TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
mercredi 18 novembre 2009
Hama Amadou ex premier ministre du Niger:« Tandja veut me tuer »
« Tandja veut me tuer »
Politique
Mercredi, 18 Novembre 2009 12:07
Je trouve simplement que le Niger est sous un régime de dictature à la suite d’un coup d’Etat perpétré par un ancien lieutenant-colonel à la retraite et quand tout état de cause, comme tous les coups d’Etat, celui-ci plus que les autres est encore plus inacceptable dans la mesure où le peuple a fait confiance à cet homme par 2 fois. Et la reconnaissance de cette confiance, c’est la trahir au moment où il fallait partir et présenter ses remerciements à ce peuple. Je trouve que le Niger est dans une situation politique très particulière, inédite dans le monde, une situation politique qui inévitablement va évoluer vers une catastrophe dont la nature et l’ampleur dépendront du peuple nigérien lui-même.
Question : Excellence, dans le cadre de la résolution de cette crise, le médiateur désigné par la CEDEAO a invité les deux parties pour les entendre. Vous avez assisté à cette rencontre, qu’est-ce qu’il faut retenir de cette rencontre ?
H.A. : Nous sommes venus à Abuja dans le cadre de cette médiation à l’invitation de la CEDEAO et du médiateur, le général Abdul Salami Abubakar ancien président de la République fédérale du Nigéria. Nous sommes venus présenter notre analyse de la situation qui prévaut au Niger, notre vision des perspectives qui s’annoncent sombres pour notre pays, et la nécessité d’y remédier très rapidement afin d’éviter que le Niger ne plonge dans un abîme sans fond. Nous avons d’abord administré la preuve que contrairement à toutes les allégations de M Tandja Mamadou, il a bel et bien commis un parjure, il a violé son serment, il a violé la constitution, il a trahit le peuple nigérien, il a commis un acte de honte trahison passible de la Haute cour de justice. Ceux qui s’évertuent a expliquer qu’il n’y a pas de violation, ne comprennent rien du tout au droit constitutionnel ou sont d’une mauvaise foi qui défie l’imagination. Le monde entier est conscient, malgré toutes les gesticulations dont ils font preuve, qu’au Niger la constitution a bel et bien été violée, que le serment coranique de M. Tandja Mamadou a été violé par celui-ci et quand tout état de cause il est difficile de faire confiance à un partenaire qui est capable de violer la constitution de son propre pays. Parce que dans un pays, l’ordonnancement juridique place la constitution de la République au dessus de toutes les lois et règlements et au dessus des individus et du système. Parce que c’est lui qui donne le pouvoir, c’est lui qui définit les conditions dans lesquelles le pouvoir est exercé. Si la loi fondamentale peut être piétinée par ceux qu’elle a créé, il est évident qu’un tel partenaire ne peut être fiable. Dans ces conditions c’est le Niger qui sera victime de tout ce qui ce passe. De la part de ceux qui se sont arrogés illégalement le pouvoir de l’Etat, non pas par les moyens démocratiques qui l’ont porté au pouvoir mais par des moyens frauduleux, des moyens qui frisent un défi contre Dieu. Parce que celui qui viole son serment coranique ne défie pas seulement les hommes, il défie Dieu. Aucun être humain, quelque soit sa taille et son poids, quelques soient ses prétentions ne peut se comparer à Dieu, il faut faire preuve d’humilité, et savoir que dans un pays, quelque soit le nombre de sa population, aucun individu ne peut prétendre qu’en dehors de lui, il n’existe aucun autre concitoyen capable de faire ce qu’il est entrain de faire ou de faire mieux que lui. Nous avons entendu des propos de ce genre où Tandja prétend qu’il est au-delà des nigériens, le plus grand président du monde plaçant ainsi derrière lui, les Obama et tous ceux qui gouvernent les plus grandes puissances de cette planète. C’est vous dire que la situation doit inquiéter les nigériens. Ce qui veut dire que les nigériens doivent s’attendre, dans les jours à venir, à des perspectives extrêmement difficiles pour leur quotidien.
Q. : Quand on parle de médiation, on parle forcement de négociations et de concessions. Au niveau de la CFDR quelles peuvent être les concessions que vous pouvez faire pour qu’on sorte de la crise ?
H. A : Entendons-nous bien. Est-ce que en tant que citoyen nigérien, vous êtes d’accord qu’on concède l’assassinat de la démocratie, qu’on fasse l’économie de la démocratie au Niger et qu’on passe ? La démocratie ne peut être concédée. Vous êtes d’accord que nous concédions la violation de la constitution afin que après Tandja un autre citoyen nigérien ne se dise que puisque ça a marché avec Tandja, nous allons faire la même chose ? Sur les principes démocratiques, sur les acquis démocratiques, même si nous le voulons nous ne pouvons pas faire de concession et nous ne demandons rien d’autre, en ce qui nous concerne, que la restauration de la démocratie et le respect des règles démocratiques qui passent par l’état de droit. C’est-à-dire le respect du droit, et que les gouvernants gouvernent sous l’empire de la loi, et non sous l’empire de leurs seules lubies.
Q. : Pendant que cette médiation a été initiée par la CEDEAO, la justice du Niger a lancé contre vous et le chef de file de l’opposition, deux mandats d’arrêt internationaux. Pour votre cas c’est la deuxième fois que vous faites l’objet d’un tel traitement. Comment avezvous réagi en apprenant la nouvelle ?
H.A : Ces mandats d’arrêt internationaux, au Niger on dit c’est du « Wassan- Kara ». Quand un pays ne peut même pas exécuter ses propres mandats internationaux, comment voulez vous que les autres pays qui vous regardent les exécutent. C’est à dire que ce sont des mandats qui font rire le monde entier. Quand on prétend que l’ancien Premier ministre du Niger en 2008 et 2009 a blanchi cent cinquante milliards (150.milliards) de francs CFA pendant qu’il était en prison, on fait rire même les vaches ! Au Niger, cent cinquante milliards, quelle est l’activité illégale qui peut vous procurer une telle somme ? Pendant que j’étais en prison, est-ce que j’ai volé les armes des gardes pour les vendre ? J’ai vendu de la drogue ? J’ai mené quelle activité illégale qui peut me procurer une telle somme ? Parce que nous sommes bien d’accord, que je ne pouvais pas détourner 150 milliards pendant que j’étais en prison. Ce sont des dossiers qui ne peuvent convaincre aucun homme sensé en dehors du territoire du Niger. Il suffit simplement d’écouter les éléments à partir desquels des dossiers de mandat d’arrêt international a été lancé, pour en rigoler. J ‘ai honte pour mon pays, et tout le monde comprend que ces mandats d’arrêt internationaux, n’ont d’autres objectifs que de se débarrasser des dirigeants politiques nigériens, capables de remplacer Tandja Mamadou, demain s’il y a des élections libres et démocratiques. Donc ces 150 milliards, je dis bien milliards, représentent à peu prés 75 tonnes de papier. Est-ce qu’on peut les cacher sous un lit ? Est-ce qu’on peut les mettre sous son matelas ? Il faut au moins 2 camions TLM pour les transporter. Si j’ai blanchi 150 milliards en un an, je suis donc un génie et les nigériens doivent rapidement faire partir Tandja pour me prendre, parce que je sais fabriquer de l’argent. 150 milliards en un an et en prison, mais si je suis libre hors de la prison je peux faire des milliards encore plus nombreux. Cela vous donne une idée de ce qui se passe. Le premier mandat n’est pas terminé, on lance un second mandat d’arrêt international pour blanchiment ou on prétend que des Etats souverains ont participé avec nous, en complicité, au blanchiment de l’argent qu’ils nous ont donné. Peut-on accuser ses propres voisins, de blanchiment d’argent ? Les banques qu’on prétend avoir été les moyens du blanchiment, doivent être citées. On dit une banque au Luxembourg, une autre en Suisse, mais c’est vague. Chaque banque a un nom dans le monde et je suis soucieux d’entendre les noms de ces banques, puisque je suis encore libre, afin de les voir pour prendre mon argent ! Ou en tout cas qu’elles sachent que le gouvernement nigérien les accusent de blanchiment. Je pense que ce sont encore d’autres problèmes plus graves pour le Niger, puisque la guerre avec les institutions bancaires internationales ne peu pas être gagnée. Donc accuser des banques internationales de blanchiment d’argent, dans le monde d’aujourd’hui c’est extrêmement grave.
Pour se débarrasser des opposants, voyez bien qu’ils n’ont pas hésité à monter des dossiers aussi honteux qui dégradent l’image du Niger, et transforment le Niger en République - pas bananière puisque nous n’avons pas de banane - mais en République « acacière » puisqu’on a des acacias, c’est très grave ce qui est entrain de se faire. J’ai honte pour mon pays, j’ai honte pour ceux qui prétendent agir pour l’intérêt du Niger, mais on est entrain de compromettre l’intérêt du Niger de manière très grave, de manière extrêmement pitoyable et ceux qui sont entrain de poser des actes de ce genre doivent savoir que le temps arrive au bout de tous les errements, arrive au bout de toutes les perversions et le temps un jour, leur permettra de se rendre compte qu’ils ont fait du mal au Niger.
Q. : Contrairement à la deuxième personnalité contre laquelle un mandat d’arrêt international a été lancé, vous avez décidé de ne pas rentrer au pays. Peut-t-on savoir pourquoi ?
H.A. : La raison est simple : Tandja veut me tuer. Tandja ne veut pas arrêter, Tandja cherche un moyen pour me mettre la main dessus, pour me tuer, comme ils ont déjà tué un certain nombre de gens que je ne veux pas citer. Je sais que c’est tout ça là, c’est du faux, mais on va dire que c’est du faux, et ils vont venir pour montrer qu’ils sont courageux. Je suis audacieux mais pas téméraire. Je sais à qui j’ai à faire, je ne vais pas aller me lancer dans un piège aussi élémentaire. Quand il a fallu aller au Niger, j’ai été. Personne ne peut m’accuser d’être un peureux, lui-même Tandja ne peut pas m’accuserd’être un peureux, parce qu’il sait qu’aux moments les plus difficiles que nous avons vécu ensemble, il ne m’a jamais vu trembler, il le sait.
Q. : La CEDEAO a pris des sanctions contre le Niger. A l’annonce de ces sanctions, vous, les trois personnalités notamment Mahamadou Issoufou, Mahamane Ousmane et vous, avez été accusés à la base de ses sanctions et même à la base de toute la pression que la communauté internationale est en train de mettre aujourd’hui sur notre pays, pour un retour à l’ordre constitutionnel, quelle est votre réaction après tout cela ?
H.A : A la suite de ces propos, les nigériens devraient s’inquiéter : comment de simples individus qui ne représentent rien d’après les propres propos de M. Tandja, peuvent-ils pendant que l’Etat entier du Niger avec ses gouvernants, ses institutions, son drapeau sont là, que des simples individus qui ne représentent rien, puissent amener la communauté internationale – parce que vous parlez de la CEDEAO, de l’Union européenne… de grandes institutions qui nous dépassent dix millions de fois -, que nous nous puissions les amener à prendre des mesures et que eux Etat du Niger et avec toutes les institutions et avec le plus grand président du monde, ne soient pas capables d’empêcher cela, vous devrez vous inquiéter. Ça veut dire que vous avez des incompétents à la tête de l’Etat du Niger, et que ceux qui sont capables de faire bouger la communauté internationale ont été chassés. Je suis très content que Tandja reconnaisse que je suis capable de faire bouger la communauté internationale. Mais soyons rairaisonnables, la communauté internationale, ce n’est pas des instruments avec lesquels des simples individus peuvent s’amuser. Ce sont partout des grands responsables du monde à qui on ne peut pas raconter des histoires, à qui la « fiction du peuple m’a dit de rester », ne peut pas marcher, parce que les peuples, ils en ont. Ils savent comment agissent les peuples, ils savent quelles sont les procédures par lesquelles les peuples se prononcent. Avant qu’il ne fasse son faux référendum, Tandja a rencontré le peuple où, dans quelle salle, ou bien sur quel territoire ? Il ne l’a vu nulle part et il veut faire croire à ces gens là que le peuple lui a dit de rester et que c’est pour cela qu’il reste. C’est ridicule. Il suffit de lire simplement les différents traités internationaux auxquels le Niger a souscrit, sur la démocratie, la gouvernance, aucun pays aujourd’hui ne peut s’isoler et croire qu’il peut faire ce qu’il veut chez lui surtout quand il n’a rien dans les caisses. Nous avons entendu des blasphèmes des gens qui viennent à la télévision nationale insulter des institutions internationales pour dire que, ce que l’Union européenne donne n’est rien du tout. Moi j’ai été premier ministre du Niger, je sais le poids que représente l’aide de l’Union européenne dans le budget du Niger, et s’ils ne le reconnaissent pas,ils le reconnaîtrons bientôt. Ils prétendent qu’ils vont remplacer l’Union européenne par la Chine ou bien je ne sais pas par un autre pays mais le monde est une unité, aucun pays ne peut se permettre de défier tout le reste du monde. Le croire, est une ineptie politique c’est une sorte d’aveuglement, de quelqu’un qui a trop bu, et qu’il ne sait pas ce qu’il est entrain de raconter. Le Niger est trop petit pour défier le monde entier ; même les Etats Unis ne peuvent pas le faire, parce que tout pays qui le fait doit assumer les conséquences. Mais là ce qui est entrain de se passer, le pays le plus pauvre du monde, avec les institutions les plus fragiles du monde, avec les moyens des plus dérisoires, prétend damer le pion au reste du monde entier. S’il n’y a pas de la folie quelque part dans ce raisonnement, il faut quand même reconnaître qu’il y a une absence totale de bon sens dans se qui s’envisage. Le Niger doit s’inquiéter et les nigériens doivent s’inquiéter plus que n’importe qui.
Q. : Excellence, quand envisagez-vous le retour au Niger ?
H.A : Je pense que je pourrais revenir bientôt, parce qu’un tel régime, quelque soit sa capacité à corrompre, la corruption a une limite, parce qu’on veut bien être corrompu pour pouvoir continuer de vivre, mais quand la corruption est une pilule amère qu’on vous donne pour mourir, je crois que beaucoup de gens n’avaleront plus cette pilule, donc je suis conscient et je sais que Dieu veille sur le Niger et qu’il fera en sorte de nous débarrasser du système monstrueux, politiquement innommable qui est aujourd’hui entrain de faire du tort au Niger et qui se prétend le pouvoir en place à Niamey.
Q. : Est-ce que vous avez un message particulier pour les militants de votre parti le Modem FA Lumana et l’ensemble des nigériens ?
H.A : J’ai plutôt un message à l’endroit du peuple du Niger. Avant d’aller à Koutoukalé, je disais, que le lit de la dictature est rembourré avec la soie de la lâcheté des hommes. Les nigériens ne doivent pas accepter que Tandja continue de faire honte au Niger dans le monde entier. Cette honte elle touchera leurs enfants, elle touchera les générations à venir et elle les affectera très bientôt. Les nigériens doivent savoir que leur liberté est beaucoup plus importante que tout ce qu’ils peuvent gagner, leur souveraineté ne peut pas être spoliée par un homme. La liberté et la souveraineté du peuple font la grandeur et la fierté du peuple. Un peuple qui accepte de subir une dictature aussi honteuse sans réagir est un peuple qui a le droit de mourir sous le pied du dictateur. Je sais que le peuple nigérien est trop fier, trop orgueilleux pour accepter qu’un individu qu’il a créé – parce que c’est le peuple nigérien qui a créé Tandja – le fasse mourir sous ses bottes. Je demande aux nigériens de réagir.
Transcrit par L’ACTUALITE. Propos recueillis par Radio Anfani
18 novembre 2009
Publié le 17 novembre 2009
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Rencontre-débat sur le Sahel africain : ces tensions qui nourrissent l’instabilité
Hafida Ameyar-Liberté Algérie-18-11-09
mercredi 18 novembre 2009Les intervenants au cours de ce débat ont surtout mis en évidence l’importance géostratégique de cette région, confrontée à la fois à des défis d’ordres sécuritaire, ethnique, économique.
“Le Sahel est une zone de crises. Pourtant, il représente le ventre mou dans la sécurité algérienne”. C’est ce qu’a déclaré, hier, le responsable du Centre des études stratégiques d’Echaâb, Mohand Berkouk, lors de la conférence sur les “problématiques sécuritaires dans le Sahel africain”.
Dans son allocution introductive, ce dernier a également observé que l’Algérie “ne s’est pas trop intéressée à cette région”, en déplorant l’absence d’études, notamment des “études anthropo-politiques”. M. Berkouk a en outre rappelé les résultats d’une étude récente, consacrée au phénomène d’insécurité, qui met en avant un certain nombre de facteurs propres au Sahel africain.
On retiendra, dans ce cadre, “la faiblesse dans l’identité politique de l’État”, notamment au Mali et au Niger, les problématiques liées à “l’injustice distributive”, en référence à la distribution inégale des ressources naturelles et donc à la pauvreté, le “phénomène d’insécurité” rendu possible par l’inexistence d’une institution commune, ainsi que les “problèmes d’incohérence” en termes de vision.
L’organisateur de la rencontre d’Echaâb a ensuite abordé le regard porté sur cette région par les États-Unis et la France. Selon lui, les USA importeront 25% de leur énergie de l’Afrique, ce qui confirmerait “la vision US de sécurisation de ses intérêts, à la fois géopolitiques et géo-énergétiques”.
Quant à la vision française, Mohand Berkouk s’est demandé si celle-ci entre en rivalité avec celle des Américains ou si elle la complète, avant de conclure sur la nécessité de créer “un cadre inter-opérationnel pour les pays du Sahel, car les problèmes d’ordre sécuritaire sont de nature flexible”. L’universitaire Abdelhafid Dib est allé dans le même sens, du moins en affirmant que le Sahel est “aux portes de l’Algérie”, surtout du côté sud de “cette zone de crises”.
L’intervenant a cependant approché la question sécuritaire sous l’angle des frontières. Carte géographique à l’appui, il a signalé que les frontières algériennes se trouvent à 463 km de la Mauritanie, 1 376 km du Mali, 956 km du Niger et 982 km de la Libye. Soit un total 3 747 km. M. Dib a par ailleurs abordé les questions liées à l’immigration, estimant qu’elles se justifient par la pauvreté et les crises internes. Il a clairement laissé entendre que cette immigration peut être à 90% une base pour le crime organisé, y compris sous son visage terroriste. “Si la région frontalière ne connaît pas de développement, alors le problème de sécurité restera posé pour l’Algérie”, a-t-il soutenu.
La problématique sécuritaire dans le Sahel africain a également été examinée sous sa dimension ethnique, par un autre universitaire, Hocine Boukhara, qui a étudié le sujet complexe des minorités touaregs. D’après lui, cet aspect est important à connaître, car “chaque fois qu’il y a problème au Mali ou au Niger, celui-ci a des répercussions sur l’Algérie”. Même si le problème des Touaregs renvoie à “la faiblesse des États” voisins et à leur incapacité à “répondre aux besoins de ces minorités”, il intéresse néanmoins certains pays, plus récemment les USA. De plus, ce problème est parfois instrumentalisé et brandi par certains États, dont la Libye et le Maroc, comme “une carte de pression”. Israël n’est pas resté en marge de ces pressions, puisque ce pays aurait tenté, de 1992 à 1995, d’ “influer sur les événements dans la région, à travers la tribu Isaak (une tribu d’origine juive qui s’est convertie à l’Islam), au nord du Niger”. À M. Boukhara d’insister enfin sur le lien entre la stabilité de la région et son développement.Il faut savoir que la conférence-débat, initiée par le Centre des études stratégiques d’Echaâb, est la première d’un cycle de rencontres consacrées à la région du Sahel. Ainsi, au cours de ce mois, deux autres tables rondes auront lieu et porteront respectivement sur “la politique française au Sahel” et “les enjeux stratégiques des politiques américaines au Sahel”. Le cycle de débats se poursuivra jusqu’au 20 décembre prochain, une date qui coïncidera avec la table ronde réservée au “terrorisme et (aux) questions sécuritaires”.
mardi 17 novembre 2009
Des imazighen reçu la vice-présidente du Parlement Européen
http://www.afrique-du-nord.com-17-11-09
mardi 17 novembre 2009Depuis quelques jours, une délégation composée des membres du Congrès Mondial Amazigh, en compagnie d’un représentant de Mouvement Citoyen « les AAROUCH » d’Algérie et d’un représentant des Touaregs, est en tournée en Belgique. Après des rencontres avec des responsables associatifs à Bruxelles avec l’association la Ligue du Rif pour le Développement et l’association Culturelle Berbère à Liège, la délégation à été reçu par les parlementaires européens.
C’est ainsi que pour la première fois, et à titre officiel qu’un haut responsable du Parlement Européen, en l’occurrence Mme. Isabelle DURANT à reçu une délégation amazighe, pour discuter directement des problèmes que rencontrent les Imazighens face aux discriminations et aux racismes des régimes anti-démocratique de Tamazgha (Afrique du Nord).
De nombreuses questions ont été abordées lors de cette importante rencontre, notamment la situation tragique des Touaregs, les violations des droits de l’homme au Maroc comme les interdictions des prénoms amazighs, les détenus politiques de MCA et les agressions dont ont été victimes récemment les étudiants amazighs des universités de Selouan et d’Agadir, l’interdiction du Parti Démocrate Amazigh Marocain, la campagne de dénigrement faite par des imams sous la tutelle du ministère des affaires islamiques et la spoliation des terres des tribus amazighes de la part des autorités marocaines sous prétexte de reboisement tels sont les cas à Chtouka Ait Baha et à Tighza au Moyen Atlas…
Quant aux violations des droits de l’homme en Algérie, les délégués amazighs d’Algérie ont exposé les évènements du printemps noir et l’impunité qui s’en est suivi sans que les responsables des 126 victimes et de ces 10000 blessés ne soient traduits en justice jusqu’à maintenant… La délégation a demandé à la vice-présidente l’intervention de l’Union Européenne pour mettre fin aux abus dont sont victimes les Imazighens et elle lui a demandé de diligenter une commission d’enquête sur le terrain sur ces graves violations des droits individuels et collectifs des Imazighens en Tamazgha, notamment au Maroc, en Algérie et en pays touaregs.
Des projets d’une meilleure coopération entre les Imazighens et l’Union Européenne ont été discutés entre ladite délégation et les eurodéputés, en soulignant que la culture et Amazighe est une culture de paix, et une culture de pont et d’entente entre les peuples européens et nord-africains, du fait que la grande majorité des citoyens d’origine du sud-méditerranéen sont des Amazighs. Le programme de la tournée de cette délégation est très chargé et continue à avoir d’autres rencontres avec des parlementaires belges et d’autres responsables du mouvement associatif.
La délégation amazighe était formée par Rachid RAHA, Farudja MOUSSAOUI, Louiza PREVOST, Rachid MOUMNI du Congrès Mondial Amazigh, de Belaid ABRIKA du Mouvement Citoyen des Aarouchs et de Backa MOUSSA de l’Internationale Touarègue.
Agraw N’Arif de la Belgique vous invite à une rencontre de concertation, de communication et d’échange avec une délégation d’Imazighen venant du Maroc ; de France et d’Algérie, et qui vient d’avoir des rencontres avec des institutions européennes.
Parmi les personnes figurant la dite délégation Rachid RAHA, Faroudja MOUSSAOUI, Louiza PREVOST du Congrès Mondial Amazigh, Belaid ABRIKA du Mouvement Citoyen des Aarouchs et Bakka MOUSSA de l’Internationale Touarègue.
La rencontre aura lieu ce mardi 17 novembre à 19h à l’adresse suivante : Rue de Danemark n° 77 à 1060 Saint-Gilles (Bruxelles)
lundi 16 novembre 2009
La CEDEAO aboie, Tandja passe
A l’école de la démocratie, n’ayons pas peur des mots, le Niger du colonel Mamadou Tandja fait, hélas, figure de piètre élève. Et dix longues années passées sur les bancs de l’Etat de droit n’auront pas suffi à enterrer le pouvoir "kaki", qui y règne à jamais à coups de décrets.
La mue n’a point réussi, et ce Niger-là, si fertile en leaders politiques de haut vol, est en train de sombrer depuis que le président Mamadou Tandja, après l’expiration constitutionnelle et réglementaire de son mandat de dix ans, a décidé de s’arroger un bonus de trois années supplémentaires pour "achever ses chantiers".
L’on peut bien louer son patriotisme et son dévouement à la cause nationale, mais là, la pilule ne peut passer, surtout que, entre-temps, la manne minière a jailli des tréfonds d’Imourarem, provoquant la ruée vers le précieux uranium et suscitant bien des appétits.
L’opposition, toutes les forces vives et la communauté internationale n’étaient-elles pas dans leur rôle en criant haro sur le baudet, qui, contre vents et marées, a choisi de changer les règles du jeu démocratique ? Peine perdue. Et le Niger nouveau de Tandja est aujourd’hui sur les cendres d’une IVe République proprement violée à travers l’historique tripatouillage constitutionnel et la dissolution du Parlement, sanctionnés aussi bien sur les rives du fleuve Niger qu’au-delà des océans par une pluie d’indignations et de protestations.
L’illustre sourd du Ténéré ignorera royalement tous ces appels au respect du jeu démocratique, imposant son référendum constitutionnel le 4 août, suivi d’élections législatives, taillées sur mesure, mais boycottées par les ténors de la scène politique le 20 octobre, dont lui et son parti, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), sortirent naturellement vainqueurs, obtenant 76 sièges sur 113. Résultats validés ce 10 novembre par la Cour constitutionnelle pendant que, même au-delà des frontières nigériennes, se poursuit la chasse aux sorcières.
Mais il n’aura pas fallu plus que les sanctions économiques de l’Union européenne, le rappel à l’ordre par l’Union africaine, et sa suspension par la CEDEAO pour que le maître de Niamey se résolve à desserrer les dents et consente à dialoguer avec ses redoutables et indécrottables opposants, dans la perspective d’une sortie de crise et d’un éventuel retour à l’ordre constitutionnel, sous la médiation de l’ex-président Abdul Salami Abubakar, mandaté par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Rien que le courroux et la fermeté du puissant voisin firent l’effet d’une bombe qui ébranla le secteur économique nigérien.
Instruits par les effets dramatiques de la fermeture intempestive de sa frontière par l’ogre nigérian en effet, Tandja, pourtant si imbu de sa personnalité, ne se fera pas prier pour envoyer ses disciples en pèlerinage à Abuja, y précédant donc la forte délégation de l’opposition, conduite par l’ancien chef de l’Etat et ancien président du Parlement, Mahamane Ousmane ; l’ex-Premier ministre Hama Amadou ; et le principal opposant, Mahamadou Issoufou, tous deux gibier préféré de la nouvelle dictature nigérienne.
Maintenant que les fils du dialogue viennent d’être noués, qu’attendre de l’imperturbable Tandja, dont le souci premier après la validation des résultats du scrutin législatif du 20 octobre, était d’asseoir sa cour ce week-end, comme s’il n’était pas l’alpha et l’oméga de cette crise qui intègre son Niger dans le cercle peu enviable des Etats comateux du continent ?
Mais officier supérieur qu’il est, il ne devrait pas rester éternellement sourd à la grogne qui commence à monter au sein de la légendaire Grande Muette et que tente péniblement de calmer le chef d’état-major des armées, le général de division Boureima Moumouni, qui est monté au créneau ce même week-end. Les radios se sont tues, certes, et avec elles toutes les libertés, mais ne voilà-t-il pas que les tracts commencent à prospérer sous le manteau et dans les camps militaires surtout ? En tous les cas, après cette surdité qui lui est propre, Tanjda ne saurait souffrir de cécité ; à moins qu’il ait décidé de se faire hara-kiri.
Bernard Zangré
lobservateur
http://www.lobservateur.bf/spip.php?article12803
vendredi 13 novembre 2009
Niger : Un autre pas vers la paix avec les rebelles touaregs
ReliefWeb / MISNA 12-11-09
Niger
vendredi 13 novembre 2009
Quelques centaines de rebelles touaregs regagnent leur zone d’origine, dans le nord du Niger, en provenance de la Libye, pays médiateur dans le processus de paix en cours entre le Mouvement des Nigériens pour la justice (Mnj) et le gouvernement de Niamey. "C’est un signal positif sur le chemin du processus de paix et une preuve de notre bonne volonté dans la recherche d’une solution", dit à la MISNA Ahmed Akoli, membre du Mnj, précisant que les 386 rebelles qui sont déjà retournés à Agadez (la principale ville du nord du Niger, ndlr) font partie des deux factions du mouvement. En cours depuis quelques mois, les colloques menés sous l’égide du gouvernement de Tripoli, n’ont pas encore débouché sur un accord ; les revendications du Mnj (la libération des prisonniers civils et des détenus politiques ainsi que la levée de l’état d’urgence dans le nord) n’ont pas encore été satisfaites. "La situation est toutefois en évolution, le climat est plus détendu et l’on espère que nos combattants seront réintégrés à la vie civile", ajoute Akoli. Le commentaire des autorités d’Agadez est tout aussi positif : "Nous sommes heureux de constater que ces jeunes, qui avaient pris les armes, sont revenus pour contribuer à la construction de leur pays", a dit Abba Malam Boukar, le gouverneur local. Le Mnj avait pris les armes en 2007 pour dénoncer l’exploitation de l’uranium par des grandes multinationales sans aucun bénéfice pour la population locale, en majorité touarègue, et la mauvaise gestion du gouvernement du président Mamadou Tandja.[CC] [VV]
Source : Missionary International Service News Agency (MISNA)
mercredi 11 novembre 2009
Des rebelles touaregs rentrent au Niger
International | Afrique | 11/11/2009 - 21:42
Des rebelles touaregs rentrent au Niger
le JDD.FR
D'après la télévision publique de Niamey, la Libye a commencé depuis deux jours à rapatrier des centaines d'ex-rebelles touaregs. Mercredi, 386 rebelles au total ont été rapatriés par avion à Agadez, la principale ville de cette région désertique où le mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) avait déclenché son soulèvement en 2007. "Nous sommes heureux de voir que ces jeunes gens qui ont pris les armes sont rentrés pour contribuer à la construction de leur pays", a déclaré le gouverneur de la région d'Agadez, dont les rebelles réclament une part plus équitable des ressources en uranium.
Francs maçons :tanja ;deby et cie!!
Ali Bongo grand maître du GabonLa franc-maçonnerie est l'un des piliers du régime gabonais. Comme son père, le nouveau président règne sur les loges du pays. Et les frères restent au coeur de l'appareil d'Etat. Christophe Boltanski raconte comment, au Gabon, «si tu n'en es pas, on ne te voit pas et on ne te considère pas pour ce que tu es»
De notre envoyé spécial à Libreville
Ali Bongo est le président du Gabon, mais il n'en est pas encore vraiment le maître. Après un scrutin très contesté, il a succédé à son père, Omar. Il a ravi le sceptre. Mais il lui manque encore le maillet. Dans quelques jours, ce sera chose faite. Le 31 octobre, il revêtira son tablier brodé et se présentera devant ses «frères» pour une élection au résultat tout aussi attendu que la première, à la tête de la Grande Loge du Gabon (GLB). Cette fois aussi, Ali s'installera dans le fauteuil d'Omar, indéboulonnable grand maître de la franc-maçonnerie gabonaise jusqu'à sa mort en juin dernier. Et sans doute dirigera-t-il, comme son père, les deux principales obédiences du pays.
Dans ce bout d'Afrique, celui qui monte sur le «trône» se doit aussi de régner sur les temples. Le nouveau président n'a pas oublié que les conseillers de son prédécesseur, ses ministres, ses directeurs d'administration étaient tous «passés sous le bandeau». Il sait bien que la franc-maçonnerie forme depuis des années l'un des piliers du système Bongo. Il a vu comment son père s'en est servi pour asseoir son pouvoir dans son pays ou à l'étranger. Et il accueillera avec joie la conférence mondiale de la franc-maçonnerie régulière, qui se tiendra le 4 novembre à Libreville. C'est Omar qui avait «décroché» l'événement. Et Ali, qui avait suivi de près tous les préparatifs, en tirera les bénéfices.
«Docteur Zorobabel»
Au Gabon, les loges sont omniprésentes et pourtant tellement taboues. Lors de la présidentielle, le pasteur Ernest Tomo a été le seul candidat à avoir osé en parler. «Forcément ! s'emporte-t-il. La plupart de mes adversaires en faisaient partie.» Dans son programme, il n'abordait le sujet qu'à mots couverts :
«Je veux changer les habitudes d'antan qui consistaient à choisir un homme pour un travail à cause d'un lien et non pour ses aptitudes», pouvait-on y lire. Un lien ? «Au Gabon, explique le pasteur, vous ne pouvez pas être ministre, cadre administratif, patron ou même évêque si vous n'appartenez pas à une loge.» Ernest Tomo a refusé de «recevoir la lumière». Il ne fréquente pas le bon temple. Le sien s'appelle Jérusalem. C'est une communauté évangélique qu'il a fondée à la périphérie de la ville. Cet ex-manoeuvre, qui fut aussi policier et joueur de foot, y prononce des prêches enflammés sous le nom de «Docteur Zorobabel», pendant que son épouse anime le gospel. Il est persuadé que sa critique des loges lui a valu son faible score à l'élection du 30 août dernier : 308 voix, soit 0,09%.
Un jour, pourtant, comme tant d'autres, il a été approché par les frères. «Ils m'ont fixé le rendez-vous d'initiation. Ils m'ont dit que ça serait un samedi avec un parrain, et moi j'ai dit non. Ca m'a coûté une série d'emmerdements» Quelque temps plus tard, feu Omar Bongo l'a malgré tout nommé ministre d'Etat et directeur adjoint de son cabinet, en charge des questions religieuses. Il faut dire qu'Ernest Tomo, après s'être présenté contre lui à la présidentielle de 2005, venait de se retirer sous le coup d'une «inspiration divine». Mais une fois son rival éliminé, Bongo a bien fait comprendre à Tomo qu'il ne faisait pas partie de la «famille». «Comme je n'étais pas maçon, tonne le pasteur, dont la voix résonne dans le hall d'un hôtel de Libreville, je n'avais rien, ni bureau, ni collaborateur, ni voiture de service.» Le chef de l'Etat gabonais a fini par lui dire publiquement lors d'une cérémonie : «Si tu n'en es pas, on ne te voit pas et on ne te considère pas pour ce que tu es.»
Bongo, lui, «en a été» pendant plus d'un demi-siècle. Il affirmait avoir été «initié» en 1953 à Brazzaville. Il travaillait alors comme simple employé des postes et se prénommait Albert-Bernard. Il n'est pas encore musulman, pas même catholique, deux religions qu'il embrassera tour à tour, histoire, d'après ses détracteurs, d'être admis à l'Opep et au Vatican. Dans un livre d'entretiens (1), il attribuera son engagement franc-maçon à un certain Naudy, inspecteur général des PTT et socialiste, un «homme admirable», dira-t-il. Mais c'est un autre vieux routier de la SFIO, Pierre Bussac, qui le fait entrer formellement au Grand Orient de France (GODF), à Angoulême, en 1965. Cet ancien du ministère de l'Outre-Mer, familier des cercles africains, a parrainé deux ans plus tôt son ami Georges Rawiri, futur président du Sénat gabonais.
Omar Bongo enchaînera les obédiences au gré de ses rencontres, voire de ses intérêts. Après le Grand Orient, libéral et adogmatique, il intègre la Grande Loge nationale française (GLNF), marquée à droite, déiste, et surtout très présente dans les réseaux qui se nouent entre la métropole et ses anciennes colonies. François Stifani, son actuel grand maître, le confirme :«Il a été régularisé chez nous, à Paris. Ce passage a été très marquant pour lui» Bongo agit alors sous l'influence de son mentor, Jacques Foccart. Le secrétaire général de Charles de Gaulle, cheville ouvrière de la Françafrique, était-il lui-même un «fils de la veuve» ? Certains le disent. Toujours est-il qu'il a repéré Bongo quand il faisait son service militaire au Tchad et l'a fait nommer auprès de Léon M'Ba, le premier président du Gabon. Quand ce dernier décède, en novembre 1967, Foccart bombarde son protégé à la tête du pays.
Sociétés secrètes traditionnelles
Très vite, le voilà baptisé dans la foi catholique, hadj après son pèlerinage à La Mecque, initié aux mystères maçons, mais aussi membre des sociétés secrètes traditionnelles du bwiti ou du ndjobi. Bongo collectionne les croyances et les rituels comme les allégeances. Il est aussi oecuménique en religion que dans sa quête du pouvoir. «C'était un démon. Quand vous étiez contre lui, il vous baratinait, il vous donnait tout ce que vous vouliez», raconte Bruno Ben Moubamba, l'un de ses opposants. Pour parvenir à ses fins, pour enrôler ses partisans comme ses ennemis, il met tous les dieux de son côté, y compris le grand architecte de l'Univers.
«Même s'il n'avait pas été président, il aurait été franc- maçon, corrige Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient qui le connaissait bien. C'était son jardin personnel. De ce point de vue, c'était un homme de conviction.»
Et un homme de bon sens. Bongo sait bien que la «chaîne d'union», comme on dit dans les loges, lui permet d'établir des liens étroits avec des dirigeants français et, surtout, de créer une caste à sa dévotion. «A son arrivée à la tête du pays, il n'était ni leader syndical, ni chef traditionnel, ni de lignée royale, ni vraiment lettré. Pour s'imposer, il a créé la franc-maçonnerie», explique un parent. Le président gabonais fonde deux ordres : le Grand Rite équatorial, affilié au Grand Orient de France, et, sous les auspices de la GLNF, Dialogue, qui deviendra plus tard la Grande Loge du Gabon. «C'est le pays d'Afrique noire qui compte le plus grand nombre de maçons par habitant. Es sont près de 500 rien qu'à Libreville», dit Joseph Badila, un frère congolais, auteur d'un des rares ouvrages sur la question (2). Ils détiennent les postes clés au sein de la classe politique et de l'appareil d'Etat. «Neuf directeurs d'administration centrale sur dix en font partie», estime un haut fonctionnaire. Leur tablier est gage de fidélité. En obéissant au maître, ils se soumettent au président.
Omar Bongo soigne aussi ses frères de l'Hexagone. Il reçoit leurs dignitaires avec le faste réservé à un chef d'Etat. Il accueille leurs rassemblements et sait se montrer généreux. «Pour vos pauvres !», lance-t-il un jour à des émissaires du Grand Orient de France. «Il voulait leur remettre une valise pleine d'argent», raconte Alain Bauer. La franc- maçonnerie française entretient des rapports étroits et anciens avec l'Afrique. Dès 1781, elle crée sa première loge à Saint-Louis du Sénégal. Elle y apporte ses valeurs d'émancipation et de progrès, même si elle s'ouvre très tardivement aux autochtones. L'un d'eux, Blaise Diagne, sera le premier Africain à entrer à la Chambre des Députés en 1914. Avec son ésotérisme, ses rites, sa manie du secret, la franc- maçonnerie s'adapte parfaitement à une terre où l'invisible compte autant que le visible. «Elle s'est répandue là où il y avait déjà de l'occulte», résume Jean-Pierre Dozon, anthropologue à l'EHESS.
Mais, au fil des ans, la fraternité est devenue synonyme de réseaux, d'intrigues, et surtout de pouvoir absolu. Omar Bongo n est pas le seul dirigeant noir à tenir le maillet. Une douzaine de chefs d'Etat d'Afrique francophone seraient ses «frères de lumière» (3), à commencer par le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Centrafricain François Bozizé, le Tchadien Idriss Déby le Nigérien Mamadou Tandja, ou encore, même s'il s'en défend, le Sénégalais Abdoulaye Wade... Un mélange des genres que Jean-Michel Quillardet, grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, ne cesse de dénoncer. «Dans certains pays, comme le Gabon, le Congo ou la Côte d'Ivoire, la franc-maçonnerie a été un instrument de domination», dit-il. Durant son mandat, il a tenté de mettre fin à ce qu'il appelle la «franc-maçonnafrique», ces liens incestueux entre les loges françaises et des systèmes «au mieux corrompus, au pis dictatoriaux». Il a rappelé publiquement à ses cousins africains que «l'engagement maçonnique, ce sont les droits de l'homme et la démocratie». Le message «a été peu diffusé». Pour ne pas avoir à «serrer la main» de Denis Sassou-Nguesso, Jean- Michel Quillardet a aussi refusé de participer à la traditionnelle Réunion des Obédiences maçonniques africaines humanistes (Romah), organisée en 2007 à Brazzaville. Une attitude qui reste très isolée.
«C'est irresponsable de la part d'un dirigeant d'une grande loge historique comme le GODF, s'écrie François Stifani. L'Afrique n'attend plus qu'on lui donne des leçons.» Le grand maître de la GLNF ne trouve rien à redire au fait que ses homologues tiennent leur pays d'une main aussi peu fraternelle. Se retranchant derrière un «droit de réserve», il refuse de juger le Bongo président. «Je sais en revanche qu'il était un bon maçon. Et puis l'Afrique n'a fait que suivre l'exemple de l'Angleterre où le duc de Kent est aussi es qualités chef de l'ordre.» François Stifani le reconnaît : le continent noir est un «enjeu majeur» pour son ordre. Sur son bureau trône «la Lettre du continent», la revue la mieux informée sur l'Afrique. Le matin même, l'ambassade de Djibouti lui a demandé d'intervenir pour aider l'un de ses ressortissants à s'inscrire à l'université. Lui-même revient tout juste du Cameroun, où il a installé une nouvelle loge. Dans le hall de la GLNF, on croise deux frères d'un pays du golfe de Guinée - un ministre et un ex-président par intérim - venus faire leur «instruction». Et Stifani se félicite de la présence à ses grand-messes d'un Sassou-Nguesso ou d'un Bongo en gants blancs, tablier et sautoir. «Nous sommes vraiment fiers qu'ils se tournent vers nous. Cet attachement est remarquable.»
Elites divisées
Une preuve ? Le 15 juin 2009, aux côtés de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant ou Robert Bourgi, héritiers des réseaux Foccart, pas moins de deux anciens grands maîtres se pressent devant le cercueil d'Omar Bongo : Jean-Charles Foellner vient lui rendre les derniers hommages au nom de la Grande Loge nationale française. Alain Bauer, qui représente le Grand Orient, enchaîne sa seconde cérémonie. Deux jours plus tôt, il a aussi participé aux obsèques privées, à la demande de Pascaline, la fille du président défunt. «J'étais le seul Blanc.» Pour permettre à son avion de se poser, les autorités ont rouvert l'espace aérien, fermé dès l'annonce du décès. Bauer est un intime de la famille. Il a supervisé le diplôme de troisième cycle d'Ali à la Sorbonne, consacré au Transgabonais, le chemin de fer du Gabon. Un travail «propre», dit-il, sanctionné par «une mention très honorable».
C'est François Stifani qui «installera» Ali, cette semaine, à la tête de la Grande Loge du Gabon. «Son nom n'y est pour rien, jure le patron de la GLNF. Il a déjà un grade enviable d'assistant grand maître. E a fait un cursus complet chez nous.» Ali Bongo aurait été initié à l'origine selon le rite d'York, l'un des plus pratiqués aux Etats-Unis. Un pays qu'il connaît bien et où il a fait un premier mariage. «Dans sa loge, on retrouve ses amis, raconte un ancien collaborateur de son père. Pour la plupart des étrangers ou des Gabonais de la diaspora.» Parmi eux figure son principal conseiller, l'informaticien béninois Jean-Denis Amoussou. Critiqué jusque dans son clan, Ali Bongo va, comme son père, mobiliser ses réseaux francs-maçons pour asseoir son pouvoir encore fragile.
Mais si Omar Bongo n'avait à la bouche que le mot «dialogue», une vertu maçonnique, son fils a un tempérament plus solitaire et plus ombrageux. «Il a une conception monarchique du pouvoir, selon l'opposant Bruno Ben Moubamba. Ses références, ce sont les princes du Golfe et Mohammed VI» La crise qui a secoué le pays frappe également ses temples. Les ennemis du nouveau président, comme l'ancien candidat et ministre de l'Intérieur André Mba Obame, sont ses frères au sein de la Grande Loge du Gabon. François Stifani parie qu'ils «feront la paix» dans cette enceinte. Rien n'est moins sûr, tant les élites sont divisées depuis les dernières élections.
Crimes rituels
La franc-maçonnerie suscite aussi un rejet croissant au sein de la population. Et nourrit tous les fantasmes. «Comme c'est un lieu secret où il est supposé se tramer des choses, l'imaginaire populaire lui prête une puissance sorcellaire», explique le chercheur Jean-Pierre Dozon. Les loges deviennent de parfaits boucs émissaires, responsables de tous les maux, y compris les plus effrayants. Nombre de Gabonais sont aujourd'hui convaincus que les «réseaux maçons» couvrent les crimes rituels pratiqués dans le pays, comme dans une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest. Au Gabon, on décompterait par an quatre-vingts de ces meurtres qui relèvent du fétichisme. C'est en tout cas ce qu'affirme Jean Elvis Ebang Ondo, qui lutte contre ce fléau depuis qu'on lui a rendu, en 2005, le corps mutilé de son fils de 12 ans. «On sacrifie quelqu'un pour avoir une promotion, explique- t-il On lui prend le sang ou des organes pour être plus puissant, pour mieux parler. Les enquêtes n'aboutissent jamais.» Une impunité qu'il attribue à des protections maçonniques. Un frère franco-gabonais balaie cette accusation récurrente : «Parmi ces criminels, il y a sans doute des francs-maçons, mais leurs actes n'ont rien à voir avec des pratiques maçonniques.» Même si l'Afrique n'a pas le monopole de ces réflexes, ce n'est peut-être, après tout, que le choc en retour de la puissance de la maçonnerie.
(1)«Blanc comme nègre. Entretiens avec Airy Routier», Grasset, 2001.
(2) "Les Francs-maçon et l'Afrique", par Daniel Béresniak et Joseph Badila, Editions Detrad-a Vs, 2008
(3) "L'Afrique aux premières loges" par Vincent Hugeux, paru dans "l'Express" du 14 avril 2008.
Omar et Ali Bongo
Omar Bongo, en grand maître, invité par la GNLF à Cannes.Ci-dessous, son fils Ali est investi président le 16 octobre. Une cérémonie boycottée par l'opposition, qui dénonce une fraude électorale. Son père, qui l'avait nommé ministre de la Défense, hésitait à en faire son héritier.«Il avait conscience de l'impopularité importante du fils dans le pays, surtout auprès des Fangs [l'ethnie majoritaire] », confie un franc-maçon français.
Grande Loge nationale française
Loge mère de toutes les grandes loges d'Afrique francophone, la Grande Loge nationale française (GLNF) représente le courant spiritualiste de la franc- maçonnerie. Seule en France a être reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre, elle revendique 37 000 membres. Son grand maître depuis 2007 est l'avocat d'affaires niçois François Stifani.
La franc-maçonnerie gabonaise.
La première loge a vu le jour à Libreville en 1919.. Le pays compterait aujourd'hui près d'un millier de maçons répartis entre deux obédiences, la Grande Loge du Gabon (GLG), affiliée à la Grande Loge nationale française (GLNF), et la Grande Loge symbolique du Gabon (GLSG), proche du Grand Orient de France (GODF).
Denis Sassou- Nguesso
Beau-père d'Omar Bongo qui a épousé sa fille Edith, Denis Sassou-Nguesso est grand maître de la Grande Loge du Congo- Brazzaville, reconnue par la Grande Loge nationale française. Chef d'Etat de 1979 à 1992, pendant la période marxiste, il reprend la tête du pays en 1997 après avoir renversé Pascal Lissouba, un autre maçon. La guerre civile qui s'ensuit fera plus de 10 000 morts.
Jean-Michel Quillardet
Grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, cet avocat a tenté de couper le cordon avec des chefs d'Etat africains qui se déclarent francs- maçons sans en respecter les valeurs. «On leur donnait un vernis de respectabilité. Ils disaient : on est reconnus par le Grand Orient, donc on n'est pas des dictateurs corrompus.»
Alain Bauer
Ce criminologue est un des conseillers officiels de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et de terrorisme. Grand maître du Grand Orient de France (GODF) entre 2000 et 2003, il dit ne pas avoir «l'atome de l'Afrique». Cela ne l'a pas empêché de nouer des relations étroites avec de nombreux «maçons d'Etat» du continent noir et d'intervenir auprès d'eux en cas de crise, notamment en Côte d'Ivoire.
Christophe Boltanski
Le Nouvel Observateur
De notre envoyé spécial à Libreville
Ali Bongo est le président du Gabon, mais il n'en est pas encore vraiment le maître. Après un scrutin très contesté, il a succédé à son père, Omar. Il a ravi le sceptre. Mais il lui manque encore le maillet. Dans quelques jours, ce sera chose faite. Le 31 octobre, il revêtira son tablier brodé et se présentera devant ses «frères» pour une élection au résultat tout aussi attendu que la première, à la tête de la Grande Loge du Gabon (GLB). Cette fois aussi, Ali s'installera dans le fauteuil d'Omar, indéboulonnable grand maître de la franc-maçonnerie gabonaise jusqu'à sa mort en juin dernier. Et sans doute dirigera-t-il, comme son père, les deux principales obédiences du pays.
Dans ce bout d'Afrique, celui qui monte sur le «trône» se doit aussi de régner sur les temples. Le nouveau président n'a pas oublié que les conseillers de son prédécesseur, ses ministres, ses directeurs d'administration étaient tous «passés sous le bandeau». Il sait bien que la franc-maçonnerie forme depuis des années l'un des piliers du système Bongo. Il a vu comment son père s'en est servi pour asseoir son pouvoir dans son pays ou à l'étranger. Et il accueillera avec joie la conférence mondiale de la franc-maçonnerie régulière, qui se tiendra le 4 novembre à Libreville. C'est Omar qui avait «décroché» l'événement. Et Ali, qui avait suivi de près tous les préparatifs, en tirera les bénéfices.
«Docteur Zorobabel»
Au Gabon, les loges sont omniprésentes et pourtant tellement taboues. Lors de la présidentielle, le pasteur Ernest Tomo a été le seul candidat à avoir osé en parler. «Forcément ! s'emporte-t-il. La plupart de mes adversaires en faisaient partie.» Dans son programme, il n'abordait le sujet qu'à mots couverts :
«Je veux changer les habitudes d'antan qui consistaient à choisir un homme pour un travail à cause d'un lien et non pour ses aptitudes», pouvait-on y lire. Un lien ? «Au Gabon, explique le pasteur, vous ne pouvez pas être ministre, cadre administratif, patron ou même évêque si vous n'appartenez pas à une loge.» Ernest Tomo a refusé de «recevoir la lumière». Il ne fréquente pas le bon temple. Le sien s'appelle Jérusalem. C'est une communauté évangélique qu'il a fondée à la périphérie de la ville. Cet ex-manoeuvre, qui fut aussi policier et joueur de foot, y prononce des prêches enflammés sous le nom de «Docteur Zorobabel», pendant que son épouse anime le gospel. Il est persuadé que sa critique des loges lui a valu son faible score à l'élection du 30 août dernier : 308 voix, soit 0,09%.
Un jour, pourtant, comme tant d'autres, il a été approché par les frères. «Ils m'ont fixé le rendez-vous d'initiation. Ils m'ont dit que ça serait un samedi avec un parrain, et moi j'ai dit non. Ca m'a coûté une série d'emmerdements» Quelque temps plus tard, feu Omar Bongo l'a malgré tout nommé ministre d'Etat et directeur adjoint de son cabinet, en charge des questions religieuses. Il faut dire qu'Ernest Tomo, après s'être présenté contre lui à la présidentielle de 2005, venait de se retirer sous le coup d'une «inspiration divine». Mais une fois son rival éliminé, Bongo a bien fait comprendre à Tomo qu'il ne faisait pas partie de la «famille». «Comme je n'étais pas maçon, tonne le pasteur, dont la voix résonne dans le hall d'un hôtel de Libreville, je n'avais rien, ni bureau, ni collaborateur, ni voiture de service.» Le chef de l'Etat gabonais a fini par lui dire publiquement lors d'une cérémonie : «Si tu n'en es pas, on ne te voit pas et on ne te considère pas pour ce que tu es.»
Bongo, lui, «en a été» pendant plus d'un demi-siècle. Il affirmait avoir été «initié» en 1953 à Brazzaville. Il travaillait alors comme simple employé des postes et se prénommait Albert-Bernard. Il n'est pas encore musulman, pas même catholique, deux religions qu'il embrassera tour à tour, histoire, d'après ses détracteurs, d'être admis à l'Opep et au Vatican. Dans un livre d'entretiens (1), il attribuera son engagement franc-maçon à un certain Naudy, inspecteur général des PTT et socialiste, un «homme admirable», dira-t-il. Mais c'est un autre vieux routier de la SFIO, Pierre Bussac, qui le fait entrer formellement au Grand Orient de France (GODF), à Angoulême, en 1965. Cet ancien du ministère de l'Outre-Mer, familier des cercles africains, a parrainé deux ans plus tôt son ami Georges Rawiri, futur président du Sénat gabonais.
Omar Bongo enchaînera les obédiences au gré de ses rencontres, voire de ses intérêts. Après le Grand Orient, libéral et adogmatique, il intègre la Grande Loge nationale française (GLNF), marquée à droite, déiste, et surtout très présente dans les réseaux qui se nouent entre la métropole et ses anciennes colonies. François Stifani, son actuel grand maître, le confirme :«Il a été régularisé chez nous, à Paris. Ce passage a été très marquant pour lui» Bongo agit alors sous l'influence de son mentor, Jacques Foccart. Le secrétaire général de Charles de Gaulle, cheville ouvrière de la Françafrique, était-il lui-même un «fils de la veuve» ? Certains le disent. Toujours est-il qu'il a repéré Bongo quand il faisait son service militaire au Tchad et l'a fait nommer auprès de Léon M'Ba, le premier président du Gabon. Quand ce dernier décède, en novembre 1967, Foccart bombarde son protégé à la tête du pays.
Sociétés secrètes traditionnelles
Très vite, le voilà baptisé dans la foi catholique, hadj après son pèlerinage à La Mecque, initié aux mystères maçons, mais aussi membre des sociétés secrètes traditionnelles du bwiti ou du ndjobi. Bongo collectionne les croyances et les rituels comme les allégeances. Il est aussi oecuménique en religion que dans sa quête du pouvoir. «C'était un démon. Quand vous étiez contre lui, il vous baratinait, il vous donnait tout ce que vous vouliez», raconte Bruno Ben Moubamba, l'un de ses opposants. Pour parvenir à ses fins, pour enrôler ses partisans comme ses ennemis, il met tous les dieux de son côté, y compris le grand architecte de l'Univers.
«Même s'il n'avait pas été président, il aurait été franc- maçon, corrige Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient qui le connaissait bien. C'était son jardin personnel. De ce point de vue, c'était un homme de conviction.»
Et un homme de bon sens. Bongo sait bien que la «chaîne d'union», comme on dit dans les loges, lui permet d'établir des liens étroits avec des dirigeants français et, surtout, de créer une caste à sa dévotion. «A son arrivée à la tête du pays, il n'était ni leader syndical, ni chef traditionnel, ni de lignée royale, ni vraiment lettré. Pour s'imposer, il a créé la franc-maçonnerie», explique un parent. Le président gabonais fonde deux ordres : le Grand Rite équatorial, affilié au Grand Orient de France, et, sous les auspices de la GLNF, Dialogue, qui deviendra plus tard la Grande Loge du Gabon. «C'est le pays d'Afrique noire qui compte le plus grand nombre de maçons par habitant. Es sont près de 500 rien qu'à Libreville», dit Joseph Badila, un frère congolais, auteur d'un des rares ouvrages sur la question (2). Ils détiennent les postes clés au sein de la classe politique et de l'appareil d'Etat. «Neuf directeurs d'administration centrale sur dix en font partie», estime un haut fonctionnaire. Leur tablier est gage de fidélité. En obéissant au maître, ils se soumettent au président.
Omar Bongo soigne aussi ses frères de l'Hexagone. Il reçoit leurs dignitaires avec le faste réservé à un chef d'Etat. Il accueille leurs rassemblements et sait se montrer généreux. «Pour vos pauvres !», lance-t-il un jour à des émissaires du Grand Orient de France. «Il voulait leur remettre une valise pleine d'argent», raconte Alain Bauer. La franc- maçonnerie française entretient des rapports étroits et anciens avec l'Afrique. Dès 1781, elle crée sa première loge à Saint-Louis du Sénégal. Elle y apporte ses valeurs d'émancipation et de progrès, même si elle s'ouvre très tardivement aux autochtones. L'un d'eux, Blaise Diagne, sera le premier Africain à entrer à la Chambre des Députés en 1914. Avec son ésotérisme, ses rites, sa manie du secret, la franc- maçonnerie s'adapte parfaitement à une terre où l'invisible compte autant que le visible. «Elle s'est répandue là où il y avait déjà de l'occulte», résume Jean-Pierre Dozon, anthropologue à l'EHESS.
Mais, au fil des ans, la fraternité est devenue synonyme de réseaux, d'intrigues, et surtout de pouvoir absolu. Omar Bongo n est pas le seul dirigeant noir à tenir le maillet. Une douzaine de chefs d'Etat d'Afrique francophone seraient ses «frères de lumière» (3), à commencer par le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Centrafricain François Bozizé, le Tchadien Idriss Déby le Nigérien Mamadou Tandja, ou encore, même s'il s'en défend, le Sénégalais Abdoulaye Wade... Un mélange des genres que Jean-Michel Quillardet, grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, ne cesse de dénoncer. «Dans certains pays, comme le Gabon, le Congo ou la Côte d'Ivoire, la franc-maçonnerie a été un instrument de domination», dit-il. Durant son mandat, il a tenté de mettre fin à ce qu'il appelle la «franc-maçonnafrique», ces liens incestueux entre les loges françaises et des systèmes «au mieux corrompus, au pis dictatoriaux». Il a rappelé publiquement à ses cousins africains que «l'engagement maçonnique, ce sont les droits de l'homme et la démocratie». Le message «a été peu diffusé». Pour ne pas avoir à «serrer la main» de Denis Sassou-Nguesso, Jean- Michel Quillardet a aussi refusé de participer à la traditionnelle Réunion des Obédiences maçonniques africaines humanistes (Romah), organisée en 2007 à Brazzaville. Une attitude qui reste très isolée.
«C'est irresponsable de la part d'un dirigeant d'une grande loge historique comme le GODF, s'écrie François Stifani. L'Afrique n'attend plus qu'on lui donne des leçons.» Le grand maître de la GLNF ne trouve rien à redire au fait que ses homologues tiennent leur pays d'une main aussi peu fraternelle. Se retranchant derrière un «droit de réserve», il refuse de juger le Bongo président. «Je sais en revanche qu'il était un bon maçon. Et puis l'Afrique n'a fait que suivre l'exemple de l'Angleterre où le duc de Kent est aussi es qualités chef de l'ordre.» François Stifani le reconnaît : le continent noir est un «enjeu majeur» pour son ordre. Sur son bureau trône «la Lettre du continent», la revue la mieux informée sur l'Afrique. Le matin même, l'ambassade de Djibouti lui a demandé d'intervenir pour aider l'un de ses ressortissants à s'inscrire à l'université. Lui-même revient tout juste du Cameroun, où il a installé une nouvelle loge. Dans le hall de la GLNF, on croise deux frères d'un pays du golfe de Guinée - un ministre et un ex-président par intérim - venus faire leur «instruction». Et Stifani se félicite de la présence à ses grand-messes d'un Sassou-Nguesso ou d'un Bongo en gants blancs, tablier et sautoir. «Nous sommes vraiment fiers qu'ils se tournent vers nous. Cet attachement est remarquable.»
Elites divisées
Une preuve ? Le 15 juin 2009, aux côtés de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant ou Robert Bourgi, héritiers des réseaux Foccart, pas moins de deux anciens grands maîtres se pressent devant le cercueil d'Omar Bongo : Jean-Charles Foellner vient lui rendre les derniers hommages au nom de la Grande Loge nationale française. Alain Bauer, qui représente le Grand Orient, enchaîne sa seconde cérémonie. Deux jours plus tôt, il a aussi participé aux obsèques privées, à la demande de Pascaline, la fille du président défunt. «J'étais le seul Blanc.» Pour permettre à son avion de se poser, les autorités ont rouvert l'espace aérien, fermé dès l'annonce du décès. Bauer est un intime de la famille. Il a supervisé le diplôme de troisième cycle d'Ali à la Sorbonne, consacré au Transgabonais, le chemin de fer du Gabon. Un travail «propre», dit-il, sanctionné par «une mention très honorable».
C'est François Stifani qui «installera» Ali, cette semaine, à la tête de la Grande Loge du Gabon. «Son nom n'y est pour rien, jure le patron de la GLNF. Il a déjà un grade enviable d'assistant grand maître. E a fait un cursus complet chez nous.» Ali Bongo aurait été initié à l'origine selon le rite d'York, l'un des plus pratiqués aux Etats-Unis. Un pays qu'il connaît bien et où il a fait un premier mariage. «Dans sa loge, on retrouve ses amis, raconte un ancien collaborateur de son père. Pour la plupart des étrangers ou des Gabonais de la diaspora.» Parmi eux figure son principal conseiller, l'informaticien béninois Jean-Denis Amoussou. Critiqué jusque dans son clan, Ali Bongo va, comme son père, mobiliser ses réseaux francs-maçons pour asseoir son pouvoir encore fragile.
Mais si Omar Bongo n'avait à la bouche que le mot «dialogue», une vertu maçonnique, son fils a un tempérament plus solitaire et plus ombrageux. «Il a une conception monarchique du pouvoir, selon l'opposant Bruno Ben Moubamba. Ses références, ce sont les princes du Golfe et Mohammed VI» La crise qui a secoué le pays frappe également ses temples. Les ennemis du nouveau président, comme l'ancien candidat et ministre de l'Intérieur André Mba Obame, sont ses frères au sein de la Grande Loge du Gabon. François Stifani parie qu'ils «feront la paix» dans cette enceinte. Rien n'est moins sûr, tant les élites sont divisées depuis les dernières élections.
Crimes rituels
La franc-maçonnerie suscite aussi un rejet croissant au sein de la population. Et nourrit tous les fantasmes. «Comme c'est un lieu secret où il est supposé se tramer des choses, l'imaginaire populaire lui prête une puissance sorcellaire», explique le chercheur Jean-Pierre Dozon. Les loges deviennent de parfaits boucs émissaires, responsables de tous les maux, y compris les plus effrayants. Nombre de Gabonais sont aujourd'hui convaincus que les «réseaux maçons» couvrent les crimes rituels pratiqués dans le pays, comme dans une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest. Au Gabon, on décompterait par an quatre-vingts de ces meurtres qui relèvent du fétichisme. C'est en tout cas ce qu'affirme Jean Elvis Ebang Ondo, qui lutte contre ce fléau depuis qu'on lui a rendu, en 2005, le corps mutilé de son fils de 12 ans. «On sacrifie quelqu'un pour avoir une promotion, explique- t-il On lui prend le sang ou des organes pour être plus puissant, pour mieux parler. Les enquêtes n'aboutissent jamais.» Une impunité qu'il attribue à des protections maçonniques. Un frère franco-gabonais balaie cette accusation récurrente : «Parmi ces criminels, il y a sans doute des francs-maçons, mais leurs actes n'ont rien à voir avec des pratiques maçonniques.» Même si l'Afrique n'a pas le monopole de ces réflexes, ce n'est peut-être, après tout, que le choc en retour de la puissance de la maçonnerie.
(1)«Blanc comme nègre. Entretiens avec Airy Routier», Grasset, 2001.
(2) "Les Francs-maçon et l'Afrique", par Daniel Béresniak et Joseph Badila, Editions Detrad-a Vs, 2008
(3) "L'Afrique aux premières loges" par Vincent Hugeux, paru dans "l'Express" du 14 avril 2008.
Omar et Ali Bongo
Omar Bongo, en grand maître, invité par la GNLF à Cannes.Ci-dessous, son fils Ali est investi président le 16 octobre. Une cérémonie boycottée par l'opposition, qui dénonce une fraude électorale. Son père, qui l'avait nommé ministre de la Défense, hésitait à en faire son héritier.«Il avait conscience de l'impopularité importante du fils dans le pays, surtout auprès des Fangs [l'ethnie majoritaire] », confie un franc-maçon français.
Grande Loge nationale française
Loge mère de toutes les grandes loges d'Afrique francophone, la Grande Loge nationale française (GLNF) représente le courant spiritualiste de la franc- maçonnerie. Seule en France a être reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre, elle revendique 37 000 membres. Son grand maître depuis 2007 est l'avocat d'affaires niçois François Stifani.
La franc-maçonnerie gabonaise.
La première loge a vu le jour à Libreville en 1919.. Le pays compterait aujourd'hui près d'un millier de maçons répartis entre deux obédiences, la Grande Loge du Gabon (GLG), affiliée à la Grande Loge nationale française (GLNF), et la Grande Loge symbolique du Gabon (GLSG), proche du Grand Orient de France (GODF).
Denis Sassou- Nguesso
Beau-père d'Omar Bongo qui a épousé sa fille Edith, Denis Sassou-Nguesso est grand maître de la Grande Loge du Congo- Brazzaville, reconnue par la Grande Loge nationale française. Chef d'Etat de 1979 à 1992, pendant la période marxiste, il reprend la tête du pays en 1997 après avoir renversé Pascal Lissouba, un autre maçon. La guerre civile qui s'ensuit fera plus de 10 000 morts.
Jean-Michel Quillardet
Grand maître du Grand Orient de France entre 2005 et 2008, cet avocat a tenté de couper le cordon avec des chefs d'Etat africains qui se déclarent francs- maçons sans en respecter les valeurs. «On leur donnait un vernis de respectabilité. Ils disaient : on est reconnus par le Grand Orient, donc on n'est pas des dictateurs corrompus.»
Alain Bauer
Ce criminologue est un des conseillers officiels de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et de terrorisme. Grand maître du Grand Orient de France (GODF) entre 2000 et 2003, il dit ne pas avoir «l'atome de l'Afrique». Cela ne l'a pas empêché de nouer des relations étroites avec de nombreux «maçons d'Etat» du continent noir et d'intervenir auprès d'eux en cas de crise, notamment en Côte d'Ivoire.
Christophe Boltanski
Le Nouvel Observateur
Crise nigérienne: Convaincre Yar’Adua ou périr ?
Crise nigérienne: Convaincre Yar’Adua ou périr ?
C’est une lapalissade que de dire que le Niger est plongé dans une crise politique sans précédent. Le responsable de cette situation délétère, Mamadou Tandja, qui a tripatouillé la loi fondamentale de son pays pour rallonger de trois ans son deuxième mandat, lequel expirait normalement en 2009.
Grâce à ses conseillers occultes, il avait préalablement pris soin de sauter tout oukase constitutionnel entravant le bon aboutissement de son forfait. En effet, pour être à la hauteur de son péché, il a d’abord dissous l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle, puis a organisé un référendum pour valider son vœu.
Le bouquet final de cette marche forcenée vers la 5e République a eu lieu le 20 octobre 2009 à travers des législatives, boycottées par l’opposition. Ce qui lui a permis de se tailler ainsi un Parlement totalement acquis à sa cause.
Durant tout ce processus, l’homme fort de Niamey est resté sourd à tous les appels de l’opinion internationale et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont fait partie le Niger, à renoncer à son projet, que ses opposants ont qualifié de « coup d’Etat constitutionnel ».
Et voilà que, depuis quelque temps, contre toute attente, Mamadou Tandja, le teigneux, a retourné sa veste, se montrant disposé à « privilégier la voie du dialogue ». Comment peut-on comprendre une telle reconversion du président nigérien ? S’est-il senti enfin ébranlé par l’exclusion momentanée de son pays des instances de l’organisation sous-régionale pour non-respect des règles du jeu démocratique ?
C’est ce qui explique, peut-être, la tournée d’une délégation d’émissaires, pilotée par le Premier ministre, Ali Badjo Gamati, auprès de ses homologues à Bamako, à Dakar, à Abidjan, à Ouagadougou, à Malabo et à Lomé. Certainement pour solliciter le soutien de ces derniers auprès de l’organisation sous-régionale pour la levée de la sanction infligée contre le pays du Ténéré.
Depuis lundi dernier, une autre délégation, forte d’une vingtaine de membres et représentant la mouvance présidentielle, séjourne à Abuja, la capitale nigériane. Conduite par l’ancien Premier ministre Seïni Oumarou, actuel chef du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), parti au pouvoir, celle-ci compte en son sein deux dirigeants de partis soutenant Tandja, Cheiffou Amadou du Rassemblement social démocrate (RSD) et Hamid Algabid du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP).
Elle a la lourde mission de débattre avec le médiateur nommé à cet effet par la CEDEAO, le général Abdusalami Abubakar (ancien chef d’Etat nigérian) pour une sortie de crise. Mais au-delà du plaidoyer contre la suspension du pays d’Amani Diori de l’organisation communautaire, la délégation dépêchée par Tandja inscrira, inévitablement, un autre point à l’ordre du jour de cette rencontre, la fermeture partielle par le Nigeria de sa frontière avec le Niger au niveau de Maradi et de Zinder.
Selon les informations à notre disposition, si les passagers continuent de circuler librement, ce n’est pas le cas des marchandises, dont l’entrée et la sortie seraient empêchées par les douaniers nigérians. Ce qui n’est pas sans conséquences sur l’approvisionnement des Nigériens en produits de première nécessité provenant du Nigeria. A ce qu’on dit, même si les informations ont été démenties par les autorités des deux pays, le Nigeria aurait pris cette stratégie pour amener le président Mamadou Tandja à reconsidérer les règles du jeu démocratique.
En tout cas, sur ce point précis, on pourrait comprendre ce qui fait courir l’homme fort de Niamey. Il peut bien faire la sourde oreille aux lamentations de certains de ses pairs de la sous-région qui n’ont d’ailleurs pas de leçons à lui donner, puisque ayant, eux aussi, accédé à la magistrature suprême après avoir tordu le coup à la loi fondamentale de leur pays. Mais, avec le Nigeria, le géant de l’Afrique, dont le Niger, sur le plan économique (en produits de première nécessité comme en électricité), dépend fortement, il n’y a pas match comme on le dit.
A présent, il est à se demander si l’intervention du médiateur, le général Abdusalami Abubakar, à l’étape actuelle, peut amener Tandja à rebrousser chemin. Bref, ces pourparlers, compliqués donc, que les Nigériens viennent d’entamer avec le Grand Nigeria, auxquels s’ajoutent bien d’autres, encore plus embarrassants comme ceux de la Côte d’Ivoire, du Togo, de la Guinée et de la Guinée Bissau, nous amènent à nous interroger sur l’avenir de la sous-région ; cet espace communautaire tourmenté qui passe son temps à courir derrière la paix, voire à éteindre des feux.
Hamidou Ouédraogo
http://www.lobservateur.bf/spip.php?article12758
C’est une lapalissade que de dire que le Niger est plongé dans une crise politique sans précédent. Le responsable de cette situation délétère, Mamadou Tandja, qui a tripatouillé la loi fondamentale de son pays pour rallonger de trois ans son deuxième mandat, lequel expirait normalement en 2009.
Grâce à ses conseillers occultes, il avait préalablement pris soin de sauter tout oukase constitutionnel entravant le bon aboutissement de son forfait. En effet, pour être à la hauteur de son péché, il a d’abord dissous l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle, puis a organisé un référendum pour valider son vœu.
Le bouquet final de cette marche forcenée vers la 5e République a eu lieu le 20 octobre 2009 à travers des législatives, boycottées par l’opposition. Ce qui lui a permis de se tailler ainsi un Parlement totalement acquis à sa cause.
Durant tout ce processus, l’homme fort de Niamey est resté sourd à tous les appels de l’opinion internationale et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont fait partie le Niger, à renoncer à son projet, que ses opposants ont qualifié de « coup d’Etat constitutionnel ».
Et voilà que, depuis quelque temps, contre toute attente, Mamadou Tandja, le teigneux, a retourné sa veste, se montrant disposé à « privilégier la voie du dialogue ». Comment peut-on comprendre une telle reconversion du président nigérien ? S’est-il senti enfin ébranlé par l’exclusion momentanée de son pays des instances de l’organisation sous-régionale pour non-respect des règles du jeu démocratique ?
C’est ce qui explique, peut-être, la tournée d’une délégation d’émissaires, pilotée par le Premier ministre, Ali Badjo Gamati, auprès de ses homologues à Bamako, à Dakar, à Abidjan, à Ouagadougou, à Malabo et à Lomé. Certainement pour solliciter le soutien de ces derniers auprès de l’organisation sous-régionale pour la levée de la sanction infligée contre le pays du Ténéré.
Depuis lundi dernier, une autre délégation, forte d’une vingtaine de membres et représentant la mouvance présidentielle, séjourne à Abuja, la capitale nigériane. Conduite par l’ancien Premier ministre Seïni Oumarou, actuel chef du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), parti au pouvoir, celle-ci compte en son sein deux dirigeants de partis soutenant Tandja, Cheiffou Amadou du Rassemblement social démocrate (RSD) et Hamid Algabid du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP).
Elle a la lourde mission de débattre avec le médiateur nommé à cet effet par la CEDEAO, le général Abdusalami Abubakar (ancien chef d’Etat nigérian) pour une sortie de crise. Mais au-delà du plaidoyer contre la suspension du pays d’Amani Diori de l’organisation communautaire, la délégation dépêchée par Tandja inscrira, inévitablement, un autre point à l’ordre du jour de cette rencontre, la fermeture partielle par le Nigeria de sa frontière avec le Niger au niveau de Maradi et de Zinder.
Selon les informations à notre disposition, si les passagers continuent de circuler librement, ce n’est pas le cas des marchandises, dont l’entrée et la sortie seraient empêchées par les douaniers nigérians. Ce qui n’est pas sans conséquences sur l’approvisionnement des Nigériens en produits de première nécessité provenant du Nigeria. A ce qu’on dit, même si les informations ont été démenties par les autorités des deux pays, le Nigeria aurait pris cette stratégie pour amener le président Mamadou Tandja à reconsidérer les règles du jeu démocratique.
En tout cas, sur ce point précis, on pourrait comprendre ce qui fait courir l’homme fort de Niamey. Il peut bien faire la sourde oreille aux lamentations de certains de ses pairs de la sous-région qui n’ont d’ailleurs pas de leçons à lui donner, puisque ayant, eux aussi, accédé à la magistrature suprême après avoir tordu le coup à la loi fondamentale de leur pays. Mais, avec le Nigeria, le géant de l’Afrique, dont le Niger, sur le plan économique (en produits de première nécessité comme en électricité), dépend fortement, il n’y a pas match comme on le dit.
A présent, il est à se demander si l’intervention du médiateur, le général Abdusalami Abubakar, à l’étape actuelle, peut amener Tandja à rebrousser chemin. Bref, ces pourparlers, compliqués donc, que les Nigériens viennent d’entamer avec le Grand Nigeria, auxquels s’ajoutent bien d’autres, encore plus embarrassants comme ceux de la Côte d’Ivoire, du Togo, de la Guinée et de la Guinée Bissau, nous amènent à nous interroger sur l’avenir de la sous-région ; cet espace communautaire tourmenté qui passe son temps à courir derrière la paix, voire à éteindre des feux.
Hamidou Ouédraogo
http://www.lobservateur.bf/spip.php?article12758
Agadez : Le retour des combattants
Agadez : Le retour des combattants -->
11 novembre 2009, 09:10
Les combattants des fronts armés Touaregs ont entamé hier un retour au bercail. En effet plusieurs combattants rejoignerons Agadez ces jours ci par voie aérienne (Libye) ou terrestre.
Depuis hier des centaines des combattants sont arrivés à Agadez avec des vols en provenance de la Libye. Ce retour est fruit du processus de paix signé en debut d’année à Syrte (Libye) par le gouvernement Nigerien et les fronts Touaregs sous l‘égide de la Libye.
Ce désir de renoncer à l’action armée ouvre la voie désormais aux actions de développement longtemps bloquées par l’insécurité qui sévissait au Nord du Niger. Hier à Agadez, plusieurs familles ont retrouvées la joie et le sourire en embrassant leurs enfants qu’ils ont perdus de vus depuis 3 ans.
Cependant certaines familles ne révérons sans doute plus jamais leurs chers enfants emportés par le conflit. L’insertion des insurgés dans le tissu social consacrera definitivement cette paix dont le pays a tellement besoin dans ces temps qui courent. Nous eu reviendrons dans les prochaines éditions.
saharamedia
« -
La Fête Du Chameau Tessalit les 29, 30, 31 décembre 2009
mardi 10 novembre 2009
source adagh n kel tamachekNous appellerons l'événement fête du chameau tout simplement au lieu du traditionnel nom du festival a résonances désuètes souvent inadéquates. La fête du chameau est née de la volonté de ses initiateurs pour promouvoir une région méconnue et géographiquement isolée qui pourtant recèle en son sein un potentiel exceptionnel. Les populations de l'Adagh veulent ainsi exprimer à travers un espace qui leur est propre, leur volonté de protéger et préserver un riche patrimoine qui puise ses racines dans les traditions séculaires des peuples nomades.Il s’agit d’un événement culturel, artistique et sportif, mais aussi, d’une fête rencontre, qui se focalise de façon singulière sur la promotion des camélidés.
Il est destiné à un très large public venu de l’ensemble du Mali, du Maghreb , de l’Europe et du proche Orient avec lesquels nous partageons le souci permanent de redonner au dromadaire ses lettres de noblesse.Les programmations artistiques sont vouées à l'effigie des cultures du désert.La fête du chameau doit être pérennisée, car elle est un point focal important des relations Sud Sud tant recherchées.Elle crée des opportunités économiques pour les populations locales et porte en elle un fort potentiel de rencontres. Elle a une vocation sociale de haute portee historique.
Pour plus d'informations: http://www.feteduchameau.webs.com
mardi 10 novembre 2009
Tinariwen : Des musiciens sahariens gagnent le Prix Uncut
BBC-09-10-09
Tinariwen étaient les seuls artistes non-américains sélectionnés pour le prix.
Un groupe de musiciens touaregs du Sahara a été couronné par le prix Uncut Music Award pour le meilleur album de l’année.
Le prix a été donné à Tinariwen pour leur album Imidiwan, (les compagnons), devant par exemple Kings Of Leon et Bob Dylan
Le prix va à l’album jugé comme « le plus exaltant et le plus enrichissant » des douze derniers mois.
Tinariwen, formé en 1979 dans le Nord du Mali, était le seul groupe non-américain sur les huit sélectionnés.
Le groupe s’est fait connaître dans les années 1980 en provoquant la sensibilisation aux problèmes politiques de la région.
’Un langage commun’
Ils firent ensuite connaître la détresse du Sud Sahara au monde par le biais d’un mélange de blues électrique et de sons moyen orientaux et africains.
Le choix de Tinariwen se fit à l’uninimité des 11 juges, dont Billy Bragg, Mark Radcliffe Radio 2 DJ et Robin Pecknold présentateur des Fleet Foxes qui avaient gagné le prix l’année dernière.
Le rédacteur en chef du magazine Uncut, Allan Jones dit « Ils parlent un langage commun. Vous n’avez pas besoin de traduire les paroles pour savoir de quoi ils parlent. Vous n’avez pas besoin d’écouter les paroles du rock ’n’ roll pour vous sentir excités ».
Ibrahim Ag Alhabib de Tinariwen dit : « Cela nous donne la force de continuer à travailler et à répandre le message que notre musique peut traverser les frontières et parler aux gens du monde entier »Les autres compétiteurs étaient Wilco, Animal Collective, Dirty Projectors, Grizzly Bear et The Low Anthem
lundi 9 novembre 2009
Uncut is proud to announce that Tinariwen have won this year's coveted Uncut Music Award.
Uncut is proud to announce that Tinariwen have won this year's coveted Uncut Music Award. They succeed Fleet Foxes, who won the inaugural award for the most inspirational and rewarding album of the year in 2008.
Tinariwen’s fourth album, "Imidiwan: Companions", triumphed over some very stiff competition on the shortlist from Kings of Leon, Bob Dylan, Wilco, Animal Collective and The Dirty Projectors. Grizzly Bear were placed second and The Low Anthem third.
Uncut 's Editor and chair of the judges Allan Jones said, "With so much great music to chose from, the judges’ task this year was extremely difficult, but in the end, the panel was unanimous in voting for Imidiwan.
"It’s a fantastically exciting record, full of great, powerful music, passionately and brilliantly played. It had everything the judges were looking for in a potential winner.”
Now in its second year, the Uncut Music Award has already gained a reputation as the most credible award in music. The artists’ nationality, age and sales figures are completely irrelevant as a judging panel of industry figures come together to decide on the winner.
Tinariwen were unanimously chosen,by a distinguished judging panel of eleven key industry figures who included musicians Billy Bragg, Rachel Unthank and Robin Pecknold of last year’s UMA winners, Fleet Foxes, broadcasters Mark Radcliffe, Bob Harris, Danny Kelly and Christian O’Connell and, ex-EMI chief executive and chair of the BPI Tony Wadsworth, Stiff Records founder Dave Robinson and Mark Cooper, BBC Head Of Music Entertainment.
Tinariwen are a band of Touareg musicians from the Sahara Desert region of northern Mali, whose mix of electric blues and Middle Eastern & African traditional drumming, has created a unique sound of their very own. Formed in 1979, they rose to prominence in the 1980s as the musical voice of a new political and social conscience in the southern Sahara. In the early 2000s, Tinariwen started to gain a following outside Africa, first in the world music community and then on the wider rock scene, through frequent tours and appearances at major festivals in Europe and the USA
Ibrahim Ag Alhabib of Tinariwen said of winning the Uncut Music Award: "This makes us really really happy, all of us and I'm glad that this important magazine should recognise our music. It gives us the strength to carry on working and spreading the message about the peace of our desert home, and I’m glad that our music can cross the frontiers and talk to people around the world. Thanks very very much."
Billy Bragg, meanwhile, said, "I think this band will be hugely influential. In the next couple of years we’ll be hearing young bands lifting the tensions and the rhythms of Tinariwen. You find yourself reaching back to the blues to explain what they do, it’s like they’ve turned the whole bloody thing upside down. I really do think they are an Uncut band."
BBC’s Creative Head of Music Entertainment Mark Cooper agreed: ‘I love the fact that this is a world music record that saves world music from the liberals. That’s really cool, I think a rock audience can like it, it’s not precious or worthy. It’s real."
And Bob Harris added, "If we’re talking about what’s the most amazing, creative, forward-looking, political record we’re discussing, then this album is very, very special. There’s a lot of words here, that don’t completely or properly translate into English. There’s so much to discover, to know about this record, but you find yourself asking, ‘How much do I want to know, or how much do I just want to be entranced by it?"
The full shortlist in alphabetical order, was:
Animal Collective – Merriweather Post Pavilion (Domino)
Bob Dylan – Together Through Life (Columbia)
Dirty Projectors – Bitte Orca (Domino)
Grizzly Bear – Veckatimest (Warp)
Kings of Leon – Only By The Night (Columbia)
The Low Anthem – Oh My God Charlie Darwin (Bella Union)
Tinariwen – Imidiwan: Companions (Independiente)
Wilco – Wilco (Nonesuch)
To read the full transcript of the judges' discussions about Tinariwen, visit our Uncut Music Award blog. We'll post the rest of their comments on the other shortlisted albums over the next few days.
Latest music and film news on Uncut.co.uk
RDV à Toulouse le 12 novembre : L’Uranium du Niger, une ressource pillée, des populations chassées
9 nov 2009 : General
19H00 : Concert de Mr et Mme OKKO (NRS prod)
20H30 : Projection du film « La bataille de l’uranium » de Frédérique Denis. Ce film s'interroge sur la gestion globale de l'extraction de l'uranium au Niger afin que les Français, qui en sont pour le moment les principaux bénéficiaires, prennent conscience de l'origine de tout ce confort énergétique électrique quotidien, et de ce que tout cela coûte en conséquences sanitaires, politiques et environnementales.
21H30 : Discussion-débat avec Aghali MAHIYA, ancien mineur à Arlit et Alhassan ATTEFOCK forgeron nigérien, tous deux du collectif Tchinaghen.
En continu durant trois semaines à Samba résille : Exposition « Areva ne fera pas la loi au Niger », musiques touaregs, 2 productions audio de Radio Campus, 1 vidéo de TV Bruits.
Lieu : Samba Résille, 38 rue Roquelaine, Toulouse. Métro Jeanne d'Arc
En savoir plus sur le site Pillés là-bas - chassés ici
Situation de la liberté d’expression et de la presse en Afrique : Le cri d’alarme des journalistes africains
Zine Cherfaoui El Watan 09-11-09
Situation de la liberté d’expression et de la presse en Afrique : Le cri d’alarme des journalistes africains
lundi 9 novembre 2009
Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a abrité du 4 au 7 novembre les travaux du 3e Festival international de la liberté d’expression et de la presse (Filep). Près de 150 journalistes venus des quatre coins du continent africain ont participé à cet événement, organisé à l’initiative du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), une structure qui regroupe l’Association des journalistes du Burkina, la Société des éditeurs de la presse privée et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture.
Inscrit sous le thème « De Windhoek 1991 à Ouagadougou 2009 : bilan et perspectives de la liberté de la presse », le 3e Filep se fixe pour objectif d’« évaluer la situation des droits humains et de la liberté d’expression et de la presse en Afrique lors de ces dix dernières années ». Le 3e Filep offre également l’opportunité aux professionnels des médias africains de faire notamment le point sur la situation des journalistes emprisonnés et assassinés dans l’exercice de leur profession et de ressortir de leurs réunions avec des résolutions susceptibles de les aider concrètement à faire face aux multiples agressions dont ils font l’objet. Il s’agit aussi pour les participants d’analyser et de porter à la connaissance du public les différentes formes d’atteintes à la liberté de la presse qui existent.
Les témoignages sur les exactions subies par des journalistes représentatifs de toutes les régions du continent évoquent un déchaînement d’une rare violence des gouvernements contre les reporters et les médias indépendants. Leurs interventions, aussi poignantes et émouvantes les unes que les autres, qui ont mis en émoi l’assistance, sont un véritable cri d’alarme tant les dérives autoritaires et sanglantes sont légion dans les pays d’Afrique et risquent de renvoyer toute l’Afrique au moyen-âge. Ces dernières années, les Etats, du nord au sud et de l’est à l’ouest de l’Afrique, semblent s’être passé le mot pour réprimer les journalistes et bâtir une « Afrique des dictatures ». A quelques rares exceptions, tous les dirigeants africains recourent, sans état d’âme, à tous les moyens possibles et imaginables – poursuites judiciaires, chantage, harcèlement, violences physiques et assassinats – pour étouffer l’expression libre et casser les reins aux médias privés qui expriment des positions différentes des leurs.
Les chefs d’état africains, des dictateurs imaginatifs
Pour éviter de ternir leur image en Occident, certains dirigeants recourent, depuis peu, à l’« arme » des amendes pour régler leurs comptes avec les journalistes et fragiliser financièrement les médias trop récalcitrants. C’est ainsi que des dizaines de journaux et de radios privés ont dû mettre la clef sous le paillasson ou déclarer faillite en Afrique à force de subir des redressements fiscaux à répétition et de payer de lourdes amendes infligées lors de procès en diffamation qui leur sont intentés par les pouvoirs publics. L’un des principaux organisateurs du Filep 2009, Cheriff M. Sy, a révélé dans un discours prononcé à l’ouverture du Festival que 144 journalistes africains ont été assassinés sur le continent en à peine 18 ans. A ce triste et inadmissible bilan, il y a lieu de rappeler que des dizaines de journalistes sont emprisonnés un peu partout en Afrique. Depuis quelque temps, c’est l’Erythrée qui détient la triste palme du pays le plus liberticide du continent. Et du monde probablement aussi.
Trente journalistes croupissent actuellement dans les geôles du régime dirigé d’une main de fer par le président Issayas Afeworki. Un représentant de la presse érythréenne, réfugié depuis quelques mois au Soudan, a expliqué qu’« il n’existe aucune marge de manœuvre pour la presse » dans son pays. Il a également confirmé « la poursuite des arrestations arbitraires de journalistes et de militants des droits de l’homme ». L’autre bourreau de la presse en Afrique est incontestablement la Gambie Ce pays d’Afrique de l’Ouest s’est transformé en quelques années en un Etat de non-droit où la vie d’un journaliste ne vaut même pas un franc CFA. La preuve : il n’y a pas longtemps, la présidente du syndicat local de la presse, le GPU, Ndey Tapha Sossey, a dû fuir la Gambie pour échapper à la mort et au lynchage. Malgré les risques qu’elle encourt, la très courageuse Ndey Tapha Sossey a soutenu avec force qu’elle ne renoncera pas à son travail de journaliste et qu’elle continuera à se battre jusqu’à ce que la situation change dans son pays. Le Rwanda, qui a donné des leçons à toutes l’Afrique grâce à sa volonté farouche de transcender son drame interne, de renouer avec la paix et le développement, commence aussi à « filer du mauvais coton ». « Les espaces de liberté commencent à rétrécir comme peau de chagrin », soutient le reporter C. Jean, qui travaille pour le compte d’un hebdomadaire privé qui sort dans l’une des langues locales.
L’Afrique, un continent qui recule !
Le constat désastreux concernant la situation de la liberté de la presse en Afrique fait par les participants au 3e Filep, dont les travaux ont été ouverts par le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, est d’autant plus inquiétant qu’il révèle aussi une importante régression des libertés dans les pays qui s’étaient engagés, dans les années 1980 et 1990, dans des processus de démocratisation. Et c’est ce qui a fait sans doute le plus de mal aux journalistes présents à Ouagadougou : l’Afrique, au lieu d’avancer, recule ! A présent au Sénégal, un pays que l’on désignait comme un exemple en matière de démocratie il y a peu encore, des rédactions sont saccagées et brûlées. Présente à Ouagadougou, Henriette Niang Kandé, directrice exécutive du journal Sud Quotidien, était apparue encore hier profondément traumatisée par les attaques qui ont ciblé sa publication.
La situation est devenue inquiétante aussi au Maroc, un pays où les journalistes avaient, par le passé, une réelle marge de manœuvre. Les poursuites judiciaires intentées à plusieurs de nos confrères marocains et la censure des journaux étrangers ces derniers mois par les services du roi Mohammed VI augurent des jours extrêmement difficiles pour la presse et les libertés en général dans ce pays. Les procès en série intentés à des directeurs de presse et à certains journalistes montrent que la situation est également précaire en Algérie. Les « tentations autoritaires de certains responsables locaux » et des « velléités de retour en arrière » s’expriment, y compris dans des pays supposés gagnés par la liberté comme le Mali. Pour les participants au 3e Filep, « tous ces faits prouvent que la liberté d’expression et de la presse ne sont pas irréversibles et qu’il importe de se battre en rangs serrés constamment pour la protéger ».
Au Maghreb, si le régime tunisien est connu de tous pour son extrême hostilité à l’égard de la presse libre et sa brutalité sans limites à l’encontre des journalistes indépendants, il reste que durant les mois d’octobre et novembre, lors notamment de l’élection présidentielle tunisienne, la police politique du président Ben Ali a redoublé de férocité. L’escalade et la répression policière ont débouché sur l’arrestation et l’incarcération de Taoufik Ben Brik et le harcèlement de Lotfi Hadji (correspondant d’Al Jazeera), de Zeid El Heni (rédacteur en chef et membre du Syndicat tunisien des journalistes) et de Radhia Nasraoui (avocate et militante des droits de l’homme).
Par Zine Cherfaoui
Situation de la liberté d’expression et de la presse en Afrique : Le cri d’alarme des journalistes africains
lundi 9 novembre 2009
Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a abrité du 4 au 7 novembre les travaux du 3e Festival international de la liberté d’expression et de la presse (Filep). Près de 150 journalistes venus des quatre coins du continent africain ont participé à cet événement, organisé à l’initiative du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), une structure qui regroupe l’Association des journalistes du Burkina, la Société des éditeurs de la presse privée et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture.
Inscrit sous le thème « De Windhoek 1991 à Ouagadougou 2009 : bilan et perspectives de la liberté de la presse », le 3e Filep se fixe pour objectif d’« évaluer la situation des droits humains et de la liberté d’expression et de la presse en Afrique lors de ces dix dernières années ». Le 3e Filep offre également l’opportunité aux professionnels des médias africains de faire notamment le point sur la situation des journalistes emprisonnés et assassinés dans l’exercice de leur profession et de ressortir de leurs réunions avec des résolutions susceptibles de les aider concrètement à faire face aux multiples agressions dont ils font l’objet. Il s’agit aussi pour les participants d’analyser et de porter à la connaissance du public les différentes formes d’atteintes à la liberté de la presse qui existent.
Les témoignages sur les exactions subies par des journalistes représentatifs de toutes les régions du continent évoquent un déchaînement d’une rare violence des gouvernements contre les reporters et les médias indépendants. Leurs interventions, aussi poignantes et émouvantes les unes que les autres, qui ont mis en émoi l’assistance, sont un véritable cri d’alarme tant les dérives autoritaires et sanglantes sont légion dans les pays d’Afrique et risquent de renvoyer toute l’Afrique au moyen-âge. Ces dernières années, les Etats, du nord au sud et de l’est à l’ouest de l’Afrique, semblent s’être passé le mot pour réprimer les journalistes et bâtir une « Afrique des dictatures ». A quelques rares exceptions, tous les dirigeants africains recourent, sans état d’âme, à tous les moyens possibles et imaginables – poursuites judiciaires, chantage, harcèlement, violences physiques et assassinats – pour étouffer l’expression libre et casser les reins aux médias privés qui expriment des positions différentes des leurs.
Les chefs d’état africains, des dictateurs imaginatifs
Pour éviter de ternir leur image en Occident, certains dirigeants recourent, depuis peu, à l’« arme » des amendes pour régler leurs comptes avec les journalistes et fragiliser financièrement les médias trop récalcitrants. C’est ainsi que des dizaines de journaux et de radios privés ont dû mettre la clef sous le paillasson ou déclarer faillite en Afrique à force de subir des redressements fiscaux à répétition et de payer de lourdes amendes infligées lors de procès en diffamation qui leur sont intentés par les pouvoirs publics. L’un des principaux organisateurs du Filep 2009, Cheriff M. Sy, a révélé dans un discours prononcé à l’ouverture du Festival que 144 journalistes africains ont été assassinés sur le continent en à peine 18 ans. A ce triste et inadmissible bilan, il y a lieu de rappeler que des dizaines de journalistes sont emprisonnés un peu partout en Afrique. Depuis quelque temps, c’est l’Erythrée qui détient la triste palme du pays le plus liberticide du continent. Et du monde probablement aussi.
Trente journalistes croupissent actuellement dans les geôles du régime dirigé d’une main de fer par le président Issayas Afeworki. Un représentant de la presse érythréenne, réfugié depuis quelques mois au Soudan, a expliqué qu’« il n’existe aucune marge de manœuvre pour la presse » dans son pays. Il a également confirmé « la poursuite des arrestations arbitraires de journalistes et de militants des droits de l’homme ». L’autre bourreau de la presse en Afrique est incontestablement la Gambie Ce pays d’Afrique de l’Ouest s’est transformé en quelques années en un Etat de non-droit où la vie d’un journaliste ne vaut même pas un franc CFA. La preuve : il n’y a pas longtemps, la présidente du syndicat local de la presse, le GPU, Ndey Tapha Sossey, a dû fuir la Gambie pour échapper à la mort et au lynchage. Malgré les risques qu’elle encourt, la très courageuse Ndey Tapha Sossey a soutenu avec force qu’elle ne renoncera pas à son travail de journaliste et qu’elle continuera à se battre jusqu’à ce que la situation change dans son pays. Le Rwanda, qui a donné des leçons à toutes l’Afrique grâce à sa volonté farouche de transcender son drame interne, de renouer avec la paix et le développement, commence aussi à « filer du mauvais coton ». « Les espaces de liberté commencent à rétrécir comme peau de chagrin », soutient le reporter C. Jean, qui travaille pour le compte d’un hebdomadaire privé qui sort dans l’une des langues locales.
L’Afrique, un continent qui recule !
Le constat désastreux concernant la situation de la liberté de la presse en Afrique fait par les participants au 3e Filep, dont les travaux ont été ouverts par le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, est d’autant plus inquiétant qu’il révèle aussi une importante régression des libertés dans les pays qui s’étaient engagés, dans les années 1980 et 1990, dans des processus de démocratisation. Et c’est ce qui a fait sans doute le plus de mal aux journalistes présents à Ouagadougou : l’Afrique, au lieu d’avancer, recule ! A présent au Sénégal, un pays que l’on désignait comme un exemple en matière de démocratie il y a peu encore, des rédactions sont saccagées et brûlées. Présente à Ouagadougou, Henriette Niang Kandé, directrice exécutive du journal Sud Quotidien, était apparue encore hier profondément traumatisée par les attaques qui ont ciblé sa publication.
La situation est devenue inquiétante aussi au Maroc, un pays où les journalistes avaient, par le passé, une réelle marge de manœuvre. Les poursuites judiciaires intentées à plusieurs de nos confrères marocains et la censure des journaux étrangers ces derniers mois par les services du roi Mohammed VI augurent des jours extrêmement difficiles pour la presse et les libertés en général dans ce pays. Les procès en série intentés à des directeurs de presse et à certains journalistes montrent que la situation est également précaire en Algérie. Les « tentations autoritaires de certains responsables locaux » et des « velléités de retour en arrière » s’expriment, y compris dans des pays supposés gagnés par la liberté comme le Mali. Pour les participants au 3e Filep, « tous ces faits prouvent que la liberté d’expression et de la presse ne sont pas irréversibles et qu’il importe de se battre en rangs serrés constamment pour la protéger ».
Au Maghreb, si le régime tunisien est connu de tous pour son extrême hostilité à l’égard de la presse libre et sa brutalité sans limites à l’encontre des journalistes indépendants, il reste que durant les mois d’octobre et novembre, lors notamment de l’élection présidentielle tunisienne, la police politique du président Ben Ali a redoublé de férocité. L’escalade et la répression policière ont débouché sur l’arrestation et l’incarcération de Taoufik Ben Brik et le harcèlement de Lotfi Hadji (correspondant d’Al Jazeera), de Zeid El Heni (rédacteur en chef et membre du Syndicat tunisien des journalistes) et de Radhia Nasraoui (avocate et militante des droits de l’homme).
Par Zine Cherfaoui
dimanche 8 novembre 2009
Niger/Tazarche : la fin des illusions !!!!!!!!
Tazarche : la fin des illusions
Politique
Jeudi, 05 Novembre 2009 08:41 Finalement, la chose tant redoutée pour le Niger est arrivée, c’est-à-dire la réaction énergique de la Communauté Internationale face au refus obstiné des autorités nigériennes de revenir au cadre constitutionnel normal. Alors que la plupart de nos concitoyens commençaient à désespérer en voyant le peu d’intérêt que la Communauté Internationale semblait réserver à la question nigérienne, et face à la détermination du Président Tandja de parachever la démolition de la démocratie entamée sous la Cinquième république et consommée à l’orée de la Sixième république, la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lors de son dernier Sommet à Abuja, s’était résolument penchée sur la situation des différents foyers de tension de son espace, notamment la Guinée du sanguinaire Moussa Dadis Camara et le Niger de Tandja Mamadou. Revenons un peu sur les péripéties qui avaient présidé à la prise de cette importante décision qui suspendait le Niger de toutes les instances de la CEDEAO, en attendant, si la situation n’évoluait pas, des sanctions plus contraignantes.
Du respect du Protocole Additionnel de la CEDEAO
Il faut dire que lorsque la CEDEAO était passée du stade de voeux pieux à une véritable intégration régionale avec la création et la mise en place d’institutions communautaires comme le Parlement de la CEDEAO, il était également apparu nécessaire d’édicter des règles et principes consensuels autour de la démocratie et de la bonne gouvernance dans cet espace qui ambitionnait de se tourner vers l’avenir qui passait inéluctablement par la promotion et le renforcement du cadre démocratique dans les pays membres. En effet, après des débuts laborieux, la démocratie semblait s’enraciner dans la plupart des Etats membres de la CEDEAO (Bénin, Mali, Ghana, Sénégal, Nigeria, Niger), et il fallait alors encourager ce processus de normalisation démocratique en créant toutes les conditions au niveau des Etats-acteurs. C’est dans cet esprit que le Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance vit le jour à Cotonou au début des années 2000, sous la Présidence d’un certain … Tandja Mamadou, qui était loin de penser, à l’époque, qu’il venait de mettre un grain de sable dans son ‘’attiéké’’ et poisson braisé, comme disent les compatriotes de Guillaume Soro ! Tous les Etats membres avaient ratifié ce Protocole et s’étaient engagés à le respecter et à le faire respecter. Par deux années successives le Président Tandja avait assuré la Présidence de la CEDEAO pour la vulgarisation et la promotion de ce Protocole Additionnel auprès de ses pairs. Il était tellement engagé dans cette voie que ses pairs de la CEDEAO avaient jugé utile de le désigner comme médiateur attitré dans certains conflits en cours dans des pays de l’espace régional, notamment le Togo et la Côte d’Ivoire.
En fait, que prévoyait, essentiellement, le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance ? Substantiellement, ce Protocole portait sur le respect par les acteurs politiques d’un pays d’un minimum de règles élémentaires ayant trait à la conquête et l’exercice du pouvoir. Il s’agissait, principalement, des Constitutions et des Codes électoraux qui ne devaient point être modifiés, selon ce Protocole, six mois avant la tenue d’un scrutin quelconque, à moins que cela n’ait fait l’objet d’un consensus général de la part de tous les acteurs concernés. En cas de violation de ce Protocole par un Etat signataire, des sanctions avaient été prévues contre cet Etat, sanctions allant jusqu’à de la fermeture de toutes les frontières de l’espace CEDEAO, à l’interdiction de voyager dans l’espace CEDEAO et au gel des avoirs des autorités civiles et militaires du pays sanctionné. Dès sa mise en vigueur, le Protocole connut quelques couacs avec les tentatives de Mathieu Kérékou et de O. Obasanjo qui voulaient modifier les Constitutions de leur pays respectif afin de briguer un troisième mandat en violation du verrou limitatif inscrit dans chacune des deux Constitutions. Le premier y renonça devant la levée de boucliers de ses concitoyens avec le célèbre slogan ‘’Touche pas à ma Constitution’’, tandis que le second vit sa tentative repoussée par le Sénat nigérian. Avec ces deux tentatives avortées, on avait pensé que le Protocole avait encore de beaux jours devant lui pour dissuader les candidats à des présidences à vie, mais avaiton très vite crié victoire que surgit au Niger le phénomène tazarché de Tandja Mamadou.
Du tazarché au … Protocole
L’année 2009 fut incontestablement celle de la mise à l’épreuve des convictions démocratiques du Président Tandja, qui, après avoir prêché la bonne parole dans l’espace CEDEAO, devait donner l’exemple, c’est-à-dire créer les conditions d’une alternance pacifique au pouvoir dans son pays en organisant des élections générales pour passer le témoin à un autre Nigérien tout aussi démocratiquement élu que lui. Mais voila qu’entre la parole et les actes, il y a bien un fossé, une distance comme celle qui sépare la terre du ciel, distance à l’intérieur de laquelle le Président Tandja ratera son rendez- vous avec l’histoire, la grande histoire ! Il le fit, non pas dans le souci d’une quelconque grandeur qu’il aurait eue d’ailleurs en quittant humblement le pouvoir avant que le pouvoir ne le quitte, mais il le fit uniquement pour assouvir une soif inextinguible du pouvoir pour le pouvoir ; il le fit également pour des considérations bassement subjectivistes d’un ego surdimensionné infantilisant tous les Nigériens ; il le fit enfin, pour sauver le clan, la famille. Pour cela, il était prêt à renier son double serment coranique qui l’engageait à partir le 22 décembre 2009 après des élections libres et transparentes ; Il était prêt à renier la grandeur de la servitude militaire faite d+’honneur et de sacrifice, lui qui aimait toujours se référer à son passé militaire ; il était enfin prêt à renier les vertus de la sagesse que confère le grand âge (71 ans) pour un homme arrivé au crépuscule de son existence et qui devait plutôt faire le bilan de sa vie au lieu de s’engager dans une nouvelle aventure, somme toute vouée à l’échec cuisant, à brève ou longue échéance !
Les forces républicaines et démocratiques avaient utilisé tous les recours légaux et constitutionnels pour l’amener au respect de la Constitution. Elles l’avaient même ménagé en lui offrant toutes les possibilités de sortir honorablement de ce triste engrenage. Mais c’était sans compter avec le fait que Tandja et ses affidés jouaient hors-jeu, à l’image de beaucoup de dirigeants africains que les spécialistes de la science politique appellent des chefs néo-patrimoniaux. ‘’Peu soucieux de la paix et de la sécurité de leurs concitoyens, les chefs néo-patrimoniaux préfèrent la stratégie de la terre brûlée. N’ayant pas la vision des hommes d’Etat et aveuglés par le pouvoir et ses fastes, ils ne se soucient point de la façon dont l’histoire les jugera. De ce fait, ils n’hésitent pas à plonger leurs pays dans des calamités monstrueuses. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de dirigeants africains ont, le plus souvent, leur nom gravé au panthéon de l’infamie que dans les temples de la gloire’’, prévenait déjà notre compatriote et brillantissime contributeur Mamoudou Gazibo, Professeur agrégé de science politique à l’Université de Montréal, en juillet 2009.Plus loin, dans cette même analyse, Mamoudou Gazibo diagnostiquait que ‘’ l’histoire récente nous montre que pour ce genre de dirigeants, l’Etat est un patrimoine privé qu’ils ne conçoivent céder à personne d’autre. Ils s’auto-convainquent d’être indispensables, opportunément aidés en cela par des spécialistes en flagornerie qui redoublent d’autant plus d’ardeur que, parvenus au sommet par hasard, ils ne peuvent rien espérer par leur mérite personnel. Les chefs néo-patrimoniaux se plaisent à confondre leur sort individuel avec le sort de leur pays et de ce fait, ils ne quittent le pouvoir que si on les accule méthodiquement. Ils promettent chantiers et paradis, mais n’apportent que misère et servitude comme on l’a déjà vu avec Bokassa, Mobutu au Zaïre ou Omar Bongo au Gabon’’.
Ainsi, jamais, l’histoire contemporaine africaine n’avait produit auparavant une telle situation, où, de désaveux en désaveux, de censures juridictionnelles en censures juridictionnelles, un Président élu démocratiquement s’était obstiné à démolir littéralement les règles du jeu pendant le jeu pour s’aménager un bail à vie au pouvoir. Une obstination extraordinaire de la part d’un homme venu au pouvoir par les urnes, à vouloir saper, démolir totalement les fondements démocratiques de l’Etat du Niger. Dans la gymnastique pour défendre le coup d’Etat civil, paradoxalement, il avait eu toujours recours à la même Constitution du 09 août 99. C’est assez curieux comme démarche, mais elle est caractéristique de tous les projets frauduleux de ce genre : invoquer une disposition pour mieux la violer ! Cela s’appelle de l’imposture tout simplement. D’ailleurs, l’imposture du Président Tandja sera observée même dans ce qu’on a appelé la Sixième République avec le fameux Décret qui conférait d’importants pouvoirs au Premier Ministre, y compris la conduite des fameux chantiers qui constituait l’essence même du projet tazarché, et qui nous ramène, de facto, paradoxalement, à la Cinquième République ! Les automobilistes appellent cela, rétrograder en cas d’excès de vitesse, monsieur le Président ! Au-delà même de cet aspect de duperie juridique d’un projet personnel et illégal, il faut noter que toutes les questions politiques nationales avaient été gérées au gré de la volonté du Président Tandja dans l’unique dessein de créer les conditions frauduleuses de son maintient au pouvoir. Remarquez aujourd’hui, comment il avait géré au départ l’épineux problème de la rébellion (le MNJ). Souvenez-vous de toute la radicalité et de toute l’intransigeance dont il avait fait montre dans le traitement de ce dossier, intransigeance dont on avait l’indicible impression qu’elle ne tenait, en vérité, qu’à un seul et unique objectif : faire perdurer le conflit armé pour que cela constitue un obstacle à l’organisation des élections générales dans tout le pays. A partir de l’instant où il avait annoncé son projet tazarché et qu’il l’avait décrété irréversible, il s’était immédiatement attelé à faire la paix avec ceux qu’il appelait rageusement ‘’bandits armés et trafiquants de drogue’’. Aujourd’hui, il s’assoie au salon avec ‘’les bandits et les trafiquants de drogue’’ avant de les amnistier, n’est-ce pas Nouhou Arzika qui avait fait un point d’honneur que tous ‘’les assassins du MNJ seraient traduits devant la justice pour répondre de leurs crimes’’ ! Voilà comment le Président Tandja en prédicateur peu convaincu de l’évangile démocratique dans l’espace CEDEAO s’était retrouvé pris dans son propre piège en voulant à tous prix transformer un régime démocratique en une monarchie dynastique, qui substituerait ‘’Son Excellence’’ par ‘’Sa Majesté Tandja 1er’’, les citoyens en sujets !
Quand les appels à la raison sont méprisés !
Lorsque le Président Tandja avait officiellement formulé son voeu de rester au pouvoir au-delà de son second et dernier mandat, plusieurs appels à la retenue et à la raison lui avaient été adressés de la part de la Communauté Internationale pour l’amener au respect des règles constitutionnelles du Niger. Souvenez-vous des missions d’information diligentées par la CEDEAO auprès des autorités nigériennes ; souvenez- vous de la tenue d’une session du Conseil des Sages de la CEDEAO à Niamey qui avait même été boycottée par les médias publics à cause de la teneur anti-tazarché de son message ; souvenez-vous encore de la visite des émissaires de la CEDEAO en prélude au Sommet de cette organisation et qui avaient rencontré toutes les parties prenantes afin d’établir un rapport final sur l’absence de consensus national autour du tazarché ; souvenez-vous aussi des mises en garde de l’Union Européenne, des USA, du Canada, du gouvernement Danois, de l’UA, de l’ONU pour tenter de dissuader Niamey de plonger dans une crise politique et institutionnelle. Malheureusement pour le Niger, tous ces appels à la raison et à la retenue avaient été royalement méprisés par le pouvoir de Niamey au nom d’une prétendue souveraineté nationale de pacotille du dernier pays de la planète Terre ! Avec la tenue du référendum du 04 août 2009, les démocrates nigériens n’avaient guère baissé la garde et avaient même amplifié la lutte dans une atmosphère de répression sauvage. C’est dans ces conditions que la CEDEAO, dans le sillage des massacres au Stade du 28 septembre par le satrape de Conakry, Dadis Camara, dépêcha la Présidente Libérienne Hélène Johnson Sirleaf et l’ancien Chef d’Etat du Nigeria, le Général Abubacar Abdullsalami, pour se rendre à Niamey, porteurs d’une recommandation de l’organisation régionale demandant aux autorités nigériennes de surseoir à l’organisation des législatives du 20 octobre 2009. Pratiquement éconduits, ces hauts émissaires quittèrent bredouille, emportant avec eux la dernière chance pour le Niger de s’en sortir. En toutes autres circonstances, les Nigériens auraient sans doute applaudi la témérité, la pugnacité du Président Tandja de ne point reculer devant des injonctions extérieures s’il ne s’était agi d’une question aussi gravissime portant sur la stabilité politique et institutionnelle du Niger pour l’enracinement de laquelle d’innombrables sacrifices ont été consentis par nos concitoyens.
A présent, c’était sans surprise que la réunion des Chefs d’Etat de la CEDEAO, où d’ailleurs le Niger avait brillé par son absence, avait pris la lourde sanction de suspendre le Niger de toutes les instances de la Communauté, en attendant les fruits de la médiation : aujourd’hui, la CEDEAO ne reconnaît ni le référendum du 04 août, encore moins les législatives du 20 octobre ! Chose très grave, et surtout blessant, le Niger a été mis dans le même panier que la Guinée de Dadis Camara au niveau des sanctions ! C’est également sans surprise que l’Union Africaine, lors de la réunion de son Conseil de Paix a reconduit les mêmes sanctions prononcées par la CEDEAO contre le Niger. Bientôt, et on n’ose à peine le croire, l’UE gèlera sa coopération économique et financière avec le Niger ! Niamey a un mois pour renouer le dialogue avec l’opposition afin de parvenir à une solution définitive, n’en déplaise aux Nouhou. Or, visiblement, les autorités de Niamey, conseillées par les idéologues de la haine, ne semblent point enclines à ouvrir un quelconque dialogue avec la CFDR. En témoignent les manifestations stupides organisées à l’intérieur du pays pour vitupérer la CEDEAO et les mandats d’arrêt internationaux lancés contre les ténors de l’opposition. Voila la réponse, très réductrice, des idéologues de la haine et de l’apologie du crime (n’est-ce pas Djibril Abarchi), qu’ils entendent apporter aux exigences de la Communauté Internationale. Il faut, en définitive, plaindre ce Niger qui en est aujourd’hui réduit à des imbécillités pour se construire une réputation de pays voyou, infréquentable ! Est-celà, ‘’la refondation’’, ce container de haine, de bêtises, d’immondices déversés sur le chemin de la respectabilité, de l’honneur, du patriotisme que tous les bons hommes d’Etat souhaitent pour leur nation ? Enfin de compte, ne peut-on pas conclure qu’à la lumière de ce qui se passe aujourd’hui, ‘’la refondation’’ n’est rien d’autre qu’une prime à la haine pour tous les névrosés que la démocratie a recalés et/ou frustrés ? Ce sera l’objet d’une autre dissertation, un jour.
Un adage français ne dit-il pas, ‘’quand le vin est tiré, il faut le boire’’ même s’il est amère, ajoute le Président du groupusculaire MPN Matassa ? Chez nous aussi, un célèbre griot dans ses récits épiques, affirmait ceci : ‘’Lorsqu’un individu affirme, péremptoirement, qu’il s’en fout de tout le monde, oublie-t-il que, cette assertion a une symétrie : tout le monde s’en fout de vous’’ ! Que ceux qui font ces criailleries contre la Communauté Internationale soient conséquents avec eux-mêmes : nous sommes souverains, on s’en fout de tout le monde … même de la coopération économique internationale ! Normal, me diriez-vous, pour un pays qui s’apprête à devenir ‘’le Koweït ou le Dubaï de l’Afrique de l’Ouest’’, inji* Ben Omar !
Conséquences immédiates du tazarché Lorsque la CEDEAO avait pris la lourde décision de sanctionner le Niger, dès le lendemain, la Ministre des Affaires Etrangères Aïchatou Mindaoudou, s’était empressée de convoquer un point de presse pour, soi-disant, rassurer les Nigériens sur les implications réelles des mesures prises contre le Niger. Elle avait raison de dire que les frontières ne seraient pas (encore) fermées pour ses compatriotes, que la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO ne serait point affectée, que le Niger demeurerait toujours membre de la CEDEAO, et bla-bla… Mais au fonds, Mindaoudou mentait. Elle avait menti par omission. En effet, lorsque la CEDEAO dit ne pas reconnaître le référendum du 04 août 2009 et les législatives du 20 octobre, la déduction à en faire est toute simple : la CEDEAO ne reconnaît pas la Sixième république, donc c’est la Constitution du 09 août qui demeure en vigueur. Conséquence immédiate : c’est qu’à partir du 22 décembre 2009 à minuit, pour la CEDEAO, le Président Tandja n’a plus aucune légitimité, ni aucune légalité ! Que va-t-il se passer alors si le Président Tandja, pour la CEDEAO et l’ensemble de la Communauté Internationale ne pourra plus être considéré comme le Président légitime et légal du Niger ? Au regard du droit, à partir du 22 décembre donc, le Président Tandja sera considéré comme un usurpateur, un homme qui se maintiendra au pouvoir par la force et contre la volonté de son peuple. Toujours au regard du droit, à l’expiration de son second et dernier mandat, si des élections ne sont pas organisées, une vacance du pouvoir sera constatée. Alors, pour résoudre le problème, il faudra recourir à l’Article 42 de la Constitution du 09 août 99 qui dispose que la Présidence de la République par intérim sera confiée à la Président de la Cour Constitutionnelle de Mme Fatouma Bazaï, puisqu’en droit, celle-ci n’est nullement dissoute ; des élections devront être organisées dans les délais prévus par la Loi Fondamentale dans 45 jours au moins et 90 jours au plus. Voila ce que Mindaoudou n’avait pas pu dire, mais qu’il fallait comprendre pourtant.
*Inji : signifie selon Ayouba Karimou et Zak
Politique
Jeudi, 05 Novembre 2009 08:41 Finalement, la chose tant redoutée pour le Niger est arrivée, c’est-à-dire la réaction énergique de la Communauté Internationale face au refus obstiné des autorités nigériennes de revenir au cadre constitutionnel normal. Alors que la plupart de nos concitoyens commençaient à désespérer en voyant le peu d’intérêt que la Communauté Internationale semblait réserver à la question nigérienne, et face à la détermination du Président Tandja de parachever la démolition de la démocratie entamée sous la Cinquième république et consommée à l’orée de la Sixième république, la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lors de son dernier Sommet à Abuja, s’était résolument penchée sur la situation des différents foyers de tension de son espace, notamment la Guinée du sanguinaire Moussa Dadis Camara et le Niger de Tandja Mamadou. Revenons un peu sur les péripéties qui avaient présidé à la prise de cette importante décision qui suspendait le Niger de toutes les instances de la CEDEAO, en attendant, si la situation n’évoluait pas, des sanctions plus contraignantes.
Du respect du Protocole Additionnel de la CEDEAO
Il faut dire que lorsque la CEDEAO était passée du stade de voeux pieux à une véritable intégration régionale avec la création et la mise en place d’institutions communautaires comme le Parlement de la CEDEAO, il était également apparu nécessaire d’édicter des règles et principes consensuels autour de la démocratie et de la bonne gouvernance dans cet espace qui ambitionnait de se tourner vers l’avenir qui passait inéluctablement par la promotion et le renforcement du cadre démocratique dans les pays membres. En effet, après des débuts laborieux, la démocratie semblait s’enraciner dans la plupart des Etats membres de la CEDEAO (Bénin, Mali, Ghana, Sénégal, Nigeria, Niger), et il fallait alors encourager ce processus de normalisation démocratique en créant toutes les conditions au niveau des Etats-acteurs. C’est dans cet esprit que le Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance vit le jour à Cotonou au début des années 2000, sous la Présidence d’un certain … Tandja Mamadou, qui était loin de penser, à l’époque, qu’il venait de mettre un grain de sable dans son ‘’attiéké’’ et poisson braisé, comme disent les compatriotes de Guillaume Soro ! Tous les Etats membres avaient ratifié ce Protocole et s’étaient engagés à le respecter et à le faire respecter. Par deux années successives le Président Tandja avait assuré la Présidence de la CEDEAO pour la vulgarisation et la promotion de ce Protocole Additionnel auprès de ses pairs. Il était tellement engagé dans cette voie que ses pairs de la CEDEAO avaient jugé utile de le désigner comme médiateur attitré dans certains conflits en cours dans des pays de l’espace régional, notamment le Togo et la Côte d’Ivoire.
En fait, que prévoyait, essentiellement, le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance ? Substantiellement, ce Protocole portait sur le respect par les acteurs politiques d’un pays d’un minimum de règles élémentaires ayant trait à la conquête et l’exercice du pouvoir. Il s’agissait, principalement, des Constitutions et des Codes électoraux qui ne devaient point être modifiés, selon ce Protocole, six mois avant la tenue d’un scrutin quelconque, à moins que cela n’ait fait l’objet d’un consensus général de la part de tous les acteurs concernés. En cas de violation de ce Protocole par un Etat signataire, des sanctions avaient été prévues contre cet Etat, sanctions allant jusqu’à de la fermeture de toutes les frontières de l’espace CEDEAO, à l’interdiction de voyager dans l’espace CEDEAO et au gel des avoirs des autorités civiles et militaires du pays sanctionné. Dès sa mise en vigueur, le Protocole connut quelques couacs avec les tentatives de Mathieu Kérékou et de O. Obasanjo qui voulaient modifier les Constitutions de leur pays respectif afin de briguer un troisième mandat en violation du verrou limitatif inscrit dans chacune des deux Constitutions. Le premier y renonça devant la levée de boucliers de ses concitoyens avec le célèbre slogan ‘’Touche pas à ma Constitution’’, tandis que le second vit sa tentative repoussée par le Sénat nigérian. Avec ces deux tentatives avortées, on avait pensé que le Protocole avait encore de beaux jours devant lui pour dissuader les candidats à des présidences à vie, mais avaiton très vite crié victoire que surgit au Niger le phénomène tazarché de Tandja Mamadou.
Du tazarché au … Protocole
L’année 2009 fut incontestablement celle de la mise à l’épreuve des convictions démocratiques du Président Tandja, qui, après avoir prêché la bonne parole dans l’espace CEDEAO, devait donner l’exemple, c’est-à-dire créer les conditions d’une alternance pacifique au pouvoir dans son pays en organisant des élections générales pour passer le témoin à un autre Nigérien tout aussi démocratiquement élu que lui. Mais voila qu’entre la parole et les actes, il y a bien un fossé, une distance comme celle qui sépare la terre du ciel, distance à l’intérieur de laquelle le Président Tandja ratera son rendez- vous avec l’histoire, la grande histoire ! Il le fit, non pas dans le souci d’une quelconque grandeur qu’il aurait eue d’ailleurs en quittant humblement le pouvoir avant que le pouvoir ne le quitte, mais il le fit uniquement pour assouvir une soif inextinguible du pouvoir pour le pouvoir ; il le fit également pour des considérations bassement subjectivistes d’un ego surdimensionné infantilisant tous les Nigériens ; il le fit enfin, pour sauver le clan, la famille. Pour cela, il était prêt à renier son double serment coranique qui l’engageait à partir le 22 décembre 2009 après des élections libres et transparentes ; Il était prêt à renier la grandeur de la servitude militaire faite d+’honneur et de sacrifice, lui qui aimait toujours se référer à son passé militaire ; il était enfin prêt à renier les vertus de la sagesse que confère le grand âge (71 ans) pour un homme arrivé au crépuscule de son existence et qui devait plutôt faire le bilan de sa vie au lieu de s’engager dans une nouvelle aventure, somme toute vouée à l’échec cuisant, à brève ou longue échéance !
Les forces républicaines et démocratiques avaient utilisé tous les recours légaux et constitutionnels pour l’amener au respect de la Constitution. Elles l’avaient même ménagé en lui offrant toutes les possibilités de sortir honorablement de ce triste engrenage. Mais c’était sans compter avec le fait que Tandja et ses affidés jouaient hors-jeu, à l’image de beaucoup de dirigeants africains que les spécialistes de la science politique appellent des chefs néo-patrimoniaux. ‘’Peu soucieux de la paix et de la sécurité de leurs concitoyens, les chefs néo-patrimoniaux préfèrent la stratégie de la terre brûlée. N’ayant pas la vision des hommes d’Etat et aveuglés par le pouvoir et ses fastes, ils ne se soucient point de la façon dont l’histoire les jugera. De ce fait, ils n’hésitent pas à plonger leurs pays dans des calamités monstrueuses. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de dirigeants africains ont, le plus souvent, leur nom gravé au panthéon de l’infamie que dans les temples de la gloire’’, prévenait déjà notre compatriote et brillantissime contributeur Mamoudou Gazibo, Professeur agrégé de science politique à l’Université de Montréal, en juillet 2009.Plus loin, dans cette même analyse, Mamoudou Gazibo diagnostiquait que ‘’ l’histoire récente nous montre que pour ce genre de dirigeants, l’Etat est un patrimoine privé qu’ils ne conçoivent céder à personne d’autre. Ils s’auto-convainquent d’être indispensables, opportunément aidés en cela par des spécialistes en flagornerie qui redoublent d’autant plus d’ardeur que, parvenus au sommet par hasard, ils ne peuvent rien espérer par leur mérite personnel. Les chefs néo-patrimoniaux se plaisent à confondre leur sort individuel avec le sort de leur pays et de ce fait, ils ne quittent le pouvoir que si on les accule méthodiquement. Ils promettent chantiers et paradis, mais n’apportent que misère et servitude comme on l’a déjà vu avec Bokassa, Mobutu au Zaïre ou Omar Bongo au Gabon’’.
Ainsi, jamais, l’histoire contemporaine africaine n’avait produit auparavant une telle situation, où, de désaveux en désaveux, de censures juridictionnelles en censures juridictionnelles, un Président élu démocratiquement s’était obstiné à démolir littéralement les règles du jeu pendant le jeu pour s’aménager un bail à vie au pouvoir. Une obstination extraordinaire de la part d’un homme venu au pouvoir par les urnes, à vouloir saper, démolir totalement les fondements démocratiques de l’Etat du Niger. Dans la gymnastique pour défendre le coup d’Etat civil, paradoxalement, il avait eu toujours recours à la même Constitution du 09 août 99. C’est assez curieux comme démarche, mais elle est caractéristique de tous les projets frauduleux de ce genre : invoquer une disposition pour mieux la violer ! Cela s’appelle de l’imposture tout simplement. D’ailleurs, l’imposture du Président Tandja sera observée même dans ce qu’on a appelé la Sixième République avec le fameux Décret qui conférait d’importants pouvoirs au Premier Ministre, y compris la conduite des fameux chantiers qui constituait l’essence même du projet tazarché, et qui nous ramène, de facto, paradoxalement, à la Cinquième République ! Les automobilistes appellent cela, rétrograder en cas d’excès de vitesse, monsieur le Président ! Au-delà même de cet aspect de duperie juridique d’un projet personnel et illégal, il faut noter que toutes les questions politiques nationales avaient été gérées au gré de la volonté du Président Tandja dans l’unique dessein de créer les conditions frauduleuses de son maintient au pouvoir. Remarquez aujourd’hui, comment il avait géré au départ l’épineux problème de la rébellion (le MNJ). Souvenez-vous de toute la radicalité et de toute l’intransigeance dont il avait fait montre dans le traitement de ce dossier, intransigeance dont on avait l’indicible impression qu’elle ne tenait, en vérité, qu’à un seul et unique objectif : faire perdurer le conflit armé pour que cela constitue un obstacle à l’organisation des élections générales dans tout le pays. A partir de l’instant où il avait annoncé son projet tazarché et qu’il l’avait décrété irréversible, il s’était immédiatement attelé à faire la paix avec ceux qu’il appelait rageusement ‘’bandits armés et trafiquants de drogue’’. Aujourd’hui, il s’assoie au salon avec ‘’les bandits et les trafiquants de drogue’’ avant de les amnistier, n’est-ce pas Nouhou Arzika qui avait fait un point d’honneur que tous ‘’les assassins du MNJ seraient traduits devant la justice pour répondre de leurs crimes’’ ! Voilà comment le Président Tandja en prédicateur peu convaincu de l’évangile démocratique dans l’espace CEDEAO s’était retrouvé pris dans son propre piège en voulant à tous prix transformer un régime démocratique en une monarchie dynastique, qui substituerait ‘’Son Excellence’’ par ‘’Sa Majesté Tandja 1er’’, les citoyens en sujets !
Quand les appels à la raison sont méprisés !
Lorsque le Président Tandja avait officiellement formulé son voeu de rester au pouvoir au-delà de son second et dernier mandat, plusieurs appels à la retenue et à la raison lui avaient été adressés de la part de la Communauté Internationale pour l’amener au respect des règles constitutionnelles du Niger. Souvenez-vous des missions d’information diligentées par la CEDEAO auprès des autorités nigériennes ; souvenez- vous de la tenue d’une session du Conseil des Sages de la CEDEAO à Niamey qui avait même été boycottée par les médias publics à cause de la teneur anti-tazarché de son message ; souvenez-vous encore de la visite des émissaires de la CEDEAO en prélude au Sommet de cette organisation et qui avaient rencontré toutes les parties prenantes afin d’établir un rapport final sur l’absence de consensus national autour du tazarché ; souvenez-vous aussi des mises en garde de l’Union Européenne, des USA, du Canada, du gouvernement Danois, de l’UA, de l’ONU pour tenter de dissuader Niamey de plonger dans une crise politique et institutionnelle. Malheureusement pour le Niger, tous ces appels à la raison et à la retenue avaient été royalement méprisés par le pouvoir de Niamey au nom d’une prétendue souveraineté nationale de pacotille du dernier pays de la planète Terre ! Avec la tenue du référendum du 04 août 2009, les démocrates nigériens n’avaient guère baissé la garde et avaient même amplifié la lutte dans une atmosphère de répression sauvage. C’est dans ces conditions que la CEDEAO, dans le sillage des massacres au Stade du 28 septembre par le satrape de Conakry, Dadis Camara, dépêcha la Présidente Libérienne Hélène Johnson Sirleaf et l’ancien Chef d’Etat du Nigeria, le Général Abubacar Abdullsalami, pour se rendre à Niamey, porteurs d’une recommandation de l’organisation régionale demandant aux autorités nigériennes de surseoir à l’organisation des législatives du 20 octobre 2009. Pratiquement éconduits, ces hauts émissaires quittèrent bredouille, emportant avec eux la dernière chance pour le Niger de s’en sortir. En toutes autres circonstances, les Nigériens auraient sans doute applaudi la témérité, la pugnacité du Président Tandja de ne point reculer devant des injonctions extérieures s’il ne s’était agi d’une question aussi gravissime portant sur la stabilité politique et institutionnelle du Niger pour l’enracinement de laquelle d’innombrables sacrifices ont été consentis par nos concitoyens.
A présent, c’était sans surprise que la réunion des Chefs d’Etat de la CEDEAO, où d’ailleurs le Niger avait brillé par son absence, avait pris la lourde sanction de suspendre le Niger de toutes les instances de la Communauté, en attendant les fruits de la médiation : aujourd’hui, la CEDEAO ne reconnaît ni le référendum du 04 août, encore moins les législatives du 20 octobre ! Chose très grave, et surtout blessant, le Niger a été mis dans le même panier que la Guinée de Dadis Camara au niveau des sanctions ! C’est également sans surprise que l’Union Africaine, lors de la réunion de son Conseil de Paix a reconduit les mêmes sanctions prononcées par la CEDEAO contre le Niger. Bientôt, et on n’ose à peine le croire, l’UE gèlera sa coopération économique et financière avec le Niger ! Niamey a un mois pour renouer le dialogue avec l’opposition afin de parvenir à une solution définitive, n’en déplaise aux Nouhou. Or, visiblement, les autorités de Niamey, conseillées par les idéologues de la haine, ne semblent point enclines à ouvrir un quelconque dialogue avec la CFDR. En témoignent les manifestations stupides organisées à l’intérieur du pays pour vitupérer la CEDEAO et les mandats d’arrêt internationaux lancés contre les ténors de l’opposition. Voila la réponse, très réductrice, des idéologues de la haine et de l’apologie du crime (n’est-ce pas Djibril Abarchi), qu’ils entendent apporter aux exigences de la Communauté Internationale. Il faut, en définitive, plaindre ce Niger qui en est aujourd’hui réduit à des imbécillités pour se construire une réputation de pays voyou, infréquentable ! Est-celà, ‘’la refondation’’, ce container de haine, de bêtises, d’immondices déversés sur le chemin de la respectabilité, de l’honneur, du patriotisme que tous les bons hommes d’Etat souhaitent pour leur nation ? Enfin de compte, ne peut-on pas conclure qu’à la lumière de ce qui se passe aujourd’hui, ‘’la refondation’’ n’est rien d’autre qu’une prime à la haine pour tous les névrosés que la démocratie a recalés et/ou frustrés ? Ce sera l’objet d’une autre dissertation, un jour.
Un adage français ne dit-il pas, ‘’quand le vin est tiré, il faut le boire’’ même s’il est amère, ajoute le Président du groupusculaire MPN Matassa ? Chez nous aussi, un célèbre griot dans ses récits épiques, affirmait ceci : ‘’Lorsqu’un individu affirme, péremptoirement, qu’il s’en fout de tout le monde, oublie-t-il que, cette assertion a une symétrie : tout le monde s’en fout de vous’’ ! Que ceux qui font ces criailleries contre la Communauté Internationale soient conséquents avec eux-mêmes : nous sommes souverains, on s’en fout de tout le monde … même de la coopération économique internationale ! Normal, me diriez-vous, pour un pays qui s’apprête à devenir ‘’le Koweït ou le Dubaï de l’Afrique de l’Ouest’’, inji* Ben Omar !
Conséquences immédiates du tazarché Lorsque la CEDEAO avait pris la lourde décision de sanctionner le Niger, dès le lendemain, la Ministre des Affaires Etrangères Aïchatou Mindaoudou, s’était empressée de convoquer un point de presse pour, soi-disant, rassurer les Nigériens sur les implications réelles des mesures prises contre le Niger. Elle avait raison de dire que les frontières ne seraient pas (encore) fermées pour ses compatriotes, que la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO ne serait point affectée, que le Niger demeurerait toujours membre de la CEDEAO, et bla-bla… Mais au fonds, Mindaoudou mentait. Elle avait menti par omission. En effet, lorsque la CEDEAO dit ne pas reconnaître le référendum du 04 août 2009 et les législatives du 20 octobre, la déduction à en faire est toute simple : la CEDEAO ne reconnaît pas la Sixième république, donc c’est la Constitution du 09 août qui demeure en vigueur. Conséquence immédiate : c’est qu’à partir du 22 décembre 2009 à minuit, pour la CEDEAO, le Président Tandja n’a plus aucune légitimité, ni aucune légalité ! Que va-t-il se passer alors si le Président Tandja, pour la CEDEAO et l’ensemble de la Communauté Internationale ne pourra plus être considéré comme le Président légitime et légal du Niger ? Au regard du droit, à partir du 22 décembre donc, le Président Tandja sera considéré comme un usurpateur, un homme qui se maintiendra au pouvoir par la force et contre la volonté de son peuple. Toujours au regard du droit, à l’expiration de son second et dernier mandat, si des élections ne sont pas organisées, une vacance du pouvoir sera constatée. Alors, pour résoudre le problème, il faudra recourir à l’Article 42 de la Constitution du 09 août 99 qui dispose que la Présidence de la République par intérim sera confiée à la Président de la Cour Constitutionnelle de Mme Fatouma Bazaï, puisqu’en droit, celle-ci n’est nullement dissoute ; des élections devront être organisées dans les délais prévus par la Loi Fondamentale dans 45 jours au moins et 90 jours au plus. Voila ce que Mindaoudou n’avait pas pu dire, mais qu’il fallait comprendre pourtant.
*Inji : signifie selon Ayouba Karimou et Zak
Hama AG Sid Ahmed. Porte-parole de l’Alliance démocratique pour le changement au Mali « Ag Bahanga respecte l’Accord d’Alger »
Salima Tlemçani El Watan 08-11-09
dimanche 8 novembre 2009
Arrivé à Alger en compagnie d’une délégation, Hama Ag Sid Ahmed, porte-parole de l’Alliance démocratique pour le changement au Mali, appelle l’Algérie à faire pression sur le Mali pour qu’il concrétise l’Accord d’Alger. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il affirme que la situation au nord de son pays est explosive.
- Un forum intercommunautaire de la région du nord du Mali a eu lieu à Kidal, cette fin de semaine, au cours de laquelle votre mouvement a lancé un appel au dialogue. Qu’en est-il au juste ? Ce forum, appuyé par Bamako, a réuni les notables touareg des régions de Kidal, Tombouctou et Gao, du 30 octobre au 2 novembre, au stade municipal de Kidal. C’était l’occasion pour la population locale de sceller l’unité et pour nous de réitérer notre attachement au dialogue. C’est ce qui ressort d’ailleurs de la lettre signée par le chef du mouvement Ag Bahanga et lue par un de ses proches collaborateurs. Il était question aussi de mettre Bamako devant ses responsabilités et de prendre à témoin l’Algérie et la Libye. Dans ce cadre, un groupe de contact a été désigné pour faciliter les voies du dialogue avec l’Etat dans le but de créer un climat d’apaisement nécessaire à la reprise des pourparlers et à l’instauration de la paix. A ce titre, une délégation du mouvement, dont je fais partie, est en Algérie pour impliquer les autorités dans les efforts de réactivation de l’accord d’Alger.
- Plus de trois ans après la signature de cet accord, moins d’une année depuis la reprise des armes par quelques factions de votre mouvement, où en est la situation au nord du Mali ?
L’accord d’Alger signé en juillet 2006 pour réinstaurer la paix reste toujours inappliqué en dépit de nos multiples efforts et volonté affichée, à travers le dépôt des armes, la libération des prisonniers, etc. L’Etat malien n’a pas respecté ses engagements. La situation est catastrophique. Nous sommes revenus à la situation qui a prévalu en 2007, et qui était à l’origine de l’explosion.
- Les autorités maliennes récusent et accusent votre mouvement de ne pas avoir joué le jeu…
J’ai pris part aux négociations ayant abouti à cet accord, et j’en suis même l’un des auteurs, donc je peux vous prouver le contraire. Ce dernier (accord) a prévu un comité de suivi du groupe technique de sécurité, pourtant le ministre de l’Administration locale, M. Koufougouna, a remis en cause son fonctionnement et sa composante bien après. Ce comité était chargé de suivre l’évolution de la situation sur le terrain, établir la liste des Touareg à réinsérer, l’intégration de quelque 200 éléments dans les unités spéciales de sécurité, qui n’ont jamais été mises en place par les autorités maliennes. Du côté des Touareg, il y a eu deux opérations de dépôt d’armes, entre 2007 et 2009, qui se voulaient beaucoup plus un acte de bonne volonté pour le respect des engagements. Pour nous, l’Etat malien n’a rien fait pour concrétiser l’Accord d’Alger. Il n’a même pas appliqué les points jugés prioritaires, comme ceux liés à la réinsertion ou la mise en place des unités de sécurité, pour faire face à la situation d’insécurité qui menace toute la région. C’est dans cet esprit que nous interpellons l’Algérie, en tant que médiateur, afin qu’elle agisse auprès de Bamako, pour que les autorités respectent leurs engagements…
- Vous tenez à l’Accord d’Alger, même après que le chef de l’Alliance, Ag Bahanga, l’ait remis en cause ?
Ag Bahanga a toujours dit qu’il n’est jamais sorti du processus de paix. Il a fait un recul pour mieux avancer. Il n’a pas cessé de répéter qu’il respecte la paix, tant que Bamako la respecte. Nous n’avons pas abandonné nos engagements. Tous les rebondissements qu’a connus la région étaient plutôt des sonneries d’alarme que nous avions actionnées pour alerter sur le refus de Bamako de concrétiser ses engagements. Il y a eu des officiers du mouvement qui ont repris les armes et même quitté la région, en laissant une partie de leurs compagnons sur place … Ces officiers sont revenus à Kidal et sont dans la même situation que leurs compagnons. Ils ne sont pas contre l’accord d’Alger. Il y a eu juste ceux qui ont déposé les armes parce qu’ils ont cru et ceux qui se sont sentis désabusés et ont préféré les garder. Les deux veulent cependant construire la paix dans la région. Aujourd’hui, nous appelons à ce que l’accord soit respecté. Les six mois d’absence ne sont en fait qu’une pause, durant laquelle nous avons interpellé le gouvernement malien, et entrepris quelques contacts pour lui rappeler ses engagements, en vain. En fait, nous sommes convaincus aujourd’hui que le régime malien a signé dans la précipitation, parce qu’il était à la veille des élections législatives. Nous nous sommes rendu compte qu’en réalité, il n’a jamais voulu cet accord. Raison pour laquelle il y a eu la riposte. Il est vraiment urgent de mettre en place les comités de suivi. Pour nous, il y a une situation sécuritaire très inquiétante qui appelle à une réaction rapide. Notre région aurait pu être une zone tampon contre le terrorisme salafiste, mais également contre les trafiquants en tout genre, grâce aux unités spéciales de sécurité dont feraient partie les Touareg. Ces unités sont pour nous une priorité, parce que sans sécurité il ne peut y avoir de développement.
- Pour vous, est-ce que cette situation est due à l’absence de volonté politique ou au manque de moyens financiers ? Nous ne pensons pas que ce soit un problème de fonds, mais plutôt de manque de volonté à régler équitablement et définitivement la crise. Preuve en est le forum organisé en mars 2007 par l’Etat malien à Kidal, sans l’aval du mouvement et sans sa participation. Nous avions à l’époque interpellé les bailleurs de fonds du Mali, comme l’Union européenne, mais aussi l’Algérie en tant que médiateur, pour qu’ils fassent pression sur Bamako en l’obligeant à faire participer les Touareg, ou plutôt assister à ce forum, puisque c’était à trois jours de sa tenue. Ils y ont assisté sans aucune préparation. Bamako a les moyens et les outils pour faire aboutir l’accord d’Alger, mais tout a été fait pour ne pas le concrétiser sur le terrain. Savez-vous que pendant les six mois qui ont suivi cet accord, personne, au nord, ne pouvait en parler de peur d’être arrêté ? Les gens étaient terrorisés. Nous avons interpellé les bailleurs de fonds du Mali et l’Algérie sur cette situation, et en réponse, l’armée a commencé à occuper les points d’eau, de passage et les lieux stratégiques. Ce qui a poussé une partie des Touareg à reprendre les armes.
- Est-ce la raison qui explique la reprise des armes, en 2009 ? Reprendre les armes est la pire des choses que nous puissions faire. Mais c’était inévitable. Il n’y a jamais eu de riposte en dehors de celle qui avait pour objectif d’amener au respect de l’accord d’Alger. L’Etat dit qu’il a appliqué plusieurs points de cet accord, mais le ministre de l’Administration territoriale, M. Koufougouna, vient, le 30 août 2009, de remettre en cause la mise en place des comités de sécurité sans même pas prendre la peine d’en faire part aux Touareg. La Libye vient d’organiser une cérémonie de dépôt des armes par les rebelles du Mouvement de nigérien pour la justice (MNJ) à laquelle des officiels maliens et Ag Bahanga ont pris part.
- Est-ce que cet accord concerne aussi votre mouvement, et que pensez- vous de l’implication de la Libye dans ce conflit ? En fait, il n’y a pas eu d’accord, mais une situation créée par l’Etat nigérien par l’intermédiaire de la Libye pour d’abord faire déposer les armes, puis discuter de la suite. Ce qui n’était pas le cas pour le nord du Mali, où il y a un cadre légal, l’accord qui fait obligation aux parties de respecter les engagements des uns et des autres. Si Koufougouna ne l’avait pas violé, la crise aurait été définitivement résolue depuis déjà trois ans. Nous ne sommes pas contre des initiatives comme celle de la Libye. Si quelqu’un peut contribuer à la restauration de la paix il est le bienvenu, pour peu que ses intentions soient sincères. La Libye est un partenaire important pour le développement de cette région. Sa contribution peut aider au développement du nord du Niger.
-Est-ce que la participation de Ag Bahanga à cette cérémonie implique l’Alliance ? Bahanga était en Libye depuis six mois déjà avant la cérémonie du 6 octobre 2009. Il était invité à titre individuel par El Gueddafi, mais aussi par les dirigeants du MNJ et cela n’engageait en rien son mouvement parce que le dépôt des armes ne concernait que les Touareg du Niger et non pas ceux du Mali.
- Mais des officiels maliens ont annoncé que certains de vos compagnons avaient déposé les armes en Libye, au même titre que le MNJ... Ce sont de fausses informations, ou plutôt de l’intox. Le dépôt des armes ne concerne que le Niger, où la Libye s’implique beaucoup pour y ramener la paix. D’ailleurs, c’est El Gueddafi et Tandja (le président du Niger) qui se sont entendus pour créer les conditions de la résolution de la crise, à travers d’abord le dépôt des armes, en attendant un accord-cadre qui n’a pas encore été négocié. Pour l’instant, il n’y a eu que la reddition des Touareg et l’amnistie de la part de Niamey. Nous attendons la suite, que nous espérons sincère.
- Pensez-vous que cette initiative mettra fin à la rébellion au nord du Niger ? En fait, il est un peu précoce pour parler de réussite ou non. Cela dépend de la sincérité de Niamey, d’autant que les tractations sous l’égide de la Libye ont eu lieu au moment où Tandja était isolé et, de ce fait, il avait besoin d’alliés internes pour éviter que la situation lui échappe. Si nous comparons les situations au Mali et au Niger, de loin elles apparaissent semblables mais sur le terrain, il y a une grande différence. D’abord parce que contrairement à Niamey, Bamako est moins disponible à résoudre la crise du Nord. Le régime fait dans la gesticulation, mais sur le terrain, il est plus radical. Pourtant, il avait plus de chance de réussir que le Niger du fait du cadre légal, qui est l’accord d’Alger, contraint les parties à respecter leurs obligations. Ce qui n’est pas le cas pour le nord du Niger, où Tandja était obligé de solliciter la Libye pour chercher des amis au nord de son pays et en faire des alliés au moment où il s’est senti très fragilisé avec son isolement sur le plan international et interne à la veille des élections. Son voisin, Amadou Toumani Touré (ATT), avait une situation moins difficile : il suffisait juste d’un peu de sincérité pour clore définitivement le dossier des Touareg en honorant les engagements de l’accord qu’il a paraphé. Nous avons constaté que ATT était plus sincère quand il avait la casquette de facilitateur. Il avait de plus larges prérogatives au point d’être sollicité pour résoudre de nombreuses crises en dehors du Mali, comme au Centrafrique par exemple. Aujourd’hui, nous avons du mal à comprendre pourquoi il s’est montré incapable d’éteindre la petite étincelle qui risque d’enflammer le nord de son pays.
- Est-ce lui qui bloque la réussite de l’accord ou son entourage, qu’on dit trop lié aux milieux mafieux de la contrebande ?
Il semblerait que ce soit son entourage qui ne lui donne pas les bons conseils. Cependant, étant le chef suprême de l’Etat, il en assume l’entière responsabilité.
- Ne pensez-vous pas que cette stabilité tant espérée n’arrange pas les intérêts de ceux qui convoitent et exploitent les richesses de la région ? Nous sommes conscients de cette vérité incontestable. C’est pour cette raison que nous ne cesserons jamais de réclamer la concrétisation de l’accord d’Alger, qui va permettre une meilleure redistribution des richesses à travers un développement durable dans la région. Si Tandja arrive à faire sortir le nord de la paupérisation sans faire appel aux multinationales, mais uniquement en se réconciliant avec les Toaureg, c’est tant mieux. Parce qu’il est important de rappeler que les populations du nord du Mali et celles du nord du Niger, ne se battent pas pour l’uranium mais pour le développement de leurs régions respectives.
- Vous voulez dire que du côté malien c’est vraiment le statu quo ? Disons que c’est le calme des deux côtés. Néanmoins, il y a une importante initiative qui se profile à l’horizon….
- Pouvons-nous en savoir plus ? Nous avons interpellé l’Algérie, en tant que pays médiateur pour qu’elle fasse pression sur Bamako, et pousser à rouvrir le dialogue. La situation a atteint un seuil critique, ce qui a poussé à la reprise des armes par certains en février 2009, et par d’autres en juillet de la même année. C’est la désolation totale. Nous pensons qu’il faut créer les conditions de paix, et l’Algérie est disposée à le faire, de part son statut de co-signataire de l’accord d’Alger. Elle doit faire tout pour que les autorités maliennes respectent leurs engagements. Nous avons aussi interpellé les partenaires techniques afin que eux aussi s’impliquent dans le retour à la paix. Le forum intercommunautaire de Kidal a été une occasion pour les Touareg de réitérer leur attachement à l’unité et à la paix.
- Pourquoi les terroristes salafistes ont-ils pu s’installer dans cette région et non pas au nord du Niger ?
Les salafistes se sont installés dans cette région parce qu’ils ont des connexions importantes. Il faut savoir que dans cette zone ne s’installe qui veut. On sait qui est qui. Nous avons du mal à imaginer un Etat qui exclu les Touareg de toute discussion autour de l’ avenir de leur région, puisse engager un dialogue avec les terroristes salafistes, pour mettre à feu cette même région. C’est un jeu dangereux que nous ne comprenons pas.
- N’y a-t-il pas justement des connexions avec certains dirigeants pour des intérêts purement pécuniaires ?
Au départ, l’idée était de salir l’image des Touareg avec l’intensification des mouvements terroristes dans la région. Mais, tout le monde a vu que les Touareg ont de tout temps combattu les salafistes. Nous avons même tué certains de leurs cadres dans des opérations. Ils ont par la suite, tiré profit de cette politique de passivité en créant leurs propres réseaux de soutien et de logistique dont les ramifications ne sont pas parmi les Touareg. Aujourd’hui on nous dit que l’Etat malien ne peut pas les combattre. Nous avons beaucoup insisté sur la nécessité de mettre en place ces unités spéciales de sécurité pour d’abord protéger la population locale mais aussi lutter contre les hordes salafistes au nord. Une région qui aurait pu être une zone hermétique non seulement aux terroristes mais aussi à toutes les bandes criminelles. Mais, Bamako refuse catégoriquement et elle l’a fait savoir officiellement en juillet 2006. Il est plus difficile aujourd’hui de chasser les salafistes de cette région parce que l’Etat a créé, volontairement ou involontairement, toutes les facilités pour qu’ils s’installent durablement et par conséquence pérenniser la situation d’insécurité.
- ATT affirme n’avoir pas les moyens de combattre le terrorisme, et que la solution réside dans la tenue du Sommet pour la sécurité et le développement auquel il appelle avec insistance. Qu’en pensez-vous ?
Je ne pense pas que ce sommet est la solution au problème du terrorisme et du développement. Il n’aura aucun impact sur le terrain. Il faut d’abord avoir la volonté de résoudre le problème des Touareg et après la lutte contre le terrorisme sera plus facile à mener avec la population locale.
- Selon vous, n’est-ce pas cette connexion avec les salafistes qu’on ne veut pas rompre pour ne pas perdre ses retombées financières ? Le terrorisme rapporte gros ce qui leur permet de bien s’équiper en moyens de transport, de communication et surtout en arment de guerre neuf. Lorsque le Mali, dit qu’il n’a pas les moyens de combattre les salafistes, nous nous demandons alors d’où a-t-il ramené ce puissant arsenal de guerre qu’il a utilisé pour réprimer la rébellion ? Pour un pays pauvre, les moyens militaires auxquels il a recouru laissaient perplexe. Mais, face aux terroristes, qui sont très faciles déloger, ils se déclare impuissant. C’est une preuve qui montre qu’au Mali, on ne veut pas créer les conditions nécessaires de sortie de crise et de développement…
Par Salima Tlemçani
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