Mali: l'Adrar des Ifoghas, repaire idéal des djihadistes
L'intervention militaire lancée le 11 janvier a permis de repousser les djihadistes dans le nord-est du pays. Mais ces derniers ont trouvé refuge dans l'Adrar des Ifoghas, zone accidentée difficile d'accès qui complique la tâche des forces franco-africaines.
C'est ici que le conflit malien se joue. L'Adrar -montagne en berbère- des Ifoghas est devenu depuis quelques semaines le principal théâtre des combats entre les forces franco-africaines et les djihadistes. Ce massif, situé dans le nord-est du Mali, est une zone cahoteuse formée de nombreuses caches naturelles, qui semblent avoir été créées pour y trouver refuge. Il est aussi le berceau du peuple touareg, et tire son nom des Ifoghas, une des principales tribus de cette communauté. Iyad Ag Ghaly, le chef du groupe islamiste armé Ansar Eddine (défenseurs de l'islam), allié à Aqmi, en est notamment issu.
"Les opérations se déroulent désormais principalement dans le Timétrine [zone du nord-est du Mali] et la zone montagneuse de l'Adrar des Ifoghas, où se sont repliés des combattants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et d'Ansar Eddine", confiait mercredi dernier le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, alors que les opérations aériennes se poursuivaient dans la région de Tessalit. L'intervention française au Mali est d'ailleurs sans doute entrée -avec le repli des djihadistes dans les Ifoghas- "dans sa phase ultime" selon François Hollande. Celle qui consiste à aller déloger les groupes terroristes de ces montagnes.
Progresser "mètre par mètre"
"On savait que pour aller jusqu'au bout [de l'intervention], il fallait s'attaquer à ce réduit et à cette portion difficile du territoire malien", a de son côté indiqué le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Celui-ci a d'ailleurs reconnu qu'il fallait y progresser "mètre par mètre".
Vaste chantier, car le territoire couvert par l'Adrar des Ifoghas représente 250.000 kilomètres carrés, soit près d'un tiers de celui de la France. Ces montagnes au climat aride s'étendent de Kidal, au sud, jusqu'à Tessalit, au nord. Elles se trouvent proches des frontières algériennes et nigériennes. Les Ifoghas font partie des principaux massifs montagneux de la bande sahélo-saharienne avec l'Aïr, le Hoggar et le Tibesti. L'Adrar des Ifoghas est lui-même constitué de plusieurs montagnes de plus petites tailles, dont le massif de Tigharghar, près d'Aguelhok.
Un nouvel Afghanistan?
La région "ressemble un peu à l'Afghanistan", expliquait aussi récemment au Parisien un pilote de l'armée français. Géographiquement, mais aussi parce que les djihadistes l'utilisent pour se tapir tout en observant l'ennemi de loin. Le massif a ainsi permis à ces derniers d'y stocker depuis des mois armement, munitions et carburant, en prévision d'un éventuel repli.
Un élément qui s'ajoute à la complexité du terrain pour rendre difficile leur traque. De violent combats ont opposé la semaine dernière forces franco-tchadiennes et islamistes armés. C'est lors de ces opérations qu'aurait été abattu le dirigeant d'Al-Qaïda au Maghreb islamique Abou Zeid. Le caporal Charenton y a aussi perdu la vie samedi, tandis que l'armée tchadienne a subi des pertes importantes depuis le début de son intervention.
Le lieu probable de détention des otages
Selon plusieurs sources, c'est dans cette région que seraient détenus les sept otages français au Sahel, enlevés entre septembre 2010 et novembre 2012 par Aqmi et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao).
Une vidéo diffusée ce lundi par l'armée française montre une mission de reconnaissance menée fin février par le groupement tactique interarmes (GTIA) dans le fameux massif. Des soldats français ripostent à des tirs ennemis à l'aide de mortiers et de tirs d'infanterie, puis bénéficient d'un soutien aérien.