vendredi 24 juin 2011

LIBYE : Une réunion de rebelles libyens: KADHAFI TOMBERA-T-IL?

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Dakar.net


Alors que Kadhafi s’apprêterait à quitter Tripoli -tout en jurant de «résister jusqu’à l’au-delà»-, des discussions officielles et officieuses auraient été entamées entre Tripoli et Benghazi en vue du départ du colonel. Le temps urge, tandis que les dissensions s'accroissent au sein de l’Otan.



LIBYE :  Une réunion de rebelles libyens.
quand le bout du tunnel en Libye? Dans une interview au «Figaro» parue jeudi sur le site, Mahmoud Shammam, porte-parole du Conseil national de transition (CNT, organe dirigeant de l’opposition libyenne, reconnu par une bonne partie de la communauté internationale), confirme qu’il existe des contacts, indirects, entre les rebelles et des représentants des autorités de Tripoli. Ces discussions, selon lui, conservent la même condition sine qua non qu’ils ont fixée le mois dernier: l’éviction totale de Mouammar Kadhafi et de ses proches. «La participation de Kadhafi et des membres de sa famille à un futur gouvernement est totalement exclue», a-t-il assuré. En revanche, le CNT accepterait que le «Guide de la révolution libyenne» reste en Libye s’il s’écarte du pouvoir. «Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international», a expliqué Mahmoud Shammam. «De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections», a-t-il ajouté. Jusqu’ici, le Conseil de l’opposition s’était obstiné à démentir toute négociation avec les autorités encore en place. «Il n'y a de contacts ni directs ni indirects avec le régime de Kadhafi», a encore certifié le vice-président du conseil, Abdul Hafiz Ghoga, hier, alors qu’il était interrogé sur les révélations de son confrère. 

En outre, la BBC révèle qu’il existerait en parallèle des pourparlers secrets entre cinq membres du CNT basé à Benghazi –surnommé «le groupe des cinq»- et une centaine d’insurgés infiltrés à Tripoli, pour préparer la chute du régime. L’informateur a précisé que ces discussions avaient lieu toutes les nuits via des lignes sécurisées -par Skype sur internet ou par satellite-, et croit savoir que le nombre de pro-Kadhafi régresse. «Nous sommes sûrs à 100% qu’il y aura un soulèvement à Tripoli, la seule chose est de savoir quand», a affirmé Alamin Belhaj. Un de leurs objectifs serait donc d’éviter de reproduire le bain de sang qui s’est produit en février quand les rebelles ont pris Benghazi. Ils espèrent notamment convaincre les policiers et militaires encore fidèles à Mouammar Kadhafi de rejoindre leur camp le jour où ce dernier tombera. Bien que confirmée par d’autres membres de l’opposition, ces informations sont difficiles à vérifier, précise la BBC. «Si ces tractations sont clandestines, pourquoi les révéler au grand jour?», lui a demandé la journaliste Bridget Kendall. «Parce que le plus grand danger pour nous est de ne pas tenir les gens informés», a répondu Alamin Belhaj. «Les gens commencent à se poser des questions sur ce que nous faisons au CNT. Nous devons commencer à les préparer à la chute du régime.» 

DIVISIONS AU SEIN 
DE LA COALITION
 

Justement, l’après-Kadhafi est l’une des inquiétudes de la coalition, dont les divisions se font de plus en plus pesantes. «Nous, la communauté internationale, pourrions être demain dans la Libye du jour d'après (sans Kadhafi, ndlr) et il n'y a pas de plan, il n'y a pas de bon plan», a regretté le plus haut responsable militaire américain en Afrique, le général Carter Ham, dans les colonnes du «Wall Street journal». Selon lui, Mouammar Kadhafi pourrait rapidement tomber et des forces terrestres pourraient être nécessaires pour maintenir l'ordre en Libye. Rappelons que Washington avait été vivement critiqué pour ne pas avoir préparé l'après Saddam Hussein en Irak après l'intervention militaire de 2003, qui avait été suivie par des années de troubles violents et de nombreuses pertes humaines. Les politiques américains sont en désaccord sur la stratégie à adopter en Libye. Les Républicains et même certains Démocrates reprochent notamment à Barack Obama d'avoir violé la Loi sur les pouvoirs de guerre, qui interdit que l'armée soit impliquée pendant plus de 60 jours dans des opérations sans autorisation du Congrès, avec un délai supplémentaire possible de 30 jours –dépassé depuis dimanche dernier. Ce à quoi l’administration Obama rétorque qu’elle n’est pas obligée de demander l’avis du Congrès dans la mesure où ses forces ne sont engagées qu’en tant que soutien dans la mission aérienne de l'Otan –menée par Paris et Londres. Reste que selon du propre aveu de Washington, cette «guerre» qui ne dit pas son nom aurait déjà coûté plus de 715 millions de dollars (près de 500 millions d'euros) au pays, un chiffre qui attendra selon les estimations 1,1 milliard de dollars (769 millions d'euros) début septembre. Le Congrès doit se prononcer ce vendredi sur deux projets de loi: le premier, déposé par les sénateurs démocrate John Kerry et républicain John McCain, autorisant un engagement américain en Libye dans la limite d’un an et en rendant des comptes réguliers; le second, déposé par le représentant républicain de Floride Tom Rooney, visant à geler les fonds pour l’intervention, ce qui bloquerait de fait les frappes américaines. 

KADHAFI QUITTERA-T-IL TRIPOLI? 

Mercredi, le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, avait déjà appelé à un cessez-le-feu le plus rapidement possible en Libye, suscitant une vive réaction en France et en Grande-Bretagne, rejoints par Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan, déterminé à aller «jusqu'au bout». «La mission vient d'être prolongée de trois mois», a-t-il rappelé dans un entretien au «Figaro». «Nous prendrons le temps qu'il faudra jusqu'à ce que l'objectif militaire soit atteint: arrêt total des attaques contre les civils libyens, retour des forces armées dans leurs casernes et liberté d'acheminement de l'aide humanitaire. Nous savions qu'il (Kadhafi) disposait de moyens militaires et financiers importants. Nous avons évité un massacre et brisé sa machine de guerre. L'Otan a endommagé ou détruit 2 400 cibles militaires. (…) Je suis satisfait du progrès accompli.» Ce vendredi, Nicolas Sarkozy a abondé en ce sens: «Nous (les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept) sommes bien convenus de ce que nous devons continuer jusqu'au départ de M. Kadhafi», a-t-il répété lors d’une conférence de presse donnée à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles. «Aujourd'hui, tout le monde constate que les forces de M. Kadhafi reculent partout», a-t-il poursuivi, estimant que si les alliés n’étaient pas intervenus, les morts se seraient comptés par «dizaines de milliers» et «la ville de Benghazi serait aujourd'hui rayée de la carte.» 

Enfin, concernant les possibilités de départ du dirigeant libyen, le «WSJ» a révélé ce vendredi que le colonel envisagerait «sérieusement» de fuir la capitale libyenne, où il «ne se sent[irait] plus en sécurité» en raison de l'intensification des frappes de l'Alliance Atlantique Nord. L’information est toutefois d’une importance toute relative, car le «Guide» n’aurait pas l’intention de quitter la Libye, et encore moins le pouvoir, mais simplement de se réfugier dans une des multiples résidences qu’il possède dans le pays, à une date toutefois inconnue et qui semblerait «pas imminente»… Pendant ce temps, le dictateur fou ne cesse pas de narguer l’Otan, multipliant les allocutions dans lesquelles il promet de ne jamais s’avouer vaincu. Sa dernière intervention télévisée remonte à mercredi soir, quand il a juré de «résister jusqu’à l’au-delà» et rendu hommage à son ami Khouildi Hmidi, qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans un raid de l’Otan. Le week-end dernier, la maison de ce général, qui faisait partie du conseil de commandement de la révolution de 1969, a été bombardée avec acharnement, tuant 15 personnes dont la femme enceinte du fils de Khouildi Hmidi, et ses trois enfants.

LIBYE :  Une réunion de rebelles libyens.
L'Otan, qui a néanmoins dû reconnaître sa première bavure, affirmait que la villa, totalement détruite, servait également de centre de commandement. «Vous avez dit: "Nous avons frappé nos cibles avec précision", vous, assassins! Un jour, nous vous répondrons de la même manière et vos maisons deviendront des cibles légitimes», a menacé Kadhafi. «Il n'y a plus aucun accord entre nous après que vous avez tué nos enfants et nos petits-enfants», a-t-il asséné.

Vendredi 24 Juin 2011 - 17:47

jeudi 23 juin 2011

Libye : quel point de chute pour Mouammar Kaddafi ?



23/06/2011 à 19h:31 Par Jeune Afrique
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Mouammar Kaddafi.Mouammar Kaddafi. © AFP
La solution de l'exil de Mouammar Kaddafi agite les diplomaties. Mais outre le fait que le "Guide" ne se laissera pas faire, il faudrait encore trouver un pays qui veuille bien l'accueillir...
L’hypothèse d’un départ en exil de Mouammar Kaddafi, sur laquelle le G8 s’est penché lors du sommet de Deauville, fin mai, reste d’actualité. Quel point de chute pourrait lui convenir ? Deux solutions. 1. La palmeraie de Sebha, dans le Sud libyen. Très improbable, car il faudrait que le Conseil national de transition (CNT) renonce à toute poursuite judiciaire contre lui. 2. Un pays d’accueil, mais lequel ? La Turquie a déjà refusé. Le Venezuela n’est pas stable, et Kaddafi a tout à craindre de l’après-Chávez.L’Égypte, où se réfugia le roi Idriss en 1969 ? Elle n’est pas signataire du traité instituant la Cour pénale internationale (CPI), mais est sans doute trop proche de la Libye. En tout cas, le régime de transition n’a dit ni oui ni non. L’Érythrée ? Le président Afewerki, qui doit beaucoup à Kaddafi, pourrait accepter. Autre option sérieusement envisagée : la Malaisie. C’est très loin, le pays est musulman et n’a, lui non plus, pas reconnu la CPI. De plus, Najib Razak, le Premier ministre, s’est prononcé contre l’opération internationale en Libye. Reste à convaincre le « Guide », qui veut se battre « jusqu'à l'au-delà », de lâcher prise…


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Libye : plus de 100 000 Nigériens ont fui les combats

Plus de 100 000 Nigériens ont fui les combats en Libye depuis février a indiqué mercredi le Comité gouvernemental (nigérien) chargé de leur accueil. Ils sont rentrés dans leur pays d’origine. "Nous avons recensé à ce jour plus de 100 000 Nigériens qui sont rentrés au bercail", a indiqué à l’AFP un responsable du comité basé à Agadez, au nord du Niger, frontalier de la Libye. La quasi-totalité sont rentrés par la route par le poste frontalier de Dirkou, localité nigérienne proche de la frontière libyenne. D’autres sont passés par des points d’entrée non officiels.

«Il y a des contacts entre Benghazi et Tripoli»

Figaro.fr

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Par Delphine Minoui
23/06/2011 | Mise à jour : 18:07
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Mahmoud Shammam, porte-parole du CNT, lors d'une conférence internationale portant sur l'avenir de la Libye, le 29 mars dernier à Londres.
Mahmoud Shammam, porte-parole du CNT, lors d'une conférence internationale portant sur l'avenir de la Libye, le 29 mars dernier à Londres. Crédits photo : © Toby Melville / Reuters/REUTERS

INTERVIEW - D'après Mahmoud Shammam, le porte-parole du Conseil national de transition (CNT), les rebelles libyens continuent de faire de l'abandon du pouvoir par le clan Kadhafi la condition préalable d'une solution négociée.

LE FIGARO. - Un émissaire russe a récemment affirmé que les autorités libyennes avaient entamé des négociations directes avec la rébellion. Y a-t-il, oui ou non, des discussions en cours, et à quel niveau ?
Mahmoud SHAMMAM. - Oui, des contacts sont en cours par le biais d'intermédiaires. Mais ces négociations ne sont jamais directes. Elles se déroulent parfois en Afrique du Sud, parfois à Paris, où Kadhafi a récemment envoyé un représentant pour nous parler. Nos conditions demeurent invariables : la participation de Kadhafi et des membres de sa famille à un futur gouvernement est totalement exclue. Nous évoquons avec eux les mécanismes du départ de Kadhafi. Nous considérons qu'il doit se résigner à partir, ou bien accepter une mise en retraite dans une zone reculée de la Libye. Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international. De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections.
Et comment réagit Tripoli à ces propositions ?
Leurs réactions sont contradictoires. Parfois nous approchons du but, parfois nous nous en éloignons, ça dépend de l'humeur du moment de Kadhafi.
Comment préparez-vous l'après-Kadhafi, s'il finit par tomber ?
Notre objectif est d'assurer une transition la plus transparente et démocratique possible. Si Kadhafi quitte le pouvoir, les défis sont nombreux : l'organisation d'élections, l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Ce processus ne devrait pas excéder huit mois. De plus, les 32 membres du CNT, moi y compris, se sont engagés à ne pas participer à la vie politique du pays durant les quatre années qui suivront la chute de Kadhafi, afin d'éviter les conflits d'intérêt.
Unie contre Kadhafi, la mosaïque des opposants ne risque-t-elle pas de se fissurer à sa chute ?
En quarante-deux ans de pouvoir, Kadhafi a tué l'opposition. Mais aujourd'hui, les Libyens sont soudés malgré leur diversité. Qu'ils soient arabes, berbères, membres de telle ou telle tribu, ils aspirent tous au changement. Il y a une vraie solidarité, un respect mutuel. Je suis optimiste pour l'avenir. Regardez comment la société civile s'organise à Benghazi. Le taux de criminalité n'a pas augmenté depuis le départ des forces de Kadhafi.

Éléments radicaux

Certains, en Occident, s'inquiètent d'une infiltration de la rébellion par al-Qaida. L'extrémisme est-il à craindre ?
La société libyenne est musulmane, mais elle n'est pas fondamentaliste. On ne peut nier la présence d'éléments radicaux. Cependant, ils ne représentent qu'une portion infime, pas plus de 15 % des rebelles, et ne constituent pas, à nos yeux, une menace. Les membres du Groupe islamiste combattant libyen, libérés par Kadhafi avant la révolution, font partie de l'opposition. Nous considérons qu'il est de leur droit, comme les autres composantes de la dissidence, de participer à la politique de la future Libye. Mais s'ils ne jouent pas le jeu de la démocratie, je vous garantis que les Libyens leur réserveront le même sort qu'à Kadhafi.
La rébellion reçoit-elle des aides financières et militaires ?
Nous n'avons pas reçu un seul centime de la communauté internationale. En revanche, nous avons bénéficié d'aides en nature de différents pays : nourriture, médicaments, équipements. Nous avons également reçu de certains pays arabes des armes légères pour nous défendre.
Si l'Otan se retire, comment allez-vous vous défendre ?
Nous continuerons à nous battre jusqu'au bout. Nous n'avons pas d'autre choix.
Êtes-vous préparés à ce scénario ?
Bien sûr qu'on travaille là-dessus. Mais je ne peux pas en dire plus.

Tamikrest, la mémoire vive du Sahel

Dignes héritiers du blues touareg de Tinariwen, le collectif de musiciens Tamikrest aborde la situation du peuple nomade, le désenchantement de la jeunesse et la position ambiguë de l'Etat malien.

Tamikrest © Tous droits réservés.
L'AUTEUR
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Première icône de la chaîne MTV, leader du défunt groupe multiplatinés Dire Straits, Mark Knopfler est surement loin de se douter de son aura… dans le Sahel. Quinze ans après la séparation du groupe aux plus de 120 millions albums écoulés, le guitariste demeure en effet l’objet d’un véritable culte parmi les jeunes touaregs, ou plutôt ishumars (du mot français chômeurs) partis tenter leur chance dans les chefs-lieux des pourtours sahéliens des 5 états (Algérie, Mauritanie, Mali, Niger et Libye) abritant cette communauté.
«Avec les cassettes de Bob Marley, je n’ai cessé d’écouter celles de Dire Straits», confirme Ousmane Ag Mossa. Ousmane a 27 ans. Il est né à Tin Zaouten, sur les frontières du nord-est Mali et de l’Algérie, alors que, dix ans après la terrible vague de sécheresse de 1976, le village, connu pour ses produits maraîchers, était confronté à une nouvelle période de disette:
«Je suis né à une époque de calamité au milieu d’événements épouvantables pour le peuple touareg. Mes parents ont connu tant de privations. A l’âge de cinq ans, la rébellion a éclaté. C’était en 1990. Je n’étais qu’un enfant, et j’ai pris l’habitude de me cacher dans les rochers avec les autres femmes et enfants, à quelques kilomètres au nord du village, près de la frontière algérienne. Quand je pense à cette période, c’est comme si tout se produisait à nouveau devant mes yeux».

Protest song en version tamashek

A une différence: Ousmane est désormais à la tête d’un groupe, les Tamikrest, qui sortent leur second album sur le marché international, Toumastin (Differ-Ant), «mon peuple» en langue tamashek. Le disque a été enregistré avec peu de moyens et avec l’aide des vétérans américano-australiens de Dirtmusic. Ousmane s'en excuserait presque. C'est pourtant une bonne surprise. Le collectif s’est considérablement émancipé de l’ombre tutélaire des Tinariwen, première grande formation de blues touareg à s’être imposée auprès des amateurs de musiques du monde.
On y retrouve bien sûr le style de guitare aride et à l'économie popularisée par ces célèbres parrains qu’Ousmane découvrit à l’âge de 5 ans. Des pieds des Tassilis aux profondeurs du Sahara, des camps de réfugiés de Tamanrasset aux bourgades du nord-Mali, Tinariwen a en effet ouvert la voie et les voix d'une dizaines d'autres formations musicales ayant embrassé la protest song en version tamashek. 
Mais Tamikrest, 25 ans de moyenne d’âge, sort aujourd'hui clairement du lot. Il trace désormais son propre chemin, se réservant silences instrumentaux et longues ascensions psychédéliques. Le son est plus garage, minéral —comme l'environnement. Le rythme, chamelier, va du pas au trot. Les chœurs aboient. La caravane passe. Le disque dure. La mémoire vive. La lutte continue.
«Il faut du courage pour chanter. Mais nous mourrons debout», souligne gravement Ousmane. «Nous sommes devenus des étrangers sur notre propre terre. Nos villes subissent une politique de peuplement qui est en train de nous tuer à petit feu. La vente de nos terres à des sociétés multinationales sans notre consentement est une dépossession avérée.»
Quand ils étaient gamins, Ousmane et Cheikh Ag Tiglia, le bassiste, noyau dur de la formation, avaient «comme ambition d’être diplomates, avocats. En somme de faire entendre les problèmes de notre communauté. Mais comment vous pouvez poursuivre vos études lorsque vous êtes ostracisés par les autorités maliennes et que les professeurs se montrent injustes, parfois jusqu'au racisme, à votre encontre? C’est la musique que nous avons finalement trouvée. Nous nous sommes aperçus qu’elle pouvait aussi transmettre quelque chose. Faire comprendre la réalité de notre peuple. Nous prônons l’autodétermination: pouvoir gérer nous-mêmes nos terres en plaçant le désert sous notre propre responsabilité. Nous voulons diriger notre propre destin.»

Des cigarettes en guise de cachet

Entre deux interviews, les jeunes gens vont tirer sur une cigarette sur le seuil du bar parisien où ils reçoivent les journalistes. Ils sont calmes. Ousmane répond. Cheikh ajuste. Ils n'ont connu qu'indirectement la guerre de 1990-1995 avant d’avoir été effleurés par le retour de flamme de 2006. Comme le dit joliment le journaliste et manager britannique Andy Morgan, un de leurs parrains:
«Tamikrest est un jeune groupe mais ses chansons sont vieilles. Je ne veux pas dire qu’elles furent écrites il y a longtemps, mais que la lutte des touareg elle-même est vieille et les chansons de Tamikrest sont seulement la plus récente expression de cette lutte».
Ousmane et Cheikh sont désormais basés à Kidal, capitale du nord-est Mali. Tous deux ont dû rallier le Sud après avoir été forcés de quitter Tin Zaouten, transformée en zone interdite militaire après l’entrée en conflit de l’Alliance Démocratique du 23 mai pour le changement, nouveau mouvement fédérant les revendications des populations touaregs du nord-Mali. Ce jour-là, la garnison armée de Kidal est attaquée:
«C’était une période difficile pour moi», se rappelle Ousmane. «Je me suis réveillé tôt ce matin-là et j’ai découvert que la ville s’était métamorphosée en cauchemar. Ceux qui ont voulu rejoindre les rebelles l’avaient déjà fait. Mais ce n’était pas notre cas, ni notre choix. Nous sommes des musiciens, pas des gens qui portent des armes.»
Alors que le père d’Ousmane a rejoint la Libye, les jeunes gens écument tous les coins de Kidal, recevant des cigarettes en guise de cachet. La réputation locale de Tamikrest est lancée. L’accalmie consécutive aux accords d'Alger pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la région de Kidal, signés en juillet 2006, donne des ailes aux musiciens. Le groupe joue au Forum de la paix en mars 2007, quand les rebelles rencontrent le gouvernement malien.
Il continue à grandir en même temps que son audience, composée principalement d'une nouvelle génération de Touaregs nourris à Dire Straits tout comme au métal, au rap, au raï algérien et aux nouveaux rythmes urbains remontés des côtes Ouest-Af’. Désirs nouveaux, nouvelle voix: celle de Tamikrest commence à enthousiasmer la jeunesse. Fin 2007, le groupe se retrouve programmé au Festival du Désert d'Essakane, 965 kilomètres à l'Ouest, prés de Tombouctou. C'est là qu'à lieu la rencontre avec les vétérans de Dirtmusic puis la mise en orbite du premier album.
Malgré leur début de notoriété internationale, les Tamikrest restent méconnus des Maliens:
«Nous ne sommes toujours pas programmés sur la radio nationale et nous ne nous produisons généralement à Bamako que dans les salles communautaires.»

Aqmi, le seul business qui marche

Les jeunes gens se disent proches des revendications du nouveau Mouvement national de l'Azawad (MNA), accusé par la presse nationale de compromettre le retour de la paix dans le septentrion.
«Comment pourrait-il en être autrement», explique Ousmane. «Rien n'a changé depuis les accords de 2006. C'est même devenu pire à cause des menaces terroristes. Désormais, à Kidal, il n'y a plus de touristes et le seul business qui marche, c'est Aqmi, al-Qaida au Maghreb islamique. Dans ce contexte, comment voulez-vous que certains jeunes ne soient pas en effet séduits par l’organisation? Est-ce que ça fait pour autant de tous les Touaregs des terroristes?
Nous ne sommes pas des Salafistes. Nous pratiquons un islam de tolérance. Il faut éviter l'amalgame, mais ça semble arranger les autorités centrales. Le Mali souhaiterait en fait confondre le problème touareg avec la question terroriste, afin de recevoir des financements internationaux qui lui permettraient non pas de lutter contre les terroristes, mais plutôt contre notre peuple. En fait, c'est comme si les groupes terroristes étaient devenus des alliés implicites de l'Etat malien dans leur lutte contre les Touaregs.
Tout le monde sait par exemple que les terroristes rôdent jusqu'à l'une des plus grandes bases de l'armée malienne dans le Nord, à Aguelhok, sans que celle-ci n'ait jamais réagi, alors que le gouvernement reçoit des millions d'euros de matériel militaire pour cela. Et pendant ce temps, à Kidal, notre ancienne école est devenue une base de l'armée malienne. Et on offre des concessions d'exploration pétrolières à des opérateurs internationaux dans la région de Tombouctou…» 
En août 2010, Aqmi exécutait à Kidal un collaborateur des douanes maliennes, dont le métier était de guider les pandores dans l'immensité désertique du nord-Mali. L’homme était surnommé Merzuk. C’était un oncle de Cheikh…
A la fin de l’album, Ousmane chante: «Tout a une fin et autre chose lui succèdera». Les aînés de Tinariwen abandonnèrent un jour la Kalach’ pour s'emparer de guitares. Rien ne dit que les Tamikrest ne troqueront pas leurs instruments pour s'engager un jour sur un autre champ de bataille dans le désert. Mais pour eux, une chose est sûre:
«Nous ne pourrons jamais vivre ailleurs que là ou nos ancêtres ont été enterrés».
Alain Vicky

Tamikrest joue le 22 juin, au Point Ephémère (Paris). Les dates de leur tournée européenne sontsur leur site.

mercredi 22 juin 2011

Niger : les ex-rebelles percent en politique

IGER - 
Article publié le : mercredi 22 juin 2011 - Dernière modification le : mercredi 22 juin 2011


Aklou Sidi Sidi , ex-chef du mouvement rebelle nigérien du FPN (Front patriotique nigérien), vient d'être élu vice-président du Conseil régional d'Agadez.
Aklou Sidi Sidi , ex-chef du mouvement rebelle nigérien du FPN (Front patriotique nigérien), vient d'être élu vice-président du Conseil régional d'Agadez.
(Photo : AFP)
Par RFI
Au Niger, les ex-rebelles percent en politique. Ghissa Feltou, le nouveau maire élu d’Agadez est un ex-rebelle. C'est le cas aussi du président élu du Conseil régional, Mohamed Anako, figure de proue de la rébellion touareg des années 1990 au Niger. Il s'est présenté sous les couleurs du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, PNDS, au pouvoir.
Mohamed Anako qui vient d’être élu président du Conseil régional a été l’un des responsables de la rébellion des années 1990. Il s’était depuis converti en politique :
« Tout d’abord, je tiens personnellement à remercier tous les collègues conseillers qui ont eu à me faire confiance et l’honneur de m’élire au poste de président du Conseil régional d’Agadez ».
Son vice-président à ce Conseil régional n’est autre que Aklou Sidi Sidi qui était encore en 2009 chef du front rebelle. « Nous l’avons dit effectivement lorsque nous avons engagé le processus de paix, dit-il, que nous inscrivons désormais notre action dans la recherche du retour de la stabilité et plutôt d’aller dans le sens effectivement d’une lutte qui favorise le développement de la région d’Agadez et du Niger de façon générale».
Autre grosse pointure de la rébellion, Rhissa Ag Boula. Il est également membre de ce Conseil régional : « Pour moi, c’est une fierté parce qu’en 1995 quand nous avons signé les accords de paix, le premier chapitre de ces accords de paix, c’est la décentralisation. Et donc aujourd’hui, c’est la concrétisation effective même si cela a pris du temps ».
Clôturant la séance le gouverneur de la région, le colonel Garba Maikido, a appelé le nouveau Conseil régional à s’investir pour trouver une solution aux problèmes d’insécurité qui minent le développement de la région.

mardi 21 juin 2011

Rio Loco : Bombino

Rio Loco : Bombino: "pEntre l’enivrant blues du désert d’Ali Farka Touré et de Tinariwen et le blues rock rugueux de John Lee Hooker ou de Jimi Hendrix, Omar Moctar aka Bombino ne choisit pas. Aride, puissant et urgent comme une tempête de sable.br /
embr /
Photo ©/ema href='http://www.flickr.com/photos/superhead/ 'em Fats Superhead /em/a/p"