jeudi 11 avril 2013


Mali: 300 prisonniers dans le conflit

Dernière mise à jour: 11 avril, 2013 - 10:41 GMT
Un soldat de l'armée malienne à Gao, le 12 mars 2013.
Le Comité international de la Croix-Rouge dit avoir recensé environ 300 prisonniers au Mali, capturés depuis le début de l’intervention militaire française en janvier pour repousser les combattants islamistes.
Les combattants ont été fait prisonnier par les forces françaises, tchadiennes, et maliennes.
Ils sont détenus dans onze centres de détention dans diverses villes du Mali.
Selon les autorités maliennes, 40 à 50 de ces prisonniers de guerre seraient des étrangers issus de divers pays africains.
Parmi eux figurent deux Nigérians suspectés d'être des membres du groupe Boko Haram, deux Burkinabè, un Mauritanien et deux Algériens.
Deux ressortissants français ont déjà été extradés vers la France.
Sur les 300 prisonniers, une quarantaine sont détenus par le MNLA.
Légalement, ces détenus n’ont pas le statut légal de “prisonnier de guerre”, selon Wolde-Gabriel Saugeron, porte-parole du CICR pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest.
“On parle de prisonniers de guerre dans un contexte de conflit armé international, ce qui n’est pas le cas. Ces personnes là, il reviendra aux autorités maliennes s’il y aura un processus judiciaire, ou un échange, qui sera un processus politique”, a-t-il ajouté.

MALI - 
Article publié le : mardi 09 avril 2013 - Dernière modification le : mardi 09 avril 2013

Mali: nouvelle tentative d'unification de mouvements arabes

Des soldats touaregs membres de l'armée malienne se reposent. à Gao, le 9 février 2013.
Des soldats touaregs membres de l'armée malienne se reposent. à Gao, le 9 février 2013.
REUTERS/Francois Rihouay

Par RFI
La communauté arabe malienne cherche une fois de plus à s'unir. Plusieurs personnalités réunies en Mauritanie ont annoncé ce week-end la création d'une nouvelle structure, qui vise à devenir le cadre unique de représentation des aspirations de la communauté arabe, structure baptisée Convergence des mouvements et associations arabes pour l'unité et le développement de l'Azawad. Mais l'union sacrée ne semble pas encore totalement d'actualité, car des voix s'élèvent déjà dans la communauté arabe pour dénoncer cette initiative.

La nouvelle organisation affiche plusieurs ambitions, à commencer par unir les arabes du Mali afin de pouvoir « hausser le ton face à Bamako », autrement dit dialoguer en position de force. Unir la communauté, également, afin de proposer à la France le services de combattants, notamment ceux du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), pour lutter contre le terrorisme.
« Escroquerie »
Un message louable mais qui ne peut pas être porté par des gens qui ne sont pas crédibles. Voilà ce que disent déjà certaines personnalités arabes maliennes, qui expriment leur rejet de l'initiative. « Cette organisation est une escroquerie », dit l'un d'entre eux avant d'ajouter : « Ce qui nous dérange notamment c'est la proximité de certains membres avec des personnalités impliquées dans le trafic de drogue ».

A Bamako certains ne comprennent d'ailleurs pas pourquoi le doyen Mohamed Mahmoud el-Oumrani a accepté de parrainer cette nouvelle organisation. Face aux accusations, les responsables de la Convergence s'expliquent : « On ne peut pas bannir une tribu, parce que certains de ses membres ont failli ».
Les personnes recherchées pour narcotrafic auraient d'ailleurs accepté de pas avoir de responsabilité au sein de l'organisation même si certaines gravitent autour. Cette tentative d'unir la communauté arabe est à saluer, disent certains observateurs, mais pas sûr qu'elle aboutisse à ce stade.
TAGS: DIONCOUNDA TRAORÉ - MALI - MAURITANIE


Mali: la double vie du caïd déchu Baba Ould Cheikh

Par , publié le 

Recherché depuis février pour trafic de drogue et arrêté mercredi, le notable malien Baba Ould Cheikh fut aussi médiateur auprès d'Aqmi pour la libération d'otages occidentaux. 

Mali: la double vie du caïd déchu Baba Ould Cheikh
Une villa de Gao utilisée pour le trafic de cocaïne. Arrêté mercredi au nord de la ville, le notable malien Baba Ould Cheikh figurait sur la liste des personnes visées par un mandat d'arrêt, notamment pour "trafic international de drogue".
DR
Les trajectoires sahéliennes sont rarement aussi chimiquement pures que la cocaïne qui, après avoir transité par le continent africain, atterrit sur le "marché" européen. Pour preuve, le parcours du Malien Baba Ould Cheikh, arrêté mercredi au nord de Gao. 
Maire de la localité de Tarkint, ce quadragénaire figurait sur la liste des personnages visés par les mandats d'arrêt qu'émit le 8 février le parquet de Bamako, notamment pour "trafic international de drogue". De même, son nom était apparu au détour de l'enquête sur l'extravagante aventure d'un Boeing 727 venu du Venezuela et affrété par un cartel de la came latino-américain, qui s'était posé en novembre 2009 en plein désert malien, et que les trafiquants locaux avaient incendié après avoir débarqué sa cargaison. 
Or, à la même époque, Baba Ould Cheikh fut aussi un médiateur influent dans les tractations engagées pour obtenir la libération d'otages occidentaux enlevés par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Au point de se voir mandaté par l'ex-président Amadou Toumani Touré, alias ATT, renversé lors d'un putsch en mars 2012. 

Un contact vers Mokhtar Belmokhtar

Conseiller spécial du chef de l'Etat burkinabé Blaise Compaoré, leMauritanien Moustapha Limam Chafi a raconté, en février dernier à L'Express, le rôle que joua l'intéressé lorsque, dans le cadre d'une mission visant à arracher le diplomate canadien Robert Fowler et son assistant des griffes de leurs geôliers islamistes, il rencontra pour la première fois l'émir d'Aqmi Mokhtar Belmokhtar. 
En chemin, Chafi avait fait escale à Gao et logé, à l'écart de la ville, dans une villa appartenant au fameux "Baba". Lequel supervisa la longue et angoissante méharée qui le conduisit jusqu'à la retraite désertique d'"Al-Laouar" -le Borgne-, l'un des sobriquets de Belmokhtar, encore surnommé "Mister Marlboro" du fait de son expertise dans la contrebande de cigarettes. 
Pas sûr que les services rendus naguère par le notable interpellé mercredi en compagnie de six autres narcotrafiquants présumés suffiront à fléchir ses juges le moment venu... 

Le Pentagone taille un costard à la Cédéao | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

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Boko Haram rejette l'idée d'amnistie


Boko Haram rejette l'idée d'amnistie
Dernière mise à jour: 11 avril, 2013 - 04:06 GMT




des membres de Boko Haram en cagoule

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a rejeté toute idée d'amnistie, une semaine après la création d'un groupe d'experts par le président Goodluck Jonathan pour étudier la possibilité d'amnistier les membres de la secte islamiste, pour sa vague d'attentat contre les lieux de cultes, les agents de sécurités, et les édifices publics.

Dans un enregistrement audio envoyé par e-mail, Abubakar Shekau, affirme que son groupe "n'a rien fait de mal qui vaille une amnistie".


Il accuse en revanche les autorités nigérianes d’avoir commis des "atrocités" contre les musulmans.

"De manière surprenante, le gouvernement nigérian parle de nous accorder une amnistie. Qu'avons nous fait de mal ? Au contraire, c'est nous qui devrions vous pardonner", ajoute t-il.

Le président Goodluck Jonathan a constitué, le 4 avril, un groupe d'experts pour étudier la possibilité d'amnistier les insurgés islamistes à l'origine de la mort de plus de 2.000 personnes principalement dans le du Nigeria depuis 2009

Le groupe a été mis sur pied suite à un appel lancé par les dignitaires religieux musulmans du nord au chef de l'Etat en faveur d'une loi d'amnistie, en vue de mettre fin aux attaques violentes menées par la secte islamiste.

Des organisations, comme l’Association des Chrétiens du Nigeria, se sont opposées à cette proposition d’amnistie pour Boko Haram.

Selon elles, une telle mesure enverrait un message aux auteurs de ces nombreuses attaques qu’ils peuvent obtenir ce tout qu’ils veulent par la voie de la violence

Boko Haram rejette l'idée d'amnistie
Dernière mise à jour: 11 avril, 2013 - 04:06 GMT

BBC/Afrique

Il faut enquêter sur ces décès et améliorer les conditions de détention à la prison centrale de Bamako
11 AVRIL 2013
« Le fait que le gouvernement malien se soit abstenu d'enquêter sur les tortures infligées à ces sept hommes prend une tournure encore plus tragique suite au décès de deux d'entre eux en prison. Il s'agit là des cas les plus récents de décès en détention dus à l’insalubrité des prisons. Le gouvernement malien devrait prendre des mesures concrètes pour améliorer à la fois le traitement et les conditions de détention de tous ses prisonniers ».
Corinne Dufka, chercheuse senior sur l'Afrique de l'Ouest
(Nairobi, le 10 avril 2013) – Deux hommes de l'ethnie touarègue, qui avaient été arrêtés le 15 février 2013 et torturés par des soldats maliens dans la ville de Léré, près de Tombouctou, sont morts en détention à la prison centrale de Bamako.

Human Rights Watch avait interrogé sept hommes, dont les deux qui sont morts, et documenté les tortures qu'ils avaient subies dans un communiqué publié le 26 mars. Ils avaient été transférés le 5 mars au Camp de gendarmerie numéro 1 à Bamako, où ils avaient reçu une assistance médicale. Fin mars, ils avaient été transférés à la prison centrale de Bamako.

« Le fait que le gouvernement malien se soit abstenu d'enquêter sur les tortures infligées à ces sept hommes prend une tournure encore plus tragique suite au décès de deux d'entre eux en prison », a déclaré Corinne Dufka, chercheuse senior sur l'Afrique de l'Ouest à Human Rights Watch, qui avait interrogé les sept hommes avant leur transfert à la prison centrale. « Il s'agit là des cas les plus récents de décès en détention dus à l’insalubrité des prisons. Le gouvernement malien devrait prendre des mesures concrètes pour améliorer à la fois le traitement et les conditions de détention de tous ses prisonniers ».

Des personnes qui connaissaient les deux hommes ont indiqué à Human Rights Watch qu'ils étaient morts durant la nuit du 6 au 7 avril, à cause d'une chaleur accablante, et sans doute aussi des suites des blessures causées par les mauvais traitements subis auparavant. Il est probable que les tortures les avaient fragilisés, favorisant une détérioration rapide de leur état de santé. Alors qu'ils étaient détenus par l'armée, l'un des deux hommes s’était vu injecter une substance corrosive et souffrait d’une côte fracturée et de brûlures dans le dos. Toutefois, une personne qui les connaissait a affirmé que « quand ils ont quitté la gendarmerie, la santé de ces hommes était en amélioration ».

Une personne, qui s'est entretenue avec plusieurs de ces détenus dans leur prison fin mars, a déclaré que les sept hommes étaient incarcérés dans une petite pièce dépourvue de ventilation, et qu'ils s'étaient plaints de la chaleur excessive qui y régnait de jour comme de nuit. La période allant de mars à mai est la plus chaude de l'année au Mali; à cette époque, la température moyenne à Bamako est de plus de 38 degrés centigrades. Dans une pièce close sans bouche d'aération, la température est encore plus élevée. Le témoin a affirmé que l'un des détenus qui a ultérieurement succombé lui avait dit: « Si on ne nous sort pas de cette pièce, nous allons tous mourir de chaleur ». Le témoin a indiqué que les cinq hommes survivants avaient été transférés le 9 avril dans une pièce mieux ventilée.

L'armée avait arrêté les sept Touaregs, âgés de 21 à 66 ans, à Léré le 15 février, puis les avaient torturés car elle les soupçonnait de soutenir les groupes islamistes armés. Dans des entretiens avec un chercheur de Human Rights Watch le 20 mars, les sept hommes avaient affirmé avoir été roués de coups de poing et de coups de pied, brûlés et soumis à des injections forcées d'une substance corrosive, ainsi qu'à des menaces de mort, alors qu'ils étaient détenus par l'armée. L'un d'eux avait affirmé avoir subi une torture avec de l'eau comparable à la technique du « simulacre de noyade » (« waterboarding »). Un autre avait perdu l’usage d’un œil après avoir reçu un coup de crosse de fusil au visage et un autre encore était devenu partiellement sourd du fait de nombreux coups de pied à la tête.L’armée malienne avait repris Léré fin janvier, dans le cadre d’une offensive dirigée par la France pour reconquérir le nord du Mali, qui était tombé aux mains de groupes islamistes armés en 2012.

Human Rights Watch a recommandé au gouvernement malien de:
 
·         Mener rapidement une enquête impartiale sur les circonstances de ces deux décès en détention et sur les tortures infligées aux autres détenus;
·         Poursuivre en justice de manière appropriée toutes les personnes responsables de leur torture ou de leur décès;
·         Garantir une indemnisation adéquate à leurs familles;
·         Garantir des conditions de détention humaines pour tous les détenus de la prison centrale de Bamako et dans les autres lieux d'incarcération; et
·         Élaborer un projet détaillé d'amélioration des services de santé et des conditions de détention dans les prisons.


MALI - CONFLIT - GUERRE - POLITIQUE - PORTRAITS - FEMMES
Nina Walet Intallou, rebelle du MNLA

Libre. Indépendante. La Touareg Nina Walet Intallou est la première femme à avoir intégré le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui revendique l’autonomie de la région. Portrait.

Dans sa résidence à Nouakchott, où elle s’est exilée suite à l’éclatement du conflit malien, elle propose systématiquement à ses hôtes du thé, quelque chose à boire, à manger. « Elle a 50 ans mais en parait 30. Elle reste encore une très belle femme », dit en souriant l’un de ses amis Anara, un touareg originaire du Niger et du Mali.
Toujours vêtue d’un Malafa, généralement coloré, enroulé tout autour de son corps, Nina Walet Intallou est coquette, porte des bijoux, des chaussures à talons lorsqu’elle se déplace. Elle marche avec beaucoup d’allure. Ses pas sont lents. Ses gestes gracieux. Sa voix, posée, fluette, est souvent entrecoupée par des petits rires aigus, lors de ses conversations.
A première vue, contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle n’est pas du genre à être cloîtrée chez elle pour peaufiner son foyer. Divorcée deux fois, il n’est pas rare de voir, celle qui se définit comme une femme libre et indépendante, en train de fumer une cigarette.
Liberté et indépendance
La Touareg, issue de la puissante tribu des Idnane, fille d’un infirmier-major de la gendarmerie, a toujours su s’imposer dans les milieux habituellement réservés aux hommes. Les postes de responsabilités, elle y a accédé très vite. Comme si c’était une seconde nature chez elle. Même en Côte d’Ivoire, pays où elle s’est mariée à un riche homme d’affaires avec qui elle a eu trois enfants, elle n’est pas passée inaperçue. Après son arrivée en 1984, elle y a créé, à 26 ans, une société de construction, qui employait 250 salariés. Son entreprise s’est rapidement fait un nom, à Abidjan, la capitale ivoirienne.
Ce n’est donc pas un hasard si elle est la première femme à avoir intégré en 2011, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui réclame l’autonomie de la région. « Je suis membre du directeur exécutif du MNLA pour défendre les droits de mon peuple qui souffre depuis trop longtemps ! », explique-t-elle. « Beaucoup de personnes pensent que parce que c’est un groupe armé, les femmes n’y ont pas leur place. C’est faux ! Nous avons autant d’importance que les hommes ! », clame-t-elle. D’autant que, elle, est très utile auprès des déplacés du Nord-Mali, auxquels elle rend régulièrement visite, pour répertorier ce dont ils ont besoin.
Ce Touareg du Niger reconnait bien Nina dans ses propos. « Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle est admirable pour son courage, sa détermination et son franc-parler en toute circonstance. Elle n’a peur de rien et ose dire les vérités qui dérangent, contrairement à beaucoup d’autres femmes. » La révolte. Un sentiment qui la ronge depuis qu’elle a huit ans. Age où elle a vu de ses propres yeux les brimades que subissaient quotidiennement les siens dans toute son horreur : « J’ai vu des soldats maliens humilier des Touaregs. Ils les ont déshabillés et forcés à travailler ! C’est depuis ce jour-là, que j’ai su que je consacrerai ma vie à défendre nos droits ». Une expérience qui l’a marque profondément. La blessure est toujours saillante.
Révolte
Celle qui est née à Kidal, après avoir été élevée entre Gao et Mopti, assure pourtant qu’il n’y a jamais eu de problèmes entre les diverses populations du Mali qui vivent en harmonie depuis des siècles. Elle en sait quelque chose. Elle, qui a été élevée par le second mari de sa mère, un Peul, après le divorce de ses parents lorsqu’elle était encore enfant. « Les différentes ethnies se sont toujours bien entendues. J’ai des sœurs Peules, Bambaras, Soninkés. » Le problème du « Mali n’est pas ethnique mais politique, soutient-t-elle. Ce sont les autorités qui sont à l’origine de la crise que traverse le pays ».
« La preuve », lance-t-elle, « les soldats maliens continuent de perpétrer dans l’impunité totale des massacres contre les Touaregs et tous ceux qui ont la peau clair, y compris les Peuls. Ils ont aussi empoisonné des puits ! Après tout cela, le gouvernement malien ose dire que toutes les populations sont au même pied d’égalité au Mali ? On ne peut pas dire quelque chose et faire son contraire tout de même ! » Une chose est sûre, selon elle : « Il n’y pas d’autres voies : Bamako doit impérativement négocier avec le MNLA ! »
Seulement, Bamako refuse de s’asseoir à la table des négociations tant que la rébellion touareg ne dépose pas les armes : « Si on dépose les armes qui nous garantit qu’on aura gain de cause ? Si le gouvernement refuse de nous recevoir, nous continuerons à mener notre combat pour assurer l’avenir des populations du nord », rétorque- t-elle en colère.
« Le MNLA pas responsable »
Sa réponse est tout aussi cinglante contre ceux qui accusent le MNLA d’être responsable de la crise malienne et d’avoir ouvert la voie aux islamistes qui se sont emparés du nord du pays. « Nous ne sommes pas responsables de ce qui se passe au Mali. Nous n’avons commis aucune exaction. Le massacre d’Aghelhoc, ce n’était pas nous ! »
D’ailleurs, tient-elle à rappeler, nous sommes sur le champ de battaille aux côtés des soldats français pour chasser les islamistes de nos terres ! » Et ce sont ces « mêmes islamistes qui ont perpétré des amputations au sein de la société civile ! Ce sont eux les ennemis de Bamako pas nous ! Nous, nous avons mis en garde l’Etat malien depuis plusieurs années contre le danger que représente les groupes armés terroristes dans le pays. Il ne nous a jamais écouté ! »
Pour l’heure, Nina Walet Intallou ne dit pas qu’elle a perdu tout espoir de voir son pays d’origine sortir du gouffre dans lequel il se trouve. Mais il ne lui en reste plus beaucoup, admet-t-elle. « Le problème doit être réglé en profondeur. Sinon cela ne servira à rien. Pour que la situation change une bonne fois pour toute, il faut que les autorités du Mali prennent en considération les revendications des populations de l’Azawad ».

MALI / FRANCE - 
Article publié le : jeudi 11 avril 2013 - Dernière modification le : jeudi 11 avril 2013

Mali: l'opération Serval entre dans son quatrième mois

Désengagement du 2e REP aprés la libération de Tombouctou.
Désengagement du 2e REP aprés la libération de Tombouctou.
RFI/Olivier Fourt

Par RFI
L’intervention militaire française au Mali, l'opération Serval, a été entamée il y a trois mois, le 11 janvier. Cette semaine, la France a retiré ses premières troupes du Mali – une centaine d’hommes sur les 4 000 soldats français engagés – mais les opérations militaires françaises se poursuivent, comme l'a confirmé mercredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.


Les habitants de Bamako saluent l'intervention française
Ils ont fait du très bon travail, ils sont intervenus au moment où il fallait intervenir.
 
11/04/2013 par David Baché
Trois mois après le début de la guerre au Mali, et conformément à la promesse du président français, François Hollande, qui avait annoncé un début de retrait des troupes françaises avant la fin avril, une première centaine de parachutistes français a quitté le nord du pays.
De son côté, le ministre français de la Défense a précisé que le désengagement – qui se poursuivra dans les semaines et les mois qui viennent – sera « progressif, sécurisé et pragmatique ». S'exprimant  devant les députés, lors de la séance des questions au gouvernement, Jean-Yves Le Drian a par ailleurs ajouté qu’il subsistera au Mali une force de mille militaires – une force permanente – pour lutter contre le terrorisme.
Opération Serval : bilan humain et matériel
Au total, ce sont 400 jihadistes qui ont été tués, soit un quart des effectifs, selon des informations recueillies par RFI. L’élimination d’un seul chef - Abou Zeïd – a été confirmée. L’armée française assure avoir fait 26 prisonniers, dont 8 mineurs qui ont été remis à l’Unicef. Depuis le début de l’opération Serval, on compte, au total – en incluant les jihadistes capturés par les Maliens – une centaine de prisonniers.
Côté matériel, l’ennemi a perdu une centaine de véhicules. Par ailleurs, dans l’Adrar des Ifoghas, des dizaines d’ateliers de fabrication de bombes artisanales ont été découverts, ainsi que des ceintures d’explosifs assemblées en série. 158 caches ont également été retrouvées ainsi que 90 tonnes de munitions ; 140 mitrailleuses ; 3 missiles portables Sol-air Sam 7 qui ne fonctionnaient plus ; des téléphones portables, des moyens radio, des ordinateurs, une imprimerie et des cartes SIM.
Beaucoup de ce matériel de guerre avait été récupéré dans les casernes de l’armée malienne ; assez peu d’armement provenait de Libye.
La plus grosse opération depuis 50 ans
La saison chaude va rendre les opérations françaises très difficiles. Cet engagement au Mali a été la plus grosse opération militaire nationale menée par l'armée française depuis 50 ans. Pour mener cette guerre contre le terrorisme, l'armée française doit s'adapter.
« Serval pourrait nous obliger à revoir notre manière d’opérer contre les jihadistes », laisse-t-on entendre au sein de l’armée française. « Serval fut une course contre la montre avant la saison chaude. Il a fallu être très mobile, ne pas dormir trois nuits au même endroit et prendre des risques », a ajouté la même source.
« Quand votre ennemi sait se camoufler et est équipé de puissants 4X4 V6 - flambant neufs - cela peut bousculer vos repères. Au final, pour les battre, il faudra peut-être leur ressembler », a confié à RFI une source militaire de haut rang avant d’ajouter : « Nous, nous avions besoin de 20 tonnes d’eau par jour, deux avions cargo (C-130) rien que pour ravitailler nos troupes… Ce n’est pas l’ennemi, mais la logistique qui a dicté notre manœuvre ».
Et cette même source d’assurer que «  la force de frappe ne suffit pas ; c’est la capacité à cibler qui est primordiale », avant de conclure : « Au bilan, les drones français sont dépassés ; l’aide de l’armée américaine, après la prise d’otages d’In Amenas, en Algérie, a été déterminante ».
Ce qu’il reste à faire...
Lorsque les soldats français sont partis vers le grand nord du Mali, les objectifs étaient clairs, à savoir, frapper al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans son fief et trouver les otages. Mais au bout de trois mois d’opérations, les otages sont toujours introuvables. Après avoir passé au peigne fin la vallée d’Ametetaï, la vallée de Terz, le cirque du Tigharghar, la région d’Abeïbara ou encore la région du Timétrine – zones sanctuaires des jihadistes – l’armé française n’a pas trouvé de traces des otages français.
« Dans l’Ametetaï, nous avons pris beaucoup de précautions avant d’intervenir, car nous pensions que les otages étaient retenus là bas. Soit ils n’y étaient pas, soit nous sommes arrivés trop tard », a confié une source militaire française à RFI.
«  Il ne faut pas penser "Mali" mais il faut penser "Sahel" et  au-delà », a poursuivi un général français avant d’ajouter : « À présent, les groupes armés vont opérer à partir des autres pays de la région. Rien qu’en Libye, on compte près de 300 katibas. Nous avons fait parler les boitiers GPS des jihadistes. Résultat : des aller-retour, très fréquents, entre l’Adrar des Ifoghas et le Sud-Ouest de la Libye, en transitant par la passe de Salvador, au nord du Niger. Par ailleurs, les écoutes réalisées au début de l’opération, prouvent que les Chebab de Somalie avaient proposé leur aide à Aqmi », a confié le général français.

CLIQUER POUR CONSULTER LE DIAPORAMA :
Forces spéciales maliennes et françaises à Gao, juste avant la prise de Kidal.
RFI/Olivier Fourt


OÙ EN EST AUJOURD’HUI LA MISMA ?
La Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma), est aujourd’hui composée de 6 300 soldats, à savoir des militaires de la Cédéao mais aussi des Tchadiens, passés sous la bannière Misma début mars.
La plupart de ces troupes se trouvent au sud du fleuve Niger. Un bataillon togolais est ainsi positionné à Sévaré, un bataillon nigérian à Banamba, au nord de la capitale. Trois compagnies, composées de Guinéens, Sénégalais et Béninois sont, quant à elles, déployées à San.

Des Sénégalais - qui se trouvaient à Sévaré - ont été envoyés ces derniers jours à Gao. Les Burkinabés, eux, sont en route pour Tombouctou. Depuis peu, les Nigériens ont aussi pris le relais des Français, à Ménaka où seul un détachement de liaison, tricolore, a été maintenu.

Les Nigériens à Gao et les Tchadiens dans l'Adrar des Ifoghas ont été - il faut le souligner - les seuls à avoir affronté, ces derniers mois, les jihadistes, au nord du pays, aux côtés des Français.

Les soldats africains n'ont dans tous les cas pas vocation à continuer la chasse aux terroristes. Leur présence a pour objet, avant tout, de sécuriser les villes et interdire les infiltrations vers le sud. La Misma est déjà, en quelque sorte, inscrite dans une opération de maintien de la paix qui sera formalisée quand elle passera sous chapeau onusien.
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FICHE PAYS :

mercredi 10 avril 2013


DERNIÈRE MODIFICATION : 10/04/2013 

CÉDÉAO - MALI - PENTAGONE


Les troupes de la Cédéao "totalement incapables", estime le Pentagone

Les troupes de la Cédéao "totalement incapables", estime le Pentagone
© AFP

Alors que les troupes françaises entament leur retrait du Mali, Michael Sheehan, conseiller du secrétaire américain à la Défense, a déclaré que les soldats de la Cédéao qui doivent prendre le relais ne constituent pas une force compétente.

Par FRANCE 24  (texte)
 
Au cours d’une audition au Sénat américain, mardi 9 avril, un haut responsable du Pentagone, Michael Sheehan, s’est montré très critique à l’égard des soldats de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) présents au Mali : "C'est une force totalement incapable, ça doit changer", a expliqué le conseiller du secrétaire à la Défense pour les opérations spéciales et conflits de basse intensité.
La force africaine est constituée d'environ 4 300 soldats de pays membres de la Cédéao, notamment du Togo, du Sénégal, du Bénin, du Ghana, du Niger, de la Sierra Leone, de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso, auxquels s'ajoutent 2 000 militaires tchadiens (non membres de la Cédéao).
Le responsable du Pentagone a en revanche salué l'opération française, qui a été selon lui "absolument excellente". "Les Français ont réagi très vite et ont très rapidement repoussé Aqmi au-delà du fleuve Niger, repris le contrôle des villes du Nord", a salué Michael Sheehan. "Maintenant la France est en train de se concentrer sur la traque des membres d'Aqmi et leur élimination du champ de bataille", a-t-il observé.
Début du retrait français
Une première centaine de parachutistes français a quitté le nord du Mali et transitait mardi par Chypre avant de regagner la France. Trois mois après le début de son intervention militaire, le 11 janvier, la France retire donc, cette semaine, ses premières troupes du pays. Mais contrairement à ce qu’espérait Paris, son armée semble engagée pour longtemps sur le terrain.
L’armée française, qui a déployé près de 4 000 soldats sur le territoire malien, devrait progressivement laisser la place aux contingents des pays de la Cédéao en attendant le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU. Une des options évoquées par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est de déployer 11 200 casques bleus aux côtés d'une "force parallèle" chargée de combattre les extrémistes islamistes.
Vers un retour d’Aqmi au Mali ?
"Débusquer Aqmi des montagnes et attaquer leur leadership est un boulot pour une force bien plus capable. L'ONU ne peut faire cela et nous ne devons pas attendre d'elle qu'elle le fasse. Ce sera aux Français, peut-être avec notre soutien" de s'en occuper, a estimé Michael Sheehan.
Le responsable américain a en outre déclaré que l’administration Obama a interdit au département américain de la Défense d’apporter un quelconque soutien direct à l’armée malienne, selon The Hill, un blog américain sur l’activité du Congrès.
Durant son audition, Michael Sheehan a déclaré qu’Aqmi tenterait sans doute de se reconstituer au Mali. “Nous allons voir s’[ils] vont être en mesure d’établir une capacité stratégique d’ici les prochaines années”, a-t-il ajouté, précisant que les principaux dirigeants d’Aqmi précédemment basés au Mali avaient pris la fuite lors de l’avancée des troupes françaises vers le Nord.
Les troupes françaises et africaines ont infligé des pertes sévères aux combattants islamistes. Elles font toutefois encore face à des poches de résistance, notamment dans la région de Gao et à la menace d’attentats-suicides, comme ceux perpétrés les 21 et 31 mars à Tombouctou.