mercredi 12 février 2014

Défense africaine : dernières nouvelles du front


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11/02/2014 à 16:45 Par Laurent Touchard



Soldats français (Sangaris) et rwandais (Misca) devant le camp Kasai, le 28 janvier 2014 à Bangui. © Issouf Sanogo/AFP

Les factures d'armement sont en constante augmentation sur le continent, où les questions de défense n'ont peut-être jamais été aussi complexes compte tenu de la diversité des risques. Retour sur les principales informations militaires africaines de ce début de 2014 avec Laurent Touchard*.

* Laurent Touchard travaille depuis de nombreuses années sur le terrorisme et l'histoire militaire. Il a collaboré à plusieurs ouvrages et certains de ses travaux sont utilisés par l'université Johns-Hopkins, aux États-Unis.

En ce mois de janvier 2014, un événement est passé aussi inaperçu qu'il est important : l'Éthiopie a intégré la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Si le pays est intervenu à plusieurs reprises en Somalie, il ne l'avait jamais fait dans le cadre de la mission de l'Union Africaine/ONU. Cette décision représente un symbole fort pour l'Architecture africaine de paix et de sécurité, fragilisée depuis des années par les priorités souverainistes et les intérêts régionalistes plutôt que communs. Il y a là une démarche qui augure d'avancées pour la Force Africaine en Attente (FAA) ; la décision d'Addis Abeba s'inscrit comme un exemple à suivre. Œuvrer avec détermination pour la FAA, une bonne résolution africaine pour 2014 ?

L'année promet d'être dense en matière de contrats signés aussi bien en armes qu'en équipements de surveillance de haute technologie. Une courbe ascendante de dépense : est estimé qu'en 2018, l'Afrique pèsera 46 milliards de dollars de contrats d'armement et de sécurité...

MAINTIEN DE LA PAIX

Chine

• Mali : le 22 janvier, les premiers éléments du contingent chinois au Mali, intégrés à la Minusma, sont en place.

États-Unis

• Surveillance du Sahara : le 18 janvier, un avion ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) U-28 est signalé à Gao. Présence qui confirme une fois encore que le Sahara est étroitement surveillé par Washington, en partenariat avec Paris. Rappelons que les États-Unis disposent d'une base de drones au Niger (d'où opèrent également des UAV français, voir ci-dessous).

• Soutien à l'Union Africaine en Somalie : le 10 janvier, le Pentagone annonce que cinq conseillers militaires américains sont en Somalie depuis octobre 2013. Installés dans les bâtiments de l'aéroport de Mogadiscio, ils ont entamé en décembre une mission d'instruction des troupes de l'Amisom. Ce n'est pas la première fois que les Américains s'impliquent en Somalie depuis 1993. Ainsi, au cours de la nuit du 24 au 25 octobre 2012, des éléments du SEAL Team Six sont parachutés non loin de Galkayo, pour libérer deux otages. Le 05 octobre 2013, c'est encore le SEAL Team Six qui capture Abdelkader Mohammed Abdelkader alias Ikrima, à Baradwe. L'importance des forces américaines à Djibouti permet de supposer que ces raids ne sont que la partie visible de nombreuses opérations...

• Base fantôme en Tunisie : le 31 décembre 2013, le ministre des Affaires étrangères tunisien dément une fois encore l'existence d'une base secrète américaine à la frontière algéro-tunisienne. Régulièrement, la nouvelle resurgit dans l'actualité tunisienne.

• Flintlock 2014 : sous l'égide des États-Unis, le prochain exercice d'ampleur Flintlock, axé sur la lutte contre le terrobanditisme, se déroulera en février 2014 au Niger.

Europe


Atalante s'achèvera en 2014. Toutefois, plusieurs décideurs de l'UE sont favorables à une prolongation de la mission.

• Atalante : menée sous l'égide de l'Union Européenne (UE), l'opération Atalante a grandement contribué à la réduction de la piraterie le long des côtes et au large de la Somalie pour un coût annuel d'environ 100 millions d'euros. En théorie, Atalante s'achèvera en 2014. Toutefois, plusieurs décideurs de l'UE sont favorables à une prolongation de la mission.

France

• Reaper sur l'Afrique : deux drones RQ-9 Reaper sur les douze commandés par la France aux États-Unis sont arrivés à Niamey, au Niger, début janvier 2014. Ils y ont été transportés par des Antonov An-124. Initialement destinés à l'appui des opérations menées au Mali, ils peuvent aussi servir ailleurs sur le continent. Mis en œuvre par l'Escadron de Drones 1/33, ils renforcent les trois Harfang également au Niger depuis un an (déployés le 17 janvier 2013, ayant accumulés plus de 2 000 heures de patrouilles au-dessus de la région). Le premier vol s'est déroulé le 15 janvier. Ils effectuent des missions de surveillance et de reconnaissance. À terme, trois Mirage 2000D devraient également être basés à Niamey.



Soldats français inspectent un bateau dans le golfe d'Aden, le 30 avril 2009. © Pierre verdy/AFP

Nations unies

• Renforts au Sud-Soudan : début janvier, le Conseil de Sécurité étudie la possibilité de déployer 5 500 casques bleus supplémentaires au Sud-Soudan, dans un délai de quatre à huit semaines.

Pays-Bas

• Mali : quatorze soldats néerlandais sont partis au Mali le 6 janvier 2014. Ils précèdent le reste du contingent hollandais qui comprendra 380 hommes au total.

Union Africaine

• Conférence en Éthiopie : les ministres africains de la Défense se sont réunis le 14 janvier à Addis Abeba pour la septième fois. Rassemblés au sein du Comité technique spécialisé sur la Défense, la Sûreté et la Sécurité (Specialized Technical Committee on Defense, Safety and Security, STCDSS en anglais), ils ont discuté de la Force africaine en attente (FAA) et de la force d'intervention rapide, la Capacité africaine de réaction immédiate aux crises (Caric). Un des objectifs à court terme est d'évaluer la situation de la FAA.

• Unités de la RASD pour la FAA : le ministre de la Défense de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) annonce au cours de la conférence du STCDSS (voir ci-dessus) que son "pays" est prêt à participer de manière importante à la mise sur pied de la FAA. Si la RASD est reconnue par l'UA (c'est l'une des raisons qui explique que le Maroc n'appartienne pas à l'organisation pan-africaine), elle ne l'est en revanche ni par l'ONU, l'UE ou la Ligue arabe. L'intégration d'unités de la RASD à la FAA (une compagnie l'ayant été en 2009) ne manquerait donc pas de poser des problèmes lors d'opérations conjointes ONU/UA...

• Vers une "Conpol" africaine ? Initialement suggérée par les chefs des polices namibienne et rwandaise, l'idée d'une police continentale africaine est soutenue depuis le 13 janvier par Yoweri Museveni, président ougandais. Cet organisme permettrait de faciliter les échanges de renseignements policiers entre États tout en rendant plus cohérente la lutte contre le crime organisé, les trafics les plus variés : drogues, armes, braconnage, traite humaine... Toutefois, réaliste, Museveni indique qu'avant la création d'une telle structure il importerait dans un premier temps de créer des centres régionaux (mais nationaux) "d'excellence", ce d'autant plus que les ressources manquent pour mener à bien un tel projet, tandis que la FAA accumule les retards.

ALGÉRIE

Aviation

• Technologie avant tout : outre les négociations d'achat (avec la Russie, pour 30 drones E95 et avec la Chine pour des drones Xianglong, ou encore avec les EAU ; le tout s'ajoutant aux Seeker déjà en service), les capacités scientifiques nationales sont également sollicitées, comme pour le développement de systèmes avec des caméras infrarouges. Alger envisage d'acquérir au moins 90 aéronefs pilotés à distance pour les missions ISR, mais également pour des opérations offensives (drones armés).

>> Lire aussi : à quoi va servir la hausse du budget algérien de la défense

Forces terrestres


Accusant d'importantes lacunes en matières d'artillerie automotrice, l'Algérie poursuit ses efforts de modernisation.

• Artillerie automotrice : accusant d'importantes lacunes en matières d'artillerie automotrice, l'Algérie poursuit ses efforts de modernisation entamés depuis quelques années en ayant acheté un nombre - pour l'heure inconnu – d'obusiers automoteurs chinois PLZ-45 (ou similaires) de 155 mm. Ces matériels et leurs véhicules d'approvisionnement.
Marine

• BDSL : après quelques semaines de retard, le Bâtiment de Débarquement et de Soutien Logistique (BDSL) Kalaat Beni-Abbes a été conduit sur une barge, de son chantier naval de Riva Trigoso jusqu'aux installations de Muggiano, pour la finition. Les essais en mer sont prévus pour le mois d'avril 2014. Rappelons que la formation de l'équipage algérien a commencé en octobre 2013 et se poursuit actuellement. Les trois embarcations de débarquement à bord du BDSL sont quant à elles assemblées en Algérie par l'Entreprise de construction et de réparation navale (ECRN) ; elles permettront de "beacher" jusqu'à 15 chars ou 30 véhicules blindés plus légers et 440 hommes transportés dans le navire principal. Ce dernier peut également effectuer des missions humanitaires, disposant d'installations hospitalières et de 50 lits. Un peu plus grand que la classe San Giusto sur laquelle il est basé, le Kalaat Beni-Abbes déplace 8 800 tonnes. Enfin, le BDSL pourra servir de porte-hélicoptères, emportant cinq voilures tournantes.

ANGOLA

Reconstruction

• Déminage : après des décennies de guerre et une paix qui semble enfin vouloir s'installer durablement, le déminage du pays continue. Si beaucoup a été accompli, la tâche reste considérable. De fait, en 2013, 113 mines antichars, 1 480 mines antipersonnel, 77 559 obus et grenades, 30 600 cartouches de tous calibres et 1 030 kilos d'explosifs divers ont été neutralisés et détruits, dépolluant ainsi l'équivalent de 148 000 m2 et 1 752 kilomètres de route.

DJIBOUTI

Coopération

• Chine : la Chine s'installe toujours un peu plus dans la corne de l'Afrique : l'accord en matière de matériel de surveillance des frontières et du littoral conclu avec le Kenya (voir plus loin) s'accompagne des attentions de Pékin vis-à-vis de Djibouti. Ainsi, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a-t-il rencontré son homologue djiboutien, Mahamoud Ali Youssouf, le 7 janvier. Il n'a pas uniquement été question de développement économique, mais aussi de questions de défense et de lutte contre la piraterie.
Forces terrestres

• Matériel et déploiement pour la Somalie : Vingt-six pick-ups Toyota Land Cruiser ont été fournis par les États-Unis ; cette livraison renforce le parc existant, contribuant au déploiement de 1 000 soldats supplémentaires des Forces Armées Djiboutiennes au sein de l'Amisom. Ces troupes supplémentaires seront stationnées dans la zone de Beledweyne.

ÉGYPTE

Coopération militaire

• Discussions : En visite en Égypte, le général Hamad al-Rumaithi, chef d'Etat-major des Émirats arabes unis, s'est entretenu avec son homologue, le général Sedqi Sobhi. Ont été abordés le renforcement des liens en matière de défense entre les deux pays, ainsi que l'idée d'échanges plus denses.

ÉTHIOPIE

Opérations extérieures

• Intégration au sein de l'Amisom. Événement d'une grande importance, le 22 janvier : l'Éthiopie intègre effectivement l'Amisom après avoir annoncé en novembre 2013 sa volonté de le faire. Désormais, l'Éthiopie se conformera aux procédures, aux règles d'engagements et aux concepts opérationnels définis par l' Amisom, avec des unités dans les Secteurs 3 et 4 (en renfort des troupes djiboutiennes). Même si la coopération existait entre les forces éthiopiennes et les contingents de l' Amisom, cette décision ne pourra que faciliter la lutte contre les Shebab.

GHANA


Le Ghana déploiera 850 hommes au Sud-Soudan, dont 330 proviennent du bataillon de Côte d'Ivoire.

Opérations extérieures

• Sud-Soudan : le 14 janvier, le président ghanéen indique que son pays déploiera 850 hommes au Sud-Soudan, soit une partie non négligeable du renfort de 5 500 hommes souhaités dans la région par le Conseil de Sécurité. Une partie de ces militaires ne manquent pas d'expérience puisque 330 d'entre-eux proviennent du bataillon ghanéen en Côte d'Ivoire.

Aviation

• Renforcement de l'aviation : Pour l'heure avec des moyens aériens limités alors qu'il souhaite s'impliquer davantage dans l'architecture de sécurité en Afrique, le Ghana cherche à se procurer avions et hélicoptères. Est ainsi envisagé d'acheter des appareils de transport C295 supplémentaires, des C27J Spartan, ainsi que plusieurs modèles d'hélicoptères : des Mi-35M Hind d'attaque, des Z-9 chinois et AS365 Dauphin multirôles.

KENYA

Budgets

• Risques sécuritaires et augmentations des crédits : un rapport indique qu'en 2018, le budget kényan de la défense atteindra 5,5 milliards de dollars, alors que sa moyenne s'établit à environ 4,3 milliards depuis quelques années. La situation sécuritaire difficile avec les Shebabs somaliens, tout comme l'implication des forces armées dans les opérations de maintien de la paix en Afrique expliquent évidemment cette augmentation importante. Ces fonds permettront de commander des blindés, ainsi que des drones et des hélicoptères. Concernant les drones, un Aerial Ranger de surveillance est actuellement testé dans la lutte contre les braconniers qui sévissent dans le pays.

Coopération

• Technologie chinoise : Kenya et Chine ont signé un accord sur la sécurité territoriale, aussi bien des frontières terrestres que de la zone littorale. Selon celui-ci, Pékin fournira des équipements technologiques de surveillance. Dans le contexte régional actuel en particulier avec la Somalie, cet accord s'avère important : la sécurisation des frontières kényanes constitue en effet un enjeu majeur pour le pays. Les terroristes responsables de la prise d'otages massive de Nairobi, en septembre 2013, étaient ainsi parvenus à s'infiltrer depuis la Somalie du fait de la porosité de la frontière (les déficiences des services de renseignement n'ayant rien arrangé). Et, cette infiltration réussie n'est pas unique.

LIBYE

Formation

• Washington sollicitée : la Libye a sollicité de Washington l'acquisition de services et d'équipements pour l'entraînement de 6 000 à 8 000 hommes, sur une durée de huit ans, pour un coût de 600 millions de dollars. L'armement, les munitions, les matériels, l'ensemble de la logistique sont compris dans le "package", de même que 350 conseillers militaires, membres des forces américaines et contractors. Sitôt toutes les autorisations données par le Congrès, le programme sera mené à Novo Selo, en Bulgarie, le territoire libyen étant trop peu sûr.

>> Lire aussi : L'armée libyenne, dans l'urgence de se réformer

• Italie : 340 soldats libyens ont été envoyés en Italie afin d'y être entraînés. L'accord entre les deux pays prévoit que 2 000 hommes seront formés tout au long de l'année 2014. En novembre 2013, 500 avaient été sélectionnés pour un stage de formation de 14 semaines dans la péninsule.

Forces terrestres

• Blindés et patrouilleurs côtiers turcs : Le rapprochement entre Ankara et Tripoli, notamment via l'entraînement de Libyens en Turquie, s'exprime également dans l'intérêt que Tripoli porte aux matériels turcs. Ont été commandés 20 000 uniformes, 20 000 armes légères, des patrouilleurs navals, des blindés Arma et Cobra de la firme Otokar. À noter que durant l'année 2013, la Turquie a formé 1 000 membres des forces de sécurité libyennes et que l'instruction de 2 000 autres est au programme à partir de 2014.
Aviation

• Aéronefs turcs : Là ne s'arrêtent pas les échanges : en visite dans les usines de la Turkish Aerospace Industry (TAI) le 03 janvier, le Premier ministre libyen Ali Zeidan a évoqué la possibilité d'acheter des hélicoptères d'attaque T-129 ainsi que des avions d'entraînement Hurkus-B. Quinze exemplaires de l'Hurkus sont prévus pour la formation des pilotes ainsi que pour l'attaque légère. Une version spécifique aux missions de surveillance et d'attaque légère, le Hurkus-C pourrait d'ailleurs être développée pour Tripoli.

MAROC

Aviation

• Drones : trois drones Harfang ont été cédés par la France, avec leurs équipements. Ils s'ajoutent aux 4 Predator XP signalés en service dans l'Armée de l'air marocaine. D'autres Harfang pourraient être fournis, avec l'accord d'Israël – concepteur du Harfang désigné Heron 1 par l'État hébreu -. À mesure que les Reaper remplaceront les Harfang de l'Armée de l'Air, ces derniers pourraient être en partie livrés au royaume chérifien.

• Guerre électronique : l'Égypte et le Maroc ont obtenu de Raytheon des équipements de contre-mesures électroniques.

Marine

• FREMM : la cérémonie de transfert de pavillon de la frégate lance-missiles Mohamed VI s'est déroulée le 30 janvier, à Brest, après un retard de plus de deux mois. Cette FREMM (frégate multimission) de la classe Aquitaine est désormais le navire-amiral de la flotte marocaine, rejoignant les trois corvettes Sigma (qui peuvent être considérées comme des frégates).



Une frégate FREMM. © DR

MAURITANIE

Coopération

• Amélioration des relations sécuritaires : le 12 janvier, le président malien, Ibrahim Boubacar Keita achève une visite de trois jours en Mauritanie. Au cours de celle-ci, il a évidemment été question de sécurité avec Mohamed Ould Abdelaziz, le président mauritanien. Il a notamment été décidé de renforcer la coopération entre les deux pays.

NIGERIA

Organisation des forces armées

• Nouvelle division pour sécuriser la frontière : la mise sur pied d'une nouvelle division est prévue dans la zone dangereuse du delta du Niger. Le rôle de celle-ci sera centré sur la surveillance des frontières, notamment avec le Cameroun, la lutte contre le banditisme et le terrorisme. Elle devrait comprendre environ 9 000 hommes organisés sur le modèle de la 7e Division. D'après les informations disponibles, son quartier-général serait installé à Port-Harcourt.

Forces terrestres

• MRAP : des discussions sont en cours entre DCD Protected Mobility et Mekahog Group pour la fabrication, au Nigeria, de véhicules blindés Springbuck. Dans un premier temps, les installations permettraient l'entretien des 44 Springbuck Mk VI de la police nigériane, en cours de livraison. À terme, les blindés seraient assemblés localement. Acquis en Afrique du Sud, ces véhicules de type MRAP (Mine-Resistant Ambush-Protected) se révèlent particulièrement utiles, notamment du fait de leur protection contre les mines et autres engins explosifs improvisés susceptibles d'être utilisés par Boko Haram.

OUGANDA

Opération extérieure

• Sud-Soudan : davantage de troupes ougandaises y ont été déployées suite à la crise qui a commencé le 15 décembre.

RWANDA

Coopération

• Conférence des ministres de la Défense : une conférence réunissant le Kenya, l'Ouganda et le pays d'accueil s'achève le 8 janvier après trois jours de discussions, dans la continuité du Sommet de Kigali (28 octobre 2013). Étaient présents les ministres de la Défense et les ministres de l'Intérieur des pays concernés. À l'issue de cette conférence, les responsables de la défense rwandais, le général James Kabarebe, a annoncé la signature d'un pacte de défense mutuelle et de non-agression avec le Kenya.


4 000 Rwandais sont engagés dans des opérations de maintien de la paix, ce qui place le pays au sixième rang mondial des contributeurs pour ce genre de missions.

Opérations extérieures

• Rwandais en RDC : à compter du 16 janvier, le Rwanda déploie des éléments d'un bataillon d'infanterie mécanisée, soit 470 hommes sous les ordres du lieutenant-colonel Jean-Paul Karangwa, en République Centrafricaine. Hommes et matériels intégrés à la Misca sont acheminés sur place pendant une vingtaine de jours par le biais de 19 vols quotidiens de 2 C-17 Globemaster américains. Rappelons que 4 000 Rwandais sont engagés dans des opérations de maintien de la paix, ce qui place le pays au sixième rang mondial des contributeurs pour ce genre de missions.

Lutte contre le terrorisme

• Police scientifique contre terrorisme : un stage de quatre jours d'instruction a eu lieu au centre de police de Kacyiru, à Kigali, pour une trentaine de policiers. Débuté le 06 janvier, celui-ci portait sur les investigations après l'explosion d'une bombe. Cette activité de police scientifique joue un rôle essentiel dans le démantèlement d'éventuels réseaux terroristes : pouvoir identifier les composants d'une bombe, l'origine de ces composants, la technique pour concevoir l'engin, c'est aider les enquêteurs à trouver plus facilement les auteurs d'un attentat.

TANZANIE

Marine

• Anti-piraterie : des équipages de la marine tanzanienne se sont entraînés depuis le 24 décembre et durant les semaines passées avec l'European Union Naval Force (EU Navfor), en particulier la frégate italienne Libeccio. Les exercices ont porté sur la lutte anti-piraterie. Le 10 janvier, la Libeccio participe à un autre entraînement, cette fois-ci avec les Garde-côtes des Seychelles.

TUNISIE

Renseignement

• Loi antiterroriste : une nouvelle législation antiterroriste est en cours d'examen depuis le 31 décembre 2013, date de l'adoption par le Conseil des ministres d'un projet de loi organique ; définissant notamment ce qu'est le terrorisme, autorisant la collecte strictement encadrée de renseignement technique (écoute téléphonique, surveillance de l'Internet...), précisant le cadre légal des investigations antiterroristes. Est également préconisée la création d'un comité national interministériel de lutte contre le terrorisme. Les associations de défense des libertés se montrent extrêmement critiques.

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>> Retrouver tous les articles du blog défense de Laurent Touchard sur J.A.

>> Pour en savoir plus : consulter le blog "CONOPS" de Laurent Touchard



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Algérie : le crash d'un avion militaire fait des dizaines de victimes



Armée algérienne(58) - Constantine(13)



11/02/2014 à 14:05 Par Benjamin Roger, avec Farid Alilat



Un avion de type Hercules C-130. © AFP

Un avion de transport de troupes de l'armée de l'air algérienne s'est écrasé mardi matin dans le sud-est du pays, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi. Selon un bilan provisoire fourni en milieu d'après-midi par l'agence officielle APS, 52 passagers sont morts et un seul a survécu.

Mis à jour à 19h41.

Un avion de transport de troupes de l'armée de l'air algérienne s'est écrasé, mardi 11 février, dans le Djebel Fertas, dans la Wilaya d'Oum El Bouaghi (sud-est). D'après un bilan provisoire fourni dans l'après-midi à l'agence officielle APS par un officier, 52 passagers ont trouvé la mort et un seul a survécu. Selon la même source, l'appareil transportait "77 personnes, dont les membres de l’équipage" et les opérations de recherche et de secours "se poursuivaient encore" en milieu d’après-midi.

Cet avion, un Hercule C-130, ralliait Tamanrasset (sud) à la ville de Constantine (est). À son bord se trouvaient notamment des femmes et enfants de militaires. Selon une source locale, l'appareil aurait également percuté des habitations au sol, faisant plusieurs morts supplémentaires.

Les premières images du crash à la télévision officielle ENTV :



Tempête de neige

"Les conditions météorologiques très défavorables et l'orage accompagné de chutes de neiges qui prévalaient dans la région seraient à l'origine de ce crash", a expliqué le ministère de la Défense dans un communiqué. Des unités de secours ont été dépêchées sur zone pour mener les opérations de recherche et de sauvetage.

Une commission d'enquête a par ailleurs été créée et dépêchée sur les lieux pour déterminer les causes et circonstances exactes de l'accident. Un déplacement du général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), est également prévu. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a décrété un deuil national de trois jours à partir de mercredi 11 février.

Il s'agit du plus important crash aérien depuis une dizaine d'années en Algérie. Le dernier était survenu le 6 mars 2003, lorsqu'un appareil d'Air Algérie s'était écrasé près de Tamanrasset, causant la mort de 102 passagers.

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Benjamin Roger, avec Farid Alila



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Niger : Tandja et le mystère du trésor englouti


polémique(287) - Mamadou Tandja(241) - blanchiment(33) - justice nigérienne(2)



11/02/2014 à 17:40 Par Seidik Abba et Rémi Carayol



Le 27 janvier, Mamadou Tandja (ici en 2011) a refusé de répondre aux enquêteurs. © BOUREIMA HAMA/AFP

Lorsqu'il a été renversé, les caisses de l'État étaient pleines, affirme l'ancien président. Quatre cents milliards de F CFA se seraient volatilisés. Mais quand ? Et comment ?

Mamadou Tandja se tait aujourd'hui. L'ancien président a beau se cacher, il est au coeur de toutes les discussions au Niger. En brousse, là où souffle un vent de nostalgie de son règne et où l'on a vite oublié sa volonté anticonstitutionnelle de le prolonger (le fameux tazartché, "continuité" en haoussa), "on le regrette", assurent son entourage et plusieurs observateurs indépendants. Et à Niamey, on le guette...

Bientôt, jure un ministre influent, on le verra entrer, de gré ou de force, dans une brigade de gendarmerie ou au tribunal de première instance de la capitale. "Il devra s'expliquer devant les enquêteurs, et s'il refuse de répondre à la convocation, on viendra le chercher."

Immunité d'ancien chef d'État


Mi-janvier, ses avocats ont fait savoir que Tandja jouit, en tant qu'ancien chef d'État, d'une immunité. Sur leurs conseils, il a refusé de recevoir, le 27 janvier, le groupe de gendarmes venu l'entendre à son domicile, près de l'aéroport Diori-Hamani. Mais Marou Amadou, le ministre de la Justice, ne veut pas entendre parler de régime spécial. "L'immunité, c'est seulement s'il y a des poursuites, et encore, seulement si les faits reprochés l'ont été durant sa présidence. Mais cela ne vaut pas pour une simple audition. M. Tandja sera entendu", affirme-t-il.

Les faits : pas grand-chose, pour l'heure. Une petite phrase prononcée par l'ancien président en comité restreint en sa demeure, le 26 octobre 2013, mais enregistrée à son insu. Une minute sur les vingt-cinq de l'entretien accordé ce jour-là par le vieil homme à des élus de son parti, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), venus de Tahoua pour savoir s'il avait donné son feu vert - comme cela a pu être dit - à l'entrée d'Albadé Abouba, secrétaire général de la formation, et d'Alma Oumarou, président de la section de Zinder, dans le gouvernement d'"union nationale". Une minute où il a affirmé avoir laissé, lors de sa chute en 2010, près de 400 milliards de F CFA (plus de 600 millions d'euros) dans les caisses de l'État.


L'enregistrement de Tandja connaît un succès formidable. Et provoque la polémique.

Depuis, l'enregistrement connaît un succès formidable. Et provoque la polémique. Qu'est devenu ce trésor (l'équivalent de près d'un quart du budget de l'État) ? A-t-il seulement existé ? En décembre, le gouvernement charge le directeur général du Trésor, Souleymane Zourkaleni, de démentir en direct à la télévision. Celui-ci brandit un document controversé qui précise qu'au 18 février 2010 il n'y avait pas 400 milliards, mais 53 milliards de F CFA dans les caisses. "C'est insulter l'intelligence des gens, persifle un ancien collaborateur haut placé de Tandja. C'est sous-estimer nos efforts pendant dix ans [entre fin 1999 et 2010] pour faire redécoller l'économie du pays. À l'époque, il y avait beaucoup plus que ça dans la trentaine de comptes actifs de l'État."

"Il y avait 121 milliards de F CFA sur un compte domicilié au bureau national de la BCEAO [Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest] à Niamey, jure un ancien ministre de Tandja, le reste des avoirs étant reparti entre les régies financières et d'autres banques." Dans l'entourage de l'ancien président, on souligne que le chiffre de 400 milliards ne concerne pas des liquidités mais englobe tous les actifs (en espèces et en nature) de l'État : recettes de vente d'uranium, mais aussi de pétrole offert à Niamey par le Venezuela, fonds stockés dans les caisses de l'autorité de régulation des télécommunications, ou encore 35 000 tonnes de haricots achetées juste avant le coup d'État.

Accord avec la junte ?


En face, on ricane. Selon un proche du président Mahamadou Issoufou, "seuls les ignorants peuvent y croire" car "une telle somme dans les caisses du Trésor, c'est impossible". Mais l'intervention du directeur général de l'institution n'a rien changé : la polémique a enflé. Cela fait des mois que les partis d'opposition et des organisations de la société civile réclament un audit sur la période de transition, entachée par plusieurs scandales financiers. Des mois qu'ils accusent Issoufou de protéger les membres du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), qui a dirigé le pays de février 2010 à avril 2011. Dans les rangs de l'opposition, on soupçonne le président d'avoir passé un accord avec la junte - "vous m'aidez à me faire élire et je vous laisse tranquille après".

De fait, à aucun moment le chef de l'État n'a contesté les avantages accordés aux anciens membres du CSRD. Certains travaillent même à ses côtés. Jamais non plus il n'a envisagé d'auditer la junte. Un de ses ministres confronté à un dossier douteux hérité de cette période en convenait il y a quelques mois : "C'est un sujet très délicat. Tout ce qui touche à la transition est politique. Je ne peux pas vous en dire plus."

"Il aurait fallu faire un état des lieux, comme à chaque fois qu'il y a eu un changement de régime dans ce pays", estime un ancien collaborateur de Tandja. "Pendant cette période, on voyait partout des voitures de luxe et des bâtiments en construction. D'où est sorti cet argent ?" demande-t-il, soupçonnant Salou Djibo, chef du CSRD, et ses proches de s'en être mis "plein les poches". La villa de 35 pièces que le général en retraite s'est fait construire dans son village natal de Namaro a ainsi beaucoup fait parler. "Un vrai château", selon un témoin.


Finalement, c'est à la justice qu'il reviendra de trancher.

La brouille entre le chef de l'ex-junte - qui vit désormais principalement entre Ouagadougou et Abuja -, son Premier ministre de l'époque, Mahamadou Danda, et son ministre de l'Intérieur, Ousmane Cissé, alimente aussi la rumeur. Pour beaucoup, il s'agit forcément d'une brouille autour de la répartition de l'argent indûment perçu pendant la transition. D'autres suspectent la Fondation Salou Djibo (Fonsad), créée en janvier 2013 et qui n'a à ce jour aucun projet d'envergure à son actif, d'être destinée à couvrir une opération de blanchiment.

Tandja, jamais aussi populaire


Finalement, c'est à la justice qu'il reviendra de trancher. Face à la polémique provoquée par la phrase de Tandja, le gouvernement s'est résolu, début janvier, à demander l'ouverture d'une enquête. Les participants à la fameuse rencontre du 26 octobre 2013 ont déjà été entendus. Outre l'ancien président, les enquêteurs prévoient également d'interroger des ministres (dont Ali Lamine Zeine, le dernier ministre des Finances de Tandja), des hauts fonctionnaires et Salou Djibo lui-même, qui s'est dit disposé à répondre à une convocation.

Tandja finira-t-il par transiger ? Dans son entourage, on soupçonne une manoeuvre visant avant tout à le faire taire. "Il n'a jamais été aussi populaire au Niger, estime un proche. Il est évident que cela constitue une menace pour Issoufou, au moment où il est acculé." Ces derniers mois, les manifestations se sont multipliées, jusque dans les lycées. La colère sociale gronde, les frontières sont poreuses, l'armée (que l'actuel chef de l'État ne contrôle pas vraiment) reste une menace potentielle, et le passage à l'opposition du président de l'Assemblée nationale, Hama Amadou (lire ci-contre), a exacerbé les tensions. Récemment, quatre journalistes ont été gardés à vue et une marche hostile à Areva a été interdite



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mardi 11 février 2014

Tinariwen, le chant des dunes

Libération

De haut en bas et de gauche à droite: Sadam, Faïd Ag Ayad, Eyadou Ag Leche, Assan Ag Touhami, Abdallah Ag Alhousseyni et Elaga Ag Hamid.
De haut en bas et de gauche à droite: Sadam, Faïd Ag Ayad, Eyadou Ag Leche, Assan Ag Touhami, Abdallah Ag Alhousseyni et Elaga Ag Hamid. (Photo Jérôme Bonnet)

Passant d’un désert à l’autre, le collectif malien est allé enregistrer «Emmaar», son sixième album, en Californie.

Sur fond de confins subsahariens, souffle du temps des sables sur végétations pelées peules, ciels frangés, chèches bleus et blancs, le chant de Tinariwen drape de spleen des mélopées blues méharées. Prenant dans la cadence litanique palmée, des airs d’inquiétante étrangeté de gigues d’oasis, kan diskan de khamsin, le blues électrique des guitares m’vet – sans cesse à la lisière de la rumba twist ligne claire, entre envols pickés de Fancy JJ Cale, et juju music répétitive (King Sunny Adé) – laisse après tout rêveur : où branché, en plein rien ? Sur groupe électrogène solaire?
Ce qui importe, dans ledit «blues touareg», c’est le désert. Et ce qui compte dans le désert, celui de Rimbaud ou Loti, Michel Vieuxchange, Lawrence, Isabelle Eberhardt, voire Le Clézio, c’est l’idée de désert, l’image, le mirage. A cet égard, la trouvaille d’Emmaar («souffle brûlant»), sixième recueil officiel du groupe nomade Tinariwen, est le désert volant – comme Christoph Ransmayr inventa la Montagne volante à la phrase flottante -, le désert portatif, substitué, pièce pour pièce, au Sahara essentiel ; le désert antipodique de Mojave. Le tour de passe-passe tient dans la couverture : hommes bleus, pur-sang arabes, Tassili ou Atlas, lointains berbères. Sauf que… passez muscade : c’est l’Amérique des Peaux-Rouges, cactus contre palmiers. Le Sahara en soi, intérieur, comme le mal du pays est nostalgie de nostalgie. Le Désert des déserts, selon la formule de Wilfred Thessiger, dandy d’Aden.
Martèlements. Dans la grande famille du blues des dunes, Tinariwen, collectif malien convertible en tournée perpétuelle né en 1980 en Libye (et découvert selon la chronique, par le groupe manouche Lo’Jo), conduit sur Emmaar par Ibrahim Al Alhabib, auteur chanteur guitariste du répertoire avec Abdallah Al Alhousseyni, Alhassane Ag Touhami et Eyadou Ag Leche, est le plus établi, si l’on peut dire, le plus emblématique. Tinariwen le Dire Straits du genre. Et gare ici à trop vite médire du groupe de Mark Knopfler. Ce croisé de Dylan, Clapton et Lou Reed, piste Libération du tournant des années 80, bien avant le crossover, fut, le temps de deux albums au moins, lancés à contretemps par l’hymne shadowsien planétaire au titre justement arabisant, Sultans of Swing – soit le manifeste éponyme Dire Straits, et l’océanique Communiqué englouti – ce qui arrivait de mieux au rock anglais de Them ou Feelgood, menacé disco punk pirate FM, avec Joy Division et Marianne «Broken» Faithfull ou The Cure… Essentiellement lent, psalmodié dans les médiums, empreint de gravité tellurique, le blues maison à l’amble chamelier s’échauffe en deux ou trois occasions d’Emmaar sur quatorze. Chaghaybou en est une. Idem IndiwaninAli Tifhamam, qui reconduit, à des poussières de tonalité près, le sautillant précédent, bigouden pour un peu. Le tempo syncopé, mi-martèlement de peaux, mi-simili tapping, marque une accélération : quatre minutes et cinquante secondes aux airs de Setting Me Up d’oued. Atteignant autrement à la pure stase, en irradiation arpégée de pierre de lune, Tahalamoyt ouSendad Eghlalan, aux mélodies suspendues en mantras carboniques.
Révolte. Les guitares maison, jouées mi-kora mi-banjo, légendairement bricolées en bidon de conserve et cables de frein de vélo électrifiés, touchent là à leur plénitude de survie – pures ondulations de résonance en «rivière circulaire», vibration miroitante similaire à celles des couches de fournaise au-dessus des sables à perte de vue vertigineuse.
L’album, mixé au Sputnik Studio de Nashville par Vance Powell, a été enregistré en trois semaines d’avril à mai 2013 dans les studios maison de Fester et Gomez, en Arizona, en regardant des westerns. Les couplets tamashed parlent révolte du peuple touareg (trois ou quatre refrains militants plus ou moins galvaniques), exil, passion amoureuse, solitude, sagesse tournant le dos à l’amertume, dromadaires et chamelons, doute métaphysique d’inspiration tribale immémoriale pas toujours limpide. On entend un peu distraitement la lettre du message idéologique, au profit de la sève d’exil tectonique – lait et sel de mélancolie nord-africaine transie universelle.
Le groupe intemporel est cultivé par TV on The Radio, (Tunde Adebimpe, Kyp Malone), Thom Yorke (Radiohead), ou, chez les vétérans, Robert Plant, Damon Albarn, Santana, U2 – sans compter la presse : New York Times,Mojo, Télérama, Uncut, en une ou double, Daily Telegraph,Sunday Times, Libération…
Photo Jérôme Bonnet
Tinariwen CD : Emmaar (Pias). En concert le 11 mars à 19 h 30, au Trianon, 80, bd de Rochechouart, 75018. Rens. : www.letrianon.fr

Le Mujao revendique l’enlèvement de l’équipe du CICR

par RFI
media Deux islamistes du Mujao qui occupe la ville de Gao, dans le nord du Mali, le 16 juillet 2012. AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO
Un responsable du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest a affirmé ce mardi 11 février avoir enlevé dans le nord du Mali l’équipe du Comité international de la Croix-Rouge dont on était sans nouvelles depuis le 8 février. Et ce alors que le Mujao opère visiblement un retour en force dans la région.
Yoro Abdoulsalam, membre de la direction du Mujao, a revendiqué auprès d’un journaliste de l’AFP l’enlèvement de l’équipe du Comité international de la Croix-Rouge. « Grâce à Dieu, nous avons pris un 4×4 des ennemis de l’islam avec leurs complices », a-t-il affirmé, précisant que les humanitaires étaient en vie.
On était sans nouvelle depuis samedi 8 février du véhicule qui transportait les employés du CICR et un vétérinaire d’une autre organisation humanitaire, tous des Maliens.
Ceux qui ont connu Yoro Abdoulsalam en 2012, lorsque le Mujao contrôlait la ville de Gao le présente comme l’un des chefs de l’aile des trafiquants du groupe islamiste.
Sa revendication intervient au moment où le mouvement armé fait de nouveau beaucoup parler de lui dans le nord du Mali. Ainsi, certains voient derrière les affrontements intercommunautaires entre Peuls et Touaregs la main du Mujao. Et ce lundi, quelques dizaines de ses combattants ont pris brièvement ce lundi le contrôle de la localité de Djebock. Sur place, ils ont tenté sans succès d’arrêter le patriarche des Touaregs de la tribu des Imrad.
L’ombre du Mujao plane sur les affrontements intercommunautaires
Les affrontements qui ont lieu ces derniers jours entre Touaregs et Peuls dans la région d’Ansongo, à quelques kilomètres de la frontière nigérienne, opposent les frères ennemis qui depuis longtemps acceptent mal de partager un même territoire de pâturages et de cultures.
Mais ces conflits transfrontaliers ont pris un tour nouveau avec l’arrivée du Mujao en 2012. Ce mouvement jihadiste contrôlé par de riches narcotrafiquants arabes a su enrôler dans cette région du fleuve des jeunes Songhaï, des Touaregs anti-MNLA, mais aussi beaucoup de Peuls. Certains leaders peuls ne cachent pas avoir beaucoup appris avec le mouvement armé et être désormais prêts à se battre d’égal à égal contre les combattants touaregs avec le même objectif : la défense de leur territoire.
Une analyse que ne partagent ni le MNLA ni l’armée malienne. Pour eux, les auteurs du massacre de Tamkoutat jeudi 6 février étaient purement et simplement des éléments du Mujao, dont les leaders sont de retour dans le secteur. L’armée malienne se dit prête à les combattre. Le MNLA aussi.
Dans la région, le risque d’embrasement inquiète les populations. À Bamako, autorités maliennes et Minusma disent prendre la situation au sérieux, craignant de nouveaux affrontements entre le Mujao et les renforts que le MNLA promet d’envoyer.

lundi 10 février 2014

Suite au lâche assassinat perpétré par MUJAO sur nos civils le 6 de ce mois, le MNLA a poursuivi les terroristes et en a capturé 2.


Suite au lâche assassinat perpétré par MUJAO sur nos civils le 6 de ce mois, le MNLA a poursuivi les terroristes et en a capturé 2.

Soucieux du respect de la dignité humaine et par application du droit international humanitaire, nous avons remis les prisonniers aux autorités maliennes en présence de la MINUSMA.

Le MUJAO gagne malheureusement du terrain en occupant depuis aujourd'hui Djebock (45km de Gao en direction de Kidal) et Akabar ( frontière nigero-malienne). Ses forces actives sont constituées de 200 véhicules de guerre.

Le drapeau terroriste flotte ce soir à Djebock.

L'armée malienne positionnée à Andarboukane a subitement quitté ledit lieu pour Menaka où elle trouverait refuge.

Il est donc grand temps que les puissances internationales parties au conflit comprennent que la solution et l'éradication du terrorisme dans cette région ne résident que dans lutte infatigable des mouvements azawadiens.

L'Azawad est immense, il n'est connu que par ses fils. Il ne peut être traité par analogie. Nous sommes la solution et nous devons être associés et sollicités pour toute question portant sur nos régions. Notre avis doit être conforme pour que tout projet intéressant notre environnement et nos peuples puisse aboutir.

Les morts semblant ne pas avoir la même humanité (30 Touareg égorgés : circulez, il n'y a rien à voir ; 80 militaires maliens morts au combat : deuil national de 2 ans ; 2 journalistes assassinés par ceux mêmes qui ont égorgé les 30 Touareg : indignation internationale d'un mois ), notre peuple ne pourra désormais compter que sur lui même.

L'incapacité du Mali à protéger et à sécuriser l'Azawad étant avérée, la gestion de l'Azawad par ses ressortissants s'impose.

Ishaq Ag Alhousseyn

Combats et bilan des affrontements contre les Terroristes du MUJAO

Lundi, 10 Février 2014 09:30
Mouvement National de Libération de l’Azawad

°°°°°°°°°

MNLA

°°°°°°°°°

Unité – Liberté – Justice

Le Mouvement National de Libération de l’Azawad rappelle comme dejà annoncé sur son site dans un communiqué datant du 07 Février 2014, qu'une horde de terroriste appartenant au MUJAO à bord d’une dizaine de Motos de Pick Up ont attaqué et massacré Vingt Cinq civils Touaregs sortant de la foire hebdomadaire de Tamkoutate dans la zone de Menaka.

Suite à ce massacre terroriste, les troupes du MNLA ont engagé une course poursuite contre les assaillants.

Les combats se sont déroulés sur deux jours dans la journée du 08 Fevrier et la nuit du 09 Fevrier. Les troupes du MNLA ont défait le groupe des terroristes faisant le bilan suivant:

- 06 terroristes du mujao tués

- 02 prisonniers arabes

Du coté du MNLA nous déplorons la mort d'un combattant et enregistrons un blessé également dans nos rangs.

La base terroriste a été complètement détruite et les terroristes qui ont survécu à l'offensive du MNLA doivent leur salut au fait qu'ils ont traversé la frontière du Niger.

Le Mouvement National de Libération de l'Azawad mene actuellement des rafles militaires dans toute la zone de Menaka jusqu'à Labezanga et continuera à défendre le peuple de l'Azawad contre tous ceux qui le massacrent et cherchent à l'anéantir.

Le MNLA présente ses condoléances a la famille du combattant martyr et souhaite prompt rétablissement au blessé.

Le Mouvement National de Liberation de l’Azawad rejette et condamne le terrorisme d’ou qu’il se produit surtout quand il frappe les populations de l’Azawad.

Ouagadougou le 10 Fevrier 2014

Mossa Ag Attaher

Chargé de communication

La mort de 31 Touaregs dans le nord du Mali imputée au Mujao

L’ATTAQUE MEURTRIÈRE DE TAMKOUTAT AU MALI IMPUTÉE AU MUJAO<br />
(c) Reuters
L’ATTAQUE MEURTRIÈRE DE TAMKOUTAT AU MALI IMPUTÉE AU MUJAO (c) Reuters
DAKAR (Reuters) – Le ministre malien de la Sécurité intérieure a imputé dimanche au Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) l’attaque qui a coûté la vie l’avant-veille à 31 Touaregs près de Tamkoutat, dans le nord du pays.
« Les voyageurs à bord de deux véhicules sont tombés dans une embuscade des terroristes du Mujao », a déclaré le général Sada Samaka, qui s’est rendu sur place avec plusieurs cadres de l’armée.
Une fillette et une femme figurent parmi les victimes de l’attaque, menée vendredi vers 14h00 GMT à 12 km de Tamkoutat, a précisé le ministre, devant les caméras de télévision.
Le ministère de la Défense avait évoqué vendredi un règlement de comptes entre Peuls et Touaregs. Le Mujao n’a formulé aucune revendication.
Malgré l’opération Serval menée par la France en 2013 pour chasser les djihadistes qui occupaient le nord du pays, certains tiennent toujours quelques poches dans le Nord.
Publié le 10 février 2014 à 14h22 | Mis à jour le 10 février 2014 à 14h22

Une équipe de la Croix-Rouge portée disparue dans le nord du Mali

Le nord du Mali connaît de graves troubles... (PHOTO ERIC FEFERBERG, ARCHIVES AFP)
Le nord du Mali connaît de graves troubles depuis le lancement début 2012 d'une rébellion touareg, en alliance avec des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
PHOTO ERIC FEFERBERG, ARCHIVES AFP

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Agence France-Presse
Genève
Le Comité international de la Croix-Rouge a annoncé lundi qu'une de ses équipes était portée disparue dans le nord instable du Mali, sans savoir si elle avait été enlevée.
«Nous pouvons confirmer que le CICR a perdu le contact avec un de ses véhicules, avec cinq personnes à son bord», a déclaré à l'AFP un porte-parole du CICR, Alexis Heeb.
Le véhicule transportant quatre membres du CICR et un vétérinaire d'une autre organisation humanitaire, tous des Maliens, n'a plus donné de nouvelles depuis samedi, sur la route reliant Kidal à Gao.
«Ils étaient partis de Kidal pour regagner leur base à Gao lorsque nous avons perdu le contact, dans des circonstances que nous ignorons encore. Il est important de ne pas faire de spéculation, bien qu'aucune piste ne soit écartée», a précisé Christoph Luedi, chef de la délégation du CICR au Mali, cité dans un communiqué.
«À ce stade, nous envisageons toutes les hypothèses. Nous sommes très inquiets», a indiqué Alexis Heeb.
Selon M. Heeb, le CICR est en contact régulier avec les autorités maliennes, ainsi qu'avec les divers groupes armés opérant dans le nord du Mali.
«Nous appelons au respect de nos équipes, pour qu'elles puissent accomplir leur travail», a ajouté M. Luedi.
Le nord du Mali connaît de graves troubles depuis le lancement début 2012 d'une rébellion touareg, en alliance avec des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Cette rébellion a abouti à l'occupation du Nord pendant neuf mois par les groupes djihadistes: ils y ont commis de nombreuses exactions au nom d'une application stricte de la charia (loi islamique), marquée notamment par des lapidations et des amputations en public, ainsi que par la destruction de mausolées de saints musulmans et de milliers de manuscrits à Tombouctou (nord-ouest).
Une intervention armée internationale initiée par la France en janvier 2013 a mis fin à cette occupation, mais des djihadistes continuent néanmoins d'y sévir à intervalles réguliers.
Carnage dans l'Azawad / Lettre Ouverte A Monsieur, le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies
Dimanche 9 Février 2014

NOUAKCHOTT (SIWEL) — Monsieur le Secrétaire général, évoquer dans un communiqué lapidaire de ‘’graves incidents’’ et se limiter à ‘’déplorer de tels événements’’ ainsi que l’a fait la Minusma, nous parait absolument réducteur au regard du caractère particulièrement horrible et dramatique d’une barbarie, qui du reste est bien constitutive de crime contre l’humanité, dans une zone sous le contrôle de la mission onusienne et où sont déployés les casques bleus (http://www.malijet.com/communiques-de-presse/92935-la-minusma-condamne-les- evenements-de-tamkoutat-communique.html).

Les
Les "événements" que la MINUSMA déplore n'est autre que le carnage d'une trentaine de civils touaregs. On se souvient de l'énorme indignation de la communauté internationale et des instances onusiennes quand deux journalistes de RFi avaient été assassinés par des terroristes. mais les morts ne semblent pas avoir la même valeurs selon que l'on soit Touaregs ou Européens (PH/Dahil Ag))
Coordination des Cadres de l’Azawad 
Lettre Ouverte 

Monsieur, le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies 
New York 

Monsieur le Secrétaire général,
 

Nous vous écrivons au nom de l’ensemble des leaders d’opinions, notables, chefs coutumiers, intellectuels et cadres, hommes et femmes de l’Azawad, pour exprimer notre consternation, notre profonde douleur et notre incompréhension suite au carnage perpétré, le 6 février 2014 à Tamkoutat, entre Gao et Ménaka contre des membres de la communauté touarègue. Une quarantaine de paisibles personnes, ont de façon violente, péri en plein jour, en raison tout simplement, de leur origine communautaire. 

Monsieur le Secrétaire général, évoquer dans un communiqué lapidaire de ‘’graves incidents’’ et se limiter à ‘’déplorer de tels événements’’ ainsi que l’a fait la Minusma, nous parait absolument réducteur au regard du caractère particulièrement horrible et dramatique d’une barbarie, qui du reste est bien constitutive de crime contre l’humanité, dans une zone sous le contrôle de la mission onusienne et où sont déployés les casques bleus (http://www.malijet.com/communiques-de-presse/92935-la-minusma-condamne-les- evenements-de-tamkoutat-communique.html). 

Les populations attendaient de la MINUSMA, la protection et la sécurité mais pas des qualifications minimalistes de faits flagrants et suffisamment odieux. 

C’est dire, Monsieur le Secrétaire général, que si nous avions des doutes quant à la nature de la mission de la MINUSMA et y fondions quelques espérances, avec Tamkoutat, de toute évidence, le dernier soupçon de confiance des populations touarègues et arabes dans la MINUSMA, s’est définitivement dissipé. 

Ces populations, depuis le début de l’opération serval et le déploiement des forces onusiennes sous votre autorité, ne font que compter leurs morts, leurs disparus, les victimes de torture, d’exactions, de massacres et de spoliations. 

Ce carnage est choquant, humainement inacceptable et, surtout, lourd de conséquences. La communauté touarègue où qu’elle soit, est sous le choc et s’emmure dans le silence de la douleur. L’ampleur d’un tel forfait, rappelle le pogrom contre le village Kel Essouk, à la périphérie de Gao, en octobre 1994, sous la primature d’un certain Ibrahima Boubacar Keita. 
Et, c’est bien là, le plus inquiétant. Si Tamkoutat s’est produit, c’est parce que le crime d’octobre 1994 est resté impuni comme tant d’autres (Kidal en 1962-63, Ménaka, Gao, Léré, Tombouctou, Gossi, Ber, Foita, Agouinit....dans les années 90). 

C’est, de toute évidence, une énième preuve que la culture de l’impunité nourrit à souhait ce genre de pratiques moyenâgeuses. 

C’est, aussi, malheureusement, la preuve que la communauté internationale a réhabilité un régime mais pas un Etat, parce qu’un Etat, du moins - dans son acception à l’origine de la création de l’auguste organisation, dont vous êtes, le Secrétaire général-, est symbole de Responsabilité, de Justice, de Protection, de Sécurité, de Paix pour Tous sans exception y compris pour les non nationaux en séjour dans sa juridiction !!!. Les azawadiens, depuis 1960, n’ont jamais vécu dans un tel Etat, ils n’ont vécu que sous des régimes immuablement identiques dans leurs attitudes vis-à-vis des populations de ce territoire. 

Monsieur le Secrétaire général, pour nous toutes et nous tous, le plus insupportable, demeure incontestablement le silence assourdissant et la passivité de la communauté internationale face à des actes constitutifs de crimes contre l’humanité. 

Aussi, prenons nous la liberté de demander à l’ONU de faire preuve de plus de courage politique afin d’assurer une protection internationale adéquate, pertinente, effective et active des communautés touarègues et arabes et de l’ensemble de la population de l’Azawad. 

Face à la gravité des crimes qui se poursuivent dans l’Azawad, à la complexité du conflit pollué depuis plus d’une décennie par des interférences politiques et criminelles extérieures, face à l’incapacité des régimes maliens à prendre la mesure de la profondeur de la cassure Nord Sud, au regard de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations, nous vous exhortons à convoquer une conférence internationale sur l’Azawad et à placer le territoire sous tutelle des Nations Unies pour épargner la vie des populations locales. 

Dans l’immédiat, le réexamen de la mission des forces de l’ONU au Mali est d’une extrême urgence pour que cesse la banalisation des tueries de populations civiles sur la seule base du teint de leur peau. 

Il vous appartient d’instruire davantage votre représentant spécial pour le Mali ainsi que le commandant en chef des casques bleus à plus de vigilance dans la protection et la sécurité de toutes les populations civiles de l’Azawad. 

Très Haute considération 
Nouakchott, le 8 février 2014 
Ansari Habaye Ag Mohamed 
Porte parole de la coordination des cadres de l’Azawad
 


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