koïma pour arrêter le journaliste Abdul Malik. Ce dernier sera tabassé toute la nuit et laissé pour mort. Ses tortionnaires ? D’autres jeunes Maliens, arabes ou Songhaïs comme lui.
Pour un autre habitant, ces jeunes ne sont pas des islamistes mais des opportunistes qui vont là où l’argent se trouve. Et de l’argent il y en a beaucoup actuellement à Gao : l’argent des rançons après la libération des otages du Mujao, mais aussi l’argent de la cocaïne.
Pour ce bon connaisseur de la région, les hommes du Mujao sont avant tout des trafiquants : « La charia est une couverture », dit-il. Le Mujao cherche à réorganiser un trafic déjà existant qui a prospéré sous les années ATT. Travailler avec le Mujao, c’est donc la garantie de poursuivre le business, explique notre interlocuteur. Selon lui, sous couvert d’association de la société civile, de nombreux notables de la ville sont complices de ce système mafieux.
Pendant ce temps, des habitants courageux et déterminés ont décidé de réagir. Hier, contre l’indépendance, aujourd’hui contre la charia.
Des hommes du Mujao dans la région de Tombouctou.
Des hommes du Mujao dans la région de Tombouctou.
RFI/Moussa Kaka
Amputation
Car c’est au nom de cette loi islamique qu’un voleur a eu la main coupée ce jeudi 9 août à Ansongo, à 60 km de Gao.
Malgré les manifestations récentes des jeunes de Gao, malgré la colère de la population qui s’élève contre la charia, malgré la visite de Djibril Bassolé, le médiateur de la Cédéao à Gao avant-hier, les « fous de Dieu », comme les appellent les habitants, ont en effet appliqué leur lugubre sentence à Ansongo.
Cette localité, située à 60 km au sud-est de Gao, est actuellement coupée du monde car les réseaux téléphoniques ne fonctionnent pas. Ce sont des habitants, des commerçants venus à Gao, qui ont transmis l’information.
La victime, un jeune homme d’une trentaine d’années est orginaire du village de Tin Hamma. Le Mujao l’accuse d’avoir volé du bétail. Un autre garçon, arrêté au même moment, est toujours détenu.
A Gao, la nouvelle de cette amputation à provoqué colère et consternation. Malgré leur colère, un des leaders du Mujao a affirmé : « Cette sentence est la loi de Dieu. Dans quelques jours, nous allons faire la même chose à Gao. Personne ne peut nous empêcher de faire ça. »

Rapport des experts français: Comment AQMI s’organise, recrute et se finance

Dans cette troisième partie du rapport parlementaire français dont nous avons entamé la publication, les experts révèlent la façon dont Al-Qaida au Maghreb  Islamique (AQMI) est structurée et financée.
Structure d’AQMI.
 Eu égard à la nature des activités d’AQMI, il n’y a pas d’organigramme officiel régulièrement mis à jour. Déterminer sa structure n’est donc pas aisé; il est néanmoins possible d’en établir les « grandes lignes ».
Tout d’abord, il est important de souligner que, comme Al Qaida (la  » maison mère « ), AQMI (une  » filiale « ) est structurée autour de serments d’allégeance: on prête allégeance à un chef et, par conséquent, on se met à son service dans le cadre d’une logique tribale, tout en conservant une grande autonomie. A la tête d’AQMI se trouve Abdelmalek Droukdal, son  » émir national « . Celui-ci était déjà à la tête du GSPC depuis 2004 lorsque cette organisation terroriste est devenue  » Al Qaida au pays du Maghreb islamique « , en janvier 2007. AQMI n’ayant pas de siège officiel, il est difficile de savoir où réside Droukdal, mais il semble qu’il se cache aujourd’hui dans le nord de l’Algérie. La zone d’action d’AQMI étant étendue, le territoire sur lequel elle évolue a été divisé en 4 régions. Un tel découpage n’est pas nouveau : le GSPC était déjà structuré en une dizaine de zones, les deux dernières correspondant au Sahel (zone n° 9) et à l’étranger (zone n° 10). La région « Centre » correspond aux zones 1, 2 et 3 de l’époque du GSPC, soit Alger et sa banlieue, la Kabylie et la Côte orientale de l’Algérie. C’est la région la plus active car elle regroupe le plus grand nombre de combattants (3 katibas représentant entre 500 et 800). Ses commandants seraient établis dans les Aurès. La région  » Ouest « , la moins active, recoupe les anciennes zones 4 et 8 du GSPC soit la partie occidentale du territoire algérien jusqu’au Maroc, ainsi que le sud-ouest du pays. Dépendante de la région « Sud », elle sert à l’approvisionnement en armes. Correspondant aux zones 5, 6 et 7 du GSPC, la région « Est » est, elle aussi, très dépendante de la zone sud et accueille une centaine de combattants. Enfin, la région  » Sud  » est, aujourd’hui, la plus médiatique car elle est au coeur des enlèvements de ressortissants étrangers. Cette région est l’héritière de la zone n° 9 du GSPC et couvre le Sahel. Historiquement, elle a été le terrain de prédilection d’Abdelkader Belmokhtar dont la katiba, dénommée Al Moulathamine et composée d’une centaine d’hommes, a sillonné le nord du Mali et la Mauritanie depuis 1990. Une autre katiba a émergé. Créée par Abderrazzak El-Para en 2003 et dirigée, depuis son arrestation en mars 2004, par Abou Zeid, la katiba Tareq Ibn Zyad affiche ses ambitions par une série d’actions violentes et disséminées sur tout le Sahel. La rivalité croissante entre les commandants de ces 2 katibas – qui, on l’a vu, est à l’origine de la spirale inflationniste de violence dans la région – conduit Droukdal, l’émir national d’AQMI, à désigner Yahya Djouadi à la tête de la branche sahélienne de l’organisation. Djouadi confirme la répartition du territoire en 2 zones d’activité: à l’ouest, celui traditionnellement contrôlé par Belmokhtar, qui va du sud-ouest algérien au nord du Mali et de la Mauritanie ; à l’est, la zone d’influence d’Abou Zeid s’étendant de la région de Timétrine aux confins du Tchad en passant par le nord du Niger. Djouadi est aujourd’hui isolé – sans pouvoir être arrêté – dans le sud de l’Algérie par l’armée. Son influence en souffre, ce qui laisse le champ libre à Belmokhtar et Abou Zeid pour agir comme ils l’entendent dans leur zone respective voire, parfois, dans celle du rival. Les frontières de ces territoires ne sont pas toujours définies. Surtout, ils ne sont pas de taille équivalente. Les zones  » Est » et « Ouest » sont secondaires par rapport aux zones « Centre  » et « Sud ». Cette dernière  revêt une grande importance au regard des aspirations internationalistes d’AQMI et la région « Centre » est placée au coeur de la lutte contre le pouvoir algérien.

Financement ‘AQMI.
La première des ressources financières d’AQMI provient du recours à des crimes de droit commun afin de financer le jihad. La première fatwa autorisant le financement du djihad par des activités illicites remonte aux années 90. Le GIA,  » ancêtre  » d’AQMI, recourait à de telles méthodes. En 2001, une fatwa d’un maître à penser du salafisme maghrébin, l’Egyptien Abou Bassir al-Tartousi, a légitimé le recours au vol, à la contrebande et au racket, si cela sert le djihad. AQMI a conservé de cette époque des méthodes relevant de l’organisation mafieuse. Le racket, les braquages de banques, l’extorsion de fonds, les trafics de drogue, de cigarettes ou d’être humains ont été mis en oeuvre et demeurent répandus. Le surnom « Mister Marlboro  » de Belmokthar n’a pas été attribué par hasard! Son rival, Abou Zeid, pourtant ancien contrebandier, a dénoncé l’importance prise par ces trafic illicites. En 2008, il a provoqué la réunion d’un « conseil des chefs » qui a tranché en sa faveur et a privilégié des financements plus « respectables »: la dîme et la prise d’otages. La dîme s’apparente à un  » impôt révolutionnaire » dû par les filières de contrebande transitant par les territoires contrôlés par AQMI. Officiellement, les katibas ne doivent pas être partie prenante du trafic et le montant de la dîme varie selon que le convoi est escorté ou non. Frapper d’un « impôt » le passage de la drogue est donc admis tant que la marchandise a pour destination les pays des« infidèles ».
La prise d’otage a, elle aussi, fait l’objet d’une tentative de légitimation par AQMI. Les otages ne sont pas considérés comme tels, mais comme des prisonniers de guerre. Le droit islamique autorise ceux qui les détiennent à s’en servir comme monnaie d’échange pour faire libérer d’autres prisonniers ou demander une rançon. La première prise d’otage à l’encontre de ressortissants étrangers a été l’enlèvement des 32 otages européens, dans le Tassili, en février 2003. 31 d’entre eux ont été libérés contre une rançon de 5 millions de dollars. En septembre 2010, lors d’un débat aux Nations Unies consacré à la stratégie antiterroriste mondiale, un conseiller du président Bouteflika a indiqué que les pays occidentaux avaient versé, jusqu’alors, 150 millions d’euros à AQMI contre la libération d’otages. Le prix d’une libération serait aujourd’hui de  2,5 millions d’euros par personne. Les prises d’otages sont donc devenues le moyen privilégié par AQMI pour s’assurer une source de financement. Le mode opératoire est simple: des bandes criminelles signalent la présence de ressortissants étrangers aux katibas d’AQMI, lesquelles « passent commande » ou envoient des équipes légères qui procèdent elles-mêmes à l’enlèvement.

Effectifs et recrutement au sein d’AQMI.
Les experts constatent la relative faiblesse des effectifs d’AQMI. Entre 500 et un millier de terroristes, répartis entre les katibas du Sahel et celles du nord de l’Algérie, sont membres d’AQMI. Héritière du GIA et du GSPC, AQMI reste fondamentalement une organisation algérienne. Certes, son projet revêt une dimension internationale mais ses cadres sont algériens. Droukdal, l’ »émir national » d’AQMI, est né près de Blida en 1970. Djouadi, en théorie à la tête de la région  » Sud « , est lui aussi algérien, tout comme Belmokhtar et Abou Zeid, les 2 commandants rivaux des katibas sahéliennes. Les cadres originaires d’un autre pays sont rares. Parmi eux, Abdelkarim al-Targui, qui sévit dans la région « Centre », est d’origine malienne et est surnommé « le Touareg ». C’est une personnalité montante au sein d’AQMI et on lui attribue la volonté de créer une troisième katiba dans la région « Sud ». Les combattants d’AQMI ont, en majorité, algériens mais l’organisation accueille aussi des Mauritaniens, des Marocains, des Libyens, des Maliens et des Nigériens. La katiba de Belmokhtar serait composée d’un tiers de Mauritaniens, sur un effectif d’une centaine d’hommes. Encore faut-il distinguer, lorsqu’on évalue les effectifs d’AQMI, ceux qui appartiennent vraiment à l’organisation et ceux qui composent les bandes gravitant autour d’elle. Entendu par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale le 11 mai 2011, M. Soumeylou Boubèye Maiga, ministre malien des affaires étrangères, a ainsi déclaré que les effectifs d’AQMI au Mali peuvent être « estimés entre 250 et 300 personnes »,mais « que les effectifs réels des combattants se situent plutôt autour de 100 auxquels il faut ajouter ceux qui vivent de l’activité «  de l’organisation. Quant aux Touareg du Nord du Mali, ils semblent encore étrangers aux activités salafistes même s’il convient de rester vigilant sur ce point. L’origine sociale des hommes d’AQMI est généralement modeste. L’enrôlement dans les groupes terroristes est favorisé par l’exclusion et le chômage des jeunes. Même les plus diplômés, lorsque leur avenir paraît compromis par l’absence de perspectives, sont tentés par la voie du jihad et la dimension  » héroïque  » qu’elle revêt. De surcroît, l’attrait de la nébuleuse terroriste a bénéficié, au cours des années 2000, de l’impact du conflit au Proche-Orient et de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. Quel que soit leur milieu d’origine ou les raisons de leur engagement, les terroristes d’AQMI font tous preuve d’un fanatisme exalté. C’est là que leur extrême dangerosité prend naissance. Leur fanatisme les conduit à éprouver une haine pour l’Occident, notamment la France. Aux yeux d’AQMI, la France cumule les raisons de se faire détester: passé colonial, soutien à Israël dans l’acquisition de la bombe atomique, présence en Afghanistan et dans des pays musulmans africains, appartenance à l’OTAN, lois sur la laïcité… Abou Zeid, par exemple, refuse de parler le français, la langue du colonisateur. Ce fanatisme a un prolongement matériel: il permet aux hommes d’AQMI de supporter la vie dans le désert. Pierre Camatte et de Mme Françoise Larribe, anciens otages, qui ont pu les côtoyer pendant des semaines, ont souligné l’aspect très spartiate des conditions de vie des katibas.
L’étude d’AQMI conduit à s’interroger sur les relations entretenues par elle avec son environnement.Des communautés sont établies depuis au Sahel des siècles et des liens se sont  noués entre les katibas et les populations locales. Du côté d’AQMI, il serait illusoire de vouloir se couper des habitants du Sahel. Originaires de l’Algérie, les membres d’AQMI ne sont pas chez eux dans le nord du Mali et les régions alentours.Ils ont besoin de la connaissance du terrain qu’ont les populations nomades. Ils en dépendent également au plan logistique, en particulier pour s’approvisionner en eau, en vivres ou en essence. Pour tisser des liens avec ces populations, AQMI a déployer une stratégie de « séduction » reposant sur l’essor de l’économie locale et de nombreux services rendus aux habitants. AQMI achète de tout aux commerçants locaux: du carburant, des pneus, des pièces de rechange, des céréales, de la farine, du sucre, du thé, voire des armes… Comment, dans ces conditions, des territoires confrontés à une pauvreté extrême auraient-il pu résister à l’attrait d’AQMI ? Client riche et fidèle, AQMI a  profité de l’absence de toute structure publique pour occuper un terrain laissé à l’abandon par des Etats défaillants. Aujourd’hui, des familles entières vivent de l’argent sale d’AQMI. En montrant qu’il est possible de gagner beaucoup d’argent par le biais de rançons, AQMI a fait des émules et sous-traite l’enlèvement d’otages à des groupes locaux. Ainsi, l’enlèvement de 2 Français à Hombori, en novembre 2011, a été le fait d’un jeune Touareg ayant séjourné dans le même hôtel qu’eux et qui les a « revendus » pour 30.000 euros à AQMI. De telles dérives ont été facilitées par la perte d’autorité des chefs traditionnels arabo-berbères, démunis face à l’attrait croissant d’AQMI.De surcroît, l’organisation a tissé des liens de sang par des mariages entre ses cadres et des jeunes filles locales. Mokhtar Belmokhtar est connu pour avoir épousé une femme de Tombouctou. Liens économiques, sociaux… Ce n’est donc pas seulement l’immensité du territoire sur lequel AQMI évolue qui rend difficile le combat contre cette organisation. C’est aussi son enracinement et l’absence d’hostilité d’une grande partie de la population à son égard.

AQMI, une menace  pour l’Afrique.
Au-delà des violences directes contre ses cibles favorites que sont les autorités algériennes et les occidentaux, AQMI constitue une menace pour l’avenir du sahel et des régions périphériques.Elle exerce une influence néfaste sur le développement économique de la zone. Elle favorise l’essor de la criminalité, en particulier parmi les populations touareg. Enfin, elle offre des perspectives d’extension de la violence terroriste, notamment au Nigeria, avec la secte Boko Haram. Les attentats et les prises d’otages commis par AQMI, associés à l’incapacité des gouvernements à y mettre un terme, ont anéanti le climat sécuritaire du sahel. L’insécurité a dissuadé nombre d’investisseurs d’intervenir dans la zone.
La première conséquence de la dégradation sécuritaire au Sahel a été de faire de cette région une zone à éviter. En témoigne l’annulation du rallye Paris-Dakar, en janvier 2008. Aujourd’hui, le Sahel fait partie des zones que le ministère français des affaires étrangères déconseille « formellement ». Les zones concernées  souffrent de ce classement. Le tourisme y a ainsi été anéanti alors que des territoires entiers dépendaient de cette unique ressource. Au Niger, par exemple, Agadez, qui vivait largement dans les années 70 à 90 des revenus de l’hôtellerie et de l’artisanat se trouve aujourd’hui privée du flux de touristes qui lui était vital. Tombouctou, la « perle du désert « , vit la même situation de désespoir à la suite de l’évacuation de touristes européens, fin novembre 2011. Le tourisme n’est pas le seul secteur qui souffre du classement en « zone rouge » de la plus grande partie du Sahel. Nombre d’ONG, de coopérants ou de chercheurs ne peuvent plus se rendre sur place.
Deuxième conséquence des attaques d’AQMI : le renchérissement de la présence étrangère. Tel est le cas au Niger. L’extraction d’uranium représente 90% des exportations du pays et l’unique générateur de devises pour le Niger. Ce secteur revêt aussi une importance pour la France. Areva a opéré d’importants investissements (1,2 milliards d’euros) sur le site d’Imouraren dont les ressources en uranium sont de 180.000 tonnes. Depuis des années, Areva et l’Etat nigérien ont pris conscience de la nécessité de sécuriser les mines.En 2010, les coûts de sécurité des sites d’Areva avait doublé par rapport à 2008.Ces mesures n’ont pas empêché la prise d’otages d’Arlit, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010. Après cette attaque, un plan global de protection des implantations d’Areva a été mis en place et vérifié par le Quai d’Orsay. Les employés sont escortés en permanence. Un tel dispositif, lourd et coûteux, n’est pas un cas unique. 25 entreprises françaises travaillent dans les 3 pays du Sahel. Comme Areva, elles travaillent sur la base d’un plan de sécurité présenté au centre de crise du ministère des affaires étrangères.

AQMI, une tentation pour les Touareg ?
Il n’existe aucun lien organique entre AQMI et les Touareg. L’idéologie salafiste n’a jamais trouvé d’écho auprès des populations touareg. Bien que musulmans sunnites depuis les invasions arabes du 7ème siècle, les Touareg ne revendiquent pas l’islam comme élément de leur identité, ce rôle étant détenu par leur langue, le tamasheq. Les Touareg sont donc modérés et ne se retrouvent pas dans le fanatisme d’AQMI dans lequel ils voient plus un problème algérien que sahélien. A certains moments, une certaine animosité les a même opposés. En 2006 et 2007, par exemple, les services algériens ont fourni des armes aux Touareg pour lutter contre AQMI, provoquant à l’époques des accrochages. Plus récemment, des touareg de retour de Libye semblaient décidés à « nettoyer » la région et à en chasser les katibas d’AQMI, lesquelles, prenant la menace au sérieux, ont rapidement quitté leurs bases. Toutefois, il semble aujourd’hui que les relations entre Touareg et AQMI soient plus apaisées. Pour les premiers, c’est d’abord une nécessité tactique. Privés du soutien de Kadhafi et engagés dans une nouvelle rébellion contre le Mali, il ne serait pas judicieux, de leur part, d’affronter AQMI. Par ailleurs, des Touareg ont pu participer à des opérations d’AQMI, notamment à l’enlèvement d’étrangers à Arlit, au Niger. Les motifs de ces rapprochements sont multiples. Il n’est pas exclu que de jeunes Touareg, échappant au contrôle des plus anciens, soient séduits par le discours anti-occidental d’AQMI, à un moment où l’image de la France est très dégradée car celle-ci est perçue comme une puissance exploitante. Surtout, AQMI, dont les effectifs ne sont pas élevés, a besoin de soutiens logistiques (chauffeurs, convoyeurs…) et d’intermédiaires pour mener à bien ses actions. Dès lors, les Touareg, qui vivent dans des régions isolées et pauvrres, peuvent être attirés par un banditisme rémunérateur. Grâce aux rançons payées pour libérer les otages, AQMI dispose de moyens considérables et travailler avec ses katibas peut faire vivre de nombreuses familles. S’il prospait, le rapprochement entre AQMI et les touareg constituerait une menace pour le Sahel. Les Etats de la région peinent à combattre le terrorisme. Le Mali voit apparaître une nouvelle rébellion touareg. Dans ce contexte, il est facile d’imaginer le chaos que pourrait susciter une alliance entre AQMI et les Touareg.

AQMI, un modèle pour la secte Boko Haram ?
En haoussa, une langue du nord du Nigeria, Boko Haram signifie que l’éducation occidentale est un pêché. Une organisation porte ce nom. Elle a été fondée en 2002, à Maiduguri, dans le nord-est du pays, par Mohammed Yusuf, un prédicateur fondamentaliste. Prônant l’instauration d’un émirat dans le nord, musulman, du Nigeria, Boko Haram, véritable secte islamiste, exige un respect strict de la charia.A sa création, elle s’attaque aux bars, aux églises mais aussi aux administrations. En 2009, Mohammed Yusuf est capturé par l’armée nigériane et tué en prison. La secte se radicalise et étend son action au-delà de la seule partie septentrionale du pays. Si, en 2010, elle avait commis une dizaine d’attentats, elle en a perpétré une centaine en 2011. Depuis quelques semaines, elle a entrepris des actions sanglantes contre des chrétiens. Au seul mois de janvier 2012, elle a tué 250 personnes. Ces attaques ont médiatisé la secte alors que jusqu’ici, elle a tué beaucoup plus de musulmans que de chrétiens. Ces violences sont dans la logique du message anti-occidental que véhicule Boko Haram.Elles sont aussi liées à son désir d’accélérer la chute du pouvoir nigérian, incarné par le président Goodluck Jonathan. Ce dernier, un chrétien, a, en plus, le « défaut », aux yeux de la secte, d’être originaire du sud du pays qui, majoritairement chrétien, est la partie la plus développée du Nigeria. Cette violence pourrait trouver à s’épanouir encore plus si se confirment les connexions  entre Boko Haram et AQMI. Des indices en faveur de cette thèse se sont accumulés. La secte a  déjà affirmé, par le passé, son « affiliation » à AQMI. L’enquête sur l’enlèvement de 2 Français, à Niamey, en janvier 2011, a révélé que certains ravisseurs, tués par les forces françaises, avaient été en contact tant avec Boko Haram qu’avec AQMI.En janvier 2012, les autorités des Etats sahéliens, réunis à Nouakchott, ont réaffirmé la réalité des liens entre les deux organisations. Il n’est pas anodin de relever qu’en juin dernier, Boko Haram a, pour la première fois, employé la technique de l’attentat suicide, à Abuja, contre le siège de la police. Ce déchaînement de violences est intervenu peu après l’éclatement de la crise libyenne et la dissémination d’armes qui a suivi. Boko Haram a certainement profité de cette opportunité pour acquérir de nouveaux matériels. La folie meurtrière de la secte nigériane hypothèque l’avenir de la région. La création d’un arc terroriste en Afrique qui irait de la Mauritanie au Nigeria et se prolongerait, ensuite, vers la Somalie, ne peut qu’inquiéter tous ceux qui s’intéressent à l’avenir du continent.

Suite dans notre prochaine livraison

Nord-Mali: amputation au nom de la Charia

Dernière mise à jour: 9 août, 2012 - 16:08 GMT
Les islamistes du mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), ont tranché la main d’un présumé voleur.
Ils l’avaient reporté, cette fois-ci ils l’ont fait. Les islamistes du Mujao ont coupé mercredi la main à un présumé voleur de moto à Ansogo, au Sud de Gao.
Cette peine était censée être appliquée la semaine dernière. Mais des jeunes de Gao s’y étaient violemment opposés. Le report ne s’est donc pas transformé en grâce.
Selon des témoins, la sentence a été exécutée sur une place publique en présence de plusieurs dizaines de curieux.
"C'est la loi de Dieu (…) C'est la charia qui exige ça " a expliqué à l'AFP Mohamed Ould Abdine, un chef islamiste d'Ansongo.
Envers et contre tous
Les islamistes que s’ils avaient reporté l'application la peine, ce n’était point sous la pression populaire. « La dernière fois, nous avons reporté l'amputation à cause de l'intervention des notables, non à cause de la population qui ne peut rien » a indiqué Mohamed Ould Abdine.
Cette amputation est la première depuis que les villes de Gao et de Tombouctou sont sous la coupe réglée des islamistes du Mujao et d’Ansar dine. Elle risque de ne pas être la dernière. « Dans quelques jours, nous allons faire la même chose à Gao. Personne ne peut nous empêcher de faire ça », a menacé le chef islamiste.
Dans un rapport publié devant le conseil de sécurité, mercredi, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, a appelé à prendre des « sanctions ciblées » contre les islamistes du nord Mali.
BBC

Nord-Mali: s'opposer au Mujao, ça peut très mal finir

L'AUTEUR
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Alors qu’au Nord-Mali, les islamistes du Mujao (Mouvement pour l'unicité du Jihad en Afrique de l'Ouest) martyrisent, amputent et lapident la population, certains se rebellent contre la charia, qui leur est imposée.
Des contestataires qui paient cher leurs actes de bravoure isolés.
A l’image d’Abdul Malick Maiga, animateur de la radio locale d’Adaar Khoïma, à Gao. Héros ordinaire, ce dernier a empêché l’amputation de la main d’un homme, relate le site d’information RNW.
A peu de choses près, son geste aurait pu lui coûter la vie. Le Mujao (Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest) l’a violemment passé à tabac.
Résultat, Abdul Malick Maiga est désormais à l’hôpital.
Il témoigne à RNW du calvaire des habitants de Gao etTombouctou:
«Tous ceux qui ne veulent pas collaborer avec le Mujao sont menacés soit par message, soit par téléphone, soit rentrent chez eux. Tout le monde est menacé ici.»
Lui, plus que les autres. Car Abdul Malick Maiga avait également commis l’affront de mobiliser la jeunesse de Gao pour protester contre les dérives de la charia.
Et indirectement, contre le Mujao. La manifestation avait, le 5 août, remporté un franc succès.
En tant que journaliste, Abdul Malick Maiga est d’autant plus surveillé par le Mujao. L’organisation islamiste n’hésite d’ailleurs pas à l’intimider sur son lieu de travail. Preuve, s’il en fallait une, de ladifficulté d’informer les populations:
«Le 5 août, j’étais en studio pour présenter mon journal. J’avais à peine commencé une interview en direct, que j’ai vu des islamistes entrer avec leurs armes. Sans poser de questions, le premier m’a frappé dans le dos avec son arme. Ils ont commencé à me frapper de la tête aux pieds en me disant: Tu continues à nous critiquer! C’est ton dernier jour. Tu ne parleras plus. C’est fini.»
Laissé pour mort au milieu d'une route, Abdul Malick Maiga parviendra par miracle à recevoir des soins.
Et malgré les pressions et les menaces, il souhaite continuer son métier de journaliste:
«Je le fais pour les sans-voix. J’ai reçu le soutien de l’ensemble de la population de la région. Les jeunes, les femmes, tout le monde.»
Le journaliste égratigne sérieusement la position du gouvernement malien, resté à Bamako:
«Depuis que Gao est tombé le 31 mars 2012, le gouvernement n’a même pas envoyé une délégation pour assister les pauvres populations. Les zones occupées sont carrément délaissées et ici on pense que c’est la faute du gouvernement.»
Lu sur RNW
Edition du 25 juillet 2012 - n°680
NIGER
Agadem : Niamey plie devant CNPC
La gouvernance pétrolière ne semble pas avoir beaucoup changé depuis le départ du président Tandja : les Chinois obtiennent facilement ce qu’ils souhaitent. Selon nos informations, la China National Petroleum Corp. (CNPC) devrait bientôt obtenir une nouvelle prolongation de deux ans pour l’exploration (...) Lire la suite
 
DOSSIER SPECIAL NIGER
Après Agadem, les pétroliers se ruent à Niamey
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Mali: Iyad ag Ghali, le rebelle touareg devenu djihadiste

Par , publié le 
Profitant de l'offensive des indépendantistes touareg dans le nord du Mali, Iyad Ag Ghaly, chef du mouvement Ansar ed-Dine, est incontournable. Portrait d'un combattant au service de l'islam. 
Mali: Iyad ag Ghali, le rebelle touareg devenu djihadiste
Iyad ag Ghali, chef d'Ansar ed-Dine, menant la prière avec ses combattants, en janvier. Le chef touareg voudrait instaurer la charia dans tout le Mali.
AFP
Le chef d'Ansar ed-Dine (Défenseurs de la religion), le groupe djihadiste qui veut imposer la charia à l'ensemble du Mali, est un personnage de roman, aussi charismatique qu'ambigu. Bien avant de devenir un prêcheur salafiste à la barbe imposante, Iyad ag Ghali, bientôt la soixantaine, fut un véritable héros pour les Touareg.  
Fils d'un éleveur nomade, il est issu des Kel Afella, tribu noble de la confédération des Ifoghas, établie dans la région de Kidal, le grand nord malien. Au tournant des années 1980, comme tant d'autres "ichoumar" (du français chômeur), le jeune homme s'exile en Libye, attiré par les pétrodollars. Mais, là, il s'engage dans la "Légion islamique" du colonel Kadhafi. C'est ainsi que Iyad ag Ghali a notamment combattu au Liban, en 1982. 
Rentré au Mali, ce guerrier d'élite prend, en 1990, la tête de la rébellion touareg. A l'époque, Iyad arbore une moustache fournie, fume des cigarettes et s'autorise parfois un bon whisky. Négociateur des accords de paix de 1992, il devient conseiller auprès de la présidence malienne. "C'est en 1999-2000 qu'il a versé dans le salafisme, au contact de prédicateurs pakistanais installés à Kidal", explique l'historien Pierre Boilley, spécialiste du Sahara. A partir de 2003, Iyad ag Ghali sert d'intermédiaire dans la libération d'otages occidentaux détenus par le Groupement salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, future Aqmi). A chaque transaction, il empoche de confortables commissions. Depuis cette période, il entretient des contacts personnels avec certains émirs d'Aqmi. L'un de ses cousins, Amada ag Hama, dirige d'ailleurs un de leurs groupes armés. En 2007, le président malien d'alors, Amadou Toumani Touré, nomme Iyad ag Ghali consul à Djeddah (Arabie saoudite). Il en sera expulsé, trois ans plus tard, à cause de sa proximité avec des islamistes trop radicaux. 

Ecarté du MNLA

A la fin de l'année dernière, alors que la rébellion touareg couve de nouveau, il tente un coup de poker : il revendique le commandement militaire du Mouvement national de la libération de l'Azawad (MNLA), aux ambitions séparatistes. Ecarté, il fonde alors Ansar ed-Dine, ramenant dans son orbite quelques jeunes Touareg proches d'Aqmi et des djihadistes confirmés. Son mouvement, qui compte 300 combattants au maximum, pèse moins aujourd'hui par sa puissance que par l'aura de son leader
Tombouctou, les indépendantistes touareg du MNLA ont lancé un ultimatum à Iyad ag Ghali, l'"enjoignant de déposer les armes et de ne plus entraver [leur] mouvement". Reste à savoir s'ils parviendront à juguler cette ancienne gloire, devenue bien trop encombrante. 

A voir sur le même sujet:

Fin de la transition en Libye

Dernière mise à jour: 9 août, 2012 - 01:19 GMT
BBC/Afrique
Le Conseil National de transition est de facto dissous.
C’est le président du Conseil National de Transition Moustapha Abdeljalil, qui a présidé la cérémonie de passation de pouvoir.
Je remets nos prérogatives constitutionnelles au Congrès Général National qui est désormais le représentant légitime du peuple libyen a t-il déclaré dans une allocution devant des centaines de personnalités dont des diplomates accrédités en Libye.
Le nouveau parlement libyen appelé Congrès Général National (CGN) est composé de 200 membres.
Les 200 nouveaux députés ont prêté serment peu avant la cérémonie de passation de pouvoir.
Un nouveau gouvernement qui aura pour mission d’organiser les prochaines élections sera mis en place par le nouveau parlement dans les tout prochains jours.
Une nouvelle constitution sera également élaborée avant l'organisation du scrutin .
Ce sera la première constitution élaborée démocratiquement en Libye

MALI - 
Article publié le : jeudi 09 août 2012 - Dernière modification le : jeudi 09 août 2012

Mali : les attentes du Sud après la visite du médiateur au Nord

Par RFI


ONU / MALI - 
Article publié le : jeudi 09 août 2012 - Dernière modification le : jeudi 09 août 2012

A l'ONU, le dossier de la force africaine pour le Mali piétine

Par RFI
L’envoi d’une force africaine au Mali se fait attendre. Le Conseil de sécurité a demandé de nouvelles précisions avant de donner son feu vert lors d’une réunion avec la Cédéao et l’Union Africaine, mercredi 8 août 2012, à New York. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s’est inquiété d’une situation qui dégénère.
 

Ban Ki-moon a demandé au Conseil de sécurité de prendre des sanctions contre les membres des groupes armés qui contrôlent le nord du Mali.

Ban Ki-moon : «Je demande au Conseil d'envisager des sanctions ciblées»
Secrétaire général des Nations unies
Les groupes armés dans le Nord ont commis de sérieuses violations des droits de l'Homme, des exécutions sommaires de civils, des viols et des tortures. Ansar Dine a également délibérément détruit 9 des 16 mausolées de Tombouctou, bafouant le classement de ces sites au Patrimoine mondial de l’humanité. Je demande au Conseil de sécurité d’envisager sérieusement d’imposer des sanctions ciblées, interdiction de voyager et sanctions financières, contre les individus et les groupes engagés dans des activités terroristes ou criminelles au Mali.
 
09/08/2012 par Karim Lebhour

Le déploiement d'une force africaine se fait attendre

NOTRE DOSSIER SPÉCIAL MALI
La Cédéao se dit prête à envoyer une force de quelque 3.300 soldats au Mali mais, malgré plusieurs réunions à l’ONU, ce déploiement piétine rapporte notre correspondant à New York, Karim Lebhour.
Le Conseil de sécurité se dit prêt à autoriser l’envoi de cette force à condition, souligne le représentant français, Gérard Araud, que la Cédéao et le gouvernement malien en fasse officiellement la demande. Ce qui n’est toujours pas le cas. « Nous attendons simplement que la Cédéao présente sa demande. La question doit s’adresser à la Cédéao ; nous du côté du conseil de sécurité nous sommes dans une position d’attente : nous attendons que la demande soit formulée par le gouvernement du Mali et par la Cédéao.» explique Gérard Arau au micro de Karim Lebhour.
Le Conseil n’a pas non plus été convaincu par le plan de stratégie militaire présenté par la Cédéao. L’ONU attend de connaître avec plus de détails l’ordre de bataille et la chaîne de commandement de cette force africaine qui devra remettre sur pied l’armée malienne et entamer la reconquête du Nord.
Les diplomates africains assurent qu’il ne s’agit plus que d’une question de semaines. Une dernière réunion de planification militaire doit se tenir à partir de ce jeudi 9 août et jusqu’à lundi à Bamako.

Le Niger, pays frontalier des zones contrôlées par les islamistes, a déclaré mardi que ses militaires avaient abattu quatre hommes armés venus du nord du Mali qui s'apprêtaient à commettre un enlèvement. Source France 24

mercredi 8 août 2012

le groupe MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest) a coupé la main d’un voleur présumé à Ansongo (région de Gao)


Le 08 Août 2012, le groupe MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest) a coupé la main d’un voleur présumé à Ansongo (région de Gao) sur la place de l’indépendance. Cet acte a été perpétré en présence d’une foule nombreuse qui a soudainement entamé une marche de protestation en scandant vive Azawad pour faire mal aux éléments du MUJAO, selon des témoins sur place. La marche a été rapidement dispersée par les combattants du MUJAO. Le voleur a été accusé de vol des vaches dans le cercle d’Ansongo

Après le bureau politique, l'état-major du MNLA se réorganise et se restructure à Tedjarert

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Après la Conférence de Ouagadougou qui a permis de donner un nouveau souffle au bureau politique du MNLA et de mettre au banc des accusés les brebis galeuses du mouvement qui le combattaient de l'intérieur, l'état-major militaire du MNLA se réorganise et se restructure avant son offensive contre les organisations terroristes.

Du 23 au 25 Juillet dernier, le Mouvement National pour la Libération de l'Azawad et la société civile de l'Azawad était en conclave à Ouagadougou autours de Bilal Ag Acherif, président convalescent du Conseil Transitoire pour l'Etat de l'Azawad. Après s'être dit les vérités qui blessent, le MNLA a conclu son forum en mettant en place des bases solides pour les succès futurs du mouvement sur les plans politiques et diplomatiques. Pour faciliter les nouvelles démarches du MNLA, les brebis galeuses du bureau politique, proches d'Ansar Adine et des services secrets Algériens, ont été mis au banc des accusés et ont reçu des avertissements avant leur possible radiation.
Le tour est maintenant à l'état-major militaire du MNLA. Depuis le Mardi 7 Août, une réunion extraordinaire de l'état-major du MNLA se tient dans la base du MNLA situé dans les massifs montagneux de Tedjarert. L'objectif de cette rencontre est multiple.
Le premier consiste à revoir et adopter le plan de l'offensive militaire du MNLA contre les groupes terroristes. Ce plan concocté par les Colonels Mohamed Ag Najim (Chargé de la Défense du CTEA), et Hassane Ag Fagaga (Chargé de la Sécurité Intérieure du CTEA) a pour objectif de mettre fin à la présence des organisations terroristes sur l'ensemble du territoire de l'Azawad à commencer par la capitale Gao.
Le second objectif consiste à revoir la stratégie qui a été adopté durant la décolonisation de l'Azawad, et d'analyser ses succès et ses échecs afin de faire les changements qu'impliquent la lutte anti-terrorisme, l'ennemi en face étant bien évidemment diffèrent du colonisateur Malien.
Le troisième objectif qui est aussi le plus important est de procéder à une réorganisation et ne restructuration de l'Etat-major militaire du MNLA. Comme au sein du bureau politique, des brebis galeuses se trouvent également au sein de l'état-major militaire. Afin de mieux réussir sa guerre contre le terrorisme, l'état-major militaire du MNLA se doit de mettre hors d'état de nuire les officiers qui rendent ces actions moins efficaces.
Nos sources à Tedjarert nous affirment qu'une profonde restructuration est en cours afin de permettre à l'armée nationale de l'Azawad d'être le rouleau compresseur qu'elle était de Janvier à Mars. Ce sont ces changements qui permettront au MNLA et au CTEA de libérer les villes occupées dans les prochaines semaines, agenda dont faisait référence Mossa Ag Attaher dans sa dernière interview avec Acherif Ag Intakwa.

Par Ahmeyede Ag Ilkamassene
Toumast presse